Paris, ville des lumières! Ville de l'amour!
Rhalala, tout cela m’écœure. Je ne ressens rien, certes, mais les autres ne sont pas obligés de ressentir deux fois plus pour compenser! Les français n'ont vraiment aucune retenue.
Comment m'étais-je retrouvé ici déjà?
Ah oui ! Le comte m'a envoyé en mission, afin de “former” un petit nouveau: un akuma qui se refuse à tuer. Enfin akuma, c'est plutôt vite dit, puisqu'il ne l'est qu'à moitié en fait.
Je n'ai pas trop compris, et pour dire vrai je m'en moque un peu, mais en gros, ce serait des scientifiques qui se seraient retrouvés en contact avec des gênes de Noé et du coup Bim! Ça en fait des demis akumas. Ce qui nous arrange, car ça fait une nouvelle recrue. Quand je dis nous, je parle des Noés évidemment.
J'étais ainsi perdu dans mes pensées quand j'entendis râler:
“Vous pouvez pas regarder ou vous marchez?!”
Je levais les yeux et fusillai du regard mon interlocuteur.
“Un soucis ?”
L'homme fuya, la queue entre les jambes. J'ai horreur d'être tiré de mes pensées, encore plus de cette façon. Soudain, je sentis que quelque chose n'allait pas. Ou est-elle? Je regardais alentour cherchant des yeux ma partenaire. Elle était quelques pas derrière moi. Je l'interpellai:
“Dépêche toi”
Je n'attendis pas de réponse et continuais. Pourquoi fallait-il que ce soit tombé sur moi ? Certes, je ressens ce que les gens appellent du plaisir en tuant, mais je ne suis pas le seul! Pourquoi je devrais montrer à la novice en quoi c'est “cool” d'être un akuma.
Tout ce que je demande, c'est qu'on me laisse tranquille, dans un coin, seul, au calme.
Pour qu'elle comprenne en quoi c'est agréable de tuer, il fallait qu'elle tue. Et pour ça, on avait une mission plutôt simple: s'en prendre à plusieurs membtres d'une mafia locale, pour que leur proches accablés de désespoir les transforment en akuma.
Je prenais à droite, puis à gauche. Cette fois ci, j'avais fait un plan pour être sur de ne pas me perdre. Je jetais un coup d’œil derrière pour vérifier qu'elle me suivait, puis ressombrais dans mes pensées. Je dois tout de même avouer que cette mission tombait à pique, entre ma rencontre avec Nathanael, qui depuis me harcelait, et mes recherches en Norvège qui s’avéraient infructueuse, j'avais besoin de me défouler.
Nous étions arrivés. J'attendais Nera.
“Prête?”
De toute façon, qu'elle le soit ou non, cela ne changeait pas grand chose à vrai dire. J'entrais.
Lorsque Sebastian franchit le pas de la porte, il n'était plus le même. Ses yeux luisaient d'une colère profonde, et d'un plaisir cruel qu'il avait du mal à contenir. L'homme de garde était sur le point de parler, mais il ne lui en laissa pas l'occasion.
Il le frappa d'un direct droit dans la mâchoire, la brisant au passage, puis enchaînait avec un coup de pied retourné, afin de mettre son adversaire à terre. Une fois cela fait, il lui écrasa le visage jusqu'a ce qu'on entende un immense “crac”.
Sebastian était immaculé de sang, un sourire rayonnant sur ses lèvres.
On entendait déjà une personne descendre les escaliers, alertée par le bruit.
L'akuma prit le temps de remettre ses cheveux en place, avant de se retourner vers son apprenti.
“A ton tour maintenant”.
Comment devenir un bon akuma en 10 leçons. [Neratzo et Sebastian]
Re: Comment devenir un bon akuma en 10 leçons. [Neratzo et Sebastian]
- Spoiler:
- Désolée pour le temps que j'ai mis ! T.T J'ai un peu ramé pour finir. J'espère que ça te convient quand même !
Paris, fière et romantique France, où les gens se targuent d'une sensibilité particulière lorsqu'ils sont comme tous les autres. Nerá, derrière l'Akuma grincheux, marchait en laissant traîner de longs regards figés. Ils croisaient les mêmes énergumènes que toujours : les voleurs amateurs, les couples énamourés qui faisaient de parfaites victimes pour les premiers, des hommes en manteau long affairés et soucieux, des jeunes filles de bonne famille suivie à la trace par des chaperons sinistres. Elle, elle y voyait plus de pessimistes inquiets que d'amoureux transis. Et la Seine avait des allures de Styx plutôt que d'ode à l'amour, avec ses eaux sombres et calmes. Elle n'aimait pas vraiment cet endroit. De toute façon, quand était la dernière fois qu'elle avait aimé se trouver quelque part ? Ça remontait à vraiment très, très longtemps... Si loin qu'elle ne s'en rappelait pas vraiment.
