Pedemonte, Italie, Fin septembre
Scellé.
Malheur, malheur, malheur.
Boucle infinie jamais brisée.
Renoncer, avancer.
Marche arrière, bond en avant.
Quelle importance.
Il n’y aurait jamais que.
Le malheur.
Peu importe les choix, les décisions.
Elles étaient toutes.
Corrodées de.
Malheur.
Quelques larmes échappées -Gwen, Gwen, Gwen -répéter son nom ne la ramènerait pas -la pleurer, pas plus -la
confiance aveuglée par la Lumière l’avait emporté -
stupide papillon de nuit, elle avait été ébloui -et des ailes s’étaient brulées -et un papillon était tombé -pas qu’un, un second,
au final -les pièges s’abattaient, se refermaient -
et au fond, une peur de régner -les choix,
toujours plus difficiles -leurs conséquences,
à assumer -elles l’auraient étouffé -
mais -pleurer, c’était bon en privé -
seule -
et -devant lui -
ne pas se laisser aller -ne pas laisser comprendre -les mots signifiaient, les gestes aussi -et moins elle dirait, moins elle réagirait -plus ils seront sauvés -
alors -
sois forte, encore, encore, encore -autant qu’il le faudra -
autant qu’il le faudrait -jusqu’à la fin -ignore -
et--------------------------------- avant de se ressaisir.
Maître Corbeau
-aujourd’hui colibri-
Sur son arbre perché
-fuite inarrêtable, quand bien même tant avait essayé-
Tenait en son bec un fromage
-informations convoitées, prêtes à être extorquées sous la violence-
Maître Renard
-aujourd’hui corbeau magique aux yeux immenses-
Par l’odeur alléché, lui tint à peu près ce langage
-acerbe, piquant, éreintant-
Mais cette histoire.
Elle la connaissait.
Et savait.
Comment elle finissait.
Le Renard ne partirait pas avec le fromage.
Mais.
Les pattes vides.
L’ego blessé.
Les paroles émoussées.
Alors.
Courage.
Ignore.
Respire.
Des mots ou des ombres comme des piques acérées.
Des piques ou un fanion planté.
Qu’est-ce qui était le plus douloureux.
Respire.
Courage.
Ignore.
Ne pas lui donner.
Satisfaction.
Mesurer les mots.
Les réponses.
Ne rien dévoiler.
Ne rien donner.
Les pattes vides.
Et l’ego blessé.Alors. L’écouter. Se ridiculiser. Essayer de faire réagir. Essayer de faire parler.
Vraiment. Un instant de faiblesse, ne faisait pas d’elle une débutante. Un instant de tristesse, n'effaçait pas des mois de fuite et de méfiance.
Mais. Qu’il la sous-estime. Qu’il pense triompher.
Ainsi. Garde baissée et erreur d’échapper -elle se souvenait
parfaitement -comment il s’emportait -comment il laissait la confiance l’aveugler,
lui aussi -comment il avait -laissé échapper -et comment, il attaquait-------.
Alors. Écouter. Et retenir un sourire ironique. Un Ordre
encadré. Une véritable
équipe. Qui pourrait.
Les protéger.
Vraiment. Avait-il oublié -ou cela comptait-il
si peu- le nombre d’exorcistes morts au combat. Le nombre de disparus dont les pauvres corps n’avaient jamais été retrouvés. Le nombre de cérémonies mortuaires qui s'étaient tenues.
Sans compter. Les blessés. La douleur. Les peurs. Les pertes. Les traumatismes. Pour seulement, les exorcistes -les autres, c’était encore
pire -parce qu’ils étaient là
pour ça -parce qu’ils servaient
à ça -lui-même le disait -
et -à quel moment, c’était normal de considérer ainsi -à quel moment, c’était banal-------.
Alors.
Ce ne serait pas arrivé. Ils les auraient
protégés.
Vaste blague.
Et si elle n’était pas si horrible.
Si elle ne cachait pas tant de morts.
Peut-être aurait-elle ri.
D’amertume.Mais. Entrer dans ce débat. Elle n’en avait pas la force -pas alors
que -Gwen -ça ne l’aurait pas sauvé,
n’est-ce pas -dans cette Arche -lors de cette attaque -ils n’étaient sûrement pas les seuls -
à avoir échoué--------.
Alors. Ignorer. C’était recommandé. Il finirait bien par cesser de parler. Se lasser lui-même.
Non ? Car. Il n’y avait rien à dire.
Et. Lui faire remarquer. Il n’était plus temps de d’échanger. Malheureusement. Pas l’avis du Renard a la langue bien trop pendue.
«
Au contraire, très chère, je pense qu’il s’agit de l’occasion idéale. Vous ne semblez, après tout, pas réussir à préserver votre groupe. Ce qui est tout à fait normal, lorsque l’on est en si petit effectif. »
Ah. Qu’en savait-il,
en réalité. Que savait-il, de tout ce qu’ils avaient traversé.
