it's just a lie (célania)

usrjoined : 17/06/2021

it's just a lie

début juillet 189X+1 | Chacun de tes souffles provoquait un nuage de vapeur dépassant de la barrière de tes lèvres. Les températures du Danemark étaient bien différentes de celles de l'Angleterre mais tu avais l'habitude de l'air glacial, de la neige sous tes pieds et des nuages gris surplombant ta tête. Après tout, tu avais grandis en Russie toute une partie de ta vie et cette vie d'avant te restait en travers de la gorge, une amertume certaine à l'égard de tous ces malheurs qui t'étaient tombés sur la tête. A tes côtés, Anya et Olga trottinaient, leurs pattes s'enfonçant dans la neige, effleurant le dos de tes mains de leur museaux à plusieurs reprises comme si elles espéraient bientôt chercher les traces de cet exorciste dont les rumeurs avaient fait part de sa soi-disant présence sur ces terres. Mais avant de le traquer, tu devais trouver davantage d'informations sur cet ennemi et tu avais suivis ces rumeurs, t'aventurant dans cette ville où les rayons lumineux des lampes artificielles perçaient à travers les fenêtres des bâtisses.

Baissant les yeux vers ce morceau de papier sur lequel tu avais encré les informations, tu relevas la tête vers le chemin que tu empruntais, ton air blasé te collant à la peau alors que tes mirettes se promenaient, tentant de repérer l'auberge où l'exorciste avait apparemment été hébergé quelques jours avant. Tu savais que tu pourrais compter sur les plus pipelettes pour te donner de nouvelles pistes – certains acceptaient pour tes beaux yeux disaient-ils, tandis que d'autres te demandaient un peu d'argent en échange et tu te pliais à leurs exigences, concentré sur ta tâche plutôt que sur la monnaie que tu perdais (et pourtant tu savais que quelques années en arrière tu n'aurais jamais osé entrer dans un lieu comme celui-ci ni même daigner parler à l'un de ses occupants) mais les choses avaient changées (était-ce vraiment ta faute ?) et aujourd'hui tu comptais bien atteindre ton objectif.

Les derniers rayons du soleil devenaient grisonnant face à la nuit qui s'éveillait, répandant sa noirceur dans la ville. Les passages se faisaient moins nombreux, mais les regards s'attardaient parfois sur tes deux chiennes qui ne cessaient de jeter des regards curieux ici et là. Et finalement, en voulant remettre le morceau de papier dans ta poche, celui-ci te fila entre les doigts et s'envola, emporté par le vent. Il atterrit à quelques mètres derrière toi, ta silhouette retournant sur ses pas. Les inscriptions étaient claires sur le papier : le nom de l'Exorciste y figurait, ainsi que les différentes informations que tu avais pu entendre ou obtenir jusqu'ici. Il était comme ta boussole, et alors que tu tendis la main vers ta note, ton regard s'arrêta sur une forme face à toi, comme si elle avait été tentée de ramasser le papier pour te le rendre. Anya et Olga s'approchèrent, les oreilles dressées, le regard figé sur l'inconnue. Tu ne la voyais pas beaucoup face à la faible lumière qui dessinait les traits de son visage. « Je l'ai. Merci. » soufflas-tu d'un air platonique, mettant le papier dans ta poche en espérant que celle-ci n'ait rien vu de ce que tu avais noté. Mais alors que tu allais faire un pas pour repartir, tu t'arrêtas. Peut-être pouvait-elle t'aider dans ta traque. « Vous êtes d'ici ? » demandas-tu en laissant tes yeux se figer dans les siens, tandis que Olga et Anya s'approchaient davantage pour la sentir. Et sans même le savoir, tu avais face à toi l'Aube Céruléenne, ancienne Exorciste.

Halloween

usrjoined : 27/08/2015

It's just a Lie

Et dans un souffle -fatigué mais résolu-.
Presque un nuage d’une blancheur immatérielle -déjà sur le point de renoncer pour qu’il ne puisse rien rester- .
Et dans l’été -timide mais s’écoulant-.
Une blancheur qui aurait dû être immatérielle -qui aurait dû renoncer pour qu’il ne puisse rien rester-.

Et. Le fin nuage -et il s’élevait légèrement pour se faire rosé-. Sur le point de disparaître. Alors. Pour suivre son exemple -puisqu’il était temps de disparaître -à nouveau -toujours--, un mouvement pensif -de la nuit venait le froid et peu importait la saison ici- pour réajuster le manteau et l’écharpe -et ça c’était important car avec les rayons, la chaleur fuyait et laissait sa place aux fins nuages-, pour remettre quelque peu sa capuche -au moins pour le bleu, c’était important et la fraîcheur justifierait bien la précaution -et c’était peut-être l’été, c’était sans doute la tombée de la nuit mais ce n’était surement pas une raison de risquer -le froid, les inconnus---.

Alors.
Une porte qui se fermait -et il était grand temps de partir-.
Une flamme qui s’allumait -et il était grand temps de rentrer-.

Et. Contrariée, de constater que l’arrêt -le détour surtout, c’était ce qui avait été le plus chronophage, l’arrêt lui, avait été vite effectué- avait pris davantage de temps qu’elle ne l’avait imaginé. Mais. Satisfaite, des trouvailles et du nouveau poids qui habitait le sac qu’elle portait -et finalement, le détour et l’arrêt en valaient la peine-. Et. Puisque l’arrêt avait été respecté et que les lumières aux fenêtres s'allumaient, il était temps. De s’éloigner -et de disparaître comme le fin nuage- pour ne pas éveiller -les soupçons, les doutes, les pistes-. De rentrer -d’être là où c’était vraiment important- pour rassurer -mais il n’était pas nécessaire de s’inquiéter -mais sa famille lui manquait--.

Et bientôt.
Les sourires chaleureux.
Pour remplacer les fins nuages dans le froid.

Alors. Un pas silencieux -parce qu’elle avait l’habitude de se faire oublier -pas si silencieux puisque que parfois, la neige craquait sous ses bottes fatiguées- pour quitter le seuil de la boutique et gagner la rue. Et. Plus de passants -et ceux qui restaient se pressaient pour rentrer et ne lui accordaient parfois qu’un regard -et c’était bien plus qu’il n’en fallait- pour les plus curieux-. Plus de bruit inutile -seulement les flaques sous les pas et les portes qui se fermaient pour la nuit -dans un fin nuage--. Alors. Le calme. Le silence. L’absence d’âmes. Les ombres des chandelles. Et. Un soupir de soulagement. C’était beaucoup mieux ainsi -car pour vivre, c’était plus facile et moins oppressant, car pour voyager, c’était plus discret et moins angoissant -et parfois, la lueur de la lune n’éclairait pas suffisamment mais entre une racine et un corbeau, elle savait à quoi elle préférait se heurter--. Et. Un fin sourire, satisfaite de ses quelques achats -pour les nouveaux amis comme pour les anciens -et peut-être que le chocolat ne survivrait pas longtemps dans la cuisine -il aurait sans doute disparu quand Pandélis les rejoindrait mais il resterait peut-être du thé -en tout cas, le livre n’allait pas disparaître lui -et elle avait hâte de rentrer----.

Et de presque quitter le village.
Quand.
Un nuage d’une blancheur immatérielle ?
Ah, non.
C’était plus tangible.
Et c’était porté par le vent frais de la soirée.
-Et c’était comme un malheur porté par le destin, en réalité-.

Et. Puisque c’était plus tangible, ça se contentait de s’échouer fébrilement sur les résidus humides des pavés. Alors. Un regard curieux pour le papier. Une main tendue pour le ramasser -et c’était davantage un réflexe -et sans doute de la curiosité -et alors ses yeux d’apercevoir-- devant la feuille qui s’imbibait et les dégâts qui se rependaient-. Mais. Une autre main tendue. Et la feuille ramassée avant qu’elle ne puisse la récupérer. Alors. Se redresser pour constater, qu’à la lueur des derniers rayons du soleil, elle n’était plus seule dans la rue. Devant elle, c’était trois nouvelles âmes -un homme et deux chiens -et ils avaient été étonnamment discrets, non ? Ou peut-être avait-elle été étonnamment distraite--, presque intimidantes dans le silence qui se répandait à mesure que les portes se fermaient. Et. Impossible de se souvenir de les avoir déjà croisés dans le village -impossible de se souvenir de tout et de tout le monde, une évidence-.

« Je l'ai. Merci. » déclara sobrement l’homme en récupérant son bien.

Et. Puisqu’elle ne le connaissait pas -et c’était sans doute bien mieux ainsi- et qu’il ne se montrait pas plus bavard -et elle non plus -et c’était sans doute bien mieux ainsi--, un simple hochement de tête -songeur- de sa part -et c’était quoi, cette encre diluée qui s’était propagée et qui semblait avoir formé le nom du village -et c’était sans doute anodin -il fallait arrêter de s’inquiéter d’un rien--- et un regard porté sur les deux chiens -et ils lui faisaient songer à Melchior qui lui, était resté au manoir pour tenir compagnie à d’autres -et elle aurait aimé poser sa main sur la tête de l’un deux--. Et. Puisqu'aucun autre mot échangé et puisque le bien récupéré, l’homme qui s'apprêtait déjà à faire demi-tour -alors pas besoin de s’inquiéter d’un rien- et elle de l’imiter pour reprendre sa route. Mais. Le bruit d’une flaque sous sa botte et, à nouveau -une fois de trop-, sa voix.

« Vous êtes d'ici ? »

Et. À elle de se retourner, pour constater, qu’il la fixait à nouveau -une fois de trop -et elle ne savait pas pourquoi mais il paraissait toujours intimidant -sans doute parce qu’elle paraissait trop inquiète-- et que les chiens revenaient d’un pas certain vers elle. Et. Cette question, elle ne l’aimait pas -elle la détestait, en réalité-. Car. Les mots de la réponse étaient toujours à choisir -trop- méthodiquement au risque d' -e trop- en révéler -oui ou non, peu importait, la réponse entraînait toujours un lot d’autres questions dont elle aurait préférées se passer-. Mais. Se souvenir de l’encre diluée qui se répandait. Peut-être -tout simplement -les choses n’étaient jamais simples-- cherchait-il quelqu’un ou quelque chose, dans ce village, et qu’à présent, c’était d’aide dont il avait besoin -car la nuit tombait et lui, demeurait dans les rues, errant, avec cette feuille abimée -et c’était forcément ça, n’est-ce pas, il fallait arrêter de s'inquiéter--.

