Les mains enfoncées dans les poches de ton pantalon, un lourd sac accroché à ton épaule, tu flânes dans les rues de ta ville, où une brise douce est venue se perdre, jouant dans tes mèches aquarelles et faisant voler la fumée âcre de ta cigarette. Tu as toujours aimé les soirées d’été, à la chaleur presque discrète et où le curieux chanceux pourra apercevoir quelques étoiles filantes perdue au milieu des constellations — et alors, sans même t’en rendre compte, tu lèves les yeux au ciel et t’arrêtes, admirant les étoiles et te demandant, distraitement, si tes parents se trouvent parmi elles. « Mademoiselle Morawski. Eh bien vous êtes bien chargée dites moi !L’homme te parle de sa famille et tu l’écoutes, d’une oreille distraite, bien plus concernée par ce poids sur ton épaule douloureuse que ses problèmes de mariage et ses suspicions de tromperie — ça t’apprendra, tiens, à être polie. Cependant, tu l’écoutes tout de même, cherchant une information qui pourrait t’être utile pour mener à bien tes missions et sauver ta peau. Non pas qu’elle soit réellement en danger, il t’a semblé être assez discrète pour être en sécurité, mais on ne sait jamais. D’ailleurs, comme s’il pouvait lire dans tes pensées, voilà que ton cher ami rajoute, dans un sourire (carnassier) hypocrite. « Sans doute que tout cela ne sont que des coïncidences, je serais obligée de sévir sinon. Les femmes, je vous jure, on ne peut leur faire confiance ! A part vous, bien sûr, Mademoiselle Morawski » (carnassier) « Enfin, je vous retiens pas plus longtemps. Bonne soirée, Magdalena »Si tu as blêmi devant ses menaces à peine voilée, tu n’en montres rien et lui adresses un mouvement poli de la tête avant de reprendre ton chemin. Merde. Merde, merde, merde. L’esprit en ébullition, tu cherches l’évènement ou la parole qui leur aurait mis la puce à l’oreille. MERDE. Voilà que tu presses le pas, la mâchoire serrée et les sourcils froncés. Tu étais pourtant persuadée d’avoir fait les choses correctement ou, en tout cas, suffisamment discrètement pour qu’un imbécile comme le maire passe à côté de tes écarts de conduite. m e r d e A moins qu’il ne bluffe, que tout ceci ne soit que des paroles en l’air, pour te rappeler cet aval qu’il a sur toi et le contrôle qu’il garde — d’une main avide — sur cette ville. Il faudra que tu te défasses de lui un de ces jours, que tu détricotes maille par maille la grande toile qu’il a réussi à tisser jusque dans les villes voisines. Un réseau de brookers est une chose, mais un réseau à sa seule solde t’inquiète et t’exaspère au plus au point. Un visage te tire de tes pensées et vient, presque immédiatement, adoucir ton regard. Tu ralentis la cadence et, une fois arrivée à son niveau, c’est un sourire qui s’est dessiné sur ton visage marqué par la fatigue et ces brûlures indélébiles. « Milena ? Cela faisait longtemps, que faites vous ici ? » Ta voix est douce, amicale, preuve évidente de ton affection pour la jeune femme — tu apprécies sa droiture et sa discrétion (qu’importe les actes qu’ils lui font faire). « Chez qui restez vous ce soir ? Je suis désolée je n’étais pas au courant de votre arrivée, j’aurais demandé à ce que je sois celle qui vous loge sinon. Surtout si vous êtes chez la vieille Olga » rajoutes tu dans un sourire discret. |
GASMASK |
Liberté (Welcome to hell dear) || Milena
Rang F
— 230 ptsRang E dans 170 ptsRe: Liberté (Welcome to hell dear) || Milena
La nuit est en train de tomber quand je descends du train, ma valise à la main. Ça fait plus de 48h que je passe mon temps dans des gares et dans des wagons branlants, essayant de disparaître par l'imprévisibilité de mon trajet. Ma valise est un poids bien léger dans ma main, mais c'est tout ce que j'ai osé emporter pour ne pas avoir un énorme sac repérable à des lieues à la ronde. J'ai détaché mes cheveux, et mes habits sont féminins, mais simples. À cette heure, je pourrais être une ouvrière qui travaille à la ville et rentre voir sa famille.
Zgierz. La "ville sûre" selon mes supérieurs, à chaque fois que j'ai dû aller en Pologne. Ça me rendait dubitative, à l'époque. Maintenant, avec ce que je sais, ça me terrifie. Et pourtant c'est là que j'ai décidé d'aller pour ma première planque. D'abord parce que c'est presque le dernier endroit où ils s'attendent à ce que je me cache. Ensuite parce que j'y connais quelqu'un qui ne parlera pas. Enfin parce que j'y suis toujours venu, mais jamais venue, et que mon apparence féminine est ici le meilleur déguisement.
