Roasted Chicken o Rixi

Les mains dans les poches, tu marches d'un pas décidé.
Contrarié.
T'es pas satisfaite, pour être honnête.
Et lorsque tu vas rentrer, les responsables vont en chier.
T'aimes pas partir en mission, c'est un fait.
Les akumas, les Innocences, ça te passe au-dessus de la tête.
Ça te soule.
Les découvertes. Les trésors. Les vieilles fresques. Et tout ce que tu peux récupérer pour ta collection, ça te manque.
Vraiment.
Alors, si tu choppes le responsable qui t'a fait déplacer pour rien.
Oh, il va chialer dans les jupes de sa mère.
Gnagnagna, une histoire d'un gars, qui avait voulu prouver.
Après quelques verres bien chargés.
Qu'il était un gros dragon.
Grougrou effrayant.
Et bien sûr, arrivée sur place.
Aucun dragon à l'horizon.
Oh, t'avais cherché, hein.
Un peu. Juste le strict minimum.
Tu fais jamais de zèle, ça t'intéresse pas.
Encore moins cette ville.
Absolument rien pour piquer ta curiosité.
Aucune légende. Aucun trésor.
Leur plus grande fierté.
Une boule de laine de plus de quinze kilos.
Sans déconner.
Si tu trouves rien pour t'apaiser.
T'y foutrais bien le feu, à leur fierté.
Bref.
Puisque tu trouves rien.
Puisque ça fait pas si longtemps que t'es là.
T'as décidé de sauver les apparences.
De faire croire que t'es resté longtemps pour bien chercher.
Bien faire ton travail.
De rendre un rapport super intéressant à Richards.
Donc, t'as décidé.
De te mettre en quête d'un vrai trésor. Pas d'une vulgaire pelote de laine à la con.
Il y a bien quelque chose, même si tu dois t'éloigner un peu.
Digne de ton intérêt.
T'as décidé de te rendre dans un pub, un peu plus loin dans la rue.
Avec l'alcool, les langues se délient.
Et les dragons apparaissent.
Avec l'alcool, t'espères bien qu'on te parle d'une vieille légende ou d'une réplique.
Ce serait toujours mieux que rien.
Pas question d'aller chercher ton gain chez un apothicaire ou dans un vide grenier.
T'as des valeurs quand même. Tu vas certainement pas les rabaisser.
C'est toujours contrarié, que t'ouvre la porte de l'établissement à la volée.
Et c'est avec un air désinvolte que tu commandes une bière.
Qu'on ose te dire quelque chose.
Et tu prends en octogone le donneur de leçons.
Heureusement, pour le moment, rien ne vient.
Alors, tu fais ce pourquoi tu es venue.
Tu vérifies bien que ton golem est coupé dans ta poche -mince, une fausse manipulation, comme c'est cocasse !-.
Et t'interroges celui qui vient de te servir.

« Dites, est-ce que votre pelote géante là, c'est la seule chose cool dans les environs ou on peut espérer une autre… curiosité, dans votre ville ? »

Visiblement étonné de ta demande, pourtant pas si étrange.
Peut-être l'intonation.
Il lève ses sourcils grisonnants avant de te répondre en se penchant vers toi.
Sa main près de sa bouche.
Comme s'il allait te confier un secret.
Oh oui, c'est ton jour de chance.
Un secret. Un trésor. Une relique. Une aventure au fond d'un temple.
N'importe quoi, du moment que c'est intéressant.
Alors, impatiente, tu te fais silencieuse pour bien l'écouter et.

« Vous avez entendu parler du dragon ? »

Et.
Ça te gonfle immédiatement.
T'échappe un soupir lourd et tu passes ta main sur ton visage.
Décomposé.

« C'est pas vrai… »

Vous êtes tous ravagés, ici.
Et tu commences à te dire.
Que tu vas absolument rien trouver.
Fait chier.

Donc, on te dit.
Dragon par-ci. Dragon par-là.
Et pelote de laine là-bas.
Seulement, dragon il y a pas.
Et pelote de laine… Si, elle, elle y est.
Mais, peut-être plus pour si longtemps.
En terminant ta bière, tu te poses une question.
Ça flambe comment, quinze kilos de laine ?
Bien, sans doute.
Ça aurait au moins le mérite de rendre les choses intéressantes.
Parce que là, pour le moment, tu t'emmerdes plus qu'un rat mort.
Et l'aubergiste est bien un des rares types qui a pas une rumeur croustillante à te raconter.
Vraiment.
C'est pas une question de s'être levée du mauvais pied.
C'est juste, une journée de merde et quelqu'un qui a pas su faire son travail correctement.
Oh, ils allaient en entendre parler, ça oui.
Autant que la laine flambée.
Allez, c'est décidé. Tu vas te changer les idées.
Ça leur apprendra, à tous.
À cette ville.
À être si peu intéressants.
Bande de loosers.
Pour le règlement de ta consommation, tu lui dis de t'adresser à la Congrégation.
Une note de frais en bonne et due forme, faut au moins qu'ils servent à quelque chose.
Et si on te demande de t'expliquer.
Bah, tu trouveras bien quelque chose à leur raconter.
Comme par exemple.
C'était pour éteindre la laine. Dommage que ça ait pas marché.
Une honte, tout de même.
Qui a pu faire une chose pareille.
Toutefois, perdue dans tes pensées, tu vois pas l'autre arriver.
Et alors que tu veux sortir pour accomplir ton méfait -disons plutôt une vengeance méritée-.
On te fonce dedans.
Oh bordel de.
Cette journée pouvait donc être pire ?
Là, s'en est trop.
L'organisateur de cette mission paierait.
Mais d'abord.
L'empressé empâté.
Et pendant qu'il se confond en excuses, tu le fixes, l'air sévère.
Il a l'air plus jeune, légèrement.
Mais il a l'air.
Parfaitement chiant.
Assez pour te rentrer dedans et te faire perdre ton temps.

