D.gray'man HEART - Le Réveil du Coeur
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28.03.2023
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28.03.2023
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28.03.2023
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28.03.2023
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Fin d'un XIXème siècle futuriste...

Le monde vit des heures sombres. Peuplé d'Akumas, machines meurtrières créées par le Comte Millénaire, l'Humanité touche à sa fin. C'est là qu'entrent en scène les Exorcistes : combattant au service du Vatican, ils se dressent sur la route du Comte et du Clan Noé dans le but de ramener la Paix dans le monde grâce à l'Innocence, une arme céleste. Cette Guerre Sainte est tenue secrète aux yeux du Monde : pour la comprendre, il faut prendre part au combat... Lire le contexte complet
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Fragments du passé
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Mirage d'un Miracle
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Pensez à vous recenser ici avant le 22 avril ! /
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Du nouveau se prépare, si vous voulez vivre l'aventure, pensez à faire valider vos FTs avant le 22 avril ! /
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Kanda YuuMaréchal
Exorciste et Maréchal, Yuu Kanda est de retour dans les rangs de la Congrégation. exorciste de seconde génération, son passé est trouble et nul ne peut prédire son avenir.

Tyki MikkDescendant de Noé
Souvenir du Plaisir de Noé, il est le Troisième Apôtre du Clan Noé. Il s'est auparavant livré à une terrible bataille contre les exorcistes. Reprendra-t-il part à la bataille ?

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Orateur né qui parle trop pour son propre bien. Utopiste et pacifique. Idées controversées qui lui ont valu les foudres de Central, et une mémoire modifiée et effacée.

AtemCivil
Ancien mercenaire et espion, il fait partie d'une troupe d'artistes. Pour protéger ses amis et sa troupe, Atem a tourné le dos à la Guerre Sainte. Mais elle pourrait le rattraper.

Dolores GarcíaDisciple de Néah
Fervente religieuse qui a grandi dans un foyer très croyant, Dolores rêve d'un monde en paix. Elle rejoint les Disciples de Néah dans l'objectif de travailler pour son idéal.

Nunes MaseAkuma
Ancienne boule de colère et de violence, Mase est désormais une machine de guerre solitaire et réservée. Il a tissé des liens très forts avec l'Apôtre du Savoir.

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Vagabond qui ne reste jamais bien longtemps au même endroit, Jax est un informateur pour les Pacificateurs, ainsi qu'un ancien Noé désormais exorcisé.

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Tempête de Sable. —Dans le Sahara, une importante tempête de sable fait rage depuis plusieurs jours. Les locaux sur place sont cloitrés chez eux et certains parlent déjà de colère divine. La Mort du Prince. —Depuis le dernier affrontement sanglant qui a eu lieu dans l'Arche, les Noés semblent se faire plus discrets. Presque calmes. L'Arche ayant été détruite, une étrange rumeur commence à circuler dans les couloirs. Et si le Comte Millénaire avait péri dans l'attaque. Et si c'est bien le cas, pourquoi la guerre n'est pas stoppée ? Idéalistes Perdus. —Si jusqu'ici Central n'avait pas fait des traîtres sa priorité, ses plans paraissent avoir changé. La traque des exorcistes en fuite prend de l'ampleur, d'important moyens sont déployés. Au vu des derniers combats, Célania Vaillant semble être sa cible principale. Rayé à l'Encre. —Lavi Bookman Junior a fuit la Congrégation. Il est maintenant considéré comme un traître et semble faire parti du groupe des pacificateurs. Aurait-il abandonné ses devoirs de Bookmen ? Jeune Maréchale. —Auparavant en apprentissage, la jeune Maréchale Destiny Richards voit son unité se remplir doucement. Beaucoup se questionne sur sa légitimité au vu de son jeune âge. Une paraît plus tenace que les autres : est-elle assez mature pour tenir son unité, compte tenu des derniers affrontements et des désertions. L'Amour et le Printemps. —Dans les couloirs de la Congrégation, il y a une rumeur qui circule en gloussement. L'on dit que Sevket Dečkih et Persephone Athanasis seraient plus proches qu'ils ne devraient l'être. Y a-t-il de l'amour dans l'air ? Liens étroits. —Auparavant discret, ça ne semble plus vraiment être un secret. Central renforce ses liens avec la Congrégation. Dans les couloirs, beaucoup sont maintenant obligés de se côtoyer, donnant presque l'impression d'être surveillé. Des tentions pourraient-elles éclater ? Vatican't. —De nombreux civils ont perdu la vie dans une mystérieuse explosion, d'origine inconnue, qui a entièrement soufflé le Vatican ainsi que les quartiers environnants. Les mots sur les pages. —Des bruits commencent à se propager sur ce mystérieux groupe hors du temps, les Bookmens. Certains les disent étrangement plus présents ces derniers temps, moins discrets, alors qu'ils semblaient presque ne pas exister jusqu'ici. L'étendu d'un Empire. —Les attaques d'Akumas et les disparitions inexpliquées de traqueurs semblent survenir de plus en plus fréquemment en Pologne. La Congrégation craint que le pays ne soit en train de tomber entre les mains du Comte et de ses alliés. L'envolée d'un Corbeau. —Une semi-Akuma prénommée Madalia Cuervo aurait disparu après l'attaque de la Congrégation. Cependant, les recherches n'ont permis de trouver aucun corps sur le champ de bataille. Les recherches ont été interrompues après plusieurs semaines d'enquêtes. Bateau Fantôme. —A New York, on raconte qu'un bateau aurait été plusieurs fois aperçu, passant devant les côtes, vers minuit. Du style de la Renaissance, on raconte qu'il s'agit d'un bateau fantôme d'explorateurs qui errerait, n'ayant jamais pu atteindre les côtes américaines. Complot Mondial. —Des destructions ainsi que des phénomènes étranges semblent se tenir partout dans le monde sans schéma précis. Petit à petit, des foules paraissent se rassembler pour essayer de comprendre ce qu'il se passe. Chasse au Trésor. —Une lumière dans un désert au fin fond du monde semble avoir été aperçu. De bouches à oreilles, la rumeur se perd et se transforme mais on raconte qu'elle serait source d'un grand trésors.

Notre Poulain...

Les Chroniques d'Elysia Après des siècles de guerre et de désolation, un climat de paix s'installe sur le Continent Blanc. Les habitants apprennent à panser leurs blessures et à cohabiter ensemble.
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goûter au pays fleuri ; lys Empty goûter au pays fleuri ; lys

Dim 5 Fév - 23:39
Anonymous
Invité
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Elle aura beaucoup joué aujourd'hui ; le salon coquet mais confortable porte encore les marques de son passage. Les crayons jonchent le sol, les peluches sont placées en cercle autour d'une petite table de poupée, et le canapé semble bien heureux de ne plus se faire sauter dessus. Emy s'est un peu calmée, postée devant la porte fenêtre donnant vue sur le jardin. Aujourd'hui il pleut, et Lys n'a pas voulu qu'elle sorte jouer dehors. Emy, elle, elle n'a pas peur de la pluie et d'être mouillée. Peut-être que Lys il a peur, lui. Elle ne sait pas trop ; elle ne demanderait pas, de toute façon.

Un gros soupir franchit ses lèvres d'enfant puis elle finit par se retourner pour contempler l'ampleur de ses dégâts. Oh elle sait que ce n'est pas bien de faire autant de cohue-bohue, mais c'est sa manière à elle de montrer son mécontentement. Elle a pourtant toujours été très sage à l'orphelinat, rangeant les jouets et ses crayons de couleur dans la boîte. Mais ici, dans cette maison qu'elle a encore du mal à considérer comme étant son chez elle, Emy est perdue.

Elle n'a plus aucun repère, et ça l'angoisse terriblement. Elle sait qu'elle a été une vilaine fille en faisant tout ce désordre, mais elle ne sait plus quoi faire. Attrapant le bas de sa robe entre ses doigts, elle renifle un peu avant de voir sa vision se troubler. Des larmes roulent sur ses petites joues, mais elle se retient de sangloter pour ne pas alerter Lys qui joue dans la pièce à côté. Parce qu'elle ne veut pas le voir.

Mais elle se sent seule, tellement seule. Il n'y a personne ici, juste une dame qui passe faire le ménage de temps en temps, ou un monsieur avec un gros bidon qui vient faire la cuisine quand Lys est fatigué ou qu'il ne veut pas. Lys cuisine très bien, mais Emy ne veut pas lui dire que ce qu'il prépare est délicieux.

En réalité, Emy ne veut toujours pas communiquer avec lui, ou très peu. Elle continue à agripper son manteau au lieu de sa main lorsqu'ils se promènent, continue d'esquiver ses gestes affectueux, rejetant ses câlins… Et gare à lui s'il essaie de lui retirer son écharpe -celle de Wisely- sinon le pauvre en a pour des heures à entendre Emy pleurer et hurler à en perdre la voix et la conscience. Elle finit par secouer brusquement la tête, s'essuyant les yeux avant de renifler une dernière fois.

Son papa turban ne voudrait pas qu'elle pleure ; il va venir la chercher dès qu'il aura retrouvé sa princesse, Emy en est persuadée ! Et ils vivront heureux tous ensemble avec Gamako !

Motivée par cette douce pensée, Emy commence à ramasser ses crayons, les rangeant dans la petite boîte qu'elle pose sur la table. Puis elle attrape les coussins du canapé qu'elle a envoyé valser en sautant sur ce dernier, leur redonnant la place qui leur est due. Et, enfin, elle rassemble ses peluches.

« Toi monsieur lapin, tu vas aller faire dodo parce que tu as trop mangé de carottes ! » Elle attrape un ours en peluche ensuite. « Toi monsieur l'ours, tu fais dodo aussi ! Il fallait pas manger tout le miel ! » Et enfin, la dernière peluche mais pas la moindre, un agneau tout doux et tout blanc. « Et puis toi tu restes avec moi parce que tu es tout doux et que je t'aime ! »

Elle serre le petit objet très fort contre son coeur, n'ayant pas réalisé que, depuis qu'elle range, deux yeux la fixent, au seuil de la porte. Lorsqu'elle se tourne vers la porte pour quitter la pièce, croisant ainsi la paire d'yeux la scrutant, elle sursaute. Abandonnant sa peluche dans la précipitation, elle part se cacher derrière le fauteuil, s'agenouillant et entourant ses jambes de ses petites mains.

Elle n'avait pas vu Lys.
Elle espère presque qu'il n'ait pas vu où elle s'est cachée, sachant pourtant qu'il ne peut pas ne pas l'avoir vue. Et, bientôt, son estomac gargouille, trahissant sa position.
Ah, ce doit être l'heure du goûter.

goûter au pays fleuri ; lys Empty Re: goûter au pays fleuri ; lys

Mar 7 Fév - 0:39
Anonymous
Invité
Invité


Goûter au pays fleuri



L' archet glissait sur les cordes, et je m'oubliais dans ce jeu familier.
Qu'il était bon de savoir que faire ! Quel geste amorcer, avec quelle force, quelle émotion. Prévoir la réponse de l'instrument, fiable et harmonieuse. Et, de mes mains, créer la mélodie voulue, superbe, comme une source d'eau claire chantante.

Quand je jouais, tout allait comme je le souhaitais. Mon âme se voyait exaucée, comblée. C'était une sensation agréable, apaisante…
J'en oubliais presque le reste. Oublier que dans un autre domaine, j'étais bien moins capable… Que mes actes étaient maladroits, hésitants, aveugles, quand il s'agissait d'Emy.
Je ne montrais rien, bien sûr. Je restais aussi cohérent que possible, et je parlais avec une assurance infaillible, mais à chaque temps, à chaque décision, c'était une tempête intérieure. Devais-je être sévère ? Ou serait-ce pire ? Devais-je la protéger au dépend de sa liberté, par des interdictions ? Ou la laisser vivre dans le risque ? Devais-je être laxiste pour être aimé ? Ou être stricte et prendre soin d'elle contre son gré ?
Avec Alexandre, tout avait été plus simple. Abigail avait été à mes côtés, et surtout, mon fils ne me haïssait pas dès le début. Il n'avait pas créé un fantasme idéalisé de père... Il n'avait pas dû être arraché à un environnement défavorable, certes, mais familier. Il me faisait confiance, si bien qu'il comprenait instinctivement et même à son plus jeune âge que mes interdictions étaient pour son bien, et pas pour le réprimer par plaisir.

Emy, elle…
Elle me rejetait. Purement, simplement. Douloureusement.
Elle refusait tout geste d'affection, se cramponnait à son écharpe comme un charme contre moi, ne me présentait que des visages au mieux boudeurs, au pire haineux. Malgré tous mes efforts, toute ma patience, elle semblait ne jamais vouloir me pardonner ce que j'avais fait. Ou était-ce au-delà de ça ? Me détestait-elle non pour cet acte, mais pour ce que j'étais ? Un égoïste, trop calme, trop sérieux, trop sévère ?
L'espoir qu'elle m'accepte un jour comme père était-il vain, idiot, naïf ? Incapable de rivaliser avec le père, à ses yeux parfait, qu'elle s'était imaginée ?

Mais, quelle que soit la réponse, je n'avais pas le choix. Je me refusais à la remettre dans l'orphelinat : ce n'était pas la place d'une enfant, sans parler du fait que tant qu'elle n'abandonnera pas son "papa imaginaire", le problème retombera sur les prochains adoptants.
Et surtout, je n'aurais jamais la force de me séparer d'elle. De renoncer à l'espoir qu'elle me sourie un jour. De ne plus la voir…
Non… j'allais continuer à m'occuper d'elle, à essayer de me faire aimer, sans délaisser mes responsabilités de père. Et qu'importe les déceptions, la douleur de sa haine, de ce sourire offert à tous hormis moi…
Quand il s'agissait de passion, j'étais aussi stupidement têtu que mon cousin.

