3 juin 189X+1 - Boston | La brise du vent chaud fit voleter tes cheveux rebelles en arrière, les quelques mèches qui recouvraient ce visage qui ne t'appartenait pas se plaquant contre ta peau. Tes yeux bruns étaient rivés vers ces jardins qui se dessinaient tout autour de l'auberge, celle-ci dévoilant sa devanture avec de plus en plus de détails au fur et à mesure que tu t'avançais vers elle. Ses couleurs chaudes contrastaient avec le chagrin qui te submergeait toujours plus lorsque tu te dirigeais vers cet endroit. Après tout, il avait été le commencement d'une nouvelle vie. Après tout, il avait été les prémices de ta vie future avec Shéhérazade. Tout ce qui entourait cette auberge et le bâtiment en lui-même te ramenait sans cesse à ce que tu avais chéri le plus – et à ce que tu voulais chérir encore et encore, mais comment faire désormais ? Tu n'étais plus dans ta propre chair, incapable d'agir au naturel. Tu agissais de manière superficielle. Tu n'étais qu'un artifice, donnant l'illusion que Abraham était encore vivant, encore là et lui et pourtant si Sehrazat avait pu voir à travers ta carcasse elle aurait vu la prison dans laquelle tu étais enfermée – elle t'aurait vu toi, elle aurait vu ta détresse elle aurait vu tout cet amour qui débordait pour elle et tout le courage qui brûlait encore dans ton esprit impétueux pour la protéger, la préserver de ce qui t'avait tué et de ce qui l'avait menacé (ainsi que de cette vérité impossible à révéler).
Les violettes, les coquelicots et les lavandes coloraient ces espaces verdoyants, soufflés par un vent d'été qui abattait l'herbe et qui fit rabattre les oreilles de Cosmos sur son crâne. Le chien avait la gueule ouverte, la langue pendante et lorsqu'il te vit – il aperçut le frère de son maître – il courut vers toi, la queue remuant de bonheur pour t'accueillir alors que tu passais le portail. « Oh, Cosmos. Doucement, doucement ! » soufflas-tu en souriant tendrement, t'abaissant légèrement pour lui caresser le crâne, glissant tes doigts derrière ses oreilles pour les lui gratter alors qu'il posa ses pattes sur ta cuisse, heureux de te voir. L'animal avait aboyé, signalement ta présence à l'hôte de l'auberge et celui-ci n'était autre que ta fiancée. Tu relevas la tête et il ne te suffît que d'apercevoir à nouveau son visage pour que ton cœur se soulève dans ta poitrine et que toutes ces choses que tu contenais dans ton palpitant ne menacent de s'extirper. Pourtant, tu ne pouvais rien dire. Tu devais te murer dans un silence insupportable, taire tous ces surnoms et ces mots qui dévalaient tes pensées en une cascade inépuisable. Pour elle tu n'avais aucune limite. Pour elle tu étais prêt à tout et à ce jour il te fallait brider tes sentiments, soumettre tes désirs et oppresser ce qui faisait de toi Lion.
Abraham. Tu es Abraham. « J'ai un peu de retard, désolé. » dis-tu en t'approchant, confrontant l'essence même de qui tu étais pour jouer une comédie que tu n'appréciais guère. En vérité, tu n'avais pas d'excuse particulière pour ton retard. Il t'avait simplement fallu un peu de temps pour te préparer. Un peu de temps pour t'imaginer la retrouver encore une fois sans pouvoir l'enlacer, sans pouvoir enfouir ton visage dans son cou et ressentir la chaleur de son corps ni entendre dans ton oreille la mélodie de sa voix. Un peu de temps, pour te faire souffrance et t'intimer d'agir comme l'aurait fait ton frère. Un peu de temps, pour souffler et tenter de calmer cette peine qui prenait bien trop de place – et pourtant le feu continuait de s'embraser en toi, à combattre ce désespoir dont tu ne voulais pas parce que tu ne baisserais jamais les bras et s'il fallait souffrir pour la préserver d'une vérité qui ferait bien trop mal alors tu subirais encore et encore, jour après jour, davantage et jusqu'à la fin s'il le faudrait. « Comment vas-tu ? » demandas-tu alors avec calme, sentant à chaque pulsion dans tes veines une douleur qui perdurait, qui s'était ancrée en toi, te tenant compagnie. Et cette douleur n'était que plus forte lorsque tu apercevais ce ventre rond – ce bébé qui était tiens, qui était vôtre et qui grandirait sans son père parce que tu jouerais le rôle de l'oncle et alors ce bébé connaîtrait son paternel à travers sa marâtre et toi-même, sans jamais pouvoir écouter véritablement ce que tu voudrais lui dire. Mais tu ne baisserais pas les bras, Lion. Tu repoussais encore et toujours toutes ces tentations qui venaient à toi, toutes ces choses qui te donnaient tant envie et pour lesquelles tu n'avais d'autres choix que de tourner le dos. La reconstruction de ta fiancée était bien plus importante que la tienne, voilà tout. Et je voudrais te dire, chaque jour, que je ne suis qu'à quelques mètres de toi, que je suis là, prêt à te prendre dans mes bras, prêt à te dire qu'il n'a jamais été question d'Abraham mais qu'il a toujours s'agit de Lion.
