[quête n°31] La Malédiction de la Momie ft. Méliona

C’est le combientième, déjà ? Ce soupir qui t’échappe.
En fait, t’as arrêté de compter -c’est même pas comme si t’avais commencé- mais peut-être le centième. Au moins.
À chacun de tes soupirs, t’as l’impression d’échapper une partie de ton âme. Contrairement à la chaleur pesante sous ce soleil de plomb.
Quelle idée, vraiment, tu te le demande, cet uniforme noir sous une chaleur pareille.
À chaque marmonnage qui t’échappe, c’est une partie de ton professionnalisme qui disparaît.
Enfin.
L’as-tu seulement déjà été ?
T’avais déjà copieusement râlé, lorsque l’on t’avait attribué cette mission -qu’ils aillent tous crever en enfer, toi, t’avais rien demandé et aller te cuire le cul en pleins désert ça t’intéressais pas vraiment, en fait- stupide.
Un peu moins, quand t’avais vu qu’il s’agissait d’une histoire de tombeau et de momie. Il faudrait bien quelques trésors pour te convaincre que ça valait le coup d’aller jeter un œil.
Un peu plus, quand t’avais lu que le site était potentiellement maudit. Ou hanté. Ou pourris. Un peu des trois à la fois.
En fait, quelle importance, c’est la même chose au final. Tu t’en fous, et c’est de la merde.
T’as déjà bouffé un temple maudit et voilà qu’on t’envois inspecter une pyramide responsable de la mort de tout son groupe d’expédition.
Pas banal. Pas commun.
Et si t’avais pas ce bras droit avec toi, en fait, t’y aurais jamais cru, ni accordé le moindre crédit.
Enfin, voilà. Ça a beau être une mission stupide. T’es arrivé là et tu peux enfin voir l’objet de tous les débats.
Tes yeux experts scrutent l’édifice et mis à part l’attroupement de curieux au pied du site, tu vois rien qui sort de l’ordinaire.
Tu voudrais te convaincre que c’est une bonne chose mais tant que tu seras pas sur le chemin du retour, difficile d’y croire.
Alors, un autre soupir t’échappe en pensant à cette foule qu’il va falloir calmer, dissiper, dégager. Ou exploser.
En fait, ça aussi tu t’en fous et t’as pas vraiment le temps pour ça.
En fait, toi, t’es là pour les trésors, le reste, ils peuvent venir s’en occuper après et se le garder.
Il suffira de dire dans ton rapport qu’il y avait rien de suspect ou de bizarre.
Juste un coup du sort.
Et à Richards que c’était une su-per mission, que tu t’es beaucoup amusée et que t'as beaucoup bronzée.
Ou disons plutôt, une su-per mission, tout s’est bien passé et les innocents sont sauvés. Youpi.
Par-fait.
Lassée de devoir composer avec les curieux, tu t'approches et ta main effectue un mouvement tout aussi fatigué, comme pour accompagner le geste et la parole.
Celui de chasser les mouch- les indésirables.

« Allez, allez, poussez-vous. Laissez passer les professionnels. »

Déguerpissez ou j’vous déguerpis.

« Qui est le responsable des fouilles ici ? J’ai des questions à lui poser. »

Droit au but.
T’as absolument pas le temps d’en perdre.

T'avais posé une question.
Claire.
Précise.
Simple.
Du moins, tu croyais.
Qui est le responsable des fouilles.
Parce que.
T'as des questions à lui poser.
Seulement, bien sûr.
Comme ce genre d'événement fait toujours déplacer.
Les plus prétentieux.
Les plus débiles.
Et les plus orgueilleux.
Personne te répond vraiment.
Et on se contente juste.
De te regarder avec jugement.
Parce qu'encore une fois.
T'ouvres trop ta gueule.
Nickel.
Super.
T'as déjà envie de retourner des mères.
Franchement, c'est quand même pas si compliqué.
Et tu pensais.
Que l'uniforme que tu portes.
Allait au moins t'ouvrir quelques portes.
Mais.
On dirait que pour cette fois.
C'est cuit.
Va falloir que tu t'imposes un peu plus.
Et t'étais carrément prête à le faire.
Sauf que.
Dans la foule, une voix t'arrête.
Méli.
Ah.
Ça.
C'est pas commun.
Disons plutôt.
Que personne ici pourrait t'appeler de cette façon.
Sans se prendre un retour d'une quelconque façon.
Personne sauf.

« Le Morveux ?! »

Oh.
Ça.
T'es pas peu surprise de le croiser ici.
C'est même.
Carrément étrange, en fait.
Il a toujours son grand sourire.
Oscillant entre la joie et la niaiserie.
Et ses grands yeux pétillants.
Oscillants entre les aventures et les rêves.
Mais.
Pandélis.
T'as pas oublié.
Ce qu'il s'est dit.
Quand t'es arrivé.
Ou plutôt.
On t'a mise en garde, pour ne pas suivre les traces familiales.
Pandélis avait porté le même uniforme.
Et Pandélis était pas rentré depuis juillet.
Il avait.
Déserté.
C'était ce qu'on disait, officiellement.
Et ça t'apportait, à toi.
Une surveillance pas si discrète.
Et fallait pas oublier non plus.
Ce qui se disait.
Dans les couloirs.
Bordel de merde.
À quoi est-ce que tu joues, Morveux.
Mais.
Visiblement totalement.
Inconscient ou insouciant.
Le voilà qui te demande.
Ce que tu fais ici.
Seigneur, c'est une blague.

« Toi, qu'est-ce que tu fais ici ? »

Bien sûr.
Que le secret de la momie t'interpelle.
Bien sûr.
Que tu veux en percer les mystères.
Et bien sûr.
Que tu veux repartir avec quelques trophées bien mérité.
Mais avant ça.
T'as quelques petites choses à régler.
Sans ménagement.
T'attrapes la veste de ton cousin.
Et le tire loin de la foule.
Ça, ça les regarde pas.
Le linge sale, ça se lave en famille.
Et puis de toute façon.
Vu l'accueil.
Vous allez manquer à personne.
Et voilà qu'une fois certaine.
Que personne pourrait vous entendre.
Tu veux mettre les choses au clair.
Le plus simplement et rapidement possible.

« À quoi tu joues ? La Congrégation est sur cette affaire et toi, tu les as planté. Alors, qu'est-ce que tu fous ici ? »

Oh.
Bien sûr.
T'es contente de le voir.
C'est certain.
Mais aussi.
T'es inquiète pour lui.
Et ça.
Faudra bien qu'il le lise entre les lignes.
C'est dangereux d'être ici.
Et.
S'il a l'air de se porter bien.
T'as pas envie.
Que ça tourne mal.

Tu le connais, non ?
Il a appris ce qui s’est passé.
Et il a pas pu résister.
C’est ce qu’il te dit.
Comme seule défense.
Lorsque vous vous éloignez.
Et, toi.
Voilà que tu sers le poing et les mâchoires.
Oh, la vache.
Comment t’as envie de lui en coller une, là maintenant.
Vraiment.
Tu sais bien que parfois.
L’esprit de ton cousin.
Il s’embrume un peu dans les découvertes et les mystères.
C’est de famille, faut dire.
Mais tu pensais au moins.
Qu’il était capable de connecter deux neurones distincts.
Assez pour pas se foutre à dos une organisation aussi grosse que la Congrégation.
Et en plus.
Venir parader sur des lieux douteux dans le plus grand des calmes.
Comme si de rien n’était.
Mais quel.

« J’vais pas résister à l’envie de t’en mettre une, ανόητη* ! Tu te pointes sur un site qui intéresse une organisation que t’as plantée sans raison, sans aucune pression ?! C’est quoi ton plan ? Te faire choper ? »

Vraiment.
Pour le coup.
Tu te demandes ce qui tourne pas rond dans la tête de ton cousin.
Il croit quoi ?
Que tu vas fermer les yeux.
Rien dire.
Juste parler de ta mission.
Avec les nouvelles directives, impossible.
Pandélis te met dans une situation bien difficile.
Et à bien y réfléchir.
Le mieux serait encore de le ramener.
Par la peau du cu-coup, s’il le fait.
Et expliquer à vos supérieurs à quel point il a fait une erreur.
À quel point il regrette.
Et espérer que ça passe.
Non, mais !
Là, t’en reviens pas.
Quelle idée, vraiment.
Tu parles d’un inventeur.
T’as plutôt envie de dire crétin fini.
Bon, oui.
T’es très en colère.
Alors que tu devrais sans doute être heureuse de le revoir sain et sauf.
Mais !
C’est justifié, quand même.
Non ?
Enfin.
Le voilà qui s’inquiète enfin de son sort.
Et qui finit par demander si t’es seule ou accompagnée.
Tu te frottes les yeux de contrariété.
Vraiment, le morveux.
T’as envie de l’emplâtrer.

