We're not born monsters, we become monsters

C’est pas compliqué c’est quoi retrouver un exorciste en furie suffit de suivre l’odeur du sang (le sien tu t’en souviens bien) t’as pas bien écouté l’esprit ailleurs tu comptais les fleurs (brûlées) des combats enchainés il fallait tout arrêter (c’était ça) l’objectif de la mission pourquoi tu ne pouvais pas rentrer à la maison je comprends (non) on peut pas vraiment laisser faire tu sais laisser dire les exorcistes au-dessus des élus (des noés) on m’a demandé à moi je suis émue (les pieds nus sur la terre mais quel enfer) j’ai aucune idée de qui je sais juste que j’ai pas envie (je suis fatiguée (je suis effrayée)) quand je me bats je perds l’équilibre je gère moins bien le fil (de mes pensées) j’ai l’esprit qui tremble un souvenir qui s’ébranle (même de loin tu sais je vois bien qu’elle s’éclate elle aime bien) récemment elle a pas arrêté de me parler des pensées qui sont pas les miennes je suis jamais vraiment certaine (c’était moi ou elle  ?)

Je suis là devant l’auberge et maintenant je fais quoi ? (casse tout) mais je veux pas j’aime pas (et pourquoi ?) les gens crient mes oreilles meurtries (c’est non) pourquoi pas je veux dire Lena ton choix pas vrai ? moi je regarde je juge combien de temps tu vas rester là ? tu te décides ? va bien falloir aller voir ? et si jamais il est pas là ? alors faudra le trouver mais pour ça faut commencer à le chercher (exorciste) normalement tu devrais entrer dans le bâtiment prendre un air grave (la peau foncé et les stigmates noir) tout le monde déglutineraient se demandant (est-ce aujourd’hui que sonne l’heure de ma mort ?) bien sûr le tout devrait être dramatique (j’adorerais je savourerais mais je sais bien Lena que tu ne feras pas ça (c’est trop tard ça y est t’es passée de l’autre côté Amorem a pris ma place te voilà qui aime))

Avant j’aurai fait ça tu sais (Akira je sais pas encore que c’est toi mais c’est pas très grave c’est comme une pensée à retardement tu comprends ?) maintenant je préfère rentrer évidemment les regards sur moi les chuchotements la gamine bizarre la classique je relève même pas je m’approche du comptoir et je montre mes yeux dorées ma peau mate les stigmates et même s’ils comprennent pas les chuchotements s’arrêtent (je souffle) « vous savez ? » est ce que vous savez ? j’irai pas chercher (je suis fatiguée et pourtant) « L’exorciste vous savez ? » paralysée l’aubergiste hoche la tête (oui oui je sais pitié) de la pitié j’en ai plus si ça c’est pas triste je fais du surplace je me sens pas à ma place ici je trouverai jamais la paix donc j’ai fini comme une étoile (je me suis fait la belle j’ai tout quitté j’ai mis les voiles) « dîtes lui que je l’attends dehors » sur ce je sors (pardon si j’ai gâché la fête (je voulais m’échapper du trou noir)) j’essaye juste de trouver ma place.  

Six mois c’est quoi au fond ? vraiment pas grand-chose à l’échelle des temps immémoriaux c’est rien une broutille comme une brindille (insignifiante) mais à notre échelle à nous (une éternité) comme des milliers d’étés qu’on aurait vus passer des centaines d’années (bref on a drastiquement changé pas vrai ?) un exorciste en furie qui d’autre que toi t’es comme ma croix tu sais j’ai toujours eu (dans les pires jours) ton épée au-dessus de ma tête une culpabilité que je pouvais pas laisser paraître une gorgée impossible à avaler (ah à cette époque j’étais) enfin j’ai pas d’excuse au fond je n’accuse (que moi) c’est mérité ces balles je devrais les laisser (me traverser la crâne (sacré sarbacane que t’as là)) tu pensais vraiment ? que je t’attendrais gentiment ? je me demande si tu te souviens entre la douleur et le purin (l’odeur de la célébration (félicitation à nous) 6 mois c’est déjà beaucoup) de mes pouvoirs ma malédiction j’ai beaucoup changé mais j’ai comme l’impression (que toi aussi) alors allons-y (battons-nous)

Je vois tout tu sais deux balles leur vitesse je pourrai même te dire la composition du sang qui les fait (le truc de fou) normalement j’aurai pas le temps mais comme je m’y attendais je le vois avant même de les entendre je peux même dire (d’ici) à quel point t’es fatigué la respiration encore hachée d’un repos trop écourté je pourrais même compter le nombre de battement de ton cœur exténué et tu penses pouvoir me toucher ? (ah) c’est un peu vexant de la part d’un vieil ennemi d’antan (ennemi d’avant) les balles viennent s’écraser contre ta glace t’as même pas pris le temps de lui donner une forme (ça méritait pas tant d’effort vu que toi t’en mets pas) devant ta tête ce drôle de mélange flotte tu la laisses tomber cette glace déformée par ces balles purifiées (l’impact l’a même déformé) tu fronces les sourcils (ah il a progressé même fatigué il va être un problème) surtout que toi tu t’es reposée (sur tes lauriers) t’as stagné et si c’était pour son amour (Amorem elle t’aurait exterminée)

Tu souffles un coup tu lèves le bras et agite ses balles encastrées (sous son nez) l’air de dire bon tu descends ou faut que je monte ? enfin tu crois vraiment que j’ai envie de te faire sortir j’ai juste pas envie de faire plus dégâts que nécessaire (ah vraiment) c’est pas grave (j’arrive puisque sortir n’est pas dans tes intentions) moi qui rentre de nouveau c’est qu’une contradiction (supplémentaire) juste dommage pour la tenancière (dégagez) ça sonne plus sec que prévu mais croyez-moi c’est mieux que de finir sous les décombres ça va être l’hécatombe alors (partez loin) autour de moi lévite de la matière noir glacée (on sait jamais) ce qui peut se passer (pas vrai ?) je regarde le plafond et je cherche (une planche plus oppressée comme la trace de tes pieds) des trous dans le bois (c’est vite arrivé)

je me demande c’est donc ça la culpabilité ? une angoisse sourde mais comme enveloppée (dans du coton) comme l’impression (que si je ne fais pas attention) je finirai bouffée je me demande si ça vient de là (cette volonté) de préserver (voilà partez) tout pour éviter de tuer (mais Lena quelle hypocrisie) tu penses vraiment pouvoir te racheter ? prétendre que rien ne s’est passé ? tu ne pourrais jamais te délester du poids de toutes les vies emportées elles resteront sur tes épaules dans ta tête comme  une geôle et maintenant (admire) voilà le monstre que tu as créé au minimum t’as participé (et moi je me délecte) de voir à quel point tu le débectes (ne vois-tu pas ?) la haine dans ces yeux (rien que pour toi)

et tu sais Akira c’est marrant (en fait pas vraiment) ce qui m’étouffe le plus c’est ton vouvoiement (ni la rage ni le venin) c’est la distance d’un pronom  et dans cette situation tu sais bien que ce n’est absolument pas une question (de respect) mais plus la volonté de s’éloigner d’un monstre qui ne possède plus une once d’humanité ((à moins que tu ne le lui aies volée ?) n’est-ce pas hilarant ? sur le chemin de la rédemption vous voilà tous les deux à confronter vos démons) enfin Lena ne comptes tu pas lui répondre ? que t’est-il donc arrivé ? pourquoi les épargnez ? et comment donc pourrais-je t’expliquer ? et dans ton œil il n’y que du dégoût (celui que tu t’inspires) ta place est aux égouts pourtant tu respires (battons-nous) une bonne fois pour toute hein ? (mais moi je ne peux pas mourir ici tu sais) pas maintenant alors (tu vas le tuer ?)

je réponds pas à sa provocation faut que je retrouve ma concentration je peux pas me permettre d’échouer (besoin de prouver que je suis encore dévouée (à la cause) des Noés) mais je peux pas te tuer non plus (ennemi révolu) t’es blessée mais je suis franchement déstabilisée y’a ma glace qui vient recouvrir une partie de mon corps comme des tâches dans le décor (protection supplémentaire) bon sens élémentaire si y’a un bien un truc qui m’a marqué c’est ton côté enragé (tu t’es beaucoup trop rapproché) dans mes mains deux dagues (dans un espace aussi étriqué) bien plus pratique qu’une épée et intérieurement tu grinces des dents la portée de tes pouvoirs te restreint énormément toi qui maintenant (refuses de blesser les gens) tu vois bien de tes yeux qu’il attend (tes sens alertes (trop de paramètres)) et tu demandes (si je fais rien est ce qu’on va rester là ? se regarder et puis voilà ?)