Enfin. Là n’est pas l’important. Tu te tournes vers Wolfgang et, dans un souffle, tu lui annonces que tu vas abandonner sa compagnie pour flâner dans les rues de Londres. Il hoche la tête ; il a à faire de toute façon, il ne va pas passer son après-midi à admirer l’architecture anglaise. Il doit rencontrer des associés avec lesquels il espère conclure un contrat plus alléchant que le précédent. Tu le salues d’un signe de main amical après avoir accepté de le retrouver à votre hôtel pour l’heure du dîner. Alors que tu t’éloignes, tu entends Wolfgang t’ordonner – il n’y a pas d’autres mots – de ne pas te fatiguer et de faire attention à ne pas prendre froid. Si cette remarque t’aurait auparavant hérissée le poil, elle te fait à présent sourire. Tu sais que l’homme ne te considère pas comme une enfant, mais qu’il a malgré tout conscience de ta fragilité. Ton asthme fait de toi une personne fragile et l’atmosphère humide du pays n’est pas l’optimal pour toi. Tu sens l’air qui est plus lourd dans tes poumons, tu as la gorge qui te gratte légèrement, mais rien de bien grave. Avec ta belle écharpe – empruntée, que tu devras retourner un jour, probablement – tu ne crains rien. Ou tout du moins, tu as l’impression de ne pas être la jeune femme fragile que tu es dans l’imaginaire de tout ceux qui te connaissent. Tu marches la tête haute, fière comme à ton habitude. Tu ne marches pas vite, néanmoins, peu désireuse de t’essouffler alors que tu viens juste de commencer ta petite balade. Tu erres ici et là, tu observes les différentes boutiques et bientôt tu te perds dans les entrailles de la ville. Tu ne sais pas où tu es, mais cela importe peu car, bientôt, autre chose attire ton attention.
Ce sont des petits bruits discrets, que tu n’aurais probablement pas remarqué si l’endroit avait été plus animé ou si tu avais été prise dans une conversation. Mais étant donné que l’endroit est peu fréquenté et que tu es seule, tu n’as aucun mal à entendre des sanglots étouffés. Ils proviennent d’une ruelle perpendiculaire à l’allée où tu te trouves. Les sourcils froncés et une moue méfiante étirant tes traits pâles, tu t’approches lentement. Et tu aperçois une silhouette recroquevillée au bout de la ruelle – qui est en réalité une impasse, te rends-tu compte. Tu continues ton avancée prudente, puis d’une voix maladroite et un peu rauque, tu interpelles la silhouette.
« Hallo … est-ce que ça va ? »
Tu fais encore un pas, puis tu t’arrêtes. Impatiemment, tu attends une réponse.