L'Akuma qu'elle suivait avait l'allure qu'ont les machines. Le regard vide, l'air fatigué. Et pourtant, il bouillonnait d'une sorte de colère et d'impatience qui contrastait vivement avec son propre calme. Il ne l'impressionnait pas. Elle ne le suivait pas de bonne grâce, et ne comptait pas faire preuve de bonne volonté. Elle ne croyait pas une seconde qu'il parviendrait à lui faire aimer être ce qu'elle était, et se trouver à cet endroit, ou même agir comme lui. Elle était un soldat, pas une machine à tuer, et ça ne lui procurait aucun plaisir. Elle le faisait parce qu'elle en avait l'ordre. Et si elle se trouvait là, c'est bien parce qu'on lui avait dit d'y aller. Alors elle perdait son temps à des tâches sans intérêt, avec des gens guère plus intéressants. Elle en regretterait presque Central. Mais presque, car au final... Ça revenait au même, et une toute petite chose près.
L'Akuma la pressa, mais elle n'accéléra pas. Pourquoi était-il si pressé ? C'est pas comme si il avait mieux à faire, et elle non plus. De plus, si elle obéissait sans répliquer aux ordres de ses supérieurs, il n'en allait pas de même pour ceux avec qui elle considérait être sur un pied égal... Et dans ce cas précis, elle n'avait même pas assez de considération pour l'Akuma pour penser une telle chose. Là encore, ce n'était qu'une question de survie. Laisse toi marcher sur les pieds une fois, et tu seras à jamais considéré comme un larbin et un souffre-douleur. Elle avait assez vite compris que se laisser faire était une assez mauvaise idée.
Elle rejoignit finalement l'Akuma fasse à un bâtiment relativement quelconque. Elle se demanda, un instant, comment il s'était procuré l'adresse de ce quartier générale d'une mafia quelconque, puis décida que ce n'était pas important et oublia. L'Akuma ne la laissa pas observer l'endroit bien longtemps : il entra rapidement et elle le suivit avec plus de retenue, toujours muette, à une respectable distance de l'autre. Comment s'appelait-il déjà ? Il le lui avait dit avant cette ridicule chasse à l'homme... Sebastian, peut-être ? Enfin, quelle importance.
Dès leur entrée, un homme, prit d'abord au dépourvu, les agressa. Il n'y avait pas trop de doutes quant à leurs intentions : Sebastian avait un air de psychopathe dangereux sur le visage. Nerá, elle, analysa paisiblement les environs. Ils se trouvaient dans un couloir étroit. Sur les côtés, deux portes closes. L'homme malmené par l'Akuma lâcha un hurlement de douleur. Au fond, un escalier branlant. Un craquement répugnant retentit. Derrière, la porte d'entrée béante. Sebastian parlait mais elle l'ignora. Ils avaient de bien tristes systèmes de défense...
Un geste brusque au coin de son champ de vision la ramena instantanément à la réalité. Dans un réflexe heureux, elle arrêta le bras qui l'attaquait, et dans la foulée, brisa le poignet de son adversaire. Revenue à la réalité, Nerá nota soudainement tout ce qui l'entourait. Leur première victime était méconnaissable, cadavre flasque défiguré. L'Akuma s'était écarté, couvert de sang, l'air d'attendre qu'elle bouge. Devant elle, un homme grimaçant, mi-douleur mi-panique.
Soit.
D'un geste presque gracieux, la jeune fille donna un violent coup de coude à son adversaire, directement dans le plexus. Le souffle couplé, il s'effondra, et elle recula. Elle leva les yeux, droit vers l'Akuma, posant sur lui une lourde chape de glace. Et d'une voix basse, elle souffla, figée :
- Ca ne m'amuse pas. Ca ne m'amusera jamais. Je perd mon temps ici.
D'un geste indifférent, ni cruel ni hésitant, elle repoussa du pied l'homme qui tentait de se relever. Le tuer ne lui apportait rien. Personne ne lui avait dit de le faire, à part cet Akuma, et elle n'avait aucune raison de lui obéir aveuglement. Alors elle le laissa là où il était, et se détournant, conclut d'une voix éteinte :
- Je m'en vais. Si tu aimes ça, tu n'as qu'à le faire.
Elle n'en pensait pas un mot. Qu'il s'amuse ou pas était le cadet de ses soucis. D'un pas décidé, elle quitta la pièce, sans plus un regard, et sortit. Elle fut saluée par le ciel morose de Paris, et par les regards inquiets de passants alertés... Les cris de leur première victime n'étaient pas passés inaperçus. Et dans les quelques regards qui s'étaient soudainement posés sur elle, elle lisait des questions à peine murmurées : Qu'est ce qu'il se passait là dedans ?... Ils avaient attiré l'attention, avec ses méthodes de bourrin inconsidéré.
