Repeating the same mistakes, again and again

 
 
Ça avait commencé avec une mission, normale. Une « simple » mission d’élimination d’akumas. Bien sur, Akira se méfiait grandement : il se souvenait de sa dernière mission d’élimination d ‘akumas, qui avait très mal tourné. La mission s’était avérée… bien plus compliquée. Les troupes ennemies comportaient une Noé parmi eux, Noé qui s’était amusée à le détruire. Ce montre avait pris un malin plaisir à répandre la mort, à le voir lutter, à le torturer. Et le pire dans toute cette histoire, c’est qu’il avait été sauvé par se semi-akuma qui semblait lui aussi amusé de voir les exorcistes agonisants. Cette mission avait été un pur échec, tout simplement. Comme toutes les autres.
Pour ne rien arranger, les séquelles de son dernier affrontement laissaient toujours une marque indélébile sur son corps meurtri. Certes, Akira avait pu regagner son sang perdu lors de cette bataille, mais les cicatrices étaient toujours bien présentes, le marquant comme au fer rouge.
Il avait perdu contre ses pires ennemis. Ce jour-là, Akira avait réalisé quelque chose : il n’avait pas le niveau pour prendre sa revanche. Peut être ne l’atteindra t’il jamais d’ailleurs. Pas dans son état.
Une revanche contre qui, d’ailleurs ? Contre Yuuki ? Ou contre lui-même ?

Aujourd’hui serait il enfin le jour où il pourra faire pencher la balance ? Akira déambulait dans les rues d’Abidjan, à la recherche du moindre petit signe indiquant le passage d’un akuma, le moindre petit indice menant à une disparition mystérieuse. Aucun. Les informations semblaient erronées : rien d’anormal ne s’était déroulé depuis son arrivée. Soit les disparitions étaient naturelles, les informations erronées, ou l’akuma était déjà parti. Soit…

-Akira ? Akira Nakamura ? Quelle surprise ! Je ne m’attendais pas à te revoir ici ! Pas à te revoir tout court, d’ailleurs…

L’interpellé tourna la tête, méfiant. Ce n’était pas la voix du traqueur qui l’accompagnait, et personne d’autre n’était censé le connaitre. Rencontrer une de ses anciennes connaissances ici était improbable, et il n’avait pas été prévenu de l’arrivée de renforts.
Et effectivement, lorsqu’il tourna la tête, Akira se retrouva nez à nez avec un parfait inconnu. Peau blanche, beaucoup trop blanche sous ce soleil de plomb, taille moyenne, cheveux cachés par un large chapeau, et un étrange costard blanc et rose. Cet individu détonnait avec le reste : il était louche.

-Qui êtes vous ?
-« Qui êtes vous ? » Alors tu m’as bien oublié… Comme je suis triste, vraiment. Tu as entendu ce petit « crack » ? C’est mon cœur qui vient de se briser.
-Répondez à ma question.
-Un ami, Akira. Un ami.

Le métis plissa les yeux, méfiant. Cet homme… Lui disait effectivement quelque chose. Mais il n’arrivait pas à s’en souvenir.

-Tu ne te souviens pas ? Toi et moi, nous faisons partie du même camp.
-J’en doute fortement. Maintenant dites moi qui vous êtes ou vous allez passer un sale quart d’heure.
-Ah ! Quelles manières ! Tu peux m’appeler comme tu veux mon ami, je ne me vexe pas pour si peu…
-C’est quoi votre prob…

L’individu hôta son chapeau, révélant deux grands yeux verts. C’est là qu’Akira réalise. Il avait déjà vu ces yeux.

-Toi et moi, nous sommes dans le même camp, Akira… On se bat pour la même chose. Contre ceux qui ont détruit ta famille. Ceux que Yuuki a rejoint. Tu ne te souviens pas ?

Tout en parlant, l’homme ne le quittait pas des yeux. Akira ne pouvait pas bouger, pas détourner la tête. Il y avait quelque chose, une étrange force qui le forçait à ne pas détourner le regard. Il était comme hypnotisé.
L’homme lui montra un objet. Il s’agissait du rosaire des membres de l’organisation, qui avait visiblement été arraché d’un uniforme.

-Regarde ça. C’est leur symbole, à nos ennemis. Enfin, je ne t’apprends rien, non ? Tu le sais déjà, vu qu’on fait partie du même camp…

Oui, il se souvenait… Ce jour-là… Yuuki était parti pour rejoindre l’Ordre Noir. C’était pour ça qu’il était parti. Et lorsqu’il était revenu… Il avait voulu l’éliminer…

-Tu te souviens, Akira ? Tu. Te. Souviens. De tout. De comment l’Ordre est intervenu. De comment tu as tué ta sœur. De ta bataille contre eux. De ton désir de vengeance contre l’Ordre Noir. C’est ton histoire, Akira.

Et ensuite il les avait rejoints. Pour se racheter auprès d’elle, pour se venger de ce que Yuuki avait fait aussi. Depuis ce jour-là, il s’était promis d’éliminer chaque membre de l’Ordre Noir. Il n’en laisserait pas un seul s’échapper vivant.

Une tape sur l’épaule le ramena soudainement sur terre. Il vit son « ami » lui sourire largement. Un très grand sourire, qui n’avait rien d’humain.

-Heureux de pouvoir travailler avec toi, partenaire. N’oublie pas ta mission : il y aura bientôt des membres de cette fichue organisation qui vont arriver. Une belle occasion pour toi de te venger… Non ?
-Je n’ai pas besoin de vous pour me le dire.

L’homme éclata de rire, avant de donner une vigoureuse tape sur l’épaule. Akira grogna : c’était précisément là où il était blessé. De plus, il détestait ce contact physique trop familier. Il repoussa sa main brutalement.

-Battez les pattes.
-J’aime cet entrain ! En tout cas, j’ai hâte d’assister à ça… aux premières loges.

Il remit son chapeau, et s’éloigna de sa marionnette, se fondant dans sa foule. Dans sa main, le rosaire dansait toujours. Il aimait beaucoup les rosaires de cette maudite organisation. Il en avait même une collection : un pour chaque membre de l’Ordre Noir tué.
Et bientôt, il en récolterait deux nouveaux.

 
 
Tu observes minutieusement tes petites fioles. A l’intérieur, ton sang se reflète d’un léger éclat vert, couleur de l’innocence. Innocence ? Oh, tu ne sais plus très bien, Akira. Tu ne sais plus très bien ce que c’est, ni qui tu es, mais une chose, une seule chose est sure dans ta tête : l’Ordre Noir est ton ennemi, et tu dois l’éliminer. Et c’est très bien comme ça, Akira… C’est tout ce dont tu as besoin de savoir.
La porte s’ouvre brutalement derrière toi.

-Mon ami, tu es la ! J’espère que tu es prêt ?

Tu pousses un long soupir. Tu ne supportes pas la familiarité avec laquelle il te parle, depuis le début. Mais il est dans ton camp, et il est là pour t’aider. De ça, tu en es certain.

-Trêve de bavardages. L’ennemi est arrivé ?
-Ouh que tu es froid ¡ J’aime ton professionnalisme, Akira !
-Abrège.
-Oui, oui, il est là ! Ou plutôt… elle est là. C’est une femme, qu’ils ont envoyé. Tu vas la repérer tout de suite, avec son uniforme rouge et noir et son rosaire. N’empêche, c’est curieux, tu ne trouves pas ? Pourquoi gardent-ils des uniformes aussi noirs et épais alors qu’il fait si chaud ? Vraiment, je ne les comprendrai jamais…

Tu te lèves, n’écoutant pas le charabia de ton camarade, et emporte avec toi les trois échantillons de ton sang. Tu gardes bien évidemment ton scalpel. On ne sait jamais, au cas où trois échantillons ne sont pas assez…
Mais non, Akira, il ne faut pas. Il faudra l’éliminer avec cette quantité, non ? C’est tout de même pas très joli de devoir se scarifier, pour combattre, hein ?

Tu baisses les yeux vers ton propre torse, pour y voir ce même rosaire que tu détestes. Instinctivement, tu as envie de l’arracher, de balancer cet uniforme qui est le même que celui que tes ennemis portent, et que tu ne sais même pas pourquoi toi aussi tu le portes.
Tu redescends sur terre lorsque ton coéquipier au sempiternel sourire et aux cheveux verts pose une main sur ton épaule.

-Garde ton uniforme, Aki. Ca va les attirer tout de suite, ils tomberont dans le piège.
-Déjà, je ne te permets pas de me donner un surnom. Et ensuite, pourquoi est ce que j’ai cet uniforme ?

A nouveau, cette même sensation. Ce regard vert, hypnotisant qui te fixe, et toi, immobile, qui ne peut détourner les yeux. Chacune de ses paroles est pour toi une vérité absolue, que tu ne peux nier, que tu acceptes sans questionner.

-Ne te pose pas trop de questions sur ça, d’accord ? Tu l’as eu, c’est tout. Tu vas juste le réutiliser pour attirer l’exorciste dans un piège. Tu la tues, pouf ! Et après tu pourras t’en débarrasser, fais moi confiance. C’est. Compris ?

Blanc total. C’est le vide, dans tes pensées. Rien n’y passe, à part le discours de l’homme face à toi. Alors, machinalement, tu te mets à répéter, malgré toi.

-C’est… compris.
-Parfait ! Tu es un bon garçon, Akira. Maintenant… si tu te sens prêt… Je te souhaite bon courage.

L’homme te lâche, et détourne le regard. Tu te sens bizarre, Akira. La tête te tourne un peu. Oh, c’est peut-être juste le stress qui te fait ça. Rien d’anormal, ne t’inquiète pas.

Tu quittes le repère de l’homme souriant, et tu déambules dans les rues. D’après lui, l’exorciste viendra directement à toi. Néanmoins, tu ne peux t’empêcher de scruter la foule, de ton unique prunelle. Si une exorciste se cache bel et bien ici, elle mérite de mourir. Tu t’en occuperas personnellement.
Et il avait bien raison. Une femme se rapproche de toi, et t’interpelles directement.

-Nakamura ? Tout va bien ? Vous ne donniez plus signe de vie.

Etrange. Comment connait-elle ton nom ?
Ne te pose pas de questions Akira. Attaque-la, car c’est ton ennemie, celle que tu dois éliminer. C’est. Compris ?
Oui, peu importe au fond.
Tu te retournes vers elle, presque trop calmement. Dans ta manche, tu avais saisi ton scalpel, et avais légèrement entaillé ton doigt. Un filet de sang s’en échappe, mais tu le caches. Sans répondre à ton interlocutrice, ni montrer une quelconque attitude menaçante, tu observes en particulier ses mains. Parfait.

Sans prévenir, tu te rapproches de la femme en un pas, et, sortant ton scalpel, tu attrapes sa main et l’entailles légèrement. Immédiatement, tu presses ton doit contre sa blessure.
Sang contaminé.
Tout air neutre a disparu de ton visage, pour être remplacé par une expression de pure haine, un regard assassin.

-Crève, exorciste.

De ton autre main, tu avais saisi ton échantillon de sang, qui se matérialisa aussitôt en une lame de sang. La saisissant, tu l’abaisses vers ton ennemi, visant directement sa gorge.

 
 
C’est ça, c’est ça, Akira ! C’est bien, c’est parfait, même ! Tue-la, tue cette exorciste !
Oh mais non, mais faut pas déconner ! Pourquoi résiste-tu, exorciste ? Pourquoi est-ce que tu lui saisis la main comme ça, le forçant ainsi à te lâcher ? Pourquoi est-ce que tu reprends un éclair de lucidité dans ta panique, jeune fille ? Et pourquoi est-ce que tu le frappes au visage avant qu’il n’ait réussi à t’atteindre avec sa lame de sang ?
Tu recules à cause du coup qu’elle t’a mis, néanmoins, tu ne lâches pas ton arme. C’est bien Akira, jusqu’au bout… Jusqu’au bout, tu ne lâcheras pas. Car c’est une exorciste, Akira, et que tu t’es promis de tous les éliminer. Tu. Te. Souviens. Que tu. Dois. Tous. Les éliminer ?

La voilà qui tourne les talons, et qui court, dans la direction opposée à la tienne. Il faut dire qu’elle a été prise de court, haha ! Elle n’a pas été préparée à devoir t’affronter, elle veut surement gagner du temps pour enclencher les pouvoirs de son innocence.
Tu sais ce que ça veut dire, Akira. Toi, ton innocence est déjà dans tes mains, tu n’as pas besoin de temps. Alors qu’est-ce que tu attends, cours, cours, rattrape-la, et finissons en une bonne fois pour toute !
Alors c’est ce que tu fais. A peine partie, tu te mets à sa poursuite, courant derrière elle. Tu la vois, elle n‘est pas si loin de toi, mais elle continue de courir, endurante, et ne te laisse pas la rattraper. Ah, mais… Je vois bien. Elle s’éloigne des coins les plus fréquentés, voulant sans doute ne pas embarquer de civils dans votre lutte. Oh comme c’est chou ! Mais elle n’a pas à s’inquiéter pour ça. Il n’y aura qu’une seule victime aujourd’hui. Et cette victime, ce ne sera pas un ou une civile.

Tu te rends compte que tu n’arriveras pas à la rattraper aussi facilement, Akira. La fille est rapide, et endurante, d’autant plus que tu n’es pas entièrement rétabli de tes blessures. Tu vas devoir réfléchir, Akira. Alors qu’est-ce que tu attends ? N’es-tu pas censé être inventif ?
Oh, quelle brillante idée ! Avec une pointe d’hésitation dans ton œil, tu brandis ta lame de sang… et transperces ton pied droit de part en part. Tu serres les dents bien fort pour ne pas crier de douleur, mais tu retirer la lame bien vite. Aussitôt, la plaie béante d’où s’est échappé un flot de sang se referme… pour apparaitre sur le corps de la jeune femme. Une telle blessure devrait la faire tomber, et l’empêcher de bien marcher.
Serrant les dents toi-même, car tu n’es pas sourd à la douleur que tu t’es toi-même provoquée, tu fais de ton mieux pour la rattraper, et tu profites de sa blessure pour la plaquer au sol. Cette fois, elle ne peut pas t’échapper. Alors tu te places au-dessus d’elle, et à nouveau, tu baisses ta lame de sang vers elle, pour la transpercer.

 
 
Bien, c'est bien Akira ! Ça y est, tu l'as plaquée au sol, tu l'as sous toi, tu peux prendre cette lame et l'égorger facilement maintenant, tu peux la tuer en un instant !
Oh mais non, pourquoi rien ne se passe comme prévu ? Pourquoi est-ce qu'elle résiste ? Pourquoi a t-elle activé son innocence, pourquoi a t-elle eu le temps de jouer de son violon, ? Et pourquoi est-ce que ça a invoqué du vent, un vent violent, un vent fort, qui t’éjecte, te repousse jusqu'au mur ? Tu te prends le mur de plein fouet et tu t’écrases, ce qui te coupe le souffle pendant un moment. Tu serres les dents alors que la douleur te paralyse le dos. Non, allez Akira, tu peux faire mieux... Je ne t'ai pas choisi pour rien...

Tu as à peine le temps de te relever que la fille se remet à jouer du violon. Tu sais ce que ça signifie : une nouvelle attaque se prépare. Et en effet, immédiatement, tu sens quelque chose. Une sensation familière. C'est ta tête, Akira. Ta tête te fait souffrir. C'est presque une habitude, maintenant.
Mais n'oublie pas, surtout ne n'oublie pas. Parmi ce brouillard qui envahi désormais ta tête, n'oublie pas que moi, je suis toujours là...

-crève exorciste, hein ? tant de haine pour ton propre camp.

Tu serres les dents, ne comprenant pas ce qu'elle veut dire.
Mon... camp ?
Non Akira,. Ce n'est pas ton camp. Elle t’embrouille Akira, fourbe manipulatrice.
Elle a dit... Mon camp ?

-de là à vouloir notre mort avec tant d'ardeur... ça cache sûrement quelque chose. en un mois, tu nous haïs déjà tous, c'est quand même fort ça non ?

TAIS TOI. TU DOIS MOIRIR OKAY ? TU ES JUSTE CENSE LA FERMER ! SALE EXORCISTE !
Un mois... Où ?
SILENCE ! SILENCE !!!

Doucement... Calmons nous...
Malgré le son d'innocence qui te torture la tête, qui t'empêche de bien te redresser, tu m'entends encore. Bien Akira, bon garçon...
Et tu te souviens de ce que je t'ai dit ? Que ce sont des menteurs. Qu’elle essaiera de te parler, de te manipuler. Ne la laisse pas jouer avec toi, Akira. Tu n'es pas sa marionnette. Tu es la mienne.

-Je n'ai jamais été dans votre camp.

Et sur ces paroles, tu baisses les yeux vers ta lame de sang. Tu dois faire cesser cette mélodie, tu dois faire cesser cet horrible mal de tête qui te martèles le crâne.
Et tu sais comment. D'un mouvement rapide et précis, tu te sectionnes les doigts de la main, la même main avec laquelle la fille joue du violon. L'entaille à tes doigts est profonde, et saigne abondamment. Aussitôt, la blessure à tes doigts disparaît, et réapparaît telle quelle sur la main de la musicienne. Nul doute qu'avec une blessure pareille, elle ne pourra pas jouer de son violon...

