you know more than me what I feel
ça fait quelques fois déjà que ce lieu est devenu ton repaire. Ton recueil, l'endroit où tu vas lorsque tu veux broyer du noir tranquillement. Des soirs où tu veux pouvoir t'apitoyer sur ton sort, sans personne pour te juger, à part l'alcool et ton cher Aslan.
Parce que pour le moment, ta vie n'est qu'un océan dans lequel tu te noies. Tu nages, tu tentes de survivre, du mieux que tu le peux. Mais tu as tout perdu en fuyant Constantinople.
mais as-tu déjà seulement eu quelque chose?
En ces jours, tu as décidé de reprendre ta vie en main. Après 14 ans à être restée enchaînée, tu as fui, tu as fui loin, le plus loin possible de l'endroit qui te gardait prisonnière.
Mais encore une fois, tu te retrouves dépendante d'autres personnes.
Comme d'habitude, tu ne peux te défaire de toutes les ficelles qui te lient tel un pantin. Tu restes spectatrice de ce qu'il t'arrive. Tu n'arrives pas à vivre, tu survis.
C'est ainsi que tu t'es retrouvée accoudée à ce bar, ton chat sur les genoux, à moitié endormi. Un verre d'alcool posé devant toi, tu laisses tes pensées divaguer à ce qu'il peut y avoir de plus triste.
Tu penses à ta soeur, à ton frère, décédés par peine et chagrin. Peut-être que si tu avais pu rester à la maison, tu aurais pu empêcher tout ça. Tu aurais pu les garder en vie. Ta soeur n'avait que 20 ans.... elle avait encore toute la vie devant elle. Elle était si jeune -et surtout si gentille-, comment est-ce que ça a pu arriver?
Comment cette Guerre a-t-elle pu t'atteindre, toi, qui ait simplement osé demander la tranquilité et le bonheur d'une vie simple? Au final, tu te retrouves encore plus embourbée que n'importe qui.
Ton regard tombe parfois vers ton trésor, ton sauveur. Tu saisis entre tes doigts fins et délicats un morceau de pain, pour le glisser vers sa gueule. Il l'accepte avec joie, et ronronne dans ta direction. Il est le seul à te donner ne serait-ce qu'un peu de bonheur, dans cette vie. Le voir s'émoustiller devant n'importe quel détail de la ville, le voir jouer et faire le fier, faire le beau, faire le rigolo.
Le voir te décrocher un sourire attendri.
Tu couches ta tête sur le bar, ta main droite descendant vers l'animal sur tes genoux. Tu sens son pelage sous tes doigts, et tu le caresses. Car le caresser est la seule chose qui te prouve qu'il est encore en vie, et que toi aussi. C'est ce que vous faisiez, à Constantinople. Comme un code entre vous.
Tu te relèves doucement ensuite, pour prendre ton verre d'une autre main, ton corps caché sous ta cape. Tu sais que certains regards sont rivés vers toi. Tu ne passes pas inaperçue. Tu n'es pas d'ici. Et surtout, ta beauté semble en charmer plus d'un. Mais tu ne fais pas attention.
Alors tu bois.
Car tu as des choses à noyer ce soir.
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Merci Blue