Si tu ne voyais rien, tu entendais ; les explosions, les cris, les larmes. Tes mains étaient enfoncées sur tes oreilles (peut-être que si tu n’entendais pas (ça n’existerait pas)), tes yeux fermés si fort que tu voyais des couleurs derrière tes paupières (peut-être que si tu ne regardais pas (ça n’existerait pas)). Les larmes coulaient sur tes joues, fort si fort que tu avais l’impression que ta peau s’arrachait à chaque fois qu’une nouvelle apparaissait.
Tu te souviens de son regard, ses cris, comment il t’avait dit de t’éloigner, et au fond de toi ton cœur se serait a l’idée de ne pas le revoir, et même si tu espérais qu’il soit encore là, il y avait comme quelque chose (une petite chose (toute petite (si petite (tellement petite)))) qui te disait que ça n’allait pas, que ça n’irait pas (plus).
Encore des explosions, encore plus de cris et de larmes. Tu ne sais pas, tu ne vois pas, tu ne veux pas regarder, après tout qu’y verrais-tu ? Rien, personne, juste le sang, les bâtiments détruits, les larmes. Qu’aviez vous fait pour mériter tout ça ? Etait-ce une punition (punir quoi ? (punir qui?)) ?
Désormais c’est le silence qui se fait, que tu entends malgré tes mains empêchant tout bruit de te perturber. Tu clignes des yeux un instant et te permet de prendre une grande inspiration entrecoupée de sanglots bruyants qui te secouent tout le corps et coupe ton souffle, t’empêchant de respirer convenablement. Il te faut quelques minutes (qui te paraissent des heures) pour te calmer, remplir tes poumons d’air frais. Les larmes continuent de couler sur tes joues écorchées, et tes mains couvertes de terres tentent tant bien que mal de les effacer, ne laissant que des traînées sales sur ton visage.
Se lever, bouger ; péniblement ton corps engourdi se lève, tes muscles douloureux à force d’être restées si longtemps dans cette position. Tes pas sont hésitants, presque chancelant et ton équilibre précaire ; il faut que tu avances, que tu le retrouves. Le sol sous tes pieds est recouverts de débris, l’air est empli de poussière, et une odeur âcre chatouille tes narines ; tu n’oses pas regarder autour de toi (pour voir quoi ? (pour voir qui?)). Des silhouettes semblent se dessiner dans le coin de tes yeux et tu les entends courir, crier, pleurer.
Et puis il était là, en face de toi. Un instant tes yeux brillèrent de joie, ton cœur se mit a battre un peu plus rapidement dans ta poitrine et tes pieds se mirent à marcher plus vite vers lui. Des larmes de joies commençaient a perler au coin de tes yeux, et ton sourire s’élargissait à chaque pas en avant.
Mais lorsqu’il se tourna, son visage te faisant désormais face tu te stoppas net, fixant ses yeux avec incrédulité, la bouche entrouverte comme si l’on t’avait prise en train de faire une bêtise, la main dans le sac. Tu regardas l’homme pendant quelques secondes (secondes qui te semblaient des heures) examinant son visage pour être sûre que ce n’était pas lui. « Je… Pardon je suis désolée... » Et tes yeux se baissent vers le sol, laissant échapper quelques gouttes qui viennent s’écraser sur tes vêtements alors que tu enfonces ton visage dans tes mains.
life went on but was never the same again — amak
Re: life went on but was never the same again — amak
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Droit au milieu de la cohue — droit au milieu de ce bout d’Apocalypse — tu laisses ton regard planer sur le champs de bataille, cherchant toutes les informations qu’il te manquerait avant de pouvoir te lancer dans le combat, avant de donner des ordres à ceux qui t’accompagnent et qui sont là pour te soutenir toi, seul Exorciste sur place. Les autres sont loin, les autres sont déjà occupés et, en vérité, c’est un miracle si tu es là aujourd’hui, toi le presque Européen qui n’était pas revenu sur le nouveau continent depuis des années maintenant — depuis que tu l’avais quitté, Amak ? Tu ne saurais dire, le temps est une chose bien étrange, qui file à toute allure et emmène avec lui ( ).
