I'm still standing

Rain, rain and laugh

Ca fait combien de temps qu'elle voyage là? Trois heures? Une journée? Trois semaines? Cinq mois? Deux ans, peut-être? Elle ne sait pas, et le temps passe trop lentement et trop vite à son goût. Les journées se ressemblent mais sont différentes. C'est compliqué à expliquer pour une impatiente comme Saphira. Néanmoins, sur son chemin, elle trouve toujours des choses amusantes à faire. Ramasser des cailloux de chaque pays qu'elle traverse (heureusement qu'elle ne fait pas ça pour les villes...), être une professionelle du lancer de galets sur l'eau (même sur les flaques), chantonner des chansons qu'elle apprécie (sans forcément en connaître les paroles, le yaourt ça marche aussi), faire des couronnes de fleurs (son passe-temps favori lorsqu'elle était à la Congrégation, même si elle perdait vite patience quand ça ne lui convenait pas)... sans oublier s'entraîner un minimum à utiliser Brave. Bon, vraiment, c'est une des parties les moins amusantes du voyage mais il faut bien s'y mettre à un moment ou à un autre, non? Imaginez elle tombe nez-à-nez avec un akuma ! Que fait-elle? Elle ne peut pas laisser son père tout gérer tout le temps. Alors même si ça ne l'amuse vraiment pas, elle le fait.

Et puis, elle l'aime bien Brave, quand on la comprend un peu mieux, elle est facile à vivre... en plus, ses capacités sont vraiment pratiques, en dehors des combats ! De toute façon, c'est vraiment pour l'activer que l'ancienne Exorciste a du mal, sinon une fois qu'elle est prise en main, qu'elle est domptée tel un fauve, tout va bien (ou presque mais on va faire comme si tout allait bien).

Aujourd'hui, Saphi' a soigné son apparence ! Maintenant qu'elle prend son temps pour faire les choses, elle s'adonne à des tas de coiffures différentes. En ce jour pluvineux, elle a opté pour une tresse à trois brins, ses mèches de devant également tressées telle une couronne pour venir rejoindre la plus grosse tresse derrière. Par dessus tout ce travail d'acharné, elle y avait ajouté une couronne de fleurs roses et blanches qu'elle avait pris le temps de faire quelques jours plus tôt. Combien de temps ça lui a pris pour faire cette coiffure? Oh disons... disons bien assez de temps. Mais elle se plaisait tellement à faire ça, à s'occuper de son Innocence comme d'une maman avec son enfant.

Si on peut retenir une chose positive de ce moment, c'est que les Hyde sont bientôt arrivés ! Leur maison n'est plus très loin... rien que cette pensée redonne une motivation et une bonne humeur contagieuse à la jeune fille qui trépigne d'impatience à l'idée de revoir toute sa famille. Quel bien fou ça lui fera, après des mois (qui lui parurent une éternité) sans même les apercevoir... dire que même Colin réussit à lui manquer, c'est dingue non? Elle pourrait encore faire la course avec lui et Goldi, et Colin râlera parce que sa grande soeur l'aura encore une fois plus battu, ce à quoi elle répondra que ce n'est pas de sa faute si elle est si forte et lui si nul, et ils se battront, encore une fois... pour se réconcilier à la fin. Ah, qu'est-ce que ça lui a manqué...
De plus, c'est plutôt sympa de se promener comme ça, librement, avec son papa. Ca permet de se découvrir l'un l'autre et de se créer des souvenirs ensemble. Enfin, se promener... peut-on appeler ça une promenade? Dans le doute, on va dire oui, parce que ça y ressemble non?

Une fois de retour dans le monde réel (en dehors de ses pensées donc), elle tourne la tête vers son père et observe ses traits. Elle se soucie beaucoup de son état. Est-ce qu'il tient le coup? Elle ne sait pas exactement quelle capacité sa condition de Noé lui donne. La vision nocturne? L'infatiguabilité (ça ne se dit pas mais dans la tête de Saphira, oui) ? Le fait de ne pas avoir besoin de dormir (pardon, Ayden ne pas dormir?)? Et puis bon, l'Exorciste est encore jeune, elle a toute son énergie et ses membres qui vont bien alors que lui... elle ricane intérieurement.

- Papa, tout va bien? Tu n'es pas fatigué? On peut s'arrêter si tu veux, tu n'as qu'à me le dire.

En plus, elle a acquis une certaine robustesse (enfin, c'est vite dit) suite aux entraînements qu'elle a suivi à la Congrégation... et un peu à cause du fait qu'elle s'est habituée à beaucoup voyager depuis un certain temps. Elle ne saurait pas non plus tenir quatre heures de suite sans s'arrêter, surtout avec toute l'énergie qu'elle met dans ses moindres mouvements. Mais ça va, elle tient le coup, et elle tient bien !

- Parce que bon, tu sais, moi je ne suis jamais fatiguée, je suis encore jeune hein...

Elle se retient de rire, pinçant ses lèvres en regardant droit devant elle. Elle a bien insisté sur le mot "jeune". Ca la fait rire de taquiner son papa comme ça. En plus, ça fait passer le temps. Que des bénéfices non?

Codage par Libella sur Graphiorum

ENFIN ! Enfin, oui… On est bientôt arrivés. Je n’y croyais plus. Ca fait combien de temps qu’on voyage ? Je ne sais même plus. Une éternité pour moi en tout cas. Qu’est ce que j’ai mal aux pieds ! Qu’est ce que je suis crevé ! Qu’est ce que je pue aussi, j’aurai bien besoin d’une douche quand on sera posés !
Mais le voyage va en valoir le coup. On a été lents, mais prudents tout le long. Résultat : aucun problème vraiment majeur rencontré sur la route. Ha, pour des fugitifs partis à l’arrache, on s’en sort plutôt bien ! Et maintenant… il va falloir prendre le bateau. Et ensuite, nous arriverons au Royaume-Uni. Et bientôt à Edimbourg… Tout cela me semblait tellement loin que j’ai encore du mal à croire qu’on touche à notre but. Enfin…

Mais peut être que je soupire un peu trop, parce que Saphira commence à s’inquiéter pour moi. Hé, c’est l’inverse normalement, c’est moi son père, c’est moi qui dois m’inquiéter pour elle !

-Papa, tout va bien? Tu n'es pas fatigué? On peut s'arrêter si tu veux, tu n'as qu'à me le dire. Parce que bon, tu sais, moi je ne suis jamais fatiguée, je suis encore jeune hein...

Ha-Ha-Ha… Je vous jure, ces jeunes ! Ils se croient invincibles, parce qu’ils ont encore plein d’énergie, qu’ils n’ont pas les os fragiles, qu’ils sont encore en bonne santé, qu’ils sont plus résistants… Ouais, bon, clairement, c’est cool d’être jeune. Mais faut pas oublier que s’ils sont là, c’est parce que les vieux s’occupent d’eux !

-Ouais ouais, c’est ça ! Profites-en tant que tu peux ! Bientôt, ce sera fini ! Adieu la fougue de la jeunesse, et bonjour les rhumatismes et le dos en compote !

Si seulement j’étais devenu Noé quelques années plus tôt ! J’aurai pu avoir l’éternelle jeunesse, être encore un jeune beau gosse, encore plus que maintenant !

-Et puis de toute façon, on n’est vieux que dans sa tête. Ton papa est encore jeune dans sa tête, alors tout va bien.

Ouais, ça, on me le dit souvent par contre. Mais bon, je le vois de manière positive. Ca veut dire que je ne suis pas vieux. Toujours voir le bon côté des choses.

-…Mais bon. Ouais, j’suis quand même crevé. Je me poserai bien à la prochaine auberge… Et ne mens pas, je suis sur que t’es fatiguée, toi aussi !

Finalement, je ne tiens plus, et je fais une petite pause, histoire de souffler un peu. De toute façon, ce n’est pas comme si on était pressés. On est presque à destination maintenant. Il nous reste plus qu’à prendre le prochain bateau en direction du Royaume-Uni… Et nous pourrons rentrer. Ca semble tellement… irréel.

-Hé… T’y crois, ça ? On est bientôt arrivés…

Ce jour-là… On a déserté sur un coup de tête, on a tout lâché, n’emportant presque rien avec nous. On avait des rêves plein la tête, n’importe qui aurait dit que nous étions fous. Et pourtant… On est là. On a déjà fait tout ce chemin. Et on va continuer encore. Jusqu’à arriver à destination.

-T’as réfléchi à ce que tu feras, une fois qu’on sera arrivés ?

A vrai dire… Je ne sais même pas. Mais quoi qu’elle veuille faire, je la supporterai. Car je suis son père après tout.

Perdue

Tout en avancant à son rythme, elle profite du paysage. Elle n'avait jamais entendu parler du Danemark. Enfin, bien sûr que si qu'elle avait déjà entendu parler du Danemark mais si seulement un jour on lui avait dit qu'elle le traverserait et qu'elle profiterait de ses paysages... elle ne l'aurait jamais cru. C'est un pays avec une flore magnifique, verdoyant comme jamais elle ne l'a vu. L'atmosphère et l'architecture des villes sont complètement différentes. On ne retrouve ça nulle part ailleurs. Même les gens ont vraiment l'air gentils. Pas vraiment méfiants, même plutôt ouverts. C'est un peu comme un pays de rêve pour Saphira.

Les grandes étendues vertes, les champs, tout ça ne fait que l'émerveiller un peu plus chaque jour. Elle a l'impression d'en apprendre plus dans ce voyage qu'à l'école. En soi, c'est ce qu'elle a toujours entendu : c'est sur le terrain qu'on apprend ! Et franchement, elle n'attendait que ça, d'aller sur le terrain. On ne va pas se le cacher : rester assise pendant des heures sur une chaise à écouter quelqu'un parler, ça ne correspond pas trop au caractère de l'adolescente.
Aujourd'hui spécialement, elle a besoin d'embêter quelqu'un : bonheur ou plutôt malheur pour lui, il n'y a que son père dans les environs ! Alors autant vous dire qu'elle ne va pas se priver.

-Ouais ouais, c’est ça ! Profites-en tant que tu peux ! Bientôt, ce sera fini ! Adieu la fougue de la jeunesse, et bonjour les rhumatismes et le dos en compote ! Et puis de toute façon, on n’est vieux que dans sa tête. Ton papa est encore jeune dans sa tête, alors tout va bien.

Alors ça, ça ! C'est bien vrai. Parfois, on dirait même qu'il a le même âge que sa fille, mentalement. C'est ça qui est drôle finalement. ça laisse de bonnes surprises. Même s'il dit ça, Saphi sait que son père sait être sérieux. Quand il le faut. Parfois.

- Tout est dans le mental. Par contre, je sais pas ce que c'est des rhuma... rhumitasmes et j'ai pas envie de savoir bizarrement, ça a l'air bizarre.

