Flocons [PV. Lena]

Les joues rougies par le froid, ton souffle faisant des petits nuages de buée devant toi, tu cours à perdre haleine. Il a neigé pendant la nuit. Des gros flocons sont tombés, recouvrant toute la nature d'un épais manteau blanc. Et tu n'as pas vu de neige depuis si longtemps, qu'une telle découverte a rempli ton petit cœur de joie.

Vous avez bien fait de bouger, avec Crack et Momo. Maintenant que vous êtes plus a nord, vous pouvez profiter d'un climat un peu plus froid et ainsi voir de la neige. Tu glisses et t'étales de tout ton long dans la poudreuse. Mais plus de peur que de mal, tu te relèves presque aussi vite et recommences à courir. Tu es si heureux, Izû. Un bonheur tout simple et pourtant si important pour toi.

Arrivé en dehors du village, tu commences à former une grosse boule de neige. Tu voudrais faire l'un de ces bonhommes de neige, que tu as vus sur ton chemin. Normalement, les enfants les font avec leurs parents – avec leurs Papa – mais toi tu devras te contenter de tes petites forces. Ce qui, en fait, ne te dérange pas tant que ça.

Une quinte de toux te prend en traître, et tu arrêtes ton ouvrage pour essayer de reprendre ton souffle. Mais tu as du mal, et les larmes commencent à te monter aux yeux, alors que ta gorge te brûle et que tes poumons te font souffrir le martyr.

Tu continues de tousser, de t'étouffer. Et doucement, la panique monte en toi. Tu es tout seul, personne ne peut te venir en aide. Et ça te fait peur. Horriblement peur.

Sauf qu'en vérité, tu n'es pas tout seul, Izû. Une jeune femme s'approche doucement de toi et tu lèves tes yeux embués de larmes vers elle. Tu ne sais pas ce qu'elle veut faire. Jusqu'à ce qu'elle le fasse. L'inconnu enlève son écharpe et l'enroule autour de toi. La surprise t'arrête net dans ta toux, avant qu'elle ne recommence. Mais la chaleur de la laine te fait du bien, et peu à peu tu retrouves ton calme.

Tu inspires profondément, savourant le fait de pouvoir respirer de nouveau. Ce n'est pas souvent que tu souffres de quintes pareilles, mais elles sont toutes plus désagréables les unes que les autres. Peu confiant, tu attends encore quelques secondes, pour être sûr que c'est fini.

Puis, à petits pas, tu t'approches de l'inconnue, passes sous ses bras, et l'aides à pousser la boule de neige. Tu ne prononces pas un seul mot. Pourtant, tu pourrais dire des dizaines de choses. À commencer par merci. Mais tu as ce drôle de sentiment que le moindre mot prononcé serait de trop. Alors tu restes silencieux, ce qui en soit ne te dérange pas.

Mais à défaut de la remercier avec des mots, tu la remercies avec un sourire. Un sourire qu'elle peut lire dans tes yeux.

Vous continuez de former cette boule de neige, silencieux. La jeune femme ne parle pas non plus et tu trouves cela rassurant. Il n'y a pas de contre sens ou de sous entendus. Vous vous comprenez seulement avec des gestes et des regards, et c'est ce qu'il y a de plus sincère. En tout cas, c'est ce que tu crois.

Vous avez fini et vous vous stoppez. Mais la jeune inconnue ne te laisse pas partir pour autant. Tu comprends bien vite qu'elle cherche juste à te réchauffer, et l'émotion te sert la gorge. Elle douce et gentille. Mais surtout, elle le fait sans contrepartie. Tu souris doucement, les yeux rivés sur le sol, alors que tes joues deviennent cramoisis. Tu ne sais pas trop comment lui renvoyer la pareille, alors tu ne bouges pas et la laisses faire. Et peu à peu, tu te réchauffes.

Puis l'étrangère bouge et recommences à faire une boule. Tu ne comprends pas pourquoi elle change aussi « vite » d'idée mais ne t'en formalises pas. Au lieu de ça, tu la laisses s'occuper de la tête et cherches des cailloux. C'est un peu plus compliqué que tu ne pensais, et il faut creuser la neige pour ça. Tes mains te brûlent mais ce n'est pas grave. Tu finis par trouver plusieurs de taille convenable et les ramènes. La jeune femme a fini de faire la tête et tu décides de l'aider à la mettre sur le corps. Tu laisses alors tomber les pierres et viens l'aider à porter la boule de neige. Tu n'apportes pas grand chose en vérité, avec tes maigre force, mais tu y mets ta meilleure volonté.

Vous arrivez à mettre la tête du bonhomme de neige sur son corps et tu es fière, Izû. Oui, tu es fière ce que tes maigres forces sont capables. Et tu es fière d'avoir réussi à faire quelque chose d'aussi beau. Alors, sous ton masque, un sourire étire tes lèvres.

Et c'est un sourire semblable au tien que vous dessinez sur le visage enneigé. Et voilà que votre création est plus belle encore. Tu te tournes vers l'inconnue, pour voir ce qu'elle en pense. Est-ce qu'elle aussi aime votre bonhomme ?

C'est au même moment que la jeune femme se tourne vers toi et attrapes tes mains. Gêné, tu essaies un peu de t'en défaire, mais finis par céder. Tu comprends ce qu'elle veut faire et ne peux que lui en être reconnaissante. Son souffle est si chaud – et tes mains si froides – que tu as l'impression qu'il te brûle. Mais tu ne bronches pas, Izû, ce serait malpoli.

Puis d'un geste lent, elle pose vos mains sur son cœur. Tu rougis un peu, Izû, avant de fermer les yeux pour mieux écouter. Pour mieux ressentir. Son cœur bat tout doucement, tout lentement. Alors que si l'on écoutait le tiens, il battrait rapidement, comme un petit oiseau. Un oiseau qui bat des ailes à toute allure, pour ne pas mourir.

Comme après un rêve, tu rouvres les yeux et dégages ta main, délicatement. Tu ne veux pas brusquer l'inconnue. Pas plus que tu ne veux avoir l'air grossier. Tes yeux se posent sur le bonhomme de neige et un sourire triste vient sur ton visage. Maintenant qu'il est fini, vous n'avez plus de raisons de rester ensembles, non ?

C'est alors que te vient une idée. Tu reprends la main de la jeune femme et lui fais signe de te suivre. Pour lui avoir rendu service, le gérant du café t'a promis de t'offrir une boisson la prochaine fois que tu lui rendrais visite. N'est-ce pas le temps parfait pour un chocolat chaud ?

Vous avancez doucement dans la neige. Le silence qui vous entoure ne te gêne pas. Au contraire, c’est reposant. Et puis, tu aimes beaucoup entendre le bruit de vos pas qui font craquer la poudreuse. Comme si vous marchiez sur un drôle de tapis.

Les quelques personnes dehors vous regardent étrangement. Ou plutôt, ils regardent la jeune fille que tu emmènes avec toi. C’est une inconnue ici. Mais ils ne s’en formalisent pas beaucoup et surtout pas longtemps. Alors les regards ne sont jamais très longs ni insistants. Ils sont juste là.

Il vous faut plusieurs minutes pour rejoindre le café mais vous finissez par y arriver. Tu as un peu peur, Izû. Peur que le gérant ait oublié sa promesse. Peur ne pouvoir offrir quelque chose à ta nouvelle amie. Et peur d’attirer des ennuis aux mineurs. Ce serait pire que tout. Alors devant la porte, tu hésites un peu, avant de finalement rentrer.

La chaleur à l’intérieur tranche sévèrement avec le froid hivernal. Tu étouffes presque sous ton masque. Le changement de température brutal te fait un peu tousser mais tu retrouves bien vite ton calme. Il n’y a pas grand monde et tu trouves que c’est mieux. Tu n’aimes pas quand il y a trop de personnes. C’est trop agité, trop bruyant. Et puis les adultes sont méchants parfois.

