this is us colliding (abigail)

Début juillet 189X+1 – Londres | Les derniers rayons du soleil perçaient à travers les ruelles de Londres. C'était une journée de plus qui s'achevait. Une journée de plus dans laquelle tu avais fait travailler chacune de tes articulations, exécutant de nouvelles prouesses artistiques, tentant de trouver de nouvelles figures pour diversifier le spectacle que tu offrais à tous ces gens face auxquels, en réalité, tu ne donnerais pas un sourire ni n'adresserais un mot. Tu dévoilais aux spectateurs des mouvements coordonnés et maîtrisés, une grâce qui n'était pas tienne et une impression de liberté que tu cherchais pourtant depuis si longtemps à obtenir – et quand est-ce que les chaînes qui te retenaient au sol se libéreraient ? Quand est-ce que tu te sentirais libre, dénué de culpabilité et de honte ? « Repose toi, Adriel ! Tu en as besoin ! Si je te retrouve encore à t'entraîner quand je reviens, je devrais te forcer à arrêter ! » avait dit Atem en te laissant un regard mi-amusé, mi-inquiet que tu avais ignoré, détournant le regard dès lors que tes prunelles avaient croisées les siennes. Tu avais repris ton souffle, les mains tremblantes et rougies par les efforts que tu avais fournis. Elles étaient farineuses, et tu les avais replongées un peu dans la coupe de farine avant de t'élancer à nouveau, ne t'arrêtant seulement que quelques minutes avant que les dernières lumières du chapiteau ne s'éteignent, ton mentor marchant un instant à tes côtés.

Atem avait toujours de quoi tenir une conversation, mais en cette fin de journée il avait sans doute vu que tu étais d'une humeur plus écrasante encore que d'ordinaire et alors il avait jugé bon de te laisser respirer, te tendant une salade de fruits qu'il était parti chercher auprès de la troupe, te conseillant de ne pas trop tarder à revenir pour que ce que tu manges ensuite soit encore chaud. Tu avais acquiescé, le regardant s'éloigner un instant et pendant quelques secondes ton cœur te cria de te confier, de dire à cet homme auquel tu avais, au fond, plus d'attache que tu ne voulais l'admettre ce qui te hantait depuis la disparition de ta sœur. Mais non, tu ne pouvais pas et tu te rembrunis, partant vagabonder dans les rues londoniennes qui s'illuminaient au fur et à mesure. Tu ne voulais pas parler de toi. Cela impliquait tellement de choses et ces choses te faisaient peur.

Tes yeux émeraudes s'égarèrent un instant sur les boutiques qui fermaient peu à peu, les voix résonnant autour de toi, trop bruyantes à ton goût et à plusieurs reprises ta voix siffla entre tes dents, désagréable, pour cracher ton venin sur cette femme qui jacassait comme une poule ou encore sur ce garçon qui avait dit à ses camarades qu'il croyait, au premier abord, que tu étais une fille. Ils t'avaient tous deux mal regardés, et tu étais parti, trouvant un petit muret sur lequel tu grimpas, dégustant ta salade de fruit en observant la ville encore animée malgré tout. Tu irais te laver après, préférant te rassasier avant – préférant te reposer un instant – mais une voix attira ton attention et ton regard perçant se posa sur cette femme à l'allure élégante et raffinée. Une femme aux cheveux blonds, aux yeux envoûtant. Elle était incroyablement belle mais elle avait beau t'avoir proposé de travailler pour elle tu avais refusé, et l'amertume que tu éprouvais à son égard se refléta dans tes yeux et sur tes traits presque agressifs. « Encore vous ? Qu'est-c'que vous faites là ?! Vous me dérangez. » grognas-tu après avoir terminé ta bouchée, te redressant légèrement. Tu étais prêt à partir, à la fuir pour qu'elle te laisse tranquille.
         
          Halloween