Je finis l'air que je jouais, et rangeai mon instrument. C'était l'heure de manger : j'avais acheté des biscuits qu'elle adorait, quelques jours plus tôt. C'était le moment idéal pour les sortir : la pauvre n'avait pas pu sortir, à cause de la pluie. Ce sera une consolation, et pour une fois, je n'aurai pas le rôle du tyran. Qui sait ? Nous pourrions peut-être même avoir un repas pendant lequel elle répondra à mes tentatives de discussions, cette fois…

Mais quand je passai la porte, ce début de bonne humeur se glaça, et tomba en morceau.
Partout, des crayons jonchaient le sol, et le fauteuil avait un état pitoyable, victime de la tornade nommée Emy.
J'aimais son énergie. Son imprévisibilité, sa manière franche et chaotique d'être. Mais les mots de ses anciens titulaires me revenaient en tête : à l'orphelinat, elle canalisait cette énergie, et rangeait au fur et à mesure. Ce n'était pas une manifestation de sa vitalité débordante, mais un acte de désobéissance purement volontaire. Elle se "vengeait"…

A nouveau, l'incertitude. Que devais-je faire ?
Je ne pouvais m'inspirer de mes parents. Mon caractère et le sien étaient trop différents. La situation, aussi. Les rapports entre parent et enfant. Jamais je n'aurais osé semer un tel désordre, à l'époque…
Je pouvais la gronder. La sanctionner, peut-être. Elle me détestera plus, m'écoutera moins, sera malheureuse et haineuse. Et nous nous enfermerons dans un cercle vicieux, jusqu'à qu'il n'y ait plus que la peur de la sanction qui la force à obéir. C'était l'inverse même de l'éducation…
Allais-je détruire l'enfant gentille et souriante qu'elle était, pour en faire une adulte qui n'agit que pour les règles, et non par morale ? J'avais les prémices de ce destin sombre devant moi. Jamais elle n'avait été si sauvage, si désobéissante, à l'orphelinat…
Mais si je devenais laxiste ? Si je laissais passer ce genre de comportement, en toute impunité ? Ne serait-ce pas ouvrir la voie vers l'escalade, la laisser faire de pire en pire pour le plaisir de rejeter mon autorité ? En faire une enfant capricieuse, gâtée, qui pense pouvoir faire sa loi à n'importe qui ?

Au final... soit mon autorité tuait l'amour, soit je tuais mon autorité.
Je ne pouvais pas laisser les choses continuer comme cela. Je devais… demander l'aide de quelqu'un ? Trouver une troisième voie ? Lui parler ? Elle refusait de le faire, en général. Enfin… je pouvais essayer…

Avec cette pensée, vint un signe d'espoir : l'enfant avait commencé à ranger. Les crayons, le fauteuil, ses peluches. Elle regrettait. Alors, l'idée que ce n'était pas vraiment une vengeance me vint. Plutôt… un moyen de s'exprimer ? De se défouler ? A l'image d'une musique, qui dépeint ce que les mots ne peuvent dire.
Je pouvais partir sur cette voie, pour parler avec elle. Lui proposer des moyens moins destructeurs, moins hostiles de s'exprimer. Le dessin, par exemple.

Alors qu'elle rangeait ses peluches -et mon cœur se serra, en songeant que j'arrivais à me faire haïr d'une enfant qui avait tant d'amour à donner-, elle me vit. Et le serrement devint fissure, quand elle s'enfuit et se cacha. Après la colère, la peur…
Et mon espoir de discuter avec elle me paraissait naïf.

Elle espérait sans doute que je ne l'avais pas vue. Et si je la laissais tranquille ? Elle avait réparé ses fautes, après tout. Elle avait le droit de vouloir être seule...
Mais son ventre protesta contre cette isolation. Alors, je m'assis à table et me contentai de dire :
 - Ce sont tes biscuits favoris. Tu n'en veux pas ?
Et j'espérai que son amour des biscuits surpasse sa haine pour moi…

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goûter au pays fleuri ; lys Empty Re: goûter au pays fleuri ; lys

Mar 7 Fév - 18:13
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Invité
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Elle l'entend prendre place et remue alors un petit peu afin de pouvoir l'épier, depuis sa cachette. Même elle s'est un peu habituée à lui, elle ne parvient toujours pas à aller vers lui, à être gentille, à l'appeler « papa ». Parce qu'il n'est pas son papa, Lys. C'est Wisely son papa ! Non, décidément, elle ne comprend pas pourquoi les adultes sont aussi compliqués à comprendre.

« Ce sont tes biscuits favoris. Tu n'en veux pas ? »

Ah ! C'était donc bien ça : l'heure du goûter. Voilà pourquoi son ventre a gargouillé, tout s'explique. Et l'offre de Lys ne l'a fait que saliver ; les petits gâteaux qu'il lui a acheté, une fois, étaient si bons qu'elle n'avait pas boudé son plaisir à les dévorer jusqu'à la dernière miette. Le français avait donc compris qu'il avait fait mouche avec la friandise. Emy ne pouvait que difficilement résister face à des petites douceurs ; elle n'en avait que peu, à l'orphelinat. Mais ces petits gâteaux à la texture un peu sableuse et au goût beurré, c'était une sorte de paradis gustatif pour la petite.

Elle continue à épier le violoniste, gonflant un peu les joues ; si elle vient chercher un gâteau, elle devra être confrontée à lui, c'est ça ? Elle n'aime pas trop ça Emy ; être devant Lys, sans rien pour se cacher. Elle n'a pas peur de lui, il n'est pas méchant et elle le sait. Mais elle ne peut pas lui pardonner de l'avoir enlevé de l'orphelinat. Parce que son papa Wisely, il pourra jamais la retrouver maintenant. Elle finit par secouer la tête en se disant que, pour le moment, c'était la princesse de son papa la priorité, et pas elle.

La petite brune finit par sortir de sa cachette, cramponnant le bas de sa robe. Elle part ramasser sa peluche préférée, le petit agneau blanc et tout doux, avant de s'approcher timidement de la table. La peluche lui a été offerte par Lys, mais elle l'aime énormément. C'est une sorte de compagnon qui lui donne du courage. Elle grimpe alors sur la chaise, la faisant un peu chanceler avant de parvenir à grimper dessus. Debout sur le petit cousin, et sans croiser le regard de Lys, elle tend sa petite main pour attraper un gâteau avant de s'asseoir correctement.

« ...merci. »

C'est un grand effort qu'elle fait là ; parce que Lys lui a acheté les gâteaux qu'elle aime, après tout. Et puis aussi parce qu'elle ne veut pas non plus être malpolie. Elle grignote son gâteau, en proposant un peu à sa peluche qui, bien naturellement, n'en mange pas. Elle engloutit alors le premier gâteau avant d'hésiter ; elle se dresse un peu pour essayer d'en attraper un autre, timidement. Elle a peur de se faire gronder si elle en demande trop.

Un gâteau dans une main -qu'elle porte déjà à sa bouche- elle en attrape un autre, finissant par le tendre à Lys. Leurs regards se croisent et elle rougit, baissant immédiatement le regard. Non, Emy n'est définitivement pas une enfant méchante. Elle ne veut pas l'être. Mais elle a encore du mal à se comporter aussi naturellement que d'habitude. Quand Lys prend le gâteau, elle se dépêche de se rasseoir, histoire d'éviter qu'il lui attrape la main. Ça aussi, le contact physique avec lui, c'est difficile. Ça lui rappelle trop son départ de l'orphelinat, lorsqu'il l'avait prise par la main pour l'emmener dans la boîte tirée par les chevaux. Il ne lui a pas fait mal, mais c'est le geste en lui-même qui l'a marquée.

En grignotant son nouveau gâteau, son regard finit par se promener sur la pièce, comme bien souvent. Et, comme de coutume, lorsque ses yeux se posent sur la petite commode avec les cadres, ses petits yeux s'arrêtent sur la photo de Lys avec une dame et un bébé. Elle ne les a jamais vu, pourtant Lys a l'air heureux sur la photo. Pas comme maintenant. Lys il a un regard tout bizarre quand il est tout seul ; elle l'épie bien assez souvent en cachette, lorsqu'il joue du violon. On dirait que, des fois il a envie de pleurer.

Emy abandonne la moitié de son gâteau sur la table avant de bondir de sa chaise, son agneau calé sous le bras. Elle s'écarte avant de fouiller dans ses jouets, sélectionnant sa peluche ours. La petite brune s'approche de Lys, avec hésitation, timidement, avant de poser la peluche sur ses genoux.

« ...je te le prête. Pour quand t'es triste. »

Et la voilà qui prend déjà la fuite, embarquant naturellement son reste de gâteau au passage, retournant s'asseoir par terre, à côté de la fenêtre, utilisant le rideau pour se cacher. Et il pleut toujours.

goûter au pays fleuri ; lys Empty Re: goûter au pays fleuri ; lys

Sam 11 Fév - 14:09
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Goûter au pays fleuri



Elle m'observait depuis sa cachette, hésitante. Et mon cœur battait au rythme de son indécision : allait-elle sacrifier sa friandise préférée juste pour ne pas s'approcher de moi ? Pour me bouder clairement, ou par peur ? Je n'avais jamais été agressif, et l'idée même de lever la main sur elle m'écœurait. Alors... comment pouvait-elle m'éviter à ce point ?

Mais elle se décida, sortant de son refuge. Elle ramassa sa peluche au passage, un agneau blanc. Je ne savais si je devais être heureux que mon cadeau lui plaise à ce point, ou avoir le sentiment de m'être infligé un rival de plus.
Enfin... j'exagérais. Je n'allais pas me faire concurrencer par un doudou. Et pourtant, avec elle, rien n'était sûr...

Elle s'assit, tout en évitant mon regard, et saisit un biscuit.
 - ...merci.
Je souris, mi-figue, mi-raisin. J'étais heureux qu'elle se force à rester polie, mais que cela lui coûtât un tel effort... Je répondis simplement :
 - Ce n'est rien.
Elle finit son gâteau, et en prit un autre. Elle hésitait, ne connaissant pas la limite. Je ne devais pas céder à la tentation de la laisser se gaver, pour qu'elle soit heureuse dans l'immédiat et, peut-être, me haïsse moins. Aussi exquises qu'étaient ses friandises, en abuser serait néfaste à sa santé...
Je fixai intérieurement la limite à trois d'entre eux.

Mais avant même d'avoir entamé son second, elle en attrapa un autre. Je fronçai les sourcils, fâché par sa gourmandise... jusqu'à ce qu'elle me le donne.
Surpris, agréablement, je cherche son expression dans son regard. Politesse ? Tentative de se faire pardonner ses bêtises ? Ou gentillesse réelle ?
Elle détourne le regard avant que je ne puisse le déterminer. Emy... Elle était un tel ange. Et la peur d'étouffer cette bonté par ma maladresse parentale, en étant trop ou pas assez sévère, me hantait.
J'acceptai son cadeau, et sa main s'enfuit vite. Je n'en fus pas attristé : j'avais l'habitude, et son acte était plutôt positif, dans l'ensemble.
D'une voix douce, cachant mes émotions contradictoires, je réagis :
 - Merci, Emy.
Son regard courrait sur la pièce, et le mien se fixait à l'horizon, à travers la fenêtre, luttant pour ne pas regarder l'enfant. Cela la mettrait mal à l'aise...
Puis elle se leva, et je n'eus pas la force de lui asséner qu'elle devait demander avant de quitter la table. Elle avait fait un effort pour la rejoindre, et je ne voulais pas la forcer à devoir me parler.
Sauf qu'elle revint, avec un ours. Qu'elle posa sur mes genoux.
 - ...je te le prête. Pour quand t'es triste.
Une bouffée d'émotion me saisit, et je me retins tout juste de la serrer dans mes bras.
Ne cachant qu'en partie mon émotion, je la remerciai :
 - C'est... c'est très gentil, Emy. Je le garderai avec soin, je te le promets.
Ce n'était pas l'ours en lui-même qui me consolera, mais son origine.  Emy... J'avais Emy. Je ne devais pas me laisser engloutir par le désespoir, comme je l'avais déjà fait. Abigail aurait voulu que je continue à vivre, à espérer, à aimer...

Elle est repartie, se cachant à nouveau. Mais j'avais pris une décision, affermie par son cadeau.
Je ne devais pas laisser les choses empirer. Le temps pourrait arranger les choses, certes, et j'étais prêt à attendre des siècles s'il le fallait... mais je devais pouvoir l'éduquer tant qu'elle était enfant, et son hostilité était un obstacle à son propre bien.
Il fallait tenter d'arranger les choses le plus vite possibles. Ho, je n'espérais pas qu'elle me pardonne et m'aime à l'issue de cette discussion, je n'étais pas stupide. Mais ce sera peut-être un grand pas en avant...
 - Emy... Pourrions-nous parler ? Je sais ce que je t'ai fait. C'était pour ton bien, mais j'aurais dû te laisser plus de temps, te convaincre avant... Comment pourrais-je me faire pardonner ?
Je ne devais pas non plus l'apitoyer. Je devais garder une aura de père, ce masque qui fait paraître plus fort et assuré qu'on ne l'est réellement, pour rassurer les enfants et garder autorité sur eux.
Ce qui me fit songer que ce même rôle pouvait être un obstacle à ce qu'elle me parle franchement. Si c'était pour discuter à demi-mots, tout cela n'aurait aucun intérêt. Alors, j'ajoutai :
 - Tu n'es pas obligée d'accepter et de me parler. Et quoi que tu dises, je te promets de ne pas te gronder pour ça. Je voudrais que tu sois honnête, même si tu risques de dire des choses méchantes.
Je ne serais pas à une blessure près. Je devais mieux comprendre ce qu'elle pensait, pour savoir dans quelle direction aller. Je demandais déjà conseil à Basile, mais il ne la connaissait que depuis quelques semaines.
Mieux valait demander à l'intéressée...
Si elle acceptait.

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goûter au pays fleuri ; lys Empty Re: goûter au pays fleuri ; lys

Ven 24 Fév - 12:06
Anonymous
Invité
Invité
Cachée, ou plutôt presque enroulée maintenant, dans le rideau, Emy regarde la pluie tomber avec une petite moue ; elle aurait aimé jouer dehors. En Autriche, elle se sauvait bien assez souvent hors des murs d' l'orphelinat pour aller se promener. C'est bien ainsi qu'elle a rencontré son papa Wisely et Gamako, ou encore Beastie et le monsieur-dame.

« Emy... Pourrions-nous parler ? Je sais ce que je t'ai fait. C'était pour ton bien, mais j'aurais dû te laisser plus de temps, te convaincre avant... Comment pourrais-je me faire pardonner ? »

Elle serre un peu plus le rideau entre ses petits doigts ; non, décidément, elle n'aime pas les confrontations avec Lys. Il emploie trop de mots compliqués qu'elle ne comprend pas, et elle a le sentiment d'être une méchante petite fille. Elle enfouit son visage dans sa peluche pour s'empêcher de pleurer, ne répondant pas à son père adoptif.

« Tu n'es pas obligée d'accepter et de me parler. Et quoi que tu dises, je te promets de ne pas te gronder pour ça. Je voudrais que tu sois honnête, même si tu risques de dire des choses méchantes. » 

Elle laisse échapper un sanglot ; elle n'aura pas tenu bien longtemps. Des larmes roulent sur ses joues ; elle veut son papa Wisely, elle veut lui faire un câlin et l'entendre lui dire que tout ira bien. Elle veut sentir la chaleur de ses bras, de son sourire. Elle veut voir Gamako perchée sur sa tête. Emy elle veut Wisely.

« Je… je suis pas… méchante... »

Elle a lâché le rideau pour mieux se frotter les yeux, ne pouvant empêcher ce flot de larmes de couler de ses yeux, ni les sanglots s'échapper de sa gorge ; et elle pleure. Elle pleure beaucoup, secouée par les sanglots. Elle se recroqueville sur elle-même ; elle a peur, tellement peur.

« Je veux mon Papa ! »

Et, à force de pleurer, elle finit par tousser, encore et encore, à s'en couper la respiration ; son gros chagrin lui aura coupé le souffle et la voilà qui suffoque presque, ne sachant si elle doit plutôt respirer ou continuer à pleurer. Soudain, des bras l'entourent, une main se plaque doucement sur ses cheveux, et elle s'accroche, agrippant les vêtements entre ses doigts. Elle reconnaît cette odeur ; Lys. Et malgré tout le reste, elle s'accroche à lui, logeant son visage ruisselant de larmes dans le cou de cet homme qu'elle a pourtant tellement de mal à accepter.

Et pourtant la voilà qui s'ancre à lui, comme pour ne pas perdre pied, comme un naufragé à sa bouée de sauvetage. Et, peu à peu, les sanglots s'estompent, à mesure que la voix de Lys parvient à ses oreilles, à mesure que son odeur embaume son petit nez reniflant. Emy finit par se calmer, hoquetant encore quelque fois, mais ne cherchant pas non plus à fuir le contact. Sa crise de larmes l'a épuisée.

« ...je veux… la musique... »

Une mélodie bien douce à ses oreilles qu'elle adore entendre ; que Lys a joué il y a quelques temps et qui l'a complètement charmée. Sa petite main agrippe fermement la chemise de Lys, mais elle n'ose pas le regarder dans les yeux ; elle a peur de se faire gronder pour son chagrin, ou pour sa demande. Après tout, elle ne connaît tellement pas Lys. Savoir comment il va réagir est une énigme pour elle. Alors, le front posé contre son épaule, elle attend, sanglotant encore un peu.

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Sam 25 Fév - 0:40
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Goûter au pays fleuri



A mes mots, le rideau bougea. Le tissu était tiré, en un endroit : sa main, sans aucun doute. Elle se crispait… Avais-je trop espéré, encouragé par ses actes innocents ? Je tentai néanmoins de la rassurer, en promettant qu'elle n'aurait aucune punition. Mais…

Elle se mit à pleurer.
Je mis un temps avant de comprendre que c'étaient bien des sanglots. Je ne m'y attendais pas du tout, j'étais… surpris. Encore une fois.
Où avais-je fauté ? Avais-je été trop rude ? Avait-elle peur de moi ? Je me repassais mes propos en tête, sans trouver un quelconque indice. Quel mot était fautif ? Ou était-ce l'idée même de discuter avec moi ? Mais alors, pourquoi avoir été gentille, si elle me détestait à ce point ?

Pourquoi ne la comprenais-je jamais ?
Je me sentais las. Désespéré. Abigail, si seulement tu étais là… Tu savais bien mieux parler aux enfants. Moi, quoi que je fasse, quoi que je dise, j'empirais la situation…
Comment pouvait-on être aussi adroit à créer la musique, vecteur de sentiments, et pourtant si gauche quand il s'agissait de les comprendre ?

Ces questions me tourmentaient, mais pas autant que le bruit de ses sanglots. Je l'avais faite pleurer, comme un abruti, et je ne comprenais même pas pourquoi. Et je ne savais pas quoi faire pour la consoler. Je n'osais plus lui parler, l'approcher… Ce serait encore pire, non ?
Impuissant… et cela me torturait.
 - Je… je suis pas… méchante...
Je restai muet un instant, sans comprendre. Puis j'eus la révélation…
IDIOT ! Comment avais-je pu ne pas me rendre compte de la violence du mot, dans les oreilles d'une enfant ? J'étais tellement habitué à des adultes, à utiliser des phrases pertinentes et précises, que j'en avais oublié comment parler aux enfants.

Et mon sang se glaça, en comprenant que c'était peut-être la source de tout...

Moi qui était souvent impassible, qui n'exprimait pas mes émotions, préférant rester calme et ressentir au fond de moi-même mes sentiments ou les exprimer en musique… Il ne me restait que les mots, les belles phrases, pour dévoiler mes émotions. Mais les enfants ne comprenaient pas cela : eux, ils ressentaient.
Emy…
Savait-elle seulement combien je l'aimais ? A quel point la réprimander m'était douloureux ? Ou ne voyait-elle qu'un adulte froid, égoïste, qui ne cessait de la gronder par plaisir ? Idiot…

Le rideau glissa. Et je vis Emy.
En larmes, secouée, recroquevillée.
 - Je veux mon Papa !
Mon cœur se brisa à cette vue, à ces mots. Emy… Emy… Comment pouvais-je te faire aussi mal ?
Comment pouvais-je être aussi mauvais ?

Ce n'était pas que moi qu'elle haïssait, qu'elle craignait… C'était ce nouveau monde. Elle était complètement perdue. Sans repères. Sans amis. Forcée de vivre avec celui qui l'avait arrachée à son monde, à ceux qu'elle aimait. Si je lui avais laissé plus de temps… Si je l'avais habituée à moi, quand elle était encore dans l'orphelinat, pour qu'elle retrouve un repère dans ce nouveau monde…
L'amour rendait aveugle. Stupide. Egoïste. Parce que je voulais la voir, l'avoir, je n'avais pas fait attention à ses sentiments à elle. J'avais cru que son avis ne servait à rien, qu'elle n'était qu'une enfant ignorant le monde et ce qui était bon pour elle. Oui, je savais que cet environnement était mieux… Mais pas elle. Elle ne voyait que l'inconnu, partout. Même les règles avaient changé -la pluie était mauvaise, on ne pouvait s'asseoir par terre…-, et elle ne savait plus comment agir.

Et… elle craquait. Criant pour son "père", son ultime repère, son espoir, sa lumière. Dans le cauchemar, elle appelait son rêve plus fort que jamais…

Je restai pétrifié, incapable de savoir que faire. Mais elle commença à tousser, s'étouffer... Je devais agir. Je prenais le risque… Au pire, elle me rejetterait.
Je m'approchai, et la pris doucement dans mes bras. Et elle s'accrocha à moi, désespérément. Cherchant un repère, même le pire…

Je sentis mon cœur bondir de joie, à partager cette étreinte ; et je me haïs pour cela. Je me détestais de l'avoir faite pleurer, et je me dégoûtais d'en profiter, d'en être heureux, alors qu'elle était noyée de chagrin… Un père comme moi valait-il réellement mieux qu'un orphelinat ? Un tel monstre d'égoïsme ? Ses larmes me torturaient…
Une idée me frappa. "Ils ressentaient". Alors, je compris ce que je devais faire. Un moyen d'étouffer mon égoïsme, mes pensées, et juste d'exprimer mes émotions…

Je me mis à chantonner une berceuse.
Elle était douce. Rassurante. Une berceuse que chantais Abigail à Alexandre, et que je connaissais par cœur. Et mes pensées contradictoires, mes calculs odieux, s'envolaient. Mon cœur s'ouvrait, plein de compassion...

Le temps passait. Sa crise de larmes se tarissait, à mon grand soulagement. Chaque larme avait été un coup de couteau…

Elle resta contre moi. Mais cette fois, c'était moi qui avait envie de fuir l'étreinte. J'avais l'impression de profiter de son chagrin, que j'avais causé moi-même… De ne pas mériter qu'elle me fasse confiance. Je me détestais, en ce moment, et l'idée qu'un être aussi égoïste puisse encore blesser Emy me dégoûtait. Mais… c'était trop tard. Elle avait besoin de moi, aussi mauvais étais-je, et l'abandonner serait pire que tout. Et pas seulement pour cette étreinte…
J'allais devoir aller jusqu'au bout, et peu importait ce que mon cœur allait subir. Peu importait qu'elle ne m'aimât jamais…
 - ...je veux… la musique...
Elle évitait mon regard, et je crus lire la honte. La peur. Craignait-elle des remontrances ? Elle devait me comprendre aussi mal que je la comprenais… Comment lui en vouloir ?
J'inspirai, ouvris la bouche…

Et le refermai.
J'allais faire la même erreur. Lui dire qu'elle n'avait pas fauté, que c'était ma faute, que…
Une avalanche de mots, qu'elle ne saurait vraiment comprendre. Des informations, derrière lesquelles elle ne verrait pas mes sentiments.
Alors, je lui déposai un léger baiser sur le front, tendrement. Et je soufflai :
 - Bien sûr, gentil papillon.
Je me détachai doucement d'elle, et posai sa peluche dans ses bras.
J'allai chercher mon instrument, et me mis à jouer…


Professor Layton and the Diabolical Box ~ Iris violin cover.
Cette musique, qu'elle aimait tant… Je songeai que c'était un premier repère. Et puis, mon esprit s'envola avec la mélodie, et ne subsistait qu'un sentiment : l'espoir. Pas qu'elle m'aime un jour… mais qu'elle soit heureuse, dans ce nouveau monde.
Et je me laissai porter par la musique, laissant un sourire naître sur mon visage, fruit de la joyeuse mélodie et de cette impression d'avoir, enfin, fais un pas pour la comprendre.
Une expression humaine, sincère... Si rare sur mon visage.

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Lun 24 Avr - 15:30
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Blottie contre Lys, son odeur embaumant son nez, son être, Emy finit par réclamer la douce mélodie que son nouveau papa a l'habitude de lui jouer. Les lèvres du français se posent sur son front et elle se sent rougir ; elle aime beaucoup les bisous, Emy, mais elle n'en a clairement pas beaucoup reçu. Aussi, lorsque Lys se permet ce geste, elle ne se braque pas. Bien que ça la rende un peu triste ; est-ce que ça ferait de la peine à son papa Wisely si elle laisse Lys lui faire des bisous sur le front ? Elle ne sait pas.

« Bien sûr, gentil papillon. »

Emy fait de gros yeux tandis qu'il la dépose, lui mettant sa peluche entre les mains ; peluche qu'elle ignore presque, troublée par le surnom que Lys lui a donné. Son papa Wisely avait dit que c'était une fée papillon, et voilà que son nouveau papa lui disait qu'elle était un papillon. Un heureux hasard, semble-t-il, puisque ça finit par arracher un petit sourire à Emy tandis qu'elle rougit encore, enfouissant son visage dans la fausse fourrure duveteuse de sa peluche agneau.

Revenant rapidement avec son instrument, Lys se met alors à jouer. Et, comme à son habitude, il ferme les yeux. Ce qui donne à Emy le loisir de l'observer sans crainte de croiser son regard. La douce mélodie se diffuse alors dans la pièce, berçant l'enfant qu'elle. Elle ne quitte pas Lys du regard, profitant de chaque note qu'il lui donne. Et lorsqu'un sourire apparaît sur le visage du blond, Emy se cache un peu avec sa peluche. Aurait-il senti son regard sur lui ? Non, il n'a pas ouvert les yeux.

Mais Emy se laisse captiver par la mélodie et le sourire serein de cet homme en face d'elle. Parfaitement sage, elle reste assise là, sa peluche contre elle, durant tout le long du morceau. Et, lorsqu'il prend fin, la petite tape dans ses mains, comme les adultes aux concerts où Lys va. Elle ne comprend pas le véritable sens de ce geste, pensant qu'il s'agit d'une manière de dire qu'on a aimé. Ce qui, dans l'absolu, n'est pas totalement éloigné de la vérité.

