Un silence de mort régnait sur l'assemblée, déchiré seulement par les sanglots d'une femme en larmes. Et parmi tous les visages austères, seule une fillette dissimulait un léger sourire vicieux.
Il y a quelques jours à peine, un certain monsieur Larsen venait de succomber à la maladie qui le rongeait peu à peu. Sa fin était inévitable, mais sa femme n'avait jamais pu s'y faire. Et maintenant, l'homme avait laissé derrière lui une femme effondrée. Finalement, elle n'aurait jamais pu être prête pour voir son mari mourir sous ses yeux.
L'enterrement venait de se terminer. Les proches de la veuve restaient à ses côtés pour lui apporter du soutien. C'est vraiment une triste histoire.
Pourtant, Cristal, elle, ne pleurait pas avec les autres. Car pour elle, ce genre d'évènements représentaient plutôt autre chose. L'occasion pour le Comte Millénaire d'entrer en action.
Oui bien sûr, on pourrait facilement la qualifier de "rapace". Mais après tout, avait-elle vraiment le choix? La gamine des rues n'avait aucun autre moyen de subvenir à ses besoins et survivre. Ce "sale boulot", c'était tout ce qu'elle avait.
Satisfaite de sa petite trouvaille, l'espagnole s'éloigna du cimetière. Cristal retourna vers la rue principale, à la recherche d'un téléphone qu'elle pourrait utiliser. Finalement, se déplacer jusqu'en Amérique valait le coup. On y trouvait plus de choses intéressantes à rapporter.
Cristal finit par apercevoir une silhouette qu'elle connaissait bien. Raquel, une de ses camarades brooker, trottina joyeusement vers elle.
-Cristal! Alors, tu as vu ce que c'était?
La demoiselle afficha un petit air satisfait. C'était Raquel qui lui avait signalé la présence d'une foule dans le cimetière. Et pour une fois, elle avait vu juste.
-Oui. Une femme qui a perdu son mari. On a bien quelque chose à transmettre à notre "employeur".
Et les enfants allaient gagner leur pain.
-Je vais l'appeler. Tu peux repartir.
Raquel hocha la tête et s'éloigna de son aînée. Pendant que les orphelins Gomez cherchaient des informations, ils ne restaient jamais tous ensembles. Les enfants formaient des petits groupes de deux ou trois, et se dispersaient un peu partout dans la ville, pour se réunir plus tard. Mais Cristal préférait de loin rester seule.
Une fois sa camarade partie, la fillette se remit en route. Et il ne lui fallut pas très longtemps pour trouver ce qu'elle cherchait. Un téléphone public. L'heure pour elle de transmettre tout ce qu'elle avait pu observer.