Une nuit au Musée o Lavi

Un Parchemin des légendes Arthuriennes.
C'est ça.
Que le prospectus avance.
Pour cette mise aux enchères.
La pièce maîtresse.
Et c'est ça.
Qui t'a fait te déplacer.
Un parchemin vieux de plusieurs siècles.
Parlant d'une légende incroyable.
De dragons et d'épées.
De Roi et de Graal.
Ah, forcément.
Que tu vas jamais.
Louper une chance pareille.
Tu veux le voir de tes yeux.
Tu veux le toucher de tes mains.
Et surtout.
Tu veux l'ajouter à ta collection.
Repartir avec.
Ce parchemin, il t'appelle.
Ce parchemin.
Il est à toi.
Alors voilà.
T'as fait des pieds et des mains.
T'as supplié.
T'as promis quelques services.
En échange.
De ta présence ici.
T'es exorciste, maintenant.
Paraît que tes déplacements sont plus aussi libres qu'avant.
Enfin, même si on avait refusé ta demande.
T'y serais quand même allé.
Peu importe les conséquences.
Alors autant.
Que ce soit accepté.
Enfin, il y a tout de même.
Un autre problème.
Qui se met entre ton précieux calice et ta cupidité.
Ce parchemin, il est mis aux enchères.
Au plus offrant.
Au profit d'une œuvre caritative, paraît-il.
Sauf que toi.
T'as pas un rond.
T'es fauché comme les blés.
Parce que les exorcistes sont pas payés.
Une honte, vraiment.
Enfin.
Tu comptes certainement pas l'acheter.
Ou plutôt disons.
Que tu peux pas l'acheter.
Mais, bon.
C'est pas ça qui va t'arrêter.
Ce parchemin.
Il sera à toi, par tous les moyens.
Ce parchemin.
Il y a pas moyen.
Tu vas le voler.
Alors voilà.
T'es dans le public.
Tu fixes les curieux autour de toi.
T'essaies de trouver du regard.
Ceux qui risquent d'essayer de l'acheter.
Dans leur rêve.
Ce parchemin.
Il est à toi.
Vraiment.
Ah mais.
Voilà que.
Le parchemin risque de t'apporter plus que prévu.
Dans la foule.
Il y a une tête.
Qui ressemble à un nom.
Classé dans un dossier.
Oh, imagine.
Si tu pouvais rentrer.
Avec le parchemin.
Et un de ces crétins.
Tu serais récompensé, c'est sûr.
Tu pourrais demander, à avoir ta propre unité.
À être, toi aussi.
Maréchale.
Et tu pourrais.
Emmerder Richards.
À rôles égaux.
Ah, vraiment.
Cette journée.
À l'air aussi riche que ce gros lard à monocle.
Voyons par contre.
Dans quel ordre tu attaques.
Déjà.
Le parchemin.
Et quand il sera en sécurité à tes côtés.
L'exorciste en fuite.
À toi, les récompenses.
À toi, les coulisses.
Tu lances ton golem à sa poursuite.
Il doit rester discret.
Le suivre de loin.
C'est ce que tu lui as dit.
Juste, pas le perdre de vue.
Et en attendant.
Toi, tu te glisses dans un couloir.
Il y a bien ce panneau.
Qui dit.
Entrée réservée au personnel.
À peu de chose près.
Ça tombe bien.
C'est une affaire personnelle.
C'est ton butin.

Alors bon.
Bien sûr.
Faut dire.
Tout s’est pas.
Exactement.
Passé comme prévu.
Tu sais pas trop ce que t’avais prévu.
En fait.
T’espérais presque que ce foutu parchemin.
Il te tombe directement dans la poche presque.
Genre.
Qu’il soit pas tellement.
Pas du tout.
Surveillé.
Un instant d’inattention.
Par exemple.
Pour qu’il termine au fin fond de ton sac à malices.
Seulement voilà.
Tu sais mieux que personne.
Comment ce genre de trésor a de la valeur.
Alors, bon.
T’es pas forcément surprise.
Quand tu te rends compte que les couloirs sont très empruntés.
Que le parchemin est très surveillé.
Et tout autant protégé.
Et si t’es une exploratrice confirmée.
T’es pas une voleuse d’excellence, ça non.
Alors, bon.
T’as un seum monumental, quand ça se termine mal.
Mais t’es pas étonnée, quand on te raccompagne dans le hall.
Tu prétextes t'être égarée.
Avoir cherché les toilettes.
Pas avoir fait attention au panneau que t’as ignoré.
Et voilà.
C’est réglé.
T’es sortie.
Mais sans ton précieux artefact.
Par contre.
Faut avouer.
T’es parfaitement surprise.
Quand ton petit golem sans personnalité.
Revient vers toi, presque avec l’air paniqué.
Il t’indique une direction.
Vite vite, qu’il a l’air de dire en volant partout comme un fou.
Et ça finit par connecter dans ta tête.
Ta cible est plus là.
Lui non plus n’est pas resté pour rien.
Alors voilà.
Maintenant, t’as un choix à faire.
Rester pour le parchemin.
Tenter quelque chose de parfaitement hypothétique.
Ou.
Te lancer à la poursuite du traître.
Le ramener par la peau du cou.
Et avoir enfin ton nom sur la porte d’un bureau.
Banco.
Ton choix est fait.
T’as toujours le seum.
T’es toujours très déçue.
Mais la perspective d’une évolution significative dans l’entreprise.
Ça te fait miroiter un peu.
Tout comme.
Foutre le seum à Richards.
Et le tiens, ma foi.
Tu le reporteras.
Sur l’objet de ta traque.
Alors, bon, voilà.
Tu pars dans la direction qu’indique ton golem.
T’en profites pour faire une petite demande de renfort.
Sait-on jamais.
Si quelqu’un est dans le coin.
Enfin, faut pas rêver.
Tu t’attribueras tout le succès.
Mais bon.
Si tu peux avoir une petite main-d'œuvre pas trop pénible.
Tu vas pas te plaindre.
Ah, voilà.
T’as un peu pressé le pas.
Et tu le vois enfin.
Accompagné.
Ah, tiens.
Intéressant.
T’as presque envie d’attendre.
De voir ce qu’il se passe.
De voir ce qu’ils font.
Ce qu’aujourd’hui réserve.
Mais attends.
C’est pas vraiment ton genre.
Ton genre c’est plutôt.
La réussite.
Alors voilà.
T’interpelles en plein milieu de la rue.
Et t’espères bien.
Que bientôt.
Tu seras pas seule contre eux.
Mais en attendant.
Ah ça, t’es pas du genre à abandonner quand tu veux quelque chose.
Et là.
Tu veux ta promotion.

« Hé ! » t'appelles un peu plus fort, histoire d’être sûre qu’il t’entende bien, le rouquin. « Tu fais partie des traîtres, non ? » simple confirmation. T’en es presque sûre. Presque. À environ quatre-vingt-cinq pourcent. « Ça te dit pas de rentrer ? J’te montre le chemin, si tu veux ! »

Franchement.
T’es super gentille.
Et serviable.
Aucune raison de refuser.

Ah !
On dirait bien.
Que t’as plutôt réussi ton entrée en scène.
Bien joué.
Le fuyard a l’air surpris.
Normal.
Il s’attendait sûrement pas à tomber sur quelqu'un d’aussi célèbre que toi.
Douée.
Professionnelle.
Et humble par-dessus tout.
T’es même prête à lui faire une sacrée proposition.
Bien sympa.
Quelle bontée, vraiment.
Pourtant, le voilà qui semble contrarié.
Par ta présence ou ta notoriété, va savoir.
En tout cas.
Tu te dis que t’aimerais bien, un jour.
Que ce sentiment soit accompagné de crainte.
Ou de respect.
Genre, comme si.
Tu pesais dans le game, quoi.
Comme si, t’avais vraiment mérité le manteau des plus grands.
Ah, vraiment.
T’aimerais bien.
Que son sentiment soit accompagné de ton nom.
Mais pour le moment.
Eh, bah.
Pour le moment, c’est le manque de respect total.
Ça t'étonne pas vraiment.
Il allait, bien sûr, pas te faciliter le travail.
C’est souvent comme ça.
Les mecs, faut leur courir après.
C’est chiant.
Pour ça que toi, t’as laissé tomber.
Alors c’est en soupirant, levant les yeux au ciel.
Que tu l’écoutes te donner tort.
Dire que tu t’es trompé, c’est pas la bonne personne.
Bah tiens.
Comme si t’étais débile en plus.
T’aurais au moins aimé, qu’il t’épargne ça.
Mais bon, ça te convainc encore plus.
Le ramener va peser dans ta notoriété.

« Sois sympa, épargne-moi ton baratin. » Tu souffles bruyamment. Embêtée. Tu poses tes poings sur tes hanches. Contrariée. « On sait tous les deux que j’ai raison et on sait tous les deux que t’es pas là où tu devrais être. »

Oui, voilà.
Il devrait être bien gentiment à la Congrégation.
À choper des missions.
En portant le même uniforme que toi.
Ouais, le même.
Le prochain qui brille.
Il est pour toi.
Faut pas déconner.
Donc puisqu'il le sait autant que toi.
Tu lui proposes de le ramener là où il devrait se trouver.
Franchement, sympa.
Altruiste, même.
T'aimerais bien que ce soit ajouté dans ton CV.
Ou que ça alimente les bruits de couloir.
Ou les deux.
Mais puisque bien sûr, il s’entête un peu trop.
Le voilà qui te répond.
Que c’est gentil.
Mais que les oiseaux doivent quitter le nid.
Oh, bah.
Voilà qui est plutôt amusant.
Et ça te décroche un grand sourire.
Le voilà donc.
En crise d’adolescence contre l’autorité.
À te parler comme si t’étais sa daronne.
Allons, laisse-le donc prendre son envol !
Trouver un travail seul et quitter le foyer !
La bonne blague !
T’aurais presque ri.
Si tu l’avais pas vu allonger un étrange maillet.
Ah.
Alors la voilà.
Son Innocence.
Meh, même si ça t’a coûté un bras.
Tu trouves quand même la tienne plus stylée.
Enfin, c’est pas vraiment le propos.
Parce que là, ils sont en train de filer.
Oh, oui.
Ils.
Parce que t’as bien remarqué.
Le blondinet qui l’accompagne.
L’air désespéré.
Ou effrayé.
Tu sais pas trop.
Mais c’est pas ça qui va t’arrêter.

« Oh, non ! Ça se fait pas de planter ses collègues comme ça ! Attendez-moi ! »

T’es sans doute inconsciente.
Faut dire, le danger, ça te fait pas peur.
Sans doute, qu’avec son niveau.
Il pourrait te dégommer en trois secondes.
Que la fuite, c’est un peu un cadeau qu’il te fait.
Mais toi, tu la veux ta promotion.
Et ça, ça ferait bien dans ta réunion avec les grands de la cour de récré.
Donc c’est un peu obstinée.
Et un brin stupidement.
Que tu cours.
Et que toi aussi, tu t’accroches au maillet.
S’ils partent, ça sera pas sans toi.

