Tell me a Story

Parcourant la petite ville d’un pas pensif, l’Exorciste bravait le froid de l’hiver une fois de plus. Tentant d'enfouir son visage dans les plis de son manteau afin d'échapper à la morsure du givre, ses yeux bleus scrutait la neige qui tombait en épais flocons duveteux. L’air de la mer aidait grandement la température à chuter, déversant un vent glacial venu du port dans les rues pavées. La scène donnait presque un aspect irréel à ce paysage, contrastant grandement avec le climat dont les maisons du bord de la Méditerranée étaient habituées d'ordinaire. Assurément, l’hiver était rigoureux cette année.

Une fois de plus, la française avait été envoyé en mission, non loin de l’endroit où elle se trouvait actuellement et ce, malgré ses blessures et le nombre d’heures devenues affolantes qu’elle passait en mission. Pour cause, depuis quelque temps, la bleue était envoyée aux quatre coins du monde, qu’importe son état de santé et sa fatigue.

Aujourd’hui encore, on lui avait attribué une nouvelle tâche, dans son pays natal. Pour rien toutefois. Célania n’avait eu à affronter aucun adversaire et n’avait fait aucune découverte digne de l'intérêt de la Congrégation. Tout ce qu’elle avait trouvé dans cette église abandonnée, c’était des faits tout à fait explicables et non liés à un quelconque Cristal Divin.

C’était donc les mains vides et surtout, lassée que tout ceci n’est abouti à rien, que l’Exorciste cheminait. Cette opération lui avait fait perdre du temps ainsi que de l’énergie inutilement. Ce que la jeune femme déplorait. Ce temps, elle aurait pu le mettre à profit afin de prendre des nouvelles de ses amis mais également pour se reposer. Et pour ne rien arranger, augmentant considérablement son dégoût, la française s’était bêtement tordu la cheville durant cette inspection. Cet acte étourdi assombrissait davantage ses pensées, car il résultait seulement de sa faute, faisant grandir son sentiment d’incapacité. Seule, ses sorties étaient toujours plus compliquées que lorsqu’elle était accompagnée.

Ainsi, ruminant ses pensées, sa cheville déversant une légère douleur dans sa jambe, Célania errait, à la recherche d’une fameuse demeure. Lors de la traversée de ce village, elle avait surpris bien malgré elle la conversation de deux personnes, vantant les mérites d’une soigneuse établie depuis peu dans le bourg. Si en temps normal, la bleue n’y aurait pas prêté attention, cette fois-ci, elle avait décidé de faire soigner cette foulure correctement. Pas qu’elle lui fasse réellement mal, la blessure semblait plutôt minime ; sa propriétaire aurait pu rentrer sans encombre. Seulement, elle avait promis à Lavi de faire plus attention à elle. Ce fut donc son honneur qui la poussa à faire soigner cela avant de rentrer ; une promesse était une promesse.

De ce fait, après avoir demandé la direction aux marins, Célania s’était mis en tête de trouver cette fameuse maison. D’après eux, bien que la femme ne fût pas installée depuis longtemps, elle avait eu l’occasion de faire ses preuves de nombreuses fois, que ce soit via les marins qui s’étaient blessés en mer ou bien les habitants du village. Ophélia, de son prénom, semblait avoir trouvé ses marques ici. Prénom qui d’ailleurs, lui disait vaguement quelque chose sans qu’elle ne puisse se remémorer pourquoi.

Après de longues minutes de marche à arpenter les rues, la française parvint devant l’adresse qu’on lui avait indiquée. Elle fut surprise de constater que la bâtisse, semblable aux autres de par son style, était bien plus petite qu’elle n’avait pu l’imaginer. A vu d’oeil, la maison ne devait pas contenir plus d’une pièce ou deux.

Quelques foulées de plus lui furent nécessaires pour rejoindre la porte, avant d’hésiter devant. Était-ce réellement nécessaire qu’elle perdre du temps ici ? Elle pourrait toujours passer à l’infirmerie une fois qu’elle serait rentré... D’autant plus qu’elle avait déjà enduré plus qu’une simple petite foulure. Mais avait-elle le choix pour autant ?

Timidement, l’Exorciste finit par toquer contre le panneau de bois, attendant qu’on lui intime d’entrer.