Bizarrement, ça a l'air bizarre. On va faire comme si on avait rien entendu.
Elle est heureuse. Même si la fatigue est présente plus que jamais, elle pense n'avoir jamais été aussi heureuse que maintenant. Mais bon, elle a beau faire la fière, faire la petite jeunette pleine d'énergie, y'a un moment où il faut savoir se calmer. Mais Saphira ne connaît pas ce mot.

-…Mais bon. Ouais, j’suis quand même crevé. Je me poserai bien à la prochaine auberge… Et ne mens pas, je suis sur que t’es fatiguée, toi aussi !

Elle ricane et lève haut la tête, se mettant à marcher plus vite et à sautiller partout.

- Jamais, je ne suis jamais fatiguée, c'est dans la tête ça !

Et alors même qu'elle termine cette phrase, elle se prend les pieds dans Brave et tombe par terre. Directement sur les fesses. Plus de peur que de mal, elle n'a absolument rien. Elle en rit même.

- Je ne suis peut-être pas fatiguée dans ma tête, mais je pense que mon corps n'est pas du même avis..

Ils s'arrêtent, tous les deux épuisés sûrement. Saphira en profite pour ronchonner vite fait car, dans sa chute, elle a sali ses cheveux. Elle sort de son sac un peigne et commence à brosser les pointes de sa chevelure, pour les nettoyer un peu et surtout, les démêler. Pendant qu'elle se concentre sur sa tâche hardue, elle fait lentement battre ses pieds. Vraiment, avoir des aussi longs cheveux, c'est beau, mais bon dieu que c'est pas pratique...

-Hé… T’y crois, ça ? On est bientôt arrivés…

L'ancienne Exorciste sourit. Leur but se rapproche. Ce pour quoi elle s'est battue touche à sa fin. Elle va pouvoir rentrer chez elle. Dans sa maison. Sa vraie maison à elle. Pas la prison qu'est la Congrégation.

- Non... non, je pense que je ne réalise pas. C'est limite irréel ! Ca va faire si bizarre de revenir à la maison..

C'est irréel, impensable. Il y a deux mois à peine, elle pensait finir son adolescence à la Congrégation, entourée d'autres Exorcistes. Elle pensait y rester, continuer à se battre encore et toujours pour des valeurs qui lui semblaient chères.
Et maintenant... maintenant, elle ne sait plus trop. Même si l'arrivée se rapproche à grands pas, elle se sent perdue dans ses objectifs, dans ce qu'elle doit penser ou faire. Tout ce qu'elle pensait être bon s'est révélé être soit faux, soit mauvais. Alors, que lui reste-t-il maintenant?

-T’as réfléchi à ce que tu feras, une fois qu’on sera arrivés ?

Elle arrête de peigner son Innocence, se mettant à réfléchir pendant quelques instants. Elle tourne ensuite la tête vers son père, attendant encore quelques instants avant de lui répondre.

- Pas du tout. Je ne sais vraiment pas. Je n'ai jamais planifié ma vie alors pourquoi ça commencerait maintenant?

Elle continue à réfléchir. Autant dire ce qu'elle a sur le coeur. Ca ne lui fera pas de mal et puis, Ayden saura très certainement l'éclairer et l'aider dans l'enfer que sont actuellement ses pensées.

- En vrai, je ne sais même plus quoi penser. Pour moi, j'allais être une Exorciste jusqu'à la fin de la Guerre, et tout terminerait très bien, j'aurais pu rentrer tranquillement une fois tout ça fini.. mais il n'y aura jamais de fin.

Elle l'a bien compris. La Guerre n'aura jamais de fin. Elle ne sait même pas depuis combien de temps elle dure, mais c'est de torp à son goût. EN y réfléchissant bien, elle ne veut pas passer sa vie à se battre dans une guerre infinie, pour des gens qu'elle n'apprécie pas forcément en plus. Où en est l'intérêt? De plus, les gens qui dirigent la guerre n'ont aucun sens moral. Que ça soit le Comte ou bien les Hauts-Placés de la Congrégation (elle ne sait même pas qui c'est non plus). Ils s'en fichent que les gens meurent, tout ce qui compte pour eux au final, c'est gagner. Ils détruisent des vies et jouent même avec. La preuve est les Semi-Akumas. Elle ne pourra jamais comprendre ces gens-là. En plus ils font peur.

- Mais du coup, je sais pas quoi faire maintenant. Je sais même plus quoi penser de moi-même, de ceux qui étaient censés être dans mon camp ! J'ai tellement peur qu'ils me retrouvent encore et qu'ils essaient de me ramener une nouvelle fois... en Allemagne, j'ai eu de la chance mais je ne sais pas si j'en aurai tous les jours...

Codage par Libella sur Graphiorum

Ah, la jeunesse ! C’est beau, c’est insouciant ! Ca court partout, c’est hyperactif, et ça a plein d’énergie ! Et ça ne connait même pas le mot -et la douleur, surtout- rhumatisme ! Enfin, moi j’ai surement appris la douleur avant de me rappeler du mot. Parce que bon, on ne s’en sert pas tous les jours, de ce mot. Sauf à partir d’un certain âge.

-Jamais, je ne suis jamais fatiguée, c'est dans la tête ça !

Dans ma tête, je suis fatigué ? Peut-être, mais alors aussi dans mes pieds, dans mes genoux, dans mon dos, dans mes paupières, et dans ma barbe de plus d’une semaine. Et après, dans ma tête.
Mais bon… Je suis juste heureux de la voir comme ça. Si insouciante, si débordante d’énergie… Elle a même pris le temps de se faire une coiffure tirée par les cheveux -c’est le cas de le dire- ce matin. Je préfère mille fois la voir comme ça plutôt que blessée, en danger de mort, enfermée entre quatre murs… Ce jour-là, si je n’avais pas été là… Elle n’aurait pas pu activer son innocence, et… et je ne veux pas imaginer la suite.
Mais alors que Miss Moi-je-suis-encore-jeune court partout comme une pile, elle se casse la gueule. Pouf, sur les fesses.

- Je ne suis peut-être pas fatiguée dans ma tête, mais je pense que mon corps n'est pas du même avis..
-HA-HA ! Tu vois, je te l’avais dit !

Oui, je sais, c’est une réaction de gamin. Mais je viens de préciser que je suis encore jeune dans ma tête.

Finalement, nous nous posons un peu, pour souffler. C’est vrai qu’il ne faut pas trainer, mais ça ne sert à rien de se tuer non plus. On ne veut pas revenir comme des zombies non plus.
Saphira en profite pour coiffer sa longue chevelure. C’est vrai que ses cheveux sont beaux. Si seulement il ne s’agissait pas d’un cadeau empoisonné.

-Non... non, je pense que je ne réalise pas. C'est limite irréel ! Ca va faire si bizarre de revenir à la maison..
-Hé, ouais… ça fait un moment, que tu n’es pas revenue, d’ailleurs. Ne t’inquiète pas, rien n’a changé.

Même si j’ai l’air confiant, en vérité… Moi non plus, je ne réalise pas. Alors que de mon côté, j’avais la chance de pouvoir revenir souvent chez moi. Mais… quelque chose maquait. Sans Saphira, ce n’était plus vraiment la même chose. Pour une fois depuis longtemps, nous serons tous ensemble…

Et puis vient la fameuse question : ce qu’on fera une fois arrivés.

- Pas du tout. Je ne sais vraiment pas. Je n'ai jamais planifié ma vie alors pourquoi ça commencerait maintenant?

Vivre au jour le jour. C’est une bonne philosophie de vie. C’est un peu selon cette devise qu’on est tous les deux partis, fuyant nos camps respectifs. Si on avait pensé au lendemain, peut être qu’on y aurait réfléchi à deux fois.
Mais je ne regrette rien.
Mais j’ai le sentiment qu’il y a plus que ça. C’est l’instinct paternel, ça. Et je n’ai même pas besoin de lui demander qu’elle se livre d’elle-même.

- En vrai, je ne sais même plus quoi penser. Pour moi, j'allais être une Exorciste jusqu'à la fin de la Guerre, et tout terminerait très bien, j'aurais pu rentrer tranquillement une fois tout ça fini.. mais il n'y aura jamais de fin.

Pas de fin… Eh oui. Moi aussi, au début, je ne comprenais pas l’ampleur du combat. Je me disais que c’était une bataille, et que, bah, j’allais me mettre du côté du boss, parce que c’était mon rôle, et qu’on m’avait donné ces pouvoirs pour ça. Mais en vérité, cette guerre a déjà beaucoup trop duré. Nous ne sommes pas la première génération de soldats, et nous ne serons pas la dernière. Ce qu’on nous demande, c’est de sacrifier notre vie.

- Mais du coup, je sais pas quoi faire maintenant. Je sais même plus quoi penser de moi-même, de ceux qui étaient censés être dans mon camp ! J'ai tellement peur qu'ils me retrouvent encore et qu'ils essaient de me ramener une nouvelle fois... en Allemagne, j'ai eu de la chance mais je ne sais pas si j'en aurai tous les jours...

J’écoute tout ce qu’elle a à me dire, ses hésitations. Moi aussi, j’ai eu ces doutes, pendant un moment. La sensation de trahir quelqu’un, la peur d’être retrouvé, l’appréhension des conséquences. C’est ce qui nous poursuit, tous les jours. Et notre plus grand fléau, c’est le doute. C’est nous-mêmes.
Je soupire, reposant mon menton dans ma main.

-Tu sais… c’est normal, d’avoir peur. De douter, comme ça. De ne plus savoir où tu en es. Pour être honnête, moi aussi, j’étais perdu, au début. Est-ce qu’on a fait le bon choix ?
Mais… J’y ai réfléchi. Je me suis demandé, depuis quand je suis impliqué dans tout ça ? Pourquoi, d’ailleurs ? Et puis, la réponse est simple : je ne l’ai pas choisi. On m’a forcé à rentrer dans leur guerre. Mais ça n’a jamais été ma guerre. Et ça n’est pas la tienne non plus, Saphira.

A nouveau, j’affiche un grand sourire, confiant. Malgré mon dos en compote, j’essaie de me tenir droit.

-Et puis, je te l’ai déjà dit, non ? Ton papa est super fort ! Je te protégerai, tu peux compter sur moi.

Malgré tout, il y a quelque chose qui m’a fait tiquer. Quelque chose qu’elle a légèrement omis de parler, ou qu’elle a vraiment oublié ? Je ne sais pas, mais papa n’est pas content. Alors je plisse les yeux vers elle.

-Et sinon, qu’est ce qu’il s’est passé, en Allemagne ?

Cette fois, peu importe qui, celui qui fait du mal à ma fille ne mérite pas d’exister.