Soyons honnêtes.
T’es pas peu fière.
Ils ont tenté de courir, les lapins.
De s’enfuir se cacher dans le terrier.
Mais toi.
T’es un fin limier.
Et tu les as arrêtés.
Bon ok.
Soyons honnêtes.
Juste un peu plus.
C’est peut-être pas tout à fait ça.
Disons que t’as pas vraiment réfléchi.
Que tu voulais pas perdre cette belle promotion dont tu rêves.
Que t’as bien failli glisser au moins deux fois pendant ce trajet horrible.
Et que maintenant.
T’as bien envie de vomir.
Mais ça y est.
T’as les pieds sur le sol.
Dieu merci.
Et le lapin fuyard a eu la bonté de tout faire sans secousse.
Tant mieux.
T’es pas certaine que t’aurais pas sali un peu la carrosserie si ça avait pas été le cas.
D’ailleurs.
Il a choisi un joli petit parc.
Et pendant qu’autour de vous, ça court se cacher.
Toi.
Tu prends une grande inspiration.
Voilà.
Ça va passer.
Juste quelques secondes.
Quelle idée, vraiment.
D’utiliser un truc pareil pour se déplacer.
D’ailleurs.
Le voilà qui reprend sa forme initiale.
Tant mieux.
Ça sera plus simple à désarmer.
Enfin.
Si t’as la moindre chance.
Mine de rien.
T'as beau fanfaronner.
T'espères que les renforts vont pas trop tarder.
En plus.
Ils sauront sûrement où vous trouver.
Vu comment il semble pas vouloir se faire discret.
Tu comprends pas vraiment, d’ailleurs.
Le voilà qui t’accuse de semer la panique en ville.
Euh ?
Non, attends.
C'est pas tout.
Il te dit que tu veux sauver le monde en le détruisant.
Ouais.
Non mais attends.
Y a quiproquo là.
Toi, tu veux pas ça.
Tu veux juste la promotion.
Pour choisir tes missions.
Et avoir l’excuse parfaite de retourner en exploration.
Qu'est-ce qu’il te parle de civils et de compatibles.
Il s’est cogné ou c’est comment ?

« Attends, t’es culotté quand même ! C’est qui qui sème la panique, là ? C’est qui qui s’amuse avec son maillet géant ? C’est pas moi, j'suis désolée. » Non mais alors. Les grandes accusations. Les grands mots. Mais toi. T'as clairement rien fait. « Et j’sais pas c’est quoi ces histoires de sauver le monde, détruire le monde, blablabla… J'pense tu fais erreur, hein. Moi c’que j’veux, c’est juste être promu, toi vois ? Et si j’te ramène, ça fera sans doute très bien sur mon CV, tu comprends ? Alors, t’es ok ? »

C'est quand même.
Super gentiment demandé.
Faut l’avouer.
Mais t’es quand même pas certaine.
De le convaincre avec ça.
Soyons clair.
En face de toi.
C’est pas un novice.
Des mois qu'il file entre les pattes de Central.
Plusieurs batailles à son actif.
T’as quasiment aucune chance.
Bon ok.
T’as aucune chance.
Mais.
Si tu le convaincs.
Ça peut peut-être le faire.
Alors là.
C’est ton moment.
Faut tout donner.

« Franchement, t’inquiète, j’ferais en sorte que ça se passe bien. J’pourrais dire que tu t’es repenti ou quelque chose comme ça, que tu regrettes, que tu veux revenir, tout ça. Promis, j’argumenterai en ta faveur. Ça se passera bien ! »

Si avec ça il est pas ok.
Tu sais plus trop quoi dire.
En plus.
Toi, ça t’efface la victoire magnifique d’une bataille épique à raconter.
Mais bon.
Tu préfères que ce soit comme ça, quand même.
Sauf que.
Ça a pas l’air d’avoir trop bien marché.
Le gars a l’air prêt à se défendre.
Pire.
À se battre.
Merde.
Le voilà qui ordonne à l’autre lapin de s’enfuir.
Pendant qu’il te met en garde.
Pars.
C’est pas aujourd'hui qu’il va rentrer.
Oh, vraiment.
T’es déçue.
Frustrée, même.
Mais ça, c’est le problème avec les gens trop jeunes.
Ils savent pas trop respecter les aînés.
Et pensent qu’ils inventent des choses qui ont jamais été testées.
Pitié, il croit quand même pas être le premier à avoir cette idée.
À fuir comme ça.
Si on en parle pas.
C'est certainement pas parce qu’ils ont réussi.
Réfléchis.

« Non mais, j'comprends. C’est typique d’une crise d’ado ! Se rebeller contre l’autorité, tout ça. Mais t’as assez joué, tu crois pas ? Y a papa et maman qui t’attendent et moi, ma promotion donc tu vois, ça colle ! On peut même aller chercher ton copain ensemble, si tu veux ! »

Dernière négociation.
S’il veut pas.
Tu vas être obligé de te battre.
Et ça clairement.
T’as pas du tout envie.
Mais tu veux pas non plus.
Laisser l’autre s'enfuir.
Deux pour le prix d’un.
Ça déchire.
Alors à côté de toi.
Il y a bien ton golem qui vole.
Il a déjà averti.
Mais il peut encore être utile.

« Suis l’autre. »

Et le voilà qui s’envole.
Pour essayer de rejoindre le fuyard.
Et toi.
Tu lèves un peu ton bras.
Juste assez pour l’activer rapidement.
Si jamais.
Oh non.
T’as pas envie qu’il refuse.

Bah.
Tu comprends pas trop.
Sa réaction, je veux dire.
En fait.
Tu comprends pas.
Qu’il comprenne pas.
Quand tu lui expliques le pourquoi.
La jolie ligne sur ton CV.
Il a l’air complètement paumé.
Au point de te demander.
Si c’est une nouvelle stratégie.
Bah ?
Non ?
C’est évident, enfin.
Pour le coup.
T’es parfaitement honnête.
Vous pourriez trouver un arrangement.
Ça doit être chiant.
D’être en fuite comme ça, tout le temps.
Donc franchement, ce que tu proposes.
C’est quand même bien sympa.
Pas du tout ridicule comme il peut le dire.

