ft. Lucie B. Fair
Kali (en sanskrit काली (Kālī) ou कालिका (Kālikā)) est, dans l'hindouisme, la déesse de la préservation, de la transformation et de la destruction. C'est une forme terrifiante de Pārvatī représentant le pouvoir destructeur du temps. Son nom dérive du mot kāla, le temps en sanskrit, celui qui détruit toute chose. Celui qui la vénère est libéré de la peur de la destruction. Elle détruit le mal sous toutes ses formes et notamment les branches de l'ignorance (avidyā), comme la jalousie ou la passion.
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Autonoé travaille pendant une heure
une heure de lumière blanche
une heure de travail méthodique
une heure de sang sur les mains et de tremblements contrôlés
des Noés qu’elle connaît, Bonnie est une des rares que la Samas apprécie
elle ne la perdra pas
la personne qui a fait ça
la flamme dans les yeux brûle et la faim grandit
la personne qui a fait ça devrait courir très vite
et finalement, elle souffle
il ne lui reste qu’une chose à faire maintenant, la balle étant retirée
(mais comment une arme humaine une simple arme a-t-elle pu blesser la porteuse de l’Amour ? )
(comment je fronce les sourcils)
Et la matière noire de s’insuffler dans le corps de Bonnie en même temps que la vie et les couleurs, et la lumière de vaciller. Déjà ?
« Merde. »La Bacchante de jurer en continuant de guérir la chair et en observant la lumière de ses orbes se muer du blanc au bleu. Encore un peu, juste encore un peu... Bleu — voilà le moment de l’affranchi venu. C’est terminé. Elle souffle et reprenant sa forme humaine dans un concert de craquement, ouvre la fenêtre et s’allume une nouvelle cigarette. La fumée s’enveloppe et se tord et disparaît dans la lumière du matin qui se lève. On est déjà le matin — dans un lupanar, la nuit est éternel, et personne ne dort jamais.
On toque à la porte. « Je peux entrer ? » C’est Adélaïde qui entre avec un plateau, une théière et trois tasses, joignant la parole au geste, elle est déjà entrée. Tu lui souris. « Mme Lambeth m’a demandé de monter voir comment elle allait, vu que je « n’avais rien à faire ». »Évidemment. Mme Lambeth n’est pas bête, elle a probablement déjà deviné la nature de la jeune femme que l’on vient d’amener chez elle. Et des possibles répercussions sur son commerce — et la vie de elle et de ses protégées — si on laissait mourir une Noé en son établissement. Enfin, les Noés ne meurent jamais, seulement le navire qui les porte (il se trouve que j’apprécie ce navire là en particulier). La Samas laisse échapper un petit rire, parce que la Rousse a parfaitement imité le ton de la matrone avec son « n’avais rien à faire ». On dirait vraiment elle.
« C’est elle, alors ? » Et la fille joyeuse de s’approcher et de se pencher sur le visage fermé de Bonnie. « Elle est drôlement belle, ohlàlà. » Et Adélaïde de se relever et de regarder Autonoé. « Tu dois être épuisée, je t’ai fait du thé. Pour toi, pour elle, et pour moi, évidement, je m’ennuie, et je reste. » Et Autonoé de hocher la tête et d’accepter la tasse brûlante (tu crois y reconnaître l’amertume du citron) avec gratitude. « Tu la connais alors ? »Tu fixes la pièce puis Bonnie sans un mot avant de répondre à l’autre. La pièce est à l'image du reste de l'endroit, chaleureuse et colorée. De grandes tentures sont tendues sur les murs, rouge pomme, bleu azur, vert nénuphar. On est au dernier étage de la maison, mais cela n'empêche pas d'entendre le fourmillement de la vie de la rue ou de la maison. Un petit bureau avec le nécessaire de médecine d'Autonoé fait face au lit où est étendue Bonnie. Quelques chaises bigarrées, sur une desquelles a pris place sans gêne Adélaïde. Un calendrier sur le devant du bureau, avec des notes gribouillées. Une grande fenêtre sur Londres et le soleil qui se lève. La pièce a probablement été un grenier.
«Oui. C’est... C’est une amie. »