Mi-Septembre, Bâle, Suisse
Un. Deux. Trois.
L’histoire d’une souris et d’un chat.
Un. Deux. Trois.
Ni miroir, ni reflet.
Alors qui es-tu, toi ?
Un. Deux. Trois.
Et des yeux pour un air de défi et une colère d’ego.
Trois chats irrités.
Petite souris arrogante.
Un. Deux. Trois.
Fin de l’histoire.
Pas d’heureux dénouement.
Et. Sous ses yeux presque surpris -un dénouement malencontreux -
prévisible -sous ses airs provocateurs, il fallait bien redescendre sur terre -mais le
comment de rester à l’improvisation des protagonistes -et l’originalité de l’emporter, il fallait bien l’avouer-----, le garçon de rencontrer la surface glacée de l’eau sale du port. Aucune étourderie. Aucune malchance.
Simplement. Un rendu de monnaie quelque peu excessif. Pas suffisamment toutefois pour ne pas se féliciter d’un rire triomphant alors que le pauvre coq tentait de rester à flot.
Ah, vraiment.
Si peu de temps pour ces histoires d’ego.
Le monstre le dévorait bien trop.
Mais puisque la conclusion n’était pas apportée par la perturbation.
L’ancien marin de continuer ses provocations pour faire vivre une histoire secondaire.
Nullement refroidi par la température de l’eau.«
Tu sais ce que j'ai dit, chochotte. »
Et. L’odeur fluviale de se renforcer. Portée par un vent grandissant.
Et. Le fleuve de s’agiter. Autant qu’il semblait jouer avec le tissu qu’elle tenait précautionneusement sur sa tête.
Ah. Bon signe ou mauvais présage. Le monstre pouvait guetter. Porté par un vent grandissant.
Et. Les chats et la souris, bien trop occupés à se chamailler pour ne pas ignorer.
Elle. Ça.Ah, vraiment.
Pas de temps pour ça.
Alors.
Deux choses.
Sortir le petit coq de l’eau.
Trouver le fauteur de troubles.Mais. L'Arrogant de ne pas en avoir tout à fait terminé -il semblait que si l’histoire avançait, certains points demeuraient identiques -et le caractère de s’être aiguisé au fil des années -et ses mots de ne pas apprendre à se faire silencieux--- et de reprendre depuis les eaux -
ah, comme un poisson dans son élément -la provocation, apparemment--.
«
Un monstre marin ? Ou une tempête qui vous a fait un peu trop flippé ? »
Et. S’il y avait réflexion derrière les mots. Un but d’être visiblement atteint -volontairement ou non -difficile de savoir pour le moment -
provoquer -se mouiller- pour une mission dont il ne savait rien -pour une histoire qui
n’était pas la sienne -sans une question ou interrogation -surement pas pour
simplement prouver que tout n’était que mensonge,
n’est-ce pas ? -il devait forcément se cacher autre chose -et disparaître pour réapparaitre à ce moment précis -
un hasard -il n’existait pas, dans cette guerre -
seulement le destin -et ça n’avait rien à voir -ça modelait et ça ficelait pour que -
alors, Norrin, pourquoi ?-------------. Piqué au vif par l’attaque, l’un des hommes de s’empresser de donner davantage de détails sur l’affaire, espérant contredire l’Arrogant.
Une histoire.
De bateau géant, retourné sans mal par des tentacules démesurés.
Les dangers de la mer et l’inconnu des bêtes qui y rôdaient.
Le pire des synopsis.Et. Une sueur froide de couler le long de son dos. Une histoire pareille, ce n’était pas la première fois qu’elle l’entendait.
Pire. Pas la première fois qu’elle la
vivait. Et si elle le pouvait, elle aurait préféré éviter une nouvelle confrontation avec les profondeurs et les tentacules qui y régnaient. Cette mission, si l’homme disait vrai, s’annonçait compliquée -et cette fois-ci,
il ne serait pas là pour la sauver -et
toujours, cet inconfort en mer -et
toujours, cette peur tapie dans les profondeurs -
alors, cette mission -il fallait bien la percer à jour -et prier pour qu’il ne s’agisse que de balivernes -
sinon-------.
«
Vas-y gamin, fais ton malin, » repris l’un des navigateurs en la sortant de ses craintes -
pas réellement -
toujours cachées au fond du cœur et des yeux -
toujours dans les mots et la prudence -
toujours---- «
et va montrer à tous comment tu sais mieux naviguer que tout le monde. Certains disent même qu'il remonte le Rhin et arrive par ici. J'aimerais bien t'y voir, tiens ! »
Ah ? Une nouvelle interrogation. Comment un monstre si imposant pouvait-il remonter les cours fluviaux -alors,
peut-être, un mensonge quelque part -une exagération -la taille du monstre -ses capacités -son existence même -
quelque chose n’allait pas -
toujours -et il faudrait bien comprendre quoi -
mais---------.
Mais. Une nouvelle bourrasque plus forte que les autres.
Et. L’homme de rejoindre à son tour les eaux glacées du port, poussé par un souffle. Bien
trop fort. Bien
trop ciblé -elle était là, à quelques mètres, et pourtant -presque rien -
comme si -une réponse à la provocation -localisée sur une cible -un retour de monnaie -et les coïncidences et les hasards -pas dans cette guerre,
n’est-ce pas ? -alors un doute pour cet ancien ami revenu -comme
spécialement pour cette mission -qui y prenait part -sans rien demander en retour, sans explication -au point de prendre le risque d’en découdre avec les trois hommes presque deux fois plus grands que lui -mais Norrin, elle ne l’avait
jamais croisé avant -
jamais aperçus dans les rapports -
jamais entendu dans les discussions -
alors Norrin, qui es-tu, à présent ?----------------.
Et. Pendant que le coq regagnait la terre ferme, ses yeux suspicieux de s’interroger.
Et. Dis-moi, Norrin.
Est-ce que.
Tu as un chapitre dans l’histoire ?
Et-ce que.
Tu dois croiser la route du Kraken.
Pour avancer dans la tienne ?Et. Alors qu’il quittait son manteau dégoulinant des eaux sales pour espérer le sauver de l’humidité -et ce vent qui n’avait pas disparu -qui accompagnait
toujours -comme une légère brise -tellement calme -celui avant la tempête,
peut-être -celui qui cachait un secret,
peut-être -et dont le murmure était si bas qu’elle ne pouvait le comprendre------, ses yeux de toujours l’observer et ses sourcils de se froncer sous la capuche qui avait résisté -rester sur ses gardes -comprendre -
ne pas oublier -l’amitié n’effaçait pas tout -ne
sauvait pas tout -et à confiance donnée, trahison amplifiée -encore plus, lorsque cela faisait
si longtemps -alors pourquoi maintenant--------.
«
Bon. J'espère que t'es prête à pêcher, » annonça-t-il, comme victorieux, ignorant parfaitement les marins qui tentaient difficilement d’aider leur compagnon à sortir de l’eau -et, sans doute valait-il mieux partir avant qu’ils y parviennent -simple mesure de sécurité--.
Alors. Un hochement de tête -davantage une approbation à sa propre conscience qu’à la demande de son ami -
oui, il valait mieux partir -et comprendre tout ce qui se tramait ici -
avant que---- et temps de se remettre en route.
Mais. Pour aller où, exactement ? Prendre un bateau et remonter le fleuve pour gagner la mer ? Longer le fleuve à pied ? Continuer d’interroger ?
Et. Avant toute décision.
Norrin. Et le chapitre de son histoire.
«
Cette bourrasque… C’était assez inattendu, » constata-t-elle simplement, alors qu’ils regagnaient les artères fréquentées du port.
Et. Finalement. Après réflexion. Pas question d’embarquer à ses côtés sans être certaine. Pas question d’être dans l’incapacité de se défendre si l’incertitude rongeait.
Alors. Mieux valait interroger ou remonter le fleuve à pied. Mais certainement pas sur une embarcation. Encore moins sous ce vent capricieux.
«
Dis, Norrin… Pourquoi tu m’accompagnes ? Je veux dire, c’est tout de même une histoire un peu… Bizarre. Et tu avais sûrement des choses à faire, non ? »
Peut-être.
Surement. Par souci d'ego -le coq qui voulait prouver que les poules -mouillées, selon lui- n’étaient qu’en bas du tas de fumier -prouver que le monstre n’était pas réel -et les peurs stupides et infondées-----
Mais. Dans ce cas, pourquoi aller jusqu’à risquer sa vie -si le Kraken existait bel et bien, que comptait-il faire, en réalité ?-. Pourquoi parler au point de se retrouver dans les eaux. Simplement pour prouver ses idées ? Peut-être. Peut-être pas. Il pouvait y avoir autre chose.
N’est-ce pas ?Alors.
Dis, Norrin.
Pourquoi es-tu là ?