Aveux

Perdue. C'est le meilleur moment pour la décrire actuellement. Pourtant, elle a toujours su ce qu'elle voulait, elle n'a jamais été très difficile quand il fallait prendre des décisions, aussi dures pouvaient-elles être. Saphira avait toujours un avis tranché sur la question, qu'importe la situation. Mais là, elle était perdue. Elle n'était pas habituée à ce que tout son environnement soit bouleversé d'un seul coup, à ce que tout son univers change sans prévenir, sans crier gare. Sans même un mot d'explication. Comme chaque évènement ces derniers mois.

Etait-elle vraiment prête pour ce genre de voyage? Ce genre de vie? Elle-même se posait parfois la question. Si elle n'était pas prête à vivre la guerre, était-elle plus adaptée à une vie de fuite et d'angoisse permanente?
Puis, elle se rappelait pourquoi elle faisait tout ça. Voir le sourire de son père, son air confiant et -malgré la fatigue- heureux la réconfortait et lui rappelait chaque jour que son combat, ainsi que ses futures batailles en valaient la peine. Rien que pour ça. Juste pour voir son père garder son sourire. Ca valait tout l'or du monde, non?

-Hé, ouais… ça fait un moment, que tu n’es pas revenue, d’ailleurs. Ne t’inquiète pas, rien n’a changé.

Un moment, seulement? Combien de temps exactement? Des semaines, des mois, des années, des siècles? Oh, bien entendu qu'elle exagère mais cette période lui paraît comme tel. Une éternité passée loin de tout ce qu'elle a connu, de tout ce qu'elle devraît seulement connaître en tant que jeune fille de 16 ans. Elle a hâte de retrouver son petit cocon, son univers familier qu'elle chérit tant, cet univers pour lequel elle a voulu se sacrifier, simplement pour pouvoir le protéger ne serait-ce qu'un peu plus des horreurs de la Guerre Sainte.
Savoir que rien n'a changé la rassure un peu également. Même si elle s'adapte facilement aux environnements inconnus, elle n'aimerait pas revenir chez elle et que tout ait bougé. Ca sera déjà assez difficile pour elle, alors ne lui compliquons pas la tâche.

Mais voilà, malgré tout, ses doutes ne s'envolent pas. Ils restent là, ancrés dans sa tête et elle doit les évacuer avant qu'ils n'embrouillent complètement son esprit. Retomber sur son vieux carnet ne l'a pas aidée à y voir plus clair et écrire ses pensées non plus.
Mais elle se sent écoutée. Comprise. Et ça la rassure, encore une fois. C'est une enfant, on doit toujours la tenir un peu par la main pour l'aider à avancer. Elle ne se sent ni jugée, ni apeurée. Elle est presque plus légère que lorsqu'elle a commencé à parler.

-Tu sais… c’est normal, d’avoir peur. De douter, comme ça. De ne plus savoir où tu en es. Pour être honnête, moi aussi, j’étais perdu, au début. Est-ce qu’on a fait le bon choix ?
Mais… J’y ai réfléchi. Je me suis demandé, depuis quand je suis impliqué dans tout ça ? Pourquoi, d’ailleurs ? Et puis, la réponse est simple : je ne l’ai pas choisi. On m’a forcé à rentrer dans leur guerre. Mais ça n’a jamais été ma guerre. Et ça n’est pas la tienne non plus, Saphira.

Elle hoche la tête au fur et à mesure qu'il parle. Il a raison et elle le sait. Au fond, c'est un peu ça qu'elle voulait entendre. Qu'elle n'était pas la seule à douter. A se sentir mal. Que c'était normal. Ce n'est pas grave d'avoir peur, de se remettre en question, c'est même bénéfique tant qu'on ne s'en rend pas malade. C'est une réaction humaine au final. Il ne faut pas qu'elle s'en fasse la petite Saphira, tout va bien chez elle, elle n'est pas anormale ou monstrueuse à cause de ses remises en question.

-Et puis, je te l’ai déjà dit, non ? Ton papa est super fort ! Je te protégerai, tu peux compter sur moi.

Elle sourit grandement. Elle aimerait bien dire la même chose. Heureusement que son père est là car sans lui, elle n'aura pas pu faire plus de un kilomètre sans se faire soit attaquer par un akuma, soit repérer par l'Ordre Noir. Toute seule, elle ne serait jamais arrivée aussi loin. Alors ça, elle le lui revaudra toujours.
Néanmoins, l'exorciste fut sincère. Très sincère. Un peu trop. Elle lâcha quelque chose en plus, une phrase de trop, une toute petite phrase de rien du tout mais qui, pourtant, veut tout dire.

-Et sinon, qu’est ce qu’il s’est passé, en Allemagne ?

Aïe. Oui alors. Comment lui expliquer? "Ah oui, l'Allemagne, ce pays fabuleux où t'as failli ne jamais me revoir parce que je me suis fait repérer? Oh, c'était une petite balade de santé". Non, clairement non. Il allait falloir y aller avec délicatesse et ça, c'était pas gagné. Allait-elle tenter le mensonge, ou directement la vérité et la pure vérité?

- En Allemagne? J'ai dit Allemagne? Non, je voulais dire "ah... ah le magne !" Parce que c'est une expression de jeune en... en France ! Je l'ai découverte grâce à un ami Exorciste, tu connaissais pas?

Bon bah, le mensonge. Elle laisse passer un blanc, tout en se pinçant les lèvres. Elle sait que son excuse est ridicule et qu'Ayden ne la croira jamais. D'ailleurs, elle le voit bien dans ses yeux. Elle détourne le regard, elle cherche une explication à donner. Elle ne sait pas par où commencer. Elle fixe Brave, comme si son Innocence pouvait l'aider dans un moment pareil.
Finalement, elle est cernée. Elle ne peut pas mentir. Déjà, parce qu'elle ne sait pas et de deux parce que son père l'apprendra d'une manière ou d'une autre. Et c'est mieux que ça soit pas au détour d'une ruelle danoise.

- Bon d'accord c'est pas vrai ! En vrai je... ehm oui hein euh... je me suis fait repérer par l'Ordre Noir.

Voilà, la bombe est lançée. Mais comme pour l'amorcer, elle surenchérit d'un coup.

- Je voulais juste aider une fille, puis un traqueur m'a vue et j'ai réussi à partir mais il a continué à me suivre ! Je les ai semés en fin de compte. Mais je... peut-être que j'aurais dû te le dire?

Elle a bien réfléchi à comment ils avaient pu la retrouver et elle ne voyait qu'une seule solution valable. C'était horrible à annoncer, et elle-même avait du mal à y croire.

- Je... je pense que l'Ordre Noir sait où je veux aller... et qu'ils ont retracé mon chemin et placé des Traqueurs et des Exorcistes sur celui-ci pour m'intercepter. Ils m'ont devancée.

Après avoir dit cela, elle se tait, une moue un peu honteuse sur le visage. C'est en le disant qu'elle se rend compte de son énorme, énorme bêtise. Elle pose son coude sur sa cuisse et vient glisser sa joue dans sa main. Elle ne sait pas quoi ajouter d'autre. Parce qu'elle n'a rien à ajouter à ça, très certainement.

Codage par Libella sur Graphiorum

Alors là je ne suis pas content. Pas content du tout. Ouh, on pourrait presque dire que je suis un peu énervé. 
Saphira m'a caché quelque chose de très important visiblement̀. Assez important pour que ça concerne nos poursuivants. Autant dire que c'est super important.

-En Allemagne? J'ai dit Allemagne? Non, je voulais dire "ah... ah le magne !" Parce que c'est une expression de jeune en... en France ! Je l'ai découverte grâce à un ami Exorciste, tu connaissais pas?

J'étouffe un rire, ce qui au final fait un son entre le hoquet et l'éternuement que tu réussis à retenir à la dernière minute. Non, sérieusement ? Ok, je ne parle pas français, mais pas besoin d'être polyglotte pour savoir qu'elle raconte des conneries pour essayer de s'en sortir. Rien que voir la manière dont ses yeux fuient les miens suffit à me prouver qu'elle est en train de mentir. Elle me prend pour qui ? Pour le dernier pequenot qui va croire tout ce qu'elle dit ?

-Ça tombe bien, moi aussi j'ai appris une expression, d'un camarade italien de l'Arche ! "Si tu continues de mentir, ton nez va s'allonger". Et le tien vient de grandir.

Non, ce n'est pas vrai. Mais le sens est là.

Et puis finalement, elle finit par passer aux aveux.

-Bon d'accord c'est pas vrai ! En vrai je... ehm oui hein euh... je me suis fait repérer par l'Ordre Noir. Je voulais juste aider une fille, puis un traqueur m'a vue et j'ai réussi à partir mais il a continué à me suivre ! Je les ai semés en fin de compte. Mais je... peut-être que j'aurais dû te le dire?
-Non, tu crois ? Bien sur ! Bien sur que tu aurais du m'en parler !

Merde, c'est vraiment pas en notre faveur, ça... Si l'Ordre Noir a repéré la trace de Saphira, peut être que ça fait un moment qu'ils nous suivent discrètement... Enfin, ils nous seraient sans doute déjà tombés dessus. Mais peut être...
Et là, Saphira m'annonce ce que je commençais à craindre.

-Je... je pense que l'Ordre Noir sait où je veux aller... et qu'ils ont retracé mon chemin et placé des Traqueurs et des Exorcistes sur celui-ci pour m'intercepter. Ils m'ont devancée.

Et elle détourne les yeux, appuyant son menton dans sa main. Je laisse digérer l'information pendant un moment. Tous nos espoirs de revenir̈ tranquilles, inaperçus... envolés.

Néanmoins, ce n'est surtout pas le moment de se laisser défaire. C'est mon rôle de motiver Saphira et de la protéger. C'est à moi de faire en sorte que tout se passe bien. Je lui ai promis.
Lentement, je pose une main sur sa tête.

-Ce n'est pas ta faute... tout ça, c'était prévisible. On savait que ça risquait d'arriver, tôt ou tard. Au fond, on a même eu de la chance de ne pas s'être fait repérer plus tôt.

C'est bien vrai : depuis le départ, on n'arrêtait pas de couvrir nos arrières, de commencer à devenir paranoïaques, tellement on craignait d'être suivis. Le risque a toujours été présent... on le savait très bien.
Et pourtant, même si je le savais, ce n'est pas pour ça que j'ai trouvé des solutions.

-Ce n'est pas grave ! Notre but n'a toujours pas changé. Il va juste falloir redoubler de prudence...

Allez, réfléchis Ayden ! Ne lui montre pas que tu doutes. Ne lui montre pas... qu'on est dans une impasse.

-On va se déguiser ! On va se donner une fausse identité. Si on y arrive bien, et qu'ils nous attendent au port, on passera ni vus ni connus, et ils ne nous soupçonneront même pas.