Tu amènes tout doucement la jeune Inconnue jusqu’une table et pars ensuite en direction du comptoir. Trop petit pour voir correctement, tu dois te mettre sur la pointe des pieds, faisant doucement rire les quelques hommes autour de toi.

“ Oh Izû ! Qu’est-ce que j’peux faire pour toi ?
Je voudrais deux chocolats chauds, s’il vous plaît.
Tout d’suite mon garçon ! ”

Ta toute petite voix tranche beaucoup avec l’enthousiasme du gérant. Mais peu importe. A petits pas, tu retournes t’asseoir face à la jeune femme.

La jeune femme est toujours là, assise à la table. Tu es bien content, tu avais peur qu’elle soit partie loin, qu’elle t’ait laissé tout seul. Mais ce n’est pas le cas, alors un sourire tire de nouveau tes traits.  

Elle se pointe du doigt, et tu la regardes faire, intrigué. Que veut elle te dire ? Est-ce qu’elle a mal quelque part ? Tu t’inquiètes un petit peu, jusqu’à ce qu’elle te parle. Oh bien sûr, tu ne comprends pas un traître mot de ce qu’elle te dit. Mais c’était déjà le cas avec Lucas, ton copain de la forêt. Et vous aviez réussir à vous comprendre, sans parler la même langue. Alors pourquoi ça ne serait pas le cas avec l’Inconnue.

Inconnue qui ne l’est plus vraiment, car elle vient de se présenter. En tout cas, c’est ce que tu as compris. Mais peut être que tu t’es trompé. Ce serait dommage, alors tu préfères lui demander. Tu pointes ton petit doigt sur elle et parles.

« Lena ? »

C’est que quand même, elle a dit beaucoup de mots. Mais celui-là, elle l’a répété deux fois. Et puis c’est joli, alors ça pourrait tout à fait être un prénom.
Tu lui rends la politesse et t’indiques à ton tour du doigts.

« Izû. »

Juste ton prénom, pour ne pas l’induire en erreur. Tu voudrais lui demander ce qu’elle fait là, si loin de son pays. Tu ne connais pas l’Empire Austro-Hongrois, mais tu sais que c’est quand même très loin d’ici. Sauf que tu ne sais pas comment le lui dire. Et même si elle te comprenait, elle ne saurait sûrement pas comment te répondre.

Elle ne te quitte pas des yeux et tu ne sais pas vraiment quoi faire ou quoi dire. Tu n’as pas envie qu’elle parte mais tu peux difficilement lui demander de rester à tes côtés. Et puis, ce ne serait pas poli que de la forcer à rester si elle préfère partir. Alors tu ne sais pas trop quoi faire.

Son regard te met un peu mal à l’aise, peu habitué à être fixé de la sorte. Pensif, tu laisses tes idées vagabonder en même temps que tes yeux. Tu fais tout pour ne pas rester concentré sur le visage de Lena, ne voulait pas la mettre mal à l’aise à son tour.

Et c’est alors que tu comptes les lattes de bois sur le coin du plafond que le gérant vous apporte vos boissons. Il te fait sursauter en posant les tasses de chocolat sur la table. Tu te retournes vers lui et le remercies tout doucement alors que l’Homme s’éloigne déjà.

Les tasses sont brûlantes et de la fumée s’échappe encore, accompagnée d’une odeur alléchante. Une idée te vient alors à l’esprit. Comme la fois passée, avec Lucas, vous pouvez apprendre la langue de l’autre. Alors tu pointes le liquide du doigt et prononces son nom.

« Chocolate quente »

Puis tu l’invites du regard à en faire de même.

Un sourire étire tes lèvres lorsqu’elle prononce le nom du chocolat chaud. Sa façon de parler ta langue est plutôt jolie, surtout avec sa maladresse. Et puis surtout, tu es content, car elle a compris ce que tu voulais faire et où tu voulais en venir. Ce qui n’était pas forcément évident. Alors tu es fier d’avoir réussi à faire ça.

