Un lutin farceur. La simple idée de penser qu'une créature se pavanait dans le village pour s'en prendre aux villageois était stupide à tes yeux. Comment la
super inspectrice pouvait-elle croire à ces bêtises ? Tu avais pouffé, moqueur, alors que tes sourcils étaient toujours froncés – comme si tu avais toujours été de mauvaise humeur, comme si tu avais toujours été hostile envers le monde – et sa réponse te fit grogner une fois de plus, ses mots aussi cassants que les tiens te rendant toujours plus nerveux et agacé.
« Tout simplement parce que les choses surnaturelles n'existent pas ! » pestas-tu, la fusillant du regard alors que ses derniers mots résonnaient dans ton encéphale.
« Tu connais tout peut-être, toi, la super inspectrice ? » dis-tu d'une voix agressive, étranger à cette Guerre Sainte qui surplombait pourtant le monde et qui menaçait la vie de chacun à chaque combat, à chaque désespoir germant dans la poitrine de l'Homme. Et puisque tu ignorais tout cela, tu ne pouvais comprendre ce à quoi le Papillon faisait allusion, ton regard ne quittant pas le sien alors qu'elle gardait cet air fâché sur son visage, sa voix résonnant à nouveau jusqu'à toi. Toi, aller voir les gendarmes ? Hors de question.
« Je peux me débrouiller tout seul ! » répliquas-tu de plus belle, toi qui pourtant craignais au fond de ne pas retrouver la bourse que t'avait confiée Atem.
Tu ne voulais pas le décevoir – tu ne voulais pas que son regard change et que le foyer qu'il t'avait offert ne disparaisse – et la colère continuait de pulser dans tes veines (colère envers toi-même et colère envers ce voleur qui se cachait ici, quelque part dans ce fichu village) – et si tu venais de pester à nouveau contre la fille aux cheveux d'or – elle te faisait perdre ton temps, disais-tu –, celle-ci ne daignait pas te laisser le dernier mot, répondant une fois encore à tes propos. Parmi tous ceux qui filaient dans l'allée, il avait fallu que Saphira vienne à toi pour t'accuser de l'avoir volé et si elle t'engageait à partir comme tu avais commencé à le faire, tu finis par revenir sur tes pas et te mettre en route vers la forêt après avoir entendu le marchand s'insurger de son vol de bijou. Cette histoire de lutin était absurde, mais si ce satané voleur se trouvait dans cette forêt, tu étais bien décidé à mettre la main sur l'argent qu'il t'avait dérobé et alors que ta voix avait résonné jusqu'au Papillon, tu la vis trottiner dans ta direction pour marcher à côté de toi, tes yeux émeraudes se détournant d'elle pour se fixer devant toi. Son sourire renforça ton air ronchon car tu étais certain qu'elle se moquait intérieurement du fait que tu ais finalement décidé de partir à la recherche de ce
lutin farceur.
Tu avais cependant remarqué qu'elle avait abandonné son air agacé d'une seconde à l'autre, comme l'instant d'avant – son allure chaleureuse contrastant fortement avec l'aura agressive que tu dégageais à chacune de tes expressions – et tu sentis son regard sur toi, tournant la tête à l'opposé pour que tes cheveux cachent ton visage.
« Arrête de me regarder. » grommelas-tu alors que tes yeux se perdaient sur les grands arbres qui s'élevaient toujours plus prêts de vous alors que vous avanciez en direction des bois. Tu voulais en finir au plus vite avec cette histoire et mettre fin à cette rencontre parce que tu avais peur de finir par te lier d'une manière ou d'une autre à cette fille – et si tu avais faim d'affection et de liens, tu avais honte de ce que tu étais et tu ne voulais pas subir un regard en plus que celui que tu portais sur toi-même. Tu avais pensé, pendant toute votre altercation, à ce que tes moqueries et ton air désagréable la poussent à partir mais le Papillon était là, le sourire aux lèvres et sa curiosité finit par s'exprimer à nouveau, faisant tressaillir ton palpitant qui saignait (encore et encore).
Soit ton prénom, soit ses surnoms. Tu détournas ton regard vers elle, contemplant ce sourire qui te narguait encore.
Tu refusais qu'elle te surnomme le grincheux, espèce de râleur, crétin et de toute autre chose pendant votre recherche, et si tu n'avais pas envisagé de lui donner ton prénom – la crainte dévorant ton cœur – tu savais que l'entendre te surnommer à chaque fois ne ferait que t'agacer davantage et te déconcentrerait toujours plus de ton objectif.
« Adriel. » Et puis, même si tu donnais ton prénom, tu ne la reverrais plus après, n'est-ce pas ? Comme si tu essayais de te rassurer face à ça, tu avais finalement soufflé ton prénom d'un air désagréable, laissant tes yeux émeraude se figer à nouveau vers les bois dans lesquels tu finis par pénétrer, les feuilles venant filtrer les rayons du soleil. Il faisait plus frais ici, mais tu ne t'attardas pas sur la beauté du lieu. Tu avais une bourse à récupérer.
« Des incapables. » grognas-tu à l'égard de tous ces habitants qui n'avaient semble-t-il jamais réussi à mettre la main sur ce voleur, et tu observas le sol, essayant de trouver des indices qui pourraient vous mener au responsable.
« T'es une super inspectrice, non ? Alors, par où on commence ? » dis-tu d'un air à moitié moqueur, à moitié acerbe – et cela paraissait si naturel chez toi que l'on ne pouvait assurer que tu avais pourtant faim de tout.
Halloween