she was different
La Grèce, ses oliviers nombreux et son soleil chaleureux. Tout cela avait manqué à Pandélis, qui n'y était pas retourné depuis l'affaire du tintement des cloches avec la petite Aesa au sein du cimetière de Sami. La mission finie, il avait remballé ses affaires et était retourné à la Congrégation, sans un détour par cette maison qui l'avait vu grandir pour étreindre ses parents. Aujourd'hui, il était de retour sur ce territoire où toute sa vie avait pris forme – sa passion, ses objectifs et la venue de Création entre ses mains – et si la tentation était grande pour faire un détour par Thèbes, le garçon était conscient que le temps lui manquait encore. Alors son cœur s'était un peu serré, lui qui aurait voulu prendre de leurs nouvelles au moins quelques instants, entendre leurs voix et pouvoir rencontrer leurs regards. Mais il n'était pas en Grèce pour profiter de sa famille, ni même du paysage et surveiller les activités de la ville lui demandait de la concentration – une concentration qui n'était pas aussi naturelle que celle qu'il possédait pour s'occuper de ce monde qui était le sien.
Alors, en silence, il arpentait les rues de ce village bercé par la voix des hommes, des femmes et des enfants qui l'habitaient, mais aussi par le chant des oiseaux et le sifflement du vent à travers les arbres profitant du soleil. Quand est-ce que Lullaby pourrait voir ça ? Quand pourrait-il l'emmener ici, et plus particulièrement à Thèbes, là où elle avait pris vie et lui aussi ? Par moment, son esprit s'égarait ailleurs, vers ces pensées bien plus agréables que celles de cette guerre qui avait sévis et à laquelle il avait participé comme tous les autres membres de cette Guerre Sainte, entraînés malgré eux ou non dans une bataille qui n'avait pas été sans dommages. Que diraient père et mère s'ils savaient ce qu'il était devenu ? Lui, un combattant ? Lui, un garçon qui devait se mêler à d'autres individus pour protéger les habitants ? Sans doute auraient-ils cru à une blague. Après tout, Pandélis n'était pas de ceux qui avaient toujours rêvé d'être un héros et de se battre. Il avait toujours préféré rester dans son coin, dans sa bulle, à laisser son imagination et sa créativité s'exprimer, à se plonger dans des histoires.
Il était de ceux qui pouvaient paraître incompris par la société en général, de ceux qui préféraient la compagnie des objets à celles des humains et peut-être que quelque part, cette silhouette aux longs cheveux blonds lui ressemblait un peu ? Pandélis la remarqua au bout d'une rue, à moitié cachée entre deux ruelles, comme si elle était bien trop apeurée par le soleil pour s'y baigner, comme si elle était bien trop apeurée par la civilisation pour s'y mêler. Ses yeux bruns la détaillèrent avec curiosité, et sans essayer de faire trop de bruits, d'être trop intimidant – bien que jamais quelqu'un ne lui avait dit qu'il était impressionnant – le garçon s'en approcha, faisant d'abord mine de ne pas l'avoir vu, son regard s'élevant vers les toits où quelques oiseaux s'y posaient, avant de tourner la tête au moment où il n'était plus qu'à quelques mètres de sa cachette. Il s'arrêta doucement, posant ses yeux sur ce visage si pâle. « Vous êtes perdues ? » demanda t-il calmement, dans sa langue natale, penchant la tête sur le côté en gardant une distance respectable pour ne pas la faire fuir. Tentait-elle de s'échapper de quelque chose, de quelqu'un ? Les questions commençaient à affluer dans l'esprit de Pandélis, qui se tenait prêt à agir en conséquences et à préserver la jeune fille.
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