Sleeping Deathy o Seris

Et voilà. T’y es.
Bonne pour clamser.
En fait, la vérité.
C’est que, si t’aurais dû être effrayée, t’es juste dégoutée.
Soulée.
T’avais stupidement espéré qu’on te foutrait la paix.
T’es nouvelle, t’as pas les habitudes -pas les bonnes-.
T’es pas une combattante, comme de ceux qui traînent dans les couloirs.
Alors, t'avais stupidement pensé.
Que si tu te faisais -pas trop- remarquer.
On te foutrait la paix.
Seulement voilà.
Les gratte-papiers n’oublient pas.
Et tu te retrouves avec un ordre de mission dont tu te serais bien passé.
Un village dont les habitants dorment toujours, en Argentine.
Tu râles alors que tu te rends au lieu de rendez-vous.
Qu’ils dorment, en quoi c’est ton problème, exactement ?
Trois heures, trois jours.
Une sieste, une grosse nuit, quelle importance.
C’est pas ton problème et t’as clairement pas envie de t’occuper de ça.
Si on aurait dû te confier une mission, elle aurait dû parler d’objets anciens, de vieux châteaux, de temples sous terre.
Pas d’un village de bouseux qui se tapent un semi-coma.
Alors tu râles, parce que ça te plaît pas. Pas du tout.
Et en plus de ça, pour ne rien arranger à ta situation.
Voilà qu’on te colle un « partenaire » dans les pattes.
Un équipier, qu’on t’a dit. Pour t’aider, c’est comme ça qu’on te l’a vendu.
Mais à quel moment, t’as dit que t’avais besoin d’aide ?
Tu t’en souviens absolument pas.
Parce que t’en as pas besoin. D’ailleurs, tu le lui feras sans doute savoir.
Première mission ou pas, qu’est-ce que ça change ? T’aimes pas avoir quelqu’un dans les jambes.
Blasée, soulée, tu arrives finalement sur le lieu que l’on t’avait indiqué -une sorte de grand portail blanc et brillant, pas ta première bizarrerie, pas la dernière. Mais on t’avait dit que c’était l’Arche, alors t’étais quand même un peu curieuse-.
Pour l’heure, c’était presque ça. Quelques minutes de retard, parce que t'avais traîné les pieds. C’était pas la fin de monde.
Pas encore.
Et de toute façon, ils dorment déjà. Quelques minutes ne feront aucune différence.
Devant la porte, on t’attend déjà.
Un uniforme similaire mais quelques différences. Et un masque horrible, manque de goût suprême.
Ton « partenaire » est un original, ça te déplaît encore plus.
Super, manquait plus que ça.

« Salut, » fais-tu d’une voix totalement plate, lassée. « C’est toi le… Magicien ? »

T’as oublié les termes exacts mais en fait.
Tu t’en fous complètement.

« Moi, c’est Méliona. Enchantée. »

Absolument pas, en réalité.

« C’est carnaval, aujourd’hui ? »

Vraiment.
Il avait fallu que tu tombes sur un excentrique.
Parfait.
Au moins, à défaut d’être motivée.
T’allais peut-être t’amuser.

Ah, ça c'est bien vrai.
T'es soulée.
Parce que cette mission.
T'aurais préféré y échapper.
Mais voilà.
Ton équipier à l'air bien singulier.
Avec son masque comme apparat.
Qu'il ne semble pas vouloir enlever.
Même lorsqu'il te répond.
Pour te parler de tes compétences académiques.
Alors même.
Que toute politesse semble lui échapper.
Ah, là.
T'as cru que t'allais t'amuser.
Mais en fait.
Il va juste te faire chier.
Parfait.
Tu l'écoutes, d'une oreille distraite.
Bon, presque pas, en fait.
Il faut bien l'avouer.
Il semble parler vaguement de la faute que t'as faite.
Et de tes compétences martiales.
Inexistantes.
T'aurais presque ris, tellement ça te semble ridicule.
Oh, ça, oui.
Il risque d'être bien surpris.
Quand il se rendra compte.
Qu'il est parti avec le pire des boulets.
Mais bon.
Tu l'as jamais caché.

« C'est ça, c'est ça. »

Que tu réponds vaguement.
Sans conviction.
Tu sais même pas.
Si t'as tout écouté.
Mais une phrase générique.
Ça aurait son efficacité.
Enfin.
Voilà qu'il se présente, tout guilleret.
Sorcier Saleh.
Ah bah voilà.
C'est ça, le mot que t'as oublié.
Oh, vraiment.
T'étais pas si loin.
Pas la peine d'en faire tout un foin.
Et puis.
Magicien, sorcier.
Quelle différence.
S'il fait apparaître aucune colombe de sous son masque.
Ça t'intéresse pas du tout.
D'ailleurs.
Son masque.
Lorsque tu l'évoques par curiosité.
Et avec un léger jugement, il faut bien l'avouer.
Le voilà qu'il se met à rire.
Houlà.
Sur quel genre d'allumé.
T'es tombé.
Il serait peut-être pas trop tard.
Pour demander à le faire remplacer.
Encore plus.
Lorsqu'il dit que t'es un clown.
Pour tes mots.
Par ton aspect.
Ah. Vraiment.
Voilà que c'est à ton tour de rire.
Toi, un clown.
Oh non.
Toi, t'es une putain de chasseuse de trésors.
Et pour ça, t'as pas besoin de compétences martiales ou académiques.
Tu maîtrises parfaitement ton sujet.
Toi, tu sais très bien.
Que t'es bien fringué et apprêté.
Toi, tu te trouves très bien comme t'es.
Et son avis.
Tu t'en contrefous.
Assez pour t'en moquer.

« Eh bien, au moins, ça sera vite réglé ! Parfait ! »

Et t'auras même pas besoin.
De te battre.
Impeccable.
D'ailleurs.
Le magicien Saleh, te dit qu'il est temps d'y aller.
Alors tu le suis.
Sans te presser.
Manquerait plus que tu le sois.
Pour y passer.
T'as aucune conviction.
Aucune volonté, pour ça.
Tout ce qui pourrait te motiver.
C'est l'envie d'arborer.
Le même uniforme que Richards.
Juste pour l'emmerder.
Le reste.
Ça te passe au-dessus du masque.
Le même.
Qui s'occupe de combler le silence.
Et tu notes.
Qu'il aime s'entendre parler, le magicien Saleh.
Mais ça t'amuse.
Sa façon de causer.
T'aurais pu encore l'écouter.
Juste pour te moquer.
Mais vous voilà déjà arrivé.
Merde, ça fait pas ton affaire.
Encore moins.
Lorsque ton équipier.
Te demande si t'as une idée sur la situation.
Alors, tu hausse les épaules.
Aucune, en fait.
C'est pas ton métier.
Toi, t'es nouvelle.
C'est lui, qui est censé gérer.
Toi, t'es venue observer.
Enfin.
C'est ce que t'aimes à penser.

« Bof, pas vraiment. Si ça se trouve, ils sont juste fatigués. Essaie d'en réveiller un, on verra bien. »

Ah, voilà.
T'as bien participé.
Bien donné ton idée.
À lui de te montrer.
Comment t'es censé t'occuper d'une mission.
Après tout.
C'est que ta première.

Ça te fait plutôt marrer.
Un peu plus loin.
Ton accompagnateur laisse échapper un souffle bruyant qui s'écrase contre son masque.
Hideux.
Bras croisés.
Il semble attendre que tu trouves la solution miracle à tout ce bordel.
Et vraiment.
Ça te fait marrer.
Il croit quoi.
Que tu pars pour la première fois en mission.
Et que tout va se résoudre par ta simple présence.
Allons.
Ta seule expérience.
C'est un arrachage de bras en puissance par deux akumas dans un temple.
Tu vas quand même pas.
Réveiller un village juste en claquant des doigts.
Il est perché celui-là.
C'est drôle.
Alors quand tu proposes de réveiller les dormeurs.
Simplement.
Il a pas l'air bien emballé.
Il juge, même.
Il dit que c'est élémentaire.
Et tu sens un peu de dédain dans le fond de sa gorge.
Mais bon.
Ça l'empêche pas de chopper le premier ronfleur par terre.
Pour le secouer dans tous les sens.
Et ton sourire s'agrandit devant le spectacle.
Houlà, ça promet !
Avant de lui coller une mandale dans le nez.
Et t'explose de rire.
Ah ouais alors ça.
Tu t'y attendais pas !
Les grands moyens.
Et le pauvre type, s'il se réveille.
Va certainement se demander pourquoi son nez est maintenant cassé.
Bien joué, sorcier Saleh.
Et pendant que tu ris, le voilà qui te fait encore la morale.
Fais marcher ta tête.
Vous êtes pas envoyé ici pour rien.
Oh, quel emmerdeur.
Il peut pas juste.
Se détendre cinq minutes.
Et arrêter de te demander de tout faire.
Quand la seule chose qu'il sait faire, lui.
C'est de castagner des civils endormis.
Enfin.
Rire comme ça t'as donné envie de bailler.
Sans doute les muscles trop sollicités.

« Ok, ok ! J'ai une autre idée ! » Et tu vas voir, elle est incroyable ! Tu vas pas être déçu ! « Dans les contes, il faut embrasser les princesses endormies pour les réveiller. Essaie ! »

Oh, ça vraiment.
Tu crèves d'envie de le voir.
Parce que c'est à ça que vous jouez, non ?
Tu donnes des idées.
Et il les exécute.
Et honnêtement.
C'est un jeu que t'adore.
Tu t'amuses comme une folle.
Mais bien sûr.
C'est de courte durée.
Puisque la morale vient tout gâcher.
Il te demande si tu comptes rester planter là.
Sans mener l'enquête.
Parce qu'il va s'endormir d'ennuis.
Oh, bah non, alors !
Vous vous amusez trop pour ça.
T'es presque vexée.
Qu'il prenne les choses comme ça.
Si on peut plus rigoler alors…

« Si tu t'ennuies tellement, rien t'empêche de donner tes idées, hein. Sauf si t'en as pas. » Ah, ça sait juger. Mais ça sait rien proposer. « T'es pas censé être expérimenté ? »

Enfin.
Tu veux dire.
Pour ton accompagnement en stage découverte.
T'aurais espéré mieux.
Tant pis.
Tu lui mettras une sale note en rentrant.
Parce que tu recommandera pas l'expérience.
Ça, c'est clair.
Beh oui.
Soyons clair.
T'aurais même préféré partir avec Richards, à ce stade.
Bref.
S'il veut bosser, hein.
T'observes un peu les alentours.
Rien de particulier pour te sauter aux yeux.
À part tout ces gens.
Endormis n'importe comment.
Quel spectacle, vraiment.
C'est plutôt pas commun.

« Et si on essayait de trouver quelqu'un qui aurait été épargné ? Ou peut-être l'épicentre du problème ? »

Un lieu.
Un point commun.
T'en sais rien.
Tu sais même pas par où commencer.
Mais tu dois l'admettre.
C'est pas en restant planté sur place que vous allez trouver une solution.

Soyons honnêtes.
Même si t'as pas envie.
De très loin.
Ça pourrait en toute logique être ta dernière mission.
On sait jamais.
Une explosion.
Un sale con.
Une perforation.
Bref.
Tu pourrais simplement y passer.
Alors bon, t'as pas forcément envie.
De rendre ça comme un enterrement.
Morose.
Sérieux.
Professionnel.
T'as plutôt envie.
De t'amuser.
D'y repenser plus tard.
En disant que vous vous êtes bien marré.
De peut-être.
Créer un mini lien avec l'énergumène qui te sert d'accompagnateur.
Alors, voilà.
T'as tenté une vanne.
Et toi, elle t'a fait rire.
C'est l'important.
Et lui aussi.
T'en aurais presque été contente.
Avant de comprendre.
Que c'est pas pour les mêmes raisons.
Lui, il se fout de ta gueule.
Ah, sympa le gars.
Si jamais s'en est un.
Il te dit que tu manques cruellement d'idées et que t'aimes les contes de fées.
Que c'est toi qui devrait embrasser le premier qui te passe sous la main.
Bof.
C'est moins amusant comme ça.
T'aurais aimé, en fait.
Au moins une minute.
Qu'il plaisante avec toi.
Mais bon.
Visiblement c'est trop demandé.
À tout ces employés bien droit dans leur bottes.
Et sans doute bien moche sous leur masque.
Faut au moins ça.
Pour le porter tout le temps comme ça.
Alors voilà.
Tu te vexes un peu.
Tu lui dis que s'il s'ennui tellement.
Il pourrait t'aider.
Il est expérimenté, il l'a lui-même souligné.
Sauf qu'encore une fois.
Sa réponse se fait mordante.
Cinglante.
Super.
On t'a envoyé avec le molosse du quartier.
Tu soupires et tu lèves les yeux au ciel.
Nickel.
Première mission, mauvaise impression.
Normal que les rangs se déserte, t'as envie de dire.
Mais tu l'écoute parler.
Te dire que t'es quand même censée avoir un cerveau.
Insultant au passage tes années d'études et de recherches.
Parce que visiblement.
On peut pas avoir un cerveau et de l'humour en même temps.
Et tu pourras pas non plus.
Demander de l'aide lorsque tu seras seule, qu'il insiste.
Vraiment.
Il pense que t'as trois ans.
Pas possible autrement.

« Au moins, quand je serais seule, j'aurais pas à me farcir votre humeur. »

Que tu marmonnes après avoir fixé le ciel avec beaucoup d'ennuis.
Tu sais pas trop.
S'il t'en entendu ou pas.
Mais tu t'en fous.
T'as pas envie de faire durer le truc plus longtemps que nécessaire.
Donc te voilà quand même.
À proposer une idée.
Pour mettre fin à ton supplice.
À ce stade.
Tu préfères presque qu'un akuma vienne t'exploser que de le supporter.
Et à ta proposition.
Le voilà qui te fixe derrière son masque.
Enfin.
Tu crois.
Tu sais pas trop ce qu'il se passe derrière ce truc angoissant.
Mais c'est encore plus désagréable qu'il mentionne à nouveau ton intelligence.
Et le fait de chercher.
Et toi.
Une fois retourné vers le merdier endormi.
Tu l'imites vaguement en grimaçant.
Faisant des "bla bla bla" stupides.
Relou, ce mec.
Vraiment.
Encore plus quand il reprend.
Après avoir porté son attention sur un habitant.
Il te conseil, si on peut appeler ça comme ça.
De bien observer.
De relever des détails en communs.
Ce qui pourrait sortir de l'ordinaire.
Et tu soupires.
Purée.
Il pense vraiment que t'es débile.
C'est chaud.

« Oui, chef. »

T'ironises, bien évidemment.
Mais c'est sans doute tout ce qu'il attend.
Et puisque qu'il veut pas passer un bon moment.
Autant abréger l'instant.
Tu soupires et tu bailles.
Sans doute d'ennuis, encore.
Vraiment.
Pénible.
Assez d'ailleurs pour reprendre et t'interpeller.
Alors que t'allais justement faire ce qu'il t'a demandé.
Il va jamais s'arrêter.
Surtout pour te demander si t'es fatiguée.
Ah ça, oui.
Il te fatigue.
Sans aucun doute.

« Ouais. Votre amabilité me fatigue. »

Oh, désolée.
C'est pas ton genre de prendre des pincettes.
D'enrober les mots dans des papiers cadeaux.
T'as voulu être sympa.
Il t'a insulté.
Tant pis.
C'est pas aujourd'hui que tu te feras un nouveau copain.
Enfin.
Il te fait bien comprendre que ce ne sera pas le cas.
Puisqu'il te parle comme un supérieur.
D'ordre.
Auquel tu dois obéir s'il s'endort.
Et en fait.
T'es plutôt bien tenté de le laisser dans sa merde.
Et de rentrer.
En expliquant qu'il s'est foiré.
Mais bon.
Tu te doutes que ça va mal passer.

« Et comment je suis censée voir que vous êtes fatigué derrière votre masque ? » T'es stupide après tout. Et pas devin en plus de ça. « Sortons plutôt du village avant que ça s'aggrave. On trouvera peut-être des gens ou des indices aux alentours. »

Ou sinon.
Et bah au moins.
Vous irez pas rejoindre le fiasco des endormis.
Quand bien même.
T'aimerais bien qu'il fasse une bonne sieste.
Il a l'air d'en avoir besoin.

À ta remarque sur son amabilité à peine perceptible.
Il te répond simplement que ta stupidité lui fait le même effet.
Ah, bah.
Super.
Et comme si ta question en rajoutait.
Le voilà qui soupire une fois de plus derrière son horrible masque.
Et en vérité.
T'espères secrètement.
Qu’il s’y étouffe avec son propre souffle.
Ou bien son haleine.
T’as pas forcément de préférence.
Mais au moins, ça mettrait fin à cette histoire de masque inutile.
Enfin.
Le voilà qui t’explique maintenant comment repérer la fatigue.
En te parlant comme à une enfant.
Puisque visiblement pour lui, t’en es une.
Mais, puisqu’il est si malin.
T’as bien envie de lui signaler que pour la moitié de sa liste de grand garçon.
Son masque cache quasiment la moitié des effets recherchés.
Alors, sérieusement.
Comment il veut que tu devines facilement.
Enfin, en tout cas.
Ça tu peux le deviner.
Pour l’irritabilité, la case est parfaitement cochée.
C’est déjà ça de prit, n’est-ce pas ?
Pas si mal.
Même si, avec les rumeurs que t’as entendues à son sujet.
Tu sais pas trop si c’est la fatigue ou son quotidien.
Alors bon, forcément.
À t’expliquer l’évidence.
Ça te soûle légèrement.
Et tu manques pas de le signaler.

« Non mais d’accord, » que tu fais en croisant les bras, « je veux bien les guetter vos signes mais je fais comment pour voir si vous bâillez derrière votre masque ? Et je sais pas si vous êtes au courant mais ça étouffe votre voix aussi. Donc j’peux pas trop le deviner, désolée. » Enfin, non. Tu l’es pas du tout. T’es juste comme un métronome énervé qui vacille trop vite entre fatiguée et saoulée. Tu sais pas trop si tu fais la différence à ce stade. « En tout cas, pour l’irritabilité, c’est ok. Donc si vous avez besoin d’une petite claque pour vous réveiller, hésitez pas à me demander, j’suis là. Avec tout le respect des supérieurs et ce genre de trucs, bien sûr. »

Oh, non, non.
C’est pas de l’insubordination.
Loin de là.
C’est juste de l’aide.
Que tu serais ravie d’apporter.
Pour te rendre utile et l’aider.
Et aussi peut-être.
Pour t’amuser un peu.
Juste pour voir quoi.
Après tout.
T’es stupide, non ?
Donc c’est légitime de demander.
Et puis, il devrait être content.
Tu lui donnes raison.
Il doit apprécier l'effort, non ?
Tant mieux alors.
Et à ta proposition.
Il te dit que tu vas utiliser tout ton quota d’intelligence.
Ahah, c’est marrant ça.
Et voilà.
Tu soupires encore une fois.
Lourdement.
Et ça te décroche un nouveau bâillement.
Ah, attends.
C’est normal, ça ?
De bâiller autant ?
Houlà.
On dirait que vous allez passer un mauvais moment.
Si vous continuez de simplement vous disputer comme des débutants.
Alors vaut mieux partir.
Et vite.
D’ailleurs, pour une fois d’accord avec toi.
Vous vous mettez enfin en marche sans paroles dérangeantes supplémentaires.
Miracle.
Seulement, voilà pas que l’irritabilité ambulante veut voir le sol de plus près.
Ah bah, ça.
Tu l’avais pas vu venir.
Mais ça t'ennuie encore plus.
Ou ça te fatigue toujours plus.
C’est peut-être plutôt ça, oui.
Et, grand prince, le voilà qu’il t’ordonne de quitter le village immédiatement.
Parce que sinon, il viendra te réveiller lui-même.
Et toi.
Tu peux pas t’empêcher de te demander.
S’il s’endort ici et maintenant.
Comment ferait-il pour te réveiller ?
Et puis.
Est-ce qu’au fond, ça vaut le coup de le réveiller ?
Tu pourrais simplement dire que t’as fait ce que t’as pu.
Mais que, oh, dommage ! Tu l’as perdu.
En plus.
C’est bien un ordre qu’il t’a donné.
Comme celui d’ailleurs.
De le réveiller par tous les moyens.
C’est bien ce qu’il a dit, oui.
Ou plutôt, “faites ce qu’il faut”.
Contradictoire, le bonhomme.
Et les ordres qui s’emmêlent.
Ça te fatigue comme jamais.
Tu détestes ça, la hiérarchie.
Quand t’es pas en haut de l’échelon.
Alors, voilà.
T’aurais bien envie de lui dire que de vous deux.
C’est lui, le plus enfantin.
Parce qu’il se tape une sieste au beau milieu de la rue.
Mais pour cette fois.
Tu t'abstiens.
Pire que ça.
Tu dis rien.
Parce que pour cette fois.
T’as compris qu’il valait mieux prendre la situation au sérieux.
Tu sais faire, en principe.
T’as juste pas trop envie.
Encore moins de le montrer.
Et qu’on te donne plein de responsabilités.
T’imagines.
Relou.
Bref.
T’as pas intérêt à traîner.
Ou tu pourrais le regretter.
Et si t'envisages ta promotion.
Vaut mieux pas non plus le laisser.
Alors, sans attendre plus longtemps.
T’attrapes son col et tu le tires vers la sortie.
Le ménagement et la délicatesse, c’est en option.
Mais peut-être que comme ça, ça le réveillera.
Encore une fois, t’aides comme il faut.
C’est bien.
Et puis faut dire qu’avec ton bras.
Tu te rends pas bien compte.
Il est juste pas si lourd.
D’autant plus que vous devez pas vous attarder.
Alors il va pas encore râler.
Oh, comme ça fera bien, sur ton CV.
De dire que tu l’as sauvé avec dévotion.
Vraiment, quelle âme charitable tu fais.
Un exemple.

« Ah vraiment, les mecs, hein. » Ah oui, par contre. Tu peux pas t’empêcher de râler. L’esprit d’équipe c’est pas vraiment ton truc. « Toujours d’attaque pour l’ouvrir mais jamais pour se débrouiller seul. »

T’as pas le seum non plus.
Faut pas croire.
C’est simplement un constat.
Rien de plus.
Rien de moins.
Heureusement pour toi.
Ou pour lui.
Vous étiez pas trop loin de la sortie.
Et vous voilà dehors avant une catastrophe.
La fatigue persiste et tu dois te frotter les yeux pour la chasser.
Mais ici, ça devrait aller.
Du coup.
Tu lâches ton supérieur comme s’il ne l’était pas.
Et en vérité, t’es déjà prête à lui décrocher un coup de poing s’il s’est endormi sur le trajet.
Par tous les moyens.
C’est ce qu’il a dit.
Oh, il sera sûrement content de voir que t’obéis à ses ordres.

« Vous dormez, chef ? »

Pitié.
Qu’il ne te réponde pas.

Limite, t'es pas poing en l’air.
Fermé.
À trépigner d’impatience.
À l’idée de le coller dans son horrible masque.
C’est de bonne guerre.
Ou plutôt un vrai service.
Il t’a demandé de le réveiller.
C’est juste ce que tu vas faire.
C’est certainement pas par envie.
Seulement par devoir.
Bon, d’accord.
C’est totalement par envie.
Et un tout petit peu par devoir.
Sauf que voilà, en plus d'être désagréable.
Il te prive de ce petit plaisir simple.
De sa voix endormie.
Il te dit que t’es faite pour agir plutôt que réfléchir.
Vraiment.
Tu peux pas t'empêcher de te dire que même au réveil.
Il est d’humeur et de compagnie infecte.
T’en viens même à espérer que dans ces moments là.
Il soit seul par compassion à une potentielle victime qui partagerait sa vie.
Nul doute qu’il l’aurait kidnappée ou contrainte.
À aucun moment, ça peut être volontaire un truc pareil.
Enfin.
Même si t’aimerais bien avoir le fin mot de l’histoire.
Ça te concerne pas tant que ça.
Donc autant te concentrer sur sa nouvelle insulte.
Une de plus.
C’est un sketch à ce stade.
Parce que ouais.
Tu sais faire les deux.
Réfléchir et agir.
Parfois même en même temps.
Mais vu comme c’est parti.
Il te croira jamais.
Et puis.
T’as rien à lui prouver.

« Vous êtes jaloux ? »

Parce que lui.
Il peut se moquer.
Se la raconter.
Pour le moment.
Il a juste rien fait.
À part s’endormir.
Mauvaise position pour l’ouvrir.
Bonne pour songer à se réveiller.
Et se mettre en route.
D’ailleurs, il décide enfin de se relever.
Et peut-être que dans trois secondes.
Du haut de toute sa personnalité pédante.
Il va enfin dire quelque chose d’intelligent.
Obéir aux ordres, ça te convient, finalement.
Ah.
Bah non.
On dirait que t’en as trop espéré.
Pas si étonnant.
Vu le niveau du sujet.

« Paraît que c'est le meilleur moyen pour grimper les échelons. Vous devez en savoir quelque chose. »

Pour avoir le droit d’en donner.
Pour avoir une innocence sans être compatible.
C’est qu’il a bien dû en lécher.
Des.
Bref.
Tu croises les bras et lèves les yeux au ciel.
Ça fait pas longtemps que vous êtes partis.
Et pourtant t’es déjà au bout de ta vie.
Peut-être la fatigue.
Peut-être l'humeur.
Ce qui est sûr c’est que t’as qu’une envie.
Te casser et le laisser régler.
D’ailleurs.
Il a l'air de très bien s'en sortir.
Le voilà qui expose la situation.
Et peut-être bientôt une solution.
Il te dit avec une assurance qui te dépasse.
Que c’est sûrement l'œuvre de la matière noire.
Ou d’une innocence.
Et à choisir.
Tu préfères la deuxième option.
Parce que la matière noire, toi.
T’en as pas un bon souvenir.
Alors s’il veut s’occuper de la mission.
Qu’il se gêne pas.
Tu le retiendras pas.

« Ouais, ouais, sûrement. »

Que tu marmonnes.
S'il pouvait t’oublier.
Ça t'arrangerait.
Malheureusement.
Il se tourne vers toi.
Te demandant comment tu te sens.
T’en aurais presque ri.
Forcément.
Ni inquiétude ni compassion.
Seulement la mission.

« Fatiguée. » Que tu réponds simplement en haussant les épaules. Désintéressée ? Sans aucun doute. « Mais pas au point de m’endormir comme une m— merguez… ? Au beau milieu de la rue. Ahah. »

Rire gêné.
T’as presque failli merder.
Cas de le dire.
Mais qui peut le prouver.
T’as obéis.
T’as répondu.
C’est ce qu’il voulait.
Parfait.
Enfin.
Faut penser.
Que son hypothèse tient peut-être un peu.
Enfin.
Vous avez rien d'autre de toute façon.
Alors sur cette base.
Le voilà qui propose un plan.
T’envoyer seule.
Vérifier si effectivement.
Innocence activée.
Tu tiens mieux le sommeil.
Mais t’en fais pas.
Le voilà qui ajoute.
Que si jamais tu t’endors.
Il te réveillera avec engouement.
C’est ses mots.
Super ça.
Son plan.
Il te branche pas.
Mais alors vraiment.
Absolument.
Pas du tout.
T’as surtout l’impression.
Qu’il t’envoie vérifier son hypothèse.
Et que s’il s’est trompé.
Il te pétera deux dents au passage.
Vendeur.

« J'active pas mon innocence au premier rendez-vous, désolée. » Qu'est-ce que t’es drôle, quand même. Mais, eh. Un peu de sérieux tout de même. « J’suis pas chaude pour aller tester votre hypothèse. » Bizarre, hein ? « On pourrait plutôt genre… Attraper quelqu’un à l'entrée de la ville, le sortir de là et le questionner ici ? »

Il devrait bien, lui aussi.
Se réveiller comme la belle au masque dormant.
Faut dire.
Que c’est aussi une bonne solution.
Celle que tu préfères.
Parce qu’elle te met pas en danger.
C’est important quand même.
Le seul qui va risquer.
C'est celui que vous amènerez ici.
Et ça.
Bah.
Tu t’en fous.
C’est très bien comme ça.
Ta sécurité avant tout.
Et pour le convaincre.
Pour lui faire oublier son idée claquée au sol.
Tu prends les devants.
Il pourra pas t’en empêcher comme ça.
Ou plutôt.
Qu’il essaie.
Alors tu perds pas ton temps.
T’es pas là pour ça.
Tu veux mettre fin à tout ça.
Pour être tranquille.

« J'vais en chercher un. Une préférence sur l'arrivage du jour ? »

Et tu retournes vers le village.
Il a qu'à surveiller.
Toi.
Tu vas chercher votre prochaine victime.

Il a du répondant.
Merlin l’Enchanteur.
À chacune de tes réponses.
De tes provocations.
Il s’empresse d’y répondre sur le même ton.
Même derrière son masque.
Tu l’entends.
Sa provocation.
Ça t’énerve un peu.
Pendant un moment.
Ça te fait soupirer un peu.
Que ça le perturbe pas plus que ça.
Seulement voilà.
Plus il te répond.
Plus il te provoque.
Plus t'as envie de continuer.
Envie de voir jusqu’où ça peut aller.
La limite où il va craquer.
Te rappeler à l’ordre par le seul moyen en sa possession.
L’autorité.
Oh, t’as pas un caractère facile.
C’est vrai.
Mais en général, suffit de pas trop provoquer.
Pour que tout se passe comme ça le devrait.
Seulement avec lui.
Hé bien.
Rien ne semble pouvoir calmer vos mots.
Et plus le temps passe.
Plus les échanges se fracassent.
Le ton commence à monter.
Et moins la suite paraît encourageante.
Entre vous.
Le temps s’assombrit.
Pour gravir les échelons, selon lui.
Faut bien obéir.
Et t’adores ça, il parait.
Alors attention à ce que tu dis.
Ah !
Comme si t’en avais quelque chose à carrer de son avis.

« Wouaf. »

Que tu lui réponds.
Pure provocation.
Mais t’obéis, comme un bon toutou.
Et c’est bien ce qu’il veut.
Alors qu’est-ce qu’il pourrait bien te reprocher.
Enfin, il trouvera bien quelque chose.
Avec ses mots qu’il veut toujours aussi piquants que parfaits.
Ah.
Même son phrasé, il commence à te sortir par le nez.
Enfin.
Au moins, ça semble l’amuser.
Le voilà qui rit.
Avant de rétorquer.
Que t’es différente de personne ici.
Que t’es bien qu’un chien.
Et que si tu veux vraiment aboyer.
Faudra griffer.
Oh, tiens.
Curieuse expression.
Tu l’avais jamais entendue celle-là.

« C’est pas les chats qui griffent et les chiens qui mordent ? »

Vraiment.
C’est à se demander.
Si vous êtes venu affronter quelque chose.
Ou si vous êtes là pour régler vos comptes en dehors des couloirs et des yeux indiscrets.
Faudrait que l’un de vous ait l’intelligence de mettre fin à ce débat.
Le problème.
C’est que ça sera sûrement pas toi.
Si tu t’arrêtes là.
T’es casi sûre qu’il va te tapoter la tête et te dire bon toutou.
Plutôt crever.
Et puis.
Parlant d’intelligence.
Puisqu’il la remet une nouvelle fois en question.
Ça te donne encore moins envie de faire comme si t’étais pas concernée.
Les piques et les répliques continuent.
D’un point de vue extérieur, ça pourrait presque laisser.
Mais voilà.
Vous êtes seul.
Personne pour vous remettre sur le droit chemin.
Et ça vous fait autant soupirer que rire.
Alors.
Quand il te parle d’activer ton innocence.
C’est une énième remarque qui émerge.
Et lui qui s’empresse de répondre.
Qu’il a pensé malencontreusement que t’es une fille facile.
Et que tu l’activeras pas non plus pour des Noés.
Oh, non !
Bébou !
C’est trop triste.
Il a aucun humour.
Le pauvre.

« Imperméable aux blagues, à ce que je vois. »

Simple constat.
Si tu peux même pas caler deux trois plaisanteries.
Sans que Monsieur tombe dedans premier degré.
Ça va être un peu chiant cette histoire.
Heureusement, il lui reste son répondant.
Et fini par se souvenir que vous êtes là pour une mission.
Lorsque tu proposes une solution qui te convient un peu plus.
Tu vas quand même pas mettre ta vie en danger aussi rapidement.
Sur ce coup, faut pas déconner.
Il te dit de ramener quelqu’un.
Mais surtout.
Il te dit.
Qu’il te donne un ordre clairement.
Activer ton innocence et ramener quelqu’un.
Wouah, vraiment.
Sur ce coup.
Il a effacé tout le fun.
D’un coup.
Pas la peine de te parler aussi sérieusement.
De t’agresser pour que tu ramènes la baballe.
Et dire.
Que t’appréciais presque vos échanges.
Enfin, très bien.
Si ça peut calmer un peu ses nerfs.
T’as pas non plus envie qu’il te soûle.
Et qu’il te braille des ordres dans les oreilles toute la journée.
Tu demandes donc s’il a une préférence sur la personne à aller chercher.
Il te répond simplement quelqu’un qui peut te supporter.
Roh, vraiment.
Tu vas finir par te vexer.

« Et moi qui appréciais presque nos échanges. Vous êtes devenu très peu fun, d’un coup. Enfin, si ça peut vous faire plaisir, Monseigneur, j’y vais. »

Au moins.
Plus loin.
Tu l’entendras pas te casser les pieds.
Te donner des ordres.
Tu pourras un peu profiter pour souffler.
Choisir ton pauvre innocent à ramener.
Et pourquoi pas traîner un peu des pieds.
Faut toujours se faire désirer, il paraît.
Sauf que voilà.
T’as fait quelques pas.
Presque arrivée à l’entrée qui vous aviez quitté.
Que ton golem se met déjà à grésiller.
Merlin l’Enchanteur te contacte.
Il te demande si tu dors ou si un prince charmant doit venir te réveiller.
Pitié.
T’es partie depuis deux minutes à tout casser.
Pire qu’un daron inquiet, le gars.
Et t’as pas l’impression que c’est pour ça qu’il insiste.
Juste pour prouver.
Qu’il a toujours l’autorité.
Même à distance.

« Oh, je suis sûre que vous aimeriez bien ! Je pensais pas vous manquer déjà ! Vous allez finir par me flatter, enfin ! »

Tu ris presque de bon cœur.
Mais t’as oublié qu’il était un parapluie à blague.
Et les chances qu’il prenne encore un premier degré sont élevées.
Alors bon.
Autant couper court avant qu’il se lance encore dans des grands discours.
Bien construits.
Pour dire que t’es trop bête et patati et patata.

« C’est bon, j’en attrape un et j’arrive. »

Enfin.
Tu crois ?
Il y a pas genre.
Un drôle de bruit qui commence à se faire entendre.
C’est pas ton golem qui grésille.
Ni l’autre relou qui braille de loin.
Alors.
Ce bruit là.
Il vient du village.
Et ce bruit là.
Tu te demandes un peu c’est quoi.
Alors.
Pour plus de sécurité.

« Rauru, activation. »

Oh.
On est jamais trop prudente.
Et t’as clairement pas envie de crever ici.

« Seris, il y a un bruit bizarre qui provient du village. »

Cette fois, pas de blagues.
De piques ou de plaisanteries.
Cette fois, c’est sérieux.
Et c’est vos vies qui sont en jeu.
Faut quand même pas l’oublier.

T’as soupiré.
À un moment donné.
Le Masqué, il aime bien attaquer.
Ton soi-disant QI inexistant.
En fait.
Soyons honnêtes.
C’est sa seule ligne de défense.
Et ça devient.
Ennuyeux à en crever.
Tu l’avais imaginé.
Plus malin.
Avec plus de répondant.
Mais il n’a qu’à la bouche.
Ton absence d’intelligence.
Et le fait que tu sois un clébard à dresser.
C’est chiant.
Faut bien l’avouer.
Ça t'a autant saoulé.
Que fatigué.
Bon.
Autant terminer cette mission le plus vite possible.
C’est plus amusant.
Tu lui fais remarquer d’ailleurs.
Mais t’obtiens aucune remarque sur son absence de fun.
Il l’a sans doute lui-même compris.
Alors bon.
Direction le village.
Un habitant.
Et fin.
C’est très bien comme ça.
Sauf que.
Il y a un bruit.
Comme un grain de sable de le rouage de ton plan inexistant.
Et d’un coup.
T’es très peu rassurée.
T’as franchement pas envie de te battre.
Autant laisser ça au pro.
Toi.
Tu prendras juste des notes.
Ça sera très bien comme ça.
Après tout.
T’es là pour apprendre.
Il t’assure d’ailleurs qu’il arrive.
La plaisanterie et les piques ont laissé place au sérieux.
Tant mieux.
Il a beau dire que t’as pas de cerveau.
T’en as largement assez pour savoir que tu veux pas crever ici.
L’instinct de survie, tout ça.
Après quelques secondes.
Enfin il te rejoint.
Bon.
Il t’a pas manqué.
Faut l’avouer, ça aussi.
Quelques minutes de liberté bien trop courtes.
Mais là.
Faut bien faire quelques compromis.
Au moins pour s’en sortir.
Sans attendre.
Il te demande d’où le bruit provenait.
Ah.
Alors on dirait bien que quand même.
Il fait assez confiance à ton petit cerveau.
Pour te croire sur parole.
Quand tu lui indiques la ruelle de gauche.
Un être incandescent apparaît alors à vos côtés.
Comme si c’était d’une banalité.
Encore une journée tout à fait normale.
Dans cette putain de guerre.
Vraiment.
Elle va te rendre folle avant que ton équipier le fasse.
Alors.
Sans un mot.
Histoire de pas te ridiculiser auprès de l’autre dégénéré.
Tu regardes la chose partir vers la ruelle.
Y disparaître.
Et enfin.
Ton soi-disant mentor de t’expliquer que le sommeil est dû à des cendres.
Hé bah super.
-C’est génial, ça.
Pourquoi tu me l’as pas dit plus tôt.
J’suis ravie-
Et qu’il faut trouver un moyen de les disperser.
Alors.
Ça, t’es plutôt d’accord.
Seul problème.
T'as ni ventilateur, ni éventail.
Alors, disperser les cendres.
Ok mais pas ok.
T’as peut-être une idée.
Avec ton QI inexistant.
Mais t’es aucunement assurée.
Que ça fonctionne juste un instant.
Mais bon.
De toute façon.
T’as genre aucune autre idée.
Aucune autre utilité.
Faut bien l’avouer.
Alors.

« Ceinture de Kuiper. »

Si la chaleur permet les courants ascendants.
T’espères que la glace fasse tout le contraire.
Faire redescendre les particules dans l’air.
Les coller au sol.
Au moins autour de vous.
Pour vous protéger.
Et puis.
T’as quand même.
Entendu un bruit.
Alors ce qui est à l’origine des cendres.
Pourrait peut-être aussi en pâtir.
Ou au moins.
Se montrer.
Tu sais pas trop.
Mais bon.
De toute façon.
T’as presque aucune expérience.
T’es nulle, ça faut l’avouer.
Même si ça te fait enrager.
T’aurais eu l’habitude.
Tu te serais au moins retournée.
Pour guetter vos arrières.
Et là.
Peut-être que t’aurais vu.
Ses grands ongles contre les murs.
Crissement alarmant.

Bon.
C’est flagrant.
Alors, pas besoin de mentir.
T’aurais bien aimé, hein.
Être l’exorciste qui sauve la situation.
Dégommer votre ennemi en moins de temps qu’il en faut pour se faire un thé.
Sauver le cul de Merlin L'Enchanteur au passage, pour bien le lui rappeler tous les jours ensuite.
Ah, ça.
C’est clair que t’aurais adoré.
Seul problème.
T’as moins de griffe qu’un chaton et t’es à peine plus efficace qu’un koala.
Alors, ton plan.
On va dire qu’il marchouille.
Ça marche un peu.
Sans plus.
Clairement pas assez pour allumer des étoiles d’admiration dans les yeux du masque.
De la sueur d’horreur chez votre ennemi.
Et un flex total chez toi.
Non, clairement.
La glace, elle fait retomber un peu les particules.
Mais pas tant que ça.
Ça vous protège un peu.
Mais c’est pas le bout du monde non plus.
Et ça t’angoisse un peu, faut l’avouer.
La situation est plus que délicate.
Si tu t’endors maintenant.
Si Merlin s’endort maintenant.
Alors, vous êtes foutu.
Et la cendre.
C’est peut-être même qu’une petite partie du pouvoir du monstre.
Soyons honnêtes.
T’es pas rassurée.
Et ça commence à sentir le roussi pour vous.
D’ailleurs, il fout quoi, l’autre ?
T’avais espéré.
Vu comment il ouvre sa grande gueule.
Qu’il se la raconte.
Qu’il soit au moins capable de fumer l’akuma d’un claquement de doigt.
T’es certaine qu’il s’en serait pas privé, s’il avait pu.
Il te l’aurait rabâché pendant six ans après ça.
Tu le sais.
Parce que toi.
C’est ce que t’aurais fait.
Au lieu de ça.
Monseigneur fait un spectacle pyrotechnique comme s’il s’appelait Anick.
Et ça vous sauve absolument pas du sommeil.
Super !
On t’a filé un boulet !
Alors ça.
Tu l’aurais pas cru.
D’ailleurs.
Plutôt que de te sauver telle la princesse en détresse que t’es clairement pas.
Le voilà qui t’ordonne simplement de faire attention.
Toute seule.
Comme une grande.
Vive l’esprit d’équipe, vraiment !
Enfin.
Faut tout de même reconnaître.
Qu’il a pas si tort.
Derrière toi.
C’est un monstre de cauchemar qui s’anime.
Sort d’une ruelle.
Et vous rejoint comme s’il était votre meilleur ami pour la vie.
Problème, c’est pas le cas.
Et aussi.
Grand Dieu, qu’il est laid !
Même les monstres sous le lit, ils ressemblent pas à ça.
Mettre fin à sa vie, à ce stade.
C’est un cadeau.
Alors espérons qu’il résiste pas trop.
Heureusement.
De justesse.
-et un peu grâce à l’avertissement de Merlin
mais plutôt crever que de l’avouer-
Tu évites l’attaque.
Enfin.
C’était un peu chaud quand même.
Autant que la boule de feu que la marionnette enflammée lance dans votre direction.
Bordel, mais !
Un combat c’est toujours le chaos comme ça ?
C’est la débandade et putain !
Qu’est-ce que ça te plaît pas !
Tu profites de la brûlure du monstre pour reculer.
Garder une distance de sécurité respectable.
Et.
Tu jettes un coup d'œil à Merlin.
Pour combien.
Il se débrouille seul comme un grand garçon lui aussi ?
Parce que sans mentir.
Toi.
Ça te gonfle de malade tout ça.
Encore plus quand la monstruosité fait un trois cent soixante avec son cou de girafe pour se rapprocher de vous.
Encore.
Et déverser sa cendre comme un poison.
Encore.
Bon.
Allez.
Ça va, là.
L’autre, il est incapable de faire plus que de balancer des boules de feu comme un magicien niveau un.
L'araignée nucléaire, elle fout de la cendre partout et ça salit tes fringues.
Et de toutes les façons.
T’as pas signé pour ça, en fait.
C’est bon.
T’es à bout de ta patience déjà peu existante.

« Trou noir. »

Au-dessus de vous.
C’est une sphère sombre qui apparaît.
Et comme par magie.
Ou par innocence, au choix.
C’est comme des particules sombres qui quittent l’akuma.
Pour se loger dans le soleil noir.
Allez, bien fait.
Il va pas vous casser les pieds longtemps, celui-là.
D’ailleurs.
Tu profites de sa confusion.
Pour ramasser ce qui semble être une poubelle métallique dans la rue.
Avec Rauru, c’est facile.
Trop peut-être.
Et finalement.
Tu lui lances, en pleine face.

« Allez, va dormir, face de rat. »

Assommé, peut-être.
Affaibli, sûrement.
En tout cas.
Il l’a cherché.
Alors, oui.
T'aurais peut-être pu en finir.
Mais si on peut plus rigoler, aussi.

Si on peut plus rigoler aussi.
C’est ce que tu t’es dit.
Toi.
Ça t’a fait marrer.
Premier degré.
De balancer cette poubelle.
Sur cette erreur de la nature.
Mais.
Bien sûr.
Faut que ton rabat-joie d’équipier.
Se moque de ta fierté.
Et te rabaisse.
Encore.
Au passage.
T’es aussi stupide que t’en as l’air.
D’après lui.
Tu soupires instantanément.
Mais putain !
Vraiment.
Qu’il est chiant !
Clairement.
Ça serait plus amusant de compter.
Les grains d’un bol de riz.
Ou même.
Les pavés des rues de ce maudit village à la con.
Plutôt que de partir en mission avec lui.
Il est allergique à l’humour ou c’est comment ?
S’il a des amis.
Tu les plains sincèrement.
Mais, plus le temps passe.
Plus la réponse est évidente.
Non.
Il en a aucun.
Bichette.
C’est triste.
D’ailleurs, c’est peut-être pour ça.
Qu’il est aussi aigri.
À creuser.
Mais c’est clairement pas le moment.
Avec toute la délicatesse dont il est pas capable.
Le voilà qui te demande.
Après avoir immobilisé l’akuma sans même se mouiller.
Faudrait pas trop le brusquer.
Et le faire participer, après tout.
Déléguer, c’est tout ce qu’il connaît.
Si le trou noir pourrait éliminer l’akuma.
À condition d’être balancé dedans.
Bah.
C’est surtout lui.
Que t’as envie de foutre dedans.
Mais t’es pas certaine.
De pouvoir faire passer ça pour un accident.
Et si t’es convaincue qu’il manquera à personne.
Tu sais aussi que ça risque de pas passer.
Au moins sur la forme.
Dans le fond, hein…


« J’en sais rien, » tête de cul. Tu te retiens à la dernière seconde. Quoi, toi, t’as pas le droit de l’insulter gratos ? « Je balance pas des akumas dedans tous les quatre matins, j’ai aucune idée de ce que ça va faire. Mais allez-y, essayez. »

Au pire.
Si ça foire.
Ça sera pas vraiment de ta faute.
Sauf que voilà.
L’akuma a beau être coincé.
Ton nigaud d’équipier fait encore les choses à moitié.
Il a oublié la tête !
Mince, c’est bête !
Et si t’es dans le viseur de votre adversaire.
Lui.
Il est en première ligne.
Le voilà.
Ton accident parfait.
Seris, mort en mission pour la gloire et la patrie.
Paix à son âme.
Il nous manquera.
Ou quelque chose comme ça.
Toi, en tout cas.
Non.
Il te manquera pas du tout.
M’enfin.
Si tu fais rien.
Genre là.
Maintenant.
Il va crever.
Et sans doute.
Toi avec.
Va falloir trouver quelque chose.
Et vite.
Problème.
T’as rien dans tes compétences.
Pour lutter contre un truc pareil.
Faut l’avouer.
T’es pas la plus douée des exorcistes.
Enfin.
Pas encore, du moins.
T’as pas perdu espoir.
Un jour.
Tu le seras.
Mais.
En attendant.
T’as pas de barrière magique ou de contre-sort.
Et pourtant.
Tu dois bien t’occuper des deux poux.
Aussi rapidement que possible.
Peut-être un peu tard, d’ailleurs.
T’attrapes l’akuma par son long cou hideux.
T’as fait gaffe.
Tu touches pas cette merde à main nue.
Tu le chopes avec Rauru.
Et de ton autre main.
Tu tires l’autre blaireau hors de la visée.
Bon.
Peut-être que deux trois trucs sont passés à travers les mailles du filet.
Mais malheureusement pour toi.
C’est pas ça qui va le faire crever.
Enfin, tu crois.
Toi, en tout cas.
C’est pas celui dans ta jambe et dans ton bras qui vont t’arrêter.
Honnêtement.
L’idée de l’avoir sauvé.
Qu’il te soit redevable.
Ça te plait.
Mais.
En attendant.
Faut quand même s’occuper du truc immonde.

« Bah alors princesse, on est en détresse ? »

Bah alors Seris.
On Seris plus ?
Non, bon.
Maintenant.
Faut s’occuper de l’autre truc degueulasse.
Celui qu’on appelle akuma.
Immobilisé par le spectre de feu.
Empoigné par Rauru.
T’as pas de mal à le maintenir en place.
Sauf que voilà.
Maintenant.
Tu sais pas trop quoi en faire.
Tu vas pas le tenir comme ça.
Comme si c’était un animal venimeux.
Pendant cinquante ans.
Et celui-là.
Pas question de le ramener à la maison.
Et puisque le voilà aussi affaibli que paralysé.
Même si le trou noir commence à flancher.
Tu décides, dans un nouvel élan.
Qu’il qualifiera sans doute de stupidité.
Encore.
De simplement serrer ta main.
Sur son pauvre cou.
C’est pas une idée de génie.
C’est clair.
Mais ton bras est fait d’innocence.
Presque imbrisable.
Alors lui craquer le cou avec.
Bah.
Peut-être que ça fera le taff.
En attendant.
Faut bien quelqu’un pour faire le taff.
Puisque visiblement.
T’es la seule capable ici.