Un soupir de mécontentement passant la barrière de tes lèvres, tu abaisses de nouveau ton regard sur la carte entre tes mains, la tournant et la retournant, comme si cela pouvait changer quelque chose à la situation. Mais non, qu’importe son sens ou la distance entre le papier et tes yeux, il t’est impossible de reconnaître l’endroit où tu es. Te voilà bel et bien perdue, Max, ce qui te déplaît fortement, pour tout un tas de raisons qu’il serait trop long de lister — ton orgueil, le temps perdu, les critiques qui pleuvront à ton retour — et qui ne doivent pas prendre le dessus sur toi. Il faut que tu restes calme et raisonnée, pour pouvoir te sortir de cette situation comme un parfait petit membre de Central. Mais c’est de leur faute aussi, à vouloir te compliquer la tâche pour pas grand-chose. Ta mission se passait dans la ville d’à côté et, soit disant pour ne pas attirer l’attention, ton point de rendez-vous pour retourner à la Congrégation était ici — enfin tu l’espères, mais il n’y a pas beaucoup de petites villes dans les environs correspondant à la description qui t’en as été faite (et tu es certaine que le nom affichée sur les panneaux ci et là est le bon). Ne pouvaient-ils pas te retrouver à l’auberge où tu dormais ? Ou simplement t’indiquer comment rentrer, par le train ou tu ne sais quel autre moyen ? Tu n’es toujours qu’une apprentie, c’est vrai, mais tu es tout de même assez dégourdie pour rentrer par tes propres moyens — après tout, ils n’ont aucun scrupule à te confier des missions un peu plus dangereuses maintenant, alors pourquoi ce maternage ridicule ? Enfin, tu soupires une nouvelle fois — c’est une mauvaise habitude que tu as prise auprès de tes supérieurs et dont tu devras te défaire bien vite, Max, avant qu’elle ne te porte préjudice — et te remets en route, à la recherche de la boutique de fleurs où ton rendez-vous t’attend. Ou plutôt, où tu attendras ton rendez-vous car, à défaut d’être parfaitement orientée, au moins tu es en avance. Cela te laisse tout le temps nécessaire pour retrouver ton chemin, c’est parfait. La foule se densifie autour de toi, ce qui attire ton attention et, de fil en aiguille, finit par t’intriguer. Tu te demandes ce qui peut bien attirer les passants, dont certains ont l’air d’être pressés pourtant. Enfonçant la carte dans l’une de tes poches, tu t’approches à ton tour, te faufiles entre les adultes trop grands et finis par arriver de l’autre côté. Mais, à ton grand (désespoir ?) mécontentement, ce n’est ni un monstre ni un phénomène extraordinaire, mais simplement quelques artistes de rue montrant leurs talents — et un nouveau soupir. Quelque chose, cependant, ravive ton attention et, n’en croyant pas tes yeux, tu te mets en mouvement rapidement, essayant de quitter la masse agglutinée dans laquelle tu t’es enfoncée. C’est plus compliqué que prévu mais tu réussis, sans jamais quitter ta cible des yeux — tu sais comme elle est douée pour disparaître. Mais la Bleue est toujours là et elle ne semble pas t’avoir vue. Alors c’était bien elle, tu ne t’es pas trompée. Elle n’a pas beaucoup changé depuis le temps, elle a simplement l’air plus … éprouvée ? Par la guerre sans doute, ou de par son exil qui doit lui apporter de nombreux soucis — comme si tu allais avoir pitié (elle est la seule responsable de son malheur). Te faisant plus discrète qu’une ombre, plus petite qu’une souris, tu la suis sans un bruit, un talisman déjà prêt au creux de ta main, attendant le bon moment pour frapper. |
GASMASK |
- Merci la voyante: