Quelle idée incroyablement stupide tu as encore eue. Avec le temps tu as fini par devenir plus mature, à moins te laisser contrôler par tes émotions et, surtout, à ne plus agir sur des coups de tête et pourtant – pourtant – voilà que tu as récidivé. Venir à Londres sur de simples rumeurs et suppositions, alors que la ville regorge de partisans, de brookers, d’akumas et de Noahs. Alors que la Congrégation n’est qu’à une poignées d’heures tout au plus – alors que tu es sur leur territoire donc (ville maudite).
Quelle idée incroyablement stupide mais tu n’aurais jamais pu rester sans ne rien savoir, plongée dans une ignorance douloureuse qui tord les entrailles et torture l’esprit. Ton frère n’a plus donné signe de vie depuis plus d’un mois maintenant, malgré les lettres que tu as continué de lui envoyer, et il n’en fallait pas plus à ton esprit malade pour imaginer les pires scénarios. Même après avoir été sauvée par Bonnie, même après avoir été rassurée par Lars, rien ne pouvait y faire. Tu as besoin de savoir qu’il va bien.
Alors, lorsqu’on t’a rapporté qu’un groupe de traqueurs étaient coincés à Londres pour une mission qui n’en finissait pas et que l’un d’eux était blessé – qu’il s’agissait qui plus est d’un jeune homme aux cheveux bruns – ton sang n’avait fait qu’un tour. Jamais tu ne t’es dit que, peut être, il s’agissait d’une autre personne – après tout, le brun est une couleur tout à fait commune. Non, il fallait que tu ailles vérifier qu’il ne s’agit pas de Louis – qu’aurais tu fais si ça avait été le cas ?
Te voilà donc en train de courir à en perdre haleine dans les rues de la capitale anglaise, payant le prix de tes idées stupides. Non, il ne s’agissait pas de ton frère. Oui, les traqueurs t’ont immédiatement reconnue malgré la cape sur tes vêtements et la capuche sur tes cheveux. Et non, tu n’as pas l’intention de les attaquer avec ton innocence – ce serait pourtant si simple, n’est-ce pas ? Ce ne sont que des civils sans aucun pouvoirs, ils ne méritent pas un tel zèle, et tu ne veux les blesser gravement.
Mais jusqu’où comptes tu courir comme ça, Gwen ? Tu ne peux traverser le pays entier de la sorte, tu n’en as absolument pas la force malgré ta santé retrouvée. Tu ne peux non plus emprunter l’une des portes de l’Arche, ce serait plus stupide encore, et ils sont trop proches pour que tu puisses te cacher. Il faudrait sérieusement trouver une solution maintenant, avant que tu ne t’épuises et tombes dans leurs filets. Tu envisages un instant de les attaquer avec tes poings mais rejettes bien vite l’idée, te rappelant que tu es seule alors qu’ils sont tout un groupe.
Il faut croire que Londres t’a entendu et est bien décidée à ne pas te laisser seule ce soir, car voilà que l’un de ses habitants te vient en aide. Un bruit de verre brisé retentit soudainement, suivi de celui d’un corps qui s’effondre et le silence s’installe. Plus personne ne te poursuit et, cherchant la cause d’une telle décision, tu t’arrêtes à ton tour.
Derrière toi, un homme émerge de l’ombre, titubant légèrement. Oh non, pas un de plus, penses tu d’abord, avant de remarquer qu’il s’en est pris à tes poursuivants. L’inconnu serait donc de ton côté ? Un sourire mi-amusé mi-attendri s’étire sur ton visage en imaginant une telle possibilité. Tu es à mille lieues d’imaginer la véritable nature de ton sauveur, Gwen, et ton amusement disparaîtra un temps lorsque tu l’apprendras.
« Poursuivre une gamine la nuit ? Dégoûtant. Il a pas tort » ne peux tu t’empêcher de souffler, tout en gardant un œil sur l’homme, attendant de voir ce qu’il compte faire. Tu n’es pas déçue en le voyant sortir une arme de ses vêtements. Il ne t’en faut pas plus pour reculer de quelques pas et chercher à te mettre à l’abri, tout en gardant toujours tes mains là où il peut les voir. Les traqueurs sont clairement sa cible mais on ne sait jamais le genre de pensées que pourrait lui donner l’alcool – tu ne sais que trop bien à quel point il peut brouiller l’esprit.
« Mon then ya wee knobs. » Un froncement de sourcils d’incompréhension s’installe sur ton visage avant que ne te répondes « Ce sont de sacrés …. knobs oui, mais ils ne méritent pas la mort vous savez. » On commence à s’insurger derrière toi et tu leur jettes un coup d’oeil furieux – j’essaie de te sauver Jean-Edouard alors ferme la tu veux bien – avant de reporter ton attention sur le vieil homme « Bon, j’dois bien avouer qu’une bonne rouste ne leur ferait pas de mal. Mais une arme à feu, c’est peu élégant, vous ne pensez pas ? » Puis un sourire et un clin d’oeil alors que ton esprit court à toute allure à son tour, cherchant une solution pour te sortir de cette situation. Hors de question de le laisser tuer les traqueurs – ils sont innocents, le crime te retomberait dessus, l’homme n’a pas mérité le courroux de la Congrégation – mais tu ne peux non plus reprendre votre course poursuite comme si de rien n’était. Te voilà donc dans une impasse, Gwen, et il faudra sans aucun doute te salir les mains pour en sortir. |