i give myself permission to grow out of my old ways — Célania

Et.
Un instant pour considérer.
Ça faisait plus de mal qu'imaginé.
De revenir en arrière.

Elle était arrivée tôt -assez pour ne pas louper le rendez-vous -bien stupide de laisser passer la chance -assez pour s'assurer de la sécurité des lieux -une fois, pas deux -assez pour faire le tour du manoir et se remémorer -et, c'était comme -marcher dans un souvenir -et, ça faisait comme -une tristesse peinte de nostalgie---------. Alors. Profiter du temps offert -du temps, c'était quelque chose qui commençait à manquer cruellement -les rencontres -les missions -les combats -tout s'enchaînait si vite -que parfois -souvent -l'impression de ne plus pouvoir respirer -reprendre son souffle -et, finalement -se noyer -du temps, elle en avait cruellement besoin -se reposer un peu -juste un peu -mentalement -physiquement -mais, du temps -elle n'en avait pas suffisamment -alors -combien, avant le naufrage-------------------- pour errer.

Et.
Toujours.
Identique.
Comme un rêve éveillé.
Comme un vieux souvenir oublié.
Et.
Stupidement.
Imaginer.
À chaque nouvelle pièce.
À chaque angle de couloir.
Gwen.
Ou.
Bonnie.
Un fantôme du passé.
Dont les problèmes n'étaient pas réglés.

Et. Elle avait -stupidement, encore- imaginé le manoir disparaître en même temps qu'eux -parce que ça avait été le leur -parce que ça avait été leur maison -leur foyer -parce qu'ils l'avaient occupé, l'espace de quelques mois -parce qu'ils l'avaient rénové, à certains endroits -alors -avec leur départ -avec leur fuite -puisqu'ils n'étaient plus ici -lui non plus, n'aurait pas dû -il aurait simplement dû -disparaître -comme eux -avec eux -seulement, il était toujours là -toujours perdu au milieu de la forêt -toujours abandonné -et -c'était un peu bizarre-------------------. Alors. Elle avait parcouru les anciens couloirs -le trou dans le plancher fait par Lavi par manque d'inattention -les petits pas d'Enos contre le sol lorsqu'il courait après une aventure -le tableau de cette vieille dame que Gwen pensait hanté -les escaliers qui avaient vu leur départ précipité----, visité les anciennes pièces -la cuisine restée intacte, la vaisselle toujours dans les placards -il restait même un peu de chocolat que Saphira avait ramené -la table de la salle à manger qu'ils avaient restaurée -et tous ces repas qu'ils avaient partagés -la cheminée qui avait vu le début de tout ça, lorsqu'elle avait parlé durant les nuits pleines de cauchemars avec Gwen -le grenier pleins de rats et de fantômes qui avait testé le courage -le jardin, toujours à l'abandon et fidèle à ses souvenirs-------. Se disant qu'elle vérifiait -si personne n'avait rien oublié -ils étaient partis si vite -et, rapporter un fragment du passé -quelque chose de perdu qui n'aurait jamais dû revenir -ça aurait pu arracher un sourire -alors -chercher -si personne n'avait rien oublié -si -elle ne s'était pas oubliée -depuis tout ce temps-----------.

En réalité.
Un goût amer.
Ça faisait plus de mal qu'imaginé.
D'être ici.

Mais. Il fallait un lieu sûr pour discuter -à l'abri des regards -à l'abri des oreilles -à l'abri du temps -et -certains avaient refusé au château -ils avaient peur -de tout perdre, encore une fois -de mal placer une confiance, à nouveau -mais -s'ils s'étaient réunis -s'ils combattaient -c'était pour arrêter la guerre -et, sans risque -impossible -et, s'il fallait -il faudrait à nouveau perdre ce confort de vie pour un autre -mais -ils avaient besoin de sécurité -et -elle avait besoin d'arrêter les affrontements -les avis commençaient à diverger -et -ça ne lui plaisait pas -alors -en réalité -à part quelques uns -elle n'avait pas confié -qu'elle avait prévue une nouvelle rencontre -que cette information, elle l'aurait -que cette guerre, elle la continuerait seule s'il le fallait------------------------------. Alors. Elle avait proposé -sans grand espoir, il fallait bien l'avouer -il y avait cette problématique qu'il avait évoquée -et -elle comptait bien y remédier -mais, les lettres, ce n'était pas sécurisé -il fallait -échanger de vive voix -alors, cette rencontre--------. Et. Il avait accepté.