« Bah non, c’pas une stratégie. »

Enfin, si t’en avais une.
Ça se saurait quand même.
Ta seule ligne de défense, là.
C’est les renforts que t’as appelés.
Et t’es même pas sûre qu’ils viennent.
Encore moins dans combien de temps.
Faut dire, t’es venue ici sans être en mission.
Alors bon, le temps que ça bouge pour te rejoindre.
Bon, ça s’annonce mal.
En plus de ça, ton golem court après le deuxième lapin.
Donc s’ils localisaient le bail.
Ce serait pas vers toi qu’on se dirigerait.
Donc bon, ta stratégie.
Elle est inexistante.
Tu comptes juste sur des possibles renforts pour choper le lapin.
Et que lui se laisse convaincre de rentrer, main dans la main.
Du coup, t’essaies.
T’en remets une couche.
Tu lui promets des trucs que t’as même pas envie de tenir.
Mais bon.
Sait-on jamais !
Enfin.
Non.
Pas fou, ça convainc pas du tout.
Mince, loupé.
Pas de chance.
Il est totalement ironique quand il dit qu’encore un peu et il te suivrait les yeux fermés.
Roh, faut pas le prendre comme ça.
T’essaies juste d’être sympa et d’éviter un combat.
Surtout pour toi.
Avec ton expérience frôlant le zéro.
Ça risque d’être bien compliqué tout ça.
Bon allez !
Tu baisses pas les bras.
Deuxième essai.
Il a bien dit “presque”.
Donc peut-être que si t’insistes juste un petit peu…
Eeeeet.
Non, vraiment pas.
Pire que tout.
On dirait qu’il l’a mal pris.
Oh, pitié.
Encore un qui est en sucre.
Et qui se vexe au moindre mot de travers.
Tu lèves les yeux au ciel et tu soupires.
Pendant qu’il a l’air de s’énerver un peu trop.
Il te parle d’argent de poche et de promotion en chocolat.
Ah.
Réplique, zéro.
Tristounet un peu tout ça.
Ça te fait même hausser les épaules.
S’il le prend comme ça, hein.
Je rappelle : t’as juste voulu être sympa.

« Bah écoute, c’est quand même des expressions de môme ça donc bon… » T’as vraiment cru que c'en était un en crise. Legit, non ? « Bref ! » Tu tapes de tes mains en signe d’encouragement. T’as pas perdu l’envie d’insister. Vraiment. Trop sympa ! Où est ta vraie médaille pour ça ? « On en discute, si tu veux ? Les bastons, tout ça, c’est pas mon truc, hein. »

Sauf que.
Non, c’est pas la tendance.
Le voilà qui donne des instructions au deuxième lapin avec son golem.
Oh, donc.
Il en a un aussi.
Tiens, tiens.
Et le voilà ensuite qui brandit son arme.
Oh, pitié.
Les enfants et leurs caprices.
C’est tellement chiant.
À ça de se rouler par terre.
Parce que ok.
T’as dit que les combats, c'est pas ton truc.
Que tu préfères discuter.
Mais tu vas quand même pas te faire rouler dessus sans rien dire.
Faut pas déconner.
Alors s’il le prend comme ça.
Peut-être qu’essayer de l’intimider peut faire le taff.

« Rauru, activation ! »

Allez, allez.
On va quand même pas se battre, mon grand !
En plus.
Ton innocence.
Elle est quand même plus efficace contre des vrais méchants.
Pas contre d’autres innocences.
Donc autant le dire.
T’es dans la merde.
Encore plus maintenant.
Qu’il décide de t’envoyer les pavés de la rue en pleine gueule.
Ah !
Alors ça.
Tu l’avais pas vu venir.
Un peu tard.
T’as pas vraiment le choix et pas vraiment d’autre solution.
Tu places ton bras devant ton visage.
Au moins pour te protéger.
Il est indestructible.
Mais toi.
T’es pas infaillible.
Et voilà que tu perds même l'équilibre, tombant au sol.
Bah tiens, super.
Tu te redresses et craches un peu de terre.
T’en as même dans la bouche, tiens.
Dégueu.
Et l’autre qui perd pas de temps.
Déjà prêt à enchaîner sa deuxième attaque.
Si tu fais rien, il va te démonter en trois minutes.
Fais chier.
Faut te ressaisir là.
T’as pas vraiment le choix.

« Mαλάκας* ! C’est pas cool, franchement ! » Mais bon. S’il le prend comme ça, hein. Tu vas quand même pas rien dire pour lui faire plaisir. Tu le pointes du doigt avec Rauru -bang bang , dans les dents- et tu murmures. « Éruption solaire. »

Il va faire chaud, mon grand.
T’en profites pour te relever vite fait.
Espérant qu’il profite pas de l’instant de flottement.
Et.

« Ceinture de Kuiper. »

À moins que.
Pas si chaud que ça.
Et t’espères pendant un moment.
Qu'il pense avoir chaud à cause de la glace qui s’installe.
Qu’il fasse pas un mauvais lien.
Et maintenant.
Il te reste plus qu’à gagner du temps.
Ça va être compliqué.
T’as presque déjà grillé toutes tes cartes.
Mais la température chute.
Ça va peut-être calmer cette tête brûlée.

