et le dragon.
C'était, en quelque sorte, ma façon de m'assurer que j'étais bien réveillé, avant d'ouvrir les yeux et de me lever. En mission, je ne pouvais me permettre le moindre faux pas, et c'était au réveil qu'on faisait le plus facilement des erreurs.
Sauf que là... Impossible de me rappeler où je m'étais couché la veille. Le souvenir qui me semblait le plus récent, c'était d'être enfin arrivé à l'endroit de ma mission: une ville en Allemagne, où sévissait, selon mon rapport de mission, un ou des akumas. J'avais commencé à marcher, j'avais emprunté une petite ruelle, puis... Plus rien.
Un indice indésirable apparu soudain, sous la forme d'une vive douleur au sommet de mon crâne. Quand je voulu lever le bras, par réflexe, pour tâter la blessure, un bruit de métal tinta et résonna, et mon mouvement fut bloqué.
A présent totalement éveillé, et même alerte, j'ouvris les yeux.
Il faisait sombre mais, si les cellules d'Alma ne donnaient pas le don de nyctalopie, mes yeux étaient déjà habitués à l'obscurité.
Pour ce que j'en percevais, j'étais dans une espèce d'entrepôt délabré, immense, vide. J'étais enchaîné, de la manière dont on ligote habituellement avec une corde, et adossé à une poutre verticale. Il faisait frais, et les multiples courants d'air n'arrangeaient rien. Enfin... Ce n'était pas ce qui me dérangeait le plus.
L'investigation était finie, restaient les déductions.
D'abord, la théorie la plus plausible -voir certaine- était que j'avais été assommé dans cette ruelle que j'avais emprunté.
Le fait d'avoir été pris par surprise, à ma grande honte, ne me surprenait guère: je venais de m'être emporté contre un allemand qui m'avait bousculé, et, sur les nerfs, j'en avais perdu ma vigilance.
Maos il n'en allait pas de même pour le résultat: mon inconscience. J'étais déjà solide avant de devenir semi-akuma, mais être assommé par le coup d'un simple humain... Impossible. Ou alors, il avait utilisé un stratagème, comme me faire tomber un poids lourd dessus, depuis un toit. Dans ce cas, il avait prévu le coup... Prévu que je passerais par là.
Pire: les chaînes. Une bonne corde retient n'importe quel homme normal: si l'agresseur avait pris la peine de m'enchaîner, c'était qu'il connaissait ma force surhumaine.
Pourquoi ne pas m'avoir éliminé? Peut-être était-ce un simple humain agent du Comte, incapable de me tuer.
Quoi qu'il en fut, je doutais de la bonté de "ses" intentions. Mieux valait s'échapper, et le plus vite serait le mieux. Du secours me serait sûrement envoyé, grâce à mon golem -j'étais trop utile pour être abandonné, sans aucun doute-, mais je ne comptais pas les attendre les bras croisés. Alors, j'écartai ces derniers de toute ma force, dans l'espoir de briser mes entraves.
La chaîne ne cédait pas, ne semblait même pas broncher, mais je continuai à forcer, sans doute pendant quelques minutes, jusqu'à ce que mes veines en deviennent effrayamment saillantes.
Finalement, je laissai tomber. Je n'y arriverai pas de cette manière...
Si mon agresseur se révélait être un simple humain, je pourrai tenter de l'intimider pour qu'il me libère, ou le corrompre. Si c'était un akuma, j'arriverai sans doute à l'aspirer: mon bras longeait mon torse, je n'aurais qu'à me laisser tomber en arrière pour pointer le "canon" vers l'avant.
Et si c'était un de ces foutus fanatiques... Je trouverai sûrement une occasion de lui faire payer cher son agression, et tous ses autres crimes, dussé-je limer le métal jusqu'à le faire céder avec mes propres dents.
Fort de cette résolution, mais voulant préserver ma mâchoire, je réussis, en me tordant dans tous les sens et en utilisant le pilier comme support, à m'accroupir. Je bondirai sur l'ennemi dès qu'il se montrera son nez, et exploserai ce dernier à grands "coups de boule" répétés...
Je lui ferai payer ma honte de m'être laissé attrapé comme un débutant, lui ferai regretter d'avoir osé s'attaquer à moi...
© Halloween