Alors.
Voyant les heures défiler.
Attendre maintenant à l'entrée.
-Et.
Elle se souvenait.
La première fois qu'elle avait toqué contre cette grosse porte en bois.
Et sa clé, qu'elle gardait-.
Pour ne pas rater le rendez-vous.

Et. Finalement. De l'ombre des arbres. C'était une silhouette seule qui se détachait -et, un instant, perplexe -n'avait-il pas évoqué une autre personne dans sa lettre -si, elle s'en souvenait -parce que ça l'avait contrarié -parce que ça aurait pu être dangereux -moins le monde en savait -mieux ce serait -c'était ce qu'elle pensait -mais -elle n'avait pas voulu prendre le risque -de douter du peu de confiance -d'annuler la rencontre -alors -elle n'avait rien répondu -quand bien même -ça n'avait pas plu -mais -il était seul -et finalement -l'absence soulevait plus de questions qu'elle n'apportait de réconfort-------------------. Et. La silhouette de s'approcher. Et. Un sourire sur son visage -et -c'était bizarre, pendant un instant -il ne ressemblait pas tant à son souvenir -elle l'avait trouvé -fatigué, terne -comme une photo jaunie et usée -pour refléter un passé qui n'existait plus -mais -aujourd'hui -il paraissait -vivant -plus que la dernière fois -et peut-être -que c'était juste une impression -peut-être que c'était juste le sourire -mais -il ne ressemblait pas au souvenir -c'était un peu déroutant------------------.

« Content de te revoir. Tu vas bien, depuis la dernière fois ? »

Depuis la dernière fois.

Depuis la dernière fois. Elle avait affronté un monstre marin en compagnie d'un ancien ami devenu bien différent. Elle avait enquêté sur une maladie mystérieuse qui se répandait via une étrange énergie. Elle avait affronté Central et ses chiens de garde, une fois de plus. Depuis la dernière fois. Seulement. À peine deux semaines. Depuis la dernière fois. Elle était terriblement fatiguée. Mais. Toujours. Le temps manquait. Alors. Pas le moment de songer à se reposer.

Alors.
Simplement.
Un sourire fatigué.
Ça irait mieux.
Plus tard.

« Et toi ? Je suis contente que tu aies accepté de venir. »

Elle en était persuadée.
Maintenant.
Elle avait assez pour le convaincre.
Maintenant.
Si l'information était donnée.
Peut-être.
Qu'elle pourrait enfin.

« Tu n'avais pas dit que quelqu'un devait t'accompagner ? »

Et.
Essayer de faire confiance.
Ce n'était déjà pas aisé.
Mais changer les projets sans explication donnée.
Ça n'éveillait rien de bon.

Même si.
L'impression d'un mois entier.

Et. Comme une vieille habitude de reprendre sans s'impatienter. Répondre. À toutes ses trop nombreuses questions -quelques secondes écoulées -et déjà deux de posées -mais -cette fois -il savait à quoi s'attendre -alors -cette fois encore -il ne se formaliserait pas -n'est-ce pas---------. Répondre de détails, d'informations -sans omettre -sans cacher -sans mentir -sans juger -et -se souvenir -c'était un peu pour ça -qu'elle avait apprécié le pique-nique--------. Anja. Une apprentie bookwoman -et -se demander un instant -pourquoi il avait tenu à se faire accompagner -leur dernière rencontre -évoquer une information importante à donner -influencer la guerre -parler de son cœur absent et d'espérer le faire battre -ce n'était pas -des choses à confier devant d'autres de son clan, non ? -alors pourquoi -Anja -et pourquoi -lui confier cette identité -comme si elle comptait -quelque chose échappait--------------- restée en ville.

« Elle n’est pas venue jusqu’ici parce que tu n’as pas répondu à ma lettre. » Manque de temps, aurait-elle voulu se défendre -et ce n'était pas si faux -il fallait au moins concéder -le temps, toujours absent---. Mais. En réalité. Elle aurait simplement voulu. Refuser. Mais. Trop peur qu'il annule la demande. Alors. C'était très bien comme ça -connaître une ville à proximité, c'était déjà bien assez -peut-être qu'il ne savait pas -peut-être qu'il ignorait -mais pour certains combattants -cette simple rencontre -pouvait donner plus d'informations qu'ils n'en avaient besoin -alors -un bookman, déjà bien assez -et -ce n'est pas contre vous -mais, tu sais -certains se fichent bien, que vous soyez en dehors de la guerre -intouchables -ils vous traqueront quand même, s'ils en ont le besoin -alors--------------- « Dans le doute, j’ai préféré ne pas te l’imposer. Rassurée ? » Et. Un léger hochement de tête. C'était mieux ainsi, oui. « Regarde, j’ai même ramené de quoi de manger. »

Ah. Promesse tenue.
Pilar.
Elle l'appréciait.
Parce qu'il était honnête.
Et.
Ça faisait du bien de composer sans mensonges.
L'espace d'un court instant.

« J'espère que c'est aussi bon que la dernière fois. »

Et.
Une ébauche de sourire.
Même si.
C'était difficile, aujourd'hui.
Mais l'envie.
De paraître moins fatiguée.
Qu'elle ne l'était.
De prouver.
Qu'elle pouvait vraiment aider.

« Sinon, moi… ça va. Ni bien ni mal. Rien à faire, ce genre de détail passe toujours au dessus de moi… de là. »

Et. Le fixer un court moment -perdue dans ses pensées -et -se demander -ça faisait quoi -de pouvoir s'effacer -disparaître -laisser tout d'une ancienne vie derrière soi -sans que rien ne puisse jamais perturber la nouvelle -changer d'identité -devenir une autre personne -et parfois -ça semblait -presque enviable -mais -perdre ce qui était horrible -comme ce qui était précieux -alors -peut-être pas tant que ça------------------, pointer son cœur -à nouveau -il n'avait toujours pas trouvé -et ça semblait -toujours l'obséder -assez -pour que ce soit une des premières choses confiées------.

« C'est peut-être un peu tôt pour qu'il puisse déjà fonctionner correctement, non ? »

L'impression que.
Ça faisait déjà plus d'un mois.
En réalité.
Même pas deux semaines.
Alors.
Peut-être plus impatient qu'il ne laissait présager.

« Hm, entre. » Et. Inviter. Comme si. C'était toujours. Chez elle -stupide-. « Ce sera plus confortable pour parler. Et fais attention où tu mets les pieds. Le sol est un peu… Capricieux. »

Ne fais pas attention au désordre.
Au délabrement.
Aux ruines.
De toute façon.
On a jamais eu le temps de ranger, ici.

Et. Alors que Pilar déposait ce qu'il avait apporté. L'impression de la voir, cette réalité -celle où, il n'y aurait pas eu de peur -celle où, ils seraient resté -celle où, ils auraient continué de se cacher -à l'abri de tout, dans cette épaisse forêt -celle où, ils auraient continué de prendre des repas dans la bonne humeur, autour de cette même table -celle où, il y aurait eu des sourires et des rires -celle où, les disparus seraient encore là -et -cette réalité -elle était comme -sur un plan inaccessible -mais -présente devant elle -dans ses souvenirs -et -tendre la main ne serait pas suffisant pour l'atteindre -et -cette réalité -elle en était privée à jamais-------------------. Mais. Tellement éloignée. Qu'il n'y avait qu'un souvenir passé. Et celle actuelle -et -cette réalité dans laquelle elle vivait -elle était tellement plus sombre -tellement pleine de ténèbres -tellement agressive et mauvaise -les sourires et les rires disparaissaient au fil des jours -des semaines -des mois -remplacés par des cernes de fatigue et d'inquiétude -remplacés par des larmes et des cauchemars -remplacés par des pièges et des combats -et -cette réalité -elle commençait à poser trop de questions -et -la principale -c'était -combien de temps, encore -et la réponse -elle terrifiait -et en vérité -elle commençait à douter -qu'ils pourraient encore longtemps échapper-----------------------.

« C’est ici que vous habitiez avant, alors. »

Et.
Le souvenir de la réalité.
De disparaître.
Briser définitivement.
Et.
Le présent de l'autre.
De s'imposer.

Avant.