*Mαλάκας : se prononce "malaka". c'est une insulte ptdrrrr je traduis pas dsl

Putain.
C’est bien ta vaine.
L’ado en crise.
Tu l’as vexé à le traiter de gosse.
Enfin, c’est pas ta faute.
C’est juste la réalité.
Mais voilà.
Emo phase.
T’es pas sa mère.
T’es pas l’autorité.
Et il va aller bouder.
Après avoir claqué la porte de sa chambre.
Merde, hein.
T’as claqué tes deux seules cartes.
Faut dire.
T’as un niveau franchement pas ouf.
Surtout face à lui.
T’as aucune chance.
Alors tu comptes sur les renforts.
Gagner du temps.
Et s’ils ne viennent pas ici.
Au moins.
Ils auront peut-être l’autre petit lapin blanc.
Quelle différence sur ton CV.
Si tu l’as ramené.
Ou si t’as aidé à le ramener.
C’est minime, quand on y pense.
Et puis.
Tu tiens quand même à ta vie.
T’es pas suffisamment folle.
Pour l’attaquer en frontal.
Et te prendre un retour dans la gueule.
Gagner du temps.
C’est totalement ton plan.
Espérons maintenant.
Qu’il te file pas entre les mains.
Tel un petit poisson glissant.
Vivant dans l’eau.
Comme celle qu’il vient de faire apparaître.
Γαμώτο* !
Trop tard pour l’éviter.
Trop tard pour espérer qu’elle gèle sur place grâce au froid.
Trop dense.
Pas assez de temps.
La vague t’emporte plus loin.
Comme un raz de marée.
Tu sais pas c’est quoi le pire.
Entre la tasse que tu viens d’avaler.
Tes poumons que t’es en train de recracher.
Ton uniforme trempé.
Ton crâne qui a fini par stopper ta course dans un lampadaire plus loin.
Ou la commotion cérébrale qui te donne l’impression que c’est pas tes poumons que tu craches mais ton cerveau.
Ah bah.
Super ça.
Limite, il t’a presque one shot avec juste une tasse d’eau.
Et ça te fout une rage monstre.
Putain.
Si t’avais le même niveau que lui.
Tu l’aurais fumé pour ça.
Mais voilà.
C’est pas le cas.
Et là.
T’es dans la merde.
Tu sais pas trop quoi faire.
T’espères un peu.
Que le gel aura raison de l’eau qui l’entoure toujours.
Que la combustion le forcera à baisser les armes.
Que les renforts vont se pointer.
Mais en attendant que tout ça se mette en place.
Faut gagner du temps.
Alors.
Tu te relèves difficilement.
Tu craches un peu.
De l’eau.
Du sang.
Tu sais pas trop.
Lui, c’est ton pied qu’il va bouffer.
T’as envie de le jurer.
Mais.
Du temps.
Tu dois en gagner.
Quitte à le tromper.

« Trou noir. »

Et.
Entre vous.
C’est un abîme qui flotte maintenant dans le ciel.

« Tu vois ça ? C’est une sorte de bombe qui explosera si j’en donne l’ordre. » Et tu doutes pas. Qu’il s’imaginerait déjà. Tous les dégâts qui pourraient en résulter. Enfin. Si jamais il y croyait. « Alors avant d’en arriver là, tu veux pas plutôt discuter ? » Parlementer. Négocier. Peu importe.

Tu veux juste.
Du temps.

*Γαμώτο : se prononce "gamóto". On va dire que c'est "bon sang" en un peu moins poli ahah

En face de toi.
Tu vois bien.
Qu’il commence à être un peu paumé, le gamin.
Il a chaud.
Froid.
Autant le dire.
Il ne sait pas trop où il en est.
Et, ça se voit dans son hésitation.
Oh, il aurait certainement pu te terminer très rapidement.
T’enchaîner avec une différence de niveau alarmante.
D’ailleurs, il t’a déjà pété le crâne.
Et fait boire une tasse plus grosse que la mer Égée.
Mais hé.
T’es toujours en vie.
Aux dernières nouvelles.
Et c’est quand même grâce à Rauru.
Et les chauds froids qu’il provoque.
Le pauvre, il a l’air tout retourné.
Assez d’ailleurs.
Pour stopper toute cette flotte.
T’offrant ainsi.
Le moment parfait pour tenter le tout pour le tout.
Une fausse bombe.
C’est un pari risqué.
Mais c’est un peu le seul moyen que t’as.
Pour ne pas finir avec tes dents sur les pavés.
Pour le retenir.
Pour gagner du temps.
Et attendre les renforts.
Ils sont beaucoup trop longs, soit dit en passant.
Et ça te met bien en rogne.
Ok, on traque les déserteurs mais quand on les tient, il y a plus personne.
C’est quoi ce délire ?
Si t’en sors vivante.
Sans le borgne dans ta valise.
T’en touchera deux mots à la direction.
Tu vas certainement pas laisser passer ça.
Franchement.
Ils foutent quoi, ces cons ?
Retenir le poisson hors de l’eau, c’est pas si simple.
Il frétille pour s’échapper.
Alors en désespoir de cause.
T’essaies de jouer la discussion pour le faire rester.
Sait on jamais.
Problème.
Tu t’es un peu prise de court.
Et tu sais même pas quoi lui dire.
Mais t’inquiète.
Tu vas trouver !
Au talent, comme on dit.
Et ça, t’en manque clairement pas.
De son côté, l’idée a pas l’air de lui plaire.
Manquerait plus que tu fasses selon ses désirs.
Mais finalement.
Il obtempère, sous la pression de la fausse bombe.
Waouh.
Bien joué.
Le coup de bluff du siècle.
Qui aurait cru que ça marcherait.
Rien que ça.
Tu pourras fièrement le mettre dans ton CV.
Tu te rends compte ?
Il te croit.
Il croit vraiment que c’est une bombe.
Et ça t’offre là.
Un moyen de pression démesuré.
Tu pourrais même tenter.
De le menacer de se rendre.
Sinon tu fais tout péter.
Enfin.
Chaque chose en son temps.
S’il est évident que tu dois continuer dans cette voie.
C’est pas gagné pour autant.
Car voilà que Monsieur pose une condition.
Bah tiens.
Bien évidemment.
Piégé, mais toujours avec une grande gueule.
Typique des ados.
Ça t’aurait étonné qu’il accepte tout gentiment de toute façon.
Mais bon.
Des fois.
Il faut bien montrer patte blanche.
Pour ensuite choper la brebis borgne égarée.
Sauf que.
Sa condition.
C’est de stopper la chaleur et la glace.
Merde.
Ça t'arrange pas ça.
Pas du tout même.
En réalité.
T’étais pas loin de réussir à le faire cramer sur place.
Alors.
Si tu l’arrêtes maintenant.
Faudra tout reprendre depuis le début.
T’aurais perdu tout ce que t’as fait jusqu’ici.
Et.
En termes de temps.
Tu sais pas trop de combien t’en disposes.
Alors.
Tout arrêter.
C’est prendre un vrai risque.
Mais.
Il y a la pression de l’explosion.
Et.
Il a accepté de discuter.
C’est déjà ça de gagné.
Puis, c’est pas comme si t’as le choix, aussi.
Si tu acceptes pas, pas de blabla.
Pas de blabla, ça veut dire baston.
Et baston, ça veut dire ta tronche dans le goudron.
Donc tout bien considéré…
Et puis.
En considérant, justement.
Même si t’arrives pas à le ramener.
Parce que ces putains de renforts tardent à arriver.
Tu peux, peut-être, revenir avec des informations croustillantes à souhait.
Qui manquent cruellement dans leurs rapports.
Et puis.
Le faire parler.
Ça devrait pas être si compliqué.
T’es pas trop mal en bluff, faut dire.
Et là.
T’es de bonne foi, en plus.
Ou du moins, t’aimerais qu’il y croit.
Et en plus de tout ça.
Voilà que Monsieur te demande de faire vite.
Oh, tout pour plaire à Monseigneur !
Non, mais.
On est où là ?
D’où il te donne des ordres comme si t’étais son clébard ?
D’où il te presse comme ça ?
Sérieusement.
Tu lui dois de l’argent ou c’est comment ?
Tranquille, brebis.
Toi, t’es là, sympa.
T’offres un peu de chaleur dans ce monde de brutes.
Dans cette nuit fraîche.
Et Monsieur est pas satisfait.
Bref.
En levant les yeux au ciel.
Tu arrêtes tes deux premières attaques.
Mais, pas folle.
La bombe reste.
Faut pas déconner.
C’est ton seul moyen pour faire parler le garçon.
Même s’il est compté.
Il ne tardera pas à disparaître de lui-même.
Alors.
Tu dois tout faire pour le faire parler dans le court laps de temps que t’as.