Re: Comment devenir un bon akuma en 10 leçons. [Neratzo et Sebastian]
Ses mouvements étaient fluides, précis, là où les miens étaient brouillons. Elle était partie. Elle m'avait jeté des paroles dont il était évident qu'elle n'en croyait pas un mot, puis était partie.
Et je faisais quoi moi maintenant, hein ? J'avais une dizaine de personnes à tuer tout seul, et je devais ensuite fouiller tout Paris pour la retrouver. Elle m’énervait la gamine !
Si je voulais gagner du temps, il allait falloir faire ça vite et précisément, et surtout mettre de côté cette colère qui m'envahissait. Je sortais une dague de mes bottes, et égorgeais tout le monde.
Maintenant, c'est au Comte de jouer.
En redescendant, j'apercevais la porte et me rendais compte que ma violence avait attiré les autorités. Il avait l'air d'hésiter à entrer. Parfait, cela me laisserai plus de temps. Je remontais en courant, et me lavais le visage et les mains. Parfait, je n'avais plus aucune trace de sang. Maintenant, il fallait que je me protège. Je faisais des traces de pas ensanglantés jusque la fenètre que j'ouvrais, puis lavais mes chaussures. Enfin, je me réfugiais dans un placard, en ayant au préalable humidifier mes joues et mes yeux. Et surtout, n'oublie pas de trembler.
Lorsque la police daigna enfin monter, la scène de crime était parfaite.
Je gémissais dans mon placard, et tremblait comme une feuille. J'ai l'air pitoyable. Heureusement que personne ne me voit...
Il fallu que je fasse plus de bruit pour qu'ils me remarquent enfin. A voir leur visage, je jouais bien le traumatisé. Je dirai même, d'après leurs regards, que j'étais « mignon ». L'un des homme me faisait sortir, et m'asseyait sur une caisse.
« Je vous laisse vous calmer, et après je reviendrai vous poser quelques questions. C'est d'accord ? »
J' hochais la tête pour lui montrer que j'avais compris, même si c’était à moitié faux puisque mon français était absolument pitoyable et que l'homme avait parlé très vite. Dès qu'il avait le dos tourné, je partais en courant.
Bon maintenant, je devais retrouver mon partenaire. Si j'étais elle, ou irais-je ? T'en as encore des questions débiles dans le genre ? Je savais pertinemment que j'en étais incapable. Mais bon, au moins j'avais essayé..
J'employais donc la veille méthode : chercher. Elle ne devait pas être bien loin. Tout ce cinéma m'avait pris au maximum quinze minutes. J'arpentais les rues autour de mon point de départ.
Lorsque je la retrouvai, elle était assise sur un banc, en face de la Seine. Je m'assis à côté d'elle. Que devais-je faire maintenant ? Michael me répétait tout le temps que je devais aller vers les gens. Mais c’était ce que je venais de faire non ? J'avais parcouru tout Paris à sa recherche. C’était suffisant. J’étais perplexe. Ce ne devait pas être ça. Bah au pire, je m'en moquais un peu. Ce n’était pas comme si je tenais à elle ou ressentait des senti-quelque chose pour elle.
Je regardais le fleuve. Alors c’était pour des trucs comme ça qu'on utilisait le mot « beauté » ? pourquoi pas.
Un silence s'installa entre nous. Il n’était pas pesant ou gênant. Il était juste la, c'est tout.
Je me décidais enfin à le rompre :
« Tu te bats bien. Voudrais tu m'enseigner ? »
Devant son air peu convaincu, je réprimais un élan de colère. Le mot magique Sebby. Michael me répétait souvent cette phrase.
« S'il te plaît ? »
Re: Comment devenir un bon akuma en 10 leçons. [Neratzo et Sebastian]
- Spoiler:
- J'espère que ça te va !
- Leurs regards la mit mal à l'aise. Elle détestait tellement les foules, les gens. Elle se sentait oppressée, presque menacée, et rien dans l'entraînement de Central n'aurait pu changer ce mal être, il lui était inhérent. Elle glissa un regard neutre sur tous ces gens qui regardaient, inquiétude et curiosité mélangées. Elle pouvait contrôler la bête qui s'affolait dans sa poitrine. Elle l'avait toujours fait. C'était presque naturel.
Avec une nonchalance raide, Nerá s'écarta de leurs regards et s'éloigna. Personne ne l'arrêta. L'akuma ne lui courut pas après. Tout était pour le mieux, pourrait-on dire. D'une démarche rapide, mais sans fébrilité, elle s'éloigna. Des murmures la suivirent, mais elle s'en fichait. Elle ne voulait pas être ici.
Errant dans les rues de Paris, la jeune fille réfléchissait. Se forcer à penser lui donnait plus de contrôle sur elle-même, ses émotions difficilement contrôlables, parfois. Qui aurait cru que sous ce masque de parfaite indifférence, elle était souvent à fleur de peau ? Elle n'était nerveuse que tout au fond, à cet endroit que personne ne pouvait atteindre, elle qu'elle ne laissait jamais sortir. Parfois, elle avait l'impression de mener sans cesse un combat contre une part d'elle-même sombre, bestiale, et sauvage. D'autres fois, peut-être lorsque l'animal dormait, elle se sentait vide, sans but. Et toute l'histoire de son être était de trouver l'équilibre entre ces deux états, celui où elle serait exactement ce qu'elle voulait : une statue d'indifférence sereine.
Elle atteignit la Seine. C'était un fleuve calme à cet endroit, sombre et morose. Elle ne lui inspirait qu'une sorte de vague ennui. Ses quelques bons souvenirs dataient d'un endroit ensoleillé et bruyant, tout en couleurs et en mouvements. A côté, Paris était droit, austère, d'une dignité sans pareille, et la Seine était d'une tristesse... Mais c'était toujours mieux de la regarder filer que de marcher sans fin.
Longeant les quais, Nerá finit par se poser sur un banc, rêveuse. Les yeux mi-clos, ignorant les passants, elle se surprit à imaginer... autre chose, un monde plus doux. Sans Central, sans Comte Millénaire, sans devoirs ni souffrances. C'était futile, elle le savait, mais c'était son échappatoire, d'une certaine façon. C'était agréable que de se laisser aller à un peu de douceur, même virtuelle. Elle avait bien assez d'amertume en vérité pour ça. Dans ses rêves éveillés, elle se voyait dans un endroit calme, peut-être en forêt, entre deux rayons de soleil et soutenue par une présence rassurante. C'était flou, peut-être que son imagination l'abandonnaient pour les détails. Mais c'était agréable, et suffisant.
Malheureusement, ça ne pouvait pas durer. Une silhouette vint s'asseoir à ses côtés, la tirant de ses pensées. Nerá adressa à l'akuma un regard vide de tout jugement. Il semblait avoir combattu, mais était lavé de tout sang. Elle ne ressentait rien de spécial à l'égard de ces machines. Elles n'étaient pas censées être humaines, et ressentir quoi que ce soit, d'après ce qu'on lui avait dit. Etait-elle un akuma, dans ce cas ? Parfois, elle se posait la question.
Celui-ci avait l'air irritable, mais pourtant, il ne fut pas du tout agressif. Nerá haussa un sourcils de quelques millimètres, pas spécialement curieuse mais vaguement prise au dépourvu par cette demande impromptue. Personne ne lui avait jamais fait... ce type de compliment. Voire de compliments tout court ! Les membres de Central avait trop d'égo pour concéder aux autres quoi que ce soit de sympathique. Sans hostilité, elle répondit lentement :
- Tu... n'as pas besoin de ça... pour te battre.
S'exprimer n'était pas toujours facile. C'est peut-être pour ça qu'elle parlait si peu. Mais dire exactement ce qu'elle voulait... Elle avait remarqué que les gens ne saisissaient pas les sens de ses mots comme elle les pensait. Et là, avait-il comprit ce qu'elle voulait dire ?
Son style ne correspondait pas au sien. Il était plein de colère, de fougue. Elle agissait toujours dans le sang froid et le calcul. Pouvait-il vraiment en faire autant ? Elle continua, essayant de préciser un peu ses pensées :
- Tu es... impulsif ? Était-ce le bon mot ? Je ne suis pas professeur.
Elle détourna le regard, contemplant la Seine qui s'écoulait lentement à quelques mètres d'eux. Elle était vaguement indécise. Elle n'avait pas envie de passer du temps en sa compagnie, ni en quelque compagnie que ce soit, à une exception près. D'un autre côté, l'action avait été limitée depuis qu'elle avait quitté Central. Son instinct de survie lui hurlait de polir ses techniques. Ça pouvait être l'occasion de s'entraîner. Après quelques secondes de silence, elle finit par lâcher sans le regarder, d'une voix basse :
- Je peux essayer. Viens.
Ce ne serait pas ici qu'ils pouvaient faire étalages de leurs talents respectifs, hein ? La discrétion avant tout, petite Nerá. Sans le regarder, elle se leva et s'éloigna lentement. Une ruelle vide, un coin tranquille sans personne pour les déranger, voilà ce qu'elle cherchait. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait lui apprendre, mais elle se souvenait de son propre entraînement, à la dure. La survie du plus fort, rien de plus. Elle pouvait reproduire tout ça sur quelqu'un d'autre.
