[Mission] Retour à l'école [Pv. Gwenaëlle Roussel]

L’Australie. Je ne connais presque rien de ce pays. Est ce qu'il fera chaud ou pas ? Dans le doute, je prends un peu de tout. Voyant la taille de mon sac, je décide de faire l'impasse sur la moitié de ce que j'y ai mis. Tant pis. Au pire, j'aurai froid. J'attrape le dossier qui m'a été transmis et quitte ma chambre. Je fais un détour par le réfectoire où j'attrape en vitesse un croissant et pars en direction de la porte de l'Arche. Sur le chemin, je relis à nouveau l'ordre de mission. C'est atroce. Pourquoi des enfants ? En quoi doivent-ils devenir des cibles ? Qu'apportent-ils à cette guerre ? Je referme le dossier et le glisse dans mon sac.

Voyant Asya, je lui fais un grand signe de main. Je suis contente d'être avec elle. J'ai cru comprendre en lisant le rapport qu'on était dans la même unité. Au moins, je vais pouvoir travailler avec quelqu'un que je connais. Un peu surprise par son accueil, je la câline tout autant.

«  Coucou ! Oui. La dernière fois, c'était pour cette histoire de robot .... »

Je ris en me souvenant de cette aventure. Faut dire que c'était pas banale quand même.

«  Je suis un peu stressée, mais ça va. »

Redevenue sérieuse, je la suis alors qu'elle traverse l'arche, avec beaucoup moins d'assurance cependant. Il va me falloir du temps pour m'y faire. Une fois de l'autre côté, je regarde ébahis le paysage devant moi. C'est magnifique.

«  On devrait peut être chercher la mairie ou quelque chose du genre. À moins qu'on ne commence par interroger la population ? »

Les informations qui nous ont été données étaient déjà complètes. Mais qui sait. Peut être qu'en leur parlant, nous en apprendrons plus.

Ses mots m'attristent un peu plus et me font culpabiliser. Mais je suis qui moi, pour l'agresser comme ça. Penaude, je la suis alors que nous allons à la Mairie. Mais Asya attire mon attention. Oh ? Serait elle également sceptique ? Je lui souris avec gentillesse pour essayer de la rassurer. Si jamais c'est le cas, nous saurons nous défendre. Mais pour autant, je n'oublie pas cette nouvelle information.
Alors que nous avançons direction la Mairie, je suis bousculée par une enfant haut comme trois pommes. La petite tombe à terre, et je peux voir des larmes perler aux coins de ses yeux. Il ne m'en faut pas plus pour m'inquiéter et intervenir.

«  Tu vas bien ? Tu ne t'es pas fait mal ? »

Je l'inspecte sous toutes les coutures et me calme un peu. Il n'a pas l'air d'être blessé. Ce doit juste être son popotin qui lui un peu mal, rien de très grave. Je lui caresse les cheveux en rigolant un peu ;

«  Plus de peur que de mal, n'est ce pas. »

Le petit garçon me rend mon sourire et se relève. D'autres enfants arrivent alors et commencent à le charrier. Même si mon niveau d'anglais est correct, je ne peux comprendre un seul mot de ce qu'ils disent. Ils parlent beaucoup trop vite pour moi.
Alors qu'ils s'apprêtent à repartir, j'en attrape un par la manche et les arrête.

«  On aurait besoin de vous les loulous. Ça vous dirait de nous aider à arrêter un monstre ? »

Leurs yeux s’écarquillent comme je prononce ces mots. Je voudrais avoir leur point de vue sur la question. Et je voudrais pouvoir les garder le plus longtemps avec nous. Après tout, on est là pour les protéger, non ? Alors il vaut mieux les garder à l'oeil.

«  On est là pour attraper celui qui enlève les enfants. Ça vous dit quelque chose ? 

Une ombre d'effroi passe sur leur visages, et les petits partent en courant. Tant pis. Je me redresse, hausse les épaules sans quitter du regarde les petites silhouettes qui tournent au bout de la rue.

HRP:

Nous reprenons notre chemin doucement. C'est quand même dommage pour les enfants. Surtout si on doit les surveiller après. Il va falloir que je me rattrape. Alors que nous passons devant une ruelle, quelqu'un nous siffle. Je me retourne étonnée, m'attendant à trouver un homme ivre qui voudrait nous « complimenter » sur nos tenues. Mais pas du tout. À la place, il y a un petit garçon à la frimousse polissonne. Je croise les bras et l'écoute nous parler, un sourire accroché aux lèvres. C'est qu'il a du cran le petit. Je ne le connais pas, et déjà je m'attache à lui. Il doit faire un sacré compagnon d'aventures.
Asya garde son professionnalisme et lui répond, alors que je m'imaginais déjà en train de grimper aux arbres avec l'enfant. Elle m'impressionne. Elle va devenir mon maître je crois. Comment ils disent déjà. Ah oui, mon senpai. Je ne sais plus où j'ai entendu ce mot, mais je l'ai trouvé amusant.  L'enfant nous toise, pas le moins du monde impressionné.

«  Tu n'as quand même pas l'intention de nous faire payer l'info ? »

Je fronce les sourcils pour me faire plus impressionnante que je ne suis. Je déteste ce genre d'attitude. Mais venant d'un enfant, ce serait étrange tout de même.

«  Ce serait une preuve de couardise plus grande encore que celle de tes amis »

Je m'adosse au mur face à lui et ne baisse pas les yeux face à la mine de voyou du gamin. Décidément, je l'aime de plus en plus.

Le petit bout ne lâche pas l'affaire. Très bien, il est hors de question que je fasse de même. Il nous parle, nous met face à notre condition, et nous interroge. Il semblerait qu'on soit obligées de lui répondre. Mais on est censées garder l'Ordre secret, non ? Je sais pas trop en réalité. C'est la première fois que je me retrouve dans un situation pareille. J'observe chacune de ses mimiques, et je palis en voyant ses bras. Qui a bien pu lui faire des marques pareilles ? Les autres enfants ? Ou … je remarque qu'Asya aussi a vu les bleus, mais elle ne semble pas enclin à lui en parler. J'imagine que ce sera à moi de mettre les pieds dans le plat.
Alors que je cherche comment formuler une réponse au petit, une qui ne dirait pas tout, Asya se charge de le faire. J'écarquille les yeux face à son explication. C'est ça oui. Décidément, la russe me dépasse sur beaucoup de choses.

Je croise les bras et les jambes et m'adresse au gamin. Aucune animosité dans la voix, je mets juste en avant une évidence.

«  Maintenant qu'on a répondu, tu nous aides ? »

Je lui souris avec douceur. Je ne doute pas qu'il nous aidera, mais le plus vite serait le mieux. Des enfants sont en danger. Il est en danger. Surtout s'il en sait plus que les autres. Je devrais demander à Asya si on peut le garder avec nous, au cas où …

«  Désolée si la question est intrusive, mais je me sens obligée de la poser. Tes marques sur les bras... »

Je les pointe du doigt et grimace durant quelques secondes. Un enfant ne devrait avoir ce genre de bleus que sur les genoux, a force de tomber en jouant.

«  Elles sont liées aux monstres ? Ou à ce que tu sais sur eux ? »

Je me redresse lorsqu'il nous parle. Je savais que je mettais les pieds dans le plat en lui posant cette question, mais ce n'était pas par curiosité. Je suis vraiment inquiète pour l'enfant. Il va falloir que je fasse attention. Je n'a pas envie qu'une parole déplacée mette en péril la mission. Il faut que je reste concentrée. Je suis ici pour arrêter ces monstres, quelque soit la méthode utilisée.
Je hoche la tête lorsque la russe parle, avant de mettre les mains devant moi – pour bien montrer que je ne croise pas les doigts – et de m'adresser au petit garçon à mon tour.

«  Et plus de questions, c'est promis ! »

Je lui souris, essayant – sûrement en vain – de me faire pardonner.
Un bruit aux alentours me fait lever la tête, mais ce n'est qu'un chien. Je me demande si la Maire est bien rentrée dans sa Mairie ou pas. C'est qu'Asya ne lui faisait pas vraiment confiance. Alors il ne faudrait pas qu'elle nous écoute. Mais il semblerait que personne ne soit à nos côtés. Juste nous trois.
L'enfant se met en route, et nous le suivons. Je m'approche de mon amie et essaie de me faire la plus discrète possible, ce qui pour une fois devrait être efficace.

« Je sais pas toi, mais je suis pas rassurée pour l'enfant. Je … Tu penses qu'on ne devrait pas le garder avec nous ce soir ? »

Après tout, s'il sait quelque chose. Et que quelqu'un sait qu'il sait quelque chose. Et que ce même quelqu'un sait qu'il nous a dit ce quelque chose, alors l'enfant court un danger. Je remonte mon arc sur mon épaule, et le petit bout d'homme devant nous.