Enduré. Que savait-il, de tout ce qu’elle sacrifiait, pour essayer d’instaurer une sécurité.
Illusoire. Pour que, l’espace d’un instant, ils puissent oublier. Même si c’était. Un
si court instant.
Et. Elle le trouvait. Présomptueux. À croire qu’il pouvait juger, de cette façon. À croire qu’il pouvait constater, comme si ce n’était rien. Ce type -
Ulrich, c’était ce qu’il avait dit -
mensonge, serpent renard--,
impossible de l’apprécier.
Impossible de le croire. Si Central voulait
réellement échanger. Ils auraient pu avoir la bonté d’envoyer quelqu’un de plus habilité.
«
Nous pouvons accueillir votre groupe au sein de nos murs, sans qu’aucun mal ne leur soit fait. Ils seront bien plus en sécurité avec nous qu’à vagabonder je ne sais où, en proie aux dangers qui se cachent dans les ombres. Ainsi, vous n’aurez plus qu’à vous soucier de votre propre sécurité. Ce qui est bien plus facile que celle d’assurer celle des autres – et d’y échouer – n’est-ce pas ? »
Oh, non. Trop de
mensonges. Trop de
moqueries. Cette conversation. Était d’un ridicule sans nom. Des jolies mots, rassurants, pour cacher l’ignoble vérité. S’ils rentraient. C’était un tout autre traitement qui les attendait.
Aucune rédemption. Aucun pardon. Les plus chanceux retourneraient au front. Les autres, ceux qui refuseraient. Privé de ce que Central considéré comme précieux -assez pour tout faire pour les récupérer -pour traquer sans relâche--.
Et ensuite. Inutile de garder des éléments autrefois exorcistes, aujourd’hui simple humain empli de colère.
Inutile.
Ensuite. C’était la mort qui les attendait.
Et. Elle se souvenait
parfaitement. Ce que Saphira avait enduré -
aucun mal ne leur sera fait-. Ce que Nora avait subi -
aucun mal ne leur sera fait-.
Mensonges.
Mensonges.
Mensonges.Il ne faisait que ça.
Mentir.
Et. Cette sécurité, encore plus
illusoire que celle qu’elle essayait.
Et. Comment même espérer. Devant un homme qui cachait absolument tout -ses mots, son nom, ses intentions -son visage--.
Impossible.
Et.
Plus jamais. Elle ne ferait confiance aveuglement.
Plus jamais. Elle ne les perdrait.
Plus jamais.
«
Pitié, » souffla-t-elle, emplie d’amertume. «
Vous cachez tout de vous et vous pensez que je vais vous croire ? »
Vous faire confiance. C’était absurde. Et lui aussi. Devait en avoir conscience.
Sinon. Bien stupide Renard. «
Vous avez l’air de connaître Hyde. »
Et. Ça faisait bizarre de l'appeler ainsi.
Mais. Elle ne voulait pas -rien laisser échapper -qu’il comprenne et tire des conclusions -moins il saurait -mieux ce serait----. «
Vous n’ignorez donc pas que Central l’a torturé. Pourquoi devrait-elle leur faire confiance et revenir ? Et Lockwood, vous la connaissez ? Central l’a capturé et a fait effacer sa mémoire. » Cette vérité. Si la première était racontée. Celle-là.
Elle l'avait vu. De ses propres yeux. «
Encore une fois, ça ne semble pas être un gage de confiance. La façon dont les « traitres » sont accueillis, à leur retour. »
Quoi qu'il puisse dire.
Jamais confiance aveugle.
Et quoi qu'il puisse faire.
Elle ne reviendrait pas.Et. Comme s'il avait fini par comprendre -dialogue vain -pas avec quelqu'un
comme lui -pas sans confiance -pas sans arguments -elle aurait parlé à son ancien Maréchal -au Grand Intendant même -mais certainement pas -au renard et aux corbeaux--------, ses mots de changer. Doucereux et rassurants de devenir menaçants dans un avertissement.
Ne fais rien de stupide.«
Mais n’ayez crainte : où que vous soyez, même seule, nous parviendrons toujours à vous retrouver. »
Oh. Encore une fois.
Vraiment. N'était-ce pas le fruit du hasard, sa présence ici. N'avait-elle pas échappé à cette surveillance durant des mois.
Toujours retrouvée. Il semblait bien sûr de lui. Plus que ce qu'il aurait dû. Plus que ce que leurs actions laisser envisager. Un seul piège. Deux hasards.
Alors. Garder l'information dans un coin de sa tête. Quelque chose avait changé.
Maître Renard.
N'était-il pas temps de chanter.«
J'ai eu l'occasion de le constater, en effet. Et ensuite ? Vous me torturerez ? Vous effacerez ma mémoire ? »
Maître Renard.
N'avais-tu pas oublié.
La personne qui vous écoutait.
Effarée des propos échangés.