a sacrifice I am willing to make (pandélis & cyclamen)

Et peut-être que demain est un autre jour, mais elle a décidé de vivre aujourd’hui.
Parce que vivre dans le passé n’était plus une possibilité.
Vivre avec la peur de l’avenir non plus.

Non. Elle devait vivre aujourd’hui. Elle était une Pacificatrice après tout. Elle faisait partie de ceux qui ramèneraient la paix en ce monde. Les différentes épreuves qu’elle traversait constamment ne faisaient qu’endurcir sa volonté. Elle comprenait de mieux en mieux la place importante qu’elle devait occuper, celle de la faiseuse de paix. Engendrer de la rancune ne servirait à rien. De la haine non plus. De la culpabilité, encore moins.

Mais des regrets ?

Oui. Et c’est justement pour combler ses regrets, les oublier, les mettre dans une cage quelque part, profondément enfouie au fond de son cœur qu’elle se tenait là aujourd’hui. Ils avaient parlé de rumeurs d’Innocence, de gens en danger ? Sans même laisser le temps à quelqu’un d’autre de parler, elle avait levé la main. Elle devait reprendre une part active dans cette Guerre. Il le fallait.

Malgré tout, ses peurs et ses traumatismes étaient toujours là, bien ancrés. Elle voulait à tout prix s’y rendre et mettre la lumière sur cette affaire, ressortir plus loin que la ville la plus proche du château. Elle voulait voyager, ressentir l’air, revivre à nouveau.

Mais pas toute seule, cette fois.

Pour de vrai, elle voulait partir avec quelqu’un et ne pas se lâcher. C’est l’erreur fatale qui avait conduit à une catastrophe, ce tout petit détail entraînant un déluge sur son passage. Alors cette fois-ci, elle ne refera pas les mêmes erreurs. Elle avait confiance en tous les Pacificateurs mais là n’était pas le problème. Elle craignait de déranger. De les emmener à nouveau dans le danger, droit dans la gueule du loup. Elle ne voulait pas reproduire cette erreur. Pas encore.
Alors le Papillon avait fini par se confier auprès de Pandélis. Après tout, il était celui le plus proche de son âge, un des derniers arrivés auprès des Pacificateurs. Ils avaient eu l’occasion de combattre ensemble en Allemagne, Saphira avait trouvé dans le Créateur une bienveillance sans faille. Depuis qu’il les avait rejoints, il était bien plus que ça, il était un ami cher à son cœur. A ses amis, on parle de ses doutes et de ses craintes.

Alors elle s’était confiée à lui.

A propos de ses peurs, de ce qui la terrifiait dans le fait de repartir, mais de cette envie irrépressible de reprendre sa vie en main. Ce besoin de voler plus loin et plus haut, mais cette peur de déranger ceux déjà usés et épuisés à la Guerre. Et à ses confidences, il avait répondu présent. Plus qu’une oreille attentive, il s’était directement proposé pour partir avec elle. Elle n’avait pu s’empêcher de le regarder avec des yeux remplis de gratitude et de soulagement.

Sans plus de ménagement, ils avaient fait leurs préparatifs et étaient partis vers le nord de l’Italie ? Le Papillon prenait grand soin à camoufler correctement ses cheveux et à ne jamais les laisser en dehors de sa capuche à l’extérieur. Elle faisait attention à leurs déplacements, à leurs arrêts, à tout. Paranoïa ? Peut-être. Mais elle avait trop de choses à se prouver en ce moment-même que pour laisser place à l’erreur.

Enfin, ils étaient presque arrivés à leur destination, arpentant les chemins de l’Italie. Saphira s’était vêtue d’un léger sourire, essayant de paraître la plus confiante possible -alors qu’en réalité, elle était terrifiée mais il était hors de question de le montrer.

« C’est la première fois que je mets les pieds en Italie. C’est assez sympa, puis les gens sont gentils. Mais ils parlent fort. » commença-t-elle alors, brisant un silence alors qu’ils marchaient tout deux « J’espère que tout se passera bien. Je te le dis encore, mais merci d’avoir accepté de m’accompagner Pan » ajouta-t-elle en souriant dans sa direction « ça compte beaucoup pour moi. »