the one who lost everything. (saphira)

que lui restait-il? à part les cendres de ce qui fut un jour ses souvenirs? Ces souvenirs qui semblent déjà si lointains, comme si ce n'était qu'un rêve. Un rêve parti en fumée. Littéralement. Sous ses yeux ébahis, remplis de larmes.
Edimbourg n'était plus. Sa maison n'était plus. Ses amis n'étaient plus. Tous les gens qu'elle avait connu n'étaient plus. Elle n'avait trouvé aucune trace de son père lorsqu'elle avait fui. Il ne lui restait plus que ses larmes pour pleurer.
Elle s'était rappelé que son père lui avait dit qu'une alliée devait mettre sa mère et son frère en sécurité. Mais avait-elle eu le temps de le faire? L'avait-elle fait? Est-ce que sa famille était toujours en vie?

Avait-elle encore simplement quelqu'un dans ce monde?..

Elle s'était réveillée quelques heures après s'être évanouie en rentrant dans le portail, dans un lit. Son corps était endolori, mais le pire était son esprit.

elle ne dormait plus.

ne mangeait presque plus.

Elle ne dort plus car ses rêves sont hantés de cauchemars dont elle se réveille toujours en sueur, à deux doigts de la crise de panique.

Elle se trouve là, au milieu des ruines, des cendres. Dans la rue, des cadavres sont alignés. Des gens pleurent, hurlent leur désespoir, la perte de leurs êtres chers. Et elle marche, elle cherche quelque chose alors que l'adrénaline augmente. Elle reconnaît des visages, et les larmes lui montent mais elle reste bizarrement calme, en quête de ce qu'elle cherche. Et après quelques minutes de marche dans cette allée macabre. Elle trouve. Elle voit. Ses deux parents qui se tiennent la main, et qui tiennent également son frère, comme pour le protéger. Elle s'écroule face à cette vision. Les larmes coulent, mais aucun son ne sort de sa gorge car cette vision la détruit de l'intérieur, coupe sa respiration, tout. Toutes les autres personnes aux alentours, disparaissent, n'existent plus. Les ruines s'en vont, il ne reste plus qu'elle, et eux.

Et alors qu'elle est en proie à ce désespoir, elle sent une chaleur dans son dos. Une chaleur qu'elle connaît bien.

mais ce n'est pas possible.

c'est quelqu'un qui l'enlace.

C'est une jeune femme, aux longs cheveux qui la tient dans ses bras. Elle est à genoux, torse contre le dos de Saphira. Elle la serre fort, comme pour la rassurer. Le bas de son visage est masqué par un voile, alors qu'elle-même est habillée tout de blanc.

"je suis là... je suis là..."

la voix résonne, et ne semble même pas exister. Elle est là, comme elle l'a toujours été pour la rassurer.

"Brave, aide-moi.. qu'est-ce que je peux faire maintenant?.."

La femme ne lui répond pas. Elle sourit tristement. comme c'est étrange.
et d'un coup, l'Exorciste sent une douleur atroce. Quelque chose dans son ventre. Elle baisse le regard et elle peut observer qu'elle s'est faite empaler par une lance. Bouche-bée, sans un mot, la jeune femme derrière elle retire sa lance, laissant Saphira s'effondrer à côté de ses parents, ce sourire triste toujours accroché sur son visage.

La trahison de l'Innocence.

et donc, c'était pour ça.

Elle n'a plus le goût de rien. plus l'envie de parler, de sourire, de simplement voir le dehors de sa résidence à travers sa fenêtre. Elle ne veut plus voir la vie s'épanouir comme elle aimait tant le faire avant.

parce qu'avant, elle avait encore des raisons de vivre et de se battre.

mais maintenant? Maintenant, elle voulait juste rester dans son lit, penser à ce qu'il lui reste. Se remémorer ses souvenirs. Pleurer. Se questionner. Pleurer une nouvelle fois.
Manger parce qu'on le lui oblige. Mais manger le strict minimum. Qu'importe ce qu'on lui sert, tout a le même goût. Ce goût de mort, ce goût de cendre qu'elle ne peut s'enlever de la bouche.
Elle n'avait plus revu la Noé. Elle l'avait laissée au main de ses servantes. Avant, Saphira aurait été ravie d'être traitée comme une princesse dans une grande demeure.
mais ça, c'était avant.

alors aujourd'hui, elle était encore couchée dans son lit. Tournée sur le côté, dos à la fenêtre, elle fixait le mur devant elle, les mains recroquevillées sous son oreiller.
et quelqu'un frappa à la porte.
encore l'heure de manger? elle a perdu la notion du temps, alors elle ne sait plus. La personne rentre, mais elle ne bouge pas. Elle ne la regarde même pas. Les rideaux s'ouvrent, inondant la pièce de la lumière de l'extérieur. Ses yeux se ferment un instant, le temps de s'habituer à la lumière.

- bonjour saphira.

oh.

"bonjour madame" qu'elle aurait dit si elle avait encore une raison de dire bonjour. Mais elle n'en a plus. Alors elle ne dit rien. Qu'importe la douceur de la femme.
Cette femme qui l'a sauvée.

Cette femme qui s'est occupée d'elle.
avant, elle aurait eu honte de se comporter ainsi.
mais à quoi bon avoir honte? à qui doit-elle faire honneur maintenant qu'elle n'a plus personne?

- il m'a été rapporté que tu ne sors pas de cette chambre, que tu ne parles pas, que tu ne manges pas si personne ne fait remarquer qu'il est l'heure de manger.

à quoi bon parler. pour dire quoi. Il n'y a plus rien à dire, tout est là, exposé. à quoi bon manger, pour faire quoi. il n'y a plus rien à faire. à quoi bon sortir, lorsqu'il n'y a plus rien à voir. à quoi bon dormir si c'est pour apercevoir ce cauchemar une nouvelle fois? Ce cauchemar devenu réalité?

- tu n'as pas échappé à cet enfer dans le seul but de t'enfermer dans cette pièce et de t'y laisser mourir à petit feu, n'est ce pas ?

et pourquoi pas?

à quoi bon vivre pour rien au final?

Elle n'a plus aucun but, il a été détruit lui aussi. Elle n'a rien de chez rien. Juste sa voix pour crier son désespoir, ses jambes pour fuir les dangers qui la guettent à chaque coin de rue. Tout ça.
mourir, elle a failli le vivre plusieurs fois en l'espace de quelques mois seulement. alors mourir maintenant ou plus tard, quelle importance? elle mourra de toute façon.

- j'ai voyagé... pendant deux mois, j'ai failli mourir plusieurs fois... j'ai fui mon propre camp, parce que je voulais rentrer chez moi... et je l'ai vu s'effondrer devant mes yeux.

Elle serre les poings sous son coussin. Un noeud se forme dans sa gorge. C'est compliqué de continuer. Elle n'y arrive pas. Mais elle le fera.

- on... on avait réussi à tout gagner... j'allais retrouver toute ma famille... mais ils sont... ils sont tous morts... tous.

Les larmes recommencent à couler, alors qu'elle se redresse, fixant l'allemande assise à côté de son lit.

- et je dois faire quoi moi?.. mes raisons de me battre sont parties... en poussière. L'Innocence a balayé... ce que j'avais de plus cher et moi je dois... je dois?..

"je dois continuer à vivre et à sourire comme si de rien n'était?"

Mais c'était la parole de trop. Celle qui ne sort pas, mais qu'elle a pensé très fort. Alors elle éclate en sanglot et s'effondre sur les draps. Elle ne sait pas cacher ses émotions, elle ne peut pas cacher son désespoir face à cette femme qui a tant fait pour elle déjà. mais qu'a-t-elle à lui donner, elle, la petite Saphira? elle n'a plus que son désespoir, sa tristesse pour lui servir de mouchoirs et essuyer les derniers restes de son bonheur passé.

- c'est... c'est trop dur, c'est trop dur... je peux pas...

elle ne peut pas.

elle ne pourra sûrement plus jamais.

elle n'a plus que ses yeux pour pleurer, alors elle se laisse noyer dans sa tristesse et dans ses larmes. parce qu'elle ne sait plus faire que ça maintenant.

Elle pleure.

Elle pleure comme elle n'a jamais pleuré.

Pourquoi se cacher? Et surtout, comment se cacher quand l'entièreté de son existence n'est que douleur, peine et désespoir? Quand le seul fait de poser le pied à terre empli l'entièreté de son corps d'une douleur affreuse, qui finit toujours par remonter vers son corps?

c'était impossible.

Cette situation était insoutenable. Elle ne pouvait pas rester comme ça, et elle le savait. Mais elle ne voyait pas d'autres issues. Ou plutôt, elle ne les voyait plus. Elle n'a plus la capacité de les voir, son coeur s'est assombri tout comme son esprit. Le nuage d'orage a gagné, il a tout arraché sur son passage, laissant son coeur meurtri à nu, blessé au plus profond de sa chair. Le petit papillon n'a plus de cachette. Le petit papillon a perdu ses ailes. Le petit papillon a oublié comment on faisait pour voler. Le petit papillon n'a plus la force de voler.

she's a lost butterfly.

Elle ne fait plus attention à Adelheid. Elle a oublié qu'elle était là. Il n'y a plus qu'elle, les draps de ce lit, et ses pleurs désormais.

Mais l'allemande en avait décidé autrement.