« À ton avis ? Tu crois qu’ils nous envoient seuls avec toutes les désertions qui s'enchaînent ? Il y a des traqueurs avec moi, dans le village. Alors fais au moins l’effort d’avoir l’air d’essayer de te cacher, je sais pas. »

Ou de vouloir rentrer.
C’est encore mieux.
Ah.
Heureusement que tu l’aimes, ton cousin.
Sinon.
Ça ferait déjà longtemps que t’aurais balancé sa position.
Enfin, disons.
Que t’y réfléchis sérieusement.
Quand cet avorton a l’audace de te dire que c’est toi qui devrais pas être là.
Alors là.
Là, c’est trop.
Bien sûr !
Que t’as pas envie d’être là.
Bien sûr !
Que t’as pas envie de porter ce stupide uniforme.
Mais voilà.
T’as pas le choix.
Et remuer le couteau dans la plaie.
Ça te fout grave les boules.
Alors, bon.
Ça te prend comme ça.
Enfin, t’es sanguine.
Il le sait très bien.
Alors, bon.
Fallait juste s’y attendre.
Te voilà donc.
En train de lui décrocher un coup de pied dans les tibias.
Tiens, ça lui apprendra.

« Μαλάκα* ! Comment ça, je devrais pas être là ? Tu crois que j’ai le choix ? Il se passe un truc bizarre, ils envoient leurs clébards vérifier. C’est tout, point. Alors, avant que ça tourne mal, t’es gentil tu prends une décision : soit tu pars avant qu’ils te repèrent, soit tu rentres avec moi, ok ? » En sachant que la première option, elle va clairement te mettre dans la merde pour ta promotion. Tu préfères nettement la deuxième. En plus. S’il rentre avec toi, t’auras un œil sur lui. Alors que paumé dans la nature à pas savoir ce qu’il fabrique, c’est quand même inquiétant. Assez pour te décrocher un soupir. « J’suis quand même contente de te voir en un seul morceau. » Au fond. Ton cousin. Tu l’aimes bien. « Qu’est-ce qui t’a pris de partir comme ça ? Tu sais qu’ils te cherchent, hein ? » Enfin, tu veux dire. Tu sais que t’es dans la merde, hein.

Mais bon.
Si c’est pour ton cousin.
Tu veux bien fermer les yeux pour cette fois.
Tu diras que t’avais un grain de sable dedans.



*ανόητη : se prononce “anoyti” et est l’équivalent de “débile”.
*Μαλάκα : se prononce “malaka” et c’est le degré au dessus de l’autre.

Y a quand même.
Pas mal de choses.
Qui te foutent en rogne.
Seulement.
Quand tu constates.
Que la situation le laisse un peu indifférent.
Qu’il s’en inquiète pas tant que ça.
Que ça semble.
Lui passer.
Totalement.
Au-dessus de la tête.
Alors là.
Tu sais pas pourquoi.
Mais t’as juste envie.
De le terminer.
Là, maintenant.
De lui faire bouffer un à un.
Tous les putains de grains de sable.
Présents dans ce désert à la con.
Ouais.
Ça t’énerve vraiment.
Qu’il ait l’air autant.
Détaché.
Insouciant.
Tranquille.
Confiant.
Qu’il semble prendre le tout à la légère.
Avec son “pas du tout”.
Qui pue l’irresponsabilité à pleins nez.
Franchement.
C’est juste la preuve.
Qu’il a pas compris.
À quel point.
Les traîtres sont devenus une priorité.
Dans les dossiers.
Ces derniers temps.
On t’a même dit.
Que la surveillance semblait s’être renforcée.
Et d’ailleurs.
Combien de temps.
C’est ce que te demande le morveux.
Comme s’il y avait pas plus important.
La vache.
Il est ahuri, celui-là.
Il a pas écouté.
Quand t’as dit.
Que t’était pas seule ici.
Le sens des priorités.
Vraiment.

« J’sais pas. Un mois, un truc comme ça. » que tu marmonnes, toujours remontée. « Mais on s’en fout, c’est pas le problème ! » Là, tu marmonnes plus. Et t’es vraiment très embêtée.