Et. Perdue dans ses pensées, le bookman de l'en tirer. Ni une question. Ni une hésitation. Une affirmation, de ses capacités de perceptions et de déductions -enfin -un instant de penser -ce n'était pas si difficile à comprendre, pour quelqu'un qui savait observer -un lieu perdu au milieu de rien -qu'il fallait connaître -un avertissement à l'entrée -et toujours -des souvenirs au fond des yeux -non, ce n'était pas difficile à comprendre -et c'était -un début de discussion, comme un autre-----------. Sans doute pas. Une réponse qui intéressait vraiment -sa mission, c'était Apocryphos -pas les pacificateurs -d'ailleurs, se demander un instant -si quelqu'un s'y intéressait seulement -outre Central qui semblait ne pas vouloir capituler -non, bien trop insignifiants -mais -il fallait bien -commencer quelque part, n'est-ce pas---------.

« Avant, oui, » répondit-elle avant de s'asseoir à table -la chaise de droite -pas celle de gauche -les pieds n'étaient pas stables---, s'inquiétant de tout ce que Pilar avait apporté -et -se demander, toujours -combien de personnes comptait-il nourrir, exactement -et -combien de temps la préparation lui avait pris -c'était une attention particulière -mais peut-être -un peu exagérée--------. « Et puis… Notre localisation s'est ébruitée, » ou plutôt, on nous a trahis. Mais ça, c'est une autre histoire. Et elle n'est pas joyeuse, tu sais, « et nous avons dû partir précipitamment. Maintenant… Ils ont peur que ça se produise à nouveau. C'est pour ça qu'ils ont refusé ta demande. » Peur de perdre le peu de sécurité qu'ils avaient. Enfin. Ça durerait sûrement peu de temps. Alors. Inutile de s'y accrocher désespérément. Le château ne serait pas leur dernière demeure. C'était une évidence. Mais. Ils avaient besoin de temps, sans doute. Alors. « Mais ne t'inquiètes pas, ça ne risque rien aujourd'hui. »

Je m'en suis assurée, tu sais.

Et. De toute façon. Ça semblait. Comme si plus personne n'avait remis les pieds ici. Même pour s'assurer de leur départ. Le manoir avait sombré à nouveau dans l'oubli. Et. S'il reprenait vie dans l'histoire aujourd'hui. Ce ne serait que pour un bref instant. À peine important. Dans le cours de l'Histoire.

« Enfin, certains disaient que c'était hanté ici. Mais c'est une autre histoire. Et je n'ai jamais vu de fantômes. »

Enfin.
Pas de ceux qu'on peut se raconter pour s'effrayer.
Ceux que l'on nommait fantômes.
Ils étaient différents.

Et. Ça aurait presque manqué. De constater les réactions de certains -parfois -un craquement avait fait sursauter -parfois -une chouette avait fait se réveiller brusquement -parfois -un vieux cadre décalé avait induit le doute -alors -à ces moments -elle avait toujours eu un sourire moqueur -elle, les fantômes -jusqu'à preuve du contraire -ils n'existaient pas -et tout ce qui en avait parlé -toutes les enquêtes qu'elle avait menées -c'étaient toujours soldées de la même façon -rumeurs et mensonges -affabulations -illuminés -akumas -Noés -jamais -un véritable revenant -et les morts -sauf ceux qu'ils combattaient -ne revenaient jamais -et Gwen -lui avait prouvé -les morts -ne reviennent pas-----------------------------. Et. Ça l'aurait presque amusée, celle du bookman. Pas de peur. Seulement de la curiosité. Et. Presque désolée pour lui. Les fantômes. Ça n'existait pas -mais -c'était peut-être bien -de rêver un peu -de s'appuyer et de croire en des choses -loin de la vérité contractuelle qu'il observait en permanence -loin de ce qu'il devait transcrire, véridique, traits pour mots -loin du monde réel -et -tu vois, Pilar -peut-être qu'il y a des choses qui t'intéressent, en réalité----------.

Et.
L'inviter à manger.
À goûter.
Tout ce qu'il avait préparé.
Peut-être.
Des heures de travail en vérité.
Alors.
Ne pas le vexer.
Et.
Sans mensonge, aucun.
Une légère faim.

« Merci. »

Mais. En premier lieu. Une tasse de thé. La route jusqu'au manoir avait été longue et sa gourde vide trop rapidement. Heureusement. Il avait pensé à tout.

