Je m’étais enfin un pied à Paris. C’était la première fois que j’y venais, mais je détestais déjà cette ville qui - à l’instar de ses habitants ou de son architecture - était morne, terne et ennuyante.
▬ Yo ♪ Central, des sacrés emmerdeurs… M’envoyer faire ce détour par la France alors que ma mission en Libye vient à peine d’être accomplie, tout en me cachant la raison de ma venue… ‘foiré de Luverrier.
▬ Les ordres sont les ordres Jäger.
▬ Au lieu de m’ennuyer avec des choses que j’sais déjà, balance l’dossier de la mission ♪
▬ Tiens, voilà ta cible.
▬ Tsss… Que j'en finisse rapidement. Salut ♪
Central, ou plutôt le Vatican en général a une multitude d’indics dans toutes les régions aux quatre coins du monde. Paris n’en faisait pas exception, cependant aucun n’a pu me prouver que Lockwood résidait encore en ce lieu. Dès lors la tâche qui m’incombait était - autant le dire - impossible. Une jeune fille châtain aux yeux bleus, il y a avait des milliers de parisiennes qui pouvaient correspondre à cette description.
J’ai essayé le commissariat mais aucune trace de Lockwood, c’était peine perdue de continuer à la chercher, je n’avais plus aucune piste. Sauf peut être l’hôpital central, la renégate pouvait très bien y être passée pour soigner d’éventuelles blessures, après tout elle vit dans un monde où peu de gens ne veulent pas lui faire la peau.
Le ciel était devenu gris, la pluie pouvait surgir à tout instant. Encore une fois pas facile de s’y retrouver seul dans Paris, j’essayais tant bien que mal de demander aux passants de me guider. Amusant la plupart bafouillaient ou restaient muets, ils semblaient tous effrayés par ma dégaine et ma cicatrice qui ne passait pas inaperçu. Tsss… Je n’avais pas de temps à perdre avec certains attardés, heureusement j’arrivais enfin à apercevoir l’hôpital. J’allais bientôt avoir la confirmation que j’avais perdu mon temps à Paris grâce à ces merdeux hauts placés au sein de Central.
Une fois rentré dans l’établissement, j ’aperçu une jolie brune à l’accueil qui pourrait peut être me renseigner.
▬ Yo ma jolie ♪ J’ai besoin de savoir si vous avez vu ces dernières semaines cette femme.
Je lui tendis les deux photos de Lockwood qui accompagnaient le dossier qu’on m’a transmis, enfin non… car j’en ai tout de suite rangé une dans la veste que je prenais sous l'bras droit. Sur l’une des photos on la voyait clairement. Elle était mignonne, quel gâchis de devoir mutiler un si beau visage. L'Autre - celle que j’ai gardée dans ma veste - m’était inutile car elle n’était encore qu’une gamine lorsqu’elle a été prise, sans doute une vieille photo de famille… A chaque fois que je l’apercevais, je ne pouvais m’empêcher de repenser, ne serait-ce qu’un court instant, à la petite famille que nous formions avec Diane et Marco. Des souvenirs qui, tout comme ma présence à Paris, n’étaient pas nécessaires.
▬ Je suis désolée, elle ne me dit rien… On voit des centaines de visages chaque jour dans cet hôpital alors vous comprendrez que…
Boum. Une explosion a retenti. Comme tous ceux qui étaient présents autour de moi, je fus surpris. Ce bruit… il ressemblait beaucoup à un projectile qu’on aurait tiré. Un projectile bien plus imposant qu’une simple balle… Un obus ?
C’était tout proche à quelques mètres, je me suis précipité vers les chambres des patients. Pour finalement les ouvrir une à une, celles de droite comme celles de gauche. La huitième porte fût la bonne, une fois la poignet tournée et la porte poussée, je me suis retrouvé face à un akuma. Oui comme je le pensais c’était un akuma qui venait de tirer. Et de part les cendres que j’observais sur le lit ainsi que le trou béant dans le mur, il venait d’assouvir ses pulsions en tuant.
Jäger soupira.
Il avait l’apparence d’un gosse, malgré sa transformation intermédiaire en akuma. Cependant homme, femme, enfant, qu’ils soient faits de chair ou non, peut importe je traite tous les parasites de la même façon.
En réalité depuis que Jäger avait croisé pour la première fois un akuma de niveau deux en Libye, il s’était questionné sur leur existence. Qui aurait cru que ces machines de guerre pouvaient ressentir les mêmes émotions que les nôtres. Ces démons sont nés de l’amour, du lien entre les Hommes. Levi, lui qui aujourd’hui n’a plus rien, aurait sans doute voulu ressusciter Diane s’il lui était arrivé un malheur cette nuit là. Cette nuit d’il y a huit ans que - sans doute - sa cicatrice ne cessera jamais de lui rappeler.
Très vite dans le feu de l'action, je lui ai envoyé ma veste que j’avais sous le bras. Ainsi son champ de vision obstrué, l’temps d’une petite seconde, m’avait suffit pour lui asséner un violent coup de pied sec dans l’abdomen qui eu pour effet de le propulser tout comme ma veste à travers la fenêtre située juste derrière lui. Pour le coup, le fait que son corps d'emprunt soit si léger a été à mon avantage.
Ah oui… Je venais de remarquer la présence d’une chialeuse à ma droite. Qui semblait encore abasourdie comme pétrifiée par la scène qu’elle venait de vivre. Elle n’avait jamais vu un Homme mourir sous ses yeux ? Peut importe, l’akuma allait revenir et elle me gênait à chialer en faisant la statue. Donc j’ai pris sa main gauche pour l’emmener en dehors de la chambre, mais dommage… Si elle voulait vivre, elle aurait déjà dû fuir car maintenant c’était trop tard.
Il pleuvait enfin.
L'Akuma était revenu.Cet hôpital allait visiblement devenir dans les minutes qui suivent un immense champ de bataille.