La nuit finit de tomber le temps que je rejoigne le centre-ville et ses petites routes pavées. Je me remémore le plan du quartier où je compte loger, pour ne pas rater la maison où je compte dormir. Puis, en arrivant sur une place, je vois Magdalena un instant avant qu'elle ne me reconnaisse, un lourd sac sur l'épaule, jetant un regard noir à un homme qui s'éloigne. Le maire de la ville, un type faux et hautain au possible.
Nos regards se rencontrent et je me dirige alors droit vers elle en souriant. Elle me salue avant que j'ai le temps de formuler une phrase.
Milena ? Cela faisait longtemps, que faites vous ici ? Chez qui restez vous ce soir ? Je suis désolée je n’étais pas au courant de votre arrivée, j’aurais demandé à ce que je sois celle qui vous loge sinon. Surtout si vous êtes chez la vieille Olga.Je continue de me rapprocher vers elle, avec un grand sourire. Je pose ma valise et, en appelant son nom avec joie, je prends mon interlocutrice dans mes bras. Profitant de sa surprise, je lui parle à l'oreille.
Je suis vraiment heureuse de te voir.Je réalise à quel point c'est vrai, à quel point je me suis sentie seule et vulnérable ces derniers jours. Mais plus tard, les sentiments. Je chuchote les informations capitales à toute vitesse.
Personne ne sait que je suis ici. Évite de m'appeler Milena en public. J'ai besoin que tu m'héberges quelques jours.Je m'écarte d'elle pour la laisser encaisser le choc. Je regarde autour de nous en tournant la tête de tous côtés comme si j'étais heureuse de retrouver un lieu familier. Ce qui me permet de vérifier que personne ne s'intéresse trop à nous, et de donner l'occasion à mon interlocutrice de se ressaisir.
Puis je fais le geste de prendre son sac, sous le poids duquel elle semble peiner mais qu'elle n'a pas lâché dans sa surprise.
On y va ?
Re: Liberté (Welcome to hell dear) || Milena
Rang F
— 230 ptsRang E dans 170 ptsTes questions restent, un temps, sans réponse, ce qui ne te surprend pas le moins du monde. En vérité, tu ne relèves même pas vraiment, habituée depuis longtemps aux secrets et aux mensonges qu’on n’ose dire — et tu préfères, de loin, un silence au faux. Non, ce qui te surprend, c’est l’étreinte que te donne Milena, te prenant de court. Tu restes figée, ne sachant que faire, ayant oublié depuis longtemps la forme que prend l’amitié ou la joie. Si connais le contact humain, tu n’y vois aucun inconvénient même, mais des embrassades simples, sincères, ça t’est étranger depuis plus longtemps que tu ne voudrais l’admettre — depuis lui, n’est-ce pas ? Heureusement, Milena prend presque immédiatement la parole, dans un murmure qui capte toute ton attention. Écoutant ses mots, tu enroules tes bras autour d’elle, avec une chaleur que tu n’as plus donnée depuis longtemps, là encore. « Personne ne sait que je suis ici. Évite de m'appeler Milena en public. J'ai besoin que tu m'héberges quelques jours. »Puis elle s’écarte et tu la laisses faire, ramenant tes bras contre ta poitrine, croisés comme souvent. Tu ne dis rien, non pas que tu aies besoin d’encaisser ses révélations, mais simplement car tu essaies de mettre tes pensées en ordre. Tout un tas de questions se bousculent sous ta tignasse arc-en-ciel, dont nombre d’entre elles commencent par pourquoi, et tu as du mal à t’y retrouver dans tout ce brouhaha. Tu comprends bien vite, cependant, que ton amie est en danger et, alors, tu as l’impression que la situation ne s’était pas ainsi compliquée depuis deux millénaires, au moins. Pourtant, d’un point de vue extérieur, tout est simple en apparence. Deux amies viennent de se retrouver, Milena est heureuse d’être de nouveau ici et redécouvres la ville en quelques coups d’oeil émerveillés — tu admires son sens de la comédie et un sourire amusé vient étirer tes traits — et toi, tu te fais distante, comme toujours — la Grise ne laisse jamais personne s’approcher de trop près (pas en public du moins, elle préfère l’intimité d’une chambre). Rien qui pourrait surprendre un quelconque regard indiscret, ce qui te rassure et te permet de retrouver tes esprits. « Tu es la bienvenue, comme toujours » lui souffles tu, dans un sourire chaleureux.Qu’importent les raisons qui l’ont menée jusqu’ici, tu es prête à les entendre et, surtout, à lui offrir un abri. Après tout, tu as quitté les rangs des Brookers toi aussi, ne servant leurs intérêts qu’en public, suivant un but bien plus nobles et qui ne regarde que toi. Alors, si elle a décidé de déserter, tant mieux pour elle, et tu te dois de l’aider. Elle