Sous une pluie froide et annonciatrice d’un futur orage, le cimetière nommé Kensal Green Cemetery situé à côté de Londres, perdait peu à peu ses visiteurs à cause du mauvais temps. Les familles en deuil se pressaient de sortir du cimetière pour repartir chez eux en diligence ou en marche à pied. Néanmoins, quelques téméraires supportaient ce temps triste pour continuer à parler avec les défunts. Comme ce vieil homme, assit sur un petit tabouret qu’il avait emmené avec lui. Cette personne parlait de sa journée d’aujourd’hui et d’hier à la tombe en face de lui. Surement son épouse. Le vieux monsieur se mit à rire en évoquant un moment drôle de ce qu’il a vécu il y a quelques heures. Peut-être que de là-haut, au paradis, sa tendre épouse rigole avec lui.
La mort est cruelle en séparant des personnes qui s’aiment. De sa faux elle attrape l’âme de sa victime pour l’emmener soit au paradis, soit en enfer. La vie est aussi responsable à collaborer avec la mort. Cette dernière choisit une personne malade pour la présenter à la mort. Peut-être qu’actuellement, la vie et la mort sont en train de parlementer pour le sort de ce vieil homme qui désire au fond de lui, retrouver l’amour de sa vie. Cependant, les deux ne semblent pas intéressés par une autre personne dans ce cimetière silencieux. Non, cette ombre qui fait face à un mausolée à déjà beaucoup trop perdu, donc inutile de continuer sur ce chemin.
Déposant une rose noire qui est une fleur assez rare poussant dans un pays très éloigné de l’Angleterre, Risa scrutait les écritures inscrites sur la porte du mausolée. On pouvait y lire ces noms : Dorian Drake et son épouse Elizabeth Taylor Drake, Risa Holmes Drake et sa fille Flora Drake.
Ainsi, la Reine Victoria avait réussi à récupérer le corps de la fille de Risa. De plus, grâce à la demande de Risa à la Congrégation de l’Ombre, Dame Victoria avait été dupé et croyait à présent à la mort de la détective et la nouvelle se rependait déjà un peu partout dans le pays. Drake souhaitait se libérer du collier qu’elle avait autour du cou et ne plus être le chien de Victoria. La jeune femme souhaitait être libre et vivre au lieu de ruminer dans le passé.
Baissant la capuche de son uniforme d’Exorciste, la jeune Anglaise dévoile une chevelure presque identique à celui de sa mère adoptive. Que ce soit au niveau de la couleur et de la forme. Le blond de Holmes venait de disparaître pour prendre une teinte neigeuse. Maintenant, Risa semblait légèrement plus vieille mais sa beauté ne souhaitait pas s’envoler.
Sous cette pluie battante, Holmes se mit à chantonner la mélodie de la berceuse de sa mère. Afin d’apaiser son cœur qui bat faiblement et donner le sourire à sa famille qui la regarde d’en haut.
Quelques heures plus tard
Lorsque l’orage gronde, Risa se réveille en sursaut dans la diligence qui parcourt les rues et ruelles de Londres. Heureusement, la dame est seule à l’intérieur du transport car elle n’aurait pas aimé avouer à ses voisins, sa phobie de l’orage. Avec l’âge, Holmes éprouve moins de peur mais le son du tonnerre ne la met pas du tout à l’aise. Croisant ses bras sous sa poitrine, l’Exorciste tente de se réchauffer à cause de ses frissons froids causés par sa peur.
Plaquant sa tête contre la banquette noire de la diligence, Risa ouvre son paquet de cigarettes qu’elle a attrapé dans la poche de son uniforme. Pendant un petit instant, elle hésite à prendre ce petit rouleau de tabac haché et enveloppé dans un papier fin. Au final, elle referme le paquet et le range soigneusement dans l’une de ses sacoches, pour ne pas être tentée d’en prendre.
Tout à coup, la diligence s’arrête.
« Eh voilà madame. » annonce le conducteur du transport. « Nous sommes arrivés à destination. Je vous suggère de vous abriter assez vite car l’orage risque d’être violent cet après-midi. »
Ouvrant la porte de la diligence, Risa remet sa capuche et lance une pièce au chauffeur en propulsant l’objet avec son pouce.
« Merci du conseil. » répond Risa de façon neutre.
Empruntant un chemin du centre-ville après avoir attendu que la diligence se mette à partir, Risa esquiva de justesse une grosse flaque d’eau en la contournant. La destination de Holmes était claire et précise. Rejoindre Westminster Abbey pour retrouver son maître Cloud Nine. Cette dernière lui avait indiqué qu’à cette date précise du mois, Drake devait la rejoindre à cet endroit. Dans le palais mental de la demoiselle plusieurs réponses à cette énigme submergeaient. Peut-être pour un nouvel entraînement, ou bien de l’accompagner quelque part au bout du monde, sinon ce serait par rapport à la nouvelle forme de son Innocence. Oui, Risa ne possède plus sa rapière. Afin de faire un trait net et précis sur sa fin de carrière de chevalière pour ce qui est titre de noblesse et métier. Holmes avait demandé à changer la forme de son arme pour deux anneaux à chaque index de ses mains. Plus facile à dissimuler, plus pratique pour éviter de se ressasser de mauvais souvenir. Actuellement, ils sont bien camouflés sous les gants chauds et doux de la demoiselle.
D’ici quelques minutes, Risa va arriver à destination mais elle décide de s’arrêter. Sa curiosité se penche sur une boutique d’antiquités. Curieusement, la détective n’a aucun souvenir de cet établissement. Ou alors, elle n’a pas fait attention pendant qu’elle servait la Reine Victoria. Risa opte pour la deuxième possibilité et elle décide d’entrer dans la boutique. La femme prend le temps de bien essuyer ses bottes qui sont presque identiques à celle de Cloud. Elle souhaite ne pas salir le plancher et laisser le moins de traces possible. Libérant son épaisse tignasse de cette capuche ténébreuse, Risa émet un simple bonjour en hochant la tête en direction de la personne derrière le comptoir qui est peut-être le propriétaire. Silencieusement, Holmes remarque que la plupart des babioles sur les étagères comme sur les présentoirs sont anglaises et chinoises. Penchant la tête, la jeune femme se rend compte que c’est la première boutique qui vend autant d’objets venant de l’Est du monde.
Soudain, l’Anglaise s’arrête sur un objet en particulier. Une montre à gousset en argent. Cet objet qui pourrait être banale, ne semble pas l’être pour elle. Les petites rayures sur la vitre de la montre, la bélière qui a perdu la moitié de sa couleur, le pourtour possédant des illustrations familières…
« Où ai-je vu cet objet ? » se demande Risa à voix haute sans vraiment s’en rendre compte.
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