Elle était venue, elle s'était abaissée près de Saphira pour effacer ses larmes. Doucement. Elle essayait d'effacer son désespoir, sa tristesse qui ne faisait que grandir. C'est l'adolescente qui relève la tête, interloquée par cette réaction. La jeune femme l'aida à se relever et elle se rassit, alors que doucement, ses sanglots devenaient de moins en moins forts, de moins en moins lourds. Toujours secouée néanmoins, les larmes continuaient de perler, mais moins fréquemment. Elle lui tend une tasse de thé, qu'elle saisit sans rien dire. Elle ne boit pas. Elle fixe son hôte, qui commence à faire les cent pas dans la pièce.

-  mon père m'a toujours dit qu'il fallait voir, pour croire. tant que tu n'as pas de corps sous les yeux, ta famille est en vie.

Elle cligne des yeux, bouche-bée, sa tasse de thé dans ses mains. ça lui paraissait pourtant évident qu'un petit garçon de 12 ans, une femme malade et un homme blessé ne pouvaient pas s'en sortir face à cet enfer. Déjà elles, une Exorciste et une Noé sans aucune blessure avaient eu du mal, alors eux?... comment auraient-ils pu?..

Mais elle ne dit rien. elle n'ose rien rien. alors elle écoute, attentivement, alors que son hoquettement de sanglot se calme petit à petit.

-  tout est une question de volonté, saphira. si tu souhaites rester dans cette situation, à te laisser mourir à petit feu, libre à toi.

se laisser mourir.

Pourquoi elle n'est pas morte là-bas.

Tout aurait été bien plus simple. Elle n'aurait pas été prise dans cette mélasse noire. Elle n'aurait pas à se battre aujourd'hui pour simplement arrêter de broire du noir.

- mais tu as le choix de te relever de cette épreuve. si ta famille est réellement morte, alors tu as leur mémoire à honorer. crois-tu qu'ils aimeraient te voir ainsi ?

Elle repense à son père, toujours plein d'entrain. Elle repense à la douceur de sa mère. Elle repense au courage de son petit frère. Elle repense à tout ça. Elle repense à leurs plus belles qualités, à ceux qu'elle aimait tant, plus que sa propre vie.
ne devrait-elle pas essayer de faire comme eux, elle aussi? pour leur rendre hommage?

- j'ai aussi perdu des proches. et je ne me suis pas laissée mourir. tu es forte, saphira. bien sûr que c'est dur, personne ne dit le contraire. mais il est de ton devoir de te relever. pour ta famille. mais surtout pour toi. tu en as la capacité. alors lève toi.

tu es forte, saphira.

tu es forte, saphira.

Cette phrase résonne dans sa tête, elle se grave à jamais. Ces mots, elle s'en souviendra. Ces mots, ils l'ont touchée plus que n'importe quelle autre phrase.

- ça fait mal. bien sûr que ça fait mal. et il n'est pas question de te laisser mourir. tu as toute une vie devant toi. si tu ne le fais pas pour toi, fais le pour ta famille.

Et un silence s'abat, lourdement.

L'Exorciste ne sait pas quoi répondre sur le moment même alors tout ce qu'elle trouve à faire, c'est boire une longue gorgée de son thé pour la première fois pas parce qu'on lui intime de le faire, mais par son propre chef.

c'est une avancée.

Elle fixe le contenu de sa tasse alors que le silence continue. Avant qu'elle ne le brise de sa voix, encore tremblante des sanglots qui l'ont secouée quelques minutes plus tôt.

- Mais pourquoi... pourquoi?.. j'ai la terre entière qui souhaite ma mort... mon camp veut me ramener de force... votre camp veut me tuer...

son camp veut la tuer. Alors que fait-elle encore là? C'est également une question qui lui trotte dans la tête.

- Je n'ai plus personne... plus personne pour me protéger. je n'ai même plus rien à protéger. à quoi ça sert de se battre quand on a rien à protéger?

Elle soupire, son regard divague un instant. Lorsqu'elle était Exorciste, elle avait l'humanité à protéger.
Mais maintenant, ce n'est plus son problème.

- Je n'ose même pas mettre un pied dehors... je suis connue de tous. à peine ils apercevront mon Innocence et à peine ils tenteront de me sauter dessus. Je suis cernée... encore...

mais à chaque fois, elle s'en était sortie non?

oui. mais avant, il y avait Ayden pour l'épauler, la protéger, la soutenir.

maintenant, elle est seule. terriblement seule.

pense-t-elle.

Le silence.

Le silence, elle ne l'aime pas.

Le silence, elle ne l'a jamais aimé. Elle l'a toujours détesté. Elle a toujours préféré quand un endroit était animé. Au moins, il y avait de la vie.

Du positif.

Des gens qui aimaient.

au moins, là, il y en avait.

Mais dans le silence, il n'y a rien. dans le silence, on se retrouve plongé dans ses pensées, plongé dans ce qu'on déteste le plus, dans ce qu'on ne veut pas se rappeler. mais on ose pas briser le silence, alors on se tait, parce que le silence est grand et imposant. Seules des personnes courageuses osent l'interrompre.