Ok, ça, c'est pour le bateau. Le plus dur maintenant sera à l'arrivée... Et, ce qui m'inquiète le plus, c'est que l'Ordre Noir sait où habite Saphira. S'ils font quoi que ce soit à Virginia ou à Colin, ils le regretteront toute leur vie... 

-Laisse-moi m'occuper de l'Ordre, d'accord ? Ils ne s'attendent sans doute pas que je serai avec toi. Je te l'ai dit, papa est fort, et j'ai une botte secrète !

Oui, ma botte secrète...

Playing with fire

Oh elle sent mal. A ce moment précis, si Saphira pourrait disparaître de la surface de cette planète, elle le ferait avec joie. Elle le voit dans le regard d'Ayden qu'elle a fait une bêtise et une trèèès grosse. Elle se rend compte de l'ampleur de ses actions seulement maintenant en fait. Comme d'habitude, elle a agit sur le tas, sur le moment sans même réfléchir à ce qu'il pourrait se passer après. En soi, elle se disait que ça ne serait pas trop grave après tout, ce n'était qu'une fois... une seule petite fois... n'est-ce pas?..
Son petit mensonge ne semble pas vraiment passer. Elle s'y attendait un peu, c'était une excuse idiote inventée sur le tas. "Ah le magne !"? Une expression de jeunes français? Pourquoi pas un dessert polonais tant qu'on y est.

-Ça tombe bien, moi aussi j'ai appris une expression, d'un camarade italien de l'Arche ! "Si tu continues de mentir, ton nez va s'allonger". Et le tien vient de grandir.

Par réflexe, elle ne sait même pas pourquoi, elle vient porter ses deux mains sur son nez, en rougissant légèrement. Elle marmonne, comme une petite vieille, en baissant le regard et retirant lentement ses mains de son nez.

- C'est même pas vrai d'abord, mon nez il a pas grandi...

Elle est cernée, elle le sait très bien. Avouer ses fautes est une chose... admettre ses erreurs et en assumer les conséquences en est une autre. Comment aurait-elle dû réagir alors? Venir directement le dire? Au fond, à quoi ça aurait servi, à part inquiéter plus son père? Vu qu'au final, elle a réussi à s'enfuir, n'est-ce pas le principal? De toute façon, elle leur fait mordre la poussière quand elle veut aux membres de l'Ordre Noir hein. Elle a pas peur d'eux Saphou ! Enfin... pas de tous... quand on dit membres de l'Ordre Noir, on exclue les Maréchaux, les Corbeaux, les Semi-Akumas, les hauts-gradés de Central... bon, ça fait plus beaucoup de monde mais c'est déjà ça non?

-Non, tu crois ? Bien sur ! Bien sur que tu aurais du m'en parler !

Arf, elle se sent vraiment mal là. Vraiment beaucoup. Mais dans quoi elle les a fourrés encore? Quelle gourde... c'est toujours à Ayden de rattraper ses boulettes, c'est déjà la deuxième fois. Et le pire, c'est que ce ne sont pas des "petites" boulettes mais des énormes ! Du genre à mettre sa vie en danger quoi. Elle fixe le sol en faisant aller ses jambes, lentement alors que son papa pose une main sur sa tête. Elle lève ses yeux mauves vers lui et l'écoute attentivement -c'est ce qu'elle peut faire de mieux à présent.

-Ce n'est pas ta faute... tout ça, c'était prévisible. On savait que ça risquait d'arriver, tôt ou tard. Au fond, on a même eu de la chance de ne pas s'être fait repérer plus tôt.

Elle secoue la tête. Ce n'est pas vraiment vrai ça et quitte à être sincère, autant l'être complètement.

- Si, c'est quand même ma faute... j'aurais dû faire plus attention. Mais bon, c'est trop tard et puis l'important c'est que je me sois pas faite attraper, non?

Elle aussi, de son côté, elle essaie de dédramatiser. De se dire qu'au fond, c'est pas trop grave, c'est qu'une petite erreur de parcours. Ca se rattrape.

-Ce n'est pas grave ! Notre but n'a toujours pas changé. Il va juste falloir redoubler de prudence...

Il marque un petit temps d'arrêt. La prudence... c'est un mot qui ne lui est que très peu familier. Il n'est pas dans sa nature d'être prudente, c'est plutôt "on fonce, et on voit les dégâts après !". On peut voir que ça a porté ses fruits dernièrement...

-On va se déguiser ! On va se donner une fausse identité. Si on y arrive bien, et qu'ils nous attendent au port, on passera ni vus ni connus, et ils ne nous soupçonneront même pas.

C'est à son tour de marquer un temps d'arrêt. Elle réfléchit quelques secondes à ce qu'Ayden vient de lui dire.

- Mais papa... je peux pas passer "ni vue ni connue"... tu as vu mes cheveux? L'Ordre a très sûrement -c'est même sûr à 100%- un dossier complet sur moi... une fille aux cheveux super longs et aux yeux mauves, ça court pas les rues quoi. Ils connaissent même la façon dont je me bats -enfin les seules fois où j'arrivais à me battre...

Elle essaie de réfléchir à une autre solution, mais elle ne trouve pas. Brave est une misère quand il s'agit d'être discret. Plus qu'une misère même, une catastrophe.

-Laisse-moi m'occuper de l'Ordre, d'accord ? Ils ne s'attendent sans doute pas que je serai avec toi. Je te l'ai dit, papa est fort, et j'ai une botte secrète !

Là, c'est à elle de ne pas être contente. Elle fronce ses sourcils et plisse des yeux tout en regardant Ayden. Elle pose les poings sur ses hanches et le fixe, d'un air on ne peut plus sérieux.

- Alors là, pas question ! Je peux pas te laisser t'occuper de tout, tout seul, encore une fois ! Ils vont pas être que deux traqueurs à m'attendre, et tu le sais très bien. Non non non, cette fois-ci, je te laisserai pas tout faire. En plus, moi aussi j'ai ma botte secrète maintenant !

Botte secrète, c'est vite dit aussi ça. Mais décidément, elle ne peut pas le laisser s'occuper de tout, elle se l'est promis. C'est fini de rester derrière à observer, Saphira aussi va défendre ses intérêts, les vrais, ceux pourquoi elle veut vraiment se battre.

- Même si ma botte secrète c'est juste que maintenant je sais contrôler Brave, ça compte parce qu'eux, ils ne le savent pas ! Et en plus c'est pas parce que t'es super fort que tu dois tout faire hein. ET EN PLUS, en plus ! Si moi je suis blessée par une Innocence, c'est pas grave tu vois, alors que toi, ça devient directement plus problématique.

Codage par Libella sur Graphiorum

Saphira a raison : l'important c'est qu'elle en soit sortie indemne. On aurait pu se faire attraper n'importe quand, le risque est toujours présent. On... le savait. Ou peut-être pas après tout. On est vraiment partis du jour au lendemain, sans vraiment y réfléchir. On aurait du le savoir...
Mais c'est pour ça qu'on doit être encor plus forts, encore plus discrets. Et on y arrivera. J'en ai la certitude.
Mais Saphira relève un nouveau problème : comment la déguiser avec ses cheveux ? C'est sûr qu'ils sont hyper longs et qu'ils sont vachement évidents... Difficile de passer inaperçue comme ça... Mais, il y a effectivement un moyen. Elle réfléchit mais ne trouve pas. Pourtant il ne faut pas chercher très loin... même si ça risque de ne pas lui plaire...

Enfin, on en reparlera plus tard... Pour l'instant il y a autre chose à éclaircir. Parce qu’encore une fois elle ne veut en faire qu'à sa petite tête. Et ça, il en est hors de question, surtout pas pour cette fois.
Déjà, elle met ses mains sur ses hanches, affichant un air de je-ne-suis-pas-contente. Parce qu'elle croit que je le suis !?

-Alors là, pas question ! Je peux pas te laisser t'occuper de tout, tout seul, encore une fois ! Ils vont pas être que deux traqueurs à m'attendre, et tu le sais très bien. Non non non, cette fois-ci, je te laisserai pas tout faire. En plus, moi aussi j'ai ma botte secrète maintenant !
-Ah oui ? Alors dis-moi, c'est quoi ta botte secrète ?

Certes, je ne l'ai pas vue se battre dans̀ un vrai combat. Mais c'est justement ça le problème : elle ne s'est jamais battue dans un vrai combat. Elle ne sait pas ce que c'est... Alors sa botte secrète ?

-Même si ma botte secrète c'est juste que maintenant je sais contrôler Brave, ça compte parce qu'eux, ils ne le savent pas ! Et en plus c'est pas parce que t'es super fort que tu dois tout faire hein. ET EN PLUS, en plus ! Si moi je suis blessée par une Innocence, c'est pas grave tu vois, alors que toi, ça devient directement plus problématique.

Je soupire. Je le savais. Ce n'est pas une botte secrète : ils s'en doutent. Et ils ont sans doute un dossier entier sur elle. Ce n'est absolument pas une botte secrète.

-Non Saphira. Non.

Ma voix est directe et froide. Cette fois, on ne plaisante plus.
Je croise les bras et la fixe dans les yeux.

-Saphira, la Congrégation est loin d'être bête : ils sauront déjà que tu sais mieux maîtriser ton innocence. Et il y a surtout un autre problème : tu n'as jamais vraiment combattu Saphira... Ce n'est pas un jeu. C'est la guerre.

Je soupire et me gratte la tête. Dit comme ça... c'est un peu dur à avaler. Je ne veux pas dire qu'elle est faible mais... elle manque d'entraînement de toute évidence.

-Écoute... Je ne veux pas t'écarter ni quoi que ce soit. Mais on risque nos vies. D'accord, je suis vulnérable contre les innocences. Mais toi alors ? Ils ne te blesseront pas mais te feront pire. Rappelle-toi qu'ils forcent des gens dans leurs rangs.

Distraitement, je sors une pièce de ma poche et la jette en l'air, avant de la rattraper. Je répète ce petit numéro, essayant d'appréhender ce qui va nous arriver.
Et d'appréhender ce que je vais lui dire, aussi.

-Et... mes pouvoirs de Noé sont tout aussi efficaces sur eux. Et s'ils vous blessent, à toi ou à ta maman ou Colin... je serai sans pitié.

Au final, rien n'a changé : je ne pourrai pas expier mes pêchés...