Mais toi, pendant un court instant au moins, tu ne pourras pas utiliser ta main non plus. Oh non, tu viens de te transpercer les doigts, et même si la blessure a disparu, tu ressens encore une douleur vive.
Alors, tu saisis ta lame de ton autre main, et vise la fille. Ton mal de tête t'empêche de bien viser, et tu n’es même pas sûr de pouvoir la toucher dans ces conditions. Néanmoins, tu dois essayer.
Tu lances alors ta lame de sang vers elle, espérant l'atteindre.

 
 
Et hop, quelques doigts en moins ! Avec ça, tu espères l'empêcher de jouer de son violon. Son violon, c'est son innocence, Akira. Tu te souviens, cette innocence que tu dois éliminer. Cette innocence qui est la source de ta vengeance, cette innocence qui a détruit ta famille, cette innocence qui t'a tout pris. C'est vers elle et uniquement vers elle que tu dois diriger ta haine Akira. Détruis moi ce violon, tu veux ?
Tu avais lancé ta lame de sang vers l'exorciste, et, comme tu t'y attendais, celle-ci n'atteignit pas sa cible. Elle lui frôle la joue, mais c'est tout. Il ne fallait pas s'attendre à grand-chose en même temps, entre la distance et ton mal de tête.

-oh ? vraiment ? pourtant, tu es dans l'unité du maréchal tiedoll. tu ne te souviens pas de notre première rencontre ? parce que, moi, oui.

Tu l’observes alors qu'elle se relève, réfléchissant à ses paroles. Quoi ? Non, non, ne réfléchis pas trop à ça, Akira ! Ce ne sont que des mensonges, des manipulations !
Et puis tu essaies de te souvenir, chose très difficile chez toi. Te souvenir de votre rencontre. Et puis tu as un éclair. Une volée d'insultes au détour d'un couloir. Rien de plus.
Oui, absolument rien de plus Akira. Quel couloir ? Tu n'as pas besoin de le savoir. Une volée d'insultes, c'est tout. Autant dire que tu n'avais pas forcément envie de t'en souvenir...
Tu vois ? Rien que des mots...

Pourtant, il y a bien un nom qui te dis vraiment quelque chose. "Tiedoll". Une silhouette se dessine alors dans ton esprit. Celui qui t'as appris à te battre, celui qui t’a pris sous son aile, celui qui...
STOP ! Tiedoll, ce n'est qu'un nom qui appartient au passé, un nom qui n'a rien à voir avec tout ça.

-Ugh... Kh...

Tu te prends la tête dans tes mains, ferment les yeux, essayant de te souvenir.
Mais rien ne te vient. Absolument rien. Dans ta tête, c'est une lutte constante entre tes souvenirs, et ces souvenirs faux, ceux qu'on veut t’inculquer, ceux qu'on veut te faire croire.
Mais lesquels sont les vrais, Akira ? Tu n'en sais rien ?
Moi je le sais. Et il ne faut pas écouter cette manipulatrice.
Tu sais quelle est ta vérité à toi, n'est-ce pas ?

-mais, surtout, je ne comprends pas.. tu es un exorciste toi aussi. t'as cru que t'étais un magicien avec ton sang ? tu es un exorciste. et tu es des notres. nous sommes arrivés en même temps, le mois dernier. navrée d'être celle qui te l'apprend, nakamura. mais tu es dans notre camp. enfin, sauf si quelque chose a changé depuis que tu es arrivé à abidjan.

Exorciste. Je suis... Un exorciste ?
NON ! Tu n'es pas un exorciste, Akira.
Qu'est-ce qu'il s'est passé à Abidjan ? J'ai rencontré ce clown, et...
Et nous avons décidé ensemble qu’il fallait éliminer les exorcistes. Éliminer tes ennemis, Akira. Éliminer...

-黙れ !!!

Tu commences à péter un plomb, à crier. "Tais toi". A qui dis-tu ça, Akira ? A elle, à toi, à moi, à tout le monde en même temps sûrement. Dans ta tête, c'est le grand fouillis, et tu n'arrives même plus à penser correctement. D’autant plus que l’effet de son innocence marche toujours sur toi. Tu as vraiment l’impression que ta tête va exploser.
Foutu exorciste. Ça aurait été plus simple de se salir les mains...

