Les mots se bousculaient à la bordure des lèvres de Blasius, son cœur un peu trop bavard à l'égard de l'Inspiration qui lui inspirait à lui bien trop de choses pour qu'il ne puisse les lui dire toutes aujourd'hui. Malgré tout, il y avait ces quelques aveux qui tournoyaient dans son esprit allègre de la soirée passée, tirant le Noé de ces batailles difficiles pour quelques instants et dont les pensées étaient désormais figées sur la femme aux milles visages. Elle avait le teint toujours plus rouge, passait la main sur son visage et paraissait gênée comme si la remarque du joueur de harpe l'avait mise à découvert – mais qu'en était-il réellement ? L'hôte de la Maladie y allait avec prudence, et avec attention, il écouta la réponse de Sua. Cassidy lui avait dit quelque chose et c'était ce quelque chose que cherchait à savoir le rejeté, son sourire taquin se faisant un peu plus doux en voyant l'hôte de Muse tenter de trouver les mots – ces mots qui peut-être finiraient par être les mêmes que ceux qu'il était tenté de lui dire. Mais le garçon attendait – il attendait qu'elle s'explique davantage et la voix de la jeune femme résonna à nouveau jusqu'à lui, prononçant des mots qui firent écho dans le cœur et la tête de l'hôte de la Maladie.
Bien plus qu'une simple étoile. « Sua ? » souffla Blasius, sentant son cœur se mettre à battre un peu plus vite, ses yeux suivant les mouvements de Sua qui finit par sortir un carnet, le silence retombant entre eux tandis que les sabots continuaient de taper sur le pavé. Elle le feuilletait, comme si elle voulait choisir les bonnes pages, et Blasius observait les écrits, voyant des lignes et des lignes, des mots se suivant les uns les autres dans une écriture qui la correspondait si bien – et qu'elle était belle, l'Inspiration, sous toutes ses formes. Et qu'ils étaient beaux, ses sentiments fleurissant toujours un peu plus dans sa poitrine alors qu'elle s'adressa à lui une fois encore, lui tendant finalement ce carnet de notes – ce carnet de poèmes et
d'amour. Il releva ses yeux pendant un instant sur le visage de l'être-aimé, comme s'il voulait être sûr qu'elle l'autorisait à lire ces mots inscrits noir sur blanc, puis il prit le carnet entre ses mains, passant ses doigts dans ses cheveux pour repousser les mèches glissant sur ses épaules.
Bien qu'il y ait toujours eu ce quelque chose qui s'était tissé entre eux, jamais il n'avait eu accès à ces écrits et l'impression de plonger tout entier dans les pensées de Sua le remplissait d'une allégresse encore jamais effleurée – comme si, pour la première fois, il se sentait totalement concerné par cette histoire (comme si, pour la première fois, il faisait partie intégrante de la vie de quelqu'un) – et son regard parcourut les mots, son esprit s'imprégnant des sentiments de Sua qui était les siens (qui étaient les leurs) à travers ces chansons qu'il reconnaissait à son égard. Et sans s'en rendre compte, ses yeux s'embuèrent légèrement, les battements de son cœur se faisant toujours plus fort alors que chacune de ces phrases signifiaient terriblement de choses pour lui. Blasius, qui avait toujours été effrayé à l'idée de ne pas trouver sa place en ce monde, près de quelqu'un, près d'un groupe, avait fini par rencontrer les Noés mais avant tout cela il avait rencontré Sua et alors elle était un peu le commencement de tout – elle était sa liberté, son appui, ce qui le rendait sans aucun doute meilleur et ses sentiments le poussaient désormais à répondre à ces sentiments retranscrits sur le papier.
Refermant le carnet, il souriait encore, maintenant plus touché que taquin, et il redonna les notes à l'hôte de l'Inspiration, gardant cependant sa prise sur celui-ci avant que sa main libre ne glisse sur la joue de Sua.
« Puis-je ? » demanda-t-il en regardant d'abord ses lèvres avant de plonger ses yeux dans les siens – ses yeux débordant d'amour.
« Je crois qu'il y a bien longtemps que j'attendais ce moment. Merci pour tout. » souffla-t-il avant de murmurer ces mots qui entamait un nouveau chapitre de leur histoire – un
je t'aime aux sonorités aussi douces qu'avait pu l'être l'Inspiration à son égard durant toutes ces années.
Halloween