Je me suis perdu. Encore un fois. Pourtant cette ville n'est pas très grande. D'ailleurs, quel en est le nom déjà ? Mexico. Très original quand on sait que le pays s'appelle Mexique. Je laisse ce détail de côté et me concentre sur mon chemin. De toute façon, ce ne va pas être très compliqué de trouver ma cible. Il suffit de suivre les petites rues pour peu à peu tomber sur les quartiers mal famés. C'est ici que je vais le trouver. Je crois qu'il se nomme Miguel. En fait, je crois que tout le monde ici se nomme Miguel. Et l'idée même de parler à tout le monde pour le trouver m'irrite. Mais ce qui m'irrite plus encore, c'est la proximité entre ce nom et celui de mon frère. C'est puéril, mais c'est plus fort que moi. Michael. Je n'y avais pas repensé depuis cet étrange rêve.
J'ai fait mon deuil, enfin. Mais je refuse pour autant de laisser tomber mes recherches. Les hommes qui ont causé ma mort et, par extension, celle de mon frère vont payer et souffrir. Mais ce n'est pas pour cela que je suis ici aujourd'hui. Je suis ici sur ordre du Comte. Et même si cela m’énerve, je n'ai pas le choix. Je suis son petit soldat, son pion, alors je fais ce qu'il m'ordonne. Je dois retrouver un akuma niveau un et le ramener à l'Arche. J'ai vaguement cru comprendre qu'il y aurait une innocence dans les parages et que si je peux faire quelques repérages, ce serait une bonne idée, mais je ne suis pas certain. A vrai dire, je n'écoutais déjà plus. La voix du Prince m'insupporte. Cet homme m'insupporte. En vérité, tout m'insupporte. Si ce rêve et cette jolie jeune femme m'ont permis de me débarrasser du poids qu'était ma culpabilité, je n'en ai pas changé pour autant. Et c'est bien mieux ainsi. De quoi aurais-je eu l'air si j'étais devenu une personne chargée d'amour. Je souris à cette idée. Enfin, sourire est un grand mot. Disons que mes lèvres ont un léger tressaillement avant de reprendre leur moue habituelle.
Je continue de marcher, sans regarder où je vais. Les gens m'évitent. Peu m'importe ce qu'ils pensent de moi. S'ils savaient la vérité, ils feraient bien plus que m'éviter. Et puis, il suffit de regarder à droite et à gauche pour voir des prostituées et des enfants des rues. Ce serait déplacé s'ils osaient me faire une remarque. J'arrive dans le quartier. Il va donc falloir que je parle maintenant. J'en ai pas envie. Et puis, je ne parle pas espagnole. Sans parler de mon accent anglais. Par chance, je n'ai pas besoin de faire entendre ma voix. L'akuma est là, assis par terre. Je le reconnais au premier coup d’œil. Il a le regard vide, sans âme. Il ne fait rien. Ne ressens pas l'ennuie. Ce n'est qu'une machine sans conscience. Il faut attendre d'évoluer pour pouvoir espérer un tel privilège. Mais ce n'est pas pour autant qu'on arrête d'être un monstre. Il suffit de me voir pour le savoir. Je le prends par le bras et l'emmène un peu plus loin, à l’abri des regards. Là, je lis la phrase que m'a écrite un akuma espagnole.
« Necesito que venga conmigo a unirse a nuestro maestro. »*
Je suis persuadé que cette phrase ne veut rien dire. Et savoir que j'ai l'air ridicule m'énerve un peu plus. L'homme ne réagit pas. Je le prends par le bras et l'emmène avec moi. Finalement, je le lâche et vérifie qu'il continue de me suivre. Regardant en arrière, je bouscule un homme. Je hoche la tête pour lui faire comprendre que je suis désolé. Ou du moins, pour lui faire croire une telle chose. Puis je continue mon chemin. Pourtant, quelque chose me dérange. Ses cheveux étaient blancs. Or, tout le monde ici a les cheveux d'un noir profond. Bah, peu importe.
Mon compagnon ne me suit plus. Je lâche un juron et pars une nouvelle fois à sa recherche. Pourvu qu'il n'ait pas fait de bêtises, je n'ai absolument pas envie de devoir nettoyer derrière lui. Je finis par le retrouver, au milieu d'une mare de sang. Sérieusement. Je l'ai laissé moins de cinq minutes tout seul. Il m'énerve. Il me fixe, comme s'il ne se rendait pas compte de ce qu'il venait de faire. Il m'énerve. Je me moque des vies qu'il vient de prendre. Mais il nous met en danger. Et si je me fous de sa vie, ce n'est pas la même chose pour la mienne. Il m'énerve. Les passants nous jettent des coups d’œil. Heureusement, ce ne doit pas être inhabituel ici de voir des gens couverts de sang.
Mon bras part tout seul, je lui prends la tête et l’explose sur le mur. Laissant une traînée. Je me sens mieux. Je devais le ramener à l'Arche. Tant pis. Rien ne m'empêche de tuer une ou deux personne pour plonger leur proches dans le désespoir, créant de nouveaux akumas et remplacer celui ci. Je me frotte les mains sur la chemise de l'un des cadavres et remets mes cheveux en place. Lorsque je relève les yeux, l'homme aux cheveux blancs me fixent. C'est bien ce que je pensais, il n'est pas de la région. Je devrais le tuer, mais hésite. Se peut-il qu'il soit un exorciste ? Il n'y a qu'un moyen de le savoir. Je sors ma dague de son étui et me dirige vers lui. Je n'ai qu'un seul but, sa trachée.
* Il faut que tu viennes avec moi pour rejoindre notre maître.
- aesthetic:
- Merci Edith
- never forget:
Bonnie t'es la best jtm