Mais tu reprends finalement tes esprits en voyant la jeune fille agir. Celle-ci ramasse ta lame de sang, la soupesant. Elle doit bien avoir remarqué que celle-ci est incroyablement fine à bien y regarder de plus près, et très légère. Et puis elle la lance. Sur toi.
C'est cette attaque qui te sort de ta torpeur. Tu vois ta propre lame de sang se diriger vers toi, et, au moment où elle va te transpercer le ventre, celle-ci se liquéfie, ne laissant qu'une large tâche de sang salir tes vêtements. Évidemment, si tu sais donner plusieurs formes à ton sang, tu peux également le liquéfier tant que tu veux.
Mais pour toi, c'est bien plus qu'une attaque. C'était la certitude qu'il te manquait.
Cette fille est ton ennemie.

Et voilà qu'elle recommence. Regarde comme elle se fout de ta gueule, Akira.

-ce n'est pas très gentil d'attaquer ses alliés. ce n'est pas très gentil de vouloir tuer ses alliés, alors qu'ils ne t'ont rien fait.

Tu relèves le regard vers elle, ne te tenant plus la tête. Sa voix à elle ne t’atteint plus. Une autre voix t’atteint à la place.
Mensonges.

-Mensonges.

Je n'ai jamais été un exorciste.

-Je n’ai jamais été un exorciste.

Et je vous ai toujours haïs.

-Et je vois ai toujours haïs.

Aussitôt, tu sors deux autres de tes fioles de sang, et les brises. Il te faut un moment pour réussir à te concentrer, à cause de la mélodie infernale, pourtant, tu y arrives. Le sang se matérialise cette fois ci en un long katana, que tu saisis de ta main droite. Tu fonces alors vers elle avec un cri de guerre. Elle n'a plus la dextérité qu'elle possédait avec son violon à cause de ses doigts blessés, et son pied blessé l'empêche de courir. Tu sais que tu ne dois plus la lâcher désormais. Même si toi aussi, tu n'as plus ta dextérité, à cause de sa mélodie.
Alors tu comptes plus sur ton observation que ta vitesse : tu donnes un grand coup horizontal avec ton katana, partant de la gauche, sachant que son pied blessé l’handicaperait pour bien esquiver.

 
 
Attaque, Akira, attaque ! Avec ton katana, tu devrais pouvoir la blesser gravement. Après tout ; tu es doué avec un katana, non ? Tu ne devrais pas avoir de difficultés à la taillader, à la tuer, enfin. Vas-y, Akira, je sais que tu en meurs d'envie.
Mais pourquoi, pourquoi est-elle si persistante ? Pourquoi est-ce qu’elle continue de jouer ? Pourquoi est-ce que tu entends toujours cette mélodie qui résonne dans ta tête ? Pourquoi est-ce que ça t'empêche de bien réfléchir ? Pourquoi est-ce que ça t'empêche de te concentrer ? Pourquoi est-ce que tes mouvements sont plus lents, moins précis ?

Et là, c'est le drame. Tu n’entends plus rien. Littéralement rien. Aucun son ne te parvient, pas même celui de cette mélodie, au violon, pas même le cri qui avait traversé tes lèvres, en attaquant. Plus rien. Le blanc total.
Heureusement cependant, les voix de ta tête, elles, sont toujours bien audibles.
Il te fait un certain temps pour réaliser que ta surdité vient justement de la mélodie jouée par l'exorciste. Cependant, elle aussi a profité de ce temps pendant lequel tu étais complètement ailleurs. Avant que ton coup ne puisse l'atteindre, elle avait rejoué de son violon, recréant une barrière de vent. Aussitôt, tu es à nouveau repoussé plus loin. Tu percutes à nouveau le mur, avant de t’effondrer par terre. Tu grognes, serres les dents. A nouveaux ton assaut n'a servi à rien du tout, et tout ce que tu as gagné, c'est te faire projeter plus loin avec en prime un nouveau mal de dos.
Non, ça ne peut pas finir comme ça ! Relève-toi, Akira ! Pulvérise-la, Akira ! FINIS-LA, AKIRA !
Tu te redresses difficilement, toujours perturbé par la perte de ton audition soudaine. Ne t'inquiète pas Akira, c'est encore mieux comme ça. Il n'y a qu'une seule voix que tu as besoin d'entendre. Et cette voix, tu peux déjà l'entendre dans ta tête. Pas besoin d'oreilles, pour ça.

