arm yourself, a storm is coming (saphira)

Le Papillon Perdu, ce nom lui collait à la peau plus que jamais ces derniers jours. Après avoir sillonné Londres de long en large, Saphira avait dû se rendre à l’évidence : son père n’était plus là. Il s’était envolé, elle ne savait trop où. Alors elle avait débarqué en France, avec l’espoir de retrouver sa trace, un témoin, n’importe quoi qui pourrait lui indiquer qu’il était en sécurité. Mais depuis qu’elle était arrivée, elle n’était allée que de déception en déception.

Pire que ça, elle avait retrouvé son ancien professeur de la Congrégation dans un état des plus lamentables. Cela lui avait tellement brisé le cœur, elle ne pouvait pas le laisser dans cette situation. Elle savait ce que c’était de fuir, de se cacher, d’avoir le monde entier à dos. Elle savait ce que ça faisait d’être seul. Alors elle avait supplié Gwen de le ramener en sécurité, chez elles, au manoir, pour qu’il puisse se reposer et penser à tout à tête reposée. Elle avait promis d’être prudente, de toujours avancer comme elles l’avaient fait. Elles se retrouveraient de toute façon.

Alors Saphira avançait seule, de bourgade française en bourgade française, espérant désespérément retrouver la trace de son père. Prudemment évidemment, elle ne restait jamais au même endroit plus de 24 heures. Et même si elle était fatiguée, elle ne pouvait pas se reposer. Elle n’avait pas ce luxe.
La forêt avait comme une aura reposante. Presque personne ne se promenait dans la forêt. Il lui arrivait de croiser des gens, mais c’était rare et ils traçaient leur route de toute façon. La plupart du temps, il y avait juste elle, le bruit du vent dans les branchages et les craquements si caractéristiques de la vie forestière. Elle ne s’était jamais rendu compte du calme que cela procurait. Après tout, elle avait toujours été une boule d’énergie, positive et vivante mais aujourd’hui… rien n’est plus pareil. Elle ne vit que dans l’angoisse d’une mauvaise nouvelle et dans la peur d’être retrouvée et ramenée de force chez ses bourreaux.

Mais soudainement, un bruit inhabituel l’interpelle et Saphira fait volteface, croisant alors le regard des deux Noés du lien. Ceux-là même, qui semblaient l’avoir repérée depuis un bon moment. Ils braquent son arme sur elle alors qu’elle ne peut que reprendre sa respiration, prise de court.

« Alors, on t'a manqué ? Tu sais qu'on a toujours pas digéré qu'tu nous provoque comme tu l'as fais les autres fois. Du coup, on s'est dit qu'on allait profiter de te r'croiser aujourd'hui pour te faire la fête ! T'es prête ? »
« Ouais, est-ce que t'es prête ? Hi ! »

Sans attendre, la Pacificatrice vient attraper une de ses mèches de cheveux, s’apprêtant à riposter dès que possible. Elle ne peut pas se permettre d’erreurs, pas maintenant, pas aujourd’hui alors qu’elle est seule en pleine fuite, à la merci de tous les camps.

« Non mais vous rigolez j’espère ?! »
« Boom – Vert ! »

Et sans attendre, les Noés lui tirent dessus. Déjà prête à contre-attaquer, le Papillon active son bouclier, évitant de justesse la prison gluante qui l’attendait, restant un instant prisonnière de son dôme. Elle cherche un moyen de se sortir de ce pétrin. Mais elle n’en voit pas. Elle aimerait éviter d’instaurer un dialogue avec les jumeaux, car elle sait déjà que c’est peine perdue. Ils n’écoutent rien ni personne, et encore moins elle.

Après un court instant, elle se libère de sa cage d’Innocence. Une grosse partie de sa chevelure reste, malgré elle, engluée dans la substance collante lancée par les Noés à cause du bouclier qu’elle a instauré précédemment.

« Écoutez ! Je vous déteste autant que vous me détestez d’accord, pas de débat là-dessus. Mais je ne suis plus une Exorciste, depuis longtemps déjà. Nous n’avons pas à nous battre. Nous… je cherche l’arrêt des combats. »

Elle sait d’avance qu’ils ne l’écouteront pas, mais elle tente tout de même. Elle transforme alors une mèche de ses cheveux en une épée d’Innocence, scintillant d’électricité avant de continuer son discours.

« Alors je vous laisse une chance. Partez et je ne vous ferais rien. Et si vous refusez… »
Elle tend alors son épée devant elle, brandissant son arme telle une mise en garde.
« … je n’aurais pas d’autres choix que de vous dégager de mon chemin. Je n’hésiterai pas une seule seconde. »
Elle les fixe droit dans les yeux, une lueur déterminée brillant dans ses pupilles avant de jauger de haut en bas le blondinet et de hausser un sourcil.
« Toujours aussi mal soigné tes cheveux à ce que je vois. »