Parce que le problème.
C’est lui.
Avec son insolence.
Qui lui fait croire qu’il risque rien.
Et le fait qu’il semble pas se sentir juste.
Concerné.
Par la gravité de la rencontre.
Vous êtes coincés comme deux boulets.
Et lui.
Il semble même pas l’envisager.
Alors.
Ça te gonfle tellement.
Que le coup par tout seul.
Tiens.
C’est bien fait.
Il dira pas le contraire.
Même si.
Il s’offusque un peu.
Mais risposte pas.
Ouais.
Il a compris qu’il avait merdé.
Enfin.
T’espères.
Puis de toute façon.
S’il avait eu l’audace de répliquer.
Tu l’aurais terminé.
Et.
Il a beau dire que.
Lui aussi.
Il est content de te voir.
Ça change rien.
Les conditions, par contre.
C’est une autre histoire.
D’ailleurs.
Le voilà qui croit bon de te les expliquer.
Te disant.
Qu’il pouvait pas continuer comme ça.
Que c’est sans fin.
Qu’on s’use à batailler.
Woh.
Vachement pessimiste d’un coup.
Le gamin.
T’as presque l’impression.
Qu’il s’est transformé.
En l’un de ces vieux.
Assis sur un banc, dans votre village.
Qui regardent les gens passer.
Et qui disent à qui veut l’entendre.
Que de toute façon.
Y a rien qui va.
Hé bah !
On dirait.
Que la guerre lui a fait prendre genre.
Quatre vingt ans d’un coup.
S’il avouait qu’il est devenu aigris comme pas permis.
Ça te ferait gagner du temps.
Sur la compréhension de son choix.
Et de ton côté.
Oh.
Un bon coup de canne.
Et ça serait réglé.

« Mais de quoi tu parles ? T’y es pas non plus depuis dix ans, hein. Arrête de parler comme si t’étais plus vieux que ton grand-père. » Bouffon. « Suffit qu’on gagne et c’est réglé. » Honnêtement, c’est pas si compliqué. « Les guerres, ça dure jamais plus que quelques années. » Enfin. Dans les faits. Des fois, c’est un peu plus long. Mais souvent, c’est comme ça. Ou plutôt. Pas tant que ça. En plus, çe fait déjà un moment qu’elle a commencé, celle-là. Donc c’est quoi ? L’affaire de quelques années encore. Deux, trois ans. Et basta. Et avec une place confortable, pas de quoi t’user. « Les sectes, par contre, c’est une autre histoire et t’en as rejoint une ! C’est pas possible, ça ! »

Non mais vraiment !
Il se rend compte du merdier.
Ou c’est comment ?
Il faut absolument.
Qu’il la quitte.
Qu’il revienne à sa place.
Toi.
Tu plaidera en sa faveur.
T’expliquera qu’il s’est fait endoctriner.
C’est qu’un gamin influençable.
On lui a juste raconté.
De jolis mensonges.
Et il y a bêtement cru.
C’est tout.
Et puis.
Il regrette, c’est vrai.
Il recommencera pas, promis.
Et peut-être, même.
Qu’il pourra témoigner.
Et comme ça.
Il sera parfaitement protégé.
Réintégré.
Voilà.
Parfait !
C’est vraiment pas compliqué !
Sauf que.
Pas tout à fait.
Cet imbécile te demande.
S’il file.
Tu vas l’en empêcher ?

« J'sais pas. On pourrait faire en sorte de te faire rentrer correctement, plutôt, non ? De te faire éviter les ennuis. T’en penses quoi ? Ça serait cool d’être ensemble là-bas, non ? Mieux que dans ta secte, en tout cas. »

Allons.
Il va quand même pas.
Tourner le dos à sa cousine.
À la famille.
Pour les premiers blaireaux sectaires venus.
Quand même.
Il te ferait pas ça.
Hein ?