« J’étais pressé et je ne regardais pas où j’allais. » Sans blague. Il faut au moins une excuse aussi minable pour essayer de rendre ça moins méprisable. T'en as connu, des pénibles, être une femme dans un monde d'hommes, ça a jamais été simple. Mais celui-ci entre en compétition. « Rien de cassé ?
Heureusement, non. » Manquerait plus que ça. Mais ça y est. T'es complètement soulée. Cette pelote. Elle va brûler. « Calme-toi sur la boisson, ok ? »

Enfin.
T'as pas l'impression qu'il a bu tant que ça.
T'aurais peut-être dû te méfier. Mais t'es pas encore habitué.
Alors tu laisses juste tomber.
T'as autre chose à faire.

Alors voilà.
On dirait bien.
Que tu l'as un peu déconcerté, cet étranger.
Et comme tu t'en doutais.
Il n'a rien consommé.
Enfin, d'après ses dires.
Pour bousculer les gens comme ça, t'as quelques doutes tout de même.
Mais il t'assure que non et il a l'air de marcher droit.
À défaut d'éviter les obstacles.
C'est donc pas un alcoolique mais un empoté.
Et en finalité, tu ne sais pas vraiment ce qui est mieux.
Mais bon, c'est pas ton problème.
T'as d'autres chats à fouetter.
Une faute d'inattention.
Très bonne excuse.
Sans doute qu'elle te servira.
Si on remonte jusqu'à toi quand la pelote brûlera.
Tu lui sors une grimace, pas spécialement convaincue par ses mots.
Et t'apprête à le laisser dans ce trou à rats.
Mais le voilà qui lâche pas le steak et qui reprend.

« Comment je peux me faire pardonner ? J’ai l’impression de t’avoir foutue en rogne. »

Oh, c'est pas vraiment une impression.
Plutôt un fait.
Il t'agace parce qu'il te dérange.
Ou plutôt.
Cette histoire a déjà bien entamé ta patience.
Et il te demande comment se faire pardonner.
Vraiment, ça te fatigue encore plus de songer.
Qu'il faut en plus lui expliquer.
En me foutant la paix, c'est la première réponse qui te vient à l'esprit.
Avant qu'enfin, une véritable idée la replace.

« T'as des allumettes ? Ça me dépannerait. »

Cette pelote, n'allait pas brûler seule.
Même avec toute la bonne volonté du monde.
Enfin. Ça aurait dû s'arrêter là.
Il te donne un paquet d'allumettes.
Vous vous dites bye bye et c'est réglé.
Mais on dirait quand même.
Que t'as pas été assez clair.
Parce que le voilà qui tente de faire la conversation.
Le plus innocemment possible.
Alors que tu commences à te dire.
Qu'il s'accroche un peu trop.

« C’est parce que tout le monde parle de cette histoire de dragon, hein ?
Il existe pas, ok ?! »

Ah.
T'as peut-être répondu un peu vite.
Du tac au tac, comme on dit.
Mais ça te fatigue vraiment.
Cette histoire de lézard géant.
Mais qu'on comprenne.
Ça fait des heures que tu cherches.
Que tout le monde te rabâche les oreilles avec.
T'as fait le tour de la ville, plusieurs fois.
Mais, absolument rien.
Donc ce dragon.
C'est juste une grosse blague.
Et il est largement temps qu'elle s'arrête.
Ou du moins, que t'en entende plus parler.
Ça devrait pas être trop demandé.

« Cette rumeur, là, elle m'a intriguée, » finis-tu par expliquer. Ou du moins, expliquer ta réaction. Ça évitera peut-être de te faire passer pour une folle. « Donc j'ai fait touuuut le tour de la ville, j'ai posé des questions à touuuut les pecnots du coin, et tu sais quoi ? Tout le monde en parle mais il y a aucune trace de ce soi-disant dragon. C'est un attrape-touristes et visiblement, ça marche bien. »

Après tout.
C'est pour ça que t'es là.
Et c'est peut-être aussi pour ça, qu'il est là.
Alors autant lui éviter les heures de recherches.
Ce dragon, il existe pas.

Il a l'air un peu surpris.
Quand tu parles d'allumettes.
Et toi, tu comprends pas bien pourquoi.
T'as pas demandé le bout du monde non plus.
Simplement des allumettes.
Et quand il échappe un rire, comme interloqué.
Tu lèves les yeux au ciel et croises tes bras.
S'il voulait pas te dépanner.
Fallait pas demander.
Enfin, il finit par te proposer briquet et cigarettes.
Et tu tends simplement la main.
Parfait.
Briquet, t'en a besoin.
Cigarettes, pas forcément.
Mais avec un peu de chance.
Ça le fera chier d'en être privé.
Et en plus de ça.
Ça servira de pièce à conviction pour la scène de crime.
Vraiment.
Parfait.
Sauf que.
Voilà qu'il te donne simplement le briquet.
Et qu'il change habilement de sujet.
Oh, non, mon pote.
Tes cigarettes.
Tu vas les lâcher.
Encore plus.
Parce qu'il a l'air de se moquer de toi.
Quand tu lui signales que le dragon.
Il existe pas, ok ?!
Oh, vraiment.
Sa gueule d'ange.
T'as bien envie de lui faire perdre deux dents.
Celles de devant.