What if an angel needs somebody

Elle ne peut pas. Elle ne peut juste pas. Elle ne peut plus. Laisser tout le monde tout faire à sa place, c'était fini ! Elle se l'était promis dans sa lettre, dans son journal. Elle doit être forte, elle doit prouver qu'elle est qui elle est. S'affirmer, prendre les devants, être seule maîtresse de son destin que le Destin lui-même a voulu lui dicter. C'était fini de se faire marcher sur les pieds, fini de rester derrière à regarder, fini de laisser la peur la ronger lorsque l'ombre d'un combat s'approchait. Elle se sentait prête. Elle était prête. Elle le savait au fond d'elle. Elle en était persuadée.
Alors que son père veuille encore la protéger... oh, elle ne pouvait que le comprendre, il ne faisait que ça depuis qu'elle était née. Mais cette fois-ci, c'était différent. Cette fois-ci, il fallait qu'il arrête de prendre toutes les responsabilités, il fallait qu'il laisse Saphira agir ! Mais elle avait beau user de ses meilleurs arguments, ça ne semblait pas marcher. Elle le voit dans ses yeux. Elle l'entend dans sa voix.

-Non Saphira. Non.

Comment ça, "non Saphira"? N'a-t-elle pas raison? N'est-ce pas lui le plus susceptible d'être blessé? L'Ordre n'oserait jamais blesser un de ses petits soldats de plomb, alors pourquoi non?

-Saphira, la Congrégation est loin d'être bête : ils sauront déjà que tu sais mieux maîtriser ton innocence. Et il y a surtout un autre problème : tu n'as jamais vraiment combattu Saphira... Ce n'est pas un jeu. C'est la guerre.

Comment ça "tu n'as jamais combattu Saphira"? Pardon? Et les entraînements du Maréchal Sokaro, c'était quoi, des petits gâteaux au four ?! Elle lui en donnerait elle, des "tu n'as jamais combattu", c'est totalement faux !
Quoique, il y a une petite part de vérité dans ses paroles. Infime. Infimement grande. Et elle le sait, elle le sait très bien. Elle le sait que quand son père lui dit qu'elle n'a jamais combattu, c'est au sens véritable combat contre un akuma ou même un Noé.

-Écoute... Je ne veux pas t'écarter ni quoi que ce soit. Mais on risque nos vies. D'accord, je suis vulnérable contre les innocences. Mais toi alors ? Ils ne te blesseront pas mais te feront pire. Rappelle-toi qu'ils forcent des gens dans leurs rangs.

Elle serre les poings. Elle le sait, et elle déteste ça. Elle n'aime pas avoir tort. Elle n'aime pas qu'il ait raison. Et surtout cette vérité là. Elle la déteste. Elle déteste se sentir impuissante, elle déteste ne rien pouvoir faire. Elle veut essayer. Elle va essayer.

- Je sais tout ça, je sais... mais c'est justement parce qu'on risque nos vies que je ne peux pas tout te laisser faire. Parce que tu ne pourras pas toujours me mettre sur le côté indéfiniment ! Mon Innocence, je l'aurai jusqu'à la fin de ma vie, que tu le veuilles ou non papa et tu le sais très bien aussi.

Il fallait le dire, il fallait que ça soit dit. Parce que c'est évident. Pour elle en tout cas, c'est évident, mais elle a conscience que ça ne l'est peut-être pas chez tout le monde. Lorsque Brave l'a choisie, lorsqu'elle s'est liée à Saphira, c'était à jamais.

-Et... mes pouvoirs de Noé sont tout aussi efficaces sur eux. Et s'ils vous blessent, à toi ou à ta maman ou Colin... je serai sans pitié.

Elle hoche la tête et elle offre, malgré tout, un petit sourire à son père. Parce que malgré tout, elle admire son courage et sa tenacité. Elle le sait : ce n'est pas son père pour rien. Ou alors serait-ce "ce n'est pas sa fille pour rien"?

- Je n'en doute pas une seule seconde papa. Je n'ai jamais, jamais douté de toi.

Alors s'il te plaît, ne doutez pas d'elle non plus.

- C'est justement parce qu'ils ne voudront pas me blesser qu'ils mettront tout sur toi... et je ne veux pas te perdre moi...

Codage par Libella sur Graphiorum

Même si nous sommes partis ensemble, même si nous avons tous les deux le même but et que nous voulons fuir la même chose, Saphira me rappelle très bien le plus gros problème du tableau. Cette fatalité qui, quoi qu'on en fasse, instaurera toujours une dualité entre nous.

-Je sais tout ça, je sais... mais c'est justement parce qu'on risque nos vies que je ne peux pas tout te laisser faire. Parce que tu ne pourras pas toujours me mettre sur le côté indéfiniment ! Mon Innocence, je l'aurai jusqu'à la fin de ma vie, que tu le veuilles ou non papa et tu le sais très bien aussi.

Son innocence. Cette foutue innocence qui fera toujours partie d'elle, cette innocence qu'elle chérit et maudit en même temps... Brave sera toujours dans nos pattes, elle sera toujours convoitée. C'est pour cela que nous allons devoir trouver une solution tout en sauvegardant Brave. Et ça ne va pas être fastoche...

Bon, et revoilà que j'ai pris le rôle du papa grondeur. Je n'aime pas faire ça, je préfère être le papa gâteau mais bon... Même à la maison, c'est moi qui m'y collais. Virginia a toujours eu des problèmes d'autorité.

-Je n'en doute pas une seule seconde papa. Je n'ai jamais, jamais douté de toi. C'est justement parce qu'ils ne voudront pas me blesser qu'ils mettront tout sur toi... et je ne veux pas te perdre moi...

Perdre, hein... Si j'étais complètement honnête, je devrais certainement avouer que j'ai la trouille. Que je ne suis pas à la hauteur de tous ces Noés et ces exorcistes, que certains sont bien plus puissants que moi, que j'ai déjà perdu face à des exorcistes et que j'ai déjà failli me retrouver capturé dans leur trou à rats. Tout ça... ça me fait flipper.
Mais je ne peux pas paniquer, je ne peux pas avoir peur. J'ai quelqu'un a protéger juste à côté de moi, je ne me bats plus pour ma petite personne. Et en tant que père, je dois la rassurer, la protéger. C'est ça, qui me fait encore tenir debout sans trembler.

-Tu sais... Papa est fort. Et il le deviendra encore plus pour vous protéger. Je te promets qu'il ne m'arrivera rien.

Bon... Maintenant que j'ai promis, je ne peux pas revenir en arrière. J'ai intérêt à assurer...

Mais pourquoi se battre, finalement ? Après tout, je viens de le dire : on va trouver des moyens détournés.

-Mais rappelle-toi de ce que je t'ai dit : on n'aura pas à se battre ! Parce que on va changer d'identité, et on va passer ni vu ni connu, on les embrouille.

Je continuais de lancer la pièce et à la rattraper, distraitement.

-C'est vrai qu'on voit Brave à des kilomètres... Mais on peut la raccourcir.

Et je lâche ma pièce, qui aussitôt se met à grossir. Je lance un regard désolé a Saphira.

-Bon, je n'ai jamais eu d'expérience en coiffure, ça risque d'être raté... Mais, hé, c'est notre seul moyen, non ? Et puis, je sens que je vais te faire une super coupe, je vais avoir la Chance du débutant !

Doucement, je m'approche de sa chevelure, et je l'attrape. Ce qui m'inquiète surtout avant de lui faire une coupe pas droite, c'est que Brave n'accepte pas le contact d'un Noé...

Sorry but no

Les promesses, ce sont les promesses. On ne brise pas une promesse. Si on promet, on fait ce que l'on dit, on essaye au maximum. Sinon, on ne promet pas. Et ce principe est d'autant plus vrai pour Saphira. Elle déteste les mensonges, les cachotteries en tout genre. Tout est fait pour en même temps. Curieuse comme jamais, et surtout extrêmement honnête, elle s'attend à recevoir la même chose de la part de ses proches. Une franchise absolue.

Mais ce n'est pas pour autant qu'elle en est aveugle. Elle sait que certaines promesses sont irréalisables. On promet sans vraiment savoir ce que l'avenir nous réserve. Si on va savoir tenir ses résolutions. Un peu comme une feuille de papier où l'on écrit tous ses sentiments, oubliée sur la table dehors, balayée par la pluie et le vent.
Mais surtout, surtout, elle sait. Elle croit. Elle croit en son père, en elle, en eux. En ce à quoi ils croient, ensemble.

-Tu sais... Papa est fort. Et il le deviendra encore plus pour vous protéger. Je te promets qu'il ne m'arrivera rien.

Il lui a promis. C'est trop tard pour reculer. Elle s'en souviendra. Et elle lui rappellera, si un jour cette promesse venait à être brisée. Parce que l'exilée n'oublie pas.

-Mais rappelle-toi de ce que je t'ai dit : on n'aura pas à se battre ! Parce que on va changer d'identité, et on va passer ni vu ni connu, on les embrouille.

Elle soupire. A-t-il encore oublié? Vraiment? Mais elle vient de lui dire à l'instant ! Autant, lui ça peut aller pour se camoufler, changer d'identité, c'est facilement réalisable, mais elle... c'est un peu plus tendu. Surtout pour une petite boule d'énergie comme elle, c'est facilement repérable à des kilomètres ça !

- Mais papa, je t'ai déjà dit qu'on voyait trop Brave, c'est pas possible pour moi de me camoufler et de la cacher.

-C'est vrai qu'on voit Brave à des kilomètres... Mais on peut la raccourcir.

Elle reste stoïque un instant. A-t-elle bien entendu? La raccourcir? Ses cheveux? Son Innocence? Raccourcir Brave? Elle cligne des yeux tout en fixant Ayden dans les yeux, espérant avoir mal entendu ses derniers mots.

- Pardon?

Oh, c'est dit sur un ton qui n'a rien d'agréable. Ce qu'elle vient d'entendre n'a rien d'agréable non plus d'ailleurs. Vraiment, du plus profond de son être, elle espère avoir mal interprété les paroles de son père. C'est sûrement ça. C'est la fatigue, elle a dû mal comprendre, c'est pas grave, elle va lui demander de répéter et tout rentrera dans l'ordre parce que-

MAIS NON MAIS C'EST UNE BLAGUE?! Sa pièce grossit. Oh non. Oh non non non non NON NON  N O N  N O N ! Elle n'a pas signé pour ça elle, qui a dit qu'elle voulait? Elle espère qu'il veut faire une partie de pile ou face géant, haha, qui devra s'habiller en garçon et qui s'habillera en fille? C'est marrant ça, c'est vrai que ça serait une bonne idée de faire ça.

-Bon, je n'ai jamais eu d'expérience en coiffure, ça risque d'être raté... Mais, hé, c'est notre seul moyen, non ? Et puis, je sens que je vais te faire une super coupe, je vais avoir la Chance du débutant !

