c’est ce que tu as toujours pensé lullaby
sans question pas de réponse
relation de cause à effet
point d’interrogation ouvrez les guillemets
pourquoi
parce que
ça te semblait évident
avant
maintenant les choses ont changé
maintenant tu penses que les questions existent pour que d’autres questions existent aussi
(une poupée qui pense c’est)
chaque jour tu te poses une nouvelle question
nouvelle c’est comme ça que tu appelles les choses dont tu ne te souviens pas
parce que tu te souviens de tout lullaby
tu te souviens toujours et toujours de tout
(ce sont les autres qui t’oublient)
tu penses que c’est à cela que sert une âme :
à se souvenir
parce que tu n’as jamais tellement eu de souvenirs
avant
maintenant à quoi servent les souvenirs ?
enfin la véritable question c’est :
à quoi servent les souvenirs
pour une poupée ?
depuis combien de soleils est-ce que je marche ? et combien de soleils passeront encore dans le ciel combien de mélodies que je serai la seule à entendre (et suis-je vraiment la seule à l’entendre ou bien la seule à l’écouter dites-moi (dites-moi avez vous seulement pris le temps un jour de)) et si l’écho de mes pas était une musique combien de soleils faudrait-il encore dans le ciel combien de temps faudrait-il encore que je marche pour faire d’un rythme une véritable symphonie (la véritable question c’est combien faut-il de notes pour faire battre un cœur ?) dis est-ce que tu aurais la réponse toi ? toi le drôle de monsieur avec ton grand chapeau (est-ce ta maison que tu portes sur ta tête (je crois que je n’avais jamais vu de chapeau aussi grand que le tien ou peut-être que je n’avais jamais vu quelqu’un qui le porte si bien)) j’ai l’impression que tu pourrais y cacher beaucoup de questions et encore plus de réponses dis si je te le demandais dis est-ce que tu accepterais de me le prêter ?
dis est-ce que tu
est-ce que tu me croirais ?
vraiment j’ai l’impression que (...)
— vraiment j’ai l’impression que tu pourrais me croire.
s’il te plait, crois-moi
ça
c’est ce que tu ne lui dis pas
tu le contemples en silence à présent avec un espèce de sourire vague
un sourire que tu ne penses pas évidemment tu ne sais probablement pas que tu es en train de sourire c’est le sourire de quelqu’un qui a peur des monstres parce qu’on lui a dit que c’était dangereux mais qui n’a jamais vu de véritable monstre
c’est l’histoire d’un miroir qui voulait sourire mais qui ne savait faire que des reflets des copies de sourires des millions de sourires mais jamais le sien
jamais le tien enfin
enfin tu l’observes doucement
maintenant c’est à lui de répondre alors tu attends
tu l’entends respirer et tu décides de compter les petits morceaux de vie qui s’échappent de sa bouche
tu aimes les bruits que font les vivants
c’est comme des petites boîtes à musique
des millions de mélodies comme des étoiles filantes
tu te demandes à quoi ressemblerait la tienne si
(si tu étais)
enfin
tu l’observes doucement
et tu attends.