« Malheureusement, je ne pense pas que le manoir soit vraiment hanté. Je n'ai jamais rien vu d'étrange. Et pour le reste… » Une gorgée de thé pour sa gorge sèche. Ce serait plus facile ainsi. « Beaucoup de rumeurs mais jamais rien de réel. Mais si j'en vois un jour, je te préviendrai, si tu veux ! »

Comment. Restait la question qui avait conduite, ici. À cette rencontre. Et. Ne pas vraiment savoir. S'il fallait continuer les échanges de cordialités ou s'il fallait entrer dans le vif du sujet -ignorer, le temps dont il disposait -on l'attendait, ça, c'était certain -et sans doute -qu'il n'avait pas la journée -elle, ne l'avait pas -et, depuis le dernier piège -elle n'était pas sereine -de rester longtemps -ailleurs qu'au château -mais -discuter avec lui, n'était pas pénible -et, sans doute, avait-il fait du chemin -et, l'autre fois, il avait eu comme besoin de parler -alors écourter -sans doute, pas très apprécié---------------. Même si. Il n'avait pas répondu à la lettre pour écouter ses histoires -elle n'était d'ailleurs pas là pour les raconter -elle ne racontait pas bien, de toute façon -et toutes se terminaient mal -alors -préférable d'éviter -l'ambiance était légère -inutile de la briser-------.

Et.
Songer un instant.
S'il acceptait.
Ça n'aurait rien à voir.
Avec sa mission.
Apocryphos.
La guerre sainte.
S'il acceptait.
Ça pourrait davantage ressembler.
À un début d'amitié.
Alors peut-être.
Qu'il devrait juste refuser.
Et.
Ne pas s'en vexer.

Et. Parlant d'amitié. De sentiments. Il y avait bien une chose. Qu'il avait déjà accepté. Qu'ils avaient déjà évoqué. Et. Ce serait peut-être bien, avant le vif du sujet -parce que lui -l'avait souligné rapidement -quelques secondes après leur rencontre -ça semblait -le tracasser -plus que ça l'aurait dû -alors peut-être -qu'il voulait aussi en parler--------.

« Oh, d'ailleurs. C'est sans doute un peu tôt mais… Est-ce que des choses ont presque réussi à le faire fonctionner, ces derniers jours ? »

Inutile de pointer son cœur.
Il savait de quoi il était question.
Il avait promis un panier.
Et un rapport.
Alors peut-être.
Commencer par là.
Et une part de flan, c'était plus simple à pointer qu'un cœur.

Et. Il disait des choses terriblement vraies, Pilar -plus facile de parler -plus facile de faire de grands discours -plus facile de provoquer -plus facile de se cacher, derrière des mots, des papiers, des ordres -beaucoup moins -d'agir -de prouver -d'essayer -de faire changer -de réussir -et, peut-être -que c'était pour ça -que c'était si dur -et, peut-être -que c'était pour ça -que les chemins étaient moins empruntés----------------. Des choses, qui faisaient écho -bien plus facile -d'ordonner -de dicter -d'obliger -beaucoup moins -d'agir -de combattre -d'échapper -il avait raison -c'était terriblement vrai -car -c'était terriblement dur--------------. Et. L'espace d'un instant. L'impression qu'il n'évoquait pas que les fantômes. Pas que les choses sans importance. Mais plutôt. L'espace entre les lignes -et -le temps d'un instant -l'impression que si ça arrivait -si elle réussissait -alors elle pourrait l'avertir -mais -douter -que cela puisse arriver un jour -et -en réalité -la certitude absolue -elle avait beau rêver -ils avaient beau rêver -il n'y aurait pas de fin heureuse pour eux -la fin, elle serait sur le champ de bataille -comment, pas vraiment la question -plutôt -quand------------------.

Alors.
Un vague sourire.
Si elle voyait un fantôme.
Elle le préviendrait.

Et. Lorsque la question d'évoquer son cœur -mort avant de vivre -sentiments muets incapables d'insuffler -un battement seulement pour respirer -doux mensonges, qu'ils se racontaient -qui se répandait -qu'ils voulaient croire avec véracité -mais -impossible, jamais -d'en faire une vérité---------, répondre sans taire les détails -parce que ça -ça l'intéressait plus que ce qui aurait dû -plus que ce qu'il aurait pû avouer -parce qu'il voulait -qu'un battement puisse ressentir -et qu'il puisse dire -que ça fonctionnait correctement-------.