« C'est beau Iris ! »

Le chagrin semble presque bien loin, tant la musique a été féerique à ses petites oreilles. Elle reste assise, tenant sa peluche d'une main, tendant la main vers l'instrument de Lys.

« Moi aussi je veux jouer Iris ! »

Elle n'attend pas vraiment la réponse de Lys, bondissant de son siège pour s'approcher de l'instrument qu'elle regarde avec de grands yeux émerveillés et curieux. Elle ne le touche pas, finissant par lever son regard vers Lys. De façon spontanée. Elle n'aurait plus peur de le regarder.

« C'est ton trésor ça, dis ? »

Car tout trésor au yeux d'une personne devient un objet presque sacré aux yeux de la petite. Parce que, elle, ne veut pas qu'on touche à son trésor à elle, elle ne touche pas à celui des autres. Elle ramène sa peluche tout contre elle, l'entourant de ses deux bras avant de baisser un peu la tête, timide.

« Je… pardon d'avoir pleuré… Lys... »

Doucement, pas à pas, petit à petit, elle s'ouvre à lui. Timidement, prudemment.

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Mar 2 Mai - 0:32
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Goûter au pays fleuri



Les notes s'envolaient, glissaient sous mes doigts, embaumaient la pièce d'une mélodieuse douceur. Tantôt paisible, tantôt joyeuse, tantôt nostalgique… c'était une étrange musique, et je ne saurais dire si elle était triste ou heureuse. Il y sonnait comme un adieu, le bonheur de s'être connu mêlé à la tristesse de ne plus se voir. Ou peut-être était-ce simplement la gaieté du morceau qui réveillait cette époque perdue en moi, teintée à jamais de mélancolie...

Emy ne devait guère en ressentir la nostalgie, elle, simple enfant qu'elle était. Et pourtant… était-ce vraiment le cas ? Je n'en étais plus si convaincu. Les enfants étaient moins complexes, francs et libres des méandres de la sociabilité qu'on leur inculquait, mais pas moins profonds. Peut-être repensait-elle à cet orphelinat, à ses amis adoptés ou restés là-bas, à ce père qui n'avait existé que pour elle. Peut-être puisait-elle dans cette mémoire du passé la force d'affronter le présent et l'inconnu, comme mon médaillon et sa photographie le faisaient pour moi.

Peut-être aussi pensais-je trop, et aimait-elle simplement cette musique pour sa jolie mélodie… mais je n'y croyais pas. Elle ne cessait de la demander, elle l'adorait, et on ne pouvait aimer un air sans y trouver quelque chose de personnel.

Enfin. Quelle que soit la raison de sa passion, cela lui faisait du bien. Alors, je jouais, et profitais moi-même de la musique. Jusqu'à ce que le morceau finisse…

Alors, quand la dernière note mourut, je rouvris les yeux. Emy applaudissait, ravie, et mon sourire s'agrandit. C'était si agréable, de pouvoir la rendre heureuse de temps en temps. De ne plus être l'éducateur ou le bourreau, mais ce qui s'approchait d'un père. Un jour, peut-être. Un jour…
 - C'est beau Iris ! Moi aussi je veux jouer Iris !
Mon sourire flotta, hésita. Je regardai sa main tendue, sans savoir que faire. Cet instrument valait une fortune – non, il n'avait pas de prix. Et elle n'était qu'une enfant, maladroite, brouillonne. Elle pourrait se blesser, même. Mais si je refusais, qu'allait-il advenir de son propre sourire ? Ce moment n'allait-il pas mourir avec ?

Elle s'approcha, et je me retins de reculer, malgré ma crainte pour l'instrument. Mais malgré les étoiles d'envie dans ses yeux, elle ne le toucha pas, n'essaya même pas. Elle leva les yeux, et demanda :
 - C'est ton trésor ça, dis ?
Alors, je changeai d'avis. Elle n'était pas si tête en l'air… elle comprenait qu'elle devait respecter certains objets, en prendre soin. Si je voulais sa confiance, je devais lui donner la mienne. En fait, ce n'était même pas pour ne pas la mécontenter que je devais accepter : ce serait un moyen merveilleux de lui apprendre à être délicate avec les choses précieuses, à lui montrer que je croyais en elle malgré toutes les remontrances, et peut-être même à lui donner le goût de la musique. Et puis…

Ce n'était pas un trésor. Il n'avait pas de valeur sentimentale : je pourrais jouer avec un autre instrument, sans autre effet qu'une légère différence de son à peine notable même pour les experts. J'en prenais soin par souci pécunier, ainsi que par respect pour son artisan et la musique en elle-même, mais il n'était pas irremplaçable. Mon trésor… il était en face de moi, et attendait une réponse.
 - Hm… non. Mais c'est un objet très précieux et fragile, il faut en prendre grand soin. Tu ne peux jamais y toucher sans ma permission, d'accord ? Le monsieur qui l'a construit serait triste qu'il soit brisé… et je serai très embêté aussi.
En fait de trésor, j'en avais un plus matériel. Le médaillon autour de mon cou, et la photo qu'il contenait... Je n'avais jamais parlé à Emy de mon ancienne famille ; pourquoi l'aurais-je fait ? "Emy, viens donc écouter le récit de deux êtres morts et du survivant désespéré"… Non, vraiment, elle n'avait pas besoin de savoir. Peut-être un jour, si elle me le demandait.

Avant que je lui propose d'essayer l'instrument, elle murmura :
 - Je… pardon d'avoir pleuré… Lys...
Je m'accroupis, et la regardai dans les yeux, laissant la douceur remplir les miens.
 - Ne t'inquiète pas. C'est ta manière de t'exprimer, de dire ce que tu ressens. Nous n'avons pas la même façon, alors c'est difficile… mais cela ira de mieux en mieux, Emy. Et puis, nous avons au moins un point commun… Nous aimons la musique, tous les deux.
Je m'assis sur la chaise à côté, et déposai mon violon à côté. Puis je saisis doucement Emy, et la soulevai jusqu'à mes genoux. Une fois qu'elle fut assise, je pris l'instrument et le posai sur ses genoux, le retenant de la main gauche. De la droite, je pris la sienne gauche et la plaçai près des cordes, au bout de l'instrument ; et j'entourai cette main de ma main gauche, tout en veillant à ne pas l'écraser. Puis je tendis légèrement le bras, et levai l'instrument contre le cou d'Emy, doucement. Puis je pris l'archet, et de la même manière, je mis ma main sur la sienne pour le tenir.

Tout en faisant cela le plus prudemment possible, j'expliquai :
 - Malheureusement, il faudra t'entraîner avant de pouvoir jouer un tel morceau. Si tu en as l'envie, je trouverai un instrument à ta taille, et je pourrai t'apprendre… Mais pour l'instant, on peut le jouer ensemble. Soit très délicate : pas de geste brusque, pas d'équilibre dangereux, et si tu sens que cela devient difficile, tu me préviens de suite, d'accord ? Il ne faudrait pas te blesser, ni abîmer le violon. Voilà… c'est comme cela qu'on le tient. Normalement, ton bras devrait être plié comme le mien, mais il est encore trop petit. Il faut pincer les cordes du haut, je m'en occupe. Il faut juste que tu tiennes bien le violon, et que tu bouges l'archet – le bâton – avec moi. Tu es prête ?
Le résultat serait loin de ce qu'il avait été plus tôt, bien sûr. Mais je ne pouvais faire mieux… et puis, pour ma part, la mélodie n'occupait pas vraiment mes pensées.

Avoir Emy, sur mes genoux, et partager ce moment… L'espoir et le bonheur gonflait mon cœur. Oui, c'était possible. Pas après pas, instant après instant…
Nous avancions. Maladroitement, en se blessant encore l'un l'autre, mais…
Nous avancions.

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Sam 1 Juil - 16:33
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Lys se met à sa hauteur et, si au début elle détourne mécaniquement les yeux avant de, finalement, affronter ceux de son père adoptif. Elle se sent intimidée bien que la douceur se lit dans les yeux du violoniste.

« Ne t'inquiète pas. C'est ta manière de t'exprimer, de dire ce que tu ressens. Nous n'avons pas la même façon, alors c'est difficile… mais cela ira de mieux en mieux, Emy. Et puis, nous avons au moins un point commun… Nous aimons la musique, tous les deux. »

Emy ne comprend pas très bien le sens des mots de Lys mais elle comprend toutefois qu'il ne la gronde pas. Elle hoche donc timidement la tête. Le blond s'installe et la soulève avec une facilité déconcertante avant de poser la brune sur ses genoux. Elle se tortille pour lever la tête vers lui, ne comprenant pas vraiment. Lorsqu'il pose l'instrument sur les genoux de la petite, des étoiles apparaissent dans ses yeux d'enfant.

Doucement, Lys installe l'instrument, plaçant les mains d'Emy qui essaie de comprendre. Rapidement, elle se retrouve avec le bois lisse de l'instrument contre elle. Emy plisse les yeux, se disant que c'est quand même compliqué.

« Malheureusement, il faudra t'entraîner avant de pouvoir jouer un tel morceau. Si tu en as l'envie, je trouverai un instrument à ta taille, et je pourrai t'apprendre… Mais pour l'instant, on peut le jouer ensemble. Soit très délicate : pas de geste brusque, pas d'équilibre dangereux, et si tu sens que cela devient difficile, tu me préviens de suite, d'accord ? Il ne faudrait pas te blesser, ni abîmer le violon. Voilà… c'est comme cela qu'on le tient. Normalement, ton bras devrait être plié comme le mien, mais il est encore trop petit. Il faut pincer les cordes du haut, je m'en occupe. Il faut juste que tu tiennes bien le violon, et que tu bouges l'archet – le bâton – avec moi. Tu es prête ? »

Encore une fois, les mots de Lys lui semblent compliqués, incompréhensibles pour une petite fille de son âge. Mais elle a compris qu'il fallait bouger le bâton. Emy hoche donc la tête et remua sa petite main. En entendant le son s'échapper de l'instrument, elle sursaute presque, se stoppant aussi vite. Elle lance un regard à Lys, les yeux pétillants de curiosité et de bonheur. Elle replonge son attention sur le violon et, une nouvelle fois, elle bouge la main.

Le son est différent et, encore une fois, elle se stoppe, surprise et émerveillée. Elle ne se doute pas un seul instant que le son varie selon la corde pincée par Lys. Emy ne remarque pas les doigts du français bouger au bout de l'instrument, plus concentrée par l'archet se frottant contre les cordes qu'autre chose.

Après un moment, la fillette se fatigue et lâche l'archet. Elle fronce un peu les sourcils, songeuse, avant de relever le nez vers Lys.

« C'est dur ! Mais c'est rigolo ! »

Elle repousse doucement les mains de Lys pour retrouver le sol, tirant un peu sur sa robe avant de courir pour aller chercher quelques jouets qu'elle sélectionne avec grand soin. L'enfant revient ensuite vers Lys, déposant les peluches sur ses cuisses.

« C'est pour acheter le violon ! Parce que moi, j'ai pas de sous... »

Elle se rapproche, posant ses deux petites mains sur la cuisse de Lys, le fixant dans les yeux pour attendre sa réponse.

« Pourquoi tu veux être mon papa ? »

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Mar 4 Juil - 15:51
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Goûter au pays fleuri



Sa petite main tenait fermement l'archet et, après un moment, elle commença à le bouger. Le son l'émerveilla, comme en témoignait le regard qu'elle me lança. Je ne l'avais jamais vue si heureuse, et mon cœur de gonfla de joie aussi. Mes yeux devaient pétiller autant que les siens…

Les sons s'envolaient, chaotiques, parfois crissant. Mais cela ne semblait la déranger ni elle, ni moi. C'était étrange… Elle m'avait vu jouer cent fois. Elle avait entendu la musique sortir de ces cordes, vu les mouvements d'archet. Et pourtant, de le faire elle-même, tout prenait un autre sens. Je connaissais ce bonheur, celui qui me rendait fier de mon emploi. Créer… Donner vie à quelque chose de ses propres mains, exclusivement… Une chose qui, sans nous, n'existerait même pas, ne serait en ce monde… Qui vient de nous, qui est notre prolongement.
Peut-être était-ce une flamme similaire qui me poussait à vouloir être père. Ho, Emy existait déjà, mais je serai aux premières loges pour la guider, et voir son évolution cadrée – et non modelée – par moi-même. C'était un bonheur difficilement explicable. Un épanouissement propre. Une satisfaction profonde.

L'instant durait. Une éternité qui, pourtant, me sembla prendre fin bien trop vite. Elle déposa l'objet, et déclara :
 - C'est dur ! Mais c'est rigolo !
"Rigolo"… Voilà bien un adjectif original, pour le fait de jouer d'un instrument. Qui me rappelait, une fois de plus, que nous n'avions ni le même vocabulaire, ni la même façon de ressentir les choses. Par l'âge, mais peut-être aussi par la personnalité… Enfant, je ne lui ressemblais guère. Mais la différence n'avait jamais empêché les liens. Basile et moi en étions une des innombrables preuves, après tout. Il nous faudrait du temps pour mieux nous comprendre, mieux savoir comment nous parler, nous considérer. Enfin… c'était à moi de le faire, surtout. Et j'avais encore du pain sur la planche…

Elle s'en alla, et mon cœur se serra. Même accepter le contact physique lui était souvent difficile, et j'espérais que ce moment l'y avait habitué, avait fait fondre en partie ses réticences. Mais même hors de ce calcul, le moment avait été agréable, proche d'un vrai moment entre un père et sa fille… Toute chose avait une fin, mais j'eus préféré ne pas voir celle-ci.

Pourtant, elle revint, une armée de peluches en main. Elle me les posa dessus, commentant :
 - C'est pour acheter le violon ! Parce que moi, j'ai pas de sous..
Et me fixant avec de grands yeux interrogateurs…
Je souris, amusé par ce mélange de naïveté et de sens des réalités. Drôle de troc…
Je posai mes mains sur les siennes, et répondis :
 - Pas besoin de marché en famille, tu sais. Et si tu aimes tant la musique, tu pourras avoir ton propre instrument. Prendre des leçons, pour jouer toi-même.
Allait-elle marcher dans mes pas ? Ou n'était-ce qu'un caprice soudain d'enfant, qui s'effacerait au lendemain ? Autant attendre avant d'acheter ou de louer un instrument, et surtout de se faire de grands espoirs…

Pourtant, avais-je envie qu'elle le fasse ? Voulais-je d'un autre moi, ou un être indépendant, différent ? Bien sûr, j'allais de toute façon lui apprendre mes valeurs, et j'allais, volontairement ou non, avoir influence sur elle. Mais je ne voulais pas la forcer à se travestir pour suivre la même voie ; d'autant plus qu'elle n'était pas de mon sang, nous nous ressemblions fondamentalement bien moins que de vrais parents et enfants. Enfin… il sera toujours temps d'y penser quand les choses se préciseront.
 - Pourquoi tu veux être mon papa ?
Pris de court, je la fixai un moment, surpris. Les enfants et leur spontanéité...
Mais je devais lui répondre. Plus que jamais. Je pourrais louvoyer, fuir avec un "parce que tu es la plus merveilleuse des petites filles", mais je ne pouvais laisser passer cette chance. C'était un risque que je voulais prendre… mais comment ?
C'était quelque chose de difficile à déterminer, même pour moi. Puis il fallait l'exprimer d'une façon qu'elle comprendrait. Et la réponse était capitale, pourrait tout changer…

Je pris le temps de réfléchir et de chercher la réponse en moi. Et, quand j'eus rassemblé mes idées et la manière de les présenter, je me lançai :
 - Tu voulais un papa, n'est-ce pas ? Je pense que c'est parce que tu veux être aimée, et aimer. Choyée. Pour qu'il te rassure, te dise ce qu'il faut et ne faut pas faire, qu'il te guide en te tenant par la main. Que tu aies un exemple, quelqu'un avec qui jouer, t'amuser, vivre plein de choses. Quelqu'un en qui tu aurais totalement confiance, qui ne serait jamais méchant avec toi. Et bien moi… c'est l'inverse.

J'ai envie de t'aimer, d'être aimé. Qu'on soit plus que des amis, quelque chose de très différent mais plus fort encore. D'utiliser mes forces, tout ce que j'ai pour te gâter, te faire plaisir, rendre ta vie heureuse. Comme toi, quand tu prends soin de tes peluches. Que tu souries, et que ce soit grâce à moi. De te guider, de t'apprendre plein de choses, que tu me suives en me faisant confiance. Que tu sois quelqu'un avec qui je ne pourrai jamais être méchant, avec qui je vivrai des moments heureux, uniques, avec qui je découvrirai plein de choses. Tu sais, avoir quelqu'un à guider rend plus fort, on se sent invincible car quelqu'un croit en nous, nous fait confiance.
J'avais parlé lentement et avec de nombreuses pauses, pour lui laisser le temps d'imaginer et de comprendre ; j'espérais avoir su adapter ma façon de parler, avoir été clair pour une enfant de son âge. Ensuite, comme je n'avais répondu qu'à la moitié de la question, je continuai :
 - Et j'ai envie d'être ton papa à toi… parce que tu es gentille. Jolie comme un cœur. Pleine de vie. Mais c'est aussi comme les amis, il n'y a pas de raison qu'on puisse dire avec des mots. J'ai juste… senti que je serais heureux que tu sois ma fille, et que je pourrai être un bon papa. Enfin, c'est ce que je crois…
C'était un exercice difficile. J'avais toujours peur de trop me dévoiler ; l'autorité d'un père, aux yeux de jeunes enfants, naissait d'illusions sagement entretenues. Omniscience, omnipotence, jamais sujet aux doutes, fort comme un bœuf et doté d'une volonté de fer, d'un esprit sans failles et sans faiblesses. Avouer que je me tourmentais en permanence sur la façon d'agir et sur ma qualité en tant que père pourrait affaiblir mon aura. Comment faire confiance à quelqu'un pour nous guider quand lui-même ne savait où aller ?

Mais la situation était trop différente que pour s'en tenir aux moyens habituels. Un enfant ne s'imaginait pas d'autres parents possibles, normalement. Papa et maman étaient papa et maman, c'était un fait inaltérable. Emy, elle, ne me reconnaissait même pas comme tel, je n'avais aucune légitimité à ses yeux. Alors, à situation inhabituelle, façon d'agir inhabituelle…
Je marchais seul sur une voie inconnue, trop peu traitée par les anciens sages ou la coutume. Mais je ne comptais pas en faire une excuse à ma maladresse…

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Mar 4 Juil - 15:52
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Goûter au pays fleuri



Sa petite main tenait fermement l'archet et, après un moment, elle commença à le bouger. Le son l'émerveilla, comme en témoignait le regard qu'elle me lança. Je ne l'avais jamais vue si heureuse, et mon cœur de gonfla de joie aussi. Mes yeux devaient pétiller autant que les siens…

Les sons s'envolaient, chaotiques, parfois crissant. Mais cela ne semblait la déranger ni elle, ni moi. C'était étrange… Elle m'avait vu jouer cent fois. Elle avait entendu la musique sortir de ces cordes, vu les mouvements d'archet. Et pourtant, de le faire elle-même, tout prenait un autre sens. Je connaissais ce bonheur, celui qui me rendait fier de mon emploi. Créer… Donner vie à quelque chose de ses propres mains, exclusivement… Une chose qui, sans nous, n'existerait même pas, ne serait en ce monde… Qui vient de nous, qui est notre prolongement.
Peut-être était-ce une flamme similaire qui me poussait à vouloir être père. Ho, Emy existait déjà, mais je serai aux premières loges pour la guider, et voir son évolution cadrée – et non modelée – par moi-même. C'était un bonheur difficilement explicable. Un épanouissement propre. Une satisfaction profonde.

L'instant durait. Une éternité qui, pourtant, me sembla prendre fin bien trop vite. Elle déposa l'objet, et déclara :
 - C'est dur ! Mais c'est rigolo !
"Rigolo"… Voilà bien un adjectif original, pour le fait de jouer d'un instrument. Qui me rappelait, une fois de plus, que nous n'avions ni le même vocabulaire, ni la même façon de ressentir les choses. Par l'âge, mais peut-être aussi par la personnalité… Enfant, je ne lui ressemblais guère. Mais la différence n'avait jamais empêché les liens. Basile et moi en étions une des innombrables preuves, après tout. Il nous faudrait du temps pour mieux nous comprendre, mieux savoir comment nous parler, nous considérer. Enfin… c'était à moi de le faire, surtout. Et j'avais encore du pain sur la planche…

Elle s'en alla, et mon cœur se serra. Même accepter le contact physique lui était souvent difficile, et j'espérais que ce moment l'y avait habitué, avait fait fondre en partie ses réticences. Mais même hors de ce calcul, le moment avait été agréable, proche d'un vrai moment entre un père et sa fille… Toute chose avait une fin, mais j'eus préféré ne pas voir celle-ci.

Pourtant, elle revint, une armée de peluches en main. Elle me les posa dessus, commentant :
 - C'est pour acheter le violon ! Parce que moi, j'ai pas de sous..
Et me fixant avec de grands yeux interrogateurs…
Je souris, amusé par ce mélange de naïveté et de sens des réalités. Drôle de troc…
Je posai mes mains sur les siennes, et répondis :
 - Pas besoin de marché en famille, tu sais. Et si tu aimes tant la musique, tu pourras avoir ton propre instrument. Prendre des leçons, pour jouer toi-même.
Allait-elle marcher dans mes pas ? Ou n'était-ce qu'un caprice soudain d'enfant, qui s'effacerait au lendemain ? Autant attendre avant d'acheter ou de louer un instrument, et surtout de se faire de grands espoirs…

Pourtant, avais-je envie qu'elle le fasse ? Voulais-je d'un autre moi, ou un être indépendant, différent ? Bien sûr, j'allais de toute façon lui apprendre mes valeurs, et j'allais, volontairement ou non, avoir influence sur elle. Mais je ne voulais pas la forcer à se travestir pour suivre la même voie ; d'autant plus qu'elle n'était pas de mon sang, nous nous ressemblions fondamentalement bien moins que de vrais parents et enfants. Enfin… il sera toujours temps d'y penser quand les choses se préciseront.
 - Pourquoi tu veux être mon papa ?
Pris de court, je la fixai un moment, surpris. Les enfants et leur spontanéité...
Mais je devais lui répondre. Plus que jamais. Je pourrais louvoyer, fuir avec un "parce que tu es la plus merveilleuse des petites filles", mais je ne pouvais laisser passer cette chance. C'était un risque que je voulais prendre… mais comment ?
C'était quelque chose de difficile à déterminer, même pour moi. Puis il fallait l'exprimer d'une façon qu'elle comprendrait. Et la réponse était capitale, pourrait tout changer…

Je pris le temps de réfléchir et de chercher la réponse en moi. Et, quand j'eus rassemblé mes idées et la manière de les présenter, je me lançai :
 - Tu voulais un papa, n'est-ce pas ? Je pense que c'est parce que tu veux être aimée, et aimer. Choyée. Pour qu'il te rassure, te dise ce qu'il faut et ne faut pas faire, qu'il te guide en te tenant par la main. Que tu aies un exemple, quelqu'un avec qui jouer, t'amuser, vivre plein de choses. Quelqu'un en qui tu aurais totalement confiance, qui ne serait jamais méchant avec toi. Et bien moi… c'est l'inverse.

J'ai envie de t'aimer, d'être aimé. Qu'on soit plus que des amis, quelque chose de très différent mais plus fort encore. D'utiliser mes forces, tout ce que j'ai pour te gâter, te faire plaisir, rendre ta vie heureuse. Comme toi, quand tu prends soin de tes peluches. Que tu souries, et que ce soit grâce à moi. De te guider, de t'apprendre plein de choses, que tu me suives en me faisant confiance. Que tu sois quelqu'un avec qui je ne pourrai jamais être méchant, avec qui je vivrai des moments heureux, uniques, avec qui je découvrirai plein de choses. Tu sais, avoir quelqu'un à guider rend plus fort, on se sent invincible car quelqu'un croit en nous, nous fait confiance.
J'avais parlé lentement et avec de nombreuses pauses, pour lui laisser le temps d'imaginer et de comprendre ; j'espérais avoir su adapter ma façon de parler, avoir été clair pour une enfant de son âge. Ensuite, comme je n'avais répondu qu'à la moitié de la question, je continuai :
 - Et j'ai envie d'être ton papa à toi… parce que tu es gentille. Jolie comme un cœur. Pleine de vie. Mais c'est aussi comme les amis, il n'y a pas de raison qu'on puisse dire avec des mots. J'ai juste… senti que je serais heureux que tu sois ma fille, et que je pourrai être un bon papa. Enfin, c'est ce que je crois…
C'était un exercice difficile. J'avais toujours peur de trop me dévoiler ; l'autorité d'un père, aux yeux de jeunes enfants, naissait d'illusions sagement entretenues. Omniscience, omnipotence, jamais sujet aux doutes, fort comme un bœuf et doté d'une volonté de fer, d'un esprit sans failles et sans faiblesses. Avouer que je me tourmentais en permanence sur la façon d'agir et sur ma qualité en tant que père pourrait affaiblir mon aura. Comment faire confiance à quelqu'un pour nous guider quand lui-même ne savait où aller ?

Mais la situation était trop différente que pour s'en tenir aux moyens habituels. Un enfant ne s'imaginait pas d'autres parents possibles, normalement. Papa et maman étaient papa et maman, c'était un fait inaltérable. Emy, elle, ne me reconnaissait même pas comme tel, je n'avais aucune légitimité à ses yeux. Alors, à situation inhabituelle, façon d'agir inhabituelle…
Je marchais seul sur une voie inconnue, trop peu traitée par les anciens sages ou la coutume. Mais je ne comptais pas en faire une excuse à ma maladresse…

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Mar 4 Juil - 15:53
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Sa petite main tenait fermement l'archet et, après un moment, elle commença à le bouger. Le son l'émerveilla, comme en témoignait le regard qu'elle me lança. Je ne l'avais jamais vue si heureuse, et mon cœur de gonfla de joie aussi. Mes yeux devaient pétiller autant que les siens…

Les sons s'envolaient, chaotiques, parfois crissant. Mais cela ne semblait la déranger ni elle, ni moi. C'était étrange… Elle m'avait vu jouer cent fois. Elle avait entendu la musique sortir de ces cordes, vu les mouvements d'archet. Et pourtant, de le faire elle-même, tout prenait un autre sens. Je connaissais ce bonheur, celui qui me rendait fier de mon emploi. Créer… Donner vie à quelque chose de ses propres mains, exclusivement… Une chose qui, sans nous, n'existerait même pas, ne serait en ce monde… Qui vient de nous, qui est notre prolongement.
Peut-être était-ce une flamme similaire qui me poussait à vouloir être père. Ho, Emy existait déjà, mais je serai aux premières loges pour la guider, et voir son évolution cadrée – et non modelée – par moi-même. C'était un bonheur difficilement explicable. Un épanouissement propre. Une satisfaction profonde.

L'instant durait. Une éternité qui, pourtant, me sembla prendre fin bien trop vite. Elle déposa l'objet, et déclara :
 - C'est dur ! Mais c'est rigolo !
"Rigolo"… Voilà bien un adjectif original, pour le fait de jouer d'un instrument. Qui me rappelait, une fois de plus, que nous n'avions ni le même vocabulaire, ni la même façon de ressentir les choses. Par l'âge, mais peut-être aussi par la personnalité… Enfant, je ne lui ressemblais guère. Mais la différence n'avait jamais empêché les liens. Basile et moi en étions une des innombrables preuves, après tout. Il nous faudrait du temps pour mieux nous comprendre, mieux savoir comment nous parler, nous considérer. Enfin… c'était à moi de le faire, surtout. Et j'avais encore du pain sur la planche…

Elle s'en alla, et mon cœur se serra. Même accepter le contact physique lui était souvent difficile, et j'espérais que ce moment l'y avait habitué, avait fait fondre en partie ses réticences. Mais même hors de ce calcul, le moment avait été agréable, proche d'un vrai moment entre un père et sa fille… Toute chose avait une fin, mais j'eus préféré ne pas voir celle-ci.

Pourtant, elle revint, une armée de peluches en main. Elle me les posa dessus, commentant :
 - C'est pour acheter le violon ! Parce que moi, j'ai pas de sous..
Et me fixant avec de grands yeux interrogateurs…
Je souris, amusé par ce mélange de naïveté et de sens des réalités. Drôle de troc…
Je posai mes mains sur les siennes, et répondis :
 - Pas besoin de marché en famille, tu sais. Et si tu aimes tant la musique, tu pourras avoir ton propre instrument. Prendre des leçons, pour jouer toi-même.
Allait-elle marcher dans mes pas ? Ou n'était-ce qu'un caprice soudain d'enfant, qui s'effacerait au lendemain ? Autant attendre avant d'acheter ou de louer un instrument, et surtout de se faire de grands espoirs…

Pourtant, avais-je envie qu'elle le fasse ? Voulais-je d'un autre moi, ou un être indépendant, différent ? Bien sûr, j'allais de toute façon lui apprendre mes valeurs, et j'allais, volontairement ou non, avoir influence sur elle. Mais je ne voulais pas la forcer à se travestir pour suivre la même voie ; d'autant plus qu'elle n'était pas de mon sang, nous nous ressemblions fondamentalement bien moins que de vrais parents et enfants. Enfin… il sera toujours temps d'y penser quand les choses se préciseront.
 - Pourquoi tu veux être mon papa ?
Pris de court, je la fixai un moment, surpris. Les enfants et leur spontanéité...
Mais je devais lui répondre. Plus que jamais. Je pourrais louvoyer, fuir avec un "parce que tu es la plus merveilleuse des petites filles", mais je ne pouvais laisser passer cette chance. C'était un risque que je voulais prendre… mais comment ?
C'était quelque chose de difficile à déterminer, même pour moi. Puis il fallait l'exprimer d'une façon qu'elle comprendrait. Et la réponse était capitale, pourrait tout changer…

Je pris le temps de réfléchir et de chercher la réponse en moi. Et, quand j'eus rassemblé mes idées et la manière de les présenter, je me lançai :
 - Tu voulais un papa, n'est-ce pas ? Je pense que c'est parce que tu veux être aimée, et aimer. Choyée. Pour qu'il te rassure, te dise ce qu'il faut et ne faut pas faire, qu'il te guide en te tenant par la main. Que tu aies un exemple, quelqu'un avec qui jouer, t'amuser, vivre plein de choses. Quelqu'un en qui tu aurais totalement confiance, qui ne serait jamais méchant avec toi. Et bien moi… c'est l'inverse.

J'ai envie de t'aimer, d'être aimé. Qu'on soit plus que des amis, quelque chose de très différent mais plus fort encore. D'utiliser mes forces, tout ce que j'ai pour te gâter, te faire plaisir, rendre ta vie heureuse. Comme toi, quand tu prends soin de tes peluches. Que tu souries, et que ce soit grâce à moi. De te guider, de t'apprendre plein de choses, que tu me suives en me faisant confiance. Que tu sois quelqu'un avec qui je ne pourrai jamais être méchant, avec qui je vivrai des moments heureux, uniques, avec qui je découvrirai plein de choses. Tu sais, avoir quelqu'un à guider rend plus fort, on se sent invincible car quelqu'un croit en nous, nous fait confiance.
J'avais parlé lentement et avec de nombreuses pauses, pour lui laisser le temps d'imaginer et de comprendre ; j'espérais avoir su adapter ma façon de parler, avoir été clair pour une enfant de son âge. Ensuite, comme je n'avais répondu qu'à la moitié de la question, je continuai :
 - Et j'ai envie d'être ton papa à toi… parce que tu es gentille. Jolie comme un cœur. Pleine de vie. Mais c'est aussi comme les amis, il n'y a pas de raison qu'on puisse dire avec des mots. J'ai juste… senti que je serais heureux que tu sois ma fille, et que je pourrai être un bon papa. Enfin, c'est ce que je crois…
C'était un exercice difficile. J'avais toujours peur de trop me dévoiler ; l'autorité d'un père, aux yeux de jeunes enfants, naissait d'illusions sagement entretenues. Omniscience, omnipotence, jamais sujet aux doutes, fort comme un bœuf et doté d'une volonté de fer, d'un esprit sans failles et sans faiblesses. Avouer que je me tourmentais en permanence sur la façon d'agir et sur ma qualité en tant que père pourrait affaiblir mon aura. Comment faire confiance à quelqu'un pour nous guider quand lui-même ne savait où aller ?

Mais la situation était trop différente que pour s'en tenir aux moyens habituels. Un enfant ne s'imaginait pas d'autres parents possibles, normalement. Papa et maman étaient papa et maman, c'était un fait inaltérable. Emy, elle, ne me reconnaissait même pas comme tel, je n'avais aucune légitimité à ses yeux. Alors, à situation inhabituelle, façon d'agir inhabituelle…
Je marchais seul sur une voie inconnue, trop peu traitée par les anciens sages ou la coutume. Mais je ne comptais pas en faire une excuse à ma maladresse…

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Mar 4 Juil - 15:54
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Sa petite main tenait fermement l'archet et, après un moment, elle commença à le bouger. Le son l'émerveilla, comme en témoignait le regard qu'elle me lança. Je ne l'avais jamais vue si heureuse, et mon cœur de gonfla de joie aussi. Mes yeux devaient pétiller autant que les siens…

Les sons s'envolaient, chaotiques, parfois crissant. Mais cela ne semblait la déranger ni elle, ni moi. C'était étrange… Elle m'avait vu jouer cent fois. Elle avait entendu la musique sortir de ces cordes, vu les mouvements d'archet. Et pourtant, de le faire elle-même, tout prenait un autre sens. Je connaissais ce bonheur, celui qui me rendait fier de mon emploi. Créer… Donner vie à quelque chose de ses propres mains, exclusivement… Une chose qui, sans nous, n'existerait même pas, ne serait en ce monde… Qui vient de nous, qui est notre prolongement.
Peut-être était-ce une flamme similaire qui me poussait à vouloir être père. Ho, Emy existait déjà, mais je serai aux premières loges pour la guider, et voir son évolution cadrée – et non modelée – par moi-même. C'était un bonheur difficilement explicable. Un épanouissement propre. Une satisfaction profonde.

L'instant durait. Une éternité qui, pourtant, me sembla prendre fin bien trop vite. Elle déposa l'objet, et déclara :
 - C'est dur ! Mais c'est rigolo !
"Rigolo"… Voilà bien un adjectif original, pour le fait de jouer d'un instrument. Qui me rappelait, une fois de plus, que nous n'avions ni le même vocabulaire, ni la même façon de ressentir les choses. Par l'âge, mais peut-être aussi par la personnalité… Enfant, je ne lui ressemblais guère. Mais la différence n'avait jamais empêché les liens. Basile et moi en étions une des innombrables preuves, après tout. Il nous faudrait du temps pour mieux nous comprendre, mieux savoir comment nous parler, nous considérer. Enfin… c'était à moi de le faire, surtout. Et j'avais encore du pain sur la planche…

Elle s'en alla, et mon cœur se serra. Même accepter le contact physique lui était souvent difficile, et j'espérais que ce moment l'y avait habitué, avait fait fondre en partie ses réticences. Mais même hors de ce calcul, le moment avait été agréable, proche d'un vrai moment entre un père et sa fille… Toute chose avait une fin, mais j'eus préféré ne pas voir celle-ci.

Pourtant, elle revint, une armée de peluches en main. Elle me les posa dessus, commentant :
 - C'est pour acheter le violon ! Parce que moi, j'ai pas de sous..
Et me fixant avec de grands yeux interrogateurs…
Je souris, amusé par ce mélange de naïveté et de sens des réalités. Drôle de troc…
Je posai mes mains sur les siennes, et répondis :
 - Pas besoin de marché en famille, tu sais. Et si tu aimes tant la musique, tu pourras avoir ton propre instrument. Prendre des leçons, pour jouer toi-même.
Allait-elle marcher dans mes pas ? Ou n'était-ce qu'un caprice soudain d'enfant, qui s'effacerait au lendemain ? Autant attendre avant d'acheter ou de louer un instrument, et surtout de se faire de grands espoirs…

Pourtant, avais-je envie qu'elle le fasse ? Voulais-je d'un autre moi, ou un être indépendant, différent ? Bien sûr, j'allais de toute façon lui apprendre mes valeurs, et j'allais, volontairement ou non, avoir influence sur elle. Mais je ne voulais pas la forcer à se travestir pour suivre la même voie ; d'autant plus qu'elle n'était pas de mon sang, nous nous ressemblions fondamentalement bien moins que de vrais parents et enfants. Enfin… il sera toujours temps d'y penser quand les choses se préciseront.
 - Pourquoi tu veux être mon papa ?
Pris de court, je la fixai un moment, surpris. Les enfants et leur spontanéité...
Mais je devais lui répondre. Plus que jamais. Je pourrais louvoyer, fuir avec un "parce que tu es la plus merveilleuse des petites filles", mais je ne pouvais laisser passer cette chance. C'était un risque que je voulais prendre… mais comment ?
C'était quelque chose de difficile à déterminer, même pour moi. Puis il fallait l'exprimer d'une façon qu'elle comprendrait. Et la réponse était capitale, pourrait tout changer…

Je pris le temps de réfléchir et de chercher la réponse en moi. Et, quand j'eus rassemblé mes idées et la manière de les présenter, je me lançai :
 - Tu voulais un papa, n'est-ce pas ? Je pense que c'est parce que tu veux être aimée, et aimer. Choyée. Pour qu'il te rassure, te dise ce qu'il faut et ne faut pas faire, qu'il te guide en te tenant par la main. Que tu aies un exemple, quelqu'un avec qui jouer, t'amuser, vivre plein de choses. Quelqu'un en qui tu aurais totalement confiance, qui ne serait jamais méchant avec toi. Et bien moi… c'est l'inverse.

J'ai envie de t'aimer, d'être aimé. Qu'on soit plus que des amis, quelque chose de très différent mais plus fort encore. D'utiliser mes forces, tout ce que j'ai pour te gâter, te faire plaisir, rendre ta vie heureuse. Comme toi, quand tu prends soin de tes peluches. Que tu souries, et que ce soit grâce à moi. De te guider, de t'apprendre plein de choses, que tu me suives en me faisant confiance. Que tu sois quelqu'un avec qui je ne pourrai jamais être méchant, avec qui je vivrai des moments heureux, uniques, avec qui je découvrirai plein de choses. Tu sais, avoir quelqu'un à guider rend plus fort, on se sent invincible car quelqu'un croit en nous, nous fait confiance.
J'avais parlé lentement et avec de nombreuses pauses, pour lui laisser le temps d'imaginer et de comprendre ; j'espérais avoir su adapter ma façon de parler, avoir été clair pour une enfant de son âge. Ensuite, comme je n'avais répondu qu'à la moitié de la question, je continuai :
 - Et j'ai envie d'être ton papa à toi… parce que tu es gentille. Jolie comme un cœur. Pleine de vie. Mais c'est aussi comme les amis, il n'y a pas de raison qu'on puisse dire avec des mots. J'ai juste… senti que je serais heureux que tu sois ma fille, et que je pourrai être un bon papa. Enfin, c'est ce que je crois…
C'était un exercice difficile. J'avais toujours peur de trop me dévoiler ; l'autorité d'un père, aux yeux de jeunes enfants, naissait d'illusions sagement entretenues. Omniscience, omnipotence, jamais sujet aux doutes, fort comme un bœuf et doté d'une volonté de fer, d'un esprit sans failles et sans faiblesses. Avouer que je me tourmentais en permanence sur la façon d'agir et sur ma qualité en tant que père pourrait affaiblir mon aura. Comment faire confiance à quelqu'un pour nous guider quand lui-même ne savait où aller ?

