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Désolée pour le temps que j'ai mis ! T.T J'ai un peu ramé pour finir. J'espère que ça te convient quand même !
Paris, fière et romantique France, où les gens se targuent d'une sensibilité particulière lorsqu'ils sont comme tous les autres. Nerá, derrière l'Akuma grincheux, marchait en laissant traîner de longs regards figés. Ils croisaient les mêmes énergumènes que toujours : les voleurs amateurs, les couples énamourés qui faisaient de parfaites victimes pour les premiers, des hommes en manteau long affairés et soucieux, des jeunes filles de bonne famille suivie à la trace par des chaperons sinistres. Elle, elle y voyait plus de pessimistes inquiets que d'amoureux transis. Et la Seine avait des allures de Styx plutôt que d'ode à l'amour, avec ses eaux sombres et calmes. Elle n'aimait pas vraiment cet endroit. De toute façon, quand était la dernière fois qu'elle avait aimé se trouver quelque part ? Ça remontait à vraiment très, très longtemps... Si loin qu'elle ne s'en rappelait pas vraiment.
L'Akuma qu'elle suivait avait l'allure qu'ont les machines. Le regard vide, l'air fatigué. Et pourtant, il bouillonnait d'une sorte de colère et d'impatience qui contrastait vivement avec son propre calme. Il ne l'impressionnait pas. Elle ne le suivait pas de bonne grâce, et ne comptait pas faire preuve de bonne volonté. Elle ne croyait pas une seconde qu'il parviendrait à lui faire
aimer être ce qu'elle était, et se trouver à cet endroit, ou même agir comme lui. Elle était un soldat, pas une machine à tuer, et ça ne lui procurait aucun plaisir. Elle le faisait parce qu'elle en avait l'ordre. Et si elle se trouvait là, c'est bien parce qu'on lui avait dit d'y aller. Alors elle perdait son temps à des tâches sans intérêt, avec des gens guère plus intéressants. Elle en regretterait
presque Central. Mais presque, car au final... Ça revenait au même, et une toute petite chose près.
L'Akuma la pressa, mais elle n'accéléra pas. Pourquoi était-il si pressé ? C'est pas comme si il avait mieux à faire, et elle non plus. De plus, si elle obéissait sans répliquer aux ordres de ses supérieurs, il n'en allait pas de même pour ceux avec qui elle considérait être sur un pied égal... Et dans ce cas précis, elle n'avait même pas assez de considération pour l'Akuma pour penser une telle chose. Là encore, ce n'était qu'une question de survie. Laisse toi marcher sur les pieds une fois, et tu seras à jamais considéré comme un larbin et un souffre-douleur. Elle avait assez vite compris que se laisser faire était une assez mauvaise idée.
Elle rejoignit finalement l'Akuma fasse à un bâtiment relativement quelconque. Elle se demanda, un instant, comment il s'était procuré l'adresse de ce quartier générale d'une mafia quelconque, puis décida que ce n'était pas important et oublia. L'Akuma ne la laissa pas observer l'endroit bien longtemps : il entra rapidement et elle le suivit avec plus de retenue, toujours muette, à une respectable distance de l'autre. Comment s'appelait-il déjà ? Il le lui avait dit avant cette ridicule chasse à l'homme... Sebastian, peut-être ? Enfin, quelle importance.
Dès leur entrée, un homme, prit d'abord au dépourvu, les agressa. Il n'y avait pas trop de doutes quant à leurs intentions : Sebastian avait un air de psychopathe dangereux sur le visage. Nerá, elle, analysa paisiblement les environs. Ils se trouvaient dans un couloir étroit. Sur les côtés, deux portes closes. L'homme malmené par l'Akuma lâcha un hurlement de douleur. Au fond, un escalier branlant. Un craquement répugnant retentit. Derrière, la porte d'entrée béante. Sebastian parlait mais elle l'ignora. Ils avaient de bien tristes systèmes de défense...
Un geste brusque au coin de son champ de vision la ramena instantanément à la réalité. Dans un réflexe heureux, elle arrêta le bras qui l'attaquait, et dans la foulée, brisa le poignet de son adversaire. Revenue à la réalité, Nerá nota soudainement tout ce qui l'entourait. Leur première victime était méconnaissable, cadavre flasque défiguré. L'Akuma s'était écarté, couvert de sang, l'air d'attendre qu'elle bouge. Devant elle, un homme grimaçant, mi-douleur mi-panique.
Soit.
D'un geste presque gracieux, la jeune fille donna un violent coup de coude à son adversaire, directement dans le plexus. Le souffle couplé, il s'effondra, et elle recula. Elle leva les yeux, droit vers l'Akuma, posant sur lui une lourde chape de glace. Et d'une voix basse, elle souffla, figée :
- Ca ne m'amuse pas. Ca ne m'amusera jamais. Je perd mon temps ici. D'un geste indifférent, ni cruel ni hésitant, elle repoussa du pied l'homme qui tentait de se relever. Le tuer ne lui apportait rien. Personne ne lui avait dit de le faire, à part cet Akuma, et elle n'avait aucune raison de lui obéir aveuglement. Alors elle le laissa là où il était, et se détournant, conclut d'une voix éteinte :
- Je m'en vais. Si tu aimes ça, tu n'as qu'à le faire. Elle n'en pensait pas un mot. Qu'il s'amuse ou pas était le cadet de ses soucis. D'un pas décidé, elle quitta la pièce, sans plus un regard, et sortit. Elle fut saluée par le ciel morose de Paris, et par les regards inquiets de passants alertés... Les cris de leur première victime n'étaient pas passés inaperçus. Et dans les quelques regards qui s'étaient soudainement posés sur elle, elle lisait des questions à peine murmurées : Qu'est ce qu'il se passait là dedans ?... Ils avaient attiré l'attention, avec ses méthodes de bourrin inconsidéré.