« Pas vraiment. Mais Anja m’a fait essayer les couchers de soleil et m’a initié à la peinture. Je me suis amusé, je crois… non, j’en suis sûre ? En tout cas, c’était agréable, quand c’est arrivé. Mais d’y repenser… je ne ressens rien en particulier. Je ne fais pas de sens, hein ? »

Il s'est amusé.

Une gorgée de thé. Et. Un sourire sincère. C'était déjà une avancée. Pour quelque chose qui n'était pas censé fonctionner. Mais. Pilar, pas réellement satisfait -et d'évoquer une réalité -commune -qu'il semblait ignorer -quand il se souvenait -il ne ressentait plus -et, le sourire de se faire amusé -il semblait -manquer quelques indications, au fonctionnement -une vérité qui avait échappé -ce n'était pas vraiment comme ça, que ça fonctionnait -du moins, elle croyait -et, puisqu'il n'était pas satisfait------------. Alors. Essayer de lui expliquer -enfin, les mots, ils échappaient toujours -ça semblait toujours trop compliqué -encore plus -d'expliquer des choses aussi complexes -acquisent -pour lesquelles on ne réfléchissait plus vraiment au fonctionnement -ça fonctionnait, c'était tout -alors -réfléchir un instant -et essayer -sans s'embourber -ça semblait compliqué------------.

« Non, c'est normal. » Et. Se servir une crêpe pour accompagner le thé. En essayant de mettre des mots. Sur des sentiments estompés. « Quand les souvenirs s'estompent dans le temps, ils sont moins vifs. Dans la mémoire et dans le cœur. C'est un peu… Comme un goût. » Ah. Une métaphore. Voilà. Le moment de s'embourber. Mais. Peut-être. Qu'avec le goûter, ça permettrait de mieux comprendre. Faire sens. « Sur le moment, on apprécie parce que c'est bon. » Un peu comme tes crêpes, Pilar. « Mais lorsque ça se transforme en souvenir, le goût a disparu. On se souvient jusque c'était bien. Tu comprends ? »

Peut-être. Mais peut-être aussi. Que c'était un peu trop abstrait. Bancal. Mais. Expliquer comment des sentiments devenaient des souvenirs. Pas si facile. Peut-être. Trop pour ses mots qui voulaient toujours se taire. Pas si facile. Comme la réponse à sa propre question.

« Ahem.., et toi, ta quête... ça avance ? »

Et. Un instant, le regarder curieusement -c'était un peu étrange -qu'il demande -qu'il pose la question -qu'il s'y intéresse -car -souvenir de ses mots, anciens -évoquant le contraire -et, peut-être bien -la première fois, qu'il questionnait directement -c'était -bizarre -un peu -alors -se demander -si ce n'était qu'une politesse -ou si vraiment -un désir de connaître la réponse----------------- avant de répondre dans un soupir -fatigué -désolé -las -exténué -peut-être juste -besoin d'un peu de repos------.

« Pas aussi bien que je le voudrais. » En fait. Il faudrait presque un miracle, à présent. « Trouver une façon de mettre fin à cette guerre n'est déjà pas simple mais… Enfin. » Un sourire ironique d'accompagner. Ils ne me laisseront jamais essayer. Jamais en paix. « Ça l'est encore moins quand tout le monde a décidé qu'il faut nous arrêter. » Faire de moi, un exemple. Et. Secouer la tête pour chasser ses pensées horribles -le sorcier et les corbeaux n'étaient pas là -pas aujourd'hui -alors -oublier l'espace d'un instant le sort réservé -ils étaient effrayants -mais aujourd'hui -ils n'étaient qu'un lointaine cauchemar-------. « Mais…Je suppose que si personne n'a essayé avant, c'est justement parce que ça ne l'est pas. »

Simple.
Enfin.
Si c'était si facile.
Tout le monde le ferait.
Et.
Qui tu serais pour réussir.
Là où tous les autres ont échoué.

Et parfois.
Elle avait l'impression.
Ça faiblissait.
Légèrement.

