Avec Āvārā Jānavara
À la découverte de l'Inde
L’Inde. Un fort beau pays. Je ne regrettais pas d’être venue. L’ermite m’en parlait de temps en temps, il me disait que si un jour, j’en avais l’occasion ; il faudrait que j’aille le visiter. Evidemment à l’époque cela me paraissait irréel, un rêve impossible qui resterait dans les méandres de mon imagination. Il ne fallait pas espérer ; ça vous tue l’espoir ; c’est fourbe l’espoir, ça te fait croire jusqu’à la fin que ce n’est pas impossible. Et la chute n’en fût que plus douloureuse. Démon démon démon. Meurs. Je secouais la tête. Mauvais souvenir. Quitte à devenir un Noé et à encore partager le peu de place qu’il me restait dans le crâne, autant prendre les avantages qui vont avec. N’est-ce pas ? L’Arche c’est comme même bien pratique. Pas que c'était la première fois que je l'utilisais. Mais je ne pouvais m'empêcher de m'extasier ; comme à chaque fois en fait. Et pouf. J’étais en Inde. Vraiment un fort beau pays.
Je me trouvais dans une ville bien animée vraiment bien animée. Et ça criait et ça courait et ça se battait. Et ça tombait aussi. Mais personne ne faisait attention quand ça tombait. Ou peut-être que personne ne voulait faire attention. Si ça ne se relevait pas tant pis après tout. Tout le monde me regardait avec une pitié non feinte et non dissimulée. Avec mes pieds nus et ma robe déchirée je ne devais pas vraiment passer pour une bourge, ah non vraiment pas. Et ils n'avaient pas vu mon oeil. J'esquissais un mince sourire. Mais bref. Leurs regards me donnaient la nausée. La gerbe. Ils devaient me prendre pour un de ses gamins des rues qui tombent et se relèvent -ou pas. Mais je continuais de marcher, encore et toujours. Et je regardais cette belle ville animée - et grande aussi. Je me délectais du paysage. Magnifique. Vraiment.
Et c’est là qu’elle apparait. Désagréable sensation. Cette sensation gênante que tu ne sais pas à quoi associer, pas encore. Alors je cherchais et je continuais de marcher. Puis soudainement mue par cet instinct –celui qui te prévient d’un danger- je me retournais vivement. Mais rien que les marchands qui hurlaient pour vendre leurs marchandises –eh oui ce sont des marchands. Et les gamins qui te regardaient avec leurs grands yeux du haut de leur perchoir. Enervée, c’était l’état dans lequel je me trouvais, moi qui n’arrivais toujours pas à mettre un mot sur cette maudite, oui je la maudissais, sensation. J’avais bien envie de les arracher ces yeux d’enfant. Mais je ne le ferais pas. L’anachorète m’avait appris qu’on ne blessait pas les gens qui nous ne faisaient pas de mal. Dommage. Rouge rouge rouge et c’est chaud. Mauvais souvenir. Encore. Cette sensation… c’était celle d’être observée.
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