Breaking of the Fellowship || Célania

Encore une fois, Célania avait été envoyé en Allemagne. Dans un village où sévissait un soi-disant équivalent du Croque Mitaine français, un monstre dévoreur d’enfants. Pour cause, dans ce fameux village, certaines personnes disparaissaient, notamment des enfants. Alors bien sûr, il avait été décidé d’envoyer un Exorciste sur place afin de vérifier de quoi il en retournait. Décidément, tout ceci n’en finirait jamais…

Si le dossier concernant cette mission était complet du fait de la rapide propagation des rumeurs, Célania n’eut aucun mal à procéder à sa propre enquête de son côté, lui permettant ainsi d'affiner les recherches. Visiblement, les personnes ici parlaient facilement aux étrangers, encore plus lorsqu’il s’agissait de ragots. Une chance pour elle. D'autant plus que les informations qu’elle parvint à récolter la conduisirent vers un quartier en particulier, où, d'après les villageois, les disparitions étaient bien plus fréquentes.

Ce fût donc d’un pas pressé qu’elle se rendit vers le lieux en question, ignorant sa fatigue. A présent qu’elle était ici, plus personne ne devait mourir. Encore moins un enfant. Heureusement, si l’on pouvait dire, les rumeurs étaient bien fondées et la bleue n’eût pas à chercher bien loin pour trouver la cause de ces disparitions. En effet, à peine mit-elle les pieds dans une des ruelles, qu’elle se retrouva face à trois Akumas. Et si Célania aurait préféré ne pas avoir à se battre en pleine ville, les monstres en décidèrent autrement, engageant immédiatement le combat.

Tentant de la prendre de court, l’un de ses adversaires fit feu avant même qu’elle ne puisse dégainer son arme. Évitant l’attaque de justesse, les flammes vinrent s’encastrer dans le bâtiment qui se trouvait derrière elle, l'engloutissement dans une importante explosion. S’effondrant sur lui-même, l’édifice, aidé par les flammes, se mit à dégager une épaisse fumée noire ; la situation était déjà en train de lui échapper.

Se relevant rapidement, l’Exorciste dégaina enfin Falchion d’une main tandis que de l’autre elle réajusta son manteau pour couvrir son visage du nuage noirâtre. Puis, sans attendre, elle abattit son arme sur l’Akuma le plus proche, profitant de l’émanation pour attaquer sans que celui-ci ne puisse se défendre.

Seulement, la machine qui avait détruit le bâtiment n’avait pas dit son dernier mot encore. Braquant ses canons vers elle, elle s'apprêta à nouveau à faire feu. Mais avant qu’elle n’en ait le temps, un trait de lumière fendit la fumée pour aller se planter entre les deux adversaires. Fronçant les sourcils, la bleue se demanda l’espace d’un instant ce qui avait été à l’origine de cette chose. Toutefois, avec son acuité réduite, elle ne parvint pas à percevoir d’où était venu la lumière. Ce mystère devrait attendre...

Profitant de cet instant de flottement dû à l’étonnement de son adversaire, Célania attaqua, transperçant le monstre grâce à son arme.

Plus qu’un...

Mais encore une fois, cet étrange phénomène se produisit. Un trait de lumière jailli de nul part, se plantant directement dans l’Akuma, le faisant exploser. La française écarquilla les yeux. Ce tir… Il devait forcément provenir d’une Innocence… Mais de qui, ça, c’était une autre question. La jeune femme n’avait pas demandé de renfort et personne ne se trouvait dans les environs à sa connaissance.

Prudente, Célania sorti du nuage de fumée, retirant le tissus qui couvrait son nez. Ses yeux tombèrent alors sur une personne qu’elle connaissait bien. Trop bien. Une personne qui n’aurait pas dû se trouver ici. Sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, la main de la bleue se resserra sur la garde de son épée.

-Gwenaëlle...

Revoir l’archère emplit la jeune femme de sentiments contradictoires. Si elle était contente de constater que la rousse se portait bien, c’était bien le seul ressenti positif qui envahit son cœur. Pour le reste, c’était plus compliqué. Gwenaëlle avait été une amie proche, une confidente. Toutes deux avaient combattu ensembles, s’étaient soutenues, s’étaient confiées l’une à l’autre et surtout, s’étaient promis de venir se trouver si quelque chose n’allait pas.

