S'il te plaît ((dessine moi un mouton ?)) || Célania

usrjoined : 14/03/2020

Pif Paf

Pif paf.

La chaleur de l’été réchauffe tout doucement le jardin laissé à l’abandon par ses nouveaux propriétaire, alors que les oiseaux se réveillent et que les insectes commencent leur ronde journalière.

Pif paf.

Petit à petit, des sons émergent des grandes fenêtres entrouvertes du manoir, où s’éveillent peu à peu ses habitants, dans un râle, un bonjour étouffé ou le craquement des marches, puis le sifflement d’une bouilloire et la douce odeur du pain chaud et du thé tout juste infusé.

Pif paf.

Le Silencieux entend toutes ces petites mélodies et savoure l’odeur des tartines, mais il ne quitte pas son poste pour autant. Il doit s’entraîner, car il y a des choses là dehors qui lui font peur et qu’il n’espère plus jamais revoir. Des choses qu’elle affronte tous les jours et qui, par conséquence, pourrait bien priver la petite ours de sa mère. Alors le petit italien ressert la prise sur son bâton et recommence ses mouvements.

Pif paf.

La fine branche tape contre la souche d’un arbre — le sien, peut être — et en réponse à l’exploit, un petit estomac qui gronde en sentant la douce odeur provenant de la cuisine et les murmures enjoués les accompagnant — ils sont marrants ici, à s’aimer si fort.

Pif paf, fait une dernière fois le bâton avant que son Petit Chevalier ne décide qu’il est l’heure de faire une pause et ne se mette en route — en courant — jusque la bâtisse. Alors les petits pieds font tap tap tap sur le paquet centenaire, la chaise grince et la tartine qu’on lui avait préparée craque sous les petites quenottes.

Un Petit Chevalier, qu’importe sa bravoure, a besoin d'une tartine de confiture de fraises. Mais surtout, ce petit chevalier là a besoin d’un Maître Chevalier, pense t’il distraitement, alors que son regard intimidé se pose sur la chevelure bleue de sa voisine.

GASMASK

usrjoined : 27/08/2015

S'il te plaît
((dessine moi un mouton ?))

Un voile doré -comme la rosée d’un matin-.
Des notes habituelles -comme un souvenir qui voulait être un présent-.
Et ensemble.
C’était toujours un moment agréable.

Et les notes.

Elles étaient plusieurs -mais à la fin, elles semblaient ne former qu’un- et c’était de cet ensemble désaccordé mais paisible -même si parfois, il fallait composer et que certains faisaient des fausses notes- qu’elle voulait se souvenir dans un futur qui ne serait peut-être plus le présent.

Et ces notes.

C’était un calme et un silence -presque solennel -brisé et sanglotant dans sa voix- qui n’avait plus lieu d’être -et il n’étoufferait sans doute plus la vie qui régnait car il avait été brisé et remplacé--. Et s’il n’avait plus sa place, il ne l’avait encore moins à cet instant précis des jours qui s’écoulaient -et qui voyait autant les notes que le temps défiler-. Car lorsqu’il y avait le voile doré qui perçait depuis la cime des arbres, il y avait beaucoup de notes réunies.

Et ces notes.

C’était les chaises et les tabourets fraîchement peints et réparés qui glissaient contre le sol à mesure des allers et venues -car certains étaient là avant, d’autres étaient là après et d’autres attendaient-. C’était la vaisselle qui se posait et se rangeait aux besoins -il en fallait beaucoup maintenant, deux tasses ébréchées ce n’était plus suffisant-. C’était la théière et l’eau qui chauffait -et ce sifflement qu’elle connaissait par cœur c’était la note la plus claire du voile doré-. C’était les mots amicaux, réconfortants, bienveillants, encourageants -et toutes ces conversations, elle les écoutait toujours, quand bien même parfois les pensées absorbaient et fatiguaient-.

Et parmi toutes ces notes.
Aujourd’hui.
Il y en avait une nouvelle.
Régulière. Précipitée.

