“Pieter, tiens toi bien. Ne nous fait pas honte s’il te plait.”
Une moue boudeuse sur les lèvres, je reprends ma place derrière eux sur le chemin pavé. Je déteste ce genre de rendez-vous. Je déteste ce genre de personnes ennuyeuses. Et je déteste par dessus tout être forcé de venir alors que j’ai déjà décidé d’abandonner la voix familiale en choisissant l’armée. Comme si elle pouvait me faire changer d’avis sur ma carrière seulement en me forçant à supporter ce genre d'événement.
“Mais ça fait si longtemps que j’ai pas vu de neige ! Je veux m’amuser pas aller parler avec des vieux riches ennuyants.”
Elle hurle mon prénom alors que je me laisse retomber dans la neige une fois de plus afin de faire l’ange, mouillant bonnet, manteau et même mes gants, mais peu importe. C’était juste trop bon de pouvoir en profiter à nouveau avant de retourner au camp d'entraînement avec Bradley.
“Allez viens là Pieter, au lieu de faire l’idiot.”
Je soupire, me relevant toujours en boudant, la porte s’ouvre sur le visage d’un vieux majordome et alors que mes parents entrent dans la maison, saluent le couple qui attend à l’intérieur de façon bien trop polie, j’en profite pour courir en sens inverse. Ils n’oseront jamais me courir après en public et surtout pas hurler devant des associés. J’en profite alors, riant de la sensation de mes pieds s’enfonçant dans la poudreuse, du craquement unique de la neige qui se tasse et du froid que j’ai toujours connu. Je cours, retournant au village que nous venions juste de quitter, oubliant pendant un instant que bien que la neige soit si blanche, couleur de l’innocence elle cache bien des secrets, comme des pierres verglacées. Mon pied dérape, mon corps tombe et ma tête heurte une autre de ces pierres.
Ca fait mal putain. Trop mal ! Ma main se lève pour toucher mon visage. Je crois bien que je me suis explosé l’arcade. Je soupire une fois de plus avant de chercher la personne la plus proche afin de lui demander de l’aide. Une autre chose qui m’a manqué en quittant ce pays : le Norvégien. On dit que l’Anglais est facile à apprendre, j’ai toujours l’impression que cette langue est étrangère après un deux ans à l’apprendre. Un enfant demande alors à son père de m'emmener au médecin en dehors du village. Celui-ci écarquille les yeux face à mon état : un oeil fermé à cause du sang qui coule sur mon visage et l’arcade gonflé et douloureuse, un piètre état. Il m’accompagne alors jusqu’à une maison reculé dans les plaines recouvertes de neige. Une fois devant la bâtisse, je le remercie, il fait demi-tour et je m’avance pour aller toquer.