« Tadam ! »

Que tu fais, dans un sourire un peu crispé.
Hé, t’essaies juste d’être sympa.
De montrer que t’es pas tant une menace.
Pas forcément l’ennemi.
Enfin, tu vois.
Pouah.
Tu sais même pas quoi lui dire.
Un plan magistral.

« Bon visiblement, on est parti du mauvais pied. » Ouais, c’est un début. Et c’est pas si faux. « T’sais, moi j’ai des ordres, tout ça. Enfin, tu vois ce que je veux dire ? » Ça rame un peu mais vas-y, continue. Juste, ça se voit un peu. Que t’essaies de trouver des phrases cohérentes avant de les prononcer. Fais un effort. « On nous demande de ramener les déserteurs mais sans nous en dire plus. D’ailleurs, c’est quoi vos projets ? » Bah oui, c’est une bonne idée de savoir ça. C’est écrit dans aucun rapport. Ou du moins, tu l’as pas lu. Alors peut-être. Que c’est une info manquante. Et que la ramener, c’est pas si mal. Au moins, toi, tu reviendras en entier. « Pourquoi vous faites un groupe là, ou je sais pas trop quoi, et vous vous baladez un peu partout ? C’est quoi vos objectifs ? J’ai rien compris à vos revendications de désertion. »

Ouais, ‘fin.
Fais gaffe quand même.
Ils sont pas en manif non plus.
Enfin, pas aux dernières nouvelles.
Et t’as quand même mis.
Les deux pieds dans le plat.
Sans aucune délicatesse.
Mais bon.
Le temps joue autant contre toi que contre lui.
Alors.
Autant abréger et faire aussi vite que possible.
En espérant.
Que ce soit pas trop flag.

« Je sais pas, vous pensez pas qu’il y a un moyen de trouver un terrain d’entente ? De discuter de ce que vous faites calmement ? »

T’as dit calmement, hein.
Pas sans jugement.
Ce que font les ploucs, ça t'intéresse pas de ouf.
Mais imagine.
T’arrives à caler un rendez-vous avec eux.
Tu le transmets à tes supérieurs.
Et c’est grâce à toi qu’on les chope.
Ça sonne giga beau.