Seulement, l’archère avait fuit, sans la prévenir, brisant ainsi la promesse qu’elle lui avait faite. Elle ne lui avait laissé qu’une simple lettre, croyant sans doute que son geste excusait son départ. Mais ce n’était pas le cas. Tout ce que cette lettre avait provoqué, c’était de la colère, de la déception ainsi que de la tristesse. Et c’était bien ces sentiments qui l’animaient à nouveau aujourd’hui en voyant l’ancienne Exorciste. La rousse ne lui avait pas fait assez confiance, n’avait pas jugé nécessaire de la mettre dans la confidence. Si dans sa fuite Gwenaëlle avait trahi la Congrégation, Célania avait plutôt l’impression qu’elle l’avait trahis, elle. Et elle détestait ça.

Quoi qu’il en soit, croiser l’archère ici impliquait certaines choses. Les ordres de la Congrégation et de Central concernant la fugitive étaient clairs : la localiser et la ramener. Ce que la française comptait bien faire.

-Tu sembles aller mieux que la dernière fois que nous nous sommes vus...

Elle brandit Falchion devant elle, prudente. L’ancienne Exorciste était sans doute en meilleur état qu’elle. Après tout, elle n’avait pas eu à subir de blessures dues à toutes sortes de missions durant ses deux mois de cavale. En plus de cela, l’archère était sans doute l’un des meilleurs éléments de la Congrégation. La bleue n’avait pas le droit à l’erreur.

-Malheureusement, les ordres te concernant sont clairs. Tu rentres avec moi.

Célania avait eu beau évoquer l’état de santé de son ancienne amie ou bien les ordres qu’ils avaient reçus à son sujet, Gwenaëlle ne semblait pas vouloir lui répondre, se contentant de garder le silence ou bien de hausser simplement les épaules. Comme si elle se moquait bien de tout ça. Comme si leur amitié n’avait plus d’importance. Comme si l’instant présent n’avait pas d’importance.

Petit à petit, la colère gagnait l’épéiste alors qu’elle essayait de se tempérer. La rousse avait pris la fuite certes, mais elle restait tout de même leur amie… En théorie. Car la personne qui se trouvait en face d’elle à ce moment semblait bien se moquer des conséquences de ses actes et du reste. Gwenaëlle avait coupé les ponts d’elle-même et ne semblait pas vouloir améliorer la situation. Alors, tout comme elle, la bleue ne devait plus s’accrocher à ce qu’il restait de leur amitié.

Enfin, après de longues secondes, l’archère finit par lui répondre d’une voix bien trop calme, prouvant que tout ceci ne l’atteignait pas. Célania ne comptait plus pour Gwenaëlle. Alors Gwenaëlle ne compterait plus pour Célania.

-Je… Je ne rentrerai pas, Célania. Je ne peux pas.

Le regard de l’Exorciste se fit plus sévère. Elle ne pouvait pas ? Non, elle ne voulait pas. C’était bien différent. Et cette différence c’était bien elle qui faisait que la rousse continuait de les trahir, les autres Exorcistes et elle. L’archère ne voulait pas revenir sur sa décision, elle ne voulait ni s’expliquer, ni se justifier et encore moins s’excuser. Gwenaëlle se fichait bien de leurs souffrances à présent qu’elle, elle était libre.

-Et je ne porterai pas le premier coup. Je ne m’en prendrai pas à toi. Ça non plus, je ne peux pas.

Pendant une seconde, Célania fût surprise. Encore une fois, la rousse avançait une excuse, une incapacité à frapper la première, pour sans doute mieux couvrir sa fuite. Parce que c’était bien ce qu’elle souhaitait, non ? Mettre le plus de distance entre la Congrégation et elle. Et si la bleue n’était pas connue pour ses accès de colère de par son tempérament calme, à cet instant, elle en voulait vraiment à la jeune femme.

Elle avait envie de l’obliger à s’expliquer, de l’obliger à voir en face les conséquences de ses actes, de lui faire comprendre que cet abandon avait tout d’un acte égoïste. Et que cela ne lui ressemblait pas. Mais est-ce que cela servirait à quelque chose ? Gwenaëlle l'écouterait-elle ? Certainement pas. Elle ne devait pas voir les choses de cette manière et son refus d’entamer une conversation prouvait bien qu’elle préférait régler cela au plus vite, évitant toute confrontation verbale, pour mieux s’enfuir.