Ton sourire s’évanouit quand elle donne le nom dans sa propre langue. Les bras t’en tombent presque. Qui a pu inventer une langue pareille, avec autant de son bizarres et violents ? Si, jusque-là, tu te moquais de savoir de quel pays la jeune femme venait, la curiosité t’habite grandement. Car tu sais que ce n’est pas un pays voisin du tien. L’Espagne, c’est chantant aussi comme langue. Alors que là, c’est … différent.

Mais tout ça, te quitte un peu, quand elle boit le chocolat et te fait comprendre que c’est bon. Tu es content, ayant l’impression qu’enfin, elle est heureuse. Ou quelque chose qui s’en approche. Comme si elle se livrait un peu à toi. Ce qui est amusant, puisque vous êtes étrangers. Mais c’est ça que tu aimes dans les rencontres. Et puis parfois, ce sont les inconnus qui comprennent le mieux et peuvent être d’une grande aide.

Doucement, tu enlèves ton masque et le poses sur la table. Ici, tu ne devrais pas craindre grand-chose. Et puis, Lena t’a montré son sourire. Alors la moindre des choses, c’est de faire la même chose. Tu te sens un peu tout nu comme ça, mais peu importe. Après avoir bu une gorgée de chocolat – qui est vraiment bon, tu dois le reconnaître – tu fais comme ta compagne et lèves ton pouce.

« Bom »

Puis, une nouvelle idée te vient. Car vraiment, tu veux savoir d’où la gentille Lena peut venir. Alors tu te lèves en vitesse et cours jusque l’aubergiste. Tu lui expliques en quelques mots ton idée et il part fouiller dans son arrière boutique, en riant. Puis, après quelques minutes, il ressort avec un vieux papier. Tu as bien de la chance. A petits pas, tu retournes à ta table et étales la carte devant toi. Tu pointes le Portugal sur la carte.

« Izû. Izû vient d’ici. Lena ? »

Et tu lèves les yeux vers elle.

Elle a besoin de quelques secondes et cette fois-ci, tu as des doutes sur ton idée. C’est déjà un peu plus complexe que simplement vous partager du vocabulaire. Oh bien sûr, si elle ne saisit pas, tu ne lui en voudras pas. A quoi bon ? Mais il est vrai que tu seras sûrement un petit peu triste. L’Etrangère soulève des dizaines d’interrogation dans ton esprit d’enfant et tu voudrais pouvoir leur trouver une réponse à chacune.

Mais heureusement, Lena comprend. Elle pointe son doigt – bien plus propre que le tien – sur la carte, à l’endroit que tu montrais quelques minutes avant et parle. Sa langue est toujours aussi rugueuse, mais tu commences à t’y faire. Qui sait, tu pourrais même l’apprécier d’ici la fin de la journée.

« Lena kommt von hier. Mein Haus ist hier. »

Oh, c’est un peu plus compliqué déjà. Il faut que tu te concentres et que tu cherches les mots que tu connais. Bon, tu ne connais aucun mot. Ou presque. Tout d’abord, tu reconnais Lena. C’est elle, donc. Ensuite, tu reconnais hier. Elle s’en est servie en indiquant le Portugal, pour reprendre ce que tu lui disais. Oui, ça doit être ça. Lena vient donc de ce drôle de pays tout au Nord. L’Empire Austro-Hongrois. Intéressant. Il faudra que tu demandes aux adultes que tu connais tout ce qu’ils savent de ce pays.

« Mein Haus war hier. »

Tes sourcils se froncent et ton visage s’assombrit. Elle a répété sa phrase, à une différence près. Et tu n’as pas besoin de parler Allemand pour comprendre. Quoi que ce soit qui se trouvait là – son foyer, ses parents, sa vie – ça a pris fin. Peut être a-t-elle simplement déménagé. Peut être a-t-elle vécu bien pire.

Tu attrapes sa main et la sers tout doucement, pour lui montrer ton soutien et essayer de lui apporter du réconfort. Tu n’as pas les mots pour lui dire ce que tu voudrais. Qu’elle n’est pas seule en vérité. Que personne n’est jamais seuls. Même toi, tu as fini par trouver une nouvelle famille, qui tient à toi et te protège. Elle finira par trouver sa place, elle aussi. Un sourire chaleureux étire tes lèvres, avant que tu ne commences à parler. Peu importe si elle ne comprend pas. Ce sont parfois des choses qui arrivent.

