(tries to protect you from myself) Ce n'était pas le deuil qui était si dur, Destiny. Tu l'avais déjà vécu, n'est-ce-pas ? Tu te souviens, Destiny ? Bien sûr qu'elle se souvenait. La première fois, elle avait tant souffert. Elle souffrait de nouveau, aujourd'hui. Autrefois, elle avait souffert parce qu'elle n'avait rien pu faire pour empêcher ce qui s'était produit. Destiny était très dure avec elle-même. Qu'est ce qu'une enfant de six ans aurait pu faire contre un adulte ? Pas grand chose, malheureusement. Mais ce qui avait changé, c'était qu'elle avait fait quelque chose. Elle avait agi. Elle n'était plus témoin, elle était actrice. Elle avait obéi aux ordres. Elle avait tué sa propre mère. Qu'elle soit devenue une machine du Comte, ça ne changeait rien. Un meurtre restait un meurtre. Et pour elle, elle avait commis un matricide. Maman ? Me pardonneras-tu un jour ? Je t’en prie. Dis moi que tu me pardonneras… Telles étaient ses pensées, tels étaient ses cris intérieurs destinés à sa mère. Destiny n'avait pas quitté sa chambre depuis plusieurs jours déjà. Elle ne les voyait même pas passer. Elle ne savait pas quel jour il était, quelle heure. Elle ne cherchait pas à savoir. Elle ne voulait pas savoir. Elle osait à peine se regarder dans le miroir. Et lorsqu'elle osait, elle le frappait, sévèrement, ne pouvant même plus supporter sa propre image. Aujourd'hui, elle avait réussi à sortir de son lit. Elle s'était trainée dans la douche, mais elle ne s'était pas rhabillée, un simple t-shirt, un simple short, rien de plus. Mais à quoi bon ? Son regard croisa le sien devant le miroir ; elle frappa dedans une nouvelle fois. Ses doigts, ses phalanges étaient ensanglantés, des coupures étaient visibles ; d'autres coups avaient été portés. Son regard était si hagard, si vide ; ses yeux, fatigués, tristes. Un mélange d'émotions qu'elle s'était refusé de ressentir auparavant ; elle avait cessé de se battre. Elle était seule, après tout. Personne ne la jugerait ici, il n'y avait qu'elle et elle se savait être un juge bien trop sévère envers elle-même. Elle se traîna dans son lit, qui n'avait pas été fait depuis plusieurs jours. Elle ne prit même pas la peine d'essuyer le sang de ses doigts, les larmes de ses yeux. La simple pensée de sa mère la faisait pleurer ; et Dieu seul sait à quel point elle pensait à elle. Une nouvelle fois, elle pleurait jusqu'à épuisement, jusqu'à ce que le marchand de Sable ne vienne la chercher. Un repos de courte durée, peut-être une heure tout au plus. Il y avait du bruit, à l'extérieur. Elle se redressa, assise sur son lit, ses yeux fixant ses doigts, le sang avait séché. Les larmes coulèrent, encore, toujours plus. Il s'agissait de son propre sang, mais ces mains appartenaient à une meurtrière, ces mains avaient tué sa mère, ces mains étaient tachées du sang de sa mère. Elle serra ses mains, tellement fort, espérant qu'une nouvelle douleur vienne supprimer l'ancienne ; mais qu'elle était sotte, ce n'était pas possible. Quelqu'un toqua à la porte, elle allait encore ignorer. Sauf que cette personne entra tout de même, ce qui fit que Destiny leva ses yeux ; et quels yeux, vides. C'était le regard d'Oskar qu'elle croisait. Et toutes les émotions qu'elle ressentait s'étaient accrues, pour le pire. Elle était toujours enchantée de le voir, d'habitude, mais là, il ne savait pas. Il ne devait pas savoir. Il ne devait pas l'approcher, lui parler, la toucher. Il n'avait rien à faire avec quelqu'un comme elle. Mais aucun son ne sortit de sa bouche ; et lui, et lui il venait vers elle, il s'approchait. Il s'était assis à côté d'elle, pour la prendre dans ses bras. Et elle, elle ne bougeait pas. Son murmure eut un écho dans son coeur, faible ; comme si elle respirait de nouveau, le temps d'un instant, avant que ses larmes ne coulent de nouveau. Pardon d'avoir mis autant de temps. Mais si son coeur pouvait être encore brisé, il allait l'être encore plus. Parce qu'il n'avait rien à faire avec elle, ici. Il devait être auprès de sa famille. Elle ne bougeait pas ; pas un mouvement, pas un son, juste des larmes le long de son visage. Elle ne pouvait pas le toucher, pas avec ses mains pleines de sang, le sien, celui de sa mère. Il était pur, Oskar ; la gentillesse, la blanche incarnée, comme la neige qu'il sait faire apparaître. Elle ne pouvait pas tâcher cette pureté, cette blanche ; par le rouge du sang de sa victime, ni par ses larmes. Elle ne pouvait pas, elle ne voulait pas. Parce qu'elle l'aimait quand même, Oskar. Elle ne savait pas trop pourquoi, mais elle l'aimait bien. Elle voulait le protéger, lui montrer tout ce qu'il avait sorti de bon, chez elle. Elle ne voulait pas lui faire du mal ; mais elle lui en avait fait. Il était là, alors qu'il ne devrait pas l'être. « What are you doing here ? » Un murmure, à peine aussi fort que le sien. La voix brisée, comme son coeur, son esprit, comme elle. « You should be with your family. Not with me. » Éloigne-toi de moi. Tu mérites plus que ça, tu mérites le monde, Oskar. Tu ne mérites pas de m'avoir dans ta vie. Personne ne mérite ça. Elle ne fit même pas attention. Elle avait croisé son regard, elle avait vu qu'il avait vu ; elle avait vu qu'il pouvait voir de nouveau mais l'information n'était pas remonté dans son cerveau. Elle était bien trop préoccupée à s'inquiéter ; à s'inquiéter pour Oskar, un peu plus chaque jour. Parce que c'était lui qui était important. Pas elle. Elle ? Elle n'était rien, elle n'était qu'une gamine des rues, une meurtrière qui plus est. Mais lui ? Il était tout, l'homme le plus courageux et le plus humain qu'elle avait connu. Il était tout. feat oskar |
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(merci nína, sah quel plaisir)
un immense merci à wilma, oskar et saphira pour ces aesthetics/insta