-Mais j’imagine qu’on n’a pas vraiment d’autres choix, hein ?

-C’est toi qui ne nous laisses pas d’autres choix...

En face d’elle, l’archère se mit en garde, prête à se battre mais sans dégainer son arc pour autant. Célania fronça les sourcils, se demandant ce qu’elle faisait. Que comptait-elle faire à mains nues face à une épée. Certes, la rousse était forte, sans doute même plus qu’elle, mais sans arme pour se défendre, elle ne ferait sans doute pas le poids. Imitant l’ancienne Exorciste, la bleue se mit également en garde.

-Dégaine ton arc, Gwenaëlle.

La française n’avait aucune envie de combattre quelqu’un qui ne comptait pas se défendre. Elle ne voulait pas la blesser inutilement ni la faire souffrir. C’était un acte purement égoïste mais Célania ne voulait pas endurer la culpabilité d’infliger des blessures à une ancienne amie. Ainsi, se doutant que la fuyarde ignorerait une fois de plus ses paroles, elle insista.

-Je n’ai pas envie de te blesser parce que tu ne veux pas te battre alors sors ton arme et défends-toi.

Je ne veux pas porter le fardeau de tes erreurs...

La jeune femme activa son Innocence espérant ainsi faire réagir la rousse. La lame prit son habituelle couleur bleutée, signifiant que les coups portés seraient plus puissants que de simple coup d’épée.

Ne perdant pas plus de temps, Célania réduisit la distance qui la séparait de l’archère et frappa une première fois en visant ses jambes. Un coup qui ne la tuerait pas mais qui compromettrait clairement sa fuite. D’autant plus que quelques semaines auparavant, Gwenaëlle pouvait à peine marcher.

Elle la ramènerait à la maison.

Comme la bleue s’y était attendu, Gwenaëlle esquiva son attaque, bien que son geste fût maladroit. Contrairement à Célania, l’ancienne Exorciste n’avait, semblait-il, pas eut l’occasion de garder sa condition physique d'antan et encore moins de combattre. Sa façon de se mouvoir le confirmait bien et lui faisait légèrement défaut.

Toutefois, cela n’empêcha pas l’archère de riposter. Après tout, malgré son manque de pratique, elle restait tout de même une adversaire dangereuse et redoutable. Mais à nouveau, ce fût sans son arc qu’elle opéra, refusant visiblement de se servir de son Innocence. Ce fût donc avec ses membres qu’elle contre-attaqua, créant ainsi un sentiment amer chez la bleue. A cause de son ancienne amie, des choix qu’elle faisait, la jeune femme souffrait toujours plus. Aujourd’hui, elle devrait la blesser, même si ce n’était pas ce qu’elle souhaitait, à cause des décisions égoïstes de la rousse. Mais quelle importance ? Gwenaëlle avait choisi depuis longtemps sa voie, elle se fichait bien de ce que la bleue pouvait ressentir.

Quoi qu’il en soit, ce fût avec un coup rapide mais maladroit qu’elle riposta. Son pied visa la hanche de l'épéiste qui para l’attaque du plat de son arme. Le pied de la rousse vint rencontrer l’acier, stoppant ainsi son geste. Vaguement, Célania se dit qu’elle aurait pu tout aussi bien arrêter le geste de la fuyarde avec la partie tranchante de l’épée. La lame aurait découpé la semelle de la botte, puis la peau, réduisant ainsi ses chances de s’enfuir. Seulement, -elle n’aurait su dire si cela était consciemment ou non- elle ne tenait pas à faire couler le sang d’une camarade, pas alors que cette dernière ne prenait pas cet affrontement au sérieux. Gwenaëlle devait se défendre. Sinon, quel sorte de monstre l’Exorciste deviendrait-elle en attaquant et en blessant une ancienne amie non armée ?

Un instant distraite par ses pensées, par ses doutes, Célania ne vit pas la seconde attaque de l’archère qui profita de cette seconde d'inattention. Son poing rencontra le visage de la jeune femme, la faisait reculer de quelques pas. Tenant sa mâchoire douloureuse, elle pesta tout bas. La rousse aurait sans doute pu frapper plus fort toutefois, elle n’y allait pas de main morte non plus… Et finalement, avec ce bref échange, c’était bien elle qui avait frappé la première. Qui acceptait ce combat sans même poser de questions ou bien se défendre verbalement. Et cela ne faisait que renforcer la colère que la française ressentait pour sa compatriote.

Et si une partie d’elle ne voulait pas blesser l’archère aussi bien gravement qu’inutilement, une autre ne souhaitait qu’user de l’Innocence pour mettre un terme rapidement à ce combat qui n’apporterait rien d’autre que des souffrances.

-Pourquoi… ?

Rancunière, elle redressa la tête et fixa son adversaire. Pourquoi Gwenaëlle ne prenait-elle pas ce combat au sérieux ? Considérait-elle qu’elle n’en valait pas la peine ? Tout comme elle considérait qu'elle ne méritait pas d'explications ? Pourquoi agissait-elle ainsi ? Pourquoi s’obstinait-elle à combattre sans dire un mot alors qu’elle avait tenté d’échanger avec elle ? Et surtout, pourquoi les avait-elle trahis malgré la promesse qu’elle lui avait faite ? Toutes ces questions et bien d’autres la hantaient, rendant le combat plus difficile à assumer qu’il n’aurait dû l’être.

-Pourquoi tu agis ainsi ?

Sa voix tremblait, laissant transparaître la colère qui l’animait. Cela ne lui plaisait pas de réagir ainsi, ça ne lui ressemblait pas. Seulement, refluer ce qu’elle ressentait était devenu très difficile. Peut-être même trop. Car en réponse à ses sentiments, l’épée se mit à briller un peu plus, témoignant sa capacité à lancer une attaque. Mais la jeune femme voulait attendre. Pour laisser une dernière chance à la rousse. Pour prouver que tout n’était pas encore perdu et qu’elle accepterait de rentrer avec elle à la Congrégation.

Sotte qu’elle était.

Sa question avait été vague, volontairement. Elle laissait ainsi la possibilité à l’ancienne Exorciste de s’expliquer, sur le sujet qu’elle souhaitait, sur tout ce qu’elle voulait et surtout, de ne pas esquiver sa demande. Ceci pour une bonne raison. La bleue avait besoin de ces explications, elle avait besoin d’une raison pour combattre, pour attaquer la rousse, sans que des remords viennent entraver ses mouvements. Même si au fond d’elle, un léger espoir souhaitait que la réponse de Gwenaëlle l’oblige à ranger son arme, empêche ce combat horrible de se produire. Mais malheureusement, ça ne serait pas le cas.

En effet, de son côté, la fuyarde semblait avoir réfléchi à la demande quelques secondes, peut-être souhaitant y répondre de façon construite. Mais les émotions semblèrent prendre le dessus lorsque la jeune femme parla sans vraiment réfléchir, se laissant guider par toute autre chose que la raison.

Son ancienne amie commença par la fameuse lettre. Celle qu’elle lui avait laissée en guise de seul au revoir. Celle qui était censée justifier sa fuite et la rupture de sa promesse. Et Célania constata avec un immense regret que l’archère ne semblait nullement regretter son geste. Le dernier espoir qu’elle avait pu ressentir venait de se briser. Mais la jeune femme ne s’arrêta pas là, enfonçant davantage le clou.

Ses paroles prirent une tout autre direction, expliquant le souhait de la fuyarde de ne plus être liée d’une quelconque manière à la Congrégation sous prétexte qu’elle ne comprenait pas les enjeux de la guerre qui les accablait. Sous prétexte qu’elle ne comprenait pas les décisions qui étaient prises par les dirigeants. Toutefois, aux yeux de la bleue, cela n’était pas une excuse justifiée, loin de là. Après tout, elle non plus ne les comprenait pas. Quelqu’un les comprenait elles seulement ? Malgré tout, une chose était sûre, une chose était claire : le but de cette guerre était de sauver l’humanité. Et cela était censé être largement suffisant pour trouver une raison de se battre, quoi que puisse en penser la déserteuse.