Mais la situation était trop différente que pour s'en tenir aux moyens habituels. Un enfant ne s'imaginait pas d'autres parents possibles, normalement. Papa et maman étaient papa et maman, c'était un fait inaltérable. Emy, elle, ne me reconnaissait même pas comme tel, je n'avais aucune légitimité à ses yeux. Alors, à situation inhabituelle, façon d'agir inhabituelle…
Je marchais seul sur une voie inconnue, trop peu traitée par les anciens sages ou la coutume. Mais je ne comptais pas en faire une excuse à ma maladresse…

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Mar 4 Juil - 22:07
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Ses grands yeux d'enfants plongés dans ceux de son père adoptif, Emy avait posé sa question sans se douter un seul instant que ça mettrait Lys dans une position un peu délicate. Après un petit instant, le français dépose ses mains sur celles de la petite brune. Contre toute attente, elle ne cherche pas à ses soustraire à ce contact. Elle n'irait probablement pas jusqu'à courir vers lui pour l'enlacer mais ce genre de petits gestes ne la tuera pas, pas vrai ?

« Tu voulais un papa, n'est-ce pas ? Je pense que c'est parce que tu veux être aimée, et aimer. Choyée. Pour qu'il te rassure, te dise ce qu'il faut et ne faut pas faire, qu'il te guide en te tenant par la main. Que tu aies un exemple, quelqu'un avec qui jouer, t'amuser, vivre plein de choses. Quelqu'un en qui tu aurais totalement confiance, qui ne serait jamais méchant avec toi. Et bien moi… c'est l'inverse. »

Elle penche la tête sur le côté, les sourcils légèrement froncés ; il parle beaucoup et utilise, encore, des termes qu'elle n'est pas sûre de comprendre. Elle reste néanmoins silencieuse pour mieux comprendre ce que l'adulte en face d'elle essaye de lui expliquer. Comme quand, à l'orphelinat, on leur faisait les leçons.

« J'ai envie de t'aimer, d'être aimé. Qu'on soit plus que des amis, quelque chose de très différent mais plus fort encore. D'utiliser mes forces, tout ce que j'ai pour te gâter, te faire plaisir, rendre ta vie heureuse. Comme toi, quand tu prends soin de tes peluches. Que tu souries, et que ce soit grâce à moi. De te guider, de t'apprendre plein de choses, que tu me suives en me faisant confiance. Que tu sois quelqu'un avec qui je ne pourrai jamais être méchant, avec qui je vivrai des moments heureux, uniques, avec qui je découvrirai plein de choses. Tu sais, avoir quelqu'un à guider rend plus fort, on se sent invincible car quelqu'un croit en nous, nous fait confiance. »

Cette fois, Emy se sent perdue. Elle détache son regard de celui de Lys, comme si avoir une concentration en moins allait pouvoir l'aider à comprendre. Sauf qu'elle ne comprend pas. Enfin pas tout, ou, tout du moins, elle ne comprend pas pourquoi il veut tout ça.

« Et j'ai envie d'être ton papa à toi… parce que tu es gentille. Jolie comme un cœur. Pleine de vie. Mais c'est aussi comme les amis, il n'y a pas de raison qu'on puisse dire avec des mots. J'ai juste… senti que je serais heureux que tu sois ma fille, et que je pourrai être un bon papa. Enfin, c'est ce que je crois… »

Emy redresse la tête pour le regarder, conservant son silence presque religieux. La petite l'observe un moment avant de se hisser sur ses genoux, faisant tomber quelques peluches au passage. Chose dont elle ne se soucie pas puisqu'elle attrape, avec précaution car elle sait que c'est précieux, le pendentif de Lys. Emy a un peu de mal à l'ouvrir mais y parvient et les montre du doigt avant de regarder Lys.

« Tu les aimais aussi ? »

Elle voit les yeux du violoniste se couvrir d'un voile opaque. Emy s'inquiète, craignant avoir dit une bêtise ou quelque chose de mal qui pourrait fâcher Lys. Elle ne veut pas se faire gronder. Elle referme doucement le petit objet et le laisse retrouver le torse de son propriétaire.

« Tu sais… moi j'ai pas tout bien compris ce que tu as dit... » Elle baisse un peu la tête. « Mais j'ai déjà mon papa turban… j'ai pas le droit d'avoir deux papa, si ? » Elle cale sa petite tête contre le torse de Lys. « Parce que toi… tu fais un peu peur… mais tu es pas méchant… tu es juste triste. Comme quand moi je voyais les autres enfants partir de l'orphelinat. »

Un petit silence s'installe durant lequel Emy réfléchit. Longuement. Elle ne sait pas quoi dire, quoi faire. Tout ça lui paraît vraiment très compliqué. Parce qu'elle aime son papa turban du fond de son petit coeur. Mais elle commence à apprécier Lys aussi… Elle se sent perdue.

« Ta princesse elle aurait voulu être ma maman aussi ? »

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Mar 11 Juil - 15:16
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Goûter au pays fleuri



Elle me regardait en silence, et je me demandais à quel point elle avait compris. Qu'était-on capable d'appréhender à cet âge, exactement ? Mais alors que je me posais cette question, elle se redressait, se rapprochait et… saisit mon médaillon.

Je ne pus m'empêcher de me crisper, mais je le cachai tant bien que mal. Je ne devais pas oublier qu'il s'agissait d'une enfant, terriblement maladroite... Et si elle le brisait, ce ne serait pas que l'unique souvenir de nous trois qui disparaîtrait : elle s'en voudrait terriblement, et je ne pourrais m'empêcher de le lui reprocher intérieurement…

Mais elle faisait très attention, faisant appel à toute la délicatesse dont elle était capable. Pourtant, je n'étais qu'à moitié rassuré : je n'étais pas sûre de vouloir qu'elle voie cette photographie, mon passé. Une crainte en partie irrationnelle, mais pas seulement : et si elle se pensait une remplaçante ? Si elle voyait notre passé distinct comme un mur ? Devais-je la laisser fouiller ce que j'avais vécu, était-ce sain ? Mais je la laissai faire. Peut-être y avait-elle droit, celui de connaître celui qui s'imposait comme son père…

Elle me regarda et, de son innocence directe, elle demanda :
- Tu les aimais aussi ?
Si je les aimais… J'aurais préféré être sur ce maudit bateau à leur place. Sans le soutien de Basile, aurait-je seulement osé aimer à nouveau ? Je m'imaginais bien me refermer définitivement sur moi-même, et la musique… Emy aussi y était pour quelque chose, bien sûr.
Alors, je répondis, tentant de ne pas laisser ma voix faiblir :
- Oui. Plus que tout…
Je n'explicitai pas. Elle ne pourrait comprendre, les enfants ne ressentaient jamais ce genre d'amour, trop égocentriques. Et je n'avais pas envie de m'étendre sur le sujet…
Elle continua, passant du coq à l'âne :
- Tu sais… moi j'ai pas tout bien compris ce que tu as dit...
Je soupirai. Voilà qui répondait à ma question, plus tôt : j'avais échoué. Encore une fois, je m'étais instinctivement raccroché aux mots, espéré qu'elle pourrait comprendre si j'adaptais. Était-ce ma manière d'exprimer qui était mauvaise, ou n'avait-elle simplement pas la capacité de comprendre l'idée même ? Devais-je toujours me mettre à son niveau, ou était-ce bon de chercher un équilibre entre les deux, pour la faire grandir et lui apprendre un vocabulaire plus riche, peu à peu, quitte à ce qu'elle ne comprenne pas tout ? Dans l'apprentissage d'une langue, être plongée dedans était généralement bon. Mais pouvais-je réellement faire une telle comparaison ?

Elle continua, manifestement perdue dans ses doutes aussi, à son niveau :
- Mais j'ai déjà mon papa turban… j'ai pas le droit d'avoir deux papa, si ? Parce que toi… tu fais un peu peur… mais tu es pas méchant… tu es juste triste. Comme quand moi je voyais les autres enfants partir de l'orphelinat.
Mon cœur rata un battement, entre joie et crainte. Heureux qu'elle commence à me voir comme un père possible, mais surtout terriblement inquiet par la tournure que prenaient les choses…
Je ne voulais pas qu'elle me voie ainsi. Quel père maintenait son lien avec son enfant par la pitié ? Ho, la tentation d'utiliser cette voie était tentante. Qu'elle m'accepte peu à peu par compassion, par peur et culpabilité de me blesser. Mais c'était une idée malsaine, qui ne mènerait à rien, juste une illusion de paternité maintenue sur des bases corrompues…

Un père ne devait pas montrer ses faiblesses. J'avais été éduqué ainsi, et tout le monde l'était, dans les familles normales. Un père fragile ne ferait qu'au mieux perdre son influence sur l'enfant, au pire se faire exploiter par sa propre descendance…

Pourtant, peut-être voyais-je trop loin. Peut-être ne voulait-elle que justifier mes fautes par la tristesse. Mais était-ce mieux ? Parce que c'était faux. Ho, peut-être avais-je hâté son adoption pour cette raison, mais ensuite ? Ce n'était que maladresse, manque d'expérience, et ma propre personnalité. Et puis, voulais-je vraiment admettre mes erreurs ? L'inverse serait stupide, elles étaient flagrantes… En ce cas, ne ferais-je pas mieux de les assumer totalement, et ne pas m'échapper par l'excuse du chagrin ? N'était-ce pas la manière correcte de faire, un bon exemple pour elle ? Oui, dans les familles normales, le père était l'exemple parfait, l'idole sans failles, ou autant que possible… mais étions-nous réellement une famille normale ? Ces dernières avaient deux parents, et des enfants de leur chaire… Nous étions définitivement un autre type de famille. Alors, pouvais-je prendre le risque de m'ouvrir ?

Et il y avait ce "papa idéalisé"… Rompre avec l'image du père parfait, n'était-ce pas prendre le risque qu'elle continue à se raccrocher à ce père imaginaire, et me voie comme quelque chose de différent, plus fragile et pitoyable ? J'espérais que son absence le dissiperait peu à peu de son esprit, incapable de subsister contre mon existence, mes actes et ma présence concrète, ou que l'âge lui fasse voir la naïveté de cette illusion, mais je n'étais guère optimiste : je n'avais cessé d'entendre des jeunes femmes croire réellement au prince charmant, et l'attendre pendant des années, à l'âge pourtant adulte. Alors, une enfant ?
Et je n'imaginais même pas coexister avec ce fantasme faussé : il devait disparaître pour son bien. Mais pouvais-je le surpasser ?

Le temps passait, alors que nous nous perdions tous deux dans nos réflexions, ligotés dans nos craintes, incapables d'oser avancer. Rester dans son esprit, c'était confortable… Théoriser, préparer, se donner l'illusion qu'on avançait. Mais c'était naïf, et je devais me faire une raison : j'allais me tromper, énormément. Et apprendre de cette manière. Comme pour la façon de m'exprimer…
- Je veux être ton père parce que j'ai envie de prendre soin de toi, comme toi avec tes peluches en quelque sorte. Et parce que je t'aime très fort.
Je craignais que la parallèle à ses doudous ne donne une vision faussée, trop faible de ce que je voulais, mais je ne voyais guère comment lui faire comprendre autrement…
- Et il n'y a pas de droit, Emy. Voir quelqu'un comme son père…
C'était un exercice difficile. J'avais toujours peur de trop me dévoiler ; l'autoritéJe cherchai mes mots. Ce que je voulais dire, c'était que considérer quelqu'un comme un père, un ami ou un frère, ce n'était pas une décision figée, mais un ensemble de sentiments. Mais elle ne comprendrait pas ; il suffisait de voir les négociations aux seins des groupes d'enfants pour devenir "l'ami" de quelqu'un pour comprendre qu'ils avaient besoin de ces cadres définis, ces statuts clairs. Alors, je tentai :
- Je veux que tu sois heureuse, Emy. Tu n'en as pas l'impression parce que je te dispute souvent, mais c'est pour ton bien. Ceux de l'orphelinat le faisaient aussi, et pourtant ils t'aiment, n'est-ce pas ? Le jour où tu me feras confiance, et tu obéiras parce que tu sauras que c'est bien… Alors, je serai ton papa.
Je craignais qu'elle ne me dise encore une fois n'avoir rien compris, mais je pouvais difficilement faire autrement. Le monde était complexe, trop pour une enfant, et je ne pouvais rien y changer. C'était pour cette raison qu'il y avait des parents pour les guider, après tout…

Et puis, elle enchaîna avec, à nouveau, un autre sujet :
- Ta princesse elle aurait voulu être ma maman aussi ?
Ha… Enfin une question plus facile.
- Ho oui, Abigail aurait adoré. Tu l'aurais aimée aussi, j'en suis certain. Elle était bien moins sévère que moi, beaucoup plus gentille.
Facile… Peut-être que non. Car les regrets affluaient, me serraient le cœur. Abigail, si seulement tu étais là ! Tu aurais calmé mes doutes, m'aurait rassuré d'un sourire, m'aurait donné la force de croire en un futur heureux, m'aurait conseillé. Tout aurait été si simple… Tu aurais conquis le cœur de la petite en un instant, j'en étais convaincu.

Mais, ironiquement… Si tu étais encore là, je n'aurais jamais connu Emy. Ou en tout cas, je ne l'aurais pas adoptée. Peut-être… qui savait ce qui aurait été, après tout ? Je doutais que mon désespoir seul m'avait fait tomber sous le charme de l'enfant, alors peut-être aurais-je voulu l'adopter malgré Alexandre. Cela lui aurait fait une grande sœur…

J'inspirai profondément, une manière de chasser les idées tristes. Au moins, Emy était là, bien réelle. Et de moins en moins lointaine..


© Halloween

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Dim 30 Juil - 12:01
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Les mots de Lys lui paraissent encore compliqués, mais pourtant elle a l'impression de les saisir sans pour autant vraiment les comprendre, les assimiler. C'est comme si elle voyait la flamme vacillante d'une bougie mais qu'elle ne savait pas comment s'en approcher. La petite autrichienne tente alors de se concentrer très fort ; comparé aux gens de l'orphelinat, Lys a des mots plus beaux mais plus durs. Elle n'est pas habituée.