Et bientôt, elle se rapprochait. Et bientôt, une tête brune, un air confiant et un bâton qui déboulaient dans la pièce de vie -et c’était comme une tornade d’énergie de si bon matin -et c’était toujours étrange de voir des enfants ici, encore plus lorsqu’ils semblaient être encore des enfants -mais on leur avait confié -et ce n’était pas le premier, peut-être pas le dernier mais c’était à se demander vraiment pourquoi -car la confiance ce n’était pas tout----- pour s’empresser de s’assoir -et il avait vraiment fallu que la source du bruit choisisse la chaise silencieuse à sa droite- et de dévorer une tartine tout juste préparée.

Et d’un coup.
La note de droite qui se faisait étrangement silencieuse.

Calme. Et pourtant. Un signe de Lars en face d’elle, comme pour inciter. Alors. Se concentrer encore plus pour une nouvelle conversation, retenir un soupir fatigué des cauchemars -Maisie était meilleure pour ça, il fallait s'asseoir à côté d’elle- et capter les yeux -comme incertains- de l’enfant.

Et quoi, alors ?

« Tout va bien, Enos ? »

GASMASK

usrjoined : 14/03/2020

Scarabée

Célania se tourne en direction du petit garçon et celui-ci, tout intimidé, détourne le regard alors que ses oreilles de lutin se couvrent de rouge. C’est qu’il a beau être ici depuis plusieurs jours maintenant — il avait cessé de compter les dodos lorsque ceux-ci avaient dépassé le nombre de ses doigts – il avait toujours beaucoup de mal avec l’attention qu’il pouvait attirer à lui. La Petite Ourse était toujours restée dans son coin, à se faire oublier des autres, caché sous les tables ou dans les jupes de sa Maman, alors devoir demander quelque chose à la Chevalière, ce n’est pas rien. Pas rien du tout, même.

« Tout va bien, Enos ? »

La petite tête se secoue de haut en bas, faisant danser les bouclettes en tout sens et rajoutant toujours plus de bazar là dedans — serait-ce un scarabée qui vient d’en tomber ? Tout va bien, oui. Enfin tout va presque bien, mais ça c’est toujours un petit peu difficile à expliquer aux adultes — qui ne comprennent que les choses d’adultes. Et puis, tout ce qui ne va pas vraiment bien, l’épéiste ne peut y faire grand-chose, c’est trop compliqué même pour les adultes — ce sont des histoires d’enfants après tout.

« Et toi ? » demandes soudainement les petites mains collantes. « Tout va bien, Célania ? »

Et pour dire Célania, Enos lève son index vers le haut et vient le poser sur les boucles au niveau de sa tempe. Célania, celle aux cheveux couleur du ciel.

GASMASK

usrjoined : 27/08/2015

S'il te plaît
((dessine moi un mouton ?))

Et.
Au voile doré, les bruits journaliers.
Mais.
Au rouge sucré, les gestes nouveaux.

Et. De la confiture de fraise sucrée à l’enfant timide, elle n’aurait su dire lequel était davantage rubis sous le voile doré. Alors. Un instant d’hésitation pour elle. L’enfant était timide -mais il était aussi plein de vie et ses sourires avaient quelque chose de réconfortant et de lumineux -de sucré--, et si certaines choses se voulaient cachées dans les recoins sombres du vieux manoir, ce fait ne l’était pas -et les jours s’étaient écoulés -avec ou sans la présence de chacun- et avait permis de commencer à comprendre -à apprendre--. Alors. Lui parler, peut-être un peu brusque -ou complètement inutile-. Mais Lars avait incité et il avait raison. Lui aussi, devait être chez lui.

Et à sa réponse.
Un geste pour prendre la place des notes.

Sa tignasse qui s’agitait -et la brosse de Saphira ne suffirait peut-être pas pour ça, mais la patience de son amie, si- sous le hochement de tête soudain -et le rouge des fraises devenait celui des framboises-. Et. Un sourire moqueur qu’elle retint sans mal. Dans les boucles, c’était toute la forêt qui s’était invitée au petit déjeuner.

Et.
De la couleur framboise sucrée.
Des mains pleines de confiture qui s’agitaient.

Alors. Se concentrer -encore plus que pour les notes -et ça, elle n’aurait pas cru que ce soit possible--. Car si le petit garçon savait parfaitement communiquer en silence, eux apprenaient à ses côtés -et le temps ne s’était pas encore assez écoulé-. Mais. Une question signée qu’elle commençait à connaître -car il l’avait déjà demandé, aux autres comme à elle- mais toutefois, des gestes qui lui échappaient toujours -et le dernier, il était nouveau, non ?-. Alors.

Toi. Tout va bien ?

Et. La réponse, tous la connaissait déjà. Mais Enos vivait dans son monde -et la guerre ne devait pas y avoir sa place-. Alors. Mentir c’était toujours bien plus facile.

« Hm, je vais bien. » Et d’un geste, reposer sa tasse pour retirer une feuille -et elle devait appartenir au grand arbre derrière le kiosque en ruine -et visiblement, même les ronces ne l’arrêtaient pas-- de sa chevelure. « Il ne fait pas trop froid dehors ? » Et si c’était le cas, alors il n’était certainement pas assez habillé pour y retourner après le repas.

GASMASK

usrjoined : 14/03/2020

Couteau

« Hm, je vais bien. »

En réponse à ces mots, voilà que le petit garçon sourit de presque toutes ses dents, se réjouissant de savoir que son nouvel entourage se porte bien — lui qui a tant l’habitude d’apporter les mauvaises choses avec lui (les hommes tempêtes (puis les hommes foudres (puis l’Unique contre la grande ourse (tout ça était arrivé par sa faute)))), il ne peut être qu’heureux devant le mensonge de l’épéiste. Et puis, c’est un bon début de conversation, n’est-ce pas ? D’ailleurs, voilà qu’elle fait un geste en sa direction — et malgré lui, le Silencieux se contracte, bien trop habitué à ( ) — retirant une feuille de ses cheveux avec amusement.

« Il ne fait pas trop froid dehors ? »

Une tête qui se secoue et un petit pouce qui se lève, pour rassurer son aîné. Non il ne fait pas trop froid, au contraire les premiers rayons du soleil commence à réchauffer l’air. Et puis, si ses joues et le bout de son nez sont encore rougis, ce n’est que d’avoir couru dans tous les sens en quête d’aventures — c’est si fatigant d’être un petit chevalier vous savez. Transition parfaite dans l’esprit d’Enos qui se rappelle de la question qu’il a à poser.

Mais comment faire comprendre milles et une choses à une personne qui ne parle pas votre langue ? En mimant, peut être, car les petites mains signant un mélange d’anglais et d’italien ne lui seront d’aucune aide pour l’instant — ils apprennent trop doucement, mais ce n’est pas de leur faute après tout (ils n’ont pas assez d’entraînement (tes mains aussi se font muettes parfois)).

Alors, tout à son entrain, le voilà qui attrape le couteau devant lui et commence à l’agiter maladroitement en quelques coups de poignet, puis l’enfant relève son regard sur Célania et la pointe du doigt, avant de signer à nouveau son prénom — l’index vers le ciel — puis de poser la pointe de son doigt sur sa petite poitrine. Célania sait se battre à l’épée et elle pourrait enseigner à Enos.

« S’il te plaît » ajoutent les doigts.

GASMASK

usrjoined : 27/08/2015

S'il te plaît
((dessine moi un mouton ?))

Et.
Au rouge sucré, un mensonge acidulé.
Mais.
Toujours moins amer, qu’une ombre emplie de vérité.

Et. Sous la rosée framboise et le voile doré. Sous les notes habituelles et les rires nouveaux -il y avait tellement de conversation autour de la table -parce qu’il y avait tellement plus d’âmes meurtries que quelques mois auparavant- et c’était bruyant mais c’était aussi amusant-, un mensonge acidulé pour accompagner un petit déjeuner plein de gaîté -car ce n’était pas le moment de tout gâcher, certainement pas-. Et. D’un geste qui se voulait serein -délicat peut-être -après le peu de temps passé à ses côtés, elle commençait à l'apprécier, le petit aventurier muet -mais il paraissait si fragile -trop- pour être ici--, elle avait pris cette feuille -et elle ne craquait pas sous les doigts car elle était du vert de l’été -et elle était bien du grand arbre derrière le kiosque-- pour la déposer sur la table -elle y avait étrangement moins sa place que dans les cheveux bouclés du petit aventurier mais si elle ne la retirait pas, d’autres viendraient s’ajouter, comme par magie, comme multipliées-.

Et. Une question -parce qu’il fallait bien essayer de parler -les matins ne pouvaient pas tous être silencieux -ils ne l’étaient plus depuis bien longtemps -et c’était bien mieux ainsi--.
Pour entraîner un nouveau geste de la part de l’enfant.

Un pouce levé. Comme pour assurer que tout allait bien -et de toute façon, ce ne serait certainement pas le froid qui arrêterait son périple puisque parfois, même la pluie n’y parvenait pas-. Alors. Le rose framboise, ce n’était ni du froid, ni de la confiture. Et seul le petit aventurier des bois avait le secret de ce qu’il signifiait.

« Tant mieux, » fit-elle simplement, ne sachant pas vraiment ce qu’elle aurait pu répondre d’autre -car si les matins devenaient de plus en plus emplis d’habitudes bruyantes, elle, avait toujours du mal à en exprimer-.

Mais.
S’il n’y avait plus de mots.
Il y avait de nouveaux gestes.

Et. Elle avait pâli lorsque l’enfant avait attrapé et remué le couteau -et elle allait lui prendre des mains avant que -mais heureusement, il le reposa bien vite -pas assez pour empêcher son cœur de s’être affolé -mais quelle idée--- dans le vide. Et. D’autres gestes -encore -rapides -comme trop impatients--- pour lesquels il fallait se concentrer -mais qui heureusement n’apportaient aucun danger-. Il l’avait désigné -et il y avait eu ce geste vers le ciel, à nouveau-. Il s’était désigné. Il avait dit s’il te plaît. Et elle n’avait pas compris. Un couteau, elle, lui, s’il te plaît. Alors. Un froncement de sourcils incertain. Certainement pas une nouvelle tartine, il en avait déjà une devant lui -rouge comme le bout de son nez-. Alors. Porter son regard interrogateur sur d’autres, espérant avoir une interprétation correcte des gestes. Mais. Tous bien trop occupés à échanger. Il faudrait donc déchiffrer.

« Je suis désolée, Enos. Je n’ai pas compris… »
-Comment aurait-elle pu imaginer la demande ?-

Et. S’il te plaît. Laisse ce couteau.

GASMASK

usrjoined : 14/03/2020

Artiste

Malgré son enthousiasme, le petit garçon n’arrive à se faire comprendre et, il va lui falloir redoubler d’ingéniosité pour y parvenir. Il peut toujours recommencer, le couteau, elle, lui, mais quelque chose dans les sourcils de Célania lui indiquent que ce n’est pas une bonne idée — pourtant, il est persuadé du contraire et puis, ce n’est qu’un couteau, il ne peut imaginer une seule seconde toute la peur qu’il peut créer chez la Chevalière (bien sûr que non, Célania est grande et courageuse et forte!) — alors il doit faire autrement.

C’est au tour de ses sourcils à lui, caché sous ses boucles qui deviennent trop longues et couvriront bientôt l’entièreté de son visage, de se froncer alors qu’il vient se tapoter le bout du nez de son doigt confituré. Hm. Hm hm hm. Puis une idée éclaire son visage et l’on pourrait presque voir la petite ampoule au dessus de sa tignasse apparaître et s’illuminer dans un cling sonore, et voilà que la petite ourse quitte la table en courant, puis il revient et s’excuse de devoir partir, attrape la tartine qu’il n’avait pas terminée et repart en courant, et on peut le suivre au bruit de ses pieds sur le plancher, les marches, le plafond, puis le grincement d’une porte, deux ou trois tap tap et plus rien.

Qu’importe ce qu’il est en train de faire, cela lui demande beaucoup de silence et de concentration et si quelqu’un passait la tête par l’entrebâillement de la chambre de l’enfant, sans doute verrait il sa petite langue au coin de ses lèvres pour marquer toute sa concentration, penché au dessus d’une feuille froissée et de quelques crayons gras, qu’ils lui ont récupérés.