« C’est parce que tu sais pas où chercher. »

Qu'il finit par te dire.
Comme si c'était évident.
Alors même que tu viens de lui expliquer.
Chercher et questionner.
T'as pourtant fait que ça.
Alors, sceptique, tu décides de l'écouter.
Baragouiner des mensonges éhontés.
Lui, il sait où chercher.
Et promis, il se fout pas de toi.
Ah, tiens.
Ça, c'est bien cocasse.
Le seul gars qui t'aborde sans raison dans ce bar pourri.
C'est comme par hasard.
Le seul dans toute cette saloperie de ville.
Qui sait où trouver le dragon.
Quelle coïncidence étonnamment pratique.
Et tu commences même à te dire.
Que soit ce gars te prend pour le plus gros des pigeons.
Soit ça ressemble à quelque chose qui ne te plaît pas.
T'as pas encore bien l'habitude, de te méfier.
Mais cette proposition, si elle sent pas le dragon.
Elle sent au moins le roussi.

« Tes cigarettes. » Tu lui rappelles en tendant la main avant de continuer. « Alors comme ça, toi, comme par hasard, tu sais où trouver le dragon. Comme c'est pratique. »

Tu lui souris, moins contrariée.
Plus amusée.
Après tout, ce dragon, t'es pas la seule à le chercher.
Alors puisqu'il te prend pour un pigeon.
T'as bien envie.
De le pigeonner à son tour.
Sourire toujours sur le visage.
Tu te tournes vers l'assemblée du bar.
Et d'une voix forte, voilà que tu clames.

« Il a vu le dragon et sait où il est ! Il veut bien vous montrer ! »

Sourire toujours sur le visage.
Tu lui lances un regard de défi.
Voyons comment il s'en sort avec ça.
Avant de quitter l'établissement.
Toi, t'as le briquet et les cigarettes.
T'es prête pour accomplir ton méfait.
Mais certainement pas.
Tu te feras pas avoir par le premier piège à touristes venu.

Ah.
On dirait bien.
Que t'as fait un flop.
Enfin.
T'attendais pas grand-chose de ces bouseux, de toute façon.
Mais les voir autant parler de dragon.
Pour pas réagir plus que des limaces sous sédatif.
Ça te surprend un peu quand même.
Faudrait savoir ce qu'ils veulent, à la fin.
Toi, t'as espéré, que ça porte l'attention sur l'autre.
Qu'il soit débordé de questions et de demandes.
Et que tu puisses t'éclipser.
Au lieu de ça.
C'est à peine si un vieux toussotement gêné te parvient du fond de la salle.
Et le calme plat.
Eh bah.
T'as pourtant cru être dans un pub.
Pas dans une maison de retraite.
Mais soit.
Tu admets bien volontiers ta défaite.
De toute façon, c'est pas comme si les regards de reproches qu'on te lance t'affectent.
Tu t'en fous royalement.
Ce dont tu te moques moins.
C'est l'autre imbécile qui se marre sans retenue.
Alors tu roules des yeux, blasée.
Franchement.
Ça te soule.

« Bah alors ? On s’est cru plus importante qu’on ne l’est vraiment ? »

Gnagnagna.
Village de loosers.
Qu'il rigole.
Tu t'en fous.
Vraiment.
Ou peut-être pas tant, mais ça a pas vraiment d'importance.
T'es peut-être un peu vexée, mais ça va vite passer.
Toi, tu veux juste qu'on te fiche la paix.
Alors tu comprends pas vraiment.
Si t'es si peu importante.
Pourquoi il trace pas sa route.
Enfin, ça à l'air comme un déclic.
Peut-être qu'il traîne qu'avec les cools kids.
Et peut-être que tu t'es un peu trop ridiculisée pour ses fréquentations.
Parce qu'après avoir autant insisté pour te coller.
Voilà qu'il fait marche arrière sans insister.
Putain c'est pas trop tôt.

« M’enfin, si tu veux pas de mon offre, tant pis pour toi. Sympa de t’avoir rencontrée, à plus ! »

Son offre, il peut se la mettre où tu penses.
Toi, t'as cherché.
Longtemps.
Il y a pas de dragon.
Et t'as aucune honte à rentrer en affirmant que t'as fait ton travail.
(Très) beau parleur ou pas.
Tu vas certainement pas suivre n'importe où le premier venu qui te promet monts et merveilles.
T'as plus qu'un vrai bras et t'as pas forcément envie de le perdre.
Ton annonce n'a pas eu l'effet escompté.
Soit.
Mais le résultat est pourtant là.
Il abandonne la partie.

« Je te l'ai jamais réclamée, ton offre. Et trouve mieux, pour ta prochaine cible. C'était pas convaincant. »

Le tchatcheur du bar.
Il retomberai bien sur ses pattes.
À déjà promettre dragon et princesse à une autre fille un peu trop naïve.
Certainement pas toi.
Et puisqu'il est sorti.
Tu fais de même.
Quitter ce bar de nullos.
La pelote, tu crois bien qu'elle est vers le nord.
Il fait pas encore nuit.
Mais tu peux te montrer plus patiente qu'on le pense.
T'as juste oublié les chamallows, dommage.

Alors voilà.
C'est enfin terminé.
Toute cette histoire qui sent le pourri.
T'as largué le beau parleur.
T'as quitté les limaces du bar.
Et en fait.
T'as même quitté ce lieu maudit.
Dans la rue, t'es ravie.
Tu vas enfin pouvoir.
Accomplir ton méfait.
Et rentrer.
En toute tranquilli-

« Attends, attends ! »

-té.
Ah, non.
Pas tout à fait.
Un soupir t'échappe.
Encore.
T'essayes de garder ton calme.
C'est pas facile.
Mais heureusement.
Il y a l'incompréhension qui camoufle un peu.
Alors tu te tournes vers lui.
Sans comprendre ce qu'il veut.
Définitivement.
Il a bien dit que t'es pas importante.
Mais il veut pas lâcher l'affaire.
À croire qu'il veut récupérer son briquet.
Et les clopes qu'il t'a pas filées.
Avec les intérêts.
Enfin, le voilà qui t'a rattrapée.
Et qui a l'air outré.
Des accusations que t'as portées.
T'étais absolument pas sa cible.
Il voulait pas t'arnaquer.
Ok, il était pas convaincant.
Mais il voulait vraiment t'aider.
Ah !
En voilà, une idée intéressante.
Tes bras se croisent et un sourire ironique s'inscrit.
C'est qu'il te prend vraiment.
Pour une prune.
À te baratiner comme ça.
Enfin, il ajoute quand même.
Qu'il t'a trouvé cool.
Et ça tu le sais déjà.
Tu l'es.
Mais pour le reste.
Simplement du vent.

« Alors tu sais où il est mais tu l'as jamais vu. C'est drôle. »

Il te parle d'un dragon -qui n'existe pas-, pas d'une ville.
S'il sait où le trouver, c'est qu'il a forcément vu quelque chose.
Quelque part.
Enfin, c'est ce que tu te dis.
Ça te paraît plutôt logique.
Ce qui l'est moins, c'est son excuse pour rester.
Et t'as l'impression.
Que ça sent un peu le mytho.
Quand même.

« Après, si tu voulais proposer un verre, c'était pas la peine d'inventer une histoire pareille. »

Ça veut pas dire que t'aurais accepté.
Mais ça.
Ça te paraît plus logique que son mensonge fumeux.
Bref.
En plus.
T'as quelque chose à faire.
De super important.
Si si.
Sauf que voilà.
Il te demande s'il peut squatter.
Parce qu'il se fait chier.
Mais promis.
Il parlera plus du dragon.
Bah tiens.
Ça paraît étonnant.
Et en plus de ça.
Ça contrarie tes plans.
Mais soit-dit en passant.
Il semble assez sympa.
Pas trop contrariant.
Alors peut-être que tout bien considéré.
Ça pourrait être amusant.
De faire brûler l'emblème de la ville à deux.
Ou au moins.
Ça te donnera l'occasion d'accuser quelqu'un.
Et de te laver de tout soupçon.
Après tout
T'es qu'une femme.
N'est-ce pas ?

« D'accord, mais à trois conditions. » T'es pas folle non plus. Tu lèves un premier doigt pour illustrer les faits. « Déjà, pas de dragon. Je veux ni le voir, ni en entendre parler.. » Second doigt. « Ensuite, tu me paies vraiment ce verre. » Troisième doigt. « Et enfin, j'ai un truc à faire, tu m'accompagnes. Mais promis, ça va être marrant. »

Enfin, puisqu'il se fait chier.
Il va certainement pas refuser.
Il a rien de mieux à faire, faut dire.

Ah, voilà.
Enfin, t'as compris.
L'impression que t'as, depuis tout à l'heure.
En fait.
On dirait un peu.
Un poussin téméraire.
Le genre à être apeuré par les autres animaux de la ferme.
Mais qui va tout de même tenter un coup de bec quand on a le dos tourné.
Tu le vois bien.
Lâcher la rampe quand tu parles d'un verre.
Tellement il a l'air gêné.
Affirmant que non, il voulait absolument pas.
Allant presque se cacher dans les jupons de sa mère.
Pour la seconde d'après.
Se regonfler à bloc et rejeter tes énumérations comme s'il était le roi de la ville.
Ah bah tiens.
Vraiment.
Le Roi Poussin.
C'est un drôle de personnage.
Et t'observes son cirque d'un sourire moqueur.
Ah ça, non.
Vous allez certainement pas vous ennuyer.
Il te dit qu'on verra bien, pour les conditions.
Que les rues sont pas à toi.
Ça te fait un peu rire, en fait.
Le poussin essaie de faire le grand.

« Les rues, non. Mais mon espace personnel, si. Enfin, tu pourras toujours t'expliquer avec la police du coin si t'importune une pauvre demoiselle. »

C'est pas forcément ce qu'il a dit tout à l'heure.
Mais ça rejoint un peu.
Du moins, l'idée y est.
Surtout que dans tes conditions.
Y avait quand même le verre.
Que le poussin a refusé.
Dommage.
T'aurais bien aimé.
Enfin, au moins.
Il refuse pas la partie son et lumière de ton plan.
Tant mieux.
Avec ça, il verra à quel point tu fais bon usage de son briquet.
Alors bon.
T'aurais sans doute dû te méfier davantage.
Sans doute te souvenir que tu portes un uniforme bien pourri.
Mais tu lui fais quand même signe de te suivre.
T'as un caractère bien trempé.
Mais t'as jamais été vraiment mauvaise.
C'est peut-être pas une bonne chose dans une guerre.
Mais bon, toi, elle te passe au-dessus de la tête.
Elle t'intéresse pas.
Mais ça.
Les autres le savent pas.
Et c'est sans doute ce qui te perdra.
Parce que tu prends la direction de la périphérie.
Vers le musée de la laine.
Et son exposition de pelotes.
De sa pelote.
Et t'es pas seule.
Accompagnée d'un poussin au sale caractère.
Et quelques touristes en chemin.

« C'est quoi ton nom, déjà ? »

En fait.
Tu crois pas qu'il l'a dit tout à l'heure.
Mais du coup.
Il est peut-être temps.
De mettre un nom sur sa face de poussin.

Oh, tu le vois bien.
Faire son malin.
Le Roi Poussin.
Quand il te dit que t'auras du mal à expliquer.
Qu'il emprunte simplement le même trottoir que toi.
Que t'as pas tellement l'air d'une pauvre demoiselle.
Bah.
Toi, tu crois.
Qu'il a juste oublié que.
Emprunter le même trottoir.
Ça veut pas dire te coller comme un poussin à sa mère.
Et en prime.
Te faire la conversation.
Mais bon.
Il a un sourire confiant.
Un air désintéressé.
Et pourtant.
Il est là.
Et toi, en fait.
Ça te fait marrer.
Tu crois que tu commences à le cerner.
Un peu.
Pas tout à fait.
Enfin, si tu savais.
Il cache plus de choses que tu le penses.
Et il y a une vérité.
Que tu préférerais éviter.
Mais lui, il a l'air d'y tenir.
Enfin, il faudra sûrement faire avec.
Il est pas forcément méchant.
Mais c'est la guerre.
Et personne ne peut rien y faire.
Pas même ton sourire moqueur.
Pas même son air insolent.
Peut-être que vous auriez pu être amis.
Mais peut-être pas aujourd'hui.
Il te répond même, quand tu lui demandes son nom.
Il s'appelle Rixi.
C'est pas trop commun.
Pas trop du coin.
Tu te demandes un instant d'où il vient.
Ah, ça serait pas un peu de curiosité quand même pour lui.
Finalement, il t'énerve plus tant que ça, le Roi Poussin.
Tu le trouves plutôt marrant, en fait.

« Rixi. C'est pas trop commun comme prénom. Tu viens d'où ? »

Peut-être que.
Comme toi.
Il est de passage.
En touriste.
Peut-être que.
Comme toi.
Il est venu pour cette histoire de dragon.
Mais tu t'amuses tellement.
Tu crois, que peut-être, tu commences même à lui faire confiance.
T'y penses pas un seul instant.
Et, peut-être, ça va être embêtant.

« Moi c'est Méliona. Je suis là en visite. »

Enfin.
Globalement, c'est ça.
C'est pas vraiment une vérité.
Pas vraiment un mensonge.
Juste, ça manque de détails.
Mais bon, c'est comme ça.
D'ailleurs, le musée commence à se distinguer.
Ah, enfin.
Tu vas pouvoir faire tout brûler.
Bientôt ta dernière heure, sale emblème à la con.
Tu devais être un dragon.
Seulement, voilà que le Roi Poussin continue de faire la conversation.
Pour oublier la pelote un moment.
Et pour une proposition.
Qui te surprend un peu.
Comment ça.
On se dit quand.
Il avait dit.
Très vite.
Qu'il était pas du tout intéressé.
Et il avait dit.
Avec une assurance forcée.
Qu'il verrait pour les conditions.
Et voilà.
Que sans avertissement.
Il remet la question sur le tapis.
Ah, pas intéressé, hein.
Tu l'aurais bien taquiné.
Tu sais comment il aurait réagi.
Tout nier en bloc avec une excuse aussi fumeuse que la laine sous peu.
Alors, si tu veux ce verre.
Tu penses qu'il faut simplement répondre sans amusement.
Sans moquerie.
Juste l'accepter en fixant quelque chose.

« Après ce que j'ai à faire ? »

Voilà, parfait.
Simple proposition.
Et comme ça.
Il ne fera pas le Roi.

« Marrant de demander, pour quelqu'un qui était pas intéressé. »

Ah, voilà.
T'as quand même pas pu t'en empêcher.
Et vous voilà arrivé devant le musée.

T'avais raison.
Il est pas du coin, lui non plus.
De Lettonie, qu'il te dit.
Tu sais, le pays le plus pauvre d'Europe.
En fait, non.
Tu sais pas.
Mais en disant ça.
T'as l'impression qu'il y a quelque chose derrière.
Une certaine rancœur, peut-être.
Sans doute que le poussin, n'était pas roi, là-bas.
D'ailleurs, c'est pour ça qu'il est parti.
Pour trouver mieux ailleurs.
C'est ce qu'il te dit.
Et toi, tu peux pas t'empêcher de lui demander.
Si c'est vraiment mieux, ailleurs.
Toi, t'as pas forcément l'impression que c'est mieux, ailleurs.
T'as un peu voyagé.
Mais ça change souvent pas grand-chose.
Les gens sont toujours cons.
Les décisions de ceux qui dirigent sont toujours débiles.
Et c'est toujours les mêmes qui ont l'argent.

« Et t'as trouvé ? »

Enfin, pour parler.
Il manque pas de remarquer.
Que toi aussi, t'es en visite.
Il dit juste, que ça se voit.
Tu sais pas trop en quoi.
Mais tu le prends comme un compliment.
Au moins, ça se voit.
Que t'es pas comme les péquenots du coin.
Merci bien.
Toi, t'es une grande archéologue.
T'en as fouillé, des sites.
Toi, t'es une chasseuse de trésors hors normes.
C'est presque maladif, à ce stade.
Mais sûrement pas.
Un de ces piliers de bar complètement fracassés d'un dragon imaginaire.
Enfin.
Quand il te propose un verre, tu dis pas non pourtant.
Il dit juste, à ta remarque.
Que t'avais l'air d'y tenir.
Et ça t'arrache un rire.
Comme tu t'y attendais.
Il veut rien avouer.
S'il reste des parts de secret.
Ça au moins.
Tu l'as cerné.

« Oui, oui, seulement moi ! » À d'autres Rixi. Pas à toi. « Heureusement que tu consens à te sacrifier pour ma demande, alors. Un vrai prince charmant ! » Et voilà que tu fais une courbette exagérée. « Merci, Monseigneur ! »

Et tu ris.
Ah, finalement.
Tu t'amuses plus que prévu, dans cette mission.
Tu passes presque.
Un bon moment.
Merci, Rixi.
Enfin, lui.
Il semble douter pourtant.
De ton choix.
Du truc marrant que t'as promis.
Le musée, ça semble pas l'emballer.
Bah, il changera peut-être d'avis.
C'est pas comme s'il y avait cinquante choses à faire ici.
Pour cette sortie pas vraiment préparée.
Et puis.
Toi, tu sais bien pourquoi t'y vas.
Et peut-être que ce que tu prévois.
Ça suffira pour allumer une flamme.
Ou plutôt.
L'amusement que t'as promis.

« Crois-moi ou non mais ça promet d'être enrichissant. Tu savais qu'ils possèdent une pelote de laine de plus de quinze kilos ? Il paraît que c'est la fierté de la ville. C'est fou, non ? »

Et tu sais.
Il paraît aussi.
Que t'as récupéré un briquet.
Incroyable coïncidence.
N'est-ce pas ?
Enfin, vous voilà à l'entrée.
À prendre deux tickets.
Parce qu'en plus.
Ton méfait sera payant.
Ah, tu l'auras bien mérité.
Et.
Pour ne pas changer, tu perds pas une occasion de le taquiner.
Tu dois bien l'avouer.
Ça t'amuse.
Ses réactions emplies de déni.

« Tu passes encore au tarif enfant, toi, non ? »

Princesse.
T'as bien compris.
Qu'il se moque de toi.
Qu'il y a une grosse touche d'ironie, dans sa voix.
Aucune subtilité.
Mais tu t'en fous.
Ça te va.
T'as repoussé tes cheveux en arrière d'un geste de la main, théâtral.
Princesse, ça te convient.
Après tout, ta mère a toujours dit que t'es la sienne.
Et tu t'y verrais bien.
Dans un royaume de trésors et de légendes.
Et devant le musée.
Il a dit quelque chose.
Qui t'a échappé.
Comme murmuré.
Alors t'as voulu le questionner.
Lui faire répéter.
Mais voilà qu'il répond juste.
Que t'as un humour miteux.
Enfin.
C'est pas vraiment ce qu'il a dit.
Mais soyons honnête.
C'est ce que ça veut dire.
Bah ?
Alors ça y est ?
On peut plus se moquer.
Oh, d'un coup.
Il paraît moins marrant.
Avec moins de répondant.
Bof, tant pis.
Tu hausses les épaules pour répondre.
Peut-être qu'un feu de joie.
Rallumera la sienne.
Enfin, on verra.
Pour le moment.
Vous entrez dans ce musée qui n'en a que le nom.
Disons plutôt.
Une collection.
Un peu surprenante.
De la laine.
De différents moutons.
Des quatres coins du monde.
Travaillée de différentes façons.
Incroyable.
Comme ça te semble parfaitement ennuyant.
Et comment.
Ça sent un peu trop le renfermé ici.
D'ailleurs.
Ton accompagnateur ne manque pas de te faire remarquer.
Que pour le moment.
Aucune trace de cette pelote géante.
Ah.
Voilà que maintenant, ça l'intéresse.
Tu peine à y croire.
Mais pourquoi pas.

« Aucune idée. J'suis jamais venue ici. Mais on devrait pas pouvoir la louper. »

Enfin.
T'espère.
Manquerait plus qu'on t'ai promis ça.
Et que.
Comme le dragon.
Ce soit absent du catalogue de la ville.
Là, ça serait sans doute un peu trop pour toi.
Et le feu, aurait sans doute tôt fait.
De se répandre ailleurs.

« D'ailleurs, tu fais quoi ici, toi ? »

Simple question.
Innocente, pour une fois.
Le temps de passer de salle en salle.
Le temps de trouver la fameuse pelote.
Parce que.
Ce papier qui promet une démonstration de la tonte d'un mouton.
T'es pas sûre de tenir jusque là.

Ah, vraiment.
T'avais pourtant prévenu.
T'avais pourtant été clair.
Mais visiblement.
Il peut pas s'en empêcher.
Ça doit genre.
Lui brûler la langue.
Ou l'empêcher de respirer.
S'il baragouine pas sa salade de dragon.
Enfin, toi, t'as décidé depuis un moment.
De plus accorder aucune importance au serpent géant.
Qui n'existe pas.
Pour rappel.
Donc, quand il te dit qu'il est venu.
Parce qu'il l'a vu.
Ça te fait sourire d'ironie.
Et t'aurais bien juste répondu quelque chose comme.
C'est ça, ouais, et mon bras a repoussé à la normale.
Quelle blague.
Mais voilà qu'il ajoute.
Quelque chose qui te semble un peu.
Bizarre.
T'es plus facile à suivre qu'une rumeur.
Oh, ça, très certainement que tu l'es.
Tu l'as jamais caché.
Toi, t'aimes briller.
Te faire remarquer.
Qu'on se souvienne de toi.
Et de ton expertise hors du commun.
Qu'on se souvienne vaguement de quelque chose comme.
Tiens, il y avait pas une couronne de cristal, ici ?
Mais que.
Non, sûrement pas.
Puisqu'elle y est plus.
Et toi, tu brilles avec.
Donc clairement, c'est pas ça.
Qui te fait tiquer.
C'est qu'il dit.
Qu'une rumeur.
Bon, alors.
Faudrait qu'il se mette d'accord avec lui-même.
C'est un fait parce qu'il l'a vu.
Ou une rumeur parce qu'il s'en est détourné à la moindre occasion.
Ah, son discours.
Il s'emmêle de plus en plus.
Et tu commences à te dire.
Qu'il cache sûrement quelque chose.
Et franchement.
C'est pas trop tôt.
Mais, chaque chose en son temps.
Et pour le moment.
Tu veux pas faire naître les soupçons.
Alors, simplement.
Tu continues ton petit manège.

« Je suis peut-être plus intéressante à suivre, aussi. »

Et, tu lui adresses un sourire amusé.
Après tout.
Vous allez bien rigoler.
Et t'en aurais, des histoires à lui raconter.
S'il le voulait.
Même que.
S'il le voulait vraiment.
Ce serait sympa.
De se connaître sans faux-semblant.
Sans rumeur et dragon.
Enfin, il te dit d'ailleurs.
Qu'il pense avoir compris.
Pourquoi tu l'as emmené ici.
Et son sourire.
Il devient comme celui d'un enfant qui va aller toquer aux portes avant de fuir en courant.
Oh, ça, oui.
Il a compris.
Enfin, faut dire.
C'est toi qui as son briquet.
Alors à partir de là.
C'était pas bien difficile à deviner.
Mais, bon.
T'aimes toujours autant le taquiner.
Alors tu peux pas t'empêcher.

« Pour un rendez-vous, bien sûr. Quoi d'autre ? C'est comme ça qu'on apprend à connaître ses stalkers, il paraît. »

Oh, mais.
Fini de rigoler.
Ou plutôt.
Temps de commencer.
Vous voilà arrivés.
Dans une grande pièce.
Dont la pièce maîtresse et centrale.
Est une énorme pelote, colorée.
Faites de plusieurs fils de laine.
De couleurs et de tailles différentes.
Et bon, soyons honnêtes.
Si sur l'instant.
Ça peut impressionner seulement cinq secondes.
C'est vite barbant.
Et super moche, en plus de ça.
Heureusement.
Ça va pas te gâcher la vie bien longtemps.
Alors, tu sors le briquet.
Cette ville va payer pour t'avoir fait déplacer inutilement.
Et tu regardes aux alentours.
Sans surprise, l'heure de pointe est passée.
Il y a personne pour vous déranger.
Il y a même.
Une fenêtre, où vous pourrez vous enfuir.
En toute impunité.
Alors.
Sans remords ni culpabilité.
T'allumes le briquet.
Et tu le jettes de façon désinvolte vers la pelote.

« Oh, zut. Il m'a glissé des mains. »

Après tout.
C'est bien ce qu'il s'est passé.

Enfin.
Enfin, cette saloperie d'emblème crame dans les flammes.
C'est bien tout ce qu'ils méritaient.
Cette pelote débile.
Moche.
Inutile.
Et cette ville à la con.
Qui t'a définitivement fait perdre ton temps.
Enfin, peut-être pas tant que ça.
Faut le reconnaître.
Au moins tu t'amuses bien.
Et t'es en plutôt bonne compagnie.
Mais ça empêche pas.
C'est tout ce qu'ils méritaient.
Et la voir brûler de plus en plus.
Quel plaisir.
Te voilà comme.
Soulagée.
La colère est partie avec la pelote.
En fumée.
Et tu peux pas t'empêcher de penser.
Une bonne chose de faite.
Tes missions.
Peu importe lesquelles.
Du moment que tu te les fixes toi-même.
Tu les remplies toujours.
Et encore une fois.
T'as pas failli à la tâche.
Félicitations.
Et d'ailleurs.
Il y a visiblement pas que toi.
Que le feu empli de joie.
Ton bougon compagnon.
À l'air soudainement bien plus souriant.
Et faut dire.
Qu'il est sympa son sourire.
C'est mieux comme ça.
Enfin, tu crois.
Mais voilà déjà.
Qu'il te réclame un briquet.
Pour celui que t'as échappé.
Ah.
Visiblement il s'arrête jamais.
Ok.

