J’ai encore du mal à me dire que nous avons été attaqués en plein bal de charité, encore moins que l’un des maîtres Noés a perdu la vie durant cette réception.. Depuis, mon sang bouillonne de rage et mon corps tout entier réclame vengeance ; ça ne se passera pas comme ça, celui ou ceux qui ont fait ça n’en sortiront pas impunis, moi j’vous l’dis ! Ils payeront pour leurs affronts et ça, je leur ferais comprendre moi-même, ça oui ! Alors à cause de tout ça, j’ai un peu la tête ailleurs en ce moment, mais.. il ne faut pas que je le montre à Mathilde, car je ne veux pas qu’elle s’inquiète, qu’elle craigne pour sa vie ; car tant que je serai là, elle ne craindra rien, car je ne laisserai jamais personne lui faire le moindre mal. Elle est mon rayon de soleil, ma raison principale de me battre – parce que j’aime beaucoup ça même sans aucun but, ahah ! – et je donnerai ma vie pour elle. Mais.. en attendant, il faut que je prenne l’air, pour me changer les idées.Peu de temps avant la Quête numéro 20,
Quelques jours après le bal de Charité.
Assit sur le rebord de fenêtre de sa chambre parisienne, le petit monstre observait les gens se presser dans la rue, les gribouillant de temps à autres lorsque l’un des passants daignait susciter son intérêt. Parfois, certaines personnes lui faisaient un signe de la tête poli lorsqu’Elliot croisait leur regard, tandis que d’autres le saluaient carrément de vive-voix – habitués à voir le petit oiseau perché là ou bien à courir dans le rues comme un petit bandit – ce à quoi le môme répondait par un immense sourire et des signes de la main exclamatifs. Cette ville, il l’aimait – quand bien même elle semblait moins folklorique que Bâton-Rouge – et chaque jour qui passerait, il continuerait de la protéger quoi qu’il arrive ; mais ça, ce n’était pas pour la beauté des choses, mais plutôt pour que le sourire de la jeune Lockwood continue d’égayer son si doux visage. Tous ces hommes, là, qui marchaient avec leur balais dans le cul ou leurs grands airs – ou bien même de simple touristes ou parisiens d’autres quartiers – eux, Christopher devait énormément prendre sur lui pour ne pas tous les massacrer. Toutefois, il ne pouvait pas, il n’avait pas le droit ; il se l’était interdit.
Alors, pour se changer les idées, l’Oiseau en Cage siffla son compère à plumes qui voletait dans le ciel, avant de finalement rentrer en sa compagnie dans la petite bâtisse. Ni une, ni deux, la petite tête blonde ne traîna pas pour attraper son sac d’écolier, son carnet de voyage et de croquis, ainsi que quelques crayons de papiers et gommes en tout genre. Le grand air frais de la ville qui ne dormait jamais ne pourrait que lui faire du bien ! Tout aventurier – aussi fidèle qu’il soit – avait besoin de changer d’air de temps à autres ! Voilà pourquoi, sac sur l’épaule, l’américain se dirigea vers la porte d’entrée, avant de siffler ces quelques mots une fois arrivé au niveau de l’encadrement de porte de la cuisine où se tenait la belle Noé :
"
Mathilde, je sors dessiner un peu ! " lui souffla-t-il de sa petite voix fluette, avant de rire, "
Je rentrerai avant que le soleil ne se soit couché, promis ! Et.. si tu as besoin de quelque chose, n’hésite pas à m’appeler, je ne serai pas loin ! "
Et sur ces derniers mots, l’enfant-machine était plus que sérieux : il ne s’éloignerait pas beaucoup d’elle, afin de pouvoir réagir à temps si on venait à l’attaquer, ou même si elle avait besoin de la moindre petite chose. Il se
devait d’être toujours disponible pour elle.
Et ce fut ainsi qu’il disparut à travers l’encadrement de la porte.
Comme un petit oiseau lâché pour la première fois en dehors de sa cage, l'Aventurier prit une grande bouffée d'air frais dés l'instant qu'il se retrouva dans la rue ; comme si le bon air de la
liberté lui était salvateur. Souriant à tout rompre - comme à chaque fois qu'il sortait hors des murs d'une bâtisse - le petit homme n'attendit pas plus longtemps pour se diriger vers le champ de Mars, là où il aurait l'occasion de croiser bon nombre de touristes et de personnalités en tout genre ; le meilleur endroit pour dessiner et capturer sur papier le visage des gens. Accompagné de son fidèle acolyte, c'est en sifflotant et en abaissant son chapeau lorsqu'il croisait quelques bourgeois ou simples passants que Christopher finit par jeter ses affaires sur un banc pas trop au soleil ; c'est qu'avec une chaleur pareille, ça tapait sur sa pauvre petite tête blonde, quand bien même il se protégeait !
Des nausées étaient si vite arrivées en des temps pareils.
L'esprit plus ou moins libéré de tous les tracas qui l'avaient habité, l'Oiseau en Cage se mit alors à griffonner sous les doux gazouillis de Cody. Il y eut tout d'abord cette dame qui avait un corset qui serré qu'elle semblait en avoir des hauts-le-cœur, puis cet homme qui tentait de vendre des fleurs à de jeunes amoureux qui marchaient main dans la main, avant qu'une jeune femme à la chevelure d'or fasse tilter l'enfant. Elle avait ce drôle de regard - d'aventure - qu'Elliot arborait tant de fois de son vivant ; ça, Emily le reconnut dés que son unique prunelle se posa sur cette voyageuse.
Son crayon sembla alors bouger tout seul sur son calepin.