Heureusement, à cette heure de la journée, peu de gens traînaient dans les rues. Elle n'eut guère de mal à trouver une petite cour vide, à l'ombre qui plus est. Elle recula lentement, se mettant face à lui. La voix toujours éteinte, le regard dénué de tout intérêt, elle articula avec une froideur instinctive :
- Défends toi.
Et sur ce, elle fondit sur lui comme un oiseau de proie, doigts tendus par sa gorge.
- Spoiler:
- Je suis désolé, c'est pas top. Si jamais je me trompe au sujet de Nera ou que le changement de temps du récit te gêne, dis le que je puisse changer.
Du papier à musique. Voilà à quoi elle me faisait penser. Du papier à musique vierge, attendant d'être couvert de notes. Elle semblait vide en permanence. Comme moi. Et en même temps, je pouvais deviner que sous ce masque, ses émotions s'affrontaient. Certes, je ne pouvais reconnaître ou comprendre les sentiments, mais je savais démasquer leurs présence. Grâce à cela, j'avais réussi a survivre. Je ne l’écoutais pas. C’était impoli. Mais au pire, je m'en moquais.
Cependant, un mot vint frapper mon esprit torturé : « impulsif ». je retiens un rire, narquois ? Impulsif. Cela insinue que je puisse ressentir quelque chose. D'ailleurs, quel était le sentiment qu'elle pouvait bien associer à ce mot. Ce devait être violent. La jalousie ? La colère ? Oui, ce devait être la colère. La nature humaine est décidément bien compliquée. Parfois, je me dis que ce n'est pas plus mal de ne ressentir que la colère et le mépris de l'autre. Je suis épargné de ces choses puérils comme l'amour ou la pitié.
Elle continuait de parler, mais je ne l’écoutais toujours pas. Au ton de sa voix, je pouvais deviner qu'elle était indécise. Alors, à quoi bon l’écouter pour l'entendre se contredire. Si elle accepte, je le verrais. Et puis, si elle n'accepte pas, bah c'est pas grave. C'est dommage, mais loin d'être le plus grand de mes soucis. Même si, je dois bien le reconnaître, ce pourrait être pratique d'apprendre d'elle : je serais plus efficace, et sûrement plus discret.
J'attendais. Je ne pensais plus à rien : je n'avais plus de sujet auquel penser. C’était bien. Le calme. Paradoxal dans une ville aussi mouvementée que Paris.
Face à moi, l'eau, s’écoulaient lentement. Je perdis notion du temps.
Soudain, elle se leva. Elle avait accepté. Je la suivais donc, dans le dédale des rues françaises. Les gens nous fixaient, nous pointaient du doigt. Je devais admettre qu'on devait faire un drôle de couple. Moi, regardant tout avec mépris et froideur. Elle, portant un masque, se voulant insensible. On ressemble à un couple apportant la mort.
Je te l'ai déjà dit Sebby, souris et tu deviendras trop choupinou.
Michael. Je le vois de plus en plus. À croire que mon esprit malade prend plaisir à me torturer. « Choupinou ». Cette blague. Je fais peur. Point.
Je remarquais qu'on était arrivés que lorsque je manquais rentrer dans ma partenaire. Je me concentrais donc sur l'endroit. Une cour. Bonne idée, on sera à l’abri des regards. Qui plus est, à l'ombre. Toute fois, une partie restait au soleil. Je pourrais peut être m'en servir à mon avantage.
Ses mots à peine jetés, et elle m'attaque. J'ai juste le temps de mettre mes bras devant mon visage pour me protéger, que déjà, je sens ses mains m' agripper. Je me dégage et bondis à l'autre bout de la cour.
J'ai bien fait de muscler ce corps. Je mets en place ma garde, prêt à esquiver sa prochaine attaque, et pourquoi pas y répondre.
Mais une chose attire mon attention. Un éclat rouge sur mon bras. Du sang. Le mien. Celui de Michael. Elle m'a griffée suffisamment fort pour me faire saigner. Elle a abîmé ce corps qui m'est si précieux. Avant que je n'ai le temps de respirer, la rage monte en moi.
Lorsque je parle, ma voix est glaciale, cruelle. Mes yeux luisent d'un éclat malsain.
« Ça, tu vas me le payer ».
A mon tour, j'attaque.
- Spoiler:
- J'espère que ça te va, hésite pas à me fouetter sinon !
- L'akuma ne répondit à aucune de ses frêles tentatives de communication. Tant pis. C'est pas comme si se voir ignorée la gênait particulièrement. Sa voix avait cette particularité étrange que de désintéresser les gens. C'est peut-être pour ça qu'elle parlait si peu. En tout cas, lorsqu'elle se leva, il la suivit sans un mot. Ça l'arrangeait quelque part. Elle n'aimait pas vraiment parler, et la parlote était vraiment pas son fort.