Et sur ces mots, il attrape sa chevelure. Dès que ses doigts saississent Brave, elle La sent. Elle sent son Innocence, vrombir, elle essaie de s'activer seule mais Saphira la retient de justesse. C'est elle qui a le dessus, pas ses cheveux. C'est elle qui contrôle, c'est elle la maîtresse, la Compatible, la combattante. C'est elle seule qui décide si elle s'active ou pas. Et son Innocence ne fera pas du mal à son père. Elle le refuse.
Mais malgré le contrôle qu'elle exerce sur son arme, elle ressent un frisson très désagréable dans la colonne vertébrale. Brave n'aime pas ça, pas ça du tout, et sa compatible non plus d'ailleurs. Elle regarde son paternel, complètement affolée.

- EH MAIS à quoi tu joues?! Relâches Brave, tu vas pas faire ça DIS-MOI QUE TU VAS PAS LE FAIRE tu peux pas faire ça, ça se fait pas et en plus Brave elle veut pas, je le sens elle est en colère oulalalala ! ET MOI AUSSI, je vais être en colère si tu coupes UNE SEULE mèche de mes cheveux !

Elle serre les poings. Ses cheveux, si durement acquis... si durement gagnés... elle refuse de les perdre à nouveau. Il y a quatre ans, c'est un véritable traumatisme qu'elle a vécu, une lourde perte qui l'a suivie pendant de longues années, de trop longues années. Elle ne veut pas revivre ça, oh non, pas cet enfer, pas ce cauchemar, pas encore...

- Non non, il y a une autre solution que ça, je suis sûre que oui... je ne veux pas couper mes cheveux... imagine... imagine s'ils ne repoussent plus?...

Elle tremblotte. Ce souvenir lui fait mal, beaucoup trop mal. Mais elle ne pleurera pas, parce que c'est une guerrière, une combattante. Même si elle essaie de faire la forte -du mieux qu'elle le peut en tout cas-, les souvenirs, les sensations remontent petit-à-petit. Elle est terrifiée en vérité, elle ne veut plus porter de bonnet, elle ne veut plus se cacher... elle s'était promis que c'était terminé, parce qu'elle avait été choisie... alors pourquoi?

Codage par Libella sur Graphiorum

Allez, hop, en deux coups de ciseau, ce sera réglé ! Raccourcir un peu les pointes n’a jamais fait de mal après tout, justement ça ne peut leur faire que du bien. Et les pointes fourchues, alors ? Et puis, Brave est tellement longue, ça doit être extra chiant pour se coiffer, ou pour se coincer les cheveux dans tout et n’importe quoi. Ou même pour aller aux chiottes.
Je prends donc mon ciseau, et commence à saisir une mèche de cheveux de Saphira. Aussitôt je ressens quelque chose. Je… n’ai jamais apprécié le contact avec une innocence. C’est ma nature de Noé qui fait que je ne pourrai sans doute jamais le supporter d’ailleurs. Et pourtant, je suis là, moi, un Noé, m’exilant avec une exorciste, une exorciste qui est l’une des personnes les plus proches de moi, l’une des personnes auxquelles je tiens le plus dans ma vie. Ironique, non ? Bah, conneries. Je suis au-delà de tout ça. Nos liens sont lus forts qu’une guerre stupide sans aucun sens.

Enfin, c’est ce que je croyais. Mais il faut croire qu’il y a aussi autre chose qui peut se mettre entre nous : les cheveux.

-EH MAIS à quoi tu joues?! Relâches Brave, tu vas pas faire ça DIS-MOI QUE TU VAS PAS LE FAIRE tu peux pas faire ça, ça se fait pas et en plus Brave elle veut pas, je le sens elle est en colère oulalalala ! ET MOI AUSSI, je vais être en colère si tu coupes UNE SEULE mèche de mes cheveux !

Oula, là, elle est vraiment en colère. Elle est à la limite de péter un câble. Enfin… Pour le coup, je ne peux pas vraiment dire quoi que ce soit. Ouais, c’est vrai que j’ai pris cette décision seul, sans la consulter avant. Donc c’est normal qu’elle soit en colère.
Mais… je veux bien changer de solution, moi. Le problème, c’est qu’il n’y en a pas vraiment d’autres, en fait.

-Ok, dak ! Je ne vais pas le faire ! Mais dis-moi juste comment on fait, alors. Parce que franchement, je ne connais aucune autre fille qui a des cheveux comme toi. C’est comme si tu étais un avis de recherche à toi toute seule.

C’est comme le petit Poucet : suivez les cheveux, et vous trouverez Saphira Hyde.

Et puis je vois que, plus que de la colère, elle se met à paniquer. Et je ne comprends que trop tard mon erreur.

-Non non, il y a une autre solution que ça, je suis sûre que oui... je ne veux pas couper mes cheveux... imagine... imagine s'ils ne repoussent plus?...

Je baisse les yeux, me remémorant de cette triste époque. Saphira, qui se cachait de tous, qui pleurait tous les jours, à cause de son accident, et qui ne supportait plus de voir son crâne chauve. Saphira, qui, à l’époque, n’osait même plus se montrer. Saphira, qui, à l’époque, à été sauvée par son innocence.
Saphira, qui, aujourd’hui, est maudite par son innocence.
Cette chose, cette foutue chose, qui lui apporte à la fois le bonheur et le désespoir. Une bénédiction maudite.
Je finis par soupirer. Cette époque… a été horrible pour nous tous. En particulier pour Saphira. C’est normal qu’elle réagisse comme ça. Est-ce que je peux vraiment lui faire revivre un tel calvaire ?

-T’as raison. Si on doit revenir, ce n’est pas pour faire de trop gros sacrifices, sinon ça ne servirait à rien. Si tu y tiens vraiment, je ne tenterai rien. Mais écoute, est ce que tu veux essayer par une toute petite mèche ? Je n’utiliserai pas du tout mes pouvoirs, promis juré craché, sinon Brave peut me casser les dents. Si je te les coupe avec un outil ordinaire, ça ne devrait avoir aucun impact, ton innocence devrait pouvoir repousser. Et puis, je n’avais pas l’intention de te couper tous les cheveux, hein.

Non, quand même, je suis un mauvais coiffeur, mais pas à ce point-là. Et puis, on parle des cheveux de ma fille, quand même. Jamais je ne voudrais la rater.

-Je ne te force pas à quoi que ce soit. On pourra toujours chercher d’autres solutions.

Si autres solutions il y a.

You changed my mind

Il est vrai qu'elle était en colère. Sa colère, décuplée à cette sensation désagréable qu'elle ressent partout dans son corps alors que son père garde le contact avec l'Innocence ne l'aide pas non plus. Saphira s'énerve rapidement, et elle le sait. Elle s'énerve encore plus vite lorsqu'il s'agit de sa famille, de ses amis ou de son Innocence. De Brave. Celle qu'elle aime, celle qui la comprend le plus sûrement. Comment peut-elle l'aimer à ce point, alors même que l'Innocence ne parle pas? Comment peut-elle se sentir attachée à cette chose, cette arme qui l'a enchaînée pour toujours?

Simplement parce que ce n'est pas comme cela qu'elle le voit. Brave est un cadeau, son cadeau, son miracle. Brave l'a choisie, Brave l'a sauvée. Qu'aurait-elle fait sans elle? Que serait-elle devenue? Même en ayant fui la Congrégation, l'Exilée ne peut s'empêcher d'aimer son Innocence et de la voir comme une camarade, une alliée.
Alors lorsque son père parle de s'en prendre à elle, alors qu'elle sent cette arme gronder en elle au simple contact du Descendant de Noé, elle ne peut pas le laisser faire. C'est impossible. Elle gronde et s'apprête à défendre corps et âme son Innocence.

-Ok, dak ! Je ne vais pas le faire ! Mais dis-moi juste comment on fait, alors. Parce que franchement, je ne connais aucune autre fille qui a des cheveux comme toi. C’est comme si tu étais un avis de recherche à toi toute seule.

Elle le sait, elle le sait ça ! Mais il n'y a pas d'autres solutions, et c'est bien ça le problème. y'a rien. Ils ont déjà tout essayé, les cacher sous une cape, ça marche pas, les attacher pour les cacher encore une fois, ça marche pas... il n'y a pas d'autres solutions, mais elle refuse de l'admettre. Il doit bien y avoir autre chose que ça, ce n'est pas possible autrement.

Et puis, elle a bien peur que ses cheveux ne repoussent jamais et de perdre son alliée une bonne fois pour toutes. Elle a déjà perdu sa chevelure une fois et c'était assez horrible comme ça. Les bonnets, les draps, la solitude, la dépression... tout ça, ça lui donne froid dans le dos, toutes ces choses-là, elle les a déjà bien assez côtoyées.
Heureusement, son père n'est pas un monstre -mais ça elle le savait déjà- et se montre compréhensif à son égard.

-T’as raison. Si on doit revenir, ce n’est pas pour faire de trop gros sacrifices, sinon ça ne servirait à rien. Si tu y tiens vraiment, je ne tenterai rien. Mais écoute, est ce que tu veux essayer par une toute petite mèche ? Je n’utiliserai pas du tout mes pouvoirs, promis juré craché, sinon Brave peut me casser les dents. Si je te les coupe avec un outil ordinaire, ça ne devrait avoir aucun impact, ton innocence devrait pouvoir repousser. Et puis, je n’avais pas l’intention de te couper tous les cheveux, hein.

C'est à son tour de soupirer. Elle est dans une impasse. Au fond, a-t-elle vraiment le choix? C'est ça ou l'Ordre Noir les retrouveront en deux temps trois mouvements, ce qu'elle ne veut absolument pas. Mais surtout... est-ce que Brave lui pardonnera? C'est ça la vraie question. N'ira-t-elle pas dans le sens contraire à la volonté de l'Innocence? Elle ne veut pas devenir une Déchue, il y a d'autres manières de finir sa vie que celle-là. Consumé par l'Innocence... quelle horreur.

- Je sais bien que tu n'allais pas tout me couper mais... pfff... je sais pas.

-Je ne te force pas à quoi que ce soit. On pourra toujours chercher d’autres solutions.

Elle tourne lentement la tête vers Ayden et lui offre un petit sourire. Un sourire de désarroi, un sourire qui veut dire "Merci, mais je sais qu'il n'y en a pas".
Et puis après ça, vient le regret. Le regret de s'être énervée contre son papa, alors qu'au fond, il ne voulait que bien faire. Elle s'est emportée telle une gamine faisant sa crise et elle ressent alors un pincement au coeur.

- Pardon, je me suis énervée pour rien... j'ai agi comme une enfant. Je devrais plus réfléchir parfois.

Elle soupire. Cette fuite, cette pression constante sur les épaules mettent ses nerfs à rude épreuve. Elle est fatiguée, autant physiquement que psychologiquement et il est vrai qu'elle se remet beaucoup plus en question qu'avant à cause de tous ces chamboulements dans sa vie. Serait-elle réellement en train de mûrir?