« Tout ira bien. Il y a plein de maisons et pleins de familles. Lena trouvera la sienne. Comme Izû a trouvé la sienne. »

D’ailleurs, ta famille ne devrait pas tarder à sortir de la mine, tu devrais faire attention à l’heure. Il ne faut pas que tu sois en retard ou ils s’inquièteront.

Malgré tes mots et leur effet – tu vois bien que ça la réconforté un peu – Lena ne va toujours pas bien. Et toi non plus, petit à petit. C’est que tu l’aimes bien, mine de rien. Et ça t’attriste de ne rien pouvoir faire, de ne pas pouvoir la consoler comme il se doit. Si tu parlais sa langue, ou au moins l’anglais, ça irait bien mieux. Mais non, tu en es incapable. Tu ne peux même pas écrire ou lire le Portugais correctement. Alors maîtriser une nouvelle langue ?

Ton amie te regarde, avant de chercher la porte des yeux. Elle le fait plusieurs fois et tu comprends rapidement qu’elle veut sortir mais ne veut pas te quitter. Toi non plus, tu n’as pas envie qu’elle te quitte. Alors au début, tu fais comme si tu n’avais pas vu. Tu ne lâches pas sa main et t’intéresses à la carte. Mais la culpabilité fait comme une boule dans ta gorge et finalement, tu redresses les yeux vers elle. C’était prévu d’avance, non ? Qu’elle devrait te quitter et te laisser tout seul.

Tout doucement, tu retires ta main de la sienne et lui indiques la porte du bout du doigt. Tu essaies de sourire gentiment, mais on peut voir que tu es triste, au fond de tes yeux. Et c’est tout. On ne lit aucune colère, aucune rancœur. Juste la tristesse de dire adieu à une amie.

« Tout va bien. »

En même temps que tu lui parles, tu lèves les pouces en l’être, afin d’être certain qu’elle comprend bien. Tu voudrais lui souhaiter de passer une bonne journée mais tu sens les larmes dans ta gorge. Et ce serait pas top de pleurer. Sinon, elle ne va pas partir.

Elle te parle une dernière fois, sans que tu ne comprennes quoi que ce soit si ce n’est ton prénom. Et pourtant, ces mots tu les gardes précieusement. Tu les ancres dans ta petite mémoire et dans ton cœur, pour ne jamais les oublier. Car sans savoir ce qu’ils veulent dire, ils sont importants. Ce sont les derniers mots prononcés par ton amie, avant qu’elle ne te quitte.

Un sourire aux lèvres, des larmes aux yeux, tu la regardes partir en silence. Oh, tu voudrais la rattraper et lui dire de rester. Elle pourrait venir chez vous et passer la soirée à votre table. Tu es sûrque Momo connaît quelques mots d’Allemand. Tu essaies de t’en convaincre du moins. Et puis, avec vous, elle pourrait avoir une nouvelle famille. Tyki serait ravi de voir que tu t’es faite une amie pareille, tu en es certain.

Mais malgré tout, tu la laisses partir.

Puis tout doucement, plusieurs minutes après qu’elle ait passé la porte, tu enfiles de nouveau ton masque et te diriges vers le comptoir pour payer vos boissons. Et à ton tour, tu quittes l’auberge, en traînant un peu les pieds. L’un des adultes t’interpelle mais tu ne l’entend pas, perdu dans tes petites pensées d’Enfant.

Dehors, tu n’as pas froid. Et c’est seulement à ce moment-là que tu te rends compte que tu as toujours l’écharpe de Lena autour de ton cou. Alors quelques larmes roulent le long de tes joues, en même temps que tu sers la laine contre toi. Tu te promets de la garder précieusement et d’en prendre le plus grand soin. Car c’est tout ce qu’il te reste de la Petite Allemande. Ça, et quelques mots que tu ne comprends pas.