it's raining vengeance (blasius)

24 septembre 189X+1 | La chaleur de ce pays avait beau réchauffer chaque couche de son épiderme, nul rayon de soleil ne parvenait à tiédir le palpitant de l'hôte de la Maladie, qui errait de ville en ville comme le vagabond perdu qu'il était – égaré dans ses pensées, perdu face à ces interrogations interminables qui ne cessaient d'avoir faim de lui, se bousculant toujours dans sa tête, bruyantes comme les oiseaux qui chantaient agréablement au-dessus de sa silhouette. Blasius n'avait cessé de s'éloigner toujours plus de l'Angleterre et si son cœur lui réclamait la présence de l'Inspiration, la présence des Noés, le garçon poursuivait sa route, incapable d'apaiser ces tourments qui le tiraillaient. Peut-être ne trouverait-il jamais sa place en ce bas-monde – peut-être s'était-il obstiné de manière désespérée – et après tous ses échecs, toutes ses vaines tentatives de faire partie de ce monde – Blasius se sentait bien trop honteux et inutile pour faire marche arrière.

Un soupire s'extirpa de ses lèvres alors que le joueur de harpe sentait ses membres douloureux à chaque pas de plus, le clair de lune illuminant le ciel. A quelques mètres, une ville se dessinait devant lui et Blasius décida de s'y arrêter avant de continuer son voyage. Peut-être trouverait-il un endroit où se poser quelques temps – peut-être trouverait-il un endroit assez paisible pour y rester un moment. Il ne se doutait pas que le piège qu'il avait tendu quelques temps en arrière se retournerait aujourd'hui contre lui et pourtant, sa silhouette se stoppa après avoir pénétré dans l'enceinte de la ville, le silence pesant le mettant instinctivement en alerte. Ses sourcils se froncèrent légèrement alors que son cœur tressaillit derrière sa cage thoracique. Il se remit en marche, observant les fenêtres, les balcons et les ruelles qu'il dépassait. Les lumières étaient allumées mais rien ne démontrait signe de vie. Tout était très calme mais pas désordonné – comme si l'on s'était hâté de quitter les lieux – et Blasius sentit Illness remuer en lui. Lui aussi semblait trouver la situation inhabituelle, et finalement, une voix le fit se retourner et lever la tête.

De ses yeux fatigués, le garçon reconnut la silhouette de Psyché, ombre guerrière dont il avait fait sa victime et qui se présentait de nouveau à lui – la vengeance se lisant dans ses yeux éclairés par le peu de lumière qui illuminait son visage. La mine de Blasius se rembrunit alors qu'il savait pertinemment que la fatigue l'avait affaibli et qu'il ne saurait mener seul un combat face à la Sorcière. Des airs de déjà-vu, n'est-il pas. Sa voix résonnait aussi menaçante que son allure et le garçon sentit ses muscles se tendre les uns après les autres, le cœur battant plus vite dans sa poitrine. Elle ne le laisserait pas faire un pas de plus, lui qui se pavanait telle une brebis égarée de son précieux troupeau. Blasius s'était volatilisé seul, sans aucun compagnon pour faire route avec lui. Une erreur qui te sera fatale, lui assura Psyché, et à qui Blasius offrit un sourire en retour. Un sourire qui n'avait rien de chaleureux, ni rien de doux – c'était un sourire fatigué. « Est-ce donc toi qui m'apporte le trépas ? Je ne pensais pas que cela arriverait si vite. » souffla-t-il en ouvrant doucement les bras, comme une invitation à ce qu'elle lui transperce le palpitant une bonne fois pour toutes.

Où était sa place, finalement ? L'enfant qui avait demandé le Monde trouverait peut-être son foyer dans le firmament étoilé et pourtant une autre partie de lui ne voulait pas en finir maintenant – peut-être par espoir que son histoire ne se termine pas ainsi, qu'il puisse rebondir, et ses pensées dessinèrent le visage de Sua avec qui il avait toujours voulu construire sa vie, et les silhouettes de ses frères et sœurs se formèrent. La peau pâle du garçon se para d'un gris cendré tandis que les stigmates s'ancrèrent dans son front, ses yeux d'or scrutant Psyché. « Malheureusement, ça ne sera pas pour aujourd'hui. » pesta la Maladie, passant une main sur son visage, un costume de médecin de la peste revêtant la stature du joueur de harpe tandis que son faciès disparut sous le masque au bec d'oiseau. Ses doigts agrippèrent une canne en bois. Ils ne tiendraient pas longtemps mais mourir pouvait attendre.
         
          Halloween