borderland sorrows (sehrazat)
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Re: borderland sorrows (sehrazat)
Se lever était un peu plus compliqué ce matin, non pas que tu ne voulais pas quitter ton lit (si (tu n’aurais voulu ne jamais quitter ton lit en réalité), mais la nausée qui t’avait réveillée était tenace, et le verre d’eau fraîche n’avait rien fait pour t’aider. Tu avais passé trop de temps dans la salle de bain tentant tant bien que mal de ne pas vider le contenu de ton estomac à chacune de tes respirations (sans succès). Tu étais exténuée, et ta tête ne cessait de tourner ; tu aurais bien aimé rester ici, assise sur le carrelage froid de la salle de bain, ta tête contre tes genoux, a attendre que le temps ne passe et que la nuit n’arrive pour retourner te coucher. Tu aurais aimé que Lion vienne te voir, pose sa main sur ton épaule et t’accompagnes jusque votre chambre, qu’il prenne soin de toi comme il l’avait déjà fait autrefois.
Une larme s’échappa du coin de tes yeux et tu fus rapide a la faire disparaître. Si rester ici a se lamenter sur ton sort était une idée bien tentante, tu avais d’autres responsabilité, et tu ne pouvais pas t’en défaire. En plus, Abraham était censé passer d’ici quelques instants ; tu devais te préparer, pas questions de te montrer dans cet état a celui qui était devenu ta famille.
Le temps que tu passas sous la douche aida quelque peut à faire passer la nausée, mais tu restais morte de fatigue ; t’habiller fut une tâche bien plus compliqué que ce que tu pensais, et tu ne prit même pas le temps de coiffer tes cheveux, les laissant retomber dans ton dos en boucles bien trop imposantes. Tu aurais le temps de le faire plus tard sans doutes.
La cuisine te semblait bien vide aujourd’hui ; elle était bien vide depuis longtemps en réalité. Encore aujourd’hui, quand tu descendais les escalier tu t’attendais a voir Lion, dos a toi, en train de jouer avec Choppin sur le comptoir, une tasse de café dans sa main, l’autre se glissant dans ses cheveux. Tu entendais encore son rire qui semblait si doux à tes oreilles, tu te voyais te glisser dans son dos sans un bruit pour lui chatouiller les cotes, et tu te souvenais encore de son regard si malicieux alors qu’il plaçait un baiser sur ton front avant de te rendre la pareille.
Tu te souvenais de tout ça, et aujourd’hui plus qu’autrefois, ces souvenirs remontaient en toi et te tordait la gorge presque douloureusement. Oh qu’aurais-tu donné pour le revoir encore une fois, ne serait-ce que quelques instants, quelques secondes, pour entendre son rire, croiser ses yeux si brillant et glisser ta main dans ses cheveux si doux.
