Le vent, balayant tes cheveux
La pluie, faisant frissonner ta peau
La terre, venant salir tes pieds
Cette liberté, que tu avais oubliée
Cette liberté, que tu viens retrouver
Tu as pourtant commis l'irréparable, Nihil. Tu as quitté l'Arche. Tu as quitté ta famille (sa famille). Tu sais ce que tu risques, pour ça, n'est-ce pas ?
Tu aurais du disparaitre, pour laisser place au Néant.
Mais tu n'es pas le Néant - enfin, tu n'es pas que le Néant. Et c'est bien pour ça qu'il est contrarié, car c'est contraire à sa nature.
Mais, puisque tu n'es pas le Néant, qui es-tu, alors ? Puisque tu n'es définitivement pas Nihil, qui es-tu xxx ?
Tu pourrais redevenir Reynald, redevenir l'homme insouciant et inconscient qui a passé sa vie à chercher une chimère sans jamais la trouver. Tu pourrais redevenir cet homme qui aimait le monde, cet homme passionné par l'humain, cet homme profondément amoureux de la vie. Mais la vie ne t'aimait pas, elle, la vie ne t'a jamais aimé, et ta chimère t'a toujours échappé.
Tu as aimé, tu as adoré (et j'aime encore) et cela t'a fait tant souffrir.
Alors, tu pourrais reprendre un autre nom, si ceux-ci ne te conviennent pas. Comme tu l'as déjà fait tant de fois. Après tout, tu as été un bookman aussi. Changer de nom t'est commun, n'est-ce pas ?
Oh mais tu n'es plus un bookman non plus. Oh mais ça aussi, ça ne t'a pas réussi (comme tout le reste).
Alors, que vas-tu faire, xxx ? Vas tu t'inventer encore une nouvelle identité, comme tu as toujours fait (pour fuir ma véritable identité, que j'ai toujours détestée) ?
Ou reprendre la tienne, ta véritable ?
Léandre ?
Tu étais revenu ici, là où tu as décidé que Léandre allait mourir, allait disparaitre (chez moi). Plus aucune trace de ses parents (de mes parents) ni même du deuxième petit être (Antoine que j'ai abandonné) ni même des traces de sang sur le plancher (de la violence qui se passait).
Tu le sais. Tout a disparu. Tous sont morts. Toi aussi, tu es mort. Tu aurais du mourir. Tu t'étais tant préparé à ça. Depuis des années, tu t'y étais préparé.
L'ironie du sort a fait de toi un immortel.
Un simple soupir s'échappe de tes lèvres, alors que tu passes un doigt sur la table poussiéreuse, la table sous laquelle tu te cachais lorsque tu les voyais, lorsque tu les entendais, là où tu as passé une grande partie de ton enfance.
Il ne reste plus rien de tout ça.
Et pourtant, toi tu es là.
Douce ironie, amère ironie.
Mais.
N'est-ce pas l'occasion de renaître ?
Toi qui t'es interdit de vivre (car je savais que je devais mourir) toi qui t'es interdit d'être toi-même (car je me méprisais tant) toi qui as toujours combattu pour les autres (pour une cause illusoire).
Ne veux-tu pas essayer de vivre, pour la première fois de ta vie ?
Et dire qu’il t'aura fallu mourir une première fois (tant de fois) pour réaliser que tu as peut être le droit de vivre, toi aussi.
Ton regard rosé vient se poser sur le vieux piano du salon. Lui aussi est tout aussi poussiéreux et à l'abandon que le reste, mais, instinctivement, tu viens t'assoir devant. Tu te souviens, quand tu étais petit, que tu avais toujours été fasciné par cet instrument. Mais il ne te semble jamais l’avoir entendu jouer. Le pauvre instrument tenait plus de la décoration qu'autre chose. Heureusement, il fonctionne encore. Le son est loin d'être parfait, il est même mauvais, mais il n'est pas muet.
Tes doigts viennent parcourir les touches, et tu te laisses emporter par la mélodie.
Peu importe tes identités, les noms que tu empruntais, c’est la seule chose qui a vraiment fait partie de toi, la voix du véritable toi
(la musique).
- Takk :
par Lena
par Wil
par Nau
par Reyn
par Djijy
- Aesthetic: