D'or et de toc

usrjoined : 26/07/2023

Jamais satisfait

Hyacinthe & Méliona

Il est, en la demeure des Rochemont, une salle pour tout. Chambres, cuisines, buanderies, salle de musique, bibliothèque, salle d'exposition de toutes les cartes dessinées jusqu'à aujourd'hui avec tous les objets les plus insolites que la famille a pu récolter lors de leurs voyages. Il est des salles entières où s'amassent porcelaine et vases d'ici et d'ailleurs, tapis ne laissant pas un millimètre du sol à découvert, tableaux allant du romantisme au surréalisme.
Tant d'objets exhibant fièrement l'opulence de l'illustre famille.
Mais ce n'était pas assez.

De tous les membres des de Rochemont, Hyacinthe était celui qui avait le plus cette manie de tout collectionner. Loin de lui l'idée de tout accumuler dans un coin cependant : Monsieur faisait venir des décorateurs pour arranger à la perfection toutes les trouvailles de sa famille. Et tant qu'il y avait encore de la place, il y avait encore des choses à rajouter. Hyacinthe avait toujours eu tout ce qu'il voulait, pourtant, ce n'était jamais assez.

Son âme en peine cependant se trainait dans ces couloirs dorés, se languissant de trouver une nouvelle passion, un nouveau trésor, qui pourrait ravir ses yeux et briser la monotonie de toute cette argenterie.
Et comme si Dieu avait entendu ses prières, voilà qu'une occasion inespérée vint toquer à sa porte.
Une chasseuse de trésors !
Hyacinthe avait évidemment directement accepté cette entrevue. Quelqu'un, venu directement lui rapporter des trésors sur un plateau d'argent, sans même que Monsieur n'ait à bouger son petit doigt ? C'était là une occasion parfaite qu'il ne pouvait laisser passer.

Comme à son habitude, Hyacinthe de Rochemont se montrait présentable aujourd'hui, paré de ses plus beaux et vifs atours. S'il voulait établir un partenariat, il se devait d'être un minimum présentable. Ce qui, pour le commun des mortels - donc certainement pas Hyacinthe - s'apparentait à un paon en parade.
Faisant préparer du thé et des collations, le jeune héritier préparait le terrain pour cette entrevue tant espérée, impatient de tomber sur un objet remplissant ce vide immense dans sa collection.

usrjoined : 31/05/2023

feat. Le Richoux, septembre.

Tkt, g tout, c vrai

En voilà.
Une occasion en or.
Ton sourire se fait confiant.
Peut-être un peu trop.
C'est jamais assez.
Alors que tu t'annonces à la grande porte.
T'as entendu parler.
Il y a quelques temps.
De ce gamin portant le nom de Rochemont.
Enfin, soyons honnêtes.
Tu connais ni ce nom ni cette famille.
Mais les petits richoux capricieux.
Ça.
Tu les connais bien.
C'est pas le premier, que tu vas croiser.
Peut-être pas, le dernier non plus.
Mais il est dans ton viseur.
Pauvre petit détenteur.
Toi, t'aimes les trésors.
Tous.
Absolument tous.
Et l'argent, continuons d'être honnêtes.
C'est un peu un trésor aussi.
Enfin.
Ça te permet d'obtenir des fonds.
Pour tes expéditions.
Pour des enchères.
Pour tes caprices.
Et avec ces exigeants petits collectionneurs du dimanche.
Tu sais parfaitement.
Comment procéder.
Pour les faire craquer.
Illuminer l'étincelle de l'envie dans leurs yeux.
Et enfin.
Les faire allonger la monnaie.
Un discours bien rodé.
Quelques objets fumeux.
Et le tour est joué.
Ne chasse pas les trésors qui veut.
Il y a de vrais trésors.
Pour les gens comme toi.
Qui les méritent.
Qui feraient tout pour mettre la main dessus.
Quitte à en perdre un bras.
Et il y a ceux.
Qui veulent juste laisser leurs petits culs soyeux sur leurs canapés tout moelleux.
Et payer pour avoir leurs précieux.
Mais c'est pas comme ça que ça marche.
C'est pas comme ça qu'on mérite un trésor.
Alors pour eux.
Pour ces gens-là.
Il y a ceux qui vendent.
Des vrais comme des faux.
À voir.
Si ta nouvelle cible.
Saura faire la différence.
Pour le bien de son compte bancaire.
Sinon.
Et bien.
Ce sera parfait pour toi.
Et voilà qu'enfin.
On te fait entrer, sans trop de questions.
T'as rendez-vous, après tout.
Hé dis donc.
Regarde cette baraque.
Ou plutôt.
Ce palace.
Il a de la thune, le Rochemont.
Ça ne serait que lui rendre service.
D'alléger légèrement son mal de dos.
À porter une somme pareille.
N'est-ce pas ?
Oh et.
Regarde.
Le voilà.
Parfait petit paon dans ses plus beaux habits.
Ah.
Ton sourire se fait encore plus confiant.
Tu sais parfaitement.
Comment dealer avec les pigeons.
Tu dois juste.
Juste un peu.
Même si c'est un peu compliqué pour toi.
Faire bonne figure.
Allez.
Pas un mot de travers.
Bonne figure.
Concentre-toi.
Fais le ramasser de grosses grosses branches.
Pour construire un gros gros nid.

« Monsieur de Rochemont. » Oh, regarde comme tu salues bien. C'est ridicule. Mais tu dois ferrer le poisson. Suffisamment. « Je suis Méliona Gabras. » La seule et l'unique. Peut-être même. Qu'il a déjà entendu parler de toi et de tes exploits. « Je vous remercie de me recevoir. »

Ah.
Quelle comédie.
Mais tu t'en sors plutôt bien.
Enfin.
Tes lacunes.
C'est parce que t'es exploratrice.
Il comprendra.
Ça fait partie du personnage.
T'en fais pas, petit Rochemont.
T'es entre de bonnes mains.
Ou plutôt.
Ton argent le sera.

usrjoined : 26/07/2023

Parade

Hyacinthe & Méliona

Ah, les trésors ! Ceux-ci avaient largement leur place, en cette illustre demeure. Quel sera celui que cette femme lui rapportera ? Un tableau d’un peintre de la Renaissance ? Des bijoux à la rareté et finesse extrêmes ? Des pièces de monnaies rares dont les devises ne sont plus frappées ? Peu importe, car tous les trésors n’avaient pas de meilleure place qu’au sein de la demeure des de Rochemont !
Hyacinthe se mit même à rêvasser, perdu dans songes dorés. C’est lorsqu’on lui annonça son invitée, qu’il fut ramené à la réalité. Vite vite, le petit prince se redressa, sa position aussi travaillée qu’une statue minutieusement sculptée, prêt à recevoir la jeune femme.
Méliona Gabras était son nom. Célèbre chasseuse de trésors, c’est sa réputation qui avait interpellé le jeune homme : chasseuse de trésors avérée, si une relique attirait son œil expert, elle ferait tout pour s’en emparer. Il s’agissait d’experts farouches qui attirait l’attention du jeune de Rochemont, car seule l’excellence avait droit à une place en sa demeure.

La jeune femme s’avança et se présenta. Une femme détonnant par ses cheveux teints et ses nombreux bijoux. Des artifices qui ne la rendaient pas invisible. Une femme de goût, assurément.
Hyacinthe s’avança vers la demoiselle, exécutant une gracieuse révérence.

-Mademoiselle Gabras, c’est moi qui vous remercie d’avoir honoré notre rendez-vous. Mais venez-donc, suivez-moi, vous avez surement fait long voyage, il serait fort mal venu de ma part de vous laisser vous tenir debout pendant toute la durée de notre entretien. Suivez-moi, je vous prie.

Et puisque paon aime parader, paon va la mener vers les couloirs les plus décorés et luxueux – lui montrant, au passage, tous les trésors jusque là accumulés.
Le type de trésors que les de Rochemont appréciaient.
Le type de trésors que les de Rochemont attendaient.

Mais enfin, puisque le paon n’est pas très solide, se diriger vers une table pour s’assoir et se restaurer. A nouveau, c’est la parade et l’exposition de tout ce qu’on a : toutes sortes de collations sucrées, toutes effectuées avec une présentation qui ravirait presque plus les yeux que les papilles. Du thé leur fut apporté par un majordome – car le thé trop chaud pourrait brûler les mains délicates du de Rochemont – et une tasse fut posée devant l’invitée.
Monsieur de Rochemont, lui, ne se fit pas prier pour porter la tasse de thé à ses lèvres, avant de regarder son invitée avec un regard empli d’intérêt.

-Veuillez excuser mon empressement, mais c’est un rendez-vous que j’attendais avec trop d’impatience ! L’éclat de ma collection se tarit, elle a bien besoin d’un pièce neuve… Alors dites-moi, mademoiselle Gabras, quelles sont les nouvelles pièces qu’une chasseuse telle que vous a déniché ?

Car pour les de Rochemont, il ne fallait rien de moins que la plus belle et rare des trouvailles.

usrjoined : 31/05/2023

feat. Le Richoux, septembre.

Pêche à la daurade royale

En face de toi.
Le petit paon à l'air bien content de te voir.
Tout sourire.
Tout d'apparat.
Il te dit qu'après ce long voyage.
Il serait bienvenu de s'asseoir.
Oh, c'est pas faux.
Surtout que.
Ton baratin va être long, s'il est ce genre de pigeon.
Alors autant.
Prendre votre temps.
Et s'installer confortablement.
Voilà donc que.
Le joli paon.
Te conduis à travers couloirs et trésors.
Et tu sais bien.
Ce qu'il fait.
Ce qu'il te montre.
Sa magnifique collection.
-faut le dire, elle est plutôt cool-
L'air de rien.
Que tu devras, si tu le peux.
Égaler.
Oh, parfait.
Il fait bien.
De te montrer.
Tu continues, de le cerner.
Et vous voilà enfin.
Dans la pièce de son choix.
Petites collations.
Thé chaud raffiné.
Il met les petits plats dans les grands.
Le petit paon.
Tu sais pas trop.
S'il veut t'impressionner.
Ou juste.
S'il est ainsi quotidiennement.
Enfin.
Tu t'en fous complètement.
T'as plutôt l'impression.
Que tu vas pouvoir le pigeonner.
Parfaitement.
Alors.
Tu le remercie pour le thé.
T'essaies de paraître bien éduquée.
Juste assez.
Et le petit paon te dit.
Qu'il était impatient.
Que sa collection se tarit.
Tristement.
Rapidement.
Et qu'elle a besoin.
D'un nouvel éclat.
Parfait.
T'as parfaitement.
Ce qu'il lui faut.
N'est-ce-pas ?
Alors, dis lui.
Méli.
Quelles genre de pièces, t'as à lui proposer.
Ou plutôt.
Vas-y, Méli.
Sors-lui ton baratin.
Celui qui marche si bien.

« Avant ça, Monsieur de Rochemont, j'aurais besoin de savoir quelle genre de personne vous êtes. » Tu attrapes ta tasse de thé et bois une gorgée. Patiente. Tu dois d'abord. Ferrer le poisson. « Voyez-vous, j'ai trouvé de nombreux trésors, au cours de mes expéditions. Des pièces uniques et mystérieuses. Mais… Il y a ceux qui collectionnent seulement des bijoux et des tableaux et… Il y a les vrais collectionneurs. Ceux qui cherchent des pièces incroyables, dangereuses, presque. Ces pièces-là, je les garde pour mes meilleurs clients. Ceux qui ont le plus de goût. Alors, dîtes-moi plutôt, vous cherchez quoi, exactement ? »

Vas-y.
Dis-lui.
Ce que tu veux trouver.
Elle a tout.
Reste à savoir.
Ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas.

Et toi.
Méli.
Tu bois tranquillement ton thé.
Posée.
Assurée.
Tu croises tes jambes.
Ton jeu est parfait.
Tu le connais.
Et t'espères.
Qu'il plonge des deux pieds.
Tout entier.
Promis, petit paon.
Tu seras pas déçu.
Ça sera unique.
Dans tous les cas.

usrjoined : 26/07/2023

Collection

Hyacinthe & Méliona

Tout était si beau, si parfait. Un étalage de richesses. Excessif, diriez-vous ? Allons bon, rien n’est dans l’excès, chez les de Rochemont. Ni leur nombre de possessions s’amassant jusqu’au plafond, ni leurs manières qui n’en faisaient plus rien de naturel.
Tout était dans un excès, d’illuminations, de raffinement, de galanterie, de quantités. Puisqu’ils pouvaient se le permettre, pourquoi s’en priver ?
Alors naturellement, de nouveaux trésors avaient tout à fait leur place au sein de cette demeure.

Méliona avait donc capté toute l’attention du petit de Rochemont, dont l’avidité n’avait d’égale que sa cupidité. Oh, bien sur que Monsieur de Rochemont était prêt à donner, à partager. Il l’avait fait maintes fois, même contre l’avis de ses géniteurs.
Mais Hyacinthe ne partageait que s’il savait qu’il aurait toujours la plus grosse part dans son assiette. Il savait très bien que son assiette à lui était un puit sans fond.
Ce qui ne l’empêchait pas de vouloir toujours le combler pour autant.
Alors de nouveaux trésors ? Une nouvelle pièce, une nouvelle passion sur laquelle s’extasier, un nouvel intérêt pour une collection qu’il remplacera dans six mois ? Il lui fallait absolument.

-Avant ça, Monsieur de Rochemont, j'aurais besoin de savoir quelle genre de personne vous êtes. Voyez-vous, j'ai trouvé de nombreux trésors, au cours de mes expéditions. Des pièces uniques et mystérieuses. Mais… Il y a ceux qui collectionnent seulement des bijoux et des tableaux et… Il y a les vrais collectionneurs. Ceux qui cherchent des pièces incroyables, dangereuses, presque. Ces pièces-là, je les garde pour mes meilleurs clients. Ceux qui ont le plus de goût. Alors, dîtes-moi plutôt, vous cherchez quoi, exactement ?

La demoiselle s’était déjà installée, s’appropriant l’espace pour mieux capter l’attention de son client. Qui, à ce moment-là, était entièrement captée sur elle.
Quel type de collectionneur était-il ? Ma foi, la question se posait-elle vraiment ?
Les de Rochemont exigeaient et avaient tout. Ils s’intéressaient et connaissaient tout. Leurs collections étaient aussi rares qu’ils n’étaient précieux. On parlait d’eux aussi bien en affaires qu’en potins. Naturellement, ils n’étaient point des lambdas : seuls les meilleurs trésors avaient droit en cet endroit.
Hyacithe posa sa tasse, penchant sa tête.

-Vous me demandez quelle sorte de collectionneur je suis, Mademoiselle Gabras ? Une question très intéressante, et essentielle, lorsque l’on détient des trésors. Ceux-ci ne méritent pas de tomber entre les mains de poltrons. L’Histoire de trésors mérite d’être entendue, comprise, préservée, répandue. J’apprécie votre manière de travailler.

Une autre gorgée de thé, pour ne pas que sa jolie voix soit enrouée. Puis un geste du bras, englobant la salle, englobant tout le manoir, pour lui montrer. Lorsque Hyacinthe parlait, il vivait chacune de ses paroles.

-Voyez par vous-même : cette demeure regorge d’Histoire. Chaque pièce, nous en prenons le plus grand soin. Chaque pièce, nous mémorisons son Histoire, nous la notons, nous apprenons à la connaître, car n’est collectionneur que celui qui s’intéresse à ses acquisitions, pas ceux qui l’exhibent comme de vulgaires trophées. N’est collectionneur que ceux qui s’acharnent à mettre la main sur l’objet de leur convoitise : ceux qui reculent devant la moindre difficulté ne la méritaient pas. Nous cherchons l’exception, car l’exception mérite des mains de savants et une audace de combattants, qui sauront se battre pour l’acquérir et la préserver. Et c’est ce que nous sommes. N’ayez crainte, Mademoiselle Gabras : vous avez fait le bon choix en venant en ces lieux, car vous avez trouvé le client adapté à vos plus belles trouvailles.

Même si dans le cas de Hyacinthe, il ne s’acharnait qu’en faisant sonner la bourse ou en noyant de belles paroles. Dénicher lui-même son précieux en bougeant son popotin ? C’était un travail de domestique !

Le jeune noble baissa finalement les bras, estimant avoir bien convaincu son interlocutrice. Des étoiles dans les yeux, il se retourna vers elle.

-Mais enfin, cessez donc les mystères ! Je suis impatient de voir quels sont ces si grands trésors que vous ne réservez qu’à la meilleure clientèle – celle que vous avez juste devant vous !

Il allait de soi : personne n’était meilleur que Hyacinthe de Rochemont.

usrjoined : 31/05/2023

feat. Le Richoux, septembre.

je mytho même pas

Oh.
C'est si beau.
Si parfait.
T'as presque envie de pleurer.
Tu crois même.
Que c'est le plus beau jour de ta vie.
Le petit paon n'a pas mordu à l'hameçon.
Il a avalé la canne avec et a engloutit le bateau.
Il s'est empressé de te peindre le meilleur des tableaux.
Pour te convaincre de lui présenter ta meilleure marchandise.
Il aime les objets.
Les exposer.
Compter leurs histoires.
Leur rendre hommage dans des expositions d'art.
Foutaises.
Il les mettra en évidence.
Les admirera.
Quelques temps.
Avant que ses envies de nouvel éclat le prennent.
Et qu'il les délaisse pour d'autres.
Laissant à son armée de domestiques.
Le soin de faire la poussière sur des objets qui ne recevront plus jamais de yeux rêveurs.
Tu sais, comment il est.
Il le sont tous.
La seule différence.
C'est la taille de leurs bourses.
Et ça.
Le petit paon veut bien te faire comprendre.
Que ce n'est pas un problème.
Message reçu cinq sur cinq.
Pas d'inquiétude.
Tu répondras à toutes ses demandes.
Enfin.
Tu sais aussi.
Que pour faire affaires avec ce genre d'individu.
Que pour espérer rester dans leur petits carnets.
Et avoir le droit de revenir présenter.
Il faut faire bonne figure.
Allez dans leur sens.
Les brosser correctement.
C'est pas si dur.
Suffit juste de mentir.
Et de dire ce qu'ils ont envie d'entendre.
La base.
Alors à ses grandes déclarations.
D'histoires.
De trophées.
Et de trésors.
Tu dis simplement.

« Vous savez rendre hommage aux trésors, ça me plaît. Je déteste vendre mes trouvailles à ceux qui ne savent pas les apprécier. Je suis contente de voir que j'ai à faire à un homme de goût. Il aurait été dommage de devoir écourter notre rendez-vous si vite après un si long voyage. »

Ah ça.
Tu le maîtrises bien, ton baratin.
Bien rodé.
Bien pensé.
Tu sais que ça va lui plaire.
Qu'il va penser être important.
Plus ils le croient.
Plus ils sont prêts à t'écouter.
Plus ils sont prêts à payer.
Le voilà d'ailleurs assez convaincu.
Pour perdre patience.
Et te demander de lui montrer ce que t'as ramené.
Quelques minutes, il a tenu.
Le poisson a engloutit le bateau.
Ça fait bien ton affaire.
Ou plutôt.
Tes affaires.

« Très bien. J'espère que vous saurez les apprécier de par leur rareté. Croyez-moi, ce que j'ai ramené, vous ne trouverez personne qui l'ai déjà dans sa collection. »

Tu le sais.
Parce que c'est un milieu assez fermé.
Et que ce qui s'y vend.
Tout le monde le sait.
T'es pas la seule, à refourguer monts et merveilles.
Mais tu sais parfaitement.
Comment les autres s'arrêtent aux petites demandes.
Toi.
T'as compris que pour se démarquer.
Faut un autre filon.
Et ce que t'as à proposer.
C'est un truc que personne à fait.
Le petit paon sera le premier.
Et t'es sûre qu'il va adorer se pavaner.
Inviter.
Faire de grandes réceptions.
Juste pour les montrer.
Si ça fonctionne.
Tu vas avoir encore plus de demandes.
De nobles idiots qui voudront imiter.
Mais pour ça.
Tu dois bien jouer.
Alors.
Posément.
Sans te presser.
Tu poses la tasse de thé en face de toi.
Et attrapes la mallette épaisse que t'as ramené.

« Je suis sûre que vous avez déjà beaucoup de bijoux, de peintures et tant d'objets classiques. C'est pas ce que vous cherchez pour vous démarquer. »

Tu poses la mallette sur la table.
Ça fait un bruit sourd.
T'essaie de bien garder son attention.
Que l'impatience soit à la hauteur du contenu.
Pour qu'il achète sans discuter.

« J'ai ici des objets indigènes, de lointaines contrées aux mœurs tellement différentes qu'elles feraient tourner de l'œil à vos amis. J'ai également un objet maudit. À ne surtout pas exposer n'importe comment, ses anciens propriétaires en ont fait les frais. Et pour finir, j'ai une statuette millénaire, d'un dieu oublié. Est-ce que quelque chose retient votre attention ? »

C'est des trucs.
Qu'on trouve pas partout.
Enfin.
Pas par chez vous.
S'il voyageait un peu.
Il saurait que ce n'est pas si extraordinaire.
Juste des curiosités.
Mais voilà.
Il voyage pas.
Pas aussi loin que toi.
Et si ces objets sont des vrais.
C'est pas toi qui les a fabriqués.
Enfin, sauf l'histoire qui accompagne le maudit.
Ils ne sont ni anciens.
Ni mystérieux.
Seulement des choses courantes.
Comme si.
Une personne vivant à l'autre bout du monde venait ici.
Pour acheter quelque chose du coin.
Rien de spécial.
Mais tout de même.
Un peu exotique.
Et t'as encore rien montré.
Mais t'espère.
L'avoir capté.

usrjoined : 26/07/2023

File tes bobards

Hyacinthe & Méliona

Si seuls les plus dignes pouvaient mettre la main sur ces trésors alors Hyacinthe de Rochemont allait démontrer qu’il était le plus méritant des dignes. Si seuls les plus riches pouvaient se permettre d’acheter ces trésors, alors Hyacinthe de Rochemont allait faire pâlir tous ces badauds en montrant la taille de son patrimoine.
L’avarice est un vilain défaut, notamment car il est très difficile de s’en débarrasser.

Alors le jeune noble écoutait la chasseuse de trésors avec intérêt, avec des étoiles dans les yeux qui brillaient aussi fort que son envie de tout acheter. Pour conter l'histoire de ces reliques, bien sûr. Pour en prendre soin, pour les préserver, pour retranscrire et transmettre leur histoire, pour s’assurer qu’elles ne tombent pas en désuétude.
Et pourquoi pour les exposer dans des soirées mondaines, pour polir un peu plus le savoir et la collection des de Rochemont, pour faire encore plus parler d’eux, et surtout, pour rendre verts de jalousie ces rapaces qui mangeront dans sa main.
Voyons. Hyacinthe de Rochemont n’avait que de nobles intentions. Ce qui implique tous les sens du terme “noble”.

Méliona Gabras, en tout cas, savait capter l’attention de ses clients. Plus elle parlait, plus Monsieur de Rochemont était captivé.

-Très bien. J'espère que vous saurez les apprécier de par leur rareté. Croyez-moi, ce que j'ai ramené, vous ne trouverez personne qui l'ai déjà dans sa collection.
-Cela ne m’étonne point d’une chasseuse de trésors de votre réputation, Madame Gabras.

Des pièces de collection uniques ? Cela signifiait une chose : il devait absolument mettre la main dessus avant tous les autres.
Son attention fut entièrement captée par la mallette que Méliona venait de poser sur la table.

-Je suis sûre que vous avez déjà beaucoup de bijoux, de peintures et tant d'objets classiques. C'est pas ce que vous cherchez pour vous démarquer.
-Vous m’avez très bien cerné, Madame Gabras. Je sais que vous ne me décevrez pas.

C’est ce qu’il fallait, pour concentrer toute l’attention de Hyacinthe. Si Méliona lui exposait des reliques intéressantes, elle pourrait presque considérer que le marché était déjà fait. Une déception cependant, et les espérances de Monsieur de Rochemont allaient dégringoler.
Il semble cependant que ce fut la première option qui se réalisa.

-J'ai ici des objets indigènes, de lointaines contrées aux mœurs tellement différentes qu'elles feraient tourner de l'œil à vos amis. J'ai également un objet maudit. À ne surtout pas exposer n'importe comment, ses anciens propriétaires en ont fait les frais. Et pour finir, j'ai une statuette millénaire, d'un dieu oublié. Est-ce que quelque chose retient votre attention ?

Hyacinthe afficha un grand sourire, son intérêt piqué à vif.
Oh, avec de tels trésors, il était sûr d’avoir touché le gros lot.
Des reliques venues d’ailleurs ? Des objets maudits, des Dieux inconnus ? Voilà qui fera sensation ! Voilà ce dont tout le monde parlera, dans les salons mondains ! Voilà ce que l’on se bousculera pour aller regarder, admirer ! Voilà ce qui suscitera jalousie, peur, admiration, dégoût, mais surtout -ô grand jamais ! - indifférence.
Hyacinth de Rochemont allait à nouveau pouvoir briller. Et bon sang ce qu’il aimait ça.

-Ma foi, Madame Gabras, je ne suis pas déçu… Vous faites honneur à votre réputation ! Tout ce que vous me proposez est d’une rareté et d’un intérêt certain, pour vous dire la vérité, tous ont suscité mon plus grand intérêt…

Et l’on pouvait presque discerner les étoiles qui dansaient dans ses yeux, brillant de la couleur de l’avidité, puant le trop d’argent à gâcher.
Le jeune homme ramena ses mains devant son visage, semblant réfléchir un instant. Il était certain que le coût n’était pas un problème. D’ailleurs, marchander des trésors était un sacrilège, lorsqu’on avait affirmé être prêt à tout pour mettre la main sur eux. Le jeune homme réfléchissait plutôt à la pièce maîtresse qui suscitait le plus son intérêt.

-Les dieux anciens ont tous une histoire passionnante, et il est si intéressant de voir en quoi les gens croyaient autrefois… Hélas, je ne puis exposer en ces lieux d’autres divinités qui pourraient donner l’impression que j’entâche ma propre foi. En revanche, les objets indigènes suscitent ma curiosité… Voir et connaître d’autres cultures, il est important de les préserver et de les narrer pour ne point qu’elles tombent dans l’oubli. Mais je dois avouer que l’objet maudit a piqué le plus ma curiosité. Maudit pour quoi ? Par qui ? Comment ? Oh voilà une histoire fascinante ! Madame Gabras, vous savez vendre vos trésors. Pouvez-vous me montrer et me parler plus de cet objet maudit ? N’ayez crainte, car en ma demeure, Dieu nous protégera de toute malédiction !

Un discours travaillé, un gros bobard, le tout caché sous quelques paillettes.
La recette magique de l’attrape couillon.

usrjoined : 31/05/2023

feat. Le Richoux, septembre.

flipax, hein ?

En face de toi.
On peut dire.
Que t'as bien ferré ton poisson.
Il le dit d'ailleurs.
Le paon espadon.
Tu l'as bien cerné.
Oh ça, Rochemont.
T'as pas idée.
T'es pas si différent.
T'es pas si impressionnant.
Même si certains sont seulement l'ombre de ce que t'es.
Ils aspirent à t'imiter.
Alors au fond.
Vous êtes pas bien différents.
Et c'est souvent facile.
De jouer avec vos sentiments.
Surtout vos egos grandissants.
Au fil des compliments.
Enfin.
Ça te fait un peu sourire aussi.
Et ça t'aurait même fait rire.
Qu'il t'appelle Madame.
Mais tu dois garder ton calme.
Garder ton histoire.
Ton professionnalisme.
Alors tu dis rien.
Et tu fais semblant.
Que tout va bien.
D'ailleurs c'est le cas.
Puisqu'il te dit que tu l'as pas déçu.
Qu'il est intéressé par tout ce que t'as proposé.
Sans blague.
Ton discours est bien rodé.
Tu t'attendais pas à une autre réponse.
Mais faut quand même souligner.
T'es satisfaite.
Du petit manège qui s'est mis en place.
Et surtout.
Qu'il t'ai pas cramé.
Ta réputation est intacte.
T'en es même à sa hauteur, apparemment.
Et les yeux du paon brillent autant.
Que son sourire est grand.
Parfait.
T'as hâte de voir.
Ce qui va le fasciner.
Lui faire ouvrir son porte-monnaie.
Peut-être même.
Qu'il voudra tout acheter.
Ah, doux rêves éveillés.
Parce que.
Pour les dieux anciens, on repassera.
Il veut rien qui puisse offenser ses croyances.
Soit.
T'es pas vexée.
Tout pouvait pas fonctionner.
Pas avec toutes ces petites grenouilles de bénitier.
Heureusement.
T'as un plan B.
Peut-être même un C.
Et disons-le, jusque G.
T'as pas qu'un seul objet.
T'as tout prévu, faut bien l'avouer.
Tes objets soi-disant indigènes pourraient potentiellement lui plaire.
Mais il bifurque.
Son attention toute entière sur la pièce maîtresse.
Enfin.
C'est pas si grave.
Tu trouveras bien le moyen de lui refourguer à la fin.
L'air de rien.
Lui, sans surprise.
Ce qui l'intéresse le plus.
C'est ton objet maudit.
Celui qui est vrai, tu sais.
Heureusement, sous ce toit.
Vous ne risquez rien.
Miracle !
Tu t'en servira.
Pour lui dire qu'il peut l'acheter sans risque.
Il a bien fait.
De parler autant.
Vraiment.
Tu le connaissais pas encore.
Hyacinthe de Rochemont.
Mais tu t'attends.
À le compter rapidement.
Parmi tes meilleurs pige- clients.
Et voilà.
Qu'il te bombarde de questions.
Quoi.
Qui.
Comment.
Si tu veux le vendre.
Cet objet convoité.
T'as plutôt intérêt.
À sortir ta meilleure histoire.
Enfin.
Dans les faits.
Rien de bien compliqué pour toi.
D'ailleurs.
Voilà que tu fais semblant de prendre un air embêté.
Ahlala.
Fallait qu'il soit intéressé.
Par l'objet le plus dangereux et fascinant de ta collection.
Comme c'est embêtant.
Acteur studio, vraiment.

« C'est le masque qui retient votre attention ? Hé bien… J'avoue que je comptais pas le sortir de ma mallette… Il est très dangereux. Mais… Je suppose que je peux au moins vous le montrer en toute sécurité. »

Clac clac.
Les deux fermetures métalliques de ta mallette s'ouvrent.
Et bien sûr.
Pour le spectacle.
Tu fais bien attention de lui présenter le dessus.
Tu caches ce qu'elle contient à ses yeux envieux et curieux.
Faudrait quand même pas tout dévoiler maintenant.
Où serait l'amusement.
T'en sors avec plus de prudence qu'il en faut.
Un socle en verre.
Couvert de bandelettes aux inscriptions mystiques.
Et dont l'intérieur.
Renferme un masque aztèque.
De cérémonie, paraît-il.
Coloré vivement.
Mais ternis de petites taches rouges.
Enfin.
Touristiquement parlant.
Les inscriptions, c'est même toi.
Qui les a rajoutées.
À moitié bourrée.
Avec une fille rencontrée sur place.
Tu serais même pas étonnée.
Qu'en traduisant, tu retrouves la commande que vous aviez passée.
Bref.
C'est mystique.
C'est mystérieux.
Ça le fait.

« Ce masque était utilisé lors de cérémonies sacrificielles, par le peuple Aztèque. Vous n'êtes pas sans savoir que leurs rituels étaient extrêmement sanglants. Je l'ai trouvé dans une pyramide, au beau milieu de la jungle. Il trônait sur un piédestal et les murs qui l'entouraient décrivaient sa malédiction dans des bas-reliefs incroyablement préservés. »

Tu le poses délicatement sur la table.
Comme si t'avais peur de le briser.
Ou de le vexer.
Peur de ce qui pourrait se passer.
Fumisterie orchestrée.

« Les dessins racontaient l'histoire de deux sœurs, sans doute des jumelles. L'une d'elle aurait été offerte dans un sacrifice impliquant le masque à un dieu que nous n'avons pas réussi à identifier. Sa jumelle, refusant de voir sa sœur mourir, aurait alors volé et caché le masque dans la jungle afin d'empêcher la cérémonie d'avoir lieu. Furieux, le dieu aurait décimé le village en y répandant une horrible maladie. Personne n'aurait survécu. Les deux sœurs, elles, auraient été dévorées vivantes par un animal inconnu mais terriblement féroce. Quant au masque, il serait revenu, seul, dans la pyramide qui l'avait toujours abrité. »

Franchement.
C'est parfaitement pété.
Comme histoire.
Mais ça sonne mystérieux.
Lointain.
Exotique.
Il y a des mots qui font rêver.
Une histoire qui fait frissonner.
C'est parfait.
Tu le laisses l'admirer.
Sans toutefois le toucher.

« Les locaux nous avaient prévenu, qu'il était maudit, mais puisqu'il s'agissait d'une simple légende, nous n'y avons pas prêté plus attention. Seulement… L'un des explorateurs qui était avec moi ce jour-là et qui l'avait ramené chez lui a été retrouvé mort dans sa demeure, quelques jours après. Déchiqueté par une bête, d'après l'autopsie. Son ami, à qui il avait légué ses trésors, a subi le même sort funeste. Et lorsqu'il m'est revenu, j'ai pris soin de le faire sceller par un prêtre local pour ne pas voir la bête démoniaque. Enfin, qui voudrait la voir ? Personne ne voudrait acheter ce trésor et pour son bien, je doute de le vendre un jour. »

Oh, mais.
Après tout ça.
Peut-être que toi.
Hyacinthe de Rochemont.
Tu feras tout pour l'avoir.

usrjoined : 26/07/2023

Légende

Hyacinthe & Méliona

Pourquoi le danger fascinait autant le petit paon ? N'était-il point une personne délicate et rafinée ? Ne préférait-il point des atours dorés à des armes acérées ?
Pour sa rareté, évidemment. Pour avoir la prétention de tout maîtriser, de savoir de quoi il parlait, de connaître des histoires inconnues, d'avoir mis la main sur des objets inconnus et indigènes, pour avoir la prétention de connaître des experts dans le domaine.
Hyacinthe de Rochemont était un homme très superficiel. Et ce n'était un secret pour personne.

Alors devant l'air embêté de l'experte, le jeune noble fut encore plus intéressé. Voilà un objet qui visiblement n'avait rien d'ordinaire.

-C'est le masque qui retient votre attention ? Hé bien… J'avoue que je comptais pas le sortir de ma mallette… Il est très dangereux. Mais… Je suppose que je peux au moins vous le montrer en toute sécurité.

Ses yeux s'étaient rivés sur la mallette, tandis que ses oreilles entendaient à peine les recommandations de la chasseuse de trésors. C'est donc avec un regard empli d'étoiles que Hyacinthe observa avec impatience la mallette s'ouvrir, et Méliona en sortir avec une précaution infinie un masque, entouré de bandelettes. Celles-ci semblaient vieilles, usées, et cela n'étonnerait pas le jeune homme qu'elles cachent une malédiction scellée sous les bandelettes. D'ailleurs les inscriptions qui la parsemaient renforcaient cette idée.

Idée qui fut confirmée lorsque Méliona raconta l'histoire tragique du Masque. Une histoire de sacrifice et d'amour familial, un refus de voir l'autre partir qui entraina la perte de tous. Une histoire à faire froid dans le dos - d'ailleurs, le jeune noble au cœur sensible n'y échappa pas, un frisson lui parcourant l'échine.

-Mon Dieu... il s'agit là d'une histoire véritablement effroyable... De penser que ce masque est la source de tant de malheur... Cela ne m'étonne guère qu'il soit associé à des malédictions et qu'il doit être protégé.

Était-ce une raison pour refroidir de Rochemont ?
Pas du tout. Le voilà encore plus motivé à l'acheter - quelle histoire à tous leur raconter !

Alors lorsque Méliona lui raconta le triste sort qu'a connu ses collègues, lorsqu'elle lui apprit qu'il avait du être scellé, qu'elle ne voulait plus le vendre, Hyacinthe sauta presque de son siège.

-N'ayez crainte ! Cette demeure est celle de Dieu, je puis vous assurer qu'Il la protège et que nous serons en sécurité. Vous pouvez me le présenter, n'ayez crainte. Pour tout avouer, plus vous m'en parlez, plus ce masque suscite mon intérêt... Oh, je me sens même prêt pour vous l'acheter !

A t-on besoin de savoir le prix, lorsque l'avidité dépasse l'entendement ? Hyacinthe de Rochemont avait trouvé ce qui redorera sa réputation de coqueluche de tout le pays.

Et plus le mystère s'épaississait, plus le paon était intéressé ! Plus d'énigmes à dévoiler, plus de recherches à investiguer !

-Dites moi, très chère, connaissez vous le nom des jumelles à l'origine de cette malédiction ? Il est important de dévoiler tous les mystères sur cette sombre affaire, et d'ainsi rendre hommage aux personnages principaux de cette légende... Oh, je connais de grands historiens, je les inviterai et leur demanderai de lire les inscriptions : ainsi, je suis sur qu'ils pourront retracer l'origine du Dieu tombé dans l'oubli !

Chez les de Rochemont, l'argent n'était certainement pas un problème.
En revanche, les faire taire en était un.

usrjoined : 31/05/2023

feat. Le Richoux, septembre.

Bas les pattes !

Tu le regardes, satisfaite.
Devant sa fascination nouvelle.
Il pourrait presque être effrayé.
Par le masque maudit.
Mais en réalité.
Il paraît plutôt.
Envoûté.
Il souligne dans un souffle avisé et avide.
Que l'objet est source de beaucoup de malheur.
Oh, en réalité, pas vraiment.
Enfin.
Seulement du sien et de son porte-monnaie.
Mais voilà.
L'artefact doit également être protégé.
Et tu sais très bien.
De quoi il en retourne derrière cette déclaration.
Protégé, chez lui.
Par son argent et sa renommée.
Et pour ça, t'es plutôt d'accord avec lui.
Dans une vitrine.
Chez un noble prêt à payer.
C'est parfait.
D'autant plus quand il l'est autant.
Mais chaque chose en son temps.
Il ne faut pas les précipiter.
Non, non.
Sinon, il risque de flairer la supercherie.
Il doit tout de même être un peu habitué.
Aux explorateurs tel que toi.
Alors surtout.
Pas question de se faire cramer.
Tu laisses rien paraître.
Encore moins.
Être prête à céder l'objet.
Même si de son côté.
Le voilà redressé, enthousiaste.
Nullement refroidi par la soit-disant mort de tes collègues.
Après tout.
C'est la maison de Dieu.
Et ici, vous ne risquez rien.
Alors quel endroit parfait.
Pour entreposer l'arnaque.

« L'acheter ? » Tu fais mine d'être un peu surprise par sa déclaration. Comme s'il fallait être un peu fou pour finalement, céder après les mises en garde. Comme si peut-être, il était déjà sous influence de la malédiction. « Vous n'y pensez pas vraiment, Monsieur De Rochemont ! Ce masque est très dangereux et je voudrais pas être à l'origine de votre prochaine disparition. »

Bon.
En fait.
Il risque rien.
S'il disparaît un jour.
Ce sera ni ta faute, ni celle du masque.
Mais faut quand même.
Un peu continuer le jeu.
Avant de parler avec sérieux.
Du prix.
Faut dire.
C'est une sacrée beauté.
Et d'ailleurs, le petit paon.
Il veut continuer à jouer.
Il te demande ardemment.
Les noms des jumelles de ton histoire.
Ah, bof.
T'avais pas vraiment réfléchi à ça.
T'as l'impression que nommer.
Ça casserait un brin le mythe.
Un peu la légende.
Alors t'avais pas pris le temps d'en chercher.
Mais l'acheteur semble bien accroché.
Parce que le voilà parti sur sa lancée.
Te parlant qu'il fera analyser les inscriptions.
Ah.
Merde.
Houlà non.
Ça dérape.
Tu l'avais pas vu venir celle-là.
Et ce qui est sûr.
Ce qu'il risque d'être surpris par ce qu'il pourrait y trouver.
Oh bien sûr.
Le masque serait déjà vendu.
Et l'argent empoché.
Mais ruiner la confiance acquise.
C'est brouiller de futures ventes.
Et s'il ne regarde pas à la dépense.
Tu veux surtout pas prendre ce risque.
Alors, vite.
Tu dois le calmer.
Trouver une solution.
Oui, oui.
Solide.
Qui fera son effet.
Oui, oui.
Vas y, cherche.
Vite.
Faut pas prendre le risque de plus pouvoir vendre de la camelote.
Faut pas qu'il te grille auprès de la Haute.
C'est pas vrai.
Le bourbier.
Tu sais pas s'il s'est emballé.
Ou s'il l'a fait exprès.
Parce qu'il est expérimenté de ce genre de fraude.
Mais te voilà.
Dans une situation compliquée.

« Oh, non. » Tu ranges le masque dans la mallette. Non, non. Tu te grillera pas stupidement auprès de tous les nobles friqués du coin. « L'étudier, l'analyser, essayer de le comprendre, c'est justement ce qu'ont fait mes collègues avant d'être maudits. Je vous avais dit qu'il y avait des conditions pour l'acquérir et l'entreposer en toute sécurité, ça en fait partie. Je suis désolée mais je peux certainement pas vous le vendre. » Voilà, parfait. Maintenant, soit il va accepter tes conditions pour l'acheter. Soit se rabattre sur un autre objet. Mais dans tous les cas, tu sauves ton cul, et c'est bien ce qui compte. « Vous voulez pas porter votre intérêt sur un autre objet ? »

Non, vraiment.
Petit paon.
Faut pas lire les inscriptions.

usrjoined : 26/07/2023

Le jeune paon était-il vraiment fasciné par le danger, par l'adrénaline que cela procurait ?
...pas vraiment. Juste par la renommée que cela attribuait. Juste par les rumeurs que ça provoquait, par l'attention que ça donnait.
Et un masque maudit ? Voilà qui était la poule aux oeufs d'or !

-L'acheter ? Vous n'y pensez pas vraiment, Monsieur De Rochemont ! Ce masque est très dangereux et je voudrais pas être à l'origine de votre prochaine disparition.
-Allons, moi, disparaitre ? Madame Gabras, j'ai encore bien trop de plans dans ce monde pour rejoindre l'autre ! Et je suis un fidèle serviteur de Dieu, soyez assurée qu'en cette demeure, chacun est protégé.

Si quelque chose avait attiré l'oeil d'un de Rochemont, inutile de l'en dissuader, vous serez assuré qu'il l'obtiendra.

Alors lorsque l'exploratrice se défila, cela ne fit qu'attiser encore plus la curiosité de Hyacinthe. Garder du mystère sur un objet attisait toujours moults rumeurs... mais être le seul à en savoir les secrets nourrissait encore plus l'ego.
Alors Hyacinthe de Rochemont avait fait son choix.

-Mais enfin, madame Gabras ! Une exploratrice comme vous doit pourtant le savoir ! La quête de la vérité doit surpasser les limites de la peur, c'est d'ailleurs bien souvent cela qui mène à l'obscurantisme et l'oubli des us et coûtumes d'anciennes civilisations. Il ne s'agit point d'une simple transaction, à laquelle je procède, mais d'une promesse ! Celle de bien traiter ce précieux objet, celle de, j'en suis sur, lui redonner le traitement qu'elle mérite !

C'est qu'il s'était enflammé, le petit paon. Après tout, la seule chose qui pouvait rivaliser avec son avidité, c'était sa soif de connaissances. Non pas pour la beauté de la science, mais plutôt pour mieux briller en société.
Alors après s'être quelque peu enflammé, c'est avec des grands yeux innocents que le petit prince reporta son attention sur son interlocutrice.

-Vous ai-je convaincue ? Soyez assurée que je saurai très bien protéger la relique - et m'en protéger également. Oh, vos autres marchandises sont elles aussi très intéressantes ! Mais voyez-vous, je suis prêt à mettre le prix pour aquérir ce masque.

Et il acquiescait, comme pour donner plus de poids à ses mots.
Tout marchand cède lorsqu'ils voient une bourse, à la fin, n'est-ce pas ?

usrjoined : 31/05/2023

feat. Le Richoux, septembre.

Non mais vraiment c'est mort !

Ah bah.
Te voilà dans de beaux draps.
Ou disons plutôt.
Dans la merde.
Désolé pour le vocabulaire.
Mais ça semble nécessaire.
De dire les choses telles qu’elles sont.
Le Petit Paon est passionné.
Vif et irraisonné.
Il parle, encore et encore.
D’un ton enthousiaste.
Alignant les mots avec passion et ferveur.
Avec dévotion.
Pour espérer convaincre.
Et faut dire.
Tu t’étais pas attendu à ça.
Et tu sais pas trop.
S’il est comme toi.
Passionné par les reliques d’un autre monde.
Mais appartenant à un où il ne peut que les acheter.
Ou si simplement.
Il est avide de compliments.
De raretés et de nouveautés.
De jalousie.
Ah, à ce niveau-là.
Tu l’as pas encore cerné.
Mais lui, il est pas prêt à lâcher.
Il te demande, après bien des mots envieux.
S’il t’a convaincu.
Et en vérité.
Si t’avais pas un secret à cacher.
T'aurais cédé immédiatement.
Offrant le masque et repartant avec l’argent.
Mais il s’entête à dire qu’il veut le faire expertiser.
Et ça.
C’est décidément pas possible.
Malgré les idées pourries qui te viennent à l’esprit.
Tu trouves rien d’assez bien réfléchi.
Pour contrecarrer ses envies.
Non, vraiment.
S’il lâche pas, tu lui vendras pas.
Peu importe la somme.
Tu peux pas te griller auprès de la bourgeoisie parisienne.
Pas si facilement.
Désolé, Petit Paon.
Il faudra jeter ton attention.
Sur un autre bien.

« Je doute pas que vous allez le protéger mais pour ce qui est de vous en protéger, je suis pas certaine. Vous m'en voyez navrée, Monsieur de Rochemont, » comment tu parles bien quand même, ça te ressemble pas tellement, « mais si vous vous obstinez à vouloir percer les secrets du masque, je vous le vendrais pas. C’est lui manquer de respect que d’aller à l’encontre de sa volonté. »

Voilà.
Les pièces sont posées.
Tu préfères t'asseoir sur un gros paquet d’argent.
Que de perdre tes clients.
Prêts à payer comptant.
Faudrait pas.
Que d'horribles rumeurs sur toi fuitent.
Et s’ébruitent.
T’as avare.
Mais pas folle.

« Je peux toutefois vous présenter mes autres trésors, si vous le souhaitez ! Eux, ils ont pas de recommandations particulières ! »

Ils sont cool aussi.
Vraiment.
Il pourra les exposer plus facilement.
Et pavaner tout son comptant.
Seulement.
Ça sera moins dangereux pour toi.
Alors voilà.
Petit Paon.
Fais ton choix.

usrjoined : 26/07/2023

Négocier

Hyacinthe & Méliona

Ah comme c’était dommage. Il semble que le jeu du Petit Paon n’atteignait pas la Grande Exploratrice. Car aux promesses de protection, à l’assurance de bons traitements, celle-ci ne fait que démentir.

-Je doute pas que vous allez le protéger mais pour ce qui est de vous en protéger, je suis pas certaine. Vous m'en voyez navrée, Monsieur de Rochemont, mais si vous vous obstinez à vouloir percer les secrets du masque, je vous le vendrais pas. C’est lui manquer de respect que d’aller à l’encontre de sa volonté.

A ces mots, le jeune de Rochemont affiche une moue déçue. Non, plutôt, désespérée. Car lorsqu’on est avide de grandeur, on ne fait rien dans la demi-mesure - jusque dans les expressions.

-Oh… Je vois… vous m’en voyez tellement, terriblement navré, mademoiselle Gabras. Moi qui me faisait une joie d’acquérir ce masque, et de lever les voiles du mystère qui planent sur lui, afin de redorer la réputation qu’il mérite, afin de lui donner les adorateurs qui, à n’en point douter, il demande…

Un grand soupir dramatique lui échappa.
La faire regretter, c’était tout ce qu’il cherchait.
Car au fond, bien sûr qu’il allait céder.

Alors lorsque Méliona lui présenta ses autres marchandises, Hyacinthe de Rochemont fit mine d’hésiter. Oh, bien sûr qu’elles étaient toutes aussi belles et exotiques. Mais voyez vous, lorsqu’un de Rochemont jette son dévolu sur un bien, il fait tout pour l’obtenir. Car dans une famille où chacun a toujours eu ce qu’il souhaitait, le “non” n’était pas une option.

-Laissez moi y réfléchir un instant…

Et il faisait bien semblant, le fils aîné de Rochemont. Il semblait se creuser les méninges, peser le pour et le contre, peser le rapport qualité-jalousie. Il posa son menton dans sa main, ses yeux se plissant sur la valise renfermant les trésors, alors que son cerveau, lui, n’hésitait pas une seconde.
Finalement, il agita la main, comme s’il s’était décidé.

-Vos autres trésors ont un intérêt indéniable, mademoiselle Gabras. Cependant, si c’est une promesse qu’il vous faut pour acquérir le masque, je vous donne ma parole : je ne ferai pas expertiser le masque.

Et un nouveau soupir, car un de Rochemont qui n’explore pas toutes les options, ce serait presque un poltron.
Mais enfin, il fallait faire semblant.
Car lorsqu’elle sera partie, elle ne pourra pas être là pour vérifier s’il tenait sa parole.

Cependant, Hyacinthe de Rochemont considérait cela comme un affront, aussi compréhensif soit-il… C'est-à dire très peu. Une roturière, calmer les ardeurs de son illustre famille, et surtout, de son égo surdimensionné ? Et puis quoi, encore ? Bientôt, il allait partager sa table avec eux ! Déjà qu’il le faisait avec Karma, et ses manières de table lui faisaient encore parfois saigner des yeux. Il avait certes un passe-droit, mais tout de même. Toutes les leçons qu’il lui donnait entraient par une oreille et ressortaient par une autre. Il ne faisait aucun effort, et Hyacinthe ne comprenait pas pourquoi ce malotru ne saisissait pas une telle occasion pour s’élever socialement.
Certains comportements humains resteront pour toujours un mystère, pour lui…

-Mais voyez-vous… Étant donné que le Masque reste mystérieux, et que des restrictions sont fournies avec son acquisition… J’estime que toute sa valeur n’est point vendue. Le prix en subira des conséquences.

Le jeune de Rochemont était-il vraiment si prompt à la négociation ?
Pas du tout. En vérité, il avait l’habitude de dépenser sans compter. Au-delà d’un caractère dépensier, il s'agissait là de montrer toute l’étendue de sa richesse - et de sa bonne volonté, voyez comme il est généreux, à donner des pourboires !
Mais puisqu’on lui refusait son jouet, il n’allait pas se plier aussi facilement.

-Comprenez, n’importe qui dans le milieu vous dira la même chose…

Comprenez : je ferai passer le mot, si vous décidez tout de même de ne pas me le vendre.

usrjoined : 31/05/2023

feat. Le Richoux, septembre.

money money money

Le petit paon fait sa parade.
Il te montre tout son talent.
Toutes ses jolies plumes.
Tous les artifices qu'il a en réserve pour te séduire.
Pour te convaincre.
Pour te faire craquer.
Il a de jolis mots poignants, le petit paon.
Il a des traits attristants, le petit paon.
Il a le poids de l’or avec lui.
Et tu voudrais clairement accepter.
Prendre ton paiement et te casser.
Ça serait parfait.
Mais s’il découvre ce qui se cache avec le masque.
Ton petit manège sera cramé.
Alors quoi qu’il puisse dire.
Quoi qu’il puisse montrer.
Tu peux pas accepter.
Quand bien même il est terriblement navré.
Il zieute tes autres merveilles.
Il regarde tout ce que tu peux proposer.
Et t'espères que cette fois.
C’est lui qui va craquer.
Et enterré le masque.
Il dit même qu’ils ont un intérêt indéniable.
C’est qu’il va se laisser tenter.
N'est-ce pas ?
Ah.
Non.
Il revient sur son premier coup de cœur.
Et te fais la promesse qu’il ne le fera pas expertiser.
Bah.
Comme si t’allais le croire.
Sitôt ton dos tourné, les mystères seront dévoilés.
Et t’as absolument pas envie de ça.
Faire confiance à un nobliau contrarié.
Et puis quoi encore !
T’es pas né d'hier.
Et t’as déjà été roulé.
Pas question de recommencer.
Tu sais parfaitement comment ils sont.
Ils n’aiment pas qu’on leur dise non.
Et n’en font qu’à leur tête.
T’as clairement pas envie de tenter l’expérience.
Promesse ou pas.

« J’imagine que si vous ne respectiez pas votre promesse, le masque vous jouerait un mauvais tour… Ou pire. Et ce n’est pas quelque chose que nous souhaitons. »

Un simple avertissement.
Imaginons un peu.
Qu’il essaie de le déchiffrer.
Et que d’un coup.
Il tombe sur une commande de tapas.
Ça serait pas ta faute.
Ça serait qu’un mauvais tour du masque.
Rien de plus.
Et t’as prévenu en plus.
Surtout qu’il lâche pas l’affaire.
Pire qu’un chien avec un steak.
Ou plutôt.
Pire qu’un paon qui se pavane pour prouver que la basse cour lui appartient.
Il te parle du prix du masque.
Et de sa valeur.
Comme si vous en aviez déjà convenu.
Comme si t’avais déjà cédé.
Bah tiens.
Il est bien insistant.
Pire.
Persévérant.
Et t’aimes pas trop ça.
Les gens qui veulent pas lâcher.
C’est les pires.
Passez à autre chose.
Bande de.
Ah !
Attends voir.
Il te menace là ?
Il te dit que tout le monde dans le milieu te dira la même chose.
Mais ce que t’entends.
C’est qu’il aura tôt fait d’aller se pavaner dans sa basse cour.
En caquetant à qui veut l’entendre.
Que tu lui as refusé une vente.
Et sans doute beaucoup plus.
Et à partir de là.
Et bah.
Grillé ta réputation.
Tu pourras plus rien vendre ici.
Il a beau être pourri gâté.
T’es sûre qu’il sera écouté.
Ah, fait chier.
Vraiment
Maintenant.
T’adorerais que le masque soit vraiment hanté.
Que tu lui vendes pour une somme astronomique.
Et qu’il en meurt parce qu’il t’aura pas écouté.
Le meilleur des scénarios.
Si seulement.
Mais voilà.
Le masque est pas hanté.
Il est rien d’autre qu’un masque banal.
Aucune malédiction.
Sauf celle qu’il vient de te lancer.
Accepter ou te faire éjecter.
Grillé.

« Vous êtes beaucoup trop tenace, Monsieur de Rochemont. Et si vous respectez pas votre promesse, vous regretterez ce trait de caractère, croyez-moi. » Vraiment. Ne pas le faire expertiser. C’est pourtant pas compliqué. Des malheurs et du foutage de gueule. C’est soit l’un, soit l’autre. Dans tous les cas, il en veut pas. Et toi, tu veux pas te faire cramer auprès de la haute société. « Vous parliez de sa grande valeur mais nous l’avons pas encore évoquée. »

Tant qu’à faire.
Empoche le plus possible.
Et adieu Paris.

usrjoined : 26/07/2023

Arnaque

Hyacinthe & Méliona

Avait-on vraiment besoin de négocier, lorsque l’on avait trop d’argent à ne plus savoir dans quoi le dépenser ? Bien sur que non. Mais bien plus que quelques écus, il y avait une autre monnaie en jeu : celle de l’ego. Aussi incroyable cela pouvait sembler, celui de Hyacinthe de Rochemont dépassait sa richesse matérielle.
Alors lorsque l'exploratrice remit en garde le jeune homme une énième fois, le jeune paon ne fit que sourire en guise de réponse.

-Naturellement, mademoiselle Gabras. Personne ici ne voudrait que quoi que ce soit lui arrive.

Le jeune de Rochemont ne voulait point de malédiction.
Et la jeune Gabras voulait sauver sa réputation.
Pour éviter cela, il fallait qu’ils mettent en place une collaboration.

Ainsi tous deux patientaient, réfléchissaient, guettaient. Ce qui devait être une simple transaction s’était transformé en un champ de bataille acharné, ou ni l’un ni l’autre ne voulaient rien céder.
Restait à voir qui allait lâcher en premier.

-Vous êtes beaucoup trop tenace, Monsieur de Rochemont. Et si vous respectez pas votre promesse, vous regretterez ce trait de caractère, croyez-moi.

Cela fit lâcher un léger rire au jeune paon, alors que son regard se fit plus amusé. Pour une roturière, elle n’avait point peur de l’accuser. Cela l’irrita autant que ça l’amusait.
Puisque la grande exploratrice voulait autant se battre pour garder son trésor, il allait prendre les armes pour lui arracher.

-Serait-ce une menace, mademoiselle Gabras ? Allons bon, n’ayez crainte : ne croyez vous pas la parole de vos clients ? Dans ce cas, je me demande bien pourquoi vous avez effectué ce chemin jusqu’à ma demeure. A moins que vous ne regardiez d’abord le portemonnaie de votre client avant d’entendre sa parole.

Et puisqu’il s’était senti insulté, le petit paon n’avait pas pu ne pas rendre l’affront. Et s’il aimait avoir l’air fragile et naïf pour tromper, jamais il ne se fera passer pour une victime.
Pourtant, cela signifiait une chose : la confiance entre eux venait d’être brisée.
A bas les masques, donc.

Vous parliez de sa grande valeur mais nous l’avons pas encore évoquée.

Et visiblement, la jeune femme pensait de même. Car elle remit la question du prix sur la table.
Il était temps d’en finir avec cette mascarade.
Hyacinthe fit à nouveau mine de réfléchir, touillant distraitement son thé. En vérité, il réfléchissait bien, effectivement. A quel point il allait briser les attentes de son invitée.

-Effectivement, nous n’avions point encore fixé de prix. Puis-je mieux observer la marchandise ?

Et il disait ça sérieusement, le petit paon. Il voulait déterminer la vraie valeur de l’objet, pour mieux pouvoir l’enfoncer ensuite.

-Une si belle pièce, venant d’un pays lointain qui plus est, enveloppée du mystère de son histoire… On pourrait en tirer facilement deux mille francs. Néanmoins, il y a effectivement le mystère de l’histoire qui l’enveloppe… qui restera à jamais un mystère, malheureusement. Voyez, c’est comme si vous vendez l’objet avec un rideau pour voiler son identité. Si ces dispositions sont certes nécessaires, elles affectent le prix de la transaction - c’est un fait indéniable. Néanmoins, je suis clément, et certainement pas dans le besoin. Je vous en propose huit cent francs.

Il avait baissé le prix de plus de la moitié - il en était parfaitement conscient. Mais huit cent francs était une somme qui ne se refusait tout de même pas.
Une somme qu’il était totalement prêt à débourser, au prix d’un mensonge en tout cas.

usrjoined : 31/05/2023

feat. Le Richoux, septembre.

Tema la taille du rat

En voilà, une situation bien compliquée.
Vendre la relique.
Perdre ta réputation.
Ne pas vendre la relique.
Perdre ta réputation.
Ah, on dirait bien.
Que tu l’as un peu sous-estimé.
Le petit paon.
Tu l’as pensé naïf.
Paradant avec son argent.
Arrogant.
Comme un bon vivant.
Mais voilà que sous ses airs de mignon bourgeois.
Il t’a coincé.
Des mots tranchants contre des plumes douces.
Il a mené la conversation.
La négociation.
Et maintenant.
Hé bah.
T’es au pied du mur.
Dans la merde, comme on dit.
Et pour cette fois.
Tu te demandes vraiment comment tu vas te sortir de ce mauvais pas.
Et pour cette fois.
Disons le clairement.
T’as le seum.
Oh, tu sais pas trop.
Si t’es en colère contre lui.
De t’avoir eu si facilement avec ces beaux discours pour ensuite te la faire à l’envers.
Ou.
Si t’es en colère contre toi.
De t’être fait avoir si facilement.
De l’avoir cru inoffensif et innocent derrière ses airs de grand parleur.
T’as sous-estimé ton interlocuteur.
Et tu t’en fais la promesse.
Certainement pas deux fois.
Hyacinthe de Rochemont.
C’est un nom que tu vas pas oublier de sitôt.
Et c’est un nom.
Que t’aurais bien aimé traîner dans la boue.
Mais puisque ça commence à sentir le roussi.
Tu te dis qu’il vaut mieux empocher la mise.
Et disparaître pour de bon.
Il avait parlé d’une grande somme, n’est-ce pas ?
Alors pourquoi faire la fine bouche.
Un dernier avertissement pour la forme.
Et un chèque pour le déplacement.
Voilà.
C’est tout.
Sauf que.
Ton avertissement.
Tu sais pas trop pourquoi.
Le petit paon.
Enfin, c’en est plus vraiment un.
Disons plutôt.
Comme une sirène.
Des beaux discours.
Un beau minois.
Et ça vous noie.
Bref.
Tu sais pas trop pourquoi.
Mais le voilà qui prend ça comme une menace.
Pitié.
Si t’avais vraiment voulu le menacer.
T’aurais pas utilisé des sous-entendus.
Ni des petites lignes.
Si t’avais voulu le menacer.
Il l’aurait su.
En fait.
T’aurais même plutôt frappé.
Avant de menacer.
Histoire que le message passe correctement.
D’une oreille à l’autre en passant par le cerveau.
Mais s’il est cassé.
T’es pas certaine qu’il te le signe, ce chèque.
Donc en attendant.
Respire.
Du calme.
Et termine cette négociation.
Sans la moindre effusion de sang.
T’en es presque capable.
N’est-ce pas ?

« Bien sûr que non, enfin. » Vraiment. Pourquoi vous êtes obligé de faire semblant comme ça. Tu sais autant que lui que les masques sont tombés. C’est juste. Une nouvelle façade. Pour sauver les apparences. Même si à ce stade, t’as pas vraiment envie de te donner autant de mal. Prendre sur toi, t’aimes pas ça. T’es pas du genre à préférer la diplomatie aux actions. Mais si tu lui casses le crâne, qui va te payer ? Et qu'est-ce qu’il ira raconter, dans ses salons de thé ? Oh, sans doute pas la vérité. Qu’une demoiselle lui a cassé la gueule. Mais bon. Dans le doute, hein. « Ni menace ni mise en doute. Je tiens juste pas à voir votre décès mystérieux en première page de journal simplement parce que j’ai pas fait en sorte que vous saisissiez tout le danger lié à ce masque. Enfin, je suppose que c’est réglé maintenant. »

Maintenant.
Il reste une partie à aborder.
La plus importante.
L’argent.
Tu sais que.
Bien vendu.
Ce masque peut te rapporter gros.
T’as un minimum de négociation.
Tu veux pas tomber en dessous du prix que tu t’es fixé.
Et t’as hâte de voir.
Ce que le paon sirène va te proposer.
Il semble réfléchir un instant.
Avant de te demander de revoir l’objet.
Normal.
Faut quand même l’évaluer correctement.
Avant d’en fixer le prix.
Mais pour ça.
T’as aucune crainte.
T’en as vu des trésors et des artefacts.
T’en collectionnes des dizaines.
Alors.
Celui-là.
C’est une copie parfaite.
Indétectable.
Presque même à tes yeux d’experte.
Alors c’est sans crainte.
Que tu reposes l’objet sur la table.
Prudemment.
Avec mille précautions.
Comme si.
La délicatesse allait jouer sur le prix final.
Ah, vraiment.
Pour la mise en scène.
Ça vaut autant que ses talents de fin négociateur.
Et le voilà.
Qui fixe l'œuvre.
Avec des yeux curieux.
Penseurs.
Inquisiteurs.
Avant d’enfin se décider.
Ah.
C’est maintenant que tout se joue.
C’est maintenant que l’argent tombe.
T’as presque l’impression que c’est Noël.
Enfin !
Alors, combien ?
Deux mille francs, qu’il annonce.
Tant que ça !
Tu te vois déjà riche là !
Mais attends.
Il a pas terminé.
Il maintient que la malédiction et les précautions affectent le prix.
Alors que.
Pas du tout !
Ça renforce l’objet au contraire !
Et c’est même pour ça qu’il le veut autant.
Son thé lui a endormi l’esprit ou c’est comment.
Allons bon.
Il joue avec tes nerfs là.
Huit cents francs.
C’est sa dernière proposition.
Et t’as envie d’en crever de rire.
Tellement c’est insultant.
Ton travail de pro ne vaut que ça ?
Allons.
T’es tombée où là ?
Il veut pas que tu balaies le hall d’entrée de sa baraque tant qu’il y est ?
Dieu, comme c’est une blague.
Vraiment là.
Tu hésites entre rire et lui coller une patate de forain pour l’insulte qu’il vient de te faire.
Mais tu choisis autrement.
Oh, le paon sirène est très fort en négociation.
Et.
Si t’as que huit cents francs à perdre.
Enfin que.
C’est un bien petit mot mais.
Voilà, l’offense est plus grande encore.
Alors.
Tu décides qu’à ce prix là.
Avec la menace de ta réputation et ce si petit gain.
Tu peux bien t’amuser encore un peu avec ton hôte.
Hé.
Ça mérite quand même bien ça.
Une insulte pareille.
Alors.
Voilà que tu sors ton plus bel air choqué.
Faut dire, tu l’es quand même un peu.
Et tu mets ta main devant ta bouche.
L’air de dire.
Grand Dieu !

« Κύριε ελέησον* ! » Oups, ça, ça t'a un peu échappé. Enfin. Ça va. Ça aurait pu être pire. Et ça joue bien dans ton jeu. « Je suis sincèrement désolée, Monsieur de Rochemont, j’ignorais que les temps étaient si durs pour vous. Les rumeurs des salons vous disaient amateur d’art, d’exotisme et de mystère alors j’avais pensé qu’un connaisseur tel que vous saurez reconnaître la valeur réelle de cette antiquité mais… Il est vrai que le monde semble aller bien mal. Des guerres par-ci, des émeutes par-là, des événements étranges… Enfin, forcément, ça doit impacter durement votre quotidien. Mais soyez rassuré, les rumeurs ne vont pas dans ce sens vous concernant ! »

Enfin.
Pas encore.
S’il veut briser ta réputation.
Et te duper.
Tu peux bien.
Faire de même.
Quelques mots ça et là.
Disant qu’il n’a pu acheter un objet qu’il convoitait.
Qu’il a négocié son prix comme un rat affamé de Paris.
Et.
L’affaire sera faite.
Ce ne sera pas son décès en première page.
Mais celle de sa fortune.
Et alors.
Tous les rats et les vautours pour s’empresser de dévorer le cadavre.
Enfin.
Il connaît sûrement la chanson.
En haut de la pyramide.
C’est un monde de hyènes.

« Si vous souhaitez rester dans vos moyens actuels, je peux vous proposer des antiquités adaptées. Et je gonflerai le prix d’achat dans les salons, si vous le souhaitez. Préserver mes clients, c’est un point d’honneur pour moi. »

Bon là.
T’auras peut-être piqué son égo.
Mais le moyen de s’échapper va être compliqué.
S’il refuse.
Tu pourras dire.
À qui veut l’entendre.
Qu’il a refusé d’acheter.
Par manque de moyens.
Et que.
Vexer.
Il te fait passer pour une arnaqueuse.
Mais.
Ses opposants et jaloux qui le surveillent.
Ils en voudront bien.
De ce masque qu’il n’a pas pu acheter.
Et.
Juste pour le narguer.
Ils seront prêts à débourser.
Pour le moment.
T’en doute pas.

*Κύριε ελέησον : expression de surprise ou d'étonnement qu'on peut traduire par "Le Seigneur a pitié". Se prononce "Kýrie eléison".

usrjoined : 26/07/2023

Rapace

Hyacinthe & Méliona

Hyacinthe de Rochemont n’était pas vexé.
Hyacinthe de Rochemont pouvait certes se vexer et s’agacer de peu : qu’un employé de maison fasse mal le rangement et qu’on lui fasse remarquer la non symétrie de la disposition des vases et des tableaux ; de manières de tables désireuses de ses propres invités ; qu’on le corrige sur ses compétences académiques et qu’il n’atteigne pas les meilleurs scores maximaux.
Tour ça pouvait vexer Hyacinthe de Rochemont, oui.
Alors qu’on remette en question la fortune de son illustre famille ? Cela ne le vexait pas, non.
Cela enrageait Hyacinthe de Rochemont.

L’apparence et le paraître étaient les maîtres mots, en cette demeure. Pourtant, plus les mots coulaient de la vipère, plus les coins des lèvres du noble se tendaient. Sa posture, élégante quoique relaxée, devenait plus crispée.
Hyacinthe de Rochemont ne mâchait pas ses mots, lorsqu’il le jugeait nécessaire.
Si elle désirait donc se battre, bataille elle aura.

-Vous insinuez donc que je n’ai pas les moyens de mettre le prix pour votre relique. Allons bon, très chère, sans vouloir vous vexer…

Bien sur que si, gueuse.

-...j’ai en ma possession présente plus de fortune que vous n’acquérez en toute une vie. Il me semblait vous avoir invitée pour une transaction commerciale, point pour faire l’aumône. Sachez que nous ne nous y adonnons pas.

Les de Rochemont étaient connus pour leur fortune, après tout. L'un de leurs plus grands secrets était de commercer, mais jamais de donner.
Quoique cela n’était en vérité un secret pour personne.

Le jeune homme essayait tant bien que mal de se détendre, mais l’insulte faite à son ego était trop grosse.
Il se trouvait face à une adversaire de taille. Ses mots étaient aussi incisifs qu’ironiques. Il avait bien compris le message lorsqu’elle mentionna d’aller dans d’autres salons.
Il en était hors de question.
Cette relique attiserait la jalousie et l’envie des autres, c'était certain - elle attisait les siennes, en tout cas. Pas un autre précieux n’irait parader à sa place. La scène sociale était une bataille sempiternelle où la trêve n’existait pas.
Mais point de précipitation. Ils avaient tous deux sorti leurs armes, ils étaient tous deux menacés. Ne restait plus qu’à savoir qui tirerait le premier.

Hyacinthe fit un geste de la main, qui se voulait aussi maniéré que désinvolte.

-Mais enfin, puisque vous me parlez tant de son prix… Donnez-moi le votre, dans ce cas. N’est-ce pas vous, l’experte ? Sans doute avez vous fixé sa valeur. Je vous ai donné mon prix, donnez-moi le vôtre.

Le petit paon croisa les jambes, observant son interlocutrice par-dessus sa tasse de thé.
Jeter quelques gallons de plus ne le dérangeait guère - ne serait-ce que pour prouver sa fortune.
Cela dit, il avait déjà fixé le prix bas - l’élever beaucoup plus haut serait sans doute malvenu, et Hyacinthe comptait bien là-dessus.

usrjoined : 31/05/2023

feat. Le Richoux, septembre.

Constatez le gabarit de ce représentant des muridés

Oh.
Regarde-le.
T’as tapé là où ça fait mal.
Comme tu l’as si bien appris.
Et appliqué.
Les nobles, ils sont tous différents.
Ça, tu le sais bien.
Mais les nobles.
Ils ont tous un point commun.
Leur égo.
Leur fierté.
La racine peut être différente.
Suffit juste d’y mettre un bon coup de bèche.
Chez le petit paon.
C’est son argent.
Alors insinuer qu’il est à sec.
Que les rivières d’or sont taries.
Oh.
Regarde le.
Tenir le choc comme un chêne solide.
Mais se tendre imperceptiblement.
Comme une bombe à retardement.
Alors, maintenant.
Reste à voir, ce qui va en résulter.
De vos attaques sans manières.
Reste à voir, celui qui va céder.
Oh, ça ne sera pas toi.
Pour rien au monde.
Même si.
Le débat est agressif.
T’as jamais vu.
Quelqu’un s’en faire autant pour son argent.
Défendre autant son morceau de steak.
C’est un personnage, quand même.
Hyacinthe de Rochemont.
Tu dois bien l’avouer.
Alors, bien sûr.
La satisfaction d’avoir atteint ton but contre un adversaire pareil.
Tu peux pas reculer.
Quand bien même.
Il décide, très peu respectueusement.
De mettre les deux pieds dans ton insinuation.
Oh, t’aimes pas trop ça.
C’est si peu galant.
De t’accuser autant.
Alors qu’au final.
Tu t’es juste inquiétée pour lui.
Vraiment.
Quel ingrat.
Ou radin, c’est au choix.
Car selon lui.
Sa fortune est plus grande encore que tout ce que tu peux imaginer.
Mais même avec autant d’argent qu’il ne sait plus où le dépenser.
Il ne fait point l’aumône.
Ah !
Tous ces gens qui prient pour leur salut.
Mais incapable d’aider son prochain.
C’est dégoûtant.
Comme une tache sur un tapis.

« Oh, me voilà rassurée ! J’ai cru à tort, pendant un instant, que l’une des plus grandes fortunes de France était ternie. Quelle horrible nouvelle ça aurait été. Je suis soulagée pour vous, Monsieur de Rochemont. »

Imagine un peu.
Petit paon.
Si cette nouvelle venait à se répandre.
Les cadeaux.
Et l'aumône.
Dans ton monde, n’existent pas.
Alors.
Anciens amis.
Constants jaloux et détracteurs.
Devenus charognards.
Ils se seraient empressés de se jeter sur ton corps encore chaud.
Répandant poison dans les salons.
Et achetant pour parader devant toi.
Ce masque plus que toute autre chose.
Piétinant ton égo et ta fierté.
Horrible cauchemar.
Alors.
Avant d’en arriver là.
D'entredéchirer vos réputations.
Essayez d’y mettre du vôtre.
Tous les deux.
Lâchez un peu de lest et essayez de discuter.
Voilà.
Parlez de prix.
Quelle merveilleuse idée !
Le paon te demande sa valeur.
Puisqu'après tout.
C’est toi l’experte.
Ex-ac-te-ment !
Enfin.
Pas la peine de se réjouir trop vite.
Tu pourrais gagner quelques centaines de plus.
Mais pas des milliers non plus.
Il a fixé un prix.
Bas, certes.
Mais un prix d’achat tout de même.
Alors impossible de le doubler.
Ou plus.
Tu sais d’avance qu’il n’acceptera pas.
Insinuation sur la fortune ou pas.
Parfois, tu sais.
Oui, tu le sais.
Il vaut mieux se retirer avec les honneurs.
Que d’attendre plus.
Et de repartir comme un looser.
Dans tous les cas.
Avec ce masque.
T’es gagnante.
Alors augmenter un peu.
Repartir avec un butin largement à la hauteur de tes attentes.
Et laisser le paon parader avec son trophée.
C’est le meilleur des scénarios.
Pour lui, comme pour toi.

« Hm… » Tu fais mine de réfléchir à sa proposition, buvant la tasse de thé qui t’a été offerte. Au moins une chose sur laquelle il est pas radin. Vaste blague. T’avais un prix de vente, trop élevé, peut-être, pour les prétentions du masque. Ce que tu cherches, maintenant. C’est plutôt à combien tu peux l’annoncer. Sans le faire renoncer. Ni trop haut. Un refus te ferait passer pour une crétine. Ni trop bas. Négocier pour quelques francs te ferait passer pour un rat. Quand bien même le paon est un muridé plus imposant que toi. Faut le faire, quand même. « Avec tous les risques qu’il a fallu prendre pour le trouver et le convoyer jusqu’ici, mais aussi avec les secrets qu’il renferme… Je suppose que mille trois cents francs serait un prix convenable. Qu’en pensez-vous ? »

Dernier prix.
Et s’il refuse.
Tu repartiras avec.
Et de belles histoires à raconter à qui veut l’entendre.
Hyacinthe de Rochemont ne peut s’offrir une œuvre majeure pour si peu !
Rendez-vous compte !

usrjoined : 26/07/2023

Commerce

Hyacinthe & Méliona

Hyacinthe de Rochemont se devait de garder toujours le sourire, en toutes circonstances. La colère n’était pas un trait de famille : c’était se rabaisser au niveau des vers qui les provoquaient et les jalousaient.
Mais ne pas exprimer sa colère ne signifiait pas qu'il n’en ressentait pas.
C’était tout ce que cette femme lui inspirait : colère et agacement. Une intruse qui avait l’audace de faire des insinuations - des menaces ! Hyacinthe de Rochemont n’était pas habitué aux confrontations : d’ordinaire, on le caressait plutôt dans le sens du poil. Et, en tant que bon petit noble, ça marchait à merveille.
Il allait donc lui rappeler pourquoi c’était la méthode que tous préféraient.

C’était le plan initial, en tout cas. Mais même si cela lui coûtait de - se - l’admettre, le bas peuple n’était pas sans moyens de pression. Si sa fortune ne souffrirait pas d’une quelconque transaction insignifiante, la réputation, elle, pouvait beaucoup risquer en prenant un seul coup. Elle était dépendante de nombreux facteurs : ses actes et discours en public étaient les principaux, mais il ne contrôlait pas ce qu’on disait de lui dans les ruelles des bas-fonds. En cela, c’étaient bel et bien ses clients qui façonnaient sa réputation.
Qu’on dise de lui qu’il pouvait être impitoyable et quelque peu méprisant, soit - c’était bien vrai. Mais qu’on dise de lui qu’il était miséreux et rechignait à dépenser ? C’était porter un coup à son ego et son argent. Cela valait bien plus que de bons sentiments.
Hyacinthe de Rochemont détestait perdre. Alors lorsque les deux adversaires s’attaquaient à la gorge, il fallait parfois trouver un moyen pour qu’ils lâchent tous les deux leurs armes.

-Oh, me voilà rassurée ! J’ai cru à tort, pendant un instant, que l’une des plus grandes fortunes de France était ternie. Quelle horrible nouvelle ça aurait été. Je suis soulagée pour vous, Monsieur de Rochemont.
-Votre sollicitation me va droit au cœur.

Et je n’en ai absolument pas besoin.
Par dessus sa tasse de thé, le petit paon la fixait avec un sourcil haussé. Évidemment, il savait bien que ses paroles étaient faussées. Mais passons plutôt au sujet tant désiré.
Les négociations étaient lancées.

Il la laissa prendre son temps pour réfléchir. Après tout, Hyacinthe de Rochemont restait gentleman. On pouvait se battre en crachant un venin qui avait la couleur de l’or. Une bombe cachée dans un joli paquet : c’était ainsi que les hautes sphères faisaient pour immerger la corruption dans laquelle ils baignaient.
Hyacinthe de Rochemont n’y faisait pas exception.
Alors lorsque tout fut réfléchi, il n’afficha aucune expression. Le sourire qui menaçait de retrousser ses lèvres resta une fine ligne.
Mille trois cent restait une coquette somme - même s’il était, au début, prêt à y mettre plus. Enfin, pour le bas peuple, sans doute : pour lui, elle ne représentait rien. Quoique cela l’agacait beaucoup de donner cette somme à une femme qui faisait des insinuations sur sa fortune.
Dépenser ne le dérangeait pas - comme tout jeune homme ayant trop d’argent à ne savoir qu’en faire, Hyacinthe de Rochemont avait tendance à jeter de l’argent par les fenêtres. Et comme tout jeune homme ayant trop d’argent, il préférait le jeter par les fenêtres plutôt que de nourrir les vers sous sa fenêtre.

-Mille trois cent. C’est donc votre dernier prix ?

Mais ça l’embêtait. Parce qu’il ne pouvait dire non. Cette femme avait un culot rare, et il lui avait suffit de quelques phrases échangées pour prendre ses menaces - car oui, c’en étaient - au sérieux.
Son sourire était devenu crispé. Sa langue écorchée par les mots qu’il allait prononcer.
Il n’allait pas céder, puisqu’au final, il y gagnait.

-Voilà un prix qui me paraît convenable. Très bien, je suis prêt à mettre ce prix pour le masque. Avons-nous un marché, mademoiselle Gabras ?

Le jeune homme tendit sa main, comme pour sceller la transaction. Sur son visage flottait un sourire courtois. Sous le sourire, des mots inaudibles.
La prochaine fois, vous ne vous en tirerez pas comme ça.

usrjoined : 31/05/2023

feat. Le Richoux, septembre.

Top 1

Stressée.
Angoissée.
Toi ?
Absolument pas !
Le petit paon aux longues dents t’as mise au pied du mur.
Il a négocié comme si c’était sa vie qui se jouait.
Ardemment.
Avec conviction.
Son masque, il le voulait.
Il a tout fait.
Pour l’avoir.
Alors maintenant.
Que tu as accepté.
Il ne va certainement pas reculer.
Ok.
Ce que tu fais.
C’est ni très légal.
Ni très fairplay.
Mais, il suffit juste de voir l’évidence.
Quelques sous en moins pour rembourrer son matelas doré ne feront aucune différence.
Alors que.
Une mauvaise réputation…
Désolée, petit paon.
Mais il n’est pas question.
De perdre la face.
Oh, certes.
Tu viens de perdre un gros client.
Sa promesse.
Il ne la respectera pas, c’est assuré.
Alors.
Lorsqu’il verra la supercherie.
Jamais il ne te demandera d’autres œuvres à présenter.
Mais.
Tu doutes pas.
Que par ego.
Il n’ira pas le crier sur tous les toits.
Hyacinthe de Rochemont s’est fait arnaquer comme un novice !
Rendez-vous compte !
Non.
Cette histoire restera entre lui et toi.
Juste.
Ne comptes pas revenir ici lui extorquer d’autres sommes faramineuses.
Aujourd'hui.
Tu repars avec les honneurs.
Et une coquette somme.
Il faut savoir.
S’en contenter.
Alors.
Lorsqu’il te demande si t’es sûre de toi.
Si c’est ton dernier prix.
Tu hoches simplement la tête.
Bien sûr, que c’est ton dernier prix.
Tu aurais adoré en demander plus.
Mais l’avidité cause des chutes.
Alors autant éviter.
Et rester dans des négociations qui sont dans tes moyens.
Enfin.
Si le petit démon cesse de te tenter.
Parce que soyons honnêtes.
Des sommes bien plus importantes te brûlent les lèvres.
Et il ne faudrait vraiment pas grand chose.
Pour que tu doubles le prix.
Hé, sois raisonnable un peu, tu veux.
Pour un masque artisanal fait main.
Ou plutôt.
De ta main.
C’est une très belle somme.
Plus que t’en avais espéré.
Alors, oui.
T’es sûre de toi.
Maintenant.
Il ne reste plus qu’à voir.
Si le paon va opposer une ultime résistance.
Une dernière ligne de défense qui fera s'effondrer toutes les menaces que tu as si bien construites.
Et.
Tu le vois.
Son sourire crispé.
T’as presque l’impression.
Que son or, il l’expulse lui-même.
Mais que, problème.
Il est constipé.
Oh, non.
Le pauvre.
Soyons honnêtes.
Sous tes airs paisibles et ta tasse de thé portée.
Tu jubiles.
Félicitations !
T'as coincé ce gros poisson.
Mais t'as perdu.
Un client précieux.
Enfin.
T’en trouveras sans doute d’autres, faut pas se le cacher.
Maintenant que tu as vendu au petit prince de Rochemont.
Tous ces jaloux et convoiteurs voudront faire de même.
Et s’il ne commerce plus avec toi.
Les questions vont se poser.
Les rumeurs se créer.
Et si ses détracteurs venaient à penser que tu l’as volontairement black listé.
Ça ne serait pas bon du tout pour ses affaires.
En fait.
Maintenant que t’y réfléchis.
Est-ce que t’as vraiment perdu ce joli petit poisson doré ?
Peut-être.
Plus tard.
Quand toute la tension sera apaisée.
Qu’il aura découvert la vérité.
T’auras un deal à lui proposer.
Les vraies œuvres pour lui.
Au prix fort.
Et toutes les fausses.
Pour ceux qui le jalousent.
Prix fort, toujours.
Ça pourrait être.
Une bonne arnaque.
Pour vous deux.
Mais chaque chose en son temps.
Pour le moment.
Hyacinthe de Rochemont te dit que c’est un prix qui lui paraît convenable.
Oh !
Il ne peut pas dire autre chose, de toute façon.
L’argent ne sort pas toujours de tous les bourbiers.
Ça ne te sortira pas de la Congrégation.
Mais bon.
Ça aide.
Alors pourquoi cracher dessus ?
Du coup.
As-tu un marché avec lui ?
Bien sûr !
Plutôt deux fois qu’une !
Tu serres cette main qu’il te présente dans un sourire professionnel.
À toute épreuve.
Mais tu peux pas déjà t’empêcher de songer.
À tous ces nouveaux chiffres sur ton compte.
Finalement.
Tu l’as presque trouvé.
Ton mécène.
Et bientôt.
Tu lui proposeras.
Bien mieux.

« Nous avons un marché. Quel plaisir de faire affaire avec une personne d’autant de goût et de raffinement. Vous êtes à la hauteur de votre réputation ! »

Et faites donc en sorte.
Quelle le reste.

C. V.

B. O’C.

C. A.

E. K.

D. R.

E. L.

Fin d'un XIXème siècle futuriste...

Notre Poulain...

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