Alors. Lorsque Pilar d'évoquer ambition et puissance, un doute de gagner. Elle ne comprenait pas vraiment -pourquoi en parler -sur quoi il se basait, exactement -elle avait simplement une idée -d'autres qu'elle refusait -et -une certaine chance, peut-être -de sortir vivante des affrontements -d'échapper encore un peu à Central -ce n'était -ni l'ambition de conquérir le monde pour en faire un havre de paix -ni la puissance d'écraser les lignes adverses d'un claquement de doigts -ce n'était que -refuser -encore et encore -les ordres stupides -les cadavres empilés -et -l'idée que, peut-être -il existait -une autre solution -ni ambition -ni puissance -simplement -un rêve------------------------, ces mots -et -jusque-là -ils avaient été tellement teinté de vérité -de simples constats authentiques -aucun sentiment -aucun rêve -simplement -des faits immuables-------- et cette admiration -et -sans doute -ça ne lui plaisait pas vraiment -c'était comme -dérangeant -parfois, les gens semblaient voir -quelqu'un qui n'existait pas réellement -juste un reflet -et parfois -ils s'y accrochaient -idée en tête -portée par rumeurs et mensonges -elle persistait -et alors -c'était des armées qui venaient la trouver -parce qu'ils s'attendaient -au reflet -et ça -c'était -terriblement dérangeant -mais en vérité -il n'y avait peut-être que Lavi -que l'image ne trompait-----------------------.

Ni sens.
Ni place.
Seulement.
Une rumeur.
Néfaste.
De se répandre.
Toujours plus.

Alors. L'envie de lui dire -qu'il se trompait -que ce n'était qu'une impression -qu'une rumeur, qui parcourait les différents camps -sans réel fondement -et qu'il aurait été préférable -de faire taire à tout jamais -pour simplement -relever la vérité -elle essayait -simplement -de ne pas -plus -disparaître -d'éviter la fin -encore -de ses proches -de stopper les sacrifices inutiles -décidé par des choses -des gens -qui les dépassaient -qu'une ancienne exorciste -qui avait un peu trop souffert -et qui préférait croire -à une autre mort------------------------, de rétablir la vérité. Mais. L'invité d'ajouter. Une donnée qui lui avait échappé.

« D’autres avant toi ont essayé. Ils ont échoué, mais… ils n’étaient jamais arrivés jusque là. Ils se battaient seuls… toi, tu as tous les pacificateurs à tes côtés. J’observerai votre avancée d’un œil discret, c’est promis. T’avoir rencontrée m’a rendu curieux. »

Et. Un sourire amical. Sincère. De conclure. Alors que. Les pensées focalisées. D'autres avant toi ont essayé. Et ça. Elle l'avait ignoré -jamais, ça n'avait été évoqué -jamais, à la congrégation, des traîtres avaient été révélés, à l'époque -jamais, l'idée d'une autre fin semblait avoir traversé les esprits -alors si d'autres avaient existé -quand -comment -pourquoi -et surtout -qu'avaient-ils tenté -et encore plus -qui les avait effacé de l'histoire qu'elle connaissait-----------. Et. Seule différence. Les Pacificateurs -ils avaient été seuls, dans leurs combats -mais -on ne gagnait pas une guerre, seuls -alors pourquoi -ne pas avoir rassemblé -ne pas avoir essayé -et -serait-ce assez aujourd'hui -pour faire une réelle différence -pour ne pas reproduire les erreurs passées -pour ne pas suivre le même chemin que les malheureux -pour ne pas -être effacés, avec leurs idées-------------. Alors. Mille questions de vouloir être posées. Mais. Pilar de détourner -confier un secret -ça avait été une fleur -un cadeau -et -il ne fallait pas -en abuser -il y avait -un début de quelque chose -à eux de chercher, s'ils le voulaient -lui, en avait déjà dit bien assez -il n'aurait même pas dû -mais -sourire amical -ah, Pilar -devenu curieux -mais -un chemin escarpé de se présenter -attention, de ne pas y glisser------------------.

« En parlant d’être curieux… Si tu as tant tenu à ce que l’on se renvoie, c’est parce que tu veux savoir ce dont je t’ai parlé l’autre fois, n’est-ce pas ? »

Ah.

Presque reconnaissante, en réalité. D'aborder le sujet en premier -c'était plus facile ainsi -qu'il mette fin lui-même aux politesses -elle aurait un peu moins l'impression -de brusquer -d'imposer -oh, cette information, elle l'aurait arraché -mais -les choses semblaient avoir quelque peu changé -il y avait comme -un début d'amitié -oh, pas folle -elle savait -c'était un bookman -c'était peut-être faux -mais -son sourire, il paraissait sincère -et -tout ce qu'il avait confié -ce n'était peut-être pas juste pour l'amadouer -enfin, peut-être que ça avait un peu marché -aujourd'hui -pas de menaces -et pour venir seul -il le savait, à n'en pas douter------------------------. Alors. Léger raclement de gorge. Et essayer. De faire vivre le reflet. Négocier. Convaincre. Réussir. Pour repartir avec la donnée convoitée.