Puis le bruit reprend et bientôt voilà Enos qui réapparait dans la cuisine, tenant fièrement sa feuille dans sa main collante, avant de la déposer devant la jeune femme. Il est content qu’elle soit restée, qu’elle l’ait attendue, comme en témoigne son grand sourire qui fait se gonfler ses joues et semble rajouter tout un tas de tâches de rousseur. Enfin.

Sur le papier, un dessin grossier — car il n’a pas eu beaucoup de temps, donnez lui en plus et ce serait beaucoup mieux, oui oui — représentant la jeune femme et lui, chacun tenant une épée, au milieu de quelques arbres et de brins d’herbe bien trop grands. Puis, pour être sûr que le message passe correctement, Enos pointe sa frimousse dessinée, puis Célania, puis lui et, à nouveau, ses doigts qui s’entremêlent.

« S’il te plaît. »

GASMASK

usrjoined : 27/08/2015

S'il te plaît
((dessine moi un mouton ?))

Et.
Si un sourire pouvait valoir mille mots.
Parfois.
Un silence ne valait pas l’impatience.

Et. Devant son incompréhension, au garçon de la forêt de réfléchir -et il tapotait son nez en rythme -comme pour aider ses pensées à se rythmer correctement -pour espérer mieux se faire comprendre--- avant d’ouvrir ses yeux aussi grands que son sourire -et visiblement, ses pensées s’étaient rythmées-. Alors. Un bond vif pour sauter de sa chaise et s’enfuir de la cuisine tout aussi rapidement. Et. Avant d’essayer -à nouveau- de comprendre, les boucles brunes qui revenaient tout aussi rapidement -et il y avait toujours le bruit de ses chaussures contre le sol qui l’accompagnait -ça faisait un bruit régulier et rapide un peu comme une souris qui courait--, une main pour s’excuser -de quoi ?-, une autre pour récupérer son butin rubis oublié avec le rythme des pensées. Et. À nouveau. Les pas de souris et le garçon de la forêt repartis dans son royaume.

Et.
Toujours l'impatience de l’un.
Pour l’incompréhension de l’autre.

Alors. Un nouveau regard interrogatif vers le plus âgé, pour espérer comprendre. Mais. Aucune réponse satisfaisante -il n’avait pas accordé une attention nécessaire, discutant avec d’autres et pensant que la bleue s’en occupait -après tout, c’était elle qu’Enos était venu trouver--. Mais. D’accord avec elle sur un point. L’enfant voulait quelque chose qui lui tenait à cœur, et ils devaient découvrir quoi. Alors. Une nouvelle question car toujours autant d’interrogation.

« Tu… Pense qu’il va revenir ? » Car. À présent le petit déjeuné terminé, rester pour attendre un enfant qui redeviendrait un explorateur une fois la porte de la cuisine passée -et qui donc, repartirait conquérir le monde -le jardin, c’était déjà pas si mal-- serait aussi inutile que stupide -il ne pointerait pas le bout de son museau avant le repas de midi-.
« C’est très probable, » affirma Lars -qui visiblement connaissait mieux Enos qu’elle -après tout, elle n’était pas aussi souvent au manoir--. Et. Il avait un sourire un peu amusé -peut-être de voir que l’enfant qui ne parlait pas essayait de communiquer avec l’une des moins bavardes de la maison- et bienveillant -peut-être parce que lui, comprenait mieux les choses dans leur globalité-.

Alors.
Un hochement de tête -et il voulait dire merci-.
Et une attente.

Et. Une attente mise à profit pour débarrasser le couteau et le déposer dans l’évier -juste au cas où-. Et. Autour de la table, on se levait -lui adressant parfois un mot ou un sourire- pour partir vaquer à ses occupations, n’ayant pas d’obligation d’attente. Et puis, finalement. Les bruits de souris de retour. Et un grand sourire satisfait pour accompagner le dessin qu’il posait sur la table. Ah. Ce serait sans aucun doute plus simple à comprendre de cette façon -Enos l’avait compris avant elle car malgré son jeune âge, il savait très bien se faire comprendre-. Et. Sur la feuille, il y avait une trace de main rouge -et sans doute sucrée- qui ne devait pas faire partie du dessin en lui-même et des plis qui prouvaient qu’elle avait souffert d’une précipitation. Mais. Sur le dessin, il y avait -enfin, elle pensait qu’il y avait, parce que c’était des très peu soignés et aussi précipités que les plis- des arbres -et donc, ça devait vouloir dire dehors- et deux personnages qui tenaient ce qui semblait être des épées -et elle avait froncé les sourcils en faisant -enfin- le lien avec le couteau-. Et. Pour ne laisser aucun doute possible, l’enfant d’identifier les deux personnages en les désignant à tour de rôle -confirmant ses craintes quant à sa demande-. Et. À nouveau -parce qu’il était poli- S’il te plaît.