T’as bel et bien.
L’impression de tenir quelque chose de concret.
Une conversation ouverte.
Qui peut-être.
Pourrait te mener vers autre chose.
Un piège.
Ou.
Des informations.
Tu t’en fous.
Tu fais pas bien la différence.
Tu veux juste.
Que ton nom soit à l’origine de cette entreprise.
Et.
Tu sais très bien.
Que le temps t’es compté.
Le trou noir est toujours là.
Oppressant.
Opérant.
Mais tu sens.
Sa puissance filer entre tes doigts.
L’innocence défaille progressivement.
T’es clairement pas assez forte.
Pour la maîtriser totalement.
Faut bien l’avouer.
Ça te fout un seum intersidéral.
Mais pour ça.
Tu peux pas faire grand chose.
Alors.
Parier sur un autre plan.
Tu poses des questions.
Et.
À ton grand étonnement.
Ça aussi, faut l’avouer.
Il te réponds.
Et bordel.
Qu’est-ce qu’il parle !
T’arrives à peine à suivre tout son blabla incessant.
Enfin.
T’as quand même calé.
Dans un instant d'égarement.
Qu’il a dit que t’étais un bon toutou.
Lui aussi.
Mais.
Soyons toujours honnêtes.
C’est sûrement la peur qui le fait parler.
La peur, ça fait dérailler.
Tu vois que ça.
Pour expliquer.
T’es trop balèze.
Il a déconné.
Alors.
Tu relèves pas et t’écoutes.
Son avalanche de mots inutiles
Qui auraient pu se résumer en quelques uns.
Simples.
C’est peut-être ça.
La force que tout le monde redoute tant.
Il est super barbant, ce groupe de nullos.
Donc.
Résumé que t’arrives tant bien que mal à sortir.
À travers la masse de désinformation.
Mettre fin à des combats qui durent depuis des millénaires.
Ok.
Relis l'énoncé de la phrase, mon pote.
Des millénaires.
Ça s’arrête pas maintenant.
Des soldats qui s’entretuent sans même se connaître.
Bah !
Encore heureux !
Ça serait plus compliqué si c’était pas le cas.
En fait.
Tout ça.
Il aurait pu juste le grouper dans le mot.
Ridicule.
Et.
Ça aurait été parfait.

« Attends, tu penses vraiment qu’avec votre seule bonne volonté, vous allez arrêter un truc qui dure depuis des millénaires ? » T’as vu, c’est trop ridicule. « C’est bien vous avez la confiance, hein. Mais on est pas dans un conte de fées, frérot. »

Ouais.
Clairement.
Il serait temps de se réveiller.
Mais.
C’est pas vraiment ton souci.
Ton problème.
C’est de réussir à faire quelque chose d’utile de cette rencontre hasardeuse.
Et pour ça.
Pourquoi pas.
Un terrain d’entente.
Ouais.
C’est bien.
Félicitations pour cette idée incroyable.
Mais.
Au lieu de gentiment accepter.
Mauvais toutou.
Il te dit que t’es pas renseigné sur le sujet, de un.
Qu’apparemment on veut juste récupérer leurs innocences, de deux.
Et qu’on négocie pas avec les terroristes, de trois.
Ah oui.
Et aussi qu’on efface la mémoire de ceux qu’on chope.
Euh.
Pardon ?
T’étais effectivement pas au courant de ça.
C’est possible, même ?
Attends.
Ça change quand même.
Deux trois trucs à tes plans.
Que ton cousin se soit laissé embarquer dans une secte chelou.
Passe encore.
Ça t’étonne pas tant de lui.
Et.
De son petit cœur trop mou pour le monde.
Que tu le ramènes en sécurité.
Et.
Que tu milites pour un pardon.
C’était ton plan, de base.
Mais.
Si derrière.
On lui efface la mémoire.
On lui retire son innocence de force.
On risque d’en faire un déchu.
On le tue.
Il restera quoi.
De ton cousin ?
Ah.
Ça.
C’est nouveau dans tes données.
Et ça contrarie vachement trop tes plans.
Merde.
Attends, attends.
Tu peux vraiment croire ça ?
Lui faire confiance là-dessus ?
Pffff !
Non, absolument pas !
Il te fait marcher.
Pour que t'annules ta demande de renforts.
Tes objectifs.
C’est faux.
C’est tout à fait faux.
Et t’as failli tomber dans le panneau.
Bien joué.

« Pfff ! Hé, n’importe quoi ! C’est pas possible d’effacer la mémoire des gens comme ça et il y a aucune raison de tuer les déserteurs ! Faut juste un cours de remise à niveau, c’tout ! »

N’est-ce pas ?
C’est pas possible, hein ?
Forcément.
Il a apporté zéro preuve.
Parce que hé.
Imagine un peu.
Que ta grande gueule.
Et.
Ton excès de zèle.
Que tes petites sorties pour arnaquer l’aristocratie.
Posent soudainement problème.
Ils feront quoi.
De toi ?
Et d’ailleurs, toi.
Voilà que le déserteur te demande.
Ce que tu penses de tout ça.
De but en blanc.
Comme ça.
Si tu veux toujours ta jolie ligne sur ton CV.
En sachant ce qu’il vient de te dire.
Hé, oh !
Il a aucune preuve de tout ça.
Tu vas quand même pas croire le premier type.
Qui te propose des bonbons dans la rue.

« Écoute, cette guerre, elle est là depuis des millénaires et elle le sera encore après nous, » que tu dis en haussant les épaules. C’est quand même une évidence. C’est pas une bande de plouc mal sapée qui va changer ça. « On change pas grand chose au final. » Alors. Autant s'occuper de soi plutôt que des autres, non ? « Mais ! Un grade de plus devrait me mettre un peu à l'abri. Les maréchaux font un peu ce qu’ils veulent alors ouais, c’est ce que je vise. » Donc oui. La ligne sur le CV, tu la veux. Ce pourquoi tu la veux pas par contre. C’est autre chose. « Ce que je sais par contre, c’est que mon imbécile de cousin est dans vos rangs et que je refuse qu’il crève à cause de vos conneries. Alors soit vous me le rendez, soit on trouve un terrain d’entente. »

Cool le coup de pression.
Mais s’il refuse.
Tu vas faire quoi, en fait ?