Les explosions retentissent et, alors, il n’est plus l’heure aux pensées (aux souvenirs serait plus exacte), mais aux actes et aux décisions. D’une voix calme — quand as tu crié pour la dernière fois, Nauja (as tu seulement crié un jour ?) — tu actives ton innocence et engages le combat. Tes actions sont précises, autant que les ordres que tu donnes à ceux autour de toi et qui, s’ils ne peuvent détruire toutes ces âmes égarées, te permettent de gagner un temps précieux et, tu le sais, qui saura peser dans la balance — saura sauver des vies innocentes (et les vôtres peut être).
Et alors le combat s’enchaîne.
Encore.
Et encore.
Et encore.
Et encore.
Et lorsque toutes les machines ont disparu, lorsque l’air se fait à nouveau respirable et que le silence est revenu, alors tu t’autorises à reprendre ton souffle et à étirer tes membres engourdis, ne jetant qu’un rapide coup d’œil aux quelques blessures qui parsèment ton corps et ces accrocs sur ton manteau — et un soupire de passer la barrière de tes lèvres en imaginant la soirée qui t’attend — puis de poser ton regard clair sur ce qu’il reste de ce petit village, de ces foyers sans histoires, et de ces vies innocentes qu’il te fallait protége. Si ta mâchoire se sert, c’est un sourire qui se dessine sur ton visage lorsqu’on vient t’annoncer que tout est bel et bien fini.« Aidons les alors » réponds tu simplement, avant qu’on ne court derrière toi, attirant ton attention.Sur tes gardes (toujours), tu te retournes en vitesse et cherches des yeux le potentiel ennemi qui tenterait de s’en prendre à toi. Mais ce n’est rien de tout cela, qu’une jeune femme effrayée et surprise en voyant ton visage — en voyant, surtout, que tu n’es pas celui qu’elle croyait — et alors ton cœur se brise lorsqu’elle se décompose, que ses épaules s’affaissent et que de grosses larmes se mettent à couler sur ses joues.« Je… Pardon je suis désolée... »Silencieux, tu t’avances lentement vers elle, ne sachant exactement ce que tu comptes faire une fois à ses côtés à part, peut être, rester debout à la regarder, respectant son chagrin et toute cette douleur qui émane d’elle. Tu voudrais la prendre dans tes bras, Amak, comme tu le fais parfois avec tes proches et tes camarades, mais une telle chose serait déplacée avec elle, tu le sais — après tout, tu ne la connais pas (après tout, tu es celui arrivé trop tard pour protéger les siens). Alors tu regardes, impuissant, ses épaules se soulever au gré de ses sanglots. Une fois, deux fois, trois fois. Et enfin, tu tu viens poser doucement ta main sur son bras. Enfin, tu prends la parole dans un murmure, pour ne pas l’effrayer.« Vous ne pouvez pas rester ici, je suis désolé, c’est trop dangereux. » Le bâtiment est instable et qui sait si l’air est si respirable que cela. « On va s’éloigner un peu, vous voulez bien ? » rajoutes tu, un sourire dans la voix.Puis, avec douceur, tu te mets en marche et l’emmènes avec toi, ton bras dans son dos, pour la protéger et la soutenir si elle venait à tomber ou à trébucher, sur l’un des débris ou sur l’une de ses (trop lourdes) émotions.
Re: life went on but was never the same again — amak
Tu pleures Şehrazat, tu pleures si fort que respirer devient de plus en plus difficile, et si ce n’était pour l’inconnu face a toi tu te serais déjà laissé tombée au sol. Les secondes qui te semblaient si longues deviennent des minutes, et tu peux deviner que l’homme face a toi ne sais que faire ; tu sens sa présence qui te fait face, son regard que tu devines empli de pitié posé sur toi.
C’est moche. C’est laid. Ça brise le cœur. Les larmes qui coulent ne semble que redoubler d’intensité a chaque instant qui passe, et même si tu veux t’arrêter tu ne peux pas, car c’est ton petit cœur qui pleure et tes poumons qui saignent. Aurais-tu un jour pu penser qu’une telle douleur soit possible ? Qu’un corps si petit puisse être empli d’autant de tristesse ? Non, bien sûr que non. Jamais tu n’avais été préparée à souffrir de cette façon.
C’est une main sur ton bras qui te tire de tes pensées, et tu te forces à relever la tête pour croiser les pupilles grises de l’homme face à toi ; et ce sont elles qui pendant quelques secondes font que tu parviens a reprendre ta respiration malgré les sanglots qui soulèvent encore ton corps. Comme si rien qu’avec ses yeux il te disait que tout irait bien, que même si tu ne savais pas qui il était, il était là.
