S’évanouir d’une couleur de neige éternelle.
Aucun éclat pour troubler les mémoires.
Aucun fragment pour influencer les souvenirs.
Un fantôme à la dérive du monde.
Et d’un mot emplit d’espoir.
Oublier les limbes blafards.
Troubler les mémoires et influencer les souvenirs.
Et les rosaires d’observer.
Et. Tellement de risques d’accompagner le prénom qui lui avait échappé -le rosaire des uniformes de faire planer une ombre menaçante et une présence imperceptible -elle œuvrait,
toujours, au travers de ses nombreux yeux -ange déchu qui espérait retrouver sa place au paradis -erreurs accumulées -et la musicienne d’observer en un silence dont elle seule connaissait ses secrets et tout ce qu’il renfermait -et lui faire
confiance une fois -un échange, une aide, un mot remis -mais aujourd’hui, ternie ou effritée, une influence néfaste dans le silence circonspect -et peut-être, d’autres yeux pour se souvenir et avertir -aucun traqueur, aucun corbeau visible -mais invisible n’infirmait pas les présences -alors tellement de dangers pour accompagner le risque pris -et regretter,
trop tard, de n’être pas seule sur cette mission -car les risques et les retombées, ne la concernaient pas uniquement -et s’il fallait rentrer et assumer les mois passés, ça ne devrait sûrement pas être son cas -
alors---------------.
Et. Léger regret de la précipitation -
toujours réfléchir aux conséquences -
toujours réfléchir aux actions -ne
jamais agir sur un coup de tête et -
oh non, pas cette fois -cette fois, c’était différent -cette fois, elle avait
le droit -et s’il fallait affronter toutes les conséquences du monde pour seulement le revoir l’espace d’une minute, elle aurait refait la même erreur sans hésiter -pour aujourd’hui, pour ça,
pour lui, elle pouvait au moins faire une erreur--------.
Et la surprise du prénom d’arracher un sourire timide.
-elle avait réussi-
Et l’inattendu de la situation de semer quelques doutes.
-elle l’avait enfin retrouvé-
Mais un pas hésitant dans sa direction.
-et si l’absence avait tout gâché-
Mais un souffle pour se donner du courage.
-et s’il lui en voulait -des mois d’absence et une dernière rencontre au goût salé--Alors. Oublier les dangers qui rodaient -lampadaires aux éclats livides -corbeaux aux ailes de mort -uniformes ennemis -aucune pitié pour les traitres,
jamais----, oublier les sentiments néfastes qui troublaient -et les mois écoulés n’aidaient que peu à réapprendre à composer avec -et les doutes de s'imposer comme un poison qui effaçait les sourires -
et si la promesse ne comptait plus -
et si les jours devenus des mois s’étaient révélés
trop longs -
et si l’ennui avait pris la place de l’inquiétude -
et si les reproches accompagnaient,
alors------ pour se focaliser.
Elle l’avait retrouvé. Et rien ne pourrait gâcher -l’espoir qui gonflait son cœur -la joie qui faisait naître un sourire -le soulagement qui rassurait en constatant qu’il semblait aller bien -la satisfaction de la résolution d’une quête
bien trop longue----.
Elle l’avait retrouvé. Et.
Enfin. Il était là, devant elle.
Enfin.Mais. Aucun mot pour effacer une absence
si pesante -une inquiétude
si lourde de l’ignorance -une angoisse
permanente d’essayer d’ignorer le pire -un regret sincère d’une séparation qui n’aurait
jamais dû être---. Aucun mot suffisamment important pour trouver sa place dans ce moment.
Alors. Seulement un silence -et l’appréhension mêlée au soulagement -et c’était un mélange désagréable -et toujours aucune phrase pour l’exprimer -rien à part un silence pour dire -
je suis désolée -de tout ce qu’il avait eu à endurer avant aujourd’hui------. Pour accompagner un geste
et.
Enfin.Et. Envolés les doutes et les craintes qui avaient accompagné.
Et. Rendre cette étreinte tant attendue avec la force du désespoir qui avait animé la solitude.
Et. Les larmes de soulagement de lui échapper.
Elle l’avait retrouvé. Et il allait bien. Et pour ça, elle en aurait presque remercié cette horrible mission et oublié tous les dangers qui continuaient d’épier.
«
C'est vraiment toi ? »
Et cette fois.
C’était différent de [cette fois-là].
Et cette fois.
Elle pouvait enfin répondre ce qu’elle aurait dû pouvoir.
Sans mentir. Sans cacher.
Et le soulagement d’accompagner.«
Vraiment, oui. » Un sourire sincère d’accompagner une main réconfortante de se poser sur sa joue -et gantée, elle n’aurait pas l’air si froide-. «
J’ai réussi, tu sais ? »
J’ai tout récupéré. Et surtout. «
Et je t’ai enfin trouvé. »
Et cette fois.
Et cette fois aussi.
Il faudra se dire.
Au revoir.Brève ombre dans son sourire. Ce n’était pas le moment de penser à ça -pas le moment de tout gâcher -pas le moment de tout ruiner avec les craintes des mois suivants -il fallait déjà oublier ceux qui avaient précédé -et alors, la suite pour le futur -
pas pour maintenant-----. Seulement le moment de se réjouir. Et de rassurer -et à cet instant, c’était tout ce qui comptait -
lui et tout ce qu’il avait enduré à cause d’elle -la musicienne et l’appréhension de la suite -le rosaire pour possiblement affronter leur absence d'uniforme -l’archère et la crainte de voir leur discrétion disparaître-----.
«
Je suis désolée… Pour tout ça. Mais j’ai tenu ma promesse. »
Je suis revenue.Et. Un nouveau sourire -parce que cette fois, elle
pouvait -parce qu’
il était là, tout simplement-- avant de se tourner vers son amie -et en réalité, elle aurait préféré que ce moment ne finisse jamais -qu’il n’appartienne qu’à eux -mais des angoisses rongeaient et des réponses devaient être apportées -et sous sa cape, le corps tendu de l’archère se tenait déjà prêt à toute éventualité----.
«
Tout va bien, on peut leur faire confiance. »
Il n’y avait absolument rien à craindre.
N’est-ce pas ?
Ni du rosaire.
Ni des yeux.
Ni des ailes.
Ils étaient seuls, envoyés en mission.
Comme tant d’autres exorcistes.
N’est-ce pas ?Et. Un sourire vers la musicienne -et elle paraissait plus terne que dans ses souvenirs -moins assurée -moins brillante -et son sourire de s'effacer légèrement -et ces derniers mois ne l’avaient pas épargnée, elle non plus-----, réconfortant pour elle aussi.
«
Contente de te revoir, Destiny. »
Et se souvenait-elle seulement ?
De cette main tendue.