« Pas vraiment, » répondit-elle pour éloigner l’inquiétude et essayer de paraître aussi aimable que les gens normaux l’étaient -et ils faisaient comment déjà, les gens normaux ?-. « J’étais… J’étais seulement venue faire quelques courses. J’habite dans un autre village, un peu plus loin. » Et. C’était presque un mensonge. Et. C’était presque la vérité. Mais mauvaise menteuse qu’elle était, mêler le vrai au faux était toujours la meilleure façon de convaincre -ou du moins, de paraître plus normale -moins suspecte--. « Ils… Ils sont gentils ? » ajouta-t-elle, autant pour changer de sujet que parce que les deux canidés s’approchaient déjà bien trop pour sentir son pantalon et son sac. « Hm… Vous avez besoin d’aide pour chercher quelque chose ? » Car. Devant la question et la feuille, pas de doute.

Mais.
Cette fois-ci peut-être.
Préférable de laisser la question aux doutes et l’inquiétude aux habitudes.
Et le vent, comme annonciateur de mauvais augures.

GASMASK

usrjoined : 17/06/2021

it's just a lie

Tu ne pouvais la détailler comme tu avais l'habitude d'observer chacune de tes rencontres – ancrant dans ta mémoire des détails qui pouvaient échapper à la plupart (ceux qui ne faisaient jamais vraiment attention à ce qui les entourait) – et tu ne pouvais remettre la faute que sur cette ombre qui s'étendait au-dessus de vos têtes, dévorant peu à peu la lumière. Pourtant, tu gardais les yeux figés vers ce visage surplombé de cheveux bleus et ta voix avait résonné une nouvelle fois, avant que le silence ne retombe. Tu avais devant toi l'Aube Céruléenne mais elle n'était pas encore concernée par l'une de tes missives en tant que Brooker, et alors tu n'avais qu'un nom en tête qui défilait dans ton esprit : celui de cet exorciste ancré sur ce morceau de papier que tu venais de ramasser. Pouvait-elle t'aider, elle qui semblait errer aussi au milieu de la neige, dans cette petite ville où tu avais espoir de trouver davantage d'informations ? Son ton aimable résonna jusqu'à toi. Pas vraiment. Elle était d'à côté, disait-elle, et tu te demandas pendant quelques instants si tu avais bien fait de t'arrêter pour te tourner à nouveau vers elle. Pourtant, l'idée que l'Exorciste soit passé par son village te resta en tête et tu te mis dans un coin de la tête de faire un tour dans les villes d'à côté si tu repartais bredouille de ta recherche ici.

Ton regard s'abaissa vers les courses dont elle parlait. « Vous n'avez pas d'échoppe dans votre village ? » demandas-tu en relevant tes mirettes sur l'inconnue. Elle paraissait totalement ordinaire, et tu hochas doucement la tête, avant de plonger tes mains dans ta poche, l'une d'elles effleurant le papier. « Ce sont des femelles. Vous pouvez les caresser, elles ne vous feront rien. » soufflas-tu d'un air neutre, ton air toujours blasé sur ton visage, te gardant bien de révéler que Anya et Olga étaient maîtresses dans l'art de la traque et qu'elles n'étaient pas que des animaux de compagnie mais bien des partenaires dans ton travail de tous les jours – et ton cœur, oiseau de malheur, s'était peu à peu rempli d'attache envers elles (et comme si tu avais peur que la malchance te tombe à nouveau dessus, tu craignais à chaque fois de les emmener et qu'il leur arrive quelque chose) mais tu gardais tes inquiétudes pour toi (comme cette mélancolie qui dévorait ton cœur, comme ce goût désagréable en bouche après avoir vu ta vie d'avant te filer entre les doigts) et ton attention s'attarda sur les paroles de la jeune femme.

Tu ne cherchais pas ta famille, ni même un quelconque ami. Tu ne cherchais pas comme un homme déboussolé pourrait poursuivre désespérément les êtres qui lui étaient chers – et la question résonnait encore (toujours) dans un coin de ton encéphale (était-ce vraiment ta faute ?). Et pourtant, tu ne pouvais dire les réelles motivations qui t'avaient poussées à venir jusqu'ici. Alors, ressortant ce morceau de papier qui te servait de boussole depuis le départ, tu le scrutas un instant avant que les mots ne dépassent la barrière de tes lèvres d'un air presque pensif. « Il y a quelqu'un que j'aimerais revoir. Cela fait très longtemps. Vous n'auriez pas croisé un étranger, à tout hasard ? Assez grand, les cheveux bruns descendant jusqu'aux épaules. Il a été vu par ici il y a quelques jours. » annonças-tu sans la quitter des yeux, la nuit s'étendant toujours un peu plus alors que les lumières artificielles s'allumaient peu à peu, éclairant davantage vos silhouettes sur la neige. Elle avait cet air agréable sur le visage – celui-là même qui poussait le cœur à penser qu'elle n'était pas une menace et pourtant.

Halloween

usrjoined : 27/08/2015

It's just a Lie

Et d’un vaporeux nuage fatigué.
À un vaporeux nuage inquiet.
Qu’un souffle.
Discret.
Invisible.

Et. En face. Toujours ce même regard. Désintéressé -et pourtant, il observait et parfois il y avait une brève lueur qui inscrivait car elle retenait-. Fermé -et pourtant, il s’était retourné et il questionnait mais il n’y avait peut-être pas de quoi s’inquiéter -il y avait toujours -bien trop- de quoi s’inquiéter, ce n’était qu’une fable et si elle ne trouvait pas échos dans la lueur faible des yeux, alors elle en trouverait un ailleurs -alors prudence, oui-. Et. Devant ce regard -et parfois, il semblait quelque peu -trop- vide- qui cachait autant de secrets que ses mots se taisaient, un malaise, porté par le silence -et il y avait cette ombre qui se profilait partout -et c’était dans les rues, sur les toits, aux fenêtres, sur ses mains, sur le visage de l’homme -et ça devenait un nuage inquiet que de ne pas l’apercevoir parfaitement -et une pensée qui s’inscrivait, angoissante -et si l’ombre ne la cachait pas suffisamment et qu’il comprenait- mais qu’il fallait ignorer -autant que possible--.

Et. À côté. Toujours les deux mêmes chiens -et ils étaient présents -trop présents- et ils sentaient, ils tournaient, ils inquiétaient et -non, c’était sans doute à cause de l’odeur de Melchior, n’est-ce pas ?- toujours l’angoisse -d’avoir l’impression d’être cernée -d’être la proie--. Mais. Ce n’était que ça -ça ne devait pas être ça-. Alors. Un nouveau nuage pour -essayer de- chasser les angoisses.

Et alors.
Toujours ce regard.
Moins pour elle.
Davantage pour une curiosité.
Nouvelle. Comme une lueur.

« Vous n'avez pas d'échoppe dans votre village ? »

Et. Un instant perplexe. Devant une question qui paraissait étrange -non, c’était une conversation -comme les gens normaux en avaient- banale -mais il n’y en avait pas eu depuis -une éternité, non ?- alors forcément, étrange -et peut-être des intentions dissimulées derrière alors-. Anodine, non, certainement pas. Intrusive, davantage. Et. Ses yeux qui semblaient -non, pas semblaient- remarquer les détails -si c’en étaient réellement- bien trop rapidement -peut-être parce qu’il cherchait bien trop -mais son ami, alors pourquoi s’intéresser à-. Et. Ça ne lui plaisait pas -et impossible d’expliquer qu’en voyage, les achats se faisaient aléatoirement car en face, les yeux, bien trop à la recherche-.

« Hm, si, bien sûr. » Même si. Obligée de reconnaître qu’elle serait bien incapable de les nommer -ni même de savoir où elles se trouvaient -ni même de savoir ce qu’elles vendaient -car ne jamais se faire remarquer et ne jamais rester---. Mais encore. Loin d’être anodin. Alors -autre chose, n’importe quoi-. « Mais impossible de trouver du chocolat et… Je voulais faire plaisir, alors… » Alors -un mensonge teinté de vérité -toujours-, une excuse qui justifierait bien quelques kilomètres. Du moins. Elle l’espérait.
« Ce sont des femelles. Vous pouvez les caresser, elles ne vous feront rien, » finit-il par déclarer. Comme si -enfin-, il s’en était contenté. Comme si -enfin-, il avait décidé que c’était ainsi -et c’était très bien comme ça -et il ne fallait pas s’attarder dessus--.

Et alors.
Toujours ce nuage vaporeux.
Il se voulait inquiet.
Mais qui devait l’être moins.

Et. Pour ne pas sembler plus étrange qu’elle ne l’était -et en réalité, elle aurait simplement souhaité disparaître -mais des gens étranges, il y en avait partout, et ils n’étaient pas tous liés à la guerre -mais la guerre était partout alors ce n’était pas rassurant de se cacher derrière une généralité qui en cachait déjà une autre--. Parce que cette conversation était normale, elle devait l’être également -et après tout, ce n’était que des chiens, n’est-ce pas ?-. Alors. Une caresse hésitante sur l’une des têtes.

« Comment elles s’appellent ? »

Voilà.
Parfaitement normal.
Parfaitement anodin.
Comme il fallait l’être.
Continuer d’agir comme tel.
Même si.

Même si. Encore plus d’ombres -toujours plus d’ombres-. Mais. Le pelage doux de l’animal et un certain réconfort -et Melchior lui manquait, elle regrettait de l’avoir laissé à d’autres-. Pendant que les yeux, à nouveau sur le papier auparavant rangé, et un air songeur -comme plus intéressé -mais peut-être légèrement lassé ?--. Et alors de comprendre, qu’il cherchait réellement -et que, lorsque l’on cherchait réellement, on trouvait, toujours -alors réellement, être normale -autant que possible- car il ne devait pas chercher en dehors du papier -encore moins trouver--.

« Il y a quelqu'un que j'aimerais revoir. Cela fait très longtemps. Vous n'auriez pas croisé un étranger, à tout hasard ? Assez grand, les cheveux bruns descendant jusqu'aux épaules. Il a été vu par ici il y a quelques jours. »

Ah.
Et chercher des étrangers, ce n’était jamais bon signe.
N’est-ce pas ?
Alors toujours.
Des yeux qui voulaient trouver.
Et un nuage vaporeux qui se faisait inquiet.

Et. Puisqu’il fallait -autant que possible- agir normalement, un mouvement de la tête et un faible sourire désolé -il ne fallait pas -surtout pas- s'embarquer dans une horrible aventure -pas encore une--. Le seul étranger croisé, devait rester l’homme sans nom aux yeux lassés.

« Non, désolée. Je n’étais que de passage cet après-midi et je n’ai vu personne qui ressemblait à votre description. » Et. Cette fois-ci, plus de mensonge teinté de vérité -car seulement la vérité -et c’était bien plus facile ainsi -et même s’il y avait eu mensonge, elle aurait préféré, plutôt que de répondre avant de connaître -l’un ou l’autre- car, la guerre et ses ramifications, toujours plus importantes qu’elle le laissait présager--. Et. Si lui n’avait pas de vérité, alors il camouflait bien derrière le mensonge -suffisamment pour cacher les ramifications -suffisamment pour induire en méfiance -et en vérité, il n’y avait pas besoin de ça, ce n’était qu’une excuse de plus--. « Je suppose que vous avez déjà questionné les principaux commerces ? »

Car une évidence.
Toujours.
C’était de cette façon que tout commençait
-presque toujours-.

« Quoi qu’il en soit, » reprit-elle en portant son regard vers les ombres qui grandissaient, « vous devriez remettre votre recherche à demain. Il commence à se faire tard. »

Et les nuages vaporeux.
Autant que les ombres.
Annonçaient l’heure.
Celle de se remettre en route et de se faire oublier.

GASMASK

usrjoined : 17/06/2021

it's just a lie

Tes questions étaient simples – sans détournement et ordinaires – alors qui pouvait penser un seul instant que tu travaillais pour le Comte et les Noés et que tu avais en horreur les Exorcistes, toi qui avais le souvenir encore frais des fondations de la maison s'écroulant sur ton père ? Tu te faisais passer pour un simple voyageur avec ses deux chiens mais toujours discret – et pourtant le petit prince avait été bien plus extravagant et beau parleur qu'il ne l'était aujourd'hui – et si tes yeux se figeaient un instant sur tous les détails que tu parvenais à déceler à travers la nuit tombante, tu n'étais qu'un homme qui paraissait errer à la recherche d'un autre – inoffensif. Tu passais partout, appliqué à ta tâche et tu écoutas avec attention la réponse de ton interlocutrice, hochant doucement la tête, ne t'attardant pas plus sur le pourquoi du comment. Elle avait pris du chocolat ici parce qu'il n'y en avait pas ailleurs, c'était pour faire plaisir avait-elle dit, et tu imaginas sans mal que ses proches attendaient son retour à la maison – et si tu paraissais peu intéressé par cette information, tu avais toujours ces désagréables réminiscences qui rappelaient à ton esprit que ce qui avait été ton chez toi ne l'était plus maintenant que tu avais perdu ton titre et ta couronne.

Le goût amer toujours en bouche, tu finis par changer de sujet, te concentrant sur tes deux animaux de compagnie qui semblaient véritablement intéressés par la jeune femme. Leur queue remuèrent légèrement lorsque l'inconnue vint caresser leur crâne, et alors que tes doigts jouaient doucement avec le papier à l'intérieur de ta poche, tu fis un signe de tête en direction de ton samoyède. « Olga. » dis-tu avant de détourner ton regard vers ton autre chienne. « Et Anya. » annonças-tu d'un ton toujours aussi neutre, relevant tes mirettes vers ce visage qui t'étais inconnu. Tu n'avais encore aucune information te permettant de savoir que tu avais devant toi un ancien soldat de la Congrégation, qui faisait de son mieux pour être aussi discret que tu l'étais toi-même, et tu t'étais mis en tête que peut-être l'Aube Céruléenne pouvait t'aider à avancer dans tes recherches concernant cet exorciste que tu poursuivais. Tu avais besoin de plus d'informations pour continuer à remonter jusqu'à lui – tu devais tisser ce chemin difficile à créer entre les rumeurs et les indices laissés çà et là – et de tes yeux bleu-vert, tu continuais d'observer l'attitude de l'inconnue, qui t'offrit une réponse comme la plupart t'en donnaient. Elle n'avait aucune information à te mettre sous la dent – elle n'avait vu personne – et si tu n'avais pas mis trop d'espoir sur elle – car après tout elle ne semblait être qu'une passante –, tu espérais trouver quelque chose dans les auberges et autres commerces alentours. « Je viens d'arriver, mais je comptais me diriger vers l'un d'entre eux. Vous savez peut-être quels sont les endroits qui attirent le plus de monde, ici ? » demandas-tu alors que ton souffle dégagea de la vapeur face à l'air froid, ton esprit gardant en tête l'idée de faire un tour par son village pour espérer obtenir d'autres pistes là-bas si tu n'avais rien ici.

Tu replias le morceau de papier qui te servait de boussole – où étaient inscrits à l'encre noire les pistes que tu avais eu jusqu'à présent, et que tu avais repris entre tes mains avant que la jeune femme aux cheveux bleu ne voit les inscriptions. Tes yeux se relevèrent vers les lampes qui illuminaient la rue dans laquelle vous étiez, alors que la voix de Célania résonna jusqu'à toi. Vous devriez remettre votre recherche à demain. Il se faisait tard, disait-elle, et tu constatais que la noirceur de la nuit prenait de plus en plus d'ampleur, ton regard se posant sur ces ombres qui s'étendaient. Tu avais toujours cet air désintéressé qui te collait à la peau mais tu comptais avancer dans ta traque dès ce soir et tu finis par replonger ta main dans ta poche, rappelant Anya et Olga qui se tournèrent vers toi pour revenir à tes pieds. « Vous devriez rentrer, si vous êtes attendue. Je ne vous retiendrai pas plus longtemps. » soufflas-tu en laissant tes yeux se promener sur son panier d'où tu vis les quelques courses, avant de les relever vers son faciès que tu ne pouvais contempler en détails à cause du manque de luminosité. Tu ne pouvais lui dire que ta mission était bien plus importante que le fait qu'il soit tard. Tu ne pouvais lui dire que tu n'étais pas simplement à la recherche d'un proche mais que tu tentais de remonter la piste pour donner en pâture l'Exorciste aux Noés.

Halloween

usrjoined : 25/12/2020

échec

D’un pas lent, tu t’avances parmi la foule de passants — dont certains sont devenus des visages familiers (et à leur sourire tu réponds, poliment, d’un signe de tête) — en laissant tes idées désordonnées en faire de même, avec l’espoir qu’elles finiront par faire sens, que tu puisses enfin mettre fin à cette mission. Cela fait plusieurs jours déjà que tu as quitté la Congrégation et tes obligations de Maréchal pour venir ici, traquer ce qui, sur papier, semblaient être plusieurs akumas organisés. Plusieurs jours que tes recherches s’enchaînent, que tu poses des questions et suis des pistes, des on dit murmurés du bout des lèvres dans l’embrasure d’une porte ; et tout cela en vain, puisque aucune de ces pistes, de ces recherches et de ces rumeurs ne t’a mené aux créatures traquées.

A croire que tout ceci n’était qu’une légende, une histoire passée de bouche en oreille, prenant de l’ampleur à chaque nouvelle personne, jusqu’à ce qu’elle soit arrivée à la Congrégation. Mais, dans ce cas là, les traqueurs envoyés sur place pour mener l’enquête auraient dû le deviner, n’est-ce pas ? Au lieu de te donner des pistes et des noms qui ne menèrent à rien. Qu’a t’il bien pu se passer entre leur venue ici et la tienne, pour que tous les indices relevés n’aient plus aucun sens. Un brooker aurait prévenu les machines ? C’est une idée déjà explorée, qui n’a mené à rien. Les akumas eux-mêmes auraient reconnu les uniformes et se seraient calmés, ou seraient partis ? Impossible, une victime a été retrouvé avant hier — et tes dents de se serrer en ce rappelant ce triste échec.

Tu es au pied du mur, Nauja, ce qui ne t’était plus arrivé depuis bien longtemps, comme redevenu un exorciste débutant qui balbutie lors de ses premières missions. Envolés les années d’expérience et l’habitude de ces situations, de ces traques sans fin dont tu es toujours sorti victorieux. Tu patauges et tu détestes ça, te sentir incapable et inutile — car c’est bien ce que tu es, inutile, tant qu’ils arriveront à t’échapper.

Tout à tes pensées, tu ne remarques pas tout de suite ce regard qui se pose sur toi — sans doute aussi car ta carrure et la couleur de ta peau, différente de ceux vivant ici, a déjà attiré de nombreux curieux depuis ton arrivée. Ce n’est que lorsqu’il se fait insistant que tu y prêtes attention — tu es du genre à toujours avoir fait confiance à ton instinct — et le cherches à ton tour, jusqu’à croiser un visage que tu reconnais.

Encore lui, aurais tu sûrement dit, si tu étais du genre à laisser les mots s’échapper de tes lèvres. Oui, encore lui, ce jeune civile t’accusant du meurtre d’un de ses parents, alors même que tu ne faisais qu’accomplir ta mission — que les véritables assassins, ce sont ces machines qui ont détruit les lieux où vous vous trouviez (si tu es coupable d’une chose, Amak, c’est de ne pas avoir été assez rapide pour venir en aide aux civils (et c’est un poids que tu portes chaque jour, sur tes larges épaules (un fardeau qui tu emmèneras avec toi dans la tombe))).

Tu sais, qu’il va venir vers toi et t’accuser. Peut être même t’a t’il tendu un piège et compte t’il te tuer, là, dans ces rues qui se vident à vue d’oeil alors que la nuit est en train de tomber. Ou alors, peut être t’écoutera t’il, cette fois-ci, et que tu sauras lui faire entendre raison. Toi ou la figure encapuchonnée à ses côtés — et, dans un geste inconscient (dans une habitude), tu plonges la main dans ta poche, pour attraper ton innocence.

GASMASK

usrjoined : 27/08/2015

It's just a Lie

Une larme -d’un passé que l’on voudrait oublier-.
De ruisseler le long d’une vieille gouttière rouillée -abîmée, elle n’était plus celle de jadis-.
De disparaître dans une vulgaire flaque au sol -et plus aucune trace d’elle, personne pour lui accorder l’attention qu’elle méritait-.
Quelques échos d’elle à la surface avant qu’enfin, plus aucune trace -et personne pour se souvenir-.

Et. La larme accompagnée d’autres semblables -entre la pluie et la neige -comme si certaines n’étaient pas capables de choisir de quelle façon vivre -alors qu’à la toute fin, le dénouement était bien le même, peu importait la façon d’y arriver -une simple onde à la surface, même pas une répercussion -oubliée-----, semblant faire tomber la nuit avec elles -et les maigres lumière à travers les fenêtres de dessiner parfois des ombres dansantes et terrifiantes contre les murs des rues -ne pas les regarder -ne pas tomber--. Se concentrer. Pour ne pas se trahir -et il ne s’agissait que d’une conversation banale, tout semblait bien se passer -c’était le cas, n’est-ce pas ?- et s’il semblait austère, il ne semblait pas dangereux pour autant -ne jamais croire -baisser sa garde -les pires dangers savaient parfaitement se camoufler -après tout, qui aurait pu deviner qui elle était---- et rentrer, le plus rapidement possible -voyager de nuit offrait bien des avantages -une parfaite discrétion étant le premier-, mais ne permettait ni de progresser rapidement, ni sereinement -toujours trop d’ombres et d’obscurité--.

Et.
À question normale.
Réponse normale.
Tout allait bien, n’est-ce pas ?

Et l’homme de désigner le premier chien pour le nommer Olga -drôle de choix, songea-t-elle d’une pensée lointaine- et le deuxième pour le nommer Anya -et de comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un drôle de choix -plutôt d’un choix découlant de beaucoup -d’un pays d’origine sans doute -aux consonances peut-être Russe -du moins, quelque chose de similaire----, d’une voix ne trahissant aucun sentiment -vide, presque comme ses yeux fatigués -comme si rien ne pouvait le perturber ou l’intéresser -et pourtant, il y avait cet inconnu qu’il voulait absolument trouver -suffisamment pour interroger des passants en pleine nuit, sous la pluie -alors pourquoi cet inconnu plus que le reste -et les réponses que son esprit abîmé pouvait lui fournir étaient bien loin de la satisfaire -elles lui faisaient peur -car c’était toujours les mêmes -et qu’elles renvoyaient toujours à la même chose -la Guerre---------. Mais. La Guerre, loin de leurs mots normaux -et même si sa voix paraissait toujours si vide, aucune trace d'hostilité- et à sa propre question normale, sa propre réponse normale.

« Je viens d'arriver, mais je comptais me diriger vers l'un d'entre eux, » lui apprit-il -il était donc arrivé tard -ou bien ses recherches l’avaient tant occupées qu’il n’avait pas vu l’heure décliner -et dans ce cas, c’était bien qu’elles étaient si importantes qu’elles occupaient entièrement son esprit -et dans ce cas, c’était peut-être -non, tout allait bien, n’est-ce pas ?---- « Vous savez peut-être quels sont les endroits qui attirent le plus de monde, ici ?
Hm, je crois qu’un hôtel se trouve un peu plus loin, dans cette direction, » répondit-elle d’un geste de la main pour désigner une rue faiblement éclairée -voilà, parfaitement normale, tout allait bien-. « Peut-être que la personne que vous cherchez y réside. »

Et. D’un geste songeur, ranger le papier dans sa poche -comme s’il s'agissait enfin de la fin de cet interrogatoire -de cette conversation normale-- sans qu’elle ne puisse voir ce qu’il contenait. Alors. Les mots inscrits de rester un mystère dont seul l’homme avait le secret -et ça, était-ce réellement normal ? -sans doute que les gens normaux procédaient ainsi, parfois -oui, sans doute---. Car. Il ne s’agissait là que d’une brève rencontre, parmi tant d’autres. Aucune incidence, non.

« Vous devriez rentrer, si vous êtes attendue. Je ne vous retiendrai pas plus longtemps. »

Absolument aucune.
Et tout allait bien.

Alors. Légèrement soulagée, elle hocha la tête à son conseil. Un dernier mot en guise de politesse et elle partirait -ne souhaitant pas prendre davantage de risque, de place, de souvenir -cette rencontre était très bien ainsi -inutile de risquer plus---. Mais. Se détourner de l’homme et des chiens -ils s’étaient rapproché de lui comme si- pour remarquer une autre silhouette -et dans la nuit, elle ressemblait à ces ombres effrayantes -elle était simplement immobile -et en ça, elle dégageait une impression bien plus intimidante--- les fixer avec intérêt.

~~Tout allait bien.~~

Et. Son visage de pâlir, sa respiration de s'accélérer et sa gorge de se nouer -la peur- devant cette croix et cet uniforme -pas celui d’un simple exorciste -d’un ami -d’une personne à convaincre -d’un affrontement à éviter---, non, celui d’un maréchal-. Et. L’angoisse de la gagner en imaginant déjà la suite des évènements -car il n’en serait pas autrement -car il était forcément ici pour elle -et alors, tout n’allait pas bien---. Alors. Préférable de fuir. Vite.