« Vous ne pouvez pas rester ici, je suis désolé, c’est trop dangereux. On va s’éloigner un peu, vous voulez bien ? » Tu hoches la tête sans un bruit, de toutes façons tu n’as pas vraiment le choix que de suivre l’homme qui t’aides désormais à avancer dans les débris.
Tu ne regardes pas vraiment ou tu mets les pieds, tu te contentes de te laisser pousser, de suivre l’homme à tes côtés. Tu manques de tomber, mais au fond ça t’importe peu ; tes mains serrent le manteau de ton guide, comme si c’était la dernière chose pouvait t’empêcher de sombrer alors que tout autour de toi avait déjà coulé depuis (bien trop) longtemps.
Quand enfin le sol commence a s’égaliser sous tes pieds et que l’air se fait plus frais, moins encombré de toutes ces poussières (cendres) vous vous arrêtez. Les larmes n’avaient cessé de couler sur tes joues, silencieuses désormais ; tu relevas ton visage vers l’homme, croisant de nouveaux ses yeux. Tu ne sais pas quoi dire, et quand bien même aurais tu quelque chose a dire, ta gorge te semble tellement serrée qu’aucun mot n’aurait pu en sortir. Tu restas un instant comme ça, figée, la bouche entrouverte comme si tu allais parler alors que rien ne sortait.
« Je... » parviens tu finalement a prononcer douloureusement « Je… Il faut que… Je dois le retrouver... »
Même si tu te doutes que quelque chose ne va pas, que tu ne devrais pas espérer ; tu ne veux pas y croire.
Re: life went on but was never the same again — amak
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Vous avancez lentement, progressant au rythme de la démarche incertaine de la jeune femme à tes côtés — tout cela t’est bien égal, tu ne comptes pas la forcer à aller vite et, de toute façon, tu ne serais pas d’une grande aide pour déblayer les décombres, ton innocence étant bien inutile — que tu rattrapes lorsqu’elle trébuche, sans jamais laisser transparaître le moindre mécontentement. Au contraire, ton regard reste doux, compatissant, bien qu’aucun sourire ne se fasse sur ton visage. Comment sourire dans une telle situation, face à ses larmes qui ne tarissent pas et témoignent de toute la douleur qui l’habite. Non, ce serait impossible.
Lorsque tu estimes être assez loin de la zone de combat, vous vous arrêtez et tu laisses la jeune inconnue reprendre son souffle. Tu ne la lâches pas pour autant, ayant bien trop peur qu’elle ne cède sans ton support, et ne puisses jamais se relever. Lorsque vos regards se croisent, tu es convaincu d’avoir pris la bonne décision tant la peine que tu lis dans le sien te semble sans fin, tel un gouffre prêt à avaler tout ce qui se trouverait sur son passage — à commencer par sa porteuse.
Ce regard, tu le connais, pour l’avoir vu tant de fois — trop de fois — au cours de toutes ces années de services. Les protagonistes étaient différents, les histoires n’étaient qu’une énième répétition de la même tragédie dont seuls les détails changeaient, mais les regards, eux, étaient toujours les mêmes. Des regards vides, chargés d’une émotion innommable, sorte de tristesse à l’état pur, dont la simple présence donnerait l’impression qu’il n’y a plus d’espoir, de chaleur ni de bonheur — plus de raison d’être en vie (plus la force d’accepter d’avoir survécu).« Je.. Je… Il faut que… Je dois le retrouver... »Sans émettre la moindre parole, tu te détaches de son regard pour reporter ton attention vers l’endroit dont vous veniez. Les traqueurs ne prêtent aucune attention aux bâtiments en ruine, regroupés autour des rares personnes qui ont pu être sortis des décombres et, si tu ne peux voir les détails de leurs visages à une telle distance, aucun n’a ta carrure. L’homme qu’elle cherche ne s’y trouve donc pas, et tu comprends alors ce que cela veut dire. C’est pourquoi tu l’invites en silence à s’asseoir à même le sol, tout en prenant place à ses côtés, avec une délicatesse démesurée, avant de reprendre la parole.« Celui que vous cherchez ne reviendra pas, je suis sincèrement désolé. »Ta gorge est nouée et ta voix rauque, abîmée par l’émotion qui t’habite. Pourtant tu l’as fait des dizaines de fois maintenant, parfois même auprès de tes camarades. Mais cela ne t’y a pas habitué pour autant, bien au contraire. Chaque nouvelle annonce, chaque nouveau deuil qu’il te faut accompagner te semble plus lourd, plus pesant que le précédent. Pendant combien de temps encore sauras tu faire cela, Amak ? Le temps qu’il faudra, n’est-ce pas, jusqu’à ce que cette guerre prenne fin — et alors, seulement, tu laisseras les fantômes te rattraper et t’engloutir (toi qui, parfois, sembles déjà faire partie des leurs).
Tu la sens qui s’agite et, sans non plus forcer pour ne pas la blesser, tu la retiens et l’empêche de faire quoi que ce soit de stupide. Il ne faudrait pas qu’elle y retourne, et encore moins qu’elle ne se blesse dans son affolement — et en même temps, comment lui reprocher cette volonté de voir de ses propres yeux, ce déni de la vérité, comme s’il ne devenait réel qu’une fois qu’on y est confronté.« Vous allez vous faire mal » murmures tu simplement, pour lui expliquer cet étau que tu es venu former peu à peu autour d’elle. « Ça va aller. » rajoutes tu, dans un souffle, incapable de dire quoi que ce soit d’autre.
Re: life went on but was never the same again — amak
« Celui que vous cherchez ne reviendra pas, je suis sincèrement désolé.. »
Non, non, non, non. Non. Ca tourne et ça tourne dans ta tête. non non non non. T'en aurais presque envie de vomir Şehrazat, alors que les mots de l'homme face a toi résonnent encore et encore dans ta tête désormais vide. Comme si il n'y avait vraiment plus rien, rien que l'écho de ses mots qui te revient en boucle.
Mais c'est impossible et ça tu le sais. Oui tu en est sure, parce qu'il est la, tout près de vous. Il est la il t'attend. Comme a son habitude, tu vas le voir sourire, encore. Comme il le fait, de ce sourire dont tu ne pourrais jamais te passer. Ce sourire qui te réchauffe le cœur, fait rougir tes joues comme si c'était la première fois que tu le voyais.
La main posée sur le torse de l'homme face a toi tu le pousses, du mieux que tu peux de tes bras frêles sur le corps imposant. Tu veux partir, tu dois partir, après tout, tu dois continuer à le chercher. Et tes yeux qui se refusent a croiser les prunelles grises (pourtant si douces) qui te font face. Comme si les regarder, s'y plonger, signifierait la fin de tout. Comme si tu verrais dans son regard tout ce que tu ne veux pas.
« Vous allez vous faire mal. Ça va aller.. »
Non ça n'ira pas, ça n'ira plus. Plus jamais.
Tu murmures, encore et encore des paroles que seul toi entend, dans une langue que seule toi comprends. Comme si, comme si, comme si quoi, en fin de compte ? Comme si tout allait redevenir comme avant ? Non Şehrazat, il y a bien une chose que tu dois comprendre c'est que plus rien ne sera jamais comme avant. Et combien même essaierais-tu d'y penser l'inverser, de te dire que ce n'est qu'un cauchemar, ca ne l'est pas.
Ouvre les yeux enfin, ne vois tu pas autour de toi ? La désolation, le carnage, le sang les corps la destruction. Ne vois-tu pas ? Petite enfant perdue dans un monde d'adulte, trop vite arrivée dans un monde régit pas la violence et le sang. Oh toi qui pensait mener une vie simple et sans soucis, ne voit tu pas ? Tu es de retour de la d'où tu venais désormais. Et cette fois encore plus seule qu'avant.
Alors enfin, enfin, tu croises le regard de l'homme face à toi, les yeux rougis, noyé par des larmes qui ne demandent qu'a tomber a chaque battement de cils. Et ta gorge ne fait que se nouer de plus en plus alors que tu cherches dans ces prunelles une réponse, laquelle que sais-je. Quelque chose, un signe peut-être.
« S'il vous plait je.... » tu commences faiblement, et enfin les larmes coulent, silencieuses sur tes joues alors qu'elles tracent des sillons salés sur ta peau déjà meurtrie. « Aidez moi s'il vous plait.... »
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