L’archère lui parla ensuite de sa colère, de son incompréhension, de sa soi-disant faiblesse… Des choses qui ne ressemblaient qu’à des prétextes futiles aux yeux de la française. Après tout, elle aussi n’était qu’une gamine jetée au cœur de la guerre, elle aussi était faible, elle aussi avait peur. Et pourtant, elle restait. Pas pour les Instances que la rousse fuyait, mais pour ses amis et ses camarades. Car si tous les combattants partaient, s’ils ne s’épaulaient plus alors ceux qui resteraient se retrouveraient bien plus en danger. Mais ça, Gwenaëlle ne semblait pas le comprendre, attribuant à l’épéiste un mérite qu’elle n’avait pas. Celui d’être un gentil soldat obéissant qui se battait sans poser de questions. Ce qui n’était pas vraiment le cas…

Quoi qu'il en soit, pour l’Exorciste, tout ce qui ressortait de ces fausses explications, c’était de l'égoïsme. La rousse ne voulait plus se battre à cause des sentiments qui dictaient sa conduite actuelle et avait préféré la solution de facilité : la fuite. Mais dans ce cas, tous les combattants de l’Ordre, qu’ils soient Exorcistes ou non pourraient et devraient faire de même. Et pourtant, tous restaient. Pour un but commun, pour défendre et aider les personnes qui leur étaient chères.

Mais la rousse ne s’arrêta pas là, la noyant sous ses mots. Elle se présentait à présent en martyr, l’invitant à la blesser alors qu’elle, ne ferait rien. C’était stupide et cela ne faisait que renforcer la colère que la jeune femme ressentait. La personne qu’elle avait connue n’était plus ; ce n’était plus Gwenaëlle qui se trouvait en face d’elle. C’était une tout autre personne. Et cette personne se mit à lui hurler dessus, se laissant complètement déstabiliser par des sentiments incompréhensibles.

-Attaque moi Célania. S’il te plaît. Sinon ils penseront que tu es complice. Sinon ils te feront du mal, par ma faute. Laisses les me haïr. Et hais moi toi aussi, si ça peut te faire du bien. Peu importe.

A nouveau, elle s’imposait en martyr et Célania détestait ça. Elle s’apprêta d’ailleurs à lui répondre, à lui expliquer à quel point elle se trompait, à quel point ses décisions étaient faussées. Mais avant qu’elle ne le puisse, l’archère fit apparaître son arme et décocha une flèche en direction de civils. Le trait fît effondrer un bâtiment, coupant les deux femmes de la cohue qui s’était rapprochée. Ce geste surpris la bleue et à nouveau, elle ne comprit pas son adversaire. Gwenaëlle aurait pu profiter de la foule pour s’enfuir, pour mettre de la distance entre elles. Mais elle n'en avait rien fait, s’arrangeant au contraire pour que le combat continue. C’était déroutant dans un sens mais au moins, ça ne laissait plus de doute sur les intentions de la rousse. Aussi attristant que cela puisse être…

-Je n’aurais pas besoin de te haïr pour t’attaquer, rassure-toi… Pour la simple raison que tu n’es plus mon amie. Tu n’es plus la personne bienveillante et altruiste que j’ai connu. Tu n’es plus Gwenaëlle…. Tu es devenue une égoïste, une lâche, qui fuit la réalité parce qu’elle lui fait peur et qu'elle est trop violente. Tu penses que je vais te comprendre ? Que le fait que tu ais baissé les bras est une bonne excuse ? Ce n’est pas le cas et c’est quelque chose que tu n’aurais jamais fait avant.

Si la colère animait ses paroles, ce fût l'appréhension du combat à venir qui la fit se mettre en garde.

-Mais mes mots ne t’atteindront pas, n’est-ce pas ? Alors ne perdons pas notre temps.

En combat, Gwenaëlle et elle auraient pu être un duo complémentaire. A cet instant, pour cet affrontement, il en était tout autre. L’archère gérait le combat à distance, a contrario de l’épéiste qui privilégiait le combat rapproché. Ainsi, Célania ne laissa pas l’occasion à la rousse d’attaquer la première et de prendre l’avantage; réduisant la distance qui les séparait. L’épée ne visa plus les jambes mais les bras. Ainsi, la bleue espérait la blesser, la mettre dans l’incapacité de se défendre. Car à présent, l’heure n’était plus aux paroles.