Marcher dans les rues de Paris, enveloppée dans ce silence, ça avait quelque chose de réconfortant. Elle voyait un peu mieux le charme de cette ville solennelle. Et après réflexion, ça lui plaisait. Si ils s'étaient baladés ainsi en Grèce, ou en Italie, les remarques auraient fusées, les rires aussi. Là, personne ne disait rien, et seuls quelques regards gênés les suivaient. Ça lui convenait.
Il réagit plutôt bien à sa première attaque, interposant entre eux un bras défensif. Soit, elle ne voulait pas être trop violente dès le début, mais elle laissa tout de même l'empreinte de ses ongles sur sa peau en repartant. Parfois, se défendre laissait place à d'autres ouvertures... Elle aurait aussi pu lui briser le poignet, mais elle ne voulait pas le blesser de cette façon. Toujours les souvenirs de Central. Instaurer la souffrance, laisser des marques... Mais éviter les blessures qui mettaient aussi longtemps à guérir qu'une fracture. Ce serait trop de temps perdu.
D'un bond, elle se mit hors de sa portée, prête à repartir. Et à ce moment, il se passa quelque chose d'étrange, d'étrange mais prévisible. Soudainement, son interlocuteur s'énerva, comme si il avait soudainement pris feu, et sans raison apparente. Sans raison, l'entraînement était devenu combat. Nerá garda un visage de marbre, mais elle ne comprenait pas. Était-ce juste l'entrain du combat qui lui montait soudainement à la tête ? La ridicule égratignure qu'elle avait laissé sur son bras ? Dans tous les cas, il avait l'air fou de rage. Assez pour l'attaquer soudainement.
Nerá arrêta le premier coup, puis le second. Il avait de la force, et un savoir instinctif de ce qu'il faisait mais... Sa colère n'était pas un avantage. Pas contre elle. Il ne l'impressionnait pas, et ses coups furieux étaient prévisibles. Elle encaissa un instant ses coups furieux, parant avec calme, puis soudainement contre attaqua. Elle lui tordit le bras, donna un coup sec dans les chevilles et le tira au sol assez brutalement.
Le lâchant aussitôt et reculant d'un pas, le toisant de haut, elle lança froidement :
- Trop... impulsif.
Il prouvait de lui-même ce qu'elle avait dit. Elle n'avait pas trop d'espoir pour lui. Elle ne savait pas ce qui lui avait prit, mais... De toute façon, ce n'était pas une raison. Quoi qu'il lui soit passé par l'esprit, il aurait du être capable de se contrôler, non ? C'était la première chose qu'ils apprenaient. C'était pas toujours facile, mais c'était important. Si il était incapable de garder son sang froid, comment pouvait-il espérer progresser un tant soit peu ? En avait-il seulement envie ?
Elle s'arrêta. Aucune importance. Elle se fichait bien de ce qu'il voulait. S'écartant de lui, elle le laissa se relever, non sans maintenir entre eux une distance respectable. En plus d'être agressif, il semblait assez imprévisible. Si il voulait vraiment combattre, elle ne lui ferait pas de cadeaux. Ce faisant, elle demanda, sans le regard, d'une voix éteinte :
– Pourquoi? ...Non, il ne comprendrait sans doute pas avec aussi peu de mots. Pourquoi t'énerver?
La réponse ne l'intéressait pas vraiment. Mais si il pouvait fournir une réponse à cette question... Peut-être dévoilerait-il certaines faiblesses. Elle ne pensait pas avoir besoin de ça, mais c'était un automatisme pour elle. Connaître son ennemi, sonder ses failles, et se tenir prête à en user contre lui si nécessaire. A une époque, cette façon de faire lui avait paru contre nature et odieuse. Maintenant, elle s'y était habituée. Peut-être, aussi, qu'en parler calmerait la colère irrationnelle de l'Akuma, ce qui l'arrangeait encore plus. Elle ne se permettait pas de l'espérer néanmoins.
- Spoiler:
- C'est court je suis désolé. J'espère que c'est plausible et fairplay. Je n'arrivais pas à trouver la couleur dans laquelle tu parles, du coup, j'en ai mise une au hasard, navré... Bonne lecture :)
Je l'attaque. Mais elle arrête tous mes gestes. C'est comme si elle les prévoyait. Ou alors, je suis mauvais à ce point ? Je ne m'arrête pas pour autant. Je lui envoie une pluie de coup. Puis c'est à son tour d'attaquer. Et je dois bien avouer que ce coup la, je ne l'ai pas vu venir. Sans comprendre pourquoi, en quelques secondes, je me suis retrouvé au sol. À nouveau, elle lache ces mots. Sa voix n'a aucune intonation, comme la mienne. Les mots, LE mot est toujours le même. « Impulsif ». Mais cette fois ci, il atteint une partie de mon esprit. Elle n'a pas tort. Si je veux pouvoir la toucher. Il faut que je me calme. Je reste à terre. J'inspire et expire. Cela m'est difficile. Je n'ai jamais eu besoin de me calmer. Si ce n'est la fois avec Scar. Mais c'est une autre histoire, et les circonstances n’étaient pas les mêmes. J'inspire et expire. Et dire qu'au début, c’était à moi de lui enseigner comment être un akuma.
Je me relève en souplesse, époussette la poussière de mon pantalon et reprends une position d'attaque. Cette fois ci, je vais être réfléchi, calme et posé. Elle me regarde, mais ne semble pas me voir. Puis une question.
« Pourquoi t'énerver? »
Cette question résume toute ma vie. Pourquoi je m'énerve. Pour mon frère. Pourquoi mon frère ? Pourquoi est il le seul qui ait su comment passer outre mon masque, je ne sais comment. Pourquoi à chaque fois que je pense à lui ma gorge se noue et mes yeux s'humidifie ? C'est le plus grand mystère que je n'ai jamais connu. Je lui dois pourtant une explication c'est vrai. Mais il est hors de question que je lui raconte ma vie. Cela ne la regarde pas, et ne l’intéresse sûrement pas.
Je lui jette donc quelques mots, la laissant faire le reste.
« Il est à mon frère. »
Puis j'attaque.
Cette fois ci, je ne l'attaque pas directement. Je saute, m'accroche au mur et finit tant bien que mal par atteindre un toit. Je suis dos au soleil, face à la jeune femme. Si mes calculs sont bons, elle devrait être éblouie. Je saute, mais pas directement sur elle. J’atterris dans son dos et arrive enfin à la toucher. Je lui envoie un coup de pied retourné, visant ses côtes, et l'envoie voler quelques mètres plus loin. Ma colère redescend d'un cran maintenant que je l'ai frappée. Mais un cas de conscience apparaît. J'espère que je ne lui ai pas fait trop mal. Pas que cela m'importe grandement, mais je suis censé la former, pas la casser.
Cependant, je reste quand même sur mes gardes.
- Spoiler:
- C'est un peu moisi mais j'espère que ça te va :ohmy : J'ai essayé de pas grosbiller, mais au vu de la différence de niveau entre nos persos (F et D) je me suis mis un poil au dessus, en espérant que ça t'aille quand même.
Ses paroles semblent le calmer. Il reste un moment au sol, le temps de reprendre son souffle, puis il se relève. Nerá l'observe avec soin. Il a l'air beaucoup plus maître de lui, maintenant. Et bien... Tant mieux. Elle espère que cette petite leçon, la seule qu'elle peut vraiment lui offrir, lui servira à d'autres occasions. Il reprend une position d'attaque, et elle l'imite, prête à se défendre, sans néanmoins prendre le combat très au sérieux. Sebastian... a du potentiel, mais il n'était pas encore à son niveau. C'était normal, par ailleurs. Il n'avait pas des années de Central derrière lui. Alors elle décide de le prendre à la légère, littéralement. Histoire d'équilibrer les choses. Il apprendra mieux ainsi.
Sa réponse la prit un peu au dépourvu. Il lui fallut un moment, plusieurs longues secondes, pour faire le lien entre « il » et son corps. C'est vrai... Les akumas sont des êtres nés d'une tragédie. Le corps qu'il occupait n'était pas le sien, mais celui de la personne qui s'était sacrifiée pour le ramener sur terre, dupé par le Comte. C'était donc celui de son frère, qu'il devait probablement aimer autant qu'il l'aimait. Elle pouvait mieux comprendre cette volonté de préserver le souvenir d'un être cher. Du moins... Si elle ne comprenait pas, elle imaginait. Elle essayait. Il est vrai que la compassion n'est pas son fort. Elle avait du mal à saisir ce qui obsédait tant les autres, alors qu'elle avait elle-même une honnête tripotée de manies incompréhensibles aux yeux des autres.
Enfin... C'était une machine. Un être fait pour tuer. Il ressentait des sentiments, s'accrochait à ce qu'il avait, mais il ne pourrait pas toujours sauver le corps chéri de son frère. Arriverait un jour où un combat trop violent l'abîmerais... Ou le tuerait, tout simplement. C'était peut-être triste. Sans doute. Elle ne se sentait pas touchée. Tout ce qu'elle parvenait à faire, c'est ressentir un semblant, minuscule semblant de sympathie pour l'Akuma. Car au final, il n'était pas plus libre qu'elle, et pas beaucoup plus sain d'esprit, de ce qu'elle en voyait. Triste monde dans lequel ils vivaient.
Visiblement pressé d'en découdre, contrairement à elle, l'akuma se remit soudainement en mouvement. Immobile, elle le regarda faire, puis se détourna pour le suivre du regard. Le soleil l'éblouit, un bref instant, puis un choc la repoussa brusquement en arrière. Elle parvint à rattraper son équilibre, finissant sa course dans la cour sur ses pieds, main au sol pour éviter de tomber. Elle se redressa, le souffle un peu court.