« Je veux être ton père parce que j'ai envie de prendre soin de toi, comme toi avec tes peluches en quelque sorte. Et parce que je t'aime très fort. »

Emy cligne des yeux ; ça, elle a compris. Elle regarde ses peluches avec un petit air songeur, fronçant un peu les sourcils avant de relever le nez vers Lys qui a repris la parole.

« Et il n'y a pas de droit, Emy. Voir quelqu'un comme son père… Je veux que tu sois heureuse, Emy. Tu n'en as pas l'impression parce que je te dispute souvent, mais c'est pour ton bien. Ceux de l'orphelinat le faisaient aussi, et pourtant ils t'aiment, n'est-ce pas ? Le jour où tu me feras confiance, et tu obéiras parce que tu sauras que c'est bien… Alors, je serai ton papa. »

Elle ne se rend pas compte que, pour la première fois depuis leur cohabitation, leur nouvelle vie, son regard est complètement fixé sur Lys ; elle ne le quitte pas des yeux, observe ses pupilles brillantes d'étranges lueurs, de son expression tantôt douce, tantôt soucieuse. Assise sur ses genoux, elle est parfaitement sage, remuant à peine pour éviter de glisser de son perchoir.

Il finit ensuite par répondre à sa question au sujet de sa princesse qu'elle n'a jamais vu. Qu'elle ne verrait jamais.

« Ho oui, Abigail aurait adoré. Tu l'aurais aimée aussi, j'en suis certain. Elle était bien moins sévère que moi, beaucoup plus gentille. »

Emy regarde les yeux de Lys qui se voilent ostensiblement ; elle penche la tête sur le côté. Est-ce que ça le rend triste de parler d'Abigail ? La brune quitte Lys des yeux, son regard se perdant un instant. Avait-elle aussi ce regard lorsqu'on lui parlait de sa maman ? La petite fille finit par tourner la tête vers ses peluches.

« Je crois que je comprends... » Elle lève ses yeux vers Lys. « Tu me grondes parce que je fais des bêtises, comme moi avec mes peluches. Mais en fait tu m'aimes c'est ça ? »

Elle gesticule un peu, se retrouvant désormais à genoux sur les cuisses du violonniste. Ses petites mains posées sur son torse, elle le fixe droit dans les yeux, avec ses petits sourcils froncés.

« Ça veut dire que quand on aime, on peut gronder ? » Elle croise les bras, mimant la colère. « Si tu es encore méchant, tu iras au coin Lys ! »

Ça l'amuse beaucoup ce petit jeu, si bien qu'elle ne conserve pas bien longtemps son air faussement fâché. Elle prend appui sur ses mains pour se pencher vers Lys et caler sa petite oreille contre son coeur, lui offrant d'elle-même une étreinte comme elle peut avec ses petits bras qui agrippent doucement sa chemise. Calée là, elle écoute les battements du coeur de Lys qui, presque immédiatement, semblent la rassurer, l'apaiser.

« Tu es un musicien magique ? Parce que ton coeur il fait une belle musique aussi... » Ses yeux se ferment doucement. « J'aime bien... »

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Ven 4 Aoû - 2:19
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Goûter au pays fleuri



Alors que je parlais, ses yeux se plongeaient dans les miens, et les miens dans les siens. Un regard innocent, pur, dénué de toute malice. On pouvait y lire toute sa curiosité, et ses sourcils légèrement froncés témoignaient des efforts qu'elle faisait pour comprendre mes mots. Dans leur fond, ou leur forme ? Mais je n'allais pas à nouveau me retourner l'esprit quant à la question de la complexité de mon vocabulaire : j'y méditerai par après, quand le moment sera passé…
Tout ce que je voulais, c'était continuer à fixer ces grands yeux bleus qui osaient, peut-être pour la première fois depuis que je l'avais ôtée de l'orphelinat, croiser les miens sans se détourner. Plus que jamais, je prenais conscience de cette innocence que j'avais mise à mal, de l'être sans défense que j'avais malmené. De la responsabilité que j'avais prise…

Combien de fois allais-je devoir faire naître la douleur dans ces pupilles, combien de fois allais-je devoir tenir leur éclat de tristesse ? Combien d'erreurs allais-je encore faire ? Et, même sans elles, telle était parfois ma tâche de parent, pour son bien… Mais ce n'était qu'une partie de ce rôle. Quand je jouais du violon, quand je lui amenais des sucreries, quand j'assurais sa sécurité alors qu'elle jouait dans le parc… Oui, je pouvais aussi lui apporter du bonheur, plus que n'importe qui. Et j'allais le faire, combler les fissures qu'avaient forgées mes erreurs en redoublant d'efforts. A l'éclat de ses yeux, je puisais le feu dont brûlait ma passion.

Elle détourna le regard, et je craignis un instant que ce fut une fuite, mais elle y revint vite.
 - Je crois que je comprends... Tu me grondes parce que je fais des bêtises, comme moi avec mes peluches. Mais en fait tu m'aimes c'est ça ?
Un léger sourire naquit sur mon visage. Enfin, j'avais réussi à lui expliquer… Faire un parallèle avec ce qui était de son monde, voilà une leçon qu'il me fallait retenir. J'hochai simplement la tête, enfin satisfait par une de mes tentatives.
 - Ça veut dire que quand on aime, on peut gronder ? Si tu es encore méchant, tu iras au coin Lys !
Comme toujours, j'eus un instant d'hésitation sur la façon de réagir. Même pour rire, jamais je n'aurais osé tenté de renverser les rôles avec mon père. Mais cela n'avait pas empêché ce dernier de plaisanter avec moi, et rester sans cesse sérieux ne ferait qu'écœurer l'enfant. Je pouvais un peu me laisser aller, songeai-je avec une pointe de bonheur.

Je lui caressai les cheveux et répondis :
 - Mes excuses, Emy. J'essayerai de m'améliorer, à l'avenir
Puis je murmurai sans perdre mon sourire, ne sachant si je voulais qu'elle l'entende ou non :
 - On a encore tous deux beaucoup à apprendre…
Apprendre comment éduquer seul une fille adoptive, apprendre comment accepter un père imposé.

Et quand elle me prit dans une petite étreinte, je fus surpris. Dire qu'elle me fuyait il y avait une dizaine de minutes… Les enfants changeaient vite d'humeur. Ce qui ne me réjouissait pas vraiment : qui savait ce qu'il resterait de cette nouvelle confiance, au lendemain ? Enfin… à moi de l'entretenir. Et puis, sa douce chaleur chassait mes sombres pensées. J'osai l'enlacer à mon tour, et savourai le moment.
 - Tu es un musicien magique ? Parce que ton cœur il fait une belle musique aussi... J'aime bien…
Elle avait fermé les yeux. Je gardai les miens ouverts, fixés sur le petit être contre moi. Et l'instrument, encouragé par ce câlin qu'il n'avait même pas osé imaginer, allait crescendo.
  - Et tu es ma partition, répondis-je.
Puis je songeai qu'elle ne comprendrait pas le trait d'esprit, et je décidai de me taire. Je fermai les yeux à mon tour… Et pour mieux vivre le moment…
J'arrêtai de penser.

© Halloween

goûter au pays fleuri ; lys Empty Re: goûter au pays fleuri ; lys

Ven 11 Aoû - 15:08
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Ses excuses résonnent dans ses petites oreilles, mais elle n'en saisit pas vraiment la raison. Il vient de lui expliquer qu'il pouvait la gronder mais que ça ne voulait pas pour autant dire qu'il voulait être méchant avec elle. Alors pourquoi il s'excuse ? Elle ne sait pas, peut-être que c'est une manie d'adulte. Ou une manie à lui en particulier. Sa voix lui parvient une nouvelle fois mais elle n'entend que le son de sa voix, ne parvenant pas à en distinguer les mots.

Sans s'en rendre compte, les battements du coeur de Lys la berçait doucement. La voilà donc en proie aux bras de Morphée, tout autant que ceux du violoniste. Mais elle ne cherche pas à se dégager, trouvant là, contre son coeur, une place lui offrant chaleur et bien-être. Elle n'aurait pas cru qu'elle aurait pu être si proche de lui.

Elle n'a plus peur, ou moins en tout cas. Peut-être qu'Emy ne pourrait encore pas être totalement naturelle avec lui. Peut-être qu'il lui fallait encore un peu de temps. Peut-être que Lys ne l'ignore pas. Elle-même ne sait pas ce qu'elle désire. Ses yeux se ferment et ses doigts se crispent doucement au doux tissu de la chemise de son père adoptif. Et tout ça lui fait finalement penser que le coeur de Lys est peut-être magique. Ce qu'elle finit par lui demander.

« Et tu es ma partition. »

Elle ne sait pas ce qu'est une partition ; pourtant elle a déjà entendu ce mot. Mais, à l'heure actuelle, son petit cerveau ne lui permet pas de se souvenir, jetant sur elle un voile invisible. Le sommeil la gagne à une telle vitesse que ses mots sont bredouillés, presque murmurés.

« Non… moi je suis… une fée… papillon... »

Et elle cède face à la pression du sommeil ; blottie contre Lys, elle ne bouge pas, cramponnée à sa chemise. Là, elle est bien, détendue, apaisée. Les battements du coeur du blond ainsi que sa chaleur corporelle ont raison de la fillette. Sa respiration calme et régulière témoigne déjà de son sommeil reposant. En temps normal, elle serait descendue, se serait calée sur le canapé et se serait entourée de ses peluches avant de s'endormir. Mais force est de reconnaître que Lys semble être bien plus confortable que le canapé.

Reste à savoir s'il saura supporter le poids mort sur lui pendant toute la durée de la sieste d'Emy.

goûter au pays fleuri ; lys Empty Re: goûter au pays fleuri ; lys

Lun 14 Aoû - 10:21
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Goûter au pays fleuri



Elle avait entendu ma drôle de réponse, sans la comprendre. Si bien qu'elle protesta :
 - Non… moi je suis… une fée… papillon...
Je souris légèrement. Une fée papillon, rien que ça… Fée, je n'en savais rien; mais à mes yeux, elle avait tout du papillon…

Fragile mais vif, superbe, qui charmait les cœurs et amenait les sourires… tant et si bien que chacun ressentait l'envie de la prendre entre ses mains, ne serait-ce qu'un moment ; mais elle ne se laissait pas facilement faire, libre.
Elle aimait s'échapper et jouer partout, parler à tout le monde…
Et moi, j'avais froissé ses ailes en tentant de l'envelopper de mes mains.

Je compris que ce ne serait jamais facile, avec elle. Même si j'arrivais à me faire accepter, aimer, considérer comme un père… j'aurai beaucoup de mal à souffrir son grand besoin de liberté, de voir autant de gens que possible. Un papa possessif pour une fille papillon, voilà qui promettait…
Pourtant, l'avenir me paraissait radieux, en cet instant précis. Le papillon s'était posé sur ma main, confiant…

Si confiante que, je m'en rendis compte avec surprise, elle s'était endormie.
Mon cœur se gonfla de bonheur. Les choses allaient vites, avec les enfants… Il me semblait qu'en une heure, nous nous étions plus rapprochés que depuis qu'elle était sous ma garde. Des progrès rapides comme un papillon… mais peut-être aussi éphémères ? J'adressai une prière silencieuse pour qu'il n'en fut rien. L'avenir me le dira…

Et je venais de me rendre compte que j'avais un autre problème. J'avais un concert le lendemain, et il me fallait répéter les morceaux. Particulièrement un passage, dans lequel il me semblait que je ne parvenais pas à transmettre l'exacte sensation voulue : un peu trop mou, un peu trop fade. Ho, seuls les oreilles les plus expertes remarqueraient cette faiblesse… mais je ne voulais me contenter de bien interpréter un morceau : il me fallait le sublimer. Par respect pour les spectateurs, par respect pour l'orchestre, par respect pour le compositeur, et par respect pour la musique et l'art eux-mêmes. Quand un passage ne me satisfaisait pas, j'étais prêt à le répéter cent, mille, dix mille fois s'il le fallait ! Ma passion ne négociait pas avec le temps ou l'effort.

Mais… c'était impossible. Il me faudrait me lever. Me priver de ce moment rare et doux, et surtout prendre le risque de ma réveiller alors qu'elle me faisait enfin confiance. Gâcher, peut-être, tout ce qui venait d'être fait. Je jetai un regard à mon violon, hésitant… J'avais des responsabilités, et je détestais rogner sur mes heures de sommeil pour répéter : la fatigue pouvait lézarder mes interprétations bien plus sûrement que n'importe quel manque d'entraînement.

Mais… n'avais-je pas toujours été égoïste ? Tant pis pour les spectateurs, l'orchestre, le compositeur ou même l'art : j'avais fait mon choix – si c'en avait réellement été un. En cet instant, plus rien ne me semblait plus important que ce papillon ; le concert, mon inquiétude… Tout était balayé par la chaleur du petit être. Et pour faire taire mes remords, je décidai que je n'avais qu'à siester avec elle : je pourrai rogner sur mes sacro-saintes heures de sommeil pour répéter sans être fatigué le lendemain…

Je fermai les yeux, et il me sembla que même s'en m'être encore endormi… j'étais dans un rêve. Peut-être était-ce cela, être père… Plus que les explosions de joie ; les confidences profondes ; les conseils avisés ; consoler, faire rire, protéger, apprendre…

Sans mots. Sans actes. Sans même y penser. Simplement être ensemble… et s'en sentir bien.

Spoiler:

©️ Halloween

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