Ah.
Ça.
On peut pas dire.
Que ton cousin.
Ce soit assagi avec le temps.
Autant que toi.
Il te tient tête.
Parle passionnément.
De ce qui fait battre son cœur.
D’ordinaire.
C’est des choses.
Pleines de mécaniques.
De rouages.
De bobines.
Mais aujourd’hui.
Tu sais pas trop pourquoi.
C’est une autre histoire.
C’est plus.
Humain.
Et c’est presque.
Étonnant.
Mais.
Si son caractère s’est affirmé.
S’il se laisse pas marcher sur les pieds.
C’est pas un bien pour autant.
Parce que voilà.
Aucun de vous refuse de céder.
Et vous êtes maintenant.
Dans une impasse.
T’as pas envie.
De le blesser.
De lui faire du mal.
Certainement pas.
Pan, c’est ta famille.
Et.
Même s’il est aussi stupide qu’une huitre.
Tu l’aimes.
Mais.
Tu regrettes sincèrement.
Qu’il rende pas les choses plus faciles.
S’il t’avait suivi bien sagement.
Vous auriez pas cette conversation nulle.
Et vous auriez simplement pu.
Vous réjouir de vous retrouver.
Enfin.
Tu comprends.
Faut toujours que les choses soient plus compliquées.
Sans forcément de nécessité.
Alors quand il te dit.
Que c’est la vérité.
Que cette guerre.
Elle est pas comme les autres.
Et que même toi.
Tu serais bien mieux en dehors de la Congrégation.
Ça t’arrache une grimace.
Si tu pouvais.
Toi.
T’y serais même pas.
Faut l’avouer.
La guerre.
Les trucs divins.
Le bien.
Le mal.
Ça te concerne juste de loin.
Et y être mêlée.
Ça te plaît même pas à moitié.
Mais le problème.
C’est que Pandélis.
Il a l’air d’avoir oublié.
L’affaire est simple.
De ton côté.
T’as pas le choix.

« Merci, je sais que je serais mieux sans tout ça. » Dire des évidences. Ça sert pas à grand-chose. Mais puisqu’il a l’air de fonctionner comme ça pour le moment. Autant en dire une aussi. Juste pour être sûrs. Que vous êtes sur la même longueur d'onde. « Le problème, c’est que je suis obligée. Et si j’ai pas envie de crever, j’ai pas non plus envie que t’y passes parce que tu fais des conneries. »

Voilà.
C’est plus clair, maintenant ?
Ah.
Oui.
Suffisamment assez.
On dirait.
Parce que devant tes mots.
Face à ses conneries.
Il lâche pas l’affaire.
Et.
Refuse de voir ses torts.
Il te dit.
Avec assurance.
Qu’il ne rentrera pas.
Parce qu’il leur fait pas confiance.
Bien sûr.
C’est évident.
Toi non plus.
Tu fais pas confiance.
À une organisation si grande.
Avec autant de monde dedans.
Et tous les trucs.
Un peu bizarres qui s’y passent.
Mais.
C’est pas vraiment la question.
Si c’était une question de confiance.
Le monde entier serait brûlé.
Alors vaut mieux.
Partir sur une autre base.
Tu penses pas ?

« Mais je te soutiendrai. On ferra en sorte que tu puisses rentrer dans les meilleures conditions ! Ça sera toujours mieux que d’essayer de leur échapper en permanence. Tu penses pas ? »

Tu sais.
Pan.
Il y a une atmosphère pourrie.
Là-bas.
Et.
Les traitres.
Beaucoup sont au courant.
C’est devenu comme.
Une sorte de priorité.
Pan.

« Crois-moi, t’es vraiment en danger. »

Mais.
Il y a un truc.
Qu’il dit.
Et qui te fait tiquer.
Tu t’plais vraiment, là-bas ?
Bah.
Non.
Évidemment.
Mais dans une guerre.
Le choix.
Les envies.
Tout ça.
C’est secondaire.
Voir carrément.
Inexistant.
Alors.
Tu comprends pas trop.
Pourquoi il en parle.
Et surtout.
Pourquoi ça semble si important.
Alors.
Haussant un sourcil.
Tu le dévisages un moment.
Te demandant.
Simplement.
S’il a pas pris un coup de soleil.
Le pauvre.
C’est vrai qu'en Grèce.
Ça tape.
Mais ici.
On dirait.
Que c’est encore plus le cas.

« Bien sûr que non. Tu crois que c’est de gaieté de cœur que j’ai lâché les explorations pour me battre ? » Et. Devant tes mots. Tu peux pas t’empêcher de rire. Ça ferait une bonne blague aux repas de famille. Si avec un peu de chance. C’était juste une blague. Et non la vérité. « Et toi ? » T’hésites un moment avant de continuer. Pas certaine de vouloir entendre sa réponse. T’as pas envie. Que ce soit “oui”. « T’es heureux comme ça ? »

Avec ta secte de dégénérés.
Complètement.
Traqué.
En danger.
Pitié.
Il peut te répondre que.
Non.
C’est une évidence.