And suddenly, the monster in him falls silent as he rests his head on her lap (blasua)

Deux semaines post intrigue n°9 - Bolivie | Les dernières lueurs du jour éclairent sa chambre et Blasius observe les nuances de couleurs qui colorent la porte abimée par le temps et le passage de ses occupants précédents. Les jours ont défilé comme le sable s’écoule du sablier et s’il est parvenu à s’occuper jusqu’ici, tous les soirs restent éprouvants. Sa tête et son coeur se perdent dans des réminiscences dans les confins de sa conscience ils le mènent vers ce dont il a tenu à rester à distance mais ses barrières s’effritent et Blasius a beau tenter de taire le manque qui sillonne les courbes de son coeur le manque résonne en choeur. Encore et encore il sent sa résistance faiblir mais ses monstres ne sont jamais loin et dès que le désespoir l’enlace les mots le percutent le frappent le déchirent et se repaissent de lui-même.

Blasius soupire et se redresse de son lit dans un grincement. Il se dirige vers la fenêtre qu’il ouvre en grand, l’air encore chaud embrassant son épiderme où les cicatrices sont désormais à l’air libre. La rue en dessous n’est pas très fréquentée à cette heure-ci et son œil valide se perd en bas puis vers l’horizon par-delà les toits. Que fera-t-il demain et après-demain et dans les jours à venir ? Blasius ne sait pas il ne sait plus pourquoi il continue et les réponses à sa question le rappellent toujours à la réalité qu’il s’est construite et qu’il a bâtie sur ses échecs il se souvient du jour de son départ et de tous ceux qui ont suivi – la mort de Nihil n’aura pas su satisfaire sa quête alors que lui reste-t-il ? La mort l'a frôlé à nouveau quand Psyché l’a trouvé et Soledad ne l’aidera pas éternellement il ne pourra pas rester ici toute sa vie alors que fera-t-il demain ? Blasius croise ses bras sur le bord de la fenêtre il est épuisé il se sent seul esseulé il ne sait pas pourquoi son coeur bat encore enfin l’idée se dessine dans son palpitant il y a cet espoir infime qui survit parmi la noirceur et cet amour infaillible qui ne cesse de pulser dans ses veines mais l’enfant de trop aura-t-il un jour sa place ?

Incapable. Insuffisant. Inutile. Vain. Blasius baisse la tête et ouvre l’une de ses paumes il observe les sillons sur sa peau il se rappelle les batailles les affronts inachevés ou ceux face auxquels Illness et lui sont revenus perdants. Il se souvient des regards des remarques qui ont lentement rouvert ses plaies qui ont doucement fait surgir les doutes qu’il avait réussi à enfouir. Blasius se rappelle de ces démons qui ont commencé à lui susurrer à l’oreille, le privant de sommeil, le privant de ces moments qu’il aurait voulu paisible auprès de Sua. Sua. Aucune nuit ne s’écoule sans qu’il ne rêve de la voir près de lui et cette pensée réveille en lui cette impression qu’elle n’est pas loin qu’il pourrait être près d’elle en quelques instants s’il en avait seulement la possibilité. Blasius tressaille.

L’impression aujourd’hui à cet instant à cette seconde n’en est pas une elle bourdonne sous sa peau elle remonte dans son ventre et son cœur tressaille. L’Inspiration n’est pas qu’un mirage qu’il voudrait réel l’Inspiration est bien là Illness la sent elle est tout près et Blasius se retourne d’un coup vers la porte de sa chambre. Ça ne peut pas être vrai. Ça ne peut pas être elle. Ca ne peut pas…  Blasius reste figé son œil s’écarquille alors qu’il la sent toujours plus près. Est-il devenu fou ? S’est-il perdu pour de bon ? “Sua… ?” souffle-t-il instinctivement le regard rivé vers la porte il a peur de l’illusion peur du mirage peur qu’elle ne soit pas là en chair et en os peur qu’elle ne soit que l'œuvre de son imagination et celle de la Maladie.

         
          Halloween