Mais saphira, elle n'a plus le courage. elle l'a perdu, avec tout le reste. il est loin, et elle ne sait pas si elle le récupèrera un jour ce courage.
Et ça, ça fait mal parce qu'avant, c'était une fille super courageuse. Elle osait tout, surtout pour protéger ceux qu'elle aime, pour protéger les valeurs qui lui sont chères.

Mais ça c'était avant, parce que maintenant, le petit oiseau n'a plus de voix pour chanter.

Le papillon n'a plus d'ailes pour voler. on les lui a arrachées.
Et alors à sa sauveuse de revenir à ses côtés, dans une grâce que l'exilée a rarement pu observer.

Elle est belle. elle est gracieuse, elle est tout ce que saphira peut admirer dans ce monde.

- bats toi pour survivre.

... quoi?

Pour survivre... le veut-elle? Elle a perdu le courage de vivre, elle n'a plus qu'un vieux goût amer en bouche, c'est tout ce qu'il lui reste comme souvenir de la vie. est-elle assez courageuse que pour réapprendre à aimer ce qu'elle a tant chéri autrefois?

- bats toi pour te construire une vie où tu seras heureuse. bats toi pour honorer ta famille. bats toi, pour toi.

Construire. Elle doit reconstruire sa vie. Elle doit se reconstruire elle, pour ensuite pouvoir se battre pour elle. Pour ce qu'elle souhaite. Pour ce qu'elle veut devenir. Pour ce qu'elle veut éviter.

Pour ce pourquoi elle a fuit toute cette guerre sans un regret, un remord, sans un au revoir.

Un endroit, un moment où elle sera heureuse. Devenir ce qu'elle a toujours voulu devenir, sans jamais regarder en arrière, sans jamais se dire "et si j'avais fait ceci". Où elle pourra connaître le bonheur. Enfin? Peut-être que ça lui arrivera? Le pourra-t-elle? Le mérite-t-elle?

Elle le mérite, seulement si elle s'en donne les moyens. Il faut qu'elle se relève. Qu'elle reconstruise tout ce qui s'est détruit. Tout ce qu'elle a perdu, elle doit le retrouver. Parce qu'elle le mérite.

Et un geste de douceur.

Une main sur une joue.

Simplement.

- tu n'as besoin de personne pour te protéger. je te l'ai dit, tu es forte, saphira. je t'aiderai à te remettre sur pieds. mais, tu n'as besoin de personne pour te protéger.

Mais pourquoi alors.

Pourquoi ressent-elle ce vide au fond d'elle? Ce besoin constant d'être entourée? Cette peur de la solitude, cette peur d'être abandonnée et livrée à elle-même?

Est-ce que c'est normal?

Est-elle un monstre? Oh non, pas ça, elle ne veut pas, elle lutte tous les jours pour ne pas en devenir un, ça serait le pire du pire vraiment.

- à toi de choisir, si tu souhaites te laisser mourir... ou si tu veux te battre. mais si tu choisis de te battre, je t'aiderai.

Elle l'aidera.

Elle n'est pas seule non.

Elle ne l'a jamais été, parce que les gens bienveillants à son égard sont partout.

- Et du coup, vous n'allez pas... vous n'allez pas me laisser toute seule?

Elle préfère s'en assurer. Simple mesure de sécurité. Pour ne pas finir meurtrie encore une fois. Elle ne le supporterait pas.
Elle a besoin d'aide. Mais elle commence à retrouver espoir. Elle revoit cette petite lumière, qui s'immisce dans les froids ténèbres qu'elle s'était créé. La petite lueur de l'espoir. Cette petite lueur qui va la sortir de là, qui va l'aider à retrouver la joie, à se reconstruire, et à se battre.

- Et vous... vous allez m'aider à leur échapper? Même à ceux de votre clan?..

En vérité, ça ne l'étonnerait même pas. Car son exil lui a montré que ceux qu'on lui désignait comme les "méchants" étaient en réalité les seuls à l'aider. Alors oui, il y en avait toujours qui voulait la tuer. Mais dans son exil, elle n'a rencontré qu'une seule personne faisant partie de l'Ordre et qui n'a pas essayé de la ramener de force. Parce qu'il ne savait pas qui elle était. Une seule.

Alors que sur tous les Noés qu'elle a pu rencontrer, un seulement a tenté de la blesser. Un. Sur... trop. Dans la tête de l'adolescente, c'est clair : les rôles se sont inversés.

- Si ma famille est vraiment encore en vie... ils ont besoin de moi. Mais je ne sais pas.. je ne sais pas où ils sont. Actuellement... ils pourraient être n'importe où.

It surrounds me, holding me, wind
Feels like i’m being born again
Gaze that fills me up
Fly like a butterfly.

La peur. La terreur. L'inquiétude. Le trouble. La crainte. L'appréhension. L'angoisse.
Tous ces mots, qui veulent dire la même chose, et qui pourtant se mélangent dans le coeur de l'exilée. Dans ce coeur détruit par la cruauté des uns, l'égoïsme des autres.

bulle de chagrin,
boule d'incertitude.

