Le tintement des cloches
23h30. Pandélis tenait la lampe à gaz dans une main et ses pas le menaient à travers un petit chemin de terre. Les branches des arbres pendaient sur la route que le garçon empruntait en compagnie d'une petiote de quelques années plus jeune que lui. On les avait envoyé en Grèce – terres natales et chéries par celui qui détenait Creation – et s'il avait le cœur lourd du fait de ne pouvoir rendre visite à ses parents, Caspian contenait sa peine et se concentrait sur cette mystérieuse affaire à faire froid dans le dos aux plus apeurés. Les cloches tintaient lorsque les morts n'étaient pas vraiment morts, mais la cloche près du tombeau d'une femme véritablement sans vie et enterrée ne cessait, soit disant, de retentir tous les soirs à minuit. Qu'en était-il réellement ?
Komui avait alors envoyé Pan et Aesa pour élucider le mystère et dans l'esprit de Pandélis défilaient mille et unes possibilité, mille et unes interrogations. Il était bien décidé à trouver la source de ces tintements de cloches, et sa marche était plutôt assurée ce soir-là. Il avait retroussé le bas de son pantalon pour être plus à l'aise et avait remonté les manches de son haut. La chaleur qui ne faisait que baisser légèrement le soir lui faisait du bien, le replongeait dans une vie qu'il avait fini par délaisser pour partir à la recherche de Lullaby, et ses mirettes se détournèrent vers la jeune fille qui marchait à ses côtés. Ses cheveux blonds et courts brillaient à la lumière de la lampe à gaz que tenait Pandélis dans sa main, et le jeune homme se demanda un instant pourquoi l'avait-on envoyé dans un lieu comme celui-ci à un si jeune âge. Mais n'était-il pas jeune, lui aussi ? N'était-il pas devenu soldat trop tôt ?
A bord du bateau, ils n'avaient pas toujours beaucoup parler mais Pan voulait en apprendre un peu plus sur Aesa. Sans doute serait-ce plus tard, cependant, car à quelques mètres le cimetière se dessinait, lugubre. Pas un bruit, pas encore, et la main libre de l'Exorciste se posa sur le dos de la barrière en bois, son regard se perdant sur le visage de la petiote. « Ca va, pas trop effrayée ? » demanda t-il en souriant, confiant. Il se voulait rassurant, même s'il n'avait probablement été jamais aussi doué que d'autres dans ce domaine. Mais si quelque chose se passait, elle pouvait tout de même être sûre qu'il la protégerait du mieux qu'il le pourrait.