« J'te signale que tu me l'as offert en dédommagement, au bar. Je te dois rien du tout. »

Enfin.
Toi non plus.
Tu t'arrêtes jamais.
Mais pour cette fois.
C'est peut-être pas le bon moment pour insister.
Avant que quelqu'un arrive.
Que le feu se répande.
Et que la fumée envahisse.
Il faudrait envisager de sortir.
Ça pourrait être une bonne idée.
En effet.

« Allez, viens. »

C'est pas trop discret.
De sortir par la fenêtre.
Mais ça évitera de repasser par l'accueil.
Et d'expliquer l'incendie.
Après tout.
C'est pas ton problème.
Et c'est tout ce qu'ils méritent.
Ah.
Le voilà.
Leur putain de dragon fumant.
Une saloperie de pelote.
Enfin.
Au moins, vous êtes dehors.
Et t'as un peu l'impression.
Que ça commence à bouger dans les environs.
Faut dire.
Ça va pas passer inaperçu bien longtemps.
Mais fort heureusement.
Vous êtes indemnes.
Vous avez eu tellement de chance.
Alors que vous étiez dans la pièce quand l'incendie à mystérieusement commencé.
Quelle tristesse pour ce musée.
Mais vous, vous félicitez d'en être sortis vivants.
Enfin, ça.
C'est ce que tu diras.
Si on fini par te poser.
Les questions qui faut pas.
Et en parlant de ça.
Il y en a une qui reste en suspens.
Et tu penses.
Qu'il est temps d'y répondre franchement.

« Voilà, j'ai fait ce que j'avais à faire. Tu veux qu'on fasse autre chose, maintenant ? »

Peut-être pas forcément un verre.
En fait.
Juste c'est une journée sympa.
Et t'as l'impression.
Le courant passe plutôt bien.
Alors peut-être.
Ça pourrait continuer d'être sympa.
Non ?

Regarde les.
S'affairer.
Affolés.
Pour éteindre ce que t'as provoqué.
Ah, n'est-ce pas.
Une magnifique journée.
Gros cheh.
Ils ont que.
Ce qu'ils méritent.
Et encore.
Qu'ils s'estiment heureux.
Si Rixi avait pas été là.
À tes côtés.
Pour observer.
T'aurais sans doute.
Fais pire.
Mais tu sais pas trop pourquoi.
Tu voulais pas non plus.
Donner une si mauvaise impression.
Sûrement juste.
Pour avoir l'air pro.
Cool.
Sympa.
Parce que tu l'es.
Pas juste.
Pour lui faire croire.
Que t'es raisonnée.
Et que c'est pas si grave.
De traîner avec toi.
Parce que.
Toi, t'aimes bien.
Finalement.
Trainer avec lui.
Il est pas si grand, Rixi.
Mais il commence.
À prendre un peu de place.
Quelque part dans ton cœur.
Et dans ton sourire moqueur.
Le voilà d'ailleurs.
Toujours sur la taquinerie.
Qui te dit.
Que c'est au commissariat, que vous devriez aller.
Parce que t'es.
Une criminelle.
Houlà.
Tu l'as pas vu venir, celle-là.
Alors, voilà.
Que tu ris.
Peut-être un peu trop.
Peut-être un peu trop fort.
À côté du feu et de l'inquiétude des passants.
Mais c'est pas ta faute.
S'il dit des choses sans sens.
Toi, une criminelle.
Oh, ça non.
Certainement pas.
T'as juste.
Rendue la monnaie de leur pièce à ces gens.
Qui t'ont fait perdre ton temps.
Et tout ce que t'as pu faire avant.
Ça a toujours été.
Parfaitement justifié, c'est vrai.
Et tous ces trésors dans ta collection.
Tu les as eu avec passion.
Certainement pas.
Une criminelle.
Alors, ça.
C'est la meilleure.
Il est drôle aussi, Rixi.
C'est bien.
Il marque des points.

« Oh, non ! Pitié, pas le commissariat ! J'en implore à votre bonté, Monseigneur Rixi ! Je recommencerai pas, c'est promis ! »

Enfin.
T'as croisé les doigts.
Mais c'est un détail.
Disons.
Presque promis.
Vaut mieux.
Assurer les arrières.
T'es jamais.
À l'abris de rien, après tout.
Encore moins.
D'une proposition.
Qui te plaît bien plus.
Que la première.
Le Prince Poussin a faim.
Et il voudrait.
Prendre à manger.
Pour aller se poser.
Ça, c'est une riche idée.
Ça te plaît.
Autant pour le repas.
Que pour la compagnie.
En fait.
Tu passes vraiment une bonne journée.
Et t'as eu beau ronchonner.
Faut reconnaître.
Tu regrettes plus.
L'incident du bar.
Et son entêtement bizarre à te suivre.
En fait.
T'es plutôt contente.
Qu'il soit là.

« Bonne idée ! Tu m'invite, dis ? »

Après le spectacle.
Tu te dis.
Qu'il te doit bien ça.
Et puis.
Ça va commencer à paraître étrange.
Sur ta note de mission.
Le musée de la laine.
Et un repas pour deux.
T'as pas envie.
De rendre des comptes.
Juste de profiter.