Ça te plaît pas trop.
Cette impression désagréable au fond du ventre.
D’ailleurs.
T’en fronce même les sourcils.
L’autre borgne, là.
C’est comme s’il faisait la leçon à un enfant.
Pris la main dans le sac.
Après avoir fait une connerie.
Et qu’il t'explique par A plus B.
Que c’est pas bien ce que t’as fait.
Que t’as tort et que lui.
Parce qu’il est plus intelligent.
Il sait mieux.
He, oh.
Faut pas abuser, hein.
Quand on regarde sérieusement.
Déjà, t’es plus vieille que lui.
Et donc, t’es plus mature.
Et toc.
Et ensuite.
C’est pas toi ici qui est en fuite, hein.
Simple rappel.
Alors.
Quand il commence à te prendre de haut.
À te dire que t’en sais quoi, exactement ?
Ce que Central fait aux gens.
Et qu’il te dit de te renseigner sur un nom.
T’as juste envie de lui répondre.
Gneugneugneu.
En imitant une marionnette avec les mains.
Sale môme.
Sauf que voilà.
Si l’impression, elle est présente.
Toi.
T’es aussi une chercheuse de trésors.
Une aventurière.
Guidée par la curiosité.
Et non pas l’avidité, comme diraient certains.
Tu veux percer les mystères.
Comprendre comment tout ça fonctionnait à l’époque.
Alors.
Un nom sorti de nul part.
Pas dans les archives.
Malheureusement.
Ça éveille un peu trop ta curiosité.

« C’est qui Locktruc, là ? »

Jamais entendu parler.
Elle est dans aucun dossier.
T’en est certaine.
Par contre.
Ce dont t’es absolument sûre.
À trois mille pourcent.
Outre le fait.
Que t’ais envie de lui ranger son air de vieux daron.
C’est que l’autre imbécile de ta branche généalogique flirte avec ces guignols.
Et ça.
Ça te tend.
T’auras l’air maligne.
Si faut annoncer à ta famille et la sienne.
Qu’il est entré dans une secte.
Et en est mort.
Et puis.
Qui tu vas emmerder.
Si tu le revois jamais.
Non.
Pas question.
On vole pas le cousin des gens comme ça !
Enfin.
Un peu de décence et de bon sens.
Qu’ils gardent leur Lockmachin et te rendent ton cousin !
Cousin qui d’ailleurs.
Semble avoir parlé à personne.
De son incroyable cousine archéologue chasseuse de trésors.
Puisque l’autre fugitif te demande c’est qui, exactement.
Bah.
T’en serais presque vexée.
Pourtant.
T’as un sacré palmarès à exhiber.
Mais visiblement.
Ça fait pas sa fierté puisqu’il en a pas parlé.
À personne.
Sale ingrat.
Prochain coup.
Tu lui tirera les oreilles, tiens.
Il l’aura bien cherché, ce gros naze.

« T’sais, c’est un gamin un peu naïf, assez grand pour avoir envie de lui couper les jambes et qui pense que ses inventions sont trop cools alors que bon, on sait ce que ça vaut, hein… » Est-ce que tu l’allumes parce que cette situation te gonfle ? Oui. C’est pas ta faute s’il fait des choix nuls aussi. Mais si tu fais rien, tu sens que ça va te retomber dessus un jour où l’autre. « Bref, c’est Pandélis. J’peux le récupérer ? »

C’est bon.
Il a été joué avec ses copains un peu weirdos à la crèche.
Maintenant.
On le redonne aux autorités familiales compétentes.
Merci bien.
Bon.
Par contre.
Tu paies pas la facture et les pots cassés.
Faut pas déconner.
Sauf que.
Bien sûr.
L’autre relou crise d’ado dix mille.
Il l’entend pas de cette oreille.
Déjà qu’il lui manque un œil.
Apparemment, en plus, il est sourd.
Parce que le voilà qui te dit.
Qu’il serait parmi eux de son plein gré.
De sa volonté propre.
Ouais, d’accord.
Peut-être.
Tu t’en fous, en fait.
Mais s’il crève.
Sa volonté propre.
Elle servira pas à grand-chose.
C’est tout.
Ça s’arrête là.
Et visiblement, ça.
Il y a bien que toi qui l’a compris.

« Ouais, peut-être. Faut dire qu'il est grave influençable, hein. Mais admettons que t’ais raison sur tes trucs de Central et tout là, » bah, tu peux bien dire ce que tu veux sans pincette, ton golem est partie à la poursuite du lapin, «  bah il est encore plus en danger en restant avec vous, du coup. »

Tu comprends la logique, poto ?
Donc maintenant.
On le rend bien gentiment.
Merci bien.
Ça paraît très simple et réalisable, comme ça.
Trop peut-être.
Pour le rouquin.
Qui du coup.
Comprend rien.
Il te propose de transmettre un message de ta part.
Si.
Et seulement si.
Tu fais disparaître la bombe.
Mais.
C’est pas vrai !
Pourquoi t’es entourée d'incompétents comme ça.
C’était pourtant pas bien compliqué à comprendre !
Ils sont tous débiles dans cette secte ou c’est comment ?
Et puis alors.
Un coup c’est la chaleur.
Un coup c’est la bombe.
Hé.
Il veut pas que tu lui ramènes un cocktail aussi, tant qu’il y est ?
Enfin.
Après.
Il marque un point
Dans le sens où.
Le trou noir est là depuis un moment.
Et t’es pas certaine de pouvoir le maintenir plus longtemps.
Alors.
En y réfléchissant.
Ça serait pas plus intéressant.
Qu’il croit que tu l’as viré volontairement ?
Que t’es impliquée dans cet échange parfaitement courtois ?
Peut-être.
Dans tous les cas.
Faut être honnête.
T’es en train de perdre ton avantage.
Faut essayer d’en gagner un autre, maintenant.
Alors, bon.
Avant qu’il soit trop tard.
Tu fais genre t’es ok pour des pourparlers.
Et tu fais disparaître le trou noir.
Bon.
Maintenant, par contre.
T’as plus aucun moyen de pression.
Mais essaie quand même.
De faire genre que tu gères la situation.

« Je veux le voir. »

Bah, au moins.
Ça, comme demande.
Il devrait la comprendre.
C’est assez simple.
Même pour lui.