« Oui. Je… Hm, si cette information n'est toujours pas connue et qu'elle est si importante, tu te doutes qu'elle m'intéresse. » Enfin. Était-ce seulement nécessaire de le souligner. Ça aussi. Il le savait. Mais. Si c'était réellement quelque chose qui pouvait faire pencher la balance. Au moins. Donner une piste. Impossible de l'ignorer -et toujours -ne pas vraiment comprendre -comment ça pouvait ne pas influencer la guerre -l'Histoire -s'ils utilisaient l'information -elle influencerait -qu'il le souhaite ou non -mais -pas la question -pas la sienne -c'était à lui -de comprendre cette nuance------------. « Je suis d'accord, pour te fournir tout ce que j'obtiendrai concernant Apocryphos. » Enfin. Ça, elle l'avait déjà précisé, dans sa lettre. Alors. Ça aussi. Il le savait. Rien de nouveau. Rien pour le convaincre de changer sur les points qui avaient fait refuser -oh mais, ces points -ce refus des autres -elle y avait songé -pas question -de prendre des risques inutiles -de faire perdre du temps inutilement -de prévoir une troisième rencontre -après d'autres problématiques évoquées ici -elle les connaissait, elle voulait y remédier -du moins -celles dont elle avait eu connaissance -pour le reste -il serait toujours temps -d'improviser--------------. « Oh et, j'ai ramené ça. »

Et.
De la poche.
Sortir un bijou doré.
Et.
Le posé, près de la tasse de thé.
Et ça.
Elle espérait.
Que ça le convaincrait.

Et. L'outil, de ne pas avoir l'effet escompté -elle ne s'était pas attendu à grand-chose -en vérité -seulement un problème solutionné -mais -l'objet d'être observé avec curiosité -comme si -et, un instant -douter -si sa mission demeurait auprès d'un des acteurs de la guerre -ses subtilités, peut-être -d'être quelque peu ignorées -d'échapper -ah, bien sûr -il aurait peut-être fallu -expliquer, simplement -pas vraiment songé -ça avait paru évident -et, c'était là une erreur -elle aurait dû -y songer avant de se ridiculiser -de ce qui semblait un simple présent -ah, vraiment--------------------. Seulement. Curiosité et perplexité. Ah. Elle aurait vraiment dû songer -c'était ridicule -presque gênant -ne pas se fier entièrement -au reflet----. Et anticipé. La question posée dans un doute.

« Ah, non. » Enfin, si. Dans la forme même. Alors. Pas vraiment tort. Pas vraiment raison. Mais. Léger embarras de s'installer. Quiproquo à dissiper. « C'est un golem. Je me suis dit qu'il serait plus discret comme ça. » Sous cette forme. Et. Tu sais. Je l'ai enchanté moi-même. « Il te permettra de joindre le mien, si tu lui demandes. Et… Sans doute d'effectuer quelques tâches annexes. » En fait. Il faudrait sûrement essayer. Les sorts. Restaient un peu hasardeux. « Il fonctionnera tant que… »

Tant que.
Le sort sera actif.
Tant que.
La guerre ne le coupera pas.
Tant que.
Pas bien difficile à comprendre.

« Enfin… C'est plus pratique que d'essayer de se croiser de temps en temps, non ? »

Enfin. C'était l'idée. Un golem pour échanger. Pour fixer des rencontres. Ça avait l'air plus simple. Qu'un hasard au château -en réalité -sa présence n'était ni régulière, ni fixe -alors -même si la demande première paraissait plus logique -ça n'était pas la plus pratique -et -d'autres outils à disposition -alors, pourquoi s'en priver -il faudrait sans doute, juste -un peu de discrétion -et -éviter l'utilisation en public -ou du moins -devant d'autres bookmans -un lien direct avec un autre acteur -ce n'était peut-être -pas si recommandé, Pilar-----------------.

Et.
Tendre l'objet à son futur porteur.
Tu l'acceptes.
Dis ?