Alors.
Plus d’incompréhension.
Mais.
De l’hésitation.

Au dessin, deux possibilités. Jouer ensemble -peut-être, après tout, les enfants jouaient bien aux chevaliers qui combattaient des dragons, non ?- ou apprendre ensemble -et cette perspective lui déplaisait particulièrement -car même s’il avait déjà connu la guerre, il était trop jeune et ne devait plus être confronté à ça -et il était en sécurité ici -et elle ne voudrait pas mieux qu’eux si un enfant apprenait à se battre---. Alors. Un éclaircissement -encore un -mais ils touchaient au but maintenant--.

« Hm… Tu veux jouer, » et, à défaut d’avoir un mot commun, elle leva un doigt -car c’était la première possibilité-, « ou apprendre ? » et elle leva un deuxième doigt -car c’était la deuxième possibilité et qu’ils n’avaient toujours pas de mot commun-.

Et à présent. Il suffisait de lever un ou deux doigts pour se faire comprendre.

GASMASK

usrjoined : 14/03/2020

Communication

Le regard plein d’espoir, le petit garçon reste parfaitement immobile — ou presque, il a d’abord pris le temps de s’essuyer les mains dans un chiffon qui traînait là (car la confiture c’est chouette mais coller à absolument tout ce qu’il touche, ça l’est beaucoup moins) — et fixe son aînée pendant qu’elle inspecte le petit dessin qu’il lui a amené. Enos lui a bien montré où il était sur le dessin et où elle était elle aussi, puis il a bien demandé poliment, mais parfois les adultes ont besoin d’un peu plus de temps, ce n’est pas de leur faute !

Ou alors peut être qu’elle ne veut pas et qu’elle va le gronder — et ses petits doigts de s’entremêler nerveusement à cette idée, car se faire gronder n’est jamais agréable, surtout pour lui — et le punir même et alors adieu les aventures dans le grand jardin et la forêt et les entraînements pour protéger sa grande ourse — et puis tous ceux qui habitent ici, aussi.

Mais, si Célania semble hésitante, aucun reproche ne vient — la jeune femme ne hausse même pas le ton, bien au contraire. Elle demande simplement ce qu’il veut faire, pour être sûre de bien comprendre — et, même s’il ne peut le montrer, Enos apprécie les efforts qu’elle fait (lui qui a si souvent été mis de côté, tout simplement).

« Hm… Tu veux jouer, » elle lève un premier doigt, avant de continuer « ou apprendre ? » tout en levant un second doigt. Le Petit Garçon sourit, heureux de voir qu’ils ont réussi à communiquer malgré sa voix qui ne sort pas et ses doigts qui se nouent et se dénouent trop vite et, tout à son entrain, il ne réfléchit pas plus et lève deux de ses doigts.

Peut être que, s’il avait pris le temps, il aurait pu voir le froncement de sourcils de Célania lorsqu’elle avait évoqué la possibilité d’un entraînement et, de fait, il aurait pu mentir — mais il n’avait pas pris le temps (et puis, soyons tout à fait honnête, le petit garçon ne sait absolument pas mentir).

GASMASK

usrjoined : 27/08/2015

S'il te plaît
((dessine moi un mouton ?))

Oh, comme tu ne comprends pas.
Ce qui se cache derrière son sourire et ses yeux aussi grands que deux étoiles.
Oh, comme tu ne comprends pas.
Ce qui se cache derrière sa tristesse et ses yeux aussi éteints que deux anciennes étoiles.