s’approche pour attraper ton sac mais tu l’en empêches, avec douceur, avant d’expliquer ton geste, les mains sur les hanches, comme si tu la grondais — mais le ton est léger (et l’oeil rieur). « Depuis quand les invités portent ils les bagages, hm ? » puis un regard alentour, pour être certaine que si regard il y a, il ne sera pas intrigué ou suspicieuxUn nouveau sourire et tu te mets en route, Milena a tes côtés. Votre chemin jusque chez toi se fait en silence, rapidement, pour ne pas attirer plus d’attention qu’on ne vous porte déjà — pour retrouver la sécurité de ton foyer, surtout. Heureusement, vous n’êtes qu’à une rue ou deux, à peine, et bien vite vous voilà chez toi. La laissant seule dans le hall, tu te débarrasses de tes affaires dans ta boutique avant de revenir vers elle. « Allons dans la cuisine, nous serons plus à l’abri des oreilles indiscrètes. Mes fenêtres sont fines, à mon grand regret. » Tu soupires tout en retirant ton manteau et tes bottes, puis reprends « Et puis, après ce que je devine être un long voyage, tu as bien besoin d’un thé bien chaud. »Tu te faufiles alors sans un bruit malgré le plancher aux lattes grinçantes — tu sais où marcher, sans même y prêter la moindre attention — jusque la pièce, te mettant sans tarder à l’ouvrage. Tes gestes sont précis et, si on ne connaissait ton handicap, ce serait à s’y méprendre. |
GASMASK |
- HRP:
- J'ai retrouvé un petit plan de la maison de Magda si ça peut t'aider à te repérer ! www
En bas c'est la porte d'entrée et donc les fenêtres donnent sur la rue principale, pour ça que Magda préfère la cuisine (dont les fenêtres donnent l'une sur sa boutique et l'autre sur une ruelle)
Re: Liberté (Welcome to hell dear) || Milena
La bâtisse qui héberge à la fois la maison, la boutique et l'atelier de Magdalena n'a pas changé depuis la dernière fois que je suis venue, à peu près comme le reste de la ville, d'ailleurs. Toujours cette même ambiance pesante, que j'avais déjà remarquée quand j'étais en mission. Et aujourd'hui que je suis en cavale, cette maison paraît être un îlot de calme au milieu de cette atmosphère oppressante.
Allons dans la cuisine, nous serons plus à l’abri des oreilles indiscrètes. Mes fenêtres sont fines, à mon grand regret. Et puis, après ce que je devine être un long voyage, tu as bien besoin d’un thé bien chaud.
Magdalena pose ses lourdes affaires avec un soupir puis disparaît dans la cuisine. Je reste un instant dans l'entrée, jetant un coup d'oeil rapide autour de moi. La porte du salon est à peine entrouverte, mais celle de la boutique laisse au contraire le regard se promener parmi les quelques instruments de musique et partitions. Je vois une lumière s'allumer dans la cuisine par la fenêtre derrière le comptoir, donnant un aspect feutré, presque coquet à la pièce.
Lentement, en faisant malgré moi craquer le parquet à chaque pas, je rejoins Magdalena dans la cuisine. Je pose mon sac à proximité de la table, et mets la table pendant que la jeune femme prépare à manger -et essaie de m'empêcher de faire quoi que ce soit, mais j'ai fini trop vite pour qu'elle m'interrompe. Alors je m'assoie et me perds presque aussitôt dans mes pensées.
Mais qu'est-ce que je fous là ? La dernière fois que j'étais ici c'était en mission, et Magdalena m'avait hébergé sur demande de mes supérieurs. Une grande inspiration. Je lui fais confiance. Elle ne parlera pas, j'en suis certaine. Et si je me trompe, ça sera ma faute. Et si je me retrouve avec l'armée directement aux trousses, au moins je serai dans ma zone de confort -un objectif clair, un ennemi identifié, la mort à la moindre erreur. Plutôt que cette espèce de sensation bizarre d'être libre...mais en sursis. Une nouvelle grande respiration, et je rouvre les yeux pour trouver Magdalena face à moi, le repas déjà prêt dans une main, son œil valide me jetant un regard dont la curiosité est difficile à cacher.
Je me redresse un peu sur ma chaise.
Merci de m'accueillir. J'ai eu des changements de dernière minute, désolée de ne pas avoir pu te prévenir.
Je déplace machinalement mon sac pour vérifier qu'il est toujours à mes pieds, dans un tic nerveux qui m'exaspère d'autant plus qu'il révèle mon inquiétude. Faire confiance. Alors je souris légèrement, me concentrant sur l'apparence originale (mais charmante (colorée)) de la musicienne.
Je ne devrais pas rester trop longtemps, mais je ne peux pas encore te dire quand je partirai... Je suis un peu en train d'improviser.
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