Et pourtant, elle a essayé de voir le positif. Elle a tenté de retrouver le soleil. Mais à chaque fois qu'elle pensait apercevoir un rayon, un nuage gris venait immédiatement obscurcir son ciel bleu.
et son esprit n'était que pluie et orage.
tourments et ténèbres.

Elle a peur.

Elle est terrifiée.

Elle ne veut pas revoir le noir. Elle ne veut pas finir seule, contre le monde entier. C'est actuellement la pire de ses angoisses, le pire de ses cauchemars. L'abandon. Seule, contre eux tous. Ils semblent si puissants comme ça, que pourrait-elle faire, elle, la petite Exorciste de 16 ans? Elle n'est rien face à eux...
Lorsqu'elle était avec Ayden, elle se sentait capable de braver tous les dangers, elle pouvait soulever des montagnes.
maintenant, même boire une gorgée de thé lui paraît impossible.

Alors, est-ce qu'Adelheid allait-elle aussi l'abandonner? La laisser seule, face à ce monde immense, face à ses nombreux ennemis, contre lesquels elle n'est pas préparée?

ça n'en a pas l'air.
elle a l'air gentille Adelheid, en vérité.
elle n'a rien d'une noé méchante et sadique comme on aurait pu le lui raconter avant.

- il y a des jours où je ne pourrais pas te voir. mais je serai toujours là, si tu as besoin de moi. je serai là.

elle sera là. pour elle. Elle le lui avait dit.
Alors Saphira, qui malgré toutes les horreurs qu'elle avait pu voir, tout ce qu'elle avait pu entendre, malgré toute la noirceur de son petit monde à présent.

elle lui sourit.

c'est un petit sourire, il est tout petit, discret, l'on pourrait presque dire timide si l'on ne connaît pas bien l'exorciste. mais son sourire est là. Le petit soleil se réveille, doucement mais sûrement. le papillon recommence à battre des ailes, se relève.

- D'accord... alors ça va.

Adelheid la rassure, de plus en plus. Petit à petit, elle l'aide à étouffer ses peurs, ses angoisses.  Elle les fait taire, elle les balaie. grâce à sa patience, à sa douceur et à sa gentillesse envers l'adolescente. La méfiance tombe petit-à-petit -quoiqu'elle n'ait pas vraiment été présente de base-, et Saphira se livre de plus en plus sur ses inquiétudes, sur ce qui la ronge intérieurement. Elle se sent entourée, soutenue, encouragée par l'allemande qui devient son point d'amarrage dans la mer déchaînée qu'était cette déprime sans fin.

- je te donnerai les armes physiques et intellectuelles pour que tu échappes à tout le monde. personne ne saura que je t'ai aidé.

Alors, elle pourra vraiment devenir forte? Elle pourra échapper au destin que l'on essaie de lui imposer? Que leurs camps respectifs essaient de lui imposer? Elle pourra vraiment le faire?

mais en est-elle capable?
le peut-elle?
Les seules fois où elle a vraiment réussi à se surpasser, elle n'était jamais seule... elle était toujours avec Ayden.

Oui mais.
Adelheid le lui a dit. Elle ne la laissera pas seule. Elle l'a dit. Elle sera là.
Alors elle s'autorise à y croire. A croire qu'elle y arrivera, qu'elle pourra le faire.

-  il faudra commencer par des recherches à édimbourg. je peux m'y rendre, si tu le souhaites, pour chercher des informations.

non.

Il ne faut pas qu'elle y aille.

Il y a encore l'Ordre Noir sur place, très certainement, c'est même sûr à 100%. S'ils la voient, ils vont vouloir la capturer pour qu'elle leur dise où est-ce que Saphira se trouve.

non.

non, elle ne doit pas y aller, c'est trop dangereux.

-Non, vous ne devez pas y aller... c'est trop dangereux Edimbourg, il y aura encore l'Ordre Noir...

Il ne faut pas qu'elle se mette encore plus en danger pour elle. Après tout, elle en fait déjà beaucoup, plus que ce qu'elle devrait.

- Il ne faut pas qu'ils me retrouvent... j'ai déjà assez d'ennuis comme ça...

Des ennuis. Trop de problème, de choses à gérer pour ses frêles épaules. Elle doit s'endurcir, elle s'endurcit déjà en vérité, depuis qu'elle a quitté sa jolie vie animée, mais tout à fait normale, pour rentrer dans la guerre.
à partir de ce moment-là.
Elle a grandi, elle a mûri. Elle a compris des choses, en a appris certaines.

Lorsque la servante revient avec un repas, elle le refuse le plus poliment possible. Elle ne veut pas manger. Elle n'a pas faim. Elle n'a pas envie de manger.
Elle a des tourments, elle doit en parler. Il faut que ça sorte ou ça risque de la consumer de l'intérieur.

- Mais maintenant... maintenant, on fait quoi?

Elle dit "on", elle l'implique aussi.

Parce qu'elle a dit qu'elle allait l'aider. Et qu'en l'aidant, elle s'implique également un peu dans une sorte de mélasse de trahison comme l'appelle certains hommes de l'ordre noir.

Elle ne le voulait pas, elle ne voulait pas que des gens se sacrifient ainsi pour elle, pour réparer ses bêtises.

Mais là, elle y est, et elle est bien obligée d'assumer et d'essayer d'impliquer Adelheid le moins possible.

Le moins possible. Parce qu'il ne faut pas qu'elle non plus, elle souffre.

Il est dur de tomber et de se fracasser contre le sol, de se briser comme une poupée de porcelaine.
Il est facile de rester allongée sur le sol à se lamenter sur son propre sort, à attendre simplement la fin de tout.
Mais il est encore plus dur de se relever, avec ses blessures qui font mal et qui crèvent la peau.
Et lorsque c'est accompli, on ne peut qu'être fier de soi.

Et Saphira, elle avait envie d'être fière d'elle. Alors Saphira, elle voulait se relever, elle voulait y arriver. Et elle savait au fond d'elle, qu'elle le pouvait. Oh, ça ne serait pas facile. Ca prendrait du temps. La déchirure est trop grande, trop intense que pour être recousue en un rien de temps. Ce qu'elle a vu est trop profondément encré en elle. Ce qu'elle a vécu restera gravé sur sa peau. A jamais, sûrement.

Alors évidemment, elle prend peur lorsqu'Adelheid lui parle de se rendre à Edimbourg.

Parce que tout lui revient. Elle ne veut pas se retrouver toute seule, encore. Elle ne veut pas perdre quelqu'un, encore. Car même si elle ne la connaît pas beaucoup, l'exilée s'est déjà attachée à la jeune femme. Elle est comme ça, elle n'a jamais changé à ce niveau : elle aime les gens et tisse des liens très -trop- facilement avec eux.
Et puis, lorsque le lien se coupe, se détruit, ça fait mal. Beaucoup trop mal. Ca la blesse, la heurte au plus profond d'elle-même.

Alors non, non, elle ne veut pas revivre ça.

Elle est rassurée lorsque la Noé lui assure alors qu'elle ne s'y rendra pas. Le soulagement se lit sur le visage de l'adolescente, qui ferme un instant ses yeux pour calmer ses pensées troublées par la panique, l'adrénaline et les mauvais souvenirs.

- Eh bien, en premier lieu, tu manges, jeune fille.

mais elle n'avait pas faim. Enfin, si, son corps avait faim. Mais l'envie de manger n'était pas là.
alors elle veut le dire, toujours aussi poliment bien sûr. Elle n'est pas chez elle après tout, la politesse restera la priorité ici, parce que c'est comme ça qu'elle fut élevée.

- Non non mais je-

Elle n'a pas le temps de râler, de refuser. Son hôte ne l'entend pas de cette oreille.

- Et en mangeant, si tu as d'autres interrogations, si tu veux juste parler, nous parlerons ; mais j'insiste sur le fait que tu dois manger.

Elle le ressent dans sa voix, elle l'entend dans son regard, elle n'a pas le choix. Et il semble inutile de se lancer dans un débat et une argumentation. Elle se forcera à manger, si ça peut faire plaisir à Adelheid.

Elle lâche un regard vers son repas, et ça lui donne envie de pleurer à nouveau. Parce que lorsqu'elle était chez elle, c'était sa mère qui cuisinait. Et sa mère cuisinait plus que bien. Et ça, ça, c'est quelque chose qui lui manque terriblement et qui lui serre le coeur. Les plus beaux souvenirs se trouvent dans les choses simples de la vie dit-on.

- Qu'est ce qui t'inquiète ?

Elle se met à manger lentement, laissant d'abord un temps s'écouler, avalant quelques bouchées avant de briser cet insoutenable bruit qu'est le silence.

- C'est la première fois que je me retrouve seule depuis que je suis partie de la Congrégation.. j'ai toujours été avec mon père, depuis le début et là.. et là, il n'est plus là.

et pourtant, c'était la seule personne à qui elle pouvait se raccrocher.
et pourtant, c'était la seule personne qui la faisait tenir.
et pourtant, c'était la seule personne pour qui elle faisait tout ça.

- Il m'a toujours protégée de tout -de tout!- et puis, quand c'est à moi de prendre soin de lui, je n'y arrive pas... je ne sais pas si c'est de la malchance, ou moi qui suis juste nulle.. dans tous les cas, le résultat est le même maintenant.

et pourtant, elle était plus forte que tout ça.
et pourtant, c'était juste un coup du destin.
et pourtant, elle s'était juste retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment.

- Et puis, il y a ma mère et mon frère.. je ne suis vraiment qu'une idiote, je les ai laissés dans les mains de l'Ordre Noir quand je suis partie alors maintenant... maintenant ils doivent sûrement les avoir pris en otage pour me faire revenir, pour m'obliger à y retourner de mon plein gré..

et pourtant, si elle savait que rien n'était de sa faute.
et pourtant, elle continue à regretter.
et pourtant, elle n'arrive pas à voir les scénarios cachés.

- Alors, je ne sais pas... je dois faire quoi?.. continuer ma petite vie de mon côté, en sachant pertinemment que eux...

Elle n'arrive pas à terminer sa phrase, elle expire bruyamment par le nez pour se calmer. Elle ne veut pas imaginer ce scénario, mais il semble être le moins pire de tout ceux qui se présentent à elle actuellement.

- Ou alors je dois y retourner, et me battre pour des gens que je déteste, avec des gens qui me détestent moi, dans une guerre que je hais, pour que ma famille soit au moins en sécurité?

Cette question, elle se l'est déjà posée des milliers de fois durant son exil.
Mais jamais une réponse ne lui fut apportée.
parce qu'elle préférait nier, et n'en envisager aucune.

Elle était perdue. Enchevêtrée dans ce dilemme. Ce dilemme qui n'est pas nouveau, il la ronge depuis tant de temps. Quelques semaines après que sa fuite ait commencé. Loin d'elle un quelconque sentiment de culpabilité -les seuls coupables ici sont ceux qui veulent l'entraîner de forcer dans cette guerre- mais un sentiment d'inquiétude, envers sa famille restée au pays, en Écosse.

Ses craintes ne sont pas infondées : après tout, avant de partir, elle avait insisté pour qu'un médecin de l'Ordre Noir veille sur sa mère. Mais elle avait tellement peur de l'abandonner. Tellement peur de la laisser seule face aux dangers de ce monde.

Quelle naïve elle avait pu être.

Voilà où toute cette histoire l'a menée. Maintenant, elle ne sait plus où elle en est.

Maintenant, elle est perdue, car elle a du mal à s'y retrouver dans cet océan. A se retrouver elle-même.
Mais, elle n'est pas seule. Elle le sait. Même si sa famille n'est plus à ses côtés actuellement, Saphira n'est plus seule. Il y a Adelheid qui est là pour l'aider.

Je vais t'aider.

Elle l'a dit. Et malgré tout ce qu'elle pourra penser, tout ce qu'il lui est arrivé. Cette gentillesse et cette douceur à son égard lui réchauffe le coeur, lui répare l'âme
Tout doucement. Sans se brusquer.

- C'est une problématique très compliquée, je l'admets. Mais ce ne serait pas une bonne idée d'y retourner. Quelles garanties auras-tu qu'ils seront en sécurité quand tu rentreras ? Aucune.

Aucune, c'est vrai. Mais elle se disait que l'Ordre devait tenir parole, après tout, s'ils avaient promis, si elle revenait...
Quelle naïve pouvait-elle être, encore.

En y réfléchissant bien, c'est vrai que l'Ordre ne tenait jamais parole. Ils étaient horribles là-bas, après tout, c'était eux qui la chassaient comme une malpropre, en l'appelant traîtresse alors qu'elle n'est rien d'autre qu'une jeune fille en quête d'une vie simple. Calme. Normale. Quelle drôle de situation lorsque l'on connaît Saphira.

- Deviens plus forte, Saphira. Tu as l'occasion de rebondir, de devenir plus puissante. Tu es une fleur qui n'a pas encore éclos. Tu pourras sauver ta famille, la revoir. Il faut que tu aies l'espoir et la déterminer d'y arriver.

Elle? Elle pourra y arriver?
Elle le pense réellement?

- À ton rythme, naturellement. Mais tu y arriveras, j'en suis sûre.

A l'exilée de souffler du nez, bruyamment car elle se débarasse ici d'un énorme poids. Un poids qui pesait sur ses épaules. En vérité, elle n'avait jamais parlé du dilemme qui la rongeait, à personne. Et c'est vrai qu'on sous-estime le pouvoir des mots à ce niveau.

- Adelheid...

L'adolescente vient alors chercher les mains de l'allemande, doucement, tout doucement, pour venir les prendre dans les siennes. Elle sourit faiblement.
elle n'a pas l'habitude de se confier sur ce qui la ronge au plus profond d'elle.

- Merci.. merci de m'écouter ainsi, de m'aider comme tu le fais. D'autres n'en auraient pas fait autant...

Elle serre les mains de son interlocutrice, un peu plus fort, mais sans faire mal. Plutôt comme si elle ne souhaitait pas les lâcher. Jamais.

- C'est la première fois que je parle.. que je parle de tout ça à quelqu'un. Et ça me soulage beaucoup, vraiment. Tout ce que tu fais pour moi, c'est trop, c'est... tellement énorme.

oh ! regardez le papillon sortir de sa chrysalide. Le papillon se libère de sa carapace, et commence à agiter doucement ses ailes, les libérant de l'amorphisme dont elles ont été victimes, dévoilant ses couleurs au monde.
Peut-être que bientôt, il aura repris assez de force que pour s'envoler.

Oui, peut-être. Bientôt.

Et elle tenait là les mains de l'allemande, comme un cadeau, un trésor. Faiblement, car elle était encore faible, mais la volonté était revenue. La volonté d'avancer, de se redresser, de rebondir. la volonté de montrer au monde entier qu'une fois encore, elle était vivante et que le destin n'avait pas réussi à l'avoir et qu'il n'aurait jamais sa mort.

Parce qu'elle se battrait. Encore et encore, contre tous les obstacles qui viendraient se poser sur son chemin. Parce qu'elle l'avait décidé : la Guerre ne la tuerait pas, pas maintenant. Jamais. Elle était plus forte que tout ça. C'est ce que répétait son père lorsqu'il parlait de la Guerre : "nous sommes plus forts que tout ça, que tout ce qu'ils veulent que nous soyons". Parce que non, Saphira n'est pas l'ennemie naturelle des Noés. Saphira n'est l'ennemie naturelle de personne. La Guerre est l'ennemie de tous par contre, ça oui. Cette Guerre dans laquelle elle a été jetée, dans laquelle on l'a abandonnée.

Et chaque jour qui passe, elle ne peut que constater l'idiotie de cette Guerre. Au fil des rencontres, au fil des liens qui se crééent, elle ne peut que constater l'ampleur de la bêtise de cette Guerre.
Et si elle pouvait faire quelque chose contre ça, elle le ferait.

- Tu m'as sauvé la vie, Saphira. Tu as un coeur pur, une âme douce qui ne mérite pas tout ce qui lui arrive. Remercies-moi en allant mieux, d'accord ?

Une âme douce qui ne mérite pas tout ce qu'il lui arrive.
Saphira, quand elle regardait Adelheid, elle avait l'impression de voir quelque chose dans ses yeux à elle. Comme si, elle aussi, elle avait dû passer par de dures épreuves pour en arriver là où elle en était aujourd'hui. Elle avait l'air forte Adelheid, elle avait l'air puissante Adelheid, elle était charmante Adelheid, qu'est-ce qu'elle était belle Adelheid.

Elle avait des yeux si beaux, et un regard si assuré, un regard confiant qui revigorerait des troupes entières. Elle avait un charisme incroyable, cette capacité à savoir user des mots avec élégance et intelligence. Qu'est-ce que Saphira admirait le Châtiment.

- Oh, dear. Vider son sac est déjà une étape de franchie. Et c'est bien, vraiment. Je suis convaincue que tu pourras aller loin, Saphira, que tu deviendras encore plus fort. La détermination est la clé, et je suis sûre que tu n'en manqueras pas.

Et alors, la Noé s'était approchée et l'avait enlacée. Un court moment, mais l'Exilée comprenait. C'était pareil avec son père mais elle savait apprécier ce court instant qui lui faisait tellement bien. Se sentir aimée, encouragée. C'est tout ce qu'il lui faut pour lui redonner une raison de voir la lumière.

Une nouvelle raison pour battre des ailes.
Le papillon déjà, retrouve la lumière d'un soleil tant demandé.

- N'hésites pas à demander ce qu'il te faut aux dames qui t'ont été assignées. Il faut que tu reprennes du poil de la bête, ne sois pas gênée de leur demander quoi que ce soit, il s'agit de leur travail, d'accord ?

C'est vrai qu'elle n'était pas habituée à tout cela, elle était habituée à une vie simple tout ce qu'il y a de plus banal. Et au final, c'est ce qui lui manque le plus, les choses simples. Parce qu'elle ne les retrouvera sûrement jamais. Néanmoins, elle marque un arrêt avant, fixant Adelheid de ses yeux violets, de ce regard encore un peu perdu qu'elle avait toujours, mais qu'elle perderait bien vite.

- Tu t'en vas?

Presque étonnée, synonyme d'un "reste". Mais elle savait Saphira, elle savait qu'Adelheid ne pourrait pas rester éternellement. Elle l'avait déjà assez retenue comme ça.

- Pardon de t'avoir fait déplacer pour ça.. j'étais perdue. Maintenant, je... ça va. Grâce à toi. Merci.

Elle lui sourit à nouveau, sourire plus franc, plus sincère que tout à l'heure, le sourire de quelqu'un qui a décidé de se battre pour ce qu'elle veut être et non pas pour ce que les autres veulent qu'elle soit.

- Je vais faire de mon mieux à partir de maintenant... je te le promets.

Promesse de vie, promesse éternelle. Lorsque Saphira promet, ce ne sont jamais des paroles à l'air.
ça veut dire qu'elle le fera vraiment, et qu'elle fera tout pour s'en sortir.
Tout pour se battre.