Deux pas en arrière.
Loin d’être assurés.
Rassurée.
Pour disparaître au plus vite.

Mais l’uniforme ne sembla pas réagir. Et ses yeux animés par les ombres de la nuit, ce n’était pas elle qu’ils fixaient. C’était l’autre. Alors. Un instant d’incompréhension et une question. Pourquoi lui ? Ou plutôt, plusieurs questions. Qui était-il en réalité ? Que voulait-il ? Et qui était cette personne qu’il recherchait ? Et peut-être, quelques réponses, si le maréchal en était une lui-même. Et. Ces réponses, c’étaient toujours les mêmes. C’était celles qu’elle détestait déduire et entendre. C’était celles de la Guerre. Alors. Fixer un instant l’homme aux chiens -toujours sans comprendre -ou plutôt, ne voulant pas comprendre-- et admettre que, si elle souhaitait avoir les réponses à sa curiosité, alors elle devrait rester. Et ça. C’était loin d’être sage. Non, elle devait partir.

Alors.
Deux autres pas en arrière.
Et s’éloigner prudemment.
Espérant qu’on ne la remarquerait pas.

GASMASK

usrjoined : 17/06/2021

it's just a lie

Ni Noé, ni Exorciste, tu étais comme un loup déguisé en mouton au milieu du reste – insoupçonnable mais dangereux à ta manière – et tu faisais attention à chacun de tes mots, chacun de tes actes, chacun de ces détails qui pouvaient te trahir. Ce soir-là, tu n'étais qu'un homme à la recherche d'un autre et prudent, tu posais les questions petit à petit sans jamais entrer dans les détails ni brusquer cette femme qui se tenait à distance, ses réponses ne te menant pas à grand-chose. Mais tu ne t'offusquais de rien – tu n'étais pas déçu et si elle ne pouvait pas t'être d'une grande aide tu finirais bien par recueillir des informations ailleurs. Rien ne te détournerait de ta mission – tu étais appliqué et tu ferais les choses bien – et alors tu hochas doucement la tête, tes yeux bleu-vert observant la direction que l'Aube Céruléenne t'indiqua. La rue était mal éclairée, comme beaucoup d'autres rues ici et tu observas le nom du passage, l'ancrant dans ta mémoire avant de reposer tes yeux sur la femme qui te faisait face. « Bien. Merci. » soufflas-tu d'un air aussi platonique que d'ordinaire, ta voix résonnant une nouvelle fois pour lui indiquer de rentrer, elle qui était attendue.

Et quelque part, au fond de ton cœur, le souvenir de ces visages familiers te revenait en tête, toi qui avais subis la mort de l'un et l'abandon de l'autre – couronne envolée et richesse oubliée. On ne t'attendait plus là-bas, ni nulle part ailleurs et tu conservais cette amertume – oiseau de malheur. Tu la conservais jour après jour, gardant cependant cette allure imperturbable qui ne se brisait presque jamais – petit prince aux rêves déchirés – et ton regard s'attarda sur la jeune femme que tu entendis te lancer doucement un au revoir, avant de voir cette expression étrange se dessiner sur les traits de son visage. Comme si, soudain, la crainte s'emparait d'elle. Tu attardas alors ton attention sur cette silhouette que tu reconnus sans mal, chaque muscle de ton corps se crispant alors que tes yeux bleu-vert brillèrent d'un mépris qui jamais ne pourrait s'éteindre à l'égard de cet homme qui avait pris la vie de ton père. Et celui-ci finit par te voir à son tour, s'arrêtant, plongeant même sa main dans sa poche – comme s'il était prêt à en sortir une arme – et si tu le savais Exorciste, lui ne savait pas que tu connaissais cette Guerre Sainte qui se déroulait dans le Monde. Il saurait, pourtant, un jour, que tu réfléchissais à un moyen de le donner en pâture aux Noés.

« Et bien, je ne m'attendais pas à vous voir ici. » dis-tu d'un air tranchant, tes mains plongées dans tes poches. « Qu'est-ce qu'un homme aux mains souillées de sang d'innocents vient faire là ? » soufflas-tu d'un air sec et hautain, la colère pulsant dans tes veines alors que les réminiscences de ce jour funeste te revenaient en mémoire. Anya, qui vit le mouvement de l'homme, s'avança d'un pas et aboya contre lui, tandis que Olga repéra l'Aube Céruléenne reculer, ses yeux figés sur elle, attentive. Et tu ne semblais qu'un homme déchiré par le chagrin, incapable de faire le deuil d'un père perdu trop vite – trop brutalement – et en colère après un héros décidément coupable. Et cette Innocence qu'il tenait près de lui, tu la haïssais. C'était à cause d'elle, à cause de lui, qu'une autre partie de ta vie s'était écroulée. Pourtant, tu ne mentionnais rien de tout cela. Tu n'étais pas sensé le savoir. Tu n'étais sensé être qu'un homme vivant dans un monde où toutes les couleurs s'étaient ternies, souffrant d'une catastrophe incompréhensible et nourri d'une rancœur tenace. Tu avais presque oublié la présence de la jeune femme, qui, pourtant, n'avait pas échappé aux yeux du samoyède.

Halloween

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Fin d'un XIXème siècle futuriste...

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