De nouvelles larmes firent leur apparition au coin de tes yeux, et avant même que tu eu le temps de les effacer, c’est les aboiement de Cosmos qui t’interpellent, et le regard d’Abraham que tu croises dehors. Un sourire naît sur tes lèvres alors qu’il s’approche de toi, Cosmos sur ses talons. « J'ai un peu de retard, désolé. » tu hausses les épaules comme pour balayer son commentaire, après tout toi aussi tu en as, tu ne peux pas lui en vouloir. Et au fond de toi, tu es presque contente qu’il soit en retard, qu’il ne t’ai pas vue dans l’état pitoyable où tu étais tout à l’heure. « Comment vas-tu ? »
Tu te contentes de sourire, glissant une mèche rebelle derrière ton oreille « Un peu fatiguée, » avoues-tu du bout des lèvres, tu n’aurais pas pu mentir de tout façon, Abraham l’aurait deviné de suite « Ce petit bout est capricieux en ce moment, je ne peux pas avoir un moment tranquille, » Pouffes tu doucement, glissant une main sur ton ventre gonflé « Et toi ? Tu veux quelque chose a manger, ou a boire peut-être ? »
Re: borderland sorrows (sehrazat)
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Revoir ta fiancée sans pouvoir l'approcher comme tu l'aurais souhaité était aussi douloureux que marcher sur des braises, manquer d'oxygène ou traverser un champ d'épines. Combien de temps pourrais-tu supporter cette comédie ? Combien de temps supporterais-tu de ne pas pouvoir lui dire que tu étais là, tout prêt d'elle alors qu'elle pensait que tu étais si loin ? Toujours. Tu n'avais d'autres choix, après tout : il s'agissait là de préserver ta bien-aimée du chaos que représentait la Guerre Sainte et de ce qu'elle contenait à travers le Comte (des machines nées du désespoir et toi tu en faisais partie, revenu à la vie parce que ton frère n'avait pas accepté ton sacrifice). Oui, pour ta Shéhérazade, il n'y avait pas d'hésitations quant à ce que tu voulais pour elle et s'il fallait que tu traverses toutes ces tempêtes émotionnelles à chaque fois, tu foncerais encore et encore. Le sourire qu'elle t'offrait – qu'elle offrait à Abraham – te mettait toujours dans tous tes états mais voilà tu avais un rôle à jouer et tu réprimas un élargissement de tes lippes et les larmes au creux de tes yeux. Tu réprimas ces sentiments qui débordaient de ton cœur sanguinolent, et tu hochas doucement la tête, tes yeux bruns s'abaissant vers ce ventre rond où se tenait à l'intérieur un bébé qui était tiens.
Capricieux. « Il semble qu'il soit aussi agité que son père avant même d'être né. Tu devrais te ménager. » dis-tu d'une voix calme – cette voix résonnant appartenant à ton frère car tu étais désormais dans sa carcasse, t'imprégnant de son caractère comme si jamais tu n'avais été Lion, comme si tu avais toujours été Abraham. Et tu aurais voulu toucher ce ventre, poser ton oreille contre celui-ci pour écouter la vie qui se formait à l'intérieur – ton enfant (fille ou garçon ?) qui évoluait jour après jour. Tu aurais voulu lui parler, lui dire que son père avait hâte de le voir respirer l'air de ce monde et observer les champs se colorer lorsque les fleurs auraient fleuries, mais tu étais l'oncle et tu n'aurais jamais droit à cette intimité. Et toi ? Et toi, Lion, comment tu allais ? Le feu brûlait encore et toujours en toi, repoussant le désespoir, repoussant la noyade dans les ténèbres. Tu restais fort, tu restais rempli de volonté et d'énergie pour protéger ta belle (ta douce). Tu restais cette tempête qui combattait les autres, mais ça n'empêchait pas ton palpitant de pleurer le funeste destin auquel tu avais eu droit. Ça n'empêchait pas ton esprit d'être peiné face à ce que tu avais perdu (et c'était toute la vie que tu avais souhaité mener qui s'était fissurée, qui s'était brisée) mais Shéhérazade était toujours là et elle mettrait bientôt au monde votre bambin, alors il valait la peine de se battre encore et encore. « Je vais bien et hm... tu as du thé ? » demandas-tu avant de lever les yeux vers la pancarte qui se soulevait légèrement face au vent, ton cœur douloureux à chaque battement.
Tu te rappelais qu'elle avait été détruite lors de l'attaque des Akumas. Et avant ça, tu te rappelais l'avoir accroché au mur alors que ta fiancée tenait l'échelle pour être sûre que tu ne tombes pas. « Comment se porte l'auberge ? » Tous ces petits détails qui vous entouraient te ramenaient indéniablement à ta vie d'avant – ta vie chérie, celle qui avait fait de toi l'homme le plus heureux du monde et personne ne pouvait mesurer l'ampleur de ce bonheur que tu avais ressenti. Oh, Seh', si tu savais comme cela me manque. Si tu savais à quel point je voudrais crier que cet endroit est nôtre et que je ne le quitterai jamais.
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