Concentre-toi sur ton objectif, Akira : son violon. C'est à cause de ça qu'elle génère sa barrière de vent, qu'elle te rend sourd. Et tu sais comment y arriver.
Tu saisis ton katana, et tu le plantes dans ta main, la même main avec laquelle la blonde saisissait son violon. Tu retires aussitôt la lame de ta main. Du sang s'en écoule abondamment, mais la blessure se referme aussitôt, pour réapparaître sur la main de ton adversaire. Cela devrait lui faire lâcher son violon.
Alors tu n'as pas de temps à perdre Akira, vite ! Tu te relèves en vitesse, et cours vers elle, et plus spécialement le violon qu'elle a fait tomber. Tu donnes un grand coup de pied dans l’instrument de musique, l’éloignant loin derrière toi, l'éloignant le plus possible de la musicienne. Puis, tu brandis ton katana, et frappe droit sur elle, espérant cette fois ci la blesser.

 
 
Tu n'as pas touché, Akira. Encore une fois, tu as raté, encore une fois, elle a esquivé. Combien de blessures devras tu lui transmettre avant qu'elle n’arrête de bouger dans tous les sens ?
Toi par contre, tu n’arrives pas à esquiver le coup de pied qu'elle te donne au torse, et tu recules sur le coup. Cela lui donne largement le temps de courir pour récupérer son violon. Tu pestes entre tes dents. Tous tes efforts pour l’éloigner de son arme, pour rien.

Tu te lances directement à sa poursuite, ne lui laissant aucun répit. Tu te réjouis de sentir que ta surdité s’amenuise, néanmoins tu te réjouis trop tôt, Akira. Elle a déjà eu le temps de reprendre son violon et de rejouer cette horrible mélodie qui te brise les tympans. Perturbé, tes sens te trompent, et tu perds l’équilibre. Tu arrives à te redresser, néanmoins tu plaques ta main sur ton oreille, ne supportant plus ce son. Qu'est-ce que tu attends Akira ? Tu n’as pas besoin d'entendre pour la tuer ! Redresse-toi et attaque-la !
Alors c'est ce que tu fais, difficilement. Et heureusement d'ailleurs. Tu n'as rien entendu de ce qu'elle t’a dit, mais en revanche tu vois bien le pistolet qu'elle pointe vers toi. Tu as tout juste le temps de te jeter sur le côté pour esquiver la balle destinée a ta jambe. Néanmoins, l’une des balles atteint ta main gauche, et l'autre ton avant-bras. Tu étouffes un cri, grinçant fortement des dents et plaquant ta main valide sur tes blessures.
Oh, tu es déjà vaincu, Akira ? Non, ne me dis pas ça voyons. Tu es capable de bien plus, non ? Ne me déçois pas voyons. Tue cette foutue exorciste !
L’avantage à te blesser, c'est qu'elle te fournit elle-même tes armes. Oh tu saignes bien, ça c'est sur. Qu'elle étrange arme, à devoir te blesser pour l'utiliser.

Tu sais que tu ne dois pas perdre de temps, sinon tu finiras en gruyère. Tu es peut-être sourd, mais tu as encore ta vue. Tu vises alors la main avec laquelle elle tient le pistolet. Rapidement, tu sépares alors ton katana en deux dagues. Tu envoies une dague sur son pistolet ou la main qui le tient -tu ne sais pas, tant que ça l’empêche de tirer c'est bien, le reste on s'en fout- et l'autre sur le ventre de la fille. Tu ne t’arrêtes pas la -non Akira, vas-y jusqu’au bout. Tu te précipites vers elle, quoiqu’un peu maladroitement à cause de la perte d’un de tes sens qui te perturbe grandement -tu entends toujours ma voix Akira ? Bien c'est la seule chose que tu dois entendre. Tu as l’air d’un fou à te précipiter sur elle sans arme.
Mais le sang, ton sang qui s’écoule abondamment de ta blessure par balle a recouvert ta main. Et, ce n’est que lorsque tu es près d'elle que tu matérialises ton innocence, laissant l’effet de surprise jusqu’à la fin. Par ta simple volonté, le sang prend forme à nouveau, devenant une dague incroyablement fine et meurtrière.
Et tu la frappes avec.

 
 
Splash ! Le sang s’écoule à flots, alors que la dague traverse le bras de la blonde. Elle crie, elle a mal, elle souffre. Mais ce n’était pas son bras que tu visais. Reprends toi Akira, elle est toujours en vie, et, même si elle n’a plus son violon en main, elle a une arme toute aussi dangereuse. Haha, que vous êtes faibles, vous les humains, menacés par un simple pistolet un simple civil pourrait vous tuer en appuyant sur une gâchette. Une simple pression et pouf ! A plus.
Que vous êtes fragiles, vous les humains.
Pourtant, vous voilà, tous les deux sanglants, tous les deux gravement blessés, luttant à mort. Vous voilà à vous accrocher à la vie désespérément, de toutes vos forces, à vous donner coup pour coup. Car après lui avoir transpercé le bras, voilà qu’elle te tire dans la jambe, te faisant aussitôt ployer, et tu finis genou à terre. Oh ça ne va pas aller Akira, tu es en position de faiblesse, alors reprends toi ! Tu veux la tuer, oui ou non ?

-RÉVEILLE TOI !

Et là, tu l’entends. « Réveille-toi ».
Réveiller ? Réveiller de quoi ? Je suis déjà bien réveillé.
Et elle te donne un coup de pied pour te faire chuter au sol. Tu as à peine le temps de te redresser que tu vois le canon d’une arme pointé sur ton front, entre tes yeux.
Elle te tient, Akira. Tu vas vraiment te laisser faire, te laisser tuer, alors que c’est toi qui devais la tuer ? Tu vas vraiment me décevoir, Akira ?

Non, non Akira, tu es encore conscient, et tant que tu le seras, tu ne donneras aucun répit à tes ennemis. Alors tu liquéfies la dague de sang qui s’est plantée dans le bras de la violoniste, et tu tends la main en dessous. Aussitôt, le liquide écarlate atterrit dans ta main, reprenant la forme d’une dague, que tu plantes cette fois dans la jambe de la jeune fille. Tu profites de ce bref instant pour écarter la tête, te mettant hors de la trajectoire de l’arme à feu, et rematérialise une arme à partir de ta blessure à la jambe, qui saigne abondamment. Sans plus attendre, tu la saisis, et te force à te redresser sur ton autre jambe, celle qui n’est pas touchée. Oh dans ton état, tu ne peux plus marcher Akira, comme c’est dommage. Mais ce n’est pas grave, car tu es juste à côté de la blonde, un simple mouvement de bras pour la poignarder, et c’est fini Akira, tout sera fini.

-TU ES UN EXORCISTE, REPRENDS TOI !

Tu t’apprêtes à baisser l’arme sur la jeune fille, pour la poignarder.
Et tu. T’arrêtes.
Et tu. N’entends plus rien.
Rien.
A part le cri de Destiny.
A part les gouttes de sang qui tombent en cascade sur le sol.
A part ta propre respiration difficile.
Rien d’autre.
A part l’horreur, dont tu viens de faire preuve.
A part cet immonde acte de trahison.
A part le crime, que tu allais à nouveau commettre.

L’arme que tu tenais dans les mains se liquéfie alors, ne laissant qu’un flot de sang s’échapper de tes mains, s’effondrer à terre. Ton unique œil vert, exorbité, ne quitte pas les yeux de l’exorciste qui se tient devant toi.
L’exorciste que tu as failli tuer.

-Non… Nononon… Je…

Je l’ai encore fait.
Ca te rappelle quelque chose, Akira ? Une jeune femme qui crie, ensanglantée, toi avec une lame de sang, lame qui finit par la tuer.
Ça te dit quelque chose, Akira ?
Toi, le criminel.

-否… もう一度.

Tu recules, ton regard empli d’horreur et d’effroi, en réalisant maintenant ce que tu t’apprêtais à faire, ce que tu as déjà fait.
Pourquoi, Akira ? Pourquoi est ce que tu as fait ça ? Tu n’as aucune raison de retourner ta veste comme ça, de t’attaquer à une exorciste. Pourquoi, Akira ?
Ah, parce que…

Et tu es pris d’un fort mal de tête, d’un coup, un mal à te faire exploser la tête, si fort que tu fermes d’un coup les yeux et que tu te prends la tête dans les mains. Si fort que d’un coup, tu ne penses à rien d’autre qu’à cette douleur, qui t’assommes, complètement. Et, d’un coup, c’est le noir complet dans ta tête, et tu t’effondres à terre, inconscient.
Mais libéré. Pour l’instant.