Et. Au fond -même si la légèreté d’une pause amusante lui paraissait si lointaine -elle avait sans doute oublié comme faire -comment imaginer, en réalité -un monde où tout allait bien -c’était sûrement ça, devenir adulte -un peu trop vite------, elle avait espéré -prié- pour ne voir qu’un doigt se lever. Mais. Devant son regard accablé -oh, il ne savait pas, ce n’était pas sa faute -du moins, c’était ce qu’elle se répétait pour ne pas -tout gâcher---, c’était bien deux doigts -devenus enfin propres- que le petit aventurier présentait. Ravi d’avoir enfin été compris.

Mais.
Il ne savait juste pas.
Ce n’était pas.
Si grave ?

Et. Elle le connaissait vaguement, le passé du petit aventurier -on lui en avait parlé -on lui avait quelque peu raconté-- mais malgré tout. C’était à présent ses doigts qui se serrèrent sur le dessin -de contrariété ou de colère, qu’importe, il n’était pas responsable -il ne fallait pas le lui montrer--. Cruelle ironie. Quitter les Ordres pour ses pratiques -les décisions irréfléchies, les secrets, les sacrifices, les cruautés, les traitements -et tout ce qu’ils osaient faire aux plus jeunes au nom de la Paix -leur Paix- -et impossible d’oublier ce garçon devenu Déchu -et impossible d’oublier Maxence et son regard---- mais retrouver des pratiques similaires. Non. Ça, c’était au-dessus de ses forces. Jamais.

« Je… Je suis désolée, je ne peux pas. Demande à quelqu’un d’autre, d’accord ? »

Jamais.
Elle ne pourrait reproduire les mêmes erreurs.
Apprendre la guerre.
À ceux qui devaient l’ignorer.

GASMASK

usrjoined : 14/03/2020

Excuses

Alors que deux de ses doigts sont fièrement levés, ceux de Célania se ressert sur le papier dont le bruit de froissement attire l’attention du petit garçon. Quelque chose ne va pas et il ne comprend pas quoi, ce qui l’empêche de s’excuser ou simplement de la réconforter --- oh, Petite Ourse, toi qui voulais tant protéger les habitants de ta nouvelle demeure, voilà que tu leur fais du mal (et son regard de fuir la scène, préférant ses chaussures crottées).

« Je… Je suis désolée, je ne peux pas. Demande à quelqu’un d’autre, d’accord ? »

L’Enfant relève soudainement la tête, faisant danser les bouclettes emmêlées de détresse --- bon, en vérité, c’est sans aucun doute un mot un peu fort pour décrire une telle scène, Enos est simplement un peu pressé par la situation, rien de plus (mais comprenez vous, du point de vue d’un enfant, tout est si grave que détresse est, en vérité, pas si inadapté que cela) --- alors qu’il s’agite sur place, essayant de convaincre la jeune femme de le rejoindre.

Il voudrait s’excuser aussi, de l’avoir visiblement troublée, mais les mots lui manquent et, à son grand désarroi, il ne peut que poser deux pupilles profondément désolées sur le visage de son aînée. Puis, un peu pataud, il tend de nouveau la main et, cette fois-ci, ne lève qu’un seul de ses doigts. Il voudrait accompagner ce geste de paroles, lui expliquer qu’il ne tente pas de l’entourlouper mais aimerait bel et bien jouer avec elle --- et, pourquoi pas, lui montrer toute l’étendue de son petit royaume --- à défaut de pouvoir apprendre à se battre aujourd’hui. Après tout, il a plein d’autres jours pour s’améliorer, une journée passée à s’amuser ne peut pas lui faire de mal.

Et à Célania non plus. Il sait comme elle s’inquiète de toutes ces choses qu’elle essaie de cacher, tout comme il note chacune de ses absences --- et chacun de ses retours, épuisée. Alors, l’emmener se changer les idées est une vraie bonne idée, si seulement elle veut bien le comprendre --- et cette petite main qui attrape celle de l’ancienne exorciste.

GASMASK

C. V.

B. O’C.

C. A.

E. K.

D. R.

E. L.

Fin d'un XIXème siècle futuriste...

Notre Poulain...

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