– Pas mal.
Elle contre attaqua aussitôt, pour voir ce que valait sa défense. Le contournant légèrement, elle fondit sur lui, le frappant à l'épaule, puis aux côtes, attendant l'ouverture qui ne saurait tarder. Utiliser son propre élan contre lui, pour compenser son propre manque de force, c'est ce qu'elle savait faire de mieux. Même si elle ne se sentait guère d'humeur à combattre...
Elle le titilla, littéralement, un très bref instant, avant de le repousser d'un coup de coude dans le ventre habilement placé et recula, abandonnant le combat. A voix basse, elle lâcha :
– Tu te débrouilles bien sans moi. Tant que tu es ga... calme.
Elle maudit sa langue qui fourchait et recula encore d'un pas, gardant une attitude neutre. Il ne combattrait jamais comme elle, car ils n'avaient pas les mêmes forces et faiblesses, mais quelle importance ? Elle se rendait compte que le rôle de prof ne lui allait vraiment pas. Elle avait... envie de fuir, sa présence, toutes les présences. Pas de combattre un pseudo-allié.
Mon coup n'a servi à rien. Elle m'est nettement supérieur. Pourtant, elle me fait un compliment. Pourquoi ? Ce que j'ai fait était pitoyable. Si j’étais sur un champs de bataille, je serai déjà mort. Je ne suis pas déprimé ou je ne sais quoi. Non, je suis juste réaliste. Il faut que je m'améliore. Il faut que je m'entraîne, des heures durant, pour pouvoir devenir plus fort. Je dois vivre. Je dois me venger. Et c'est seulement après ça que j'aurais le droit de mourir. Ce n'est pas le moment d'y penser. Je dois rester concentrer sur le combat.
En quelques secondes, elle fond sur moi. J'essaie de parer ses attaques, mais je suis vite submergé. Une nouvelle fois, je me retrouve à terre. Et j'ai mal. Mais la douleur n'est rien, et je l'oublie vite. Cette fois ci, la colère ne m'envahit pas. J'ai retrouvé mon flegme habituel. Elle veut arrêter. Elle ne le dit pas, mais cela se voit. Et moi même, je commence à me lasser. Je ne veux pas abîmer plus encore ce corps. Je me relève et sens une douleur à la hanche. Ma blessure serait elle plus grave que ce à quoi je m'attendais ? J'espère que je ne mettrai pas trop de temps à me remettre.
Elle est là, face à moi. Je ne sais pas quoi faire. La remercier ? Pour quoi. Pour m'avoir frappé ? Certes, je sais maintenant que je dois être plus calme. Je sais aussi que je dois me servir de mon cerveau. Mais sinon, je ne suis pas vraiment avancé. Je devrais peut être lui demander une partie « théorie ». Mouais, me connaissant, je vais arrêter de l'écouter au bout de dix minutes à peine. Un éclair de génie surgit. Je pourrais toujours aller à la bibliothèque pour me renseigner. Surtout que maintenant, je me suis amélioré en lecture.
Je m'approche d'elle et la salue.
« Merci pour cette leçon. »
Mon scepticisme se ressent très clairement lorsque je prononce ce dernier mot. Je ne vois pas pourquoi j'aurais à maquiller ma voix et lui mentir. Ce n'est pas une enfant, elle ne va pas fondre en larmes. Et au pire, ça fait quoi. C'est elle qui aura l'air pitoyable, pas moi.
Je regarde le ciel. Il est déjà tard. Notre mission est terminée. Nous devons rentrer. Je la fixe.
« Il faut partir. »
A peine ces mots dits, je fais demi tour et reprends le chemin inverse.
D’où venions-nous déjà ? Je crois que c'est ça mon plus grand défaut. Je n'ai aucun sens de l'orientation. Je n'en montre rien à Nerà. Cependant, je cherche longtemps avant de trouver le moyen de sortir de Paris. La foule ne m'aide pas. Dieu que je hais les gens. Je le dis et le pense tout le temps, mais c'est tellement vrai. Les hommes sont insupportables avec tous leurs sentiments et leurs états d'âme. Sans parler de l'hypocrisie.
Je dois rester concentrer. Pour sortir, le plus simple est de prendre une voiture qui nous conduira à l'extérieur de la ville. Ensuite, nous rentrerons à l'Arche en volant. Mon seul souhait, c'est de ne pas nous faire reconnaître par la police. Ils ne sont pas stupides, ils doivent avoir compris que je suis à l'origine des morts.
Je m'achète donc une cape, dont je rabats la capuche. Puis, j'interpelle une diligence, et nous partons.