- Il faut que je grandisse un peu, sinon je ne pourrais plus veiller sur toi. Et je n'ai pas envie qu'il nous arrive quoique ce soit par... ma faute.

Elle porte son poing devant sa bouche et toussotte, se raclant ensuite la gorge. Ce qui va suivre va être très dur pour elle, et elle le sait. Elle fait ça en connaissance de cause. Mais c'est nécessaire. Hors de question de mettre tout leur plan en péril à cause de son simple égoïsme. Hors de question de mettre son père en danger, juste à cause de son simple égoïsme.

- Je... je veux bien essayer. MAIS ! Tu dois faire attention à ce que tu fais. Promis?

Codage par Libella sur Graphiorum

Je vois qu’elle hésite, que ça ne lui plait pas. Au fond, je peux la comprendre… Après avoir vécu une expérience comme la sienne, rester plusieurs années chauve, le crane brulé, c’est normal qu’elle soit heureuse d’avoir été sauvée par Brave. Et qu’elle panique quand je lui dis de la raccourcir… Enfin, je n’ai jamais eu l’intention de détruire son innocence, hein. Non, jamais ça… Malgré toute la haine et le dégout que j’ai pour cette innocence, je ne peux pas lui faire ça. Je ne peux pas lui faire subir à nouveau ce calvaire… Ca n’aurait aucun sens au final. Je ne récupèrerai pas ma famille comme ça.
Le hic, c’est qu’on est vraiment dans une impasse. Enfin, je ne veux pas lui dire pour ne pas qu’elle panique. Mais finalement, elle s’en rend compte toute seule.

-Je sais bien que tu n'allais pas tout me couper mais... pfff... je sais pas.

Et puis elle m’adresse un petit sourire, un sourire résigné. Je lui rends un petit sourire hésitant. Elle doit le savoir… il n’y a pas d’autres solutions. A moins de s’exposer et d’affronter tous nos ennemis. Bah, de toute façon, j’ai promis que je m’occuperai de tous les ennemis qui nous barront le chemin.
Mais est ce que j’en suis capable ?

Et puis finalement, elle semble revenir sur sa décision, après avoir murement réfléchi à la question.

-Pardon, je me suis énervée pour rien... j'ai agi comme une enfant. Je devrais plus réfléchir parfois. Il faut que je grandisse un peu, sinon je ne pourrais plus veiller sur toi. Et je n'ai pas envie qu'il nous arrive quoique ce soit par... ma faute.

Ah… c’est quoi ce sentiment ? De la fierté ? De la nostalgie ? Les deux en même temps ?
Ma Saphira, ma petite fille, mon bébé qui grandit si vite… J’ai l’impression de la voir toute petite, pas plus haut que trois pommes, et d’un coup elle pousse, et se met à parler comme une grande. Voir ses enfants grandir, c’est à la fois beau et triste. Il faut accepter ce changement, accepter de ne plus les voir comme des petits et les voir devenir des grands, ne plus les prendre toujours par la main…
…mais bon quand même, pour l’instant elle reste ma petite fille hein, elle est trop jeune pour devenir déjà une adulte.
Alors je pose une main sur sa tête -sans ciseaux, hein.

-Tu as le droit de te comporter comme une enfant, tu sais. Devoir grandir trop vite, d’un coup, ça ne devrait pas être comme ça. Tu aurais du profiter de ton adolescence tant que tu le pouvais. La vie d’adulte, ça craint.

Franchement ? Non, pas tant que ça. Enfin, avant de devenir Noé. J’ai franchement eu de la chance d’avoir un boulot qui me plaisait, plutôt pénard, avec des élèves un peu casse couilles mais parfois adorables, une femme parfaite, et les meilleurs gosses. Je n’ai jamais eu à me plaindre de ma vie avant ça, c’était que du bonheur.
Mais bon, devenir adulte à seize ans, ça par contre, je trouve ça triste.

-Et puis, tu resteras toujours mon gros bébé à moi !

Et puis je rigole, parce que je sais que ça va l’énerver. Et que ça fait longtemps que je ne l’ai pas taquinée comme ça.

Bon ! J’imagine que c’est parti pour une séance coiffure ? Voyons si j’ai pu être un coiffeur, dans une vie antérieure !

-Je... je veux bien essayer. MAIS ! Tu dois faire attention à ce que tu fais. Promis?
-Fais-moi confiance ! Je sens que j’ai l’âme d’un coiffeur refoulé !

Pas du tout. Mais j’essaie de me convaincre moi-même, là.
Doucement je saisis une mèche de cheveux de Saphira. Je ressens des petits picotements à mes mains. Pas étonnant… Je suis un Noé, je saisis une innocence. Forcément, ça ne fera pas bon ménage.
Mais je suis au-delà de ça, au-delà de ma nature de Noé. Je maitrise Fortuna complètement, je ne me laisse pas envahir par ma nature de Noé. J’ai décidé que je laissais ça de côté… définitivement. Pour moi la guerre, c’est fini. Si je veux croire en ces paroles, alors je peux au moins surmonter ça. C’est ma fille après tout.
Et c’est ce que je fais. Malgré cette sensation désagréable, je tiens fermement la mèche de cheveux dans ma main -enfin pas trop hein, je ne veux pas lui tirer les cheveux non plus- et, avec le ciseau, je coupe doucement. Ok une mèche de faite !

-Dommage que ta mère ne soit pas là. Elle serait bien plus douée pour ça.

Virgi… C’est sur. Elle-même a les cheveux longs, et coiffe souvent ses cheveux dorés. Souvent, c’est en un chignon serré, quoiqu’il part un peu dans tous les sens, à cause de ses cheveux épais. Ça l’agace à chaque fois, ça…

-Quand tu la reverras, elle pourra te faire plein de coiffures. Elle est plutôt douée, pour ça.

Douée, ouais. C’est dingue comment elle est douée, avec ses mains. D’ailleurs, je me souviens qu’un jour, elle s’est amusée à me coiffer, aussi. Faut dire que j’ai une de ces tignasses, aussi.
Tout en parlant, je continue la coupe de Saphira. J’ai déjà bien raccourci, mais je dois au moins égaliser les cheveux de derrière.
Virginia… Qu’est ce que tu me manques…

-Bon par contre tu feras gaffe à ton frère, hein. Déjà que vous aviez l’habitude de vous battre, ce serait tout à fait son style de s’amuser à te tirer les cheveux.

Ha, sacré Colin. Tout le temps à faire des conneries, lui, et à se mêler de ce qui ne le regarde pas. Je l’imagine bien nous bombarder de questions, à notre retour. Et ce petit con serait capable de nous envier !
Vraiment… je l’adore, mon fils.
Je me mets cette fois face à Saphira, m’attaquant aux cheveux de devant.

-Et puis il y a notre gros déchet de Goldi, tout juste bon à foutre ses poils partout. Enfin, avec Brave, tu vas les ramasser, ses poils, haha ! Ça passera la plumeau dans la baraque !

Oula, stop, je ne dois pas rire pendant que je coupe ses cheveux…
…Rire ? Bizarrement, j’ai une envie de pleurer…

Je prends une longue inspiration. Bientôt… Tout ça, ça ne sera plus des souvenirs. Ça sera notre réalité. On va pouvoir rentrer…
Un sourire nostalgique étire mes lèvres sans que je ne m’en rende compte.

-Bientôt Saphi… On va pouvoir rentrer.

J’ai parlé ans même réfléchir, exprimant tout haut ce que je pensais tout bas. Pourtant, c’est bien vrai. De ça, je lui en fais la promesse.
Je me recule alors de quelques pas, et l’observe minutieusement. Hé, pas trop mal ! Je ne suis pas déçu du résultat !

-Tadam !

Je tends les bras vers elle, et lui donne un petit miroir. Ses cheveux lui arrivent un peu au-dessus des épaules, comme un carré long, avec une grange bien dégagée. Franchement, je suis plutôt fier de moi. Si je dois faire une reconversion professionnelle, je sais dans quoi !

scared to be lonely

C'était bien au départ ce voyage. Ca l'est toujours d'ailleurs, qui s'en plaindrait? Être libre, complètement libre, se balader de ville en ville, de pays en pays... ça paraît si beau vu comme ça. Ca parait si facile. Tout est toujours plus simple quand on voit la vie en positif apparemment.
Mais ce n'est pas vraiment vrai.
Alors, Saphira fait de son mieux pour que tout soit plus simple, plus facile, plus beau. Car c'est plus facile à supporter. Elle essaie d'être un peu plus adulte, mais tout en restant l'enfant qu'elle est et qu'elle a toujours été, il ne faut pas abuser non plus. Le petit rayon de soleil.

-Tu as le droit de te comporter comme une enfant, tu sais. Devoir grandir trop vite, d’un coup, ça ne devrait pas être comme ça. Tu aurais du profiter de ton adolescence tant que tu le pouvais. La vie d’adulte, ça craint.

Elle sourit à son papa. Evidemment que ça ne devrait pas être comme ça. Pour personne. Tout le monde devrait pouvoir profiter de sa vie. Et ne pas être traîné à la guerre parce que soi-disant "on a été choisi"...

- ça craint grave, ouais.

c'est pour ça qu'elle ne veut pas grandir elle. Enfin, c'est compliqué. Elle veut garder sa mentalité d'enfant, parce qu'elle sait que ça redonne le sourire aux gens qui l'approchent. Mais bon, rester une enfant toute sa vie, ça craint tout autant que devenir adulte trop vite.

-Et puis, tu resteras toujours mon gros bébé à moi !

Et il se met à rigoler alors que Saphira se met à pester. Eh, c'est pas parce que c'est pas encore une adulte que c'en est un bébé pour autant !

- Arrêêêêêête je suis pas un bébé t'as compris?!

Elle mime une moue avant de se mettre à rire elle aussi. Impossible de se prendre au sérieux dans une discussion pareille.

Néanmoins, il va vite falloir retrouver son sérieux et se retrousser les manches surtout car est venu le temps de la coupe du printemps. L'âme d'un coiffeur refoulé? Pourquoi ça sonne comme si lui-même n'y croyait pas?
Même si l'exilée se trouve dos à son père, elle sent immédiatement lorsque son père saisit une mèche de cheveux. Son Innocence réagit mais n'oubliez pas qui est maîtresse de qui ici. C'est Saphira qui dirige, et puis, elle est super forte comme elle l'a dit plus tôt, elle sait comment marche Brave maintenant.

-Dommage que ta mère ne soit pas là. Elle serait bien plus douée pour ça. Quand tu la reverras, elle pourra te faire plein de coiffures. Elle est plutôt douée, pour ça.

Sa mamoune. Elle lui manque beaucoup trop. Elle se demande comment elle va. Après tout, elle est restée toute seule avec Colin pendant un mois et demi. C'est pas rien. Il en faut du courage, surtout si on prend en compte le fait qu'elle est malade.
Oh non, il ne faut pas qu'elle y pense, sinon elle va s'inquiéter... elle ne peut rien faire, elle est encore trop loin pour l'aider mais bientôt... bientôt. Bientôt elle pourra l'aider ! Et elles pourront s'amuser ensemble -entre filles- à se faire plein de coiffures. Ca sera bien.

Il serait temps.

- Oui, j'ai trop hâte ! Car pour le moment, j'ai pu tester que des coiffures que je pouvais faire toute seule, mais du coup je pouvais pas exploiter toute la masse derrière là. On va pouvoir faire plein de trucs différents.

Elle sent petit à petit sa tête qui... s'allège. C'est étrange à décrire, c'est comme si elle ne sentait pas les cheveux qui tombaient, mais plutôt comme si des poids se libéraient petit à petit.

-Bon par contre tu feras gaffe à ton frère, hein. Déjà que vous aviez l’habitude de vous battre, ce serait tout à fait son style de s’amuser à te tirer les cheveux.

Elle ricane. Comme si elle avait peur ! Qu'il essaie juste de lui tirer les cheveux et elle lui fera sa fête tiens. Quand on cherche, on trouve et elle se fera une joie de lui faire mordre la poussière si il OSE seulement poser ses doigts sur sa longue et belle chevelure.

- Il a même pas intérêt à les toucher sinon ça va barder pour lui. Et je décline toute responsabilité en cas de dégâts ! Il aura "malencontreusement" glissé sur le tapis du salon.

Mais malgré tout, elle l'aime son frère et elle a hâte de le revoir lui aussi. A la Congrégation, elle n'avait personne à taquiner ou à ennuyer sur son temps libre, c'était si triste. Oh, elle aurait pu taquiner son Maréchal par exemple, mais ça n'aurait sûrement pas été du goût du concerné.
Son père passe devant et elle passe sa main derrière. Woh, y'a un grand vide, ça fait bizarre... sa tête est si légère d'un coup.

-Et puis il y a notre gros déchet de Goldi, tout juste bon à foutre ses poils partout. Enfin, avec Brave, tu vas les ramasser, ses poils, haha ! Ça passera la plumeau dans la baraque !

Swiffer -Saphira pardon- à votre service, nettoyage de maison sur demande. Oh mais non hein, après ses cheveux seront tout dégoûtants, et qui devra les laver, hein? Bah c'est pas son père, ni Goldi, ni Colin c'est ELLE. Hors de question qu'elle se retrouve avec plein de poils dans ses cheveux oh non non non.

- Ah nan, ça c'est HORS-DE-QUES-TION. T'imagines même pas l'horreur que ça sera après quand je devrais me laver ! Oh seigneur, rien qu'à y penser j'en ai froid dans le dos.

Oui, c'est hors de question.
Pour être tout à fait honnête, ça ne la dérangerait pas tant que ça. Elle sait bien que sur le coup, elle râlerait très fort et sûrement que son père en rierait beaucoup. Et en y repensant, elle en rirait aussi. Et ça créerait de beaux souvenirs quand même.
Au final, c'est ça l'important : les souvenirs. Ceux qui resteront gravés et auxquels on repensera en riant à s'en déchirer les joues.

-Bientôt Saphi… On va pouvoir rentrer.

Elle hoche la tête. Bientôt, elle pourra revoir Edimbourgh, elle pourra revoir ceux qu'elle aime, reprendre sa vie. Peut-être même qu'elle pourra revoir ses amis qu'elle a dû laisser en partant à la Congrégation ? Oh, ce serait tellement bien ! Reprendre sa vie qu'elle avait suspendue, mise en pause... bientôt, oui.

- Ouais, on va rentrer ! Dans notre maison à nous et on sera enfin en sécurité avec ceux qu'on aime. Quel parcours quand même...

Ayden se recule de quelques pas et l'observe. C'est fini, déjà? Ca a été vite.
Oulà, elle a failli oublier qu'il s'agissait de son Innocence et que si ça se trouve, elle ne se réactiverait jamais.

Mais c'est pas possible.
Elle la sent encore.
Brave est toujours là?

-Tadam !

Et là, il lui tend un miroir. Elle hésite à se regarder dedans. La dernière fois qu'elle s'est regardée dans un miroir et que sa chevelure avait raccourci, ça avait tourné au drame. Elle a peur, mais elle doit le faire.

Alors un.

Deux.

Trois.

Elle se regarde enfin. Elle observe ses cheveux. Elle observe son visage. Elle ne se reconnaît pas. Elle reste un moment sans rien dire, le temps d'assimiler sa nouvelle apparence.

- C'est... c'est joli.

Que devait-elle répondre? Elle ne pouvait pas mentir en disant qu'elle était ravie de sa nouvelle apparence. Elle préfère nettement ses cheveux longs. Mais elle repense à ce pourquoi elle a fait ce sacrifice.
Maman, papa, Colin, maison, ses amis, sa liberté, toute sa vie...

- Voyons le côté positif : je vais revoir maman, ça va être bien, je vais retrouver mes cheveux quand on sera à la maison et voilà, c'est que passager et c'est très bien si ça ne reste que passager.

Et elle sourit, encore. Pour le rassurer parce que c'est vrai, c'est pas mal pour une première coupe de cheveux hein.

- Maintenant... je vais passer inaperçue pour quand on s'en ira. J'aurais plus besoin de me cacher sous une cape, fiou... parce que je vais pas te cacher, j'en avais marre de me trimballer une capuche sur la tête tout le temps.

Elle passe sa main dans ses cheveux, avant de se lever et de pencher la tête vers l'avant, secouant ses mains dans ses cheveux pour faire tomber les dernières mèches rebelles qui s'accrocheraient. Elle se redresse ensuite et passe plusieurs fois ses doigts dans sa chevelure, comme pour la recoiffer. Ca lui donne un côté un peu sauvage les cheveux courts.
Même si Saphira n'a clairement pas besoin de ça.

- Bon... mon coiffeur attitré, je vous donne un huit sur dix. C'est plutôt pas mal pour une coupe faite à l'arrache.

Elle lâche un clin d'oeil à son père avant de se mettre à rigoler.
Positif.
Voyez positif et la vie n'en sera que plus belle.

Codage par Libella sur Graphiorum

Je le vois. Elle a peur de se regarder dans le miroir. C'est... Normal. Ses cheveux, ça a un peu été le plus grand combat de sa vie. Pendant toute son adolescence, elle en a été privée. Ça a été sa plus grande honte, pendant des années, elle en a souffert, elle n'en dormait plus... Voir son crâne brulé, chauve, se couvrir à nouveau avec ces cheveux magnifiques, cette innocence maudite... Je ne sais pas quoi en penser. Ce serait cruel de ma part de dire que j’aurai préféré que ça n'arrive jamais.
Mais cette pensée est toujours au fond de moi malgré tout.

Mais elle ouvre les yeux. Enfin. Et puis elle se regarde. J'essaie de voir sa réaction avant qu'elle ne parle. Ça ne lui déplait pas mais... Je sens qu’elle est quand même déçue. Elle préfère sans doute ses longs cheveux d’avant. Hé, c'est normal... Moi aussi, je trouve que les cheveux longs lui vont mieux. Mais bon... Ces cheveux longs sont justement notre problème.

-C'est... c'est joli.

J'affiche un léger sourire en coin. Je sais qu'elle se force à dire ça

-Te force pas à aimer, va.

Nan. Justement parce qu'elle a été contrainte de se couper les cheveux. Ce n'était pas un choix. Alors elle a complètement le droit de ne pas aimer.

Mais bon, j'en demande trop à ma petite Saphira. Elle voit toujours le côté positif des choses, être optimiste, c'est une seconde nature chez elle. Alors au lieu de se miner, elle sourit de plus belle.

-Voyons le côté positif : je vais revoir maman, ça va être bien, je vais retrouver mes cheveux quand on sera à la maison et voilà, c'est que passager et c'est très bien si ça ne reste que passager.

Je souris largement en m'imaginant la scène. Et ça me fait presque bizarre de l'imaginer, d'ailleurs. Ma fille et ma femme ensemble. Ça fait combien de temps que ce n'est pas arrivé ?

-Complètement ! Tu peux compter sur elle pour t'arranger ça, Virgi adorerait jouer avec tes nouveaux cheveux !

Hé, ouais, c'est tout à fait son style ! Et puis elle apprendra à Saphira comment les faire aussi.
Tout n'est que passager. C'est exactement ça. Bientôt, on pourra se reposer. Bientôt, on pourra se retrouver.

-Maintenant... je vais passer inaperçue pour quand on s'en ira. J'aurais plus besoin de me cacher sous une cape, fiou... parce que je vais pas te cacher, j'en avais marre de me trimballer une capuche sur la tête tout le temps.
-Ah bah ça, je veux bien te croire ! Pfiouh que ça doit être chiant, de se trimballer une fourrure pareille ! Pouah, je ne t'envoie vraiment pas ! Déjà que je trouve les miens trop longs, je me demande comment tu fais pour les supporter.

Vois imaginez, un peu ? Imaginez vos cheveux se coincer à la moindre petite poignée de tiroir, s'entremêler dans chaque fil, se coincer dans les portes, se mettre dans la bouche quand on essaie de manger, et ça doit être encore plus chiant pour se torcher le cul. La galère.

Alors évidemment que j'étais inspiré en les coupant. Et que je ne me suis pas totalement foiré. Dois-je vous rappeler que je suis Fortuna en personne ?

-Bon... mon coiffeur attitré, je vous donne un huit sur dix. C'est plutôt pas mal pour une coupe faite à l'arrache.

Je fais tourner les ciseaux autour de mon pouce et bombe le torse, faisant aller mes sourcils, me la pétant clairement.

-Ouais, je sais, on m'appelait "Les ciseaux vifs" dans le milieu...

Et, incapable de me retenir plus longtemps, j'éclate de rire. Nan, franchement... Peut-être que je devais me reconvertir...
Je rattrape soudain les ciseaux, qui viennent se caler dans ma main. Je baisse le regard vers eux, impassible pendant un moment.
Qu'est ce qui nous attend, de l'autre côté de la mer ? Est ce qu'on va pouvoir retourner simplement en famille ? Est ce qu'on va atterrir en Amérique sans encombre ? Est ce qu'on va encore croiser de nouveaux adversaires ? Est ce qu'on va devoir combattre encore ?
Et soudain, je referme le poing. Un sourire se dessine sur mon visage alors que je relève les yeux vers Saphira. Elle a raison. L'optimisme, c'est ce qui nous permet toujours de tenir le coup. C'est ce qui nous permettra de voir les choses autrement, de ne jamais baisser les bras.

-Je